PARIS MÉDICAL
XXXVII
PARIS MÉDICAL
PARIS MÉDICAL paraît tous les Samedis (depuis le i“ décembre 1910). Les abonnements partent du
1" de chaque mois.
Prix de l’abonnement : France, 25 francs. — Étranger, 35 francs.
Adresser le montant des abonnements à la Librairie J.-B. BAILLIÈRE et FILS, 19, rue Haute-
feuille, à Paris. On peut s’abonner chez tous les libraires et à tous les bureaux de poste.
Le premier numéro de chaque mois, consacré à une branche de la médecine (Prix : 1 fr. 5 o).
Tous les autres numéros (Prix : 5 o cent, le numéro. Franco : 65 cent.).
Le troisième numéro de chaque mois contient une Revue générale sur une question d’actualité.
ORDRE DE PUBLICATION DES NUMÉROS SPÉCIAUX
Janvier.... — Physiothérapie; — physiodiagnostic.
Février_— Maladies des voies respiratoires; — tuber-
Mars. — Dermatologie ; — syphilis ; — maladies
vénériennes.
Avril. — Maladies de l’appareil digestif et du foie.
Mal.— Maladies de la nutrition ; — Eaux miné¬
rales, climatothérapie; — diététique.
Juin. — Maladies infectieuses.
Juillet. — Maladies du cœur, du sang, des vaisseaux
Août. —Gynécologie, obstétrique; —maladies des
reins et des voies urinaires.
Septembre. — Maladies des oreilles, du nez, du larynx;
des yeux; des dents.
Octobre... — Maladies nerveuses et mentales; — méde-
Novembre.. — Thérapeutique.
Décembre.. — Médecine et Chirurgie infantiles; — Pué¬
riculture.
U nous reste encore un nombre limité d’exemplaires complets des années tgi 1 à 1920,
formant 38 volumes. 250 fr.
CoRBEn,. — Imprimerie CrétS.
PARIS MÉDICAL
LA SEMAINE DU CLINICIEN
DIRECTEUR :
Professeur A. GILBERT
PROFESSEUR DE CLINIQUE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS,
MÉDECIN DE L’HOTEL-DIEU, MEMBRE DE L’ACADÉMIE DE MÉDECINE
COMITÉ DE RÉDACTION :
Jean CAMUS Paul CARNOT DOPTER
Professeur agrégé à la Professeur à la Professeur au Val-de-Grâcc.
Faculté de Médecine de Paris, Faculté de Médecine de Paris, Membre de l'Académie de Médecine.
Médecin des hôpitaux. Médecin de l'hôpital Bcaujon.
R. GRÉGOIRE P. LEREBOULLET G. LINOSSIER MILIAN
Professeur agrégé à la Faculté Professeur agrégé Professeur agrégé à la Faculté Médecin de
de Médecine de Paris, ô la Faculté de Médecine de Paris, de Médecine de Lyon. l'hôpital
Chirurgien de l'hôpital Tenon Médecin de l'hôpital Laënnec. Saint-Louis.
MOUCHET C. REGAUD A. SCHWARTZ
Partie Médicale
J-‘B. BAILLIÈRE & FILS, ÉDITEURS
- 19, RUE HAUTEFEU1LLE, PARIS -
1920
TABLE ALPHABÉTIQUE
(Partie Médicale, tome XXXVII)
Juillet 1920 à Décembre 1920.
Abcès froids tuberculeux (dan¬
ger du drainage filiforme
dans les), 84.
— du lobe pariétal droit, 36.
— multiples du cerveau avec
évolution suraiguë, 446.
Abdomen (la pncumo-séreuse
péritonéale dans les épan¬
chements de 1'), 447-
Abdominopérinéalc (extirpa¬
tion du cancer rectal par
la voie), 367.
Académie de médecine, 35,
50, 65, 126, T38, 304, 319,
35i, 365, 381, 398, 432. 446.
— des sciences, 35, 49, 65, 95,
125. 137. I5i. 164, 206, 230,
303i 3i9i 365, 380, 398, 432,
446, 463, 477-
Achard, 36, 51, 207, 365.
Achard (Ch.).— I,es aspects
CLINIQUES DE L’ENCÉPHA-
L1TE LÉTHARGIQUE, 69.
Aciiard (Ch.). — Les rap¬
ports DE L’ENCÉPHALITE
LÉTHARGIQUE AVEC D’AU¬
TRES ÉTATS MORBIDES, 209.
Adde sulfhydrique libre dans
les gaz thermaux de Royat
(Présence de 1'), 398.
— urique (procédé colorimé-
trique de dosage de 1’) dans
le sang, 352.
Acnitis, 67.
Acoustique (tumeurs de), 367.
Actualités médicales, 48, 94,
150, 162, 194, 220, 230, 264,
Adénite chancrellcusc suppu-
rée (traitement de 1’), 230.
— primitive du zona (1’), 208.
i ifiéuoïdiens (les faux), 446.
Adénome de l’intestin grêle
480.
Adénopathies trachéo-bron¬
chiques (sur le diagnostic
des), 419.
Adhérences (rupture des), dans
la pratique du pneumotho¬
rax artificiel, 288.
Adrénaline (!’) et ses grou¬
pements ATOMIQUES PHY¬
SIOLOGIQUEMENT ACTIFS, 390.
— (essai physiologique de 1’),
sensibilité et constantes
d’action, 448.
Adulte (contribution a
l’étude de l’inconti¬
nence nocturne de l’),
153-
— (infantilisme tardif de 1’)
d’origine hypophysaire, 277.
Air (de l'influence de l’humi¬
dité de 1’) sur les épidémies,
138.
Albumine du liquide cérébro
spinal dans les psychoses
(les variations de 1’), 207.
Alcoolisme chronique (lésion
de Mardiiafava). La dégéné¬
rescence du corps calleux
Algérie (lutte contre le palu¬
disme en), 293.
Alglave, 448.
Algie à type radiculaire au
décours de l’encéphalite épi¬
démique, 382.
Algues (la gélose des), 164.
pouvant fournir de la gélose,
303-
Alimentation et ses orienta¬
tions nouvelles (la science de
1’), 149-
Alliage invariable (sur un), 65.
Alsace-Lorraine (les gaz rares
en), 380.
Altération du liquide céphalo¬
rachidien dans les paralysies
diphtériques du voile du
palais et à type de poly-
Amauqrut, 399.
Ameuille (P.), 139.
Amibiase (1’) en Egypte, 365.
Ammoniaque (sur la synthèse
de), 380.
Amputation de cuisse, d’em¬
blée, dans les gangrènes
spontanées du membre infé¬
rieur, 478.
— (préparation des inoiguons
d’), 313-
Amputés (appareils pour), 447
Amaurose unilatérale (crise d’)
d’origine tobagique pro¬
bable avec changement de
coloration de l’iris, 65.
Amyotrophiques (encépha¬
lites) du type médullo-radi-
culaire et du type périphé¬
rique (névraxite), 381.
Anale (anesthésie locale de
la région), 367.
Anaphylactique (pour éviter
le choc), 319.
Anaphylaxie, 288.
— (nouvelle conception de
1’). 463-
Anémies graves relatives à des
infections multiples en Am-
nam. Ankylostomiase, palu¬
disme, syphilis, 319.
Anesthésie (le choix de l’)
EN GYNÉCOLOGIE, I03.
— locale de la région anale,
3^7.
Anesthésie des nerfs dor-
QUES DU TABÈS, 349.
Anesthésie splanchnique,
ses applications a la chi¬
rurgie GASTRIQUE, 348.
Anesthésie tronculaire du
NERF DENTAIRE INFÉRIEUR
(INDICATIONS et technique
DE L’), 193.
Anévrysme syphilitique de
l’aorte (comment faut-il
TRAITER L’), 15.
Angine diphtérique grave, gué¬
rison (gangrène du pharynx
d’origine fuso-spirillaite
compliquant une), 478.
— gangréneuse rapidement
guérie par le sérum anti-
gangréneux, 383-
— de poitrine (traitement chi¬
rurgical de 1’), 304.
Angiome du foie ayant revêtu
les apparences d’une tumeur
gastrique, 208.
Ankylostomiase, 31g.
Annam (anémies graves rela¬
tives à des infections mul¬
tiples) ankylostomiase, pa¬
ludisme, syphilis, 319.
— (athrepsie infantile et sy¬
philis congénitale en), 381.
Anophèles (action de la trimé-
thylamine sur les), 65 .
— (les) dans les Ardennes, 95.
Anthony, 151.
An ti-aunphylaxie (nouvelle mé-
tliodc d’). Méthode méta-
trophique, 232.
Anticorps (les) dans l’enléro-
coecie expérimentale, leur
mise en évidence par la
réaction de fixation du
Antigonocotcique (vaceino-
Antituberculeu-e (état actuel
de la thérapeutique) par les
sels de terre cériques, 478.
Anlityphlque (sérum), 331.
Antoine (E-), 164.
Apert, 35, 52, 68.
— (deux cas d’hirsutisme d’)
avec virilisme et psycho¬
pathie^ 381.
Aphteuse (la fièvre) et la pro¬
duction laitière, 95.
Aphteuse (sur la fièvre), 432.
Apophysites de croissance
(des), 430.
Appareils pour amputés, 447.
- pour la luxation congé¬
nitale de la lianc'e, 368.
— pour le traitement des
fractures de l’humérus,
381.
Appendice (pincement latéral
du corps de 1’) dans une hcr
nie crurale étranglée et ap¬
pendicite du segment apé-
xien, 398.
Appendicites à diaud (ferme¬
ture sans drainage dans le
traitement des), 66.
— (traitement de 1’), 384.
— herniaire (fistule pyo-ster-
corale de la région ingulno-
crurule droite consécutive
— (indications du drainage
dans le traitement de 1’)
— du segment apexien (pin¬
cement latéral du corps de
l’appendice dans une hernie
crurale étranglée et), 398.
— (traitement de 1’) à chaud
399-
Aorte abdominale (sur le dia¬
gnostic radioscopique de),
383-
Aorte (comment faut-il
TRAITER L’ANÉVRYSME SY¬
PHILITIQUE DE L’), 15.
— descendante (particularités
radioscopiques de 1’), 127.
— (trois cas d’oblitération de
1'), 5i-
Aortite avec asvslolie (para¬
lysie transitoire à répétition
dans un cas d’), 207.
Arbert, 353.
Ardennes (les anophèles dans
les), 95.
Arête nasale (technique du
redressement de 1') par in¬
clusion cartilagineuse, 272,
Arloing, 448.
Armand-Delille, 383, 478.
Arsenicaux (érythèmes du neu¬
vième jour), 275.
Arsénobenzèues (ictère par),
Arséuobenzol (analyse de 1’).
— (éruption au cours d'un
traitement par 1’), 67.
Artère pulmonaire (lésion com¬
plexe de 1’) d’origine con¬
génitale, 399.
II
TABLE ALPHABETIQUE
tère vertébrale (traitement
des plaies de 1’), 275.
Artério-cléreux (l'hypertension
( bligatoire des néphro et
Arthrite blennorragique (trai¬
tement de(hy.’ropyoarthose)
par l’injection sous cutanée
du liquide articulaire, 399.
Arythmie complète (les
ARYTHMIES DÉSORDONNÉES)
(DIAGNOSTIC DE l’), 85.
Arythmies désordonnées
(les). Diagnostic de l’ary¬
thmie COMPLÈTE, 85.
Arsenic (sur la recherche de
1’), 463.
Assainissement de l’air souillé
par des gaz toxiques, 463.
Asthme (l’hypertonie pneu¬
mogastrique dans l’). Im¬
portance pathogénique
ET THÉRAPEUTIQUE, 37.
— et des états asthmati-
formes. (Valeur pratique
de l’examen cytologique et
chimique des crachats pour
le diagnostic de 1’), 446.
Astre (sur un nouvel), 230.
Athrepsie infantile et syphilis
congénitale en Annain, 381.
Atrophie génitale (diabète in¬
sipide expérimentalavec) ,52.
Auscultation (les foyers
d’) du rétrécissement
pulmonaire, 12.
— pulmonaire (sur une mé¬
thode d’), combinée au frot¬
tement de la paroi thora¬
cique, 65.
— du tube digestif, 365.
Auscultatoire (la méthode).
Moyen d’étude du mode
DE RÉPLÉTION ARTÉRIELLE.
Trous auscultatoires, 25.
Ausset, 368, 398.
Auto-observation d’encé¬
phalite léthargique, 316.
Autoplastie esthétique du cuir
chevelu, 67.
Autopsie d’un cas d’ophtal-
moplégie congénitale et fa-
AuvrAy, 320.
Avitaminose et inanition, 446.
Aymès, 447.
Azote albuminoïde (1’) dans le
sérum sanguin des cancé-
— résiduel dans les néphrites
(1'), 52.
Azotémie dans les infec¬
tions aigues. Sa valeur
séméiologique et pronos¬
tique, 465.
— (le facteur vésical comme
cause d’) chez la femme, 52.
Azotémique (étude des tech¬
niques dans la détermina¬
tion du rapport), 67.
Azoulay, 478.
Babeurre (la molécule albumi¬
noïde dans le), scs modifi¬
cations, sa digestibilité, 68.
Babinski (signe de) et tempé¬
rature des pieds, 94.
Bacillaires (myocardites) et
myocardites tuberculeuses,
352-
Bacille de Koch (la recherche
du) dans le pus des tuber
culeux), 400.
— (les) du lait pasteurisé, 152.
— pyocyaniques (les diffé¬
rents stades de transfor¬
mation des cultures de), 152.
— tuberculeux (modifications
de l’expectoration tubercu¬
leuse après injection inlra-
trachéalc d’huile chargée
des produits de macération
<!u), 352-
— (recherches du) dans le
sang), 352.
Badllémie tuberculeuse (pro¬
cédé de recherche de), 368.
Bacilloses histologiques (la
diathèse bacillaire et les),
138.
Bactériopliage (surle microbe),
463-
— (présence du) dans la terre
et dans l’eau, 368.
Balard (P.), 128.
Balzer, 67, 140.
Banu, 68.
Barbary, 381.
Barland, 432.
Barbier (H.)', 68.
Baron, 479.
Bary (P.), 206.
Basedow (l’étude du c méta¬
bolisme basal » dans la
maladie de), 245.
Basedow (syndrome de) et
Baudet, 464.
Bazy (I,.), 66, 128.
Bazy (P.), 128.
Béhague, 51, 65, 126.
Bénard (h.), 96.
Benon (R.), I,a slnistrose,
285.
Bensaude (A.), 164.
Bercher (J). — Indications
ET TECHNIQUE DE L’ANES¬
THÉSIE TRONCULAIRE DU
NERF DENTAIRE INFÉRIEUR,
293-
BERCÉ (A.), 36, 479.
Bernard (M lle S.), Claude
(II.), PlÉDELIÈVRE (R.). —
Contribution a l'étude
DES TROUBLES DE L'ÉQUI¬
LIBRE ENDOCRINIEN. Mɬ
THODE DES TESTS BIOLO¬
GIQUES, 197.
Bernard (I,.), 35, 304, 478.
Berthelin, 368.
Berthelon, 352.
Bertin. — Election, vice-
président pour 1921. Aca¬
démie des sciences, 463.
Bertrand (G.), 95, 319.
Bertrand, 398.
Besredka, 49, 196.
Bezançon, 446.
Bidon, 447.
Bigourdan, 137, 164.
Billard, 398.
Biologie (société de), 352, 368,
400.
Biopsies laryngées (tech¬
nique ET INDICATIONS DES),
185.
Biotropisme microbien (Sy¬
philis. Réaction d’Hers-
cheimer), 91.
Blé (matières azotées et l’adde
pfaosphorique dans la matu¬
ration du), 303.
Blennorragie aiguè chez l’hom¬
me (du traitergient de la),
163.
Blennorragique (lésions os¬
seuses articulaires daus le
rhumatisme), 366.
Bloch (M.), 195.
Bœck-Darier (sarcoides de),
275.
Bollacii, 52.
BORDET (F.), 51.
Bordet (F.), voir Ralliery (F.)
345-
Bordet-Wussermanu en cli-
nique infantile (la valeur de
la réaction de), 464.
Borel, 140.
Bosc, 127.
Boss (J.-C.), 128.
Botulisme (un cas de), 479.
Boucheron (M.) et Rathery
(F.). — Valeur théra¬
peutique DES INJECTIONS
INTRAVEINEUSES DE SOLU¬
TIONS HYPERTONIQUES DE
GLUCOSE AU COURS DES
NÉPHRITES AZOTÉMIQUES,
50.
Boucheron (M.), voir Rathe-
Boues activées (sur l’épu¬
ration par les), 65.
Bouffard (G.), 196.
Bouillons-toxiues (les spec¬
tres des), 230.
Bouley, 66.
Bourges (If.), 35, 382.
Bourquelot, 49, 446.
Boutéuer, 152.
Boutroux, 50.
BOUTTIER, 139, 381.
Bovidés (les piroplasmes des)
et leurs hôtes vecteurs, 231.
Brai (cancer des ouvriers qui
travaillent le), 365.
Braquehaye, 84.
Briand (M.), 140.
Brizard, 152.
Broca, 84, 128.
Bhocq (Iv ), 163-
BRODIER.—I,A LUTTE CONTRE
LE PALUDISME EN ALGÉRIE,
293-
Brodin (P.), 52, 65, 232.
Bronchites chroniques avec
sclérose pulmonaire (étude
critique de l’étiologie des),
Brossart, 368.
Brousseau, 140.
Brown-Séquard (étude sémio¬
logique d’un cas de syn¬
drome de), 96.
Brulé (M.), 94, 400, 478.
Brumpt (E.), 231.
Brun, 84.
Bruneau de J.aborie. —
Traitement du lupus par
LES SCARIFICATIONS SUI¬
VIES DE PANSEMENTS AU
RADIUM, 149.
Bugues, 352.
— (bulleuses) schéma des
éruptions, 163.
Busquet (II.), 52.
Caballero, 127.
Caïn (A.), 164.
Calcium (dosage du) et du
magnésium dans différents
milieux salins, 230.
Cambessedès, 52.
— (voir Carnot [P.]), 349.
Cambier, 65.
Camus, 126, 398.
Camus (J.), 152.
Camus (Jean). — Neurologie
en 1920, 233.
Canal vagino-péritonéal (pa-
chyvaginalite du), 447.
Canals, 230.
Cancer de l’estomac (traite¬
ment chirurgical du), 150.
— de la langue (la cure radi¬
cale du), 194.
— des ouvriers qui travaillent
le’’brai, 365.
— du poumon chez un sujet
à évolution silencieuse, bru¬
talement terminée par com¬
pression de la veine cave
supérieure, 480.
— rectal (extirpation du) par
la voie abdomiuopérinéaler
367. • .
— du rectum (diagnostic par
le toucher rectal), 307.
— (traitement du), 383, 384,
464.
— testiculaires (traitement
des), 84, 128.
— du testicule (traitement
du), 66.
Cancéreuses (présence de try¬
panosomes dans des tu¬
meurs) observées au Para¬
guay, 384.
Cancéreux (augmentation pa¬
radoxale de l’albumine du
sérum chez certains, 128.
— (l’azote albuminoïde dans
le sérum sanguin des), 126.
— (le ferment protéolytique
des tumeurs et le sang des),
67.
Cancroïde (traitement du) pal¬
pébral par le rissolagc iodo-
enfumé, 288.
Cantonnet (A.). — Ea neu¬
tralisation CHEZ LE STRA-
BIQUE, 171.
CAPETTE, 84.
Carabelli (tubercule de), 140.
Carbonate de soude (traite¬
ment des varices par les
injections intravoriqueuses
de), 399.
Cardiopathies (les ressour¬
ces THÉRAPEUTIQUES DE LA
DIGITALE DANS LES), 17 .
Cardiospasme (un cas de
mégaœsophage consécutif à
CARNIOL (A.). — EA HÉR1T0-
III
NÉOCENTÈSE EXPLORATRICE
PRÉCOCE, 202.
Carnot, 52.
Carnot (P.) et Cambess
— 1/anesthésie des nerfs
DORSAUX ET SPLANCHNI¬
QUES DANS LES CRISES G/
TRIQUES DU TABÈS, 349-
Carnot (P.) et Rathery (F.).
— L’hypertension o:
GATOIRE DES NÉPHRO El
DES ARTÉRIOSCLÉREUX, 221,
Carnot (P.) et Ratiiery (F.),
— La thérapeutique
1920, 321.
Carotide primitive (ligature de
la), 128.
— (ligature de la ) pour exo¬
phtalmos pulsatile, 84.
Cartier, 152.
Cartilagineuse (technique du
redressement de l’arête na¬
sale par inclusion), 272.
Cassar (A.), 163.
Cassoute, 368.
Castex, 446.
Cathala (J.) voir Lereboul-
let (L0.3O5.
Cathala (J.) et Lian (C.). —
L’hypertonie pneumogas¬
trique dans l’asthme. Im¬
portance pathogénique et
THÉRAPEUTIQUE, 37.
Cathala (J.), voir I.ian.
Caussade, 96.
Céphalhématoine (pathogénie
du), 368.
Céphalopodes (les) des grands
fonds marins, 95.
Céphalo-rachidien (la réac¬
tion de précipitation du
benjoin colloïdal avec le
liquide) des syphilitiques
nerveux, 382.
Cerighelli, 303.
raiguë (abcès multiples du),
446.
Chabrol (E.) et Dumont (J.).
— Un cas de dilatation
Rôle du cardiospasme.
Le syndrome médiastinal
SECONDAIRE, 22Ô.
Chabrol (F,.), voir Gilbert.
Chabrol ( 15 .) et Gilbert (A.).
— Les foyers d’ausculta¬
tion DU RÉTRÉCISSEMENT
PULMONAIRE, 12.
Champignons (empoisonne¬
ments par les), 478.
— (sur la diagnose des), 432.
Chancre mixte tertiaire, 152.
— mou de la narine, 152.
— syphilitiques multiples et
réinfection après un traite¬
ment par le 60b, 138.
Chardonnet, 95.
Charpin. — Tremblement in¬
tentionnel et intoxication
plcrique, 379.
Charrier, 127.
Chastenet de Géry, 208.
Chauffard, 365.
Chauvin (ii.), 94.
Chéron (A.), 477-
TABLE ALPHABETIQUE
Chevallery, 52.
Chevrier, 367.
Chevrotier, 319.
Chimie à la guerre (la), 380.
Chirurgie gastrique (anesthésie
splanchnique, ses applica¬
tions à la), 348.
Chirurgie infantile et l'or¬
thopédie EN 1920 (LA), 425.
— (société de), 320, 366, 383,
398, 480.
— des uretères doubles (la),
381.
Chloropicriue (action de la)
sur les ferments solubles, 95.
— (destruction des termites
par la), 206.
Chlorure de sodium à travers
les membranes (diffusion du),
384- -
Choc anaphylactique (pour
éviter le), 319.
Cholécystites aiguës (traite¬
ment des), 448.
— chronique traitée par l’uro-
tropine en injections intra¬
veineuses, 96.
Cholécysto-gastrostomie, 367.
Choléra infantile (sur un
cas de méningite ù bacille
de la pseudo-tuberculose
zoogléique survenue dans
la convalescence d'un), 68.
. Cholérique (le prolêide du
vibrion), 196.
Chorée d’origine syphilitique
(trois cas de), 368.
— de Sydenham bénigne et
apyrétique consécutive à
une encéphalite léthargique
Chorio-rétimte syphilitique et
maladie de Morvan, 478.
ClNÉMATISATION DES MOI¬
GNONS, 394.
ClVATTE (A.), 275.
Classes de plein air sur les
fortifications de Paris, 368.
Claude, 446.
Claude. — Quelques parti¬
cularités DE L’ÉTAT MEN¬
TAL DANS LE SYNDROME PAR¬
KINSONIEN, 241.
Claude (II.), Bernard (M lle S)
ET PlÉDELIÈVRE (R.). —
Contribution a l’étude
DES TROUBLES DE L’ÉQUI¬
LIBRE ENDOCRINIEN. Mɬ
THODE DES TESTS BIOLO¬
GIQUES, I97.
Claudication intermittente
(LA COURBE OSCILLOMÉ-
TRIQUE CHEZ LES MALADES
ATTEINTS DE), 6o.
Climat parisien (l’influence du)
sur ses habitants, 230.
Coagulabillté du sang et hé¬
morragie utérine de la gros¬
sesse. Action thérapeutique
des injections de peptone,
400.
Cochez, 138.
Cœur (les difficultés du dia¬
gnostic des malformations
congénitales du), 464.
Cœur (les maladies du) et
DES VAISSEAUX EN I920
(REVUE ANNUELLE), I.
Coma frontal (le), 256.
Compression des branches du
plexus brachial consécutive
aux luxations de l’épaule,
320.
COLARDEAU, 398.
Colique mercurielle (la),
437-
Colite membraneuse, 138.
Collignon, 36.
Colonies de vacances des ré¬
gions libérées au sanato¬
rium dejZuydcoote (les), 398-
Congénitales du cœur (les dif¬
ficultés du diagnostic des
malformations), 464.
— (lésion complexe de l’ar¬
tère pulmonaire d’origine),
399-
Congestion pulmonaire aiguë
tuberculeuse (typho-badl-
lose avec érythème poly¬
morphe), 96.
— (septicémie gonococcique
avec), 36.
Congo (état sanitaire et dépo¬
pulation au), 275.
Considérations cliniques et
expérimentales sur un cas
de scléroses en plaques, 382.
CONSTANTINESCU (C.-D.). —
L’ENCÉPHALITE LÉTHAR¬
GIQUE EN ROUMANIE, 158.
Contagion familiale d’en¬
céphalite LÉTHARGIQUE
(cas de), 364.
Cordon spermatique (lympha¬
tiques du), 464.
Corps anaplasmutiqucs eudo-
globulaires dans un ictère
splénomégalique, 96.
— strié (les syndromes phy¬
sio-pathologiques du), 247.
— métalliques (à propos de
l’emploi des) dans le trai¬
tement des fractures, 66.
Costantini, 480.
Cotard (syndrome de) consé¬
cutif des idées de persé-
COURBE OSCILLOMÉTRIQUE
CHEZ LES MALADES ATTEINTS
DE CLAUDICATION INTER¬
MITTENTE (LA), 60.
Cousin, 140.
Coutela (Ch.). — Des com¬
plications RÉTINIENNES OU
DIABÈTE SUCRÉ, 173.
Cranioplaslie par lambeaux
périostiques, 464.
Crétin, 383.
Crises gastriques du tabès
(anesthésie des nerfs dor¬
saux et splanchniques dans
les), 399.
Croissance (des apopliysites
île), 340.
Crouzon, 51. <> 5, 126, 139,
CruciisT (R.), 399 382.
Crustacés (étude sur l’oxyda¬
tion du carotène des) et
sur la présence parmi les
produits d’oxydation d’un
corps qui donne les réac¬
tions d’une cholestérine,
67.
Cuir chevelu '(autoplastic es¬
thétique du), 67.
— (pachydermie vertioellée
du), 264.
Cuivre (action du) sur la végé¬
tation, 50.
— sur les végétaux, 95.
Culture (milieux de) à base
de sang total citraté laqué
par l’éther, 363.
Cure thermale (immunité
et), 41.
Cyanure de mercure, 276.
Dalsace, 220.
Danleau, 446.
DANYSZ, 151.
Darier, 67.
D’Arsonval, 380.
Dautrebande (!,’), 67, 128.
Débâcle hydatique cliolédoco-
vatérieuue, 3S4.
Debray (M.), 52.
Debré (R.), 67, 128, 284,
304.
Décalcification par troubles
de la nutrition (neurasthé¬
nie) démontrée par la radio¬
graphie, 366.
Decherfs, 128.
Decp.op, 231.
Dégénéré (tentative de suicide
d’), 304.
Dégénérescence du corps cal¬
leux dans l’alcoolisme chro¬
nique (lésion de Marchia-
— des pommiers à cidre (sur
la). 432 .
Deguignaud, 207.
Dehelly, 39S.
Delage, 125.
Delahkt, 304.
De I,apersonne, 477.
De Baroche. — Un cas de
CONTAGION FAMILIALE D’EN¬
CÉPHALITE LÉTHARGIQUE,
229, 364.
Delater. Auto-observation
d’encéphalite léthargi¬
que, 316.
Delaunay, 206.
Delbecq, 352, 368.
Delbet (Pierre), 66, 127,398.
— (traitement des infections
chirurgicales par la bouil¬
lon de), 84, 128.
Délivrance(note Sur l’étio¬
logie DE LA PATHOGÉNIE
DES HÉMORRAGIES DE LA),
123.
DELLERAY, 480.
DELORT, 208, 448.
DE Martel. — Ba névralgie
DU TRIJUMEAU. SON TRAI¬
TEMENT, 254.
Demelin. — Notes sur l’é¬
tiologie ET LA PATnOGÉNIE
DBS HÉMORRAGIES DE LA
DÉLIVRANCE, I23.
Delorme, 126.
Démence précoce (encéphalite
IV
léthargique à forme (le), 52.
Demoussy, 50.
Déperet, 152.
Dépopulation et état sanitaire
au Congo, 275.
Dermatite provoquée par les
plantes, 49.
Déroché, 13g.
Descomps, 84, 464.
Descrez, 125.
Deslandres, 65.
Devé (F.), 368, 384.
Diabète glycuronique (un
cas de), 472.
— insipide expérimental avec
atrophie génitale, 52.
— (syndrome pluriglandulaire
avec) efficacité de l’opo¬
thérapie hypophysaire sur
la polyurie, 139.
— sucré (des complications
RÉTINIENNES DU), 173.
Diabétiques (le sucre protéi-
dique chez les), 52.
Diagnostic des adénopa¬
thies TRACHÉO-BRONCHI¬
QUES (SUR LE), 419.
— PAR LE TOUCHER RECTAL,
307 .
—des malformations congé¬
nitales du cœur (les diffi¬
cultés du), 464.
— de la peste, 459.
— bubonique, 352.
— (la pyélographie dans le)
des kystes hydatiques du
— radioscopique de l’aorte
abdominale (sut; le), 382.
Diagnose des champignons
(sur la), 432.
Diathèse bacillaire (la) et les
bacilloses histologiques, 138.
Digestion des graisses et insuf¬
fisance pancréatique, 303.
Digitale (les ressources
17.
Dilatations cardiaques (oua-
baïne et), 195.
— congénitale des uretères,
— gastrique (ulcère du duo¬
dénum avec .une grande), 6fi.
— idiopathique de l'oesophage
et mégaœsophage, 127.
— PRIMITIVE DE L'ŒSOPHAGE
(UN CAS DE). ROLE DU CAR-
Dionis du Séjour, 66.
Dispensaire antisyphilitique,
NITÉ GRIPPALE ACQUISE,
289.
Dorlencourt, 68.
Dorsaux (anesthésie des nerfs)
et splanchniques dans les
crises gastriques du tabès
349-
Douglas (le signe de) dans
TABLE ALPHABETIQUE
LES RUPTURES DE GROSSESSE
TUBAIRE, IL3-
Douleur locale à la pression
chez les tuberculeux (la),
446.
Doumer (K.), 96.
Drainage filiforme (danger du)
dans les abcès froids tuber¬
culeux, 84.
Dubreuilh (W.). — Radio¬
thérapie DES ÈPITHÉUO-
TIIODB DES DOSES MASSIVES,
265-
Dufour (II.), 52, 366 , 399-
Dufourmentel (15.). — I/oto
RIIINO-LARYNGOLOGIH EN
1920 (Revue annuelle),
176.
— (TECHNIQUE du RRDRESSE-
PAR INCLUSION CARTILAGI¬
NEUSE, 272.
DUJAKIER, 66, 84.
Dumas, 368.
Dumitrescu-Mante, 304.
Dumont, 96.
Dumont (J.) et Chabrol (E.).
— Un cas de dilatation
PRIMITIVE DE L'œSOPBAGE.
Rôle du cardiospasme.
I,E SYNDROME MÉDIASTINAL
SECONDAIRE, 226.
Duodénum (traitement des
ulcères perforés au), 84.
— de l’uleus perforé du), 320.
— (ulcère du) avec une grande
dilatation gastrique, 66.
Dupuy de Frenelle. —Tech¬
nique DE L’OSTÉO-SYNTHÈSE
PAR PLAQUE VISSÉE, 146.
Durand, 138, 150.
Duval (F.), 6fi, 320, 448.
Ilyscrasie (la) endothélioplas-
matique hémorragique, 151.
Dysenterie amibienne chez un
enfant de huit aus. Inci¬
dents et posologie du traite¬
ment par le néosalvarsan
et l’ipéca, 68.
— épidémique dans la Bible,
3 <> 5 .
Dyspepsie banale (syphilis
gastrique à forme de), 139.
Faux minérales (rapport gé¬
néral), 381.
Ebcrthémie au cours d’un trai¬
tement par le novoarséno-
benzol. Vaccinothérapie ;
cas d’j, 368.
avec l’atmosphère, 303.
Eclipses totales (luminosité
de la lune pendant les), 446.
Effet de l’injection de la sécré¬
tion du coq, 398.
Effets de l’intoxication pliéni-
quée sur l’excitabilité des
muscles et des nerfs sensi¬
tifs et moteurs, 448.
Egypte (l’amibiase en), 363.
Einliom ( 3 e l’emploi du tube
d’) pour l’étude de la sécré¬
tion gastrique, 288.
Embolies intestinales et pul¬
monaires ; abcès du pou¬
mon, guérison par pneumo¬
thorax thérapeutique, 399.
Emile-Weil (P.), 151.
Emploi des solutions sensibi¬
lisées d’or colloïdal dans la
réaction de Lange, 384.
Empoisonnements par les
champignons (les), 478.
Emphysème staphylococcique
traité par la vaccination et
guéri sans intervention, 480.
nisée par A. Jiauté (traité
de la fièvre typhoïde par
Encéphalites amyotrophiques
du type médullo-radicu-
laire et du type périphé¬
rique (névraxite), 381.
— épidémique (Algie à type
radiculaire au décours de 1’),
— intercurrente, 366.
— (le syndrome excito-mo-
te “ r de P), 302.
Brest (note à propos de
quelques cas d’), 35.
— (troubles des mouvements
associés des yeux, nystag-
inu9 et perturbation du
nystaginus vestibulaire au
cours de 1’),
— léthargique (à l’occasion
des difficultés du diagnostic
de 1’), 304.
-(à propos de la contagion
de 1’), 127.
—(auto-observation d’),316.
-avec crise épileptique
initiale, 352.
-à évolution chronique
(deux cas d’), 478.
——à forme délirante et lial-
-- de démence précoce, 52.
-chez un enfant (chorée
de Sydenham bénigne et
apyrétique, consécutive à
-(état de narcolepsie dite
hystérique ayant simulé
une), 352.
-(LES ASPECTS CLINIQUES
avec d’autres états mor-
- — (le terrain dans les), 398.
-- (Myoclonus et formes
myocloniques suraiguës nui.
lignes dans 1’), 127.
_ (paraplégiespasmodiquc,
seul reliquat d’une), 36.
- — (présentation d’un cas d’),
-en Roumanie (F), 158.
-(séquelles de 1’), 352.
—. — (six mois après le début
de la maladie. Viruse ncéplia-
litiques atténués), 479.
-(sur la contagion de 1’),
atteinte successive des trois
enfants (l’une même fa¬
mille, 96.
Encéphalite léthargique (syn¬
drome incomplet de Millan 1 -
Gubler il évolution subaiguë
terminé par la guérison
et paraissant devoir sc
rattacher à), 368.
— — (un cas de contagion
-(UN CAS DE CONTAGION
FAMILIALE), 229, 364.
Eneéplialo-myélite i pidémique
(les formes myoclonique et
myorylhmique de 1’), 399.
— (le pronostic de), 382.
Endocardite maligne ù évo¬
lution lente (forme ménin¬
gée de 1’), 51.
— à forme lente (deux cas d’).
— du type Jaccoud-Osler (la
forme « raccourcie » de 1’),
478 .
— (psoriasis, psychoseet), 44 7.
Enfance (les purpuras de la
première), 412.
— (recherches sur la sécrétion
rénale dans 1’), 52.
Enfants (les maladies des)
en 1920. 401.
Engelhard, 207.
Enseignements psychiatri¬
ques DE LA GUERRE, 2ÔO.
Entéro-anastomose dans le
traitement de l’occlusion
aiguë du grêle, 367.
Eutérococcle expérimentale
(les anticorps dans l’),leur
mise en évidence par la
réaction (1e fixation du com¬
plément, 128.
Entérocoques (septicémie à).
Traitement par un auto-
• vaccin. Guérison, 36.
Epaississements pleuraux (dé¬
faut de perceptibilité radio¬
logique des), 139.
Epaule (lésion du plexus bra¬
chial dans les luxations de
1’), 384.
Epidémies (de l’influence ( 1 e
l’humidité (le l’air sur les),
138.
Epidémique (encéphalite) in¬
tercurrente, 366.
-— (le pronostic de l’eucépha-
lomyélite), 382.
Epilepsie jaeksonienne (trai¬
tement chirurgical de), 480.
— traumatique (traitement
chirurgical de 1’), 127, 367.
Epileptiques. Sur la néces¬
sité de vérifier la pureté du
tartrate borico-potassique
dans le traitement des), 381.
Epithéliomes (radiothérapie
des) de la peau par la mé¬
thode des doses massives.
Epuration par les boues acti¬
vées (sur 1’), 65.
— des sérums thérapeutiques.
Éruptions bulleuses (scliéma-
des), 163.
— au cours (l’un traitement
par l'arseuobenzol 67.
TABLE ALPHABETIQUE V
Érysipèle de la face (halluci- stomatologie en 1920 (re- rythmique de l’eucéphalo- libre dans les), 398.
cinations lilluputieunes au vue annuelle), 188. myélite épidémique (les), Gazés (rapport de la commis-
cours d’un), 140. Faroy, 67. 399- sion des), 381. •
Erythèmes arsenicaux du neu- Faucheraud, 230. Fossiles (vie des), 319. Gelma (F,.). — Deux obser-
vième jour, 275. Faure (J.I,.), 128. , Fouassier, 152. vations d’hémiplégie or-
— polymorphe (typho-badl- Fémur (fracture en T de l’ex- Fractures (à propos de l’em- ganique au cours de l’in-
laire avec) et congestion trémité inférieure du), 448. ploi des corps métalliques fection syphilitique rê-
pulmonaire aigue tubercu- ■— (modification au traite- 'dans le traitement des), 66. cente, 144.
leuse, 96. ment des fractures du col du) —-du col du fémur par la Gélose des algues (la), 164.
liscHBAcii, 139. par l’enchevillement, 399. méthode de Delbet (causes — (algues marines- •floridées
lissais d’immunisation de l’or- — (traitement des fractures d’échec dans le vissage des), indigènes pouvant fournir
ganisme tuberculeux, 381. du col du) par la méthode 480. de la), 313.
-physiologique de l’adré- de Delbet, 448. -par le vissage (traite- Génèvrier, 368.
naline, sensibilité et cons- — (traitement des fractures ment des), 127. Genou (voie d’accès transrotu-
lantes d’action, 448. du col du) par le vissage, — (modifications au traite- lieunc transversale sur l’ar-
Ksmein (Cli.), 195, 127. ment des) du col du fémur ticulation du), 448.
Estomac biloculaire (traite- Fer médicamenteux (la ques- par l’enchevillemcnt, 399. Gilbert (A.) et Chabrol (E.).
ment de 1’), 464. tion du), 268. — obliques de la jambe (trai- — I,es foyers d’asculuta-
— (fonctionnement pliysiolo- Ferments solubles (action de temcnt des), 464. tion du rétrécissement
gique de 1’) après différents la chloropicrine sur les), — en T de l’extrémité infé- pulmonaire, 12.
procédés de gastro-pylo- 95 rieure du fémur, 448. Giraud, 368.
rectomie, 320. Ferrand, 52. —par la prothèse métallique " Girault, 138, 139.
— (hernie diaphragma tique de Ferreyrolles (P.) — Immu- (traitement des), 84. Giroux (R.). — Méningite
1’) et du côlon, 398. nité et cure thermale, — vcrtico-frontale (en coquil- tuberculeuse secondaire
— (images diverticulaires et 41. le d’huître) de la rotule, 39S. a des lésions pulmonaires
lacunaires de 1’) indépen- Ferrier, 2P8. Fredet, 66. Fonction lombaire néga-
dantes de l’ulcère et du Feytan, 125. Prœlich. —• Des apophysites tive, 46.
cancer, 52. Feytaud, 206. de croissance, 430. Glucose (valeur thérapeu-
— (traitement chirurgical du Fiessinger (N.), 96, 304. Fucus (sur une mouche des), tique des injections in-
cancer de 1’), 150. Fièvre aphteuse (moyeu de 380. traveineuses de solu-
Iitat actuel de la thérapeu- traitement de la), 230. Gallavardin (I,.) et Tixier tions hypertoniques de)
tique anti-tuberculeuse par — (la prévention et le traite- (I,.). — Ra méthode aus- au cours des néphrites
les sels de terres cériques, ment de la) par le sérum ou cultatoire. Moyen d’étu- azotémiques, 56.
478. le sang des animaux guéris. de du mode de réplétion GIuc< shles de l’orchidée (sur
méningé primitif à forme-et la production lai- artérielle. Trous auscul- les), 206.
léthargique ; autosérothéra- tière, 95. tatoires, 25. Glycurouique (un cas de dia-
pie intrarachidienne ; gué- - — (sur la), 432. Galippe, 319. bète), 472.
rison. -(transmission de la) Gangrène du pharynx d’ori- Gougerot, 67.
— mental dans le syndro- par le lait, 164. ginc fuso-spirillairc compli- Gouverneur (R.), 275.
me parkinsonien (quel- —intermittente (septicémies quant une angine diphté- Graisses et insuffisance pan-
QUES particularités de éberthiennes à type de), 382. rique grave. Guérison, 478. créatique (digestion des),
L’), 241. — maligne autochtone, 207. — pulmonaire guérie par le 303.
— morbides (les rapports —méditerranéenne, 319. sérum antigangréneux, 383. Grégoire, 320, 384, 479.
de l’encéphalite léthar- — tierce maligne autochtone — - - traitée et guérie par Grenet (II.), 207, 447, 47S.
gique avec d’autres), 209. mortelle (un cas de), 366. les injections intratrachéa- Grigant, 352.
— sanitaire et dépopulation —typhoïde (traitement de la) les, intraveineuses et intra- Grimaux, 464.
au Congo, 275. par une émulsion micro- musculaires de sérum anti- Grippale (preuves de l’exis-
Ether (milieux de culture à bienne préconisée par A. gungréneux et nntistrepto- lence d’une immunité) ac-
base de sang total dtraté Mauté, 208. coccique, 51. quise, 289.
laqué par F), 363. Fistule pyo-stercorale de la — spontanées du membre in- Gros (H.). — Contribution
Etienne (G.), 150. région inguino-crurale droite férieur (l’amputation de A l’étude des lésions
Etude anatomo-pathologique consécutive à une appendi- cuisse, d’emblée dans les), anatomiques dans la tu-
des centres nerveux dans un dte herniaire, 66. 478. berculose des noirs, 132.
cas d’ophtalmoplégie ex- Fleury (M de), 365. Gandy (Ch.), '447 - Grossesse tubaire (le signe
terne familiale, 47g. Florand, 138, 139 208,. Castro - entérostomie posté- de Douglas dans les rup-
— comparative de la réac- Flurin (II.), 232. rieure dans le traitement de tures de), 113.
tion du benjoin colloïdal Foie (kyste ealdfié du), 365. l’ulcère perforé de l’esto- Gruat (E.), 5--
et de la réaction de la gom- Foie (kyste hydatique du), mac, 366. Guerre (la chimie à la), 380.
jmc-masticd’Enimanuel, 400 opéré et suturé sans drai- Gastro-pylorectomie (fonction- Guillain (G.), 96, 352, 382,
— sur quelques signes pliy- nage, 320. nement physiologique de 400, 477.
siques du pueumothcnx, Foie (kystes hydatiques sup- l’estomac après différents Guillaume (Ch. E.), 65.
366. purés du) et du mésocôlon, procédés de), 320. Guinon, 68.
Exoplitalmos pulsatile (liga- 84. Gastrostomie (cholécysto-), Gynécologie (la) en 1919
ture de la carotide primi- Foix (Ch.), 207, 208, 382. 367. (revue annuelle), 97.
tive pour), 84. ' Fonctionnement physiolo- Gauduchkau, 368. — (le choix de l’anesthésie
Exostoses ostéogéuiques mul- gique de l’estomac après dif- Gay (R.), 36. en), 103.
tiples avec déformations férents procédés de gastro- Gauthier (de I.uxcuil), 366. Hagueneau, 139, 3841 4°o.
. concomitantes de certains pylorectomie, 320. Gaz de guerre (étude comparée IIallé, 68.
os longs (un cas d’), 479. Forestier (J.). — I.A pyélo- du pouvoir lacrymogène Hallopeau (P.), 275, 320,
Extirpation du cancer rectal graphie dans le diagnos- des), 303. 3<>7-
par la voie abdominopéri- tic des kystes iiydati- Gaz lacrymogènes (sur les), Hallucinations lilliputiennes
néalc, 367. QUES du rein, 282. 398. au cours d’un érysipèle de
Fabre, 84. ForGue (E-). — I«e choix de Gaz-rares en Alsace-I/irraine la face, 140.
Face (lichen atrophique de l’anesthésie en cynéco- (les), 380. Hanche (appareil pour la
la), 152. loGIE, 103. Gaz therfnaux de Royat (pré- luxation congénitale de la),
Fargin-Fayolle (P.). — I,a Formes myoclonique et myo- sence de l’acide sulfhydrique 368.
VI
TABLE ALPHABETIQUE
Hanches ballantes (traite¬
ment des), 66.
Harvier, 47g.
Hartmann, 50, 384.
Ha y em (G.), 207, 319, 365.
Hébert (P.), 195.
Heitz-Boyer, 399.
Heitz (Jean). — I,a courbe
OSCILLOMÉTRIQUE CHEZ LES
malades atteints de clau¬
dication INTERMITTENTE,
- ET BEREBaULLET (P.). —
I y ES MALADIES DU CŒUR ET
DES VAISSEAUX EN 1920
(REVUE ANNUELLE), I.
- voir I.EREBOULLET. ■
Héinicraniose, 366.
Hémiplégie organique
(DEUX OBSERVATIONS D’)
au cours de l’infection
SYPHILITIQUE RÉCENTE, 144.
Hémoculture jiositive à Pro-
teus x 19 chez un malade
atteint de typhus exanthé¬
matique, 36.
Hémolymphangiome, 67.
Hémoptysie tuberculeuse fou¬
droyante (un cas de maladie
de Hodgkin terminé par),
68 .
Hémorragies de la déli¬
vrance (NOTE SUR L’ÉTIO¬
LOGIE ET LA PATHOGÉNIE
DES), 123.
— intestinale d’origine syphi¬
litique elles un nourrisson
de deux mois, 464.
Hépatites et néphrites la¬
tentes (ulcus gastriques),
399-
Hérédo-ataxie (les lésions mé¬
dullaires au cours de P) dans
la maladie de Friedreich
et de la paraplégie spastique
familiale, 208.
— syphilitique (pathogénie
de la surdité) à forme fou¬
droyante, 374.
Hérelle (quelques particula¬
rités du phénomène de d’),
400.
Hérissey, 49.
Hernie diaphragmatique de
l’estomac et du côlon, 398.
Herseher, 383.
Hersciieimer (. Syphilis.
Réaction d’). Biotropisme
microbien, 91.
Hesnard (A.), voir A. Porot,
Hétérothérapie, 337.
Heure (la transmission de 1’),
Hirsutisme (deux cas d’)
d’Apert avec virilisme et
psychopathie, 381.
Hodgkin (un cas de maladie
de) terminé par hémoptysie
tuberculeuse foudroyante,
68 .
Holmboé, 288.
Hôpitaux (société médicale
des), 352, 366, 381, 399.
Hoquet épidémique (le), 47g.
Houdart, 480.
Houzel, 383.
Howard, 351, 365.
Hudelo, 152.
Hufnagel (l’). 36.
Huile iodée (injections intra¬
veineuses d’), 152.
— dans le sang (disparition
de i’) après injection intra¬
veineuse, 52.
Huîtres (une maladie des), 448.
Hydatique (la débâcle) cho-
lédoco-vatérienne, 384.
— (la pyélographie dans le
diagnostic des kystes) du
Hydronéphrose congénitale
chez un enfant de trois mois
et demi (autopsie) (double),
479-
Hyperalbuminosc et l’hypcr-
glycorachie chez un certain
nombre de malades atteints
de troubles moteurs ou
convulsifs d’origine pithia¬
tique, 399.
Hyperémotivité (les petits si¬
gnes de P), 140.
Hypertension obligatoire
(l’) des néphro et des
ARTÉRIOSCLÉREUX, 221.
— PAROXYSTIQUE aigue, 433
Hypertonie pneumogastri¬
que DANS L’ASTHME (L’).
Importance pathogénique
ET THÉRAPEUTIQUE, 37.
Hypnotiques (sur une nou¬
velle classe d’), 303.
Hypophysaire (infantilisme
tardif de l’adulte d’origine),
Hypophyse (syndrome adipo-
so-génltal chez un malade
porteur d’une tumeur de 1’),
radiothérapie ; régression
des symptômes, 139.
Hypospadias péno-scrotal
traité par tunellisaliou du
pénis et du gland et tapis¬
sage du tunnel par lambeau
préputial, 84.
Hystérie (troubles vaso-mo¬
teurs et trophiques dans 1’),
378.
Hystéro-épilepsieà crises sépa¬
rées (un cas d’), 140.
Ictère pararsenobenzéues, 152.
— hémolytique (splénectomie
dans 1’), 50.
— PRIMAIRE syphilitique
(L’),I 4 I.
— (septicémie streptococcique
— spléuomégalique (corps
anaplasmatiqucs cndoglo-
bulaires dans un), 96.
Ictéro-hémorragique apyré
tique à forme grave (sur un
cas de spirochétose), 383-
-chez l’enfant (à propos
d’un cas de spirochétose) 44 3.
Idkac, 65.
Immunisation (essais ci’) de
l’organisme luberculeux,38r.
Immunité et cure tiier-
IMMUNITÉ GRIPPALE (PREUVES
del’kxistenced’une), 289
— chez les insectes, 303.
Inclusion cartilagineuse (tech¬
nique du redressement de
l'arête nasale par inclusion
cartilagineuse, 272.
Incontinence nocturne de
L'ADULTE (CONTRIBUTION A
L’ÉTUDE DE L’), 153.
Indications du drainage dans
le traitement de l’appen¬
dicite à chaud, 3*67.
Indications de l’entéro-anas-
tomose dans le traitement
de l’occlusion aiguë du
grêle, 367.
Indications de ia gastro-enté¬
rostomie postérieure dans
le traitement de l’ulcère
perforé de l’estomac, 366.
Inégalité de longueur des
membres inférieurs et spina-
bifida occulta, 368.
Infantilisme dyslhyroïdien (un
cas de nanisme par), 383.
— TARDIF DE L’ADULTE D’ORI-
GINE HYPOPHYSAIRE, 277 -
Infections aiguës. Si valeur
séméiologique et pronos¬
tique (l’azotémie dans les),
465-
— chirurgicales (traitement
des) par le bouillon de
Delbet, 84, 128.
— et vaccination par voie
trachéale, 196.
Influence de la température
sur la pêche à la sardine,
INGEHRIGSTEN, 367.
sels de radium et de méso-
thorium dans la tuberculose,
335-
Inlialation. Intoxication ni¬
treuse aiguë par inhalation,
369.
Injection et l’ingestion
DES SELS DE RADIUM ET DE
MÉSOTHORIUM DANS LA TU¬
BERCULOSE, 335.
— intrapéritonéales post- opé¬
ratoires de sérum, 66.
— INTRARACHIDIENNES DE
NOVARSÉNOBENZOL, 353.
— intraveineuses d’huile io-
— uovarsénicales sous-cuta-
nées quotidiennes (les), 480.
— de la sécrétion du coq (effet
de 1’), 398.
—• de terres cériques (tuber¬
culoses locales traitées par
Insectes (embryogénie des eu-
tozoaires et chromosomes
des), 125.
Instituts médicaux, 319.
-(discussion ^ur les), 50.
-(rapport sur les), 35.
-(suite de la discussion
sur les), 126.
Insuffisance cardiaque au
cours de la puerpéralité
(le critère osdllométrique,
élément de diagnostic et de
pronostic de I’), 128.
Insuffisance triscuspidien -
ne(lediagnosticdel’), 31.
Intoxication nitreuse aiguë
par inhalation, 369.
— oxycarbonée (de la réac¬
tion au cours de certaines
formes d’), 138.
— phéniquée sur l’excitabi¬
lité des muscles et des nerfs
sensitifs et moteurs (ef¬
fets de 1’), 448.
— (tremblement intentionnel
et) picrique, 379-
Intrarachidienne (les injec¬
tions) de novarséuobenzol,
353-
Invagination intestinale et
diverticule de Jleckel, 66,84.
Jaccoud-Osler (la forme a rac¬
courcie « de l’endocardite
maligne du type), 478.
Jacoulet. — De l’intoxi¬
cation NITREUSE AIGUE
PAR INHALATION, 369.
Jambe (traitement des frac¬
tures obliques de la), 464.
Janet (M me M.), 52.
Janet (H.), 96, 304.
Jamot (E.), 275-
Janowski (W.). — Sur
QUELQUES RARES LOCALISA¬
TIONS DU RHUMATISME MUS -
CULAIRE ET ARTICULAIRE,
I29.
Jean, 128.
Jessart, 152.
Joltrain. — Diagnostic de
la peste, 459.
Jonesco (Thomas), 304.
JOSUÉ (O.). - I,ES RESSOUR
CES THÉRAPEUTIQUES DE LA
DIGITALE DANS LES CARDIO¬
PATHIES, 17.
JOUBRIN, 95.
Kahn (P.), 447.
Kinésalgic droite (syndrome
alterne de) et d’hémiatro¬
phie linguale gauche, sé¬
quelle de névraxitc épidé-
Kohn-Abrest, 463.
Kopaczewski, 288.
Kyste calcifié du foie, 365.
— hydatiques du foie (siège
et orifices de communica¬
tion des) ouverts dans les
voies biliaires, 368.
-dans les voies bi¬
liaires (l'élimination pério¬
dique prolongée des),
— — suppurés du foie et
du mésocôlon, 84.
— — _ opéré et suturé sans
drainage, 320.
— (la pyélographie dans le
diagnostic des) hydatiques
du relu, 282.
— séreux du rein, 128.
Kuss (G.), 94.
Dabbé (Henri), 303.
I.abbé (Marcel), 303.
I.aborde (P.). —Anesthésie
SPLANCHNIQUE. SES APPLI-
TABLE ALPHABETIQUE
CATIONS A LA CHIRURGIE
lyERMOYEZ (J.), 138.
LUTEMBACHER (R.). — LES
GASTRIQUE, 348.
Lésion complexe de l'artère
ARYTHMIES DÉSORDONNÉES.
X, A COMME, 126.
pulmonaire d’origine cou-
Diagnostic de l’arythmie
LACROIX, 206.
COMPLÈTE, 85.
lacrymogènes (sur les gaz),
— osseuses articulaires dans
; Lutte contre le paludisme
398.
le rhumatisme blennorra-
en Algérie, 293.
Lagoutte, 320.
gique, 366.
— — la tuberculose de
IyAIONEL-IyAVASTINE, 96, 207,
— du plexus brachial dans
la première enfance, 320.
38l, 479-
les luxations' de l’épaule,
Luxation congénitale de la
Lait pasteurisé (les bacilles
384.
hanche (appareil pour la),
du), 152.
- PULMONAIRES (MÉNINGITE
368.
— (transmission de la fièvre
TUBERCULEUSE SECONDAIRE
Luxations de l’épaule (coin-
aphteuse par le), 164.
A DES). PONCTION LOMBAIRE
pression des branches du
LANCE, 368, 464.
NÉGATIVE, 46.
Lange (emploi des solutions
— tuberculeuses (traitement
rives nux), 320.
sensibilisées d’or colloïdal
des) par la méthode scléro-
-(lésions du plexus lira-
dans la réaction de), 384.
gène (injection de chlorure
chiai dans les), 384.
lyANNELONGUE, 352.
de zinc au dixième), 84.
Lymphatiques du cordon
— (traitement du Mal de
IyESNÉ, 68, 208, 464.
spermatique, 464.
Pott par le lit de) sausplâ-
— A PROPOS D’UN CAS DE
Mac Auliffe, 65, 230.
tre, 368.
SPIROCHÉTOSE ICTÉRO-nÉ-
Maoris (d’Athènes). Troubles
I.APOINTE, 320, 463.
MORRAGIQUE CHEZ L’EN-
vaso-moteurs et trophiques
IyARDENNOIS, 464.
dans l’hystérie, 378.
LAROCHE, 139.
Léthargique (les séquelles de
Maillet, 68.
IyAUBEUF, 230.
l’encéphalite), 352.
Mal perforant dans la syphilis
IyAUBRY (CH.), 65, 127, 382,
Leucocytaire, (procédé de re-
sans tabès, 36.
399-
cherche de l’équilibre), 448.
— de Fott par le corset plâtré
I.AUDAT, 67.
Leucocytose digestive (là) chez
LAUNAY (DE), 50.
le nourrisson normal, 68.
gouttière (traitement du),
lyAUNOY, 448.
Levaditi (C.), 206, 274.
464.
LAVERONE (DE), 366.
Levure alcoolique (la) des
Maladie de Basedow (l’étude
I,E Bailly, 164, 230.
vignobles, 206.
du « métabolisme basal »
IyEBAILLY, 303, 432.
Lévy (P.-P.), 96.
dans la), 245.
IyEBEL (R.), 208.
Lévy (M Ue Gabkielle), 302.
— DU CŒUR (LES) ET DES
LEBLANC, 52, 207.
Lhermitte (J.), 195.
VAISSEAUX EN I920 (REVUE
XyECÈNE, 84, 367, 398.
— I< ES SYNDROMES PHYSIO-
annuelle), I.
IyÉCHELLE, 96, 352.
PATHOLOGIQUES DU CORPS
— DES ENFANTS EN I920, 40I.
LECLERC, 66.
STRIÉ, 247.
— de Raynaud (la crise hérno.
Leçon d’ouverture du cours
Lion (C.), 208.
clasique dans la), 126.
de pathologie et de théra¬
— et Cathala (J.). — L’hy-
Mallet, 127.
peutique générales de la
PERTOMIE PNEUMOGASTRI¬
Manouvrier, 50.
Faculté de Lyon, 449.
QUE DANS L’ASTHME. IM¬
Maquenne, 50.
Le Danois, 432.
PORTANCE PAT1I0GÉNIQUE ET
Marcandier (A.), 35, 304.
Liïfas, 384.
THÉRAPEUTIQUE, 37.
Marfan (A.-B.), 68, 164,
LEGRAND, 365, 448.
Lichen atrophique de la face,
446-
I.EGRAIN, 152.
152.
Marie, 65.
IyKGRY, 138.
— de Wilson (conception
Marie, 479.
IvEGUEU (F.), 231, 381.
GÉNÉRALE DU), 385.
Marie (A.), 230, 274, 381.
I.EJARS, 365, 478.
IylOUVILLE, 151.
Marie (Pierre), 302.
IylîMAIRE, 68, 464.
Liquide cérébro-spinal (les
Marion, 84.
IyEMIERRE (A.), 65.
variations de l’albumine du)
Marinksco (G.), 231.
L.EMOINE, 446.
dans les psychoses, 207.
Marquis, 66.
IyENOBLE, 138, 352.
Livet (L.), 140.
Martel (de), 367, 480.
Le Noir, 139, 208.
Lobbé, 139.
Martin, 66, 84, 365, 480.
IyENORMANT, 66, 84, 127, 128.
Lœper, 67, 128.
Massary (de), 478.
I,ÉOBARDY (J. DE), 36.
Lombaires (crises) ù détbu
Mathieu, 367, 412.
I.ÉPINE, 398.
brusque et sacralisation, 208.
Matières azotées et l'acide
IyEREBOULLET (P.), 31.
Lombalgie ayaiu prêté à de
phosphorique dans la matu¬
— Infantilisme tardif de
nombreuses erreurs de dia¬
ration du blé, 303.
L’ADULTE D’ORIGINE HYPO¬
gnostic chez une femme pré¬
Mauclaire, 66, 84, 126.
PHYSAIRE, 277.
sentant une sacralisation
May (Iît.), 52, 96.
— LES OPOTHÉRAPIES ASSO¬
bilatérale de la cinquième
Meckcl (invagination intesti
CIÉES EN THÉRAPEUTIQUE,
vertèbre lombaire, 208.
nale et diverticule de), 66,
341.
Lombricose (syndrome d’ictère
84.
— et Cathala (J.). — Pur¬
hémolytique acquis au cours
Médiastin antérieur (tumeur
pura ET MÉNINGOCOCCIE,
d’une), 47g.
maligne primitive du). Lym-
305.
Lumière (A.), 137, 303, 319
phadénome d’origine ty-
— ET HEITZ (J.). — I,ES
365, 380, 446, 463.
niique, 36.
MALADIES DU CŒUR ET DES
— A PROPOS DES RÉSERVES
Médicamenteux (In question
VAISSEAUX EN 1920 (REVUE
DE VITAMINES, 474.
du fer), 268.
ANNUELLE), I.
Luminosité de la lune pendant
Méditerranéenne (fièvre), 319.
- ET SCHREIBER (G.). — I.ES
les éclipses totales, 446.
McUlére, 381.
MALADIES DES ENFANTS EN
Lupus (traitement du) par
Mégaœsophage consécutif à
LES SCARIFICATIONS SUI-
un cardiospasme (un cas de),
IyÉRI (A.), 36, 138, 207, 366,
382.
479-
RADIUM, 149.
Membre supérieur (uu cas de
VII
nœvus du)’ à topographie
pseudo-radiculaire, 96.
Ménard, 140.
Ménétrier, 138.
Méningite à bacille de la pseu¬
do-tuberculose zoogléique
survenue dans la convales¬
cence d’un choléra infan'
tile (sur un cas de),68.
— cérébro-spinale (urétriteni-
guë-méningococcique au
cours d’une), 479.
— CHRONIQUE SYPHILITIQUE
LYSIEGÉNÉRALE (DELA), 258
— suppurée à bacille para-
typhique B., 208.
— TUBERCULEUSE SECONDAIRE
A DES LÉSIONS PULMONAIRES
Ponction lombaire néga-
, +6.
195 .
ÉPI-
Ménlngococde et purpura, 305-
Mercurielle (la colique), 437-
Merklen (P.), 36, 208.
— 1/AZOTÉMIE DANS .LES IN¬
FECTIONS AIGUES, SA VA¬
LEUR SÉMÉIOLOdlQUE ET
PRONOSTIQUE, 465.
MÉRY, 65.
Méseulérite rétractile, 398.
Mésothorium (l’injection et
l’ingestion des sels de radium
et de) dans la tuberculose,
335-
Mestrezat, 52.
Métabolisme basal dans la
maladie de Basedow (l’é¬
tude DU), 245.
Métal rare (sur un), Le scan-
Métiiode auscultatoire(la) .
Moyen d’étude du mode
DE RÉPLÉTION ARTÉRIELLE.
Trous auscultatoires, 25.
— de< doses massives dans la
radiothérapie des épithé-
liomes de la peau, 265.
Méthylène (polyéosinate de
'leu de), 383.
Meui
125.
MlCHON (L-). — XyA PYÉLO-
GRAPIIIE DANS LE DIAGNOS¬
TIC DES KYSTES HYDATIQUES.
Microbe bactériophage (sur le)i
4<>3-
Microbes (atténuation des ef¬
fets pathogènes de certains)
par des mélanges avec les
mêmes microbes morts, 151.
Milian, 67, 13g, 140, 152,
275, 276.
Mii.ian. - Hétérotiiérapie,
337-
— 1,’lCTÉRE SYPHILITIQUE
PRIMAIRE, 141.
— I,A COLIQUE MERCURIELLEi
— I,E COMA FRONTAL, 256.
— Syphilis. Réaction d’Her.
scheimer. Biotropisme
VIII
TABLE ALPHABETIQUE
DE SANG TOTAL CITRATÉ
Néphrectomie (orientations
Ophtahnop'égie externe fami¬
laqué par l’éther, 363.
nouvelles du problème de
liale (étude anatomo-patho¬
JIinet (J.), 96, 480.
logique des centres nerveux
Miramond de Raroquette,
Néphrites(l’azote.résiduel dans
195.
les), 52.
— unilatérale à marche rapi¬
Marées (sur l’utilisation de la
— AZ0TÉMIQUES (VALEUR
dement progressive (syn¬
force des), 137.
THÉRAPEUTIQUE DES INJEC¬
drome de la paroi externe
Mocquot, 384.
TIONS INTRAVEINEUSES DE
du sinus caverneux), 382.
Modes d’infection et les modes
SOLUTIONS HYPERTONIQUES
ÔPOTIIÉRAPIES ASSOCIÉES EN
de préservation de la tuber¬
DE GLUCOSE AU COURS DES),
THÉRAPEUTIQUE, 341.
culose chez les enfants du
56.
Orchidée (sur les glucosides
premier âge, 304.
Nepveux, 139.
de 1’), 206.
Modifications de l’expectora-
Nerf dentaire inférieur
Orthodiagrammes cardiaques
(INDICATIONS ET TECHNIQUE
(de l’interprétation des), 208.
jectiou inlratrachéale d’hui¬
DE L’ANESTHÉSIE TRONCU-
Orthopédie en 1920 (la chi¬
le chargée des produits de
LAIRE DU), 193.
rurgie infantile et P), 425.
macération du bacille tuber¬
— dorsaux et splanchniques
Os (les tumeurs secondaires
culeux, 352.
(auesthésie des) dans les
des), 398.
Moignons (la cinématisa-
crises gastriques du tibès,
Ostéo-diondrite déformante in¬
tion des), 394.
349-
fantile de l'épiphyse supé¬
— (préparation des) d’ampu¬
— sciatique (résultats opé¬
rieure du fémur (P), 480.
tation, 313.
ratoires dans les plaies du)
Ostéome chez un tabétique,
Moreau, 126.
ou de ses branches, 320.
140.
Morestin (H.), 194.
Netier, 50, 127.
— du muscle iliaque, 447.
Mort subite au cours d’une
Neurologie en 1920, 233.
— musculaires (traitement
ponction pleurale explora¬
Neutralisation (la) chez
chirurgical des), 463.
trice diez uu enfant de qua¬
Ostéosynthèse inétallique(sur),
tre ans. Myocardite, 35.
Névralgie sdatique et sacra¬
480.
Morvan (maladie de). Chorio¬
lisation de la cinquième
— (TECHNIQUE DE L’) PAR
rétinite syphilitique et, 478-
lombaire, 48.
plaque vissée, 136.
Motet, 39.
— du trijumeau. Son trai¬
Oto-rhino-laryngologie en
Mouche des fucus (sur une),
tement (la), 254.
1920 (l’) (revue annuelle),
380.
Nicaud (P.), 208.
176.
MOUCHET (A.), 480.
Nobécourt (P.) et Mathieu
Ouabaïne et dilatations car¬
— et Roëderer (C.) - I,A
(R.).
diaques, 195.
CHIRURGIE INFANTILE ET
Ouvriers (le rendement des),
L’ORTHOPÉDIE EN 19ZO, 425.
PREMIÈRE ENFANCE, 412.
164.
Moureu, 303, 380.
Noël Fiessinger, 478.
Oxycéphalie et nanisme, 13g.
MOURIQUAND. — I,A SCIENCE
Nœvus du membre supérieur
Pachydermie verticellée du
DE L’ALIMENTATION ET SES
(uu cas de) â topographie
cuir chevelu, 264.
ORIENTATIONS NOUVELLES,
pscudoradiculaire, 96.
Pachyvaginalite du canal va-
44g.
Noica, 194.
gino-péritonéal, 447.
Moure (P.), 464.
Nordmann, 230.
Pagniez (Ph.), 65, 448.
Mouziols, 36.
Nourrisson normal (la leuco-
PAILLOT, 303.
Mouzon (J.), 51.
cytose digestive chez le), 68.
Paissot, 67.
— Infantilisme tardif de
Novarsénobcnzol (les injec¬
Palnio-meulonnier (réflexe cu¬
l’adulte d'origine hypo¬
tions intrarachidiennes de),
tané nouveau. Réflexe), 231.
physaire, 277.
353.
Palpébral (traitement du can-
Mozer, 400.
Nouveau-nés (sur la vaccina¬
croïdc) pur le rissolage iodo-
Murard, 398.
tion précoce des), 126.
enfumé, 288.
Muratet (I,.), 128.
OBSTÉTRIQUE (l’J EN I920
Paludisme, 31g.
Muscle iliaque (ostéomes du),
— autochtone à « plasmo¬
Obstruction intestinale par
dium faleiparum », syndrome
Myatonie congénitale (mala¬
étranglement d’une hernie
de cachexie hydroémique
die d’Oppenheiin), 162.
diaphragmatique méconnue.
primitive, 478.
Myocardites bacillaires et myo¬
480.
— (lutte contre le) en Algérie,
cardites-tuberculeuses, 352.
Odin, 398.
— tuberculeuses et myocar¬
(IÎSOPIIAGE (DILATATION PRI¬
Pancréatique (digestion des
dites bacillaires, 352.
MITIVE DE L’). Un cas de
graisses et insuffisance), 303.
Myodonus et formes myoclo-
ROLE DU CARDIASPASME. I<B
PAPASTRATIGAKIS. — CON-
niques suraiguës malignes
SYNDROME MÉDIASTINAL SE¬
dans l’encéphalite létliar-
CONDAIRE, 226.
L’INCONTINENCE NOCTURNE
UîrTINGER, 127, 207.
DE L'ADULTE, 153.
Nanlsme par infantilisme dys-
(JÎTTiNGER (William). — Com¬
PARAF (J.), 67, 128.
thyroïdien (un cas de), 383.
ment FAUT-IL TRAITER L’A-
Paraguay (présence de trypa¬
- (oxycéphalie et), 139.
NÉVRYSME SYPHILITIQUE DE
nosomes d'ans des tumeurs
Narcolepsie (état de) dite hys¬
l’aorte, 15.
cancéreuses observées au),
térique ayant simulé une
Oiseaux (sur le vol plané des),65
384-
encéphalite léthargique, 352.
Okinczic, 398.
Paralysie agitante (lésions du
Narine (diancre mou de la),
Olivitsatos, 208.
« locus niger », dans trois
152.
Ombrédanne, 66, 39g.
cas de), 126.
Nasale (technique du redresse¬
Ophtalmologie (l’) en 1920
— (altération du liquide cé¬
ment de l’aréte) par inclu¬
(revue annuelle), 165.
phalo-rachidien dans les)
sion cartilagineuse, 272.
Ophtalmoplégie congénitale et
diphtériques du voile du
Nécrologie (J. Bucquoy),
familiale (autopsie d’un cas
palais et il type de polyné¬
448.
d‘), 51.
vrite, 366.
- — juvénile (un cas île),
nique syphilitique au tabès
et à la), 258.
-(les résultats de la
réaction de Bange dans la),
i‘J5-
— transitoire, à répétition
dans un cas d’aortite avec
asystolie, 207.
Paraplégie spasmodique, seul
reliquat d’une encéphalite
léthargique, 36.
Parfum de la « Reine des Bois »,
Parkinsonien (quelques parti¬
cularités de l’état mental
dans le syndrome), 241.
Paroi abdominale (les zones
neutres de la), 128.
Pasteurella (la pyomyosite,
maludie humaine à), 196.
Pasteur Vallery Radot, 35.
Pa-
. 3û5-
Pathogénie du cephalliema-
tome, 368.
— de la surdité liérédo- sy¬
philitique à forme foudro¬
yante, 374-
Pauciiet (V.), 150 ■
Payciière, 68.
Pêche à la sardine (Influence
de la température sur lu),
Pédiatrie (société de), 368.
PÉHU, 150.
Pelade (sim l’étiologie de la),
Pellissikr, 206.
PÉRITONÉOCENIÈSE EXPLORA¬
TRICE PRÉCOCE (I,A), 202.
Péritonite aigue à forme enté-
ritique, 479.
— (traitement des) appendi¬
culaires, 367.
Perrin (Félix), 303.
Peste bubonique (diagnostic
de la), 352-
— (diagnostic de la), 459.
Petit-IJutaillis, 84.
Petit (Paul), 448.
Pezard, 398.
Pharynx d'origine fuso-spl-
rillaire compliquant une
angine diphtérique grave.
Guérison (gangrène du), 478.
Phlébites éberthiennes et para-
typhoïdiques primitives,150.
— variqueuse ; embolies in¬
testinales et pulmonaires,
abcès du poumon. Guérison
par pneumothorax théra
peutique, 399.
Phoneudoscopie pulmonaire
(les variations d’étendue
de la), 96.
Phoques (les) du pôle sud, 151.
Photographie stéréoscopique
(la), 380.
Pian (un cas de) (Frambœsia
tropica), 163.
TABLE ALPHABÉTIQUE
Picrique (tremblement inten¬
Pneumothorax (rupture des
Prothèse métallique (traite¬
tionnel et intoxication), 379.
adhérences dans la pratique
ment des fractures par la),
Piédallu, 477.
du), 288.
84.
Piédelièvre(R.),Claude(II.) ,
— (études expérimentales sur
Proust, - 127, 139.
BERN ARD (M 1 »'S. )CONTRIBU-
le), 9.1.
Proust (R.). — I,e signe de
— (études sur quelques signes
Douglas dans les rup¬
BLES DE L’ÉQUILIBRE ENDO¬
physiques du), 368.
tures DE GROSSESSE TU¬
CRINIEN. Méthode des
Pneumotomie (trous obser¬
BAIRE, II3.
TESTS BIOLOGIQUES, I97.
vations de), 480.
Pseudo-kyste d'origine pan¬
Pieds (signe de Babinski et
Polyéosinate de bleu de mé¬
créatique cliez un enfant,
tempérarure des), 94.
thylène, 383.
— des tranchées (le), 94.
Polynévrite (de l’altération
Psoriasis, psychose et endo¬
Piezomélrie osdllograpliique,
du liquide céphalo-rachi¬
cardite, 447.
discussion des critères dias¬
dien dans les paralysies
Psychiatriques de la guerre
toliques (sur la), 448.
diphtériques du voile du
(les enseignements). 2O0.
Pinard (M.), 67, 140, 320.
palais et à type de), 366.
Psychopathie (deux cas d’hir¬
Pincement latéral du corps de
Polypes placentaires (a piio -
sutisme d’Apert avec viri¬
l’appendice dans une hernie
POS DE LA RÉTENTION PRO¬
lisme et), 381.
crurale étranglée et appen¬
LONGÉE DE DÉBRIS ET), loq.
Psychopathique (fausses tu¬
dicite du segment apexien,
Pommiers à cidre (sur la
berculoses de nature), 365.
3<j8.‘
dégénérescence des), 432.
Psychose et endocardite. Pso-
Piroplasmes (les) des bovidés
Ponction pleurale explora¬
et leurs hôtes vecteurs, 231.
trice chez un enfant de qua¬
— (les variations de l'albu¬
Placentaires (a propos de
tre ans (mort subite a'u
mine du liquide cérébro-
cours d’une). Myocardite.
spinal dans les), 207.
Porcher, 95, 140.
Puériculture (résultats d’un
Plaies de l’artère vertébrale
POROT (A.) ET TlESNARD (A.).
essai cantonal de), 351.
(traitement des), 275.
— I,ES ENSEIGNEMENTS PSY¬
Pulmonaire (sérothérapie) par
— du ventricule gauche opérée
CHIATRIQUES I)E LA GUERRE,
voie trachéale, 345.
Purpura et méningococcie,
Troubles de conduction car¬
Portmay (G.). — Pulhogéiiie
diaque ultérieurs, constatés
de la surdité hérédo-syphi¬
— DE LA PREMIÈRE ENFANCE
à l’électrocardiogramme,
litique à forme foudroyante
(LES), 412.
127.
371-
Purulentes aiguës (traitement
Plantes (dermatite provoquée
— Technique et indica¬
des pleurésies), 352.
par les), 49.
tions DES BIOPSIES LARYN¬
— (pleurésies), 383.
— employées en médecine
GÉES, 185.
Pyélographie dans le diagnos¬
populaire (les principes ac¬
Pothbnot, 128.
tic des kystes hydatiques
tifs de quelques), 446.
Pott (mal de) (traitement du)
du rein, 282.
Plaques pigmentaires buc¬
par le lit île Rmmelongue
Pylorique (traitement de l'ul¬
cales et syphilis, <38.
cère) perforé, 384.
— VISSÉE (TECHNIQUE DE
— perforé (traitement de l'ul¬
l’ostéosynthèse par), 146.
Pouls du chien critère oscil-
cère), 464.
Pleurésies appendiculaires, 84.
lographique- de la pression
Pyomyosite (la) maladie hu-
— (contractures des muscles
diastolique (le signe du), 448.
de la paroi abdominale au
Pouvoir réducteur des tissus
Pyothorax considérable pur
(le), 400.
rupture d’un abcès amibien
— interlobaire guérie par les
Pratique du pneumothorax
insufflations intrapleurales
artificiel dans la rupture
d’azote et par les injections
des adhérences, 288.
pies ponctions, l'émétine
intraveineuses d’arsénobeu-
Préparation des moignons
et le novarsénobenzol, 139.
zol, 304.
Quaternaires (coordination des
— purulentes, 383.
Prévention (la) et le traite¬
temps), 152.
— (traitement des), 304.
ment de la fièvre aphteuse
Quénu (H.), 84, 94, 384.
— aiguës, 352.
par le sérum ou le sang des
Queyrat, 87, 139, 140.
Plexus brachial (compression
animaux guéris, 303.
quioc (G.). — Extension
des branches du) aux luxa¬
Principes actifs de quelques
DE I.A SYPHILIS PRIMAIRE
tions île l’épaule, 320.
plantes employées en méde¬
ET PHÉNOMÈNES RÉACTION-
-(lésions du) dans les
cine populaire (les), 44Ô.
luxations de l’épaule, 384.
Prix Paul Regeudre, 447.
Rabéait, 355.
— — (sérothérapie antitéta¬
Procédé biologique pour em¬
Rabut, 140.
nique et paralysie du), 195.
pêcher certaines putréfac-
Radiations solaires (action
l’LICHET, 3G6.
■les), 93.
Pneumonie caséeuse traitée
— colorimétrique de dosage
Radicotomie gassérienne (ré¬
« in extremis « par le pneu¬
de l’acide urique dans le
flexe oculo cardiaque), 479.
mothorax artificiel. Gué-
sang, 352.
Radiographie (décalcification
— de diagnostic de la syphilis
par troubles de la nutrition
consécutive (un aïs de), 447.
(sur un nouveau), 398.
(neurasthénie) démontrée
Pneumo-séreuse péritonéale
— de préparation des sérums
par lu), 366.
dans les épanchements de
thérapeutiques, 365.
— des tableaux (la), 477.
l’abdoincu (la), 447.
—- de recherche de la lnieillé-
Pneumothorax, 382.
mie tuberculeuse, 368.
—-de l’équilibre leuco¬
cytaire, 44S.
(un cas de pneumonie ca¬
Protéide au vibrion cholé¬
Radium (l'injection et l'inges¬
séeuse traitée par le), 417-
rique (le), 19Ô.
tion des sels de) et de méso-
IX
thorium dans la tubercu¬
lose, 335.
Radium (traitement du
LUPUS PAR LES SCARIFICA-
MENTS AU), 149.
RADOIRCI, 9.1.
Radovici (A.), 231.
RAMOND (£,,), 139, 208.
Ramond (F.), 52, 139.
Rapport général sur le ser¬
vice de la vaccine, 398.
- sur la déclaration du tra¬
chome maladie contagieuse,
-demandes eu autori¬
sation des stations clima-
-une demande du minis¬
tère de la Guerre, 478.
— sur les services d'hygiène
de l’enfance, 446.
RAthery, 51, 52.
Ratiikry (F.) ET Boucheron
(M.). — Valeur théra¬
peutique DES INJECTIONS
INTRAVEINEUSES DE SOLU¬
TIONS HYPERTONIQUES DE
NÉPHRITES AZOTÉMIQUES,56.
Rathery (F.) ET Bordet (F.).
- SÉROTHÉRAPIE PULMO¬
NAIRE PAR VOIE TRACHÉALE,
J 15 -
Rathery (F.) (voir Carnot
(!*.), 321.
Rathery (F.) et Carnot (1*.).
—- VhYI'ERTENSION OBLIGA¬
TOIRE DES NÉPIIKO ET DES
ARTÉRIOSCLÉREUX, 221 .
RAVAUT (P.), 207.
Ravaut (P.), Arbeit-Rabeau
— Dans le traitement
DES SYPHILIS NERVEUSES,
353-
Rayuaud (la crise hémocla-
siiiue dans la), 126.
Rayonnement d’un courant
électrique (sur le), 446.
Réaction de précipitation du
benjoin colloïdal avec le
liquide céphalo-rachidien
des syphilitiques nerveux,
382.
Ricboul, 446.
Recherche du bacille tuber¬
culeux dans le sang, 352.
— expérimentales sur la per¬
sistance de la slercobiline
malgré l'obstruction du ca¬
nal cholédoque, 400.
Rectal (diagnostic du cancer
du rectum par le toucher),
Recto-colite hémorragique d'o¬
rigine urémique, 164.
Rectum (diagnostic du cancer
du) par le toucher rectal,
3°7-
— (traitement du cancer du),
383, 384, 481.
Redressement (technique du)
de l’arête nasale par indu-
x TABLE ALPHABETIQUE
sion cartilagineuse, 272. Richet (Ch.), 232. Sanitaire (état) et dépopula- gine gangréneuse rapide-
Réflexe cutané nouveau : Rist, 366, 447. tion au Congo, 275. ment guérie par le), 383.
réflexe paUno-mentonnier, Rio-Banco, 52. Sarazin, 140. -et antistreptococcique
231. Robin, 126. Sarcoïdes de Boeck-Darier, (gangrène pulmonaire trai-
— naso-palpébral (réflexe tri- Robineau, 480. 275. tée et guérie par les injec-
jumeau-facial) et sa valeur Robuteau (M lle ), 68. Sartory, 206. lions iutratracliéales, intru-
pronoslique dans la paraly- Roederer, 425, 464. Savignac (I,.). — Diagnostic veineuses et intraïuuscu-
sie faciale, 400. Rœderer. — LA cinémati- du cancer du rectum par laires de), 51.
— oculo-cardiaque et radi- sation des moignons, 394. le toucher rectal, 307.-- (gangrène pulmonaire
cotomie gassérienne, 479. Rœderer (C.). — I,A prêta- Sauvageau, 303. guérie par le), 383.
Rein (à propos d’une note ration des moignons d’am- Sauvageon, 164. — autitypliiquc, 351.
de M. Ch. André sur l’éli- putation, 313. Sauvé (I,.). — I,a gynécolo- — (injections intrapéritonéa-
mination des matières colo- Roger, 384, 400. GIEEN1919 (revueannuel- les post-opératoires de), 66.
rantcs par le), 128. Romanidiels (sur les), 65. le), 97. — (rapport sur l’autorisation
— (kyste séreux du), 128. Rosenbach, 95. Scandium (sur un métal rare de préparer des), 365.
— (la pyélographie dans le Rotule (fracture vertico-fron- le), 206. salés (sérums sucrés et)
diagnostic des kystes hyda- taie « en coquille d’huître » Schiîffer, 206. étude comparative, 53.
tiques du), 282. de la), 398. Sciatiques (traitement élec- — sanguin des cancéreux (Vu-
Rémond (de Metz), 352. Roubaud, 65. trique et radiothérapique ' zole albuminoïde dans le),
Rénales et hépatiques (à pro- Rouger du porc (un cas de) des), 94. 126.
pos de l’assodation de l’ul- chez l’homme, 128. Schick (à propos de la réac- — thérapeutiques (épuration
cère simple et des lésions), Rougier, 365. tion de), 65. des), 49.
447. Rouillard, 36, 51. Scihckelé (G.). — A propos —-(procédé de prépara-
Renaud (M.), 36, 304, 352, Roumanie (l’encéphalite de la rétention prolon- tion des), 365.
383, 480. léthargique en), 158. gée de débris et polypes -(sur un nouveau pro-
Renaud, 96. Rouquier, 139, 399. placentaires, 109. cédé de préparation des)
Renaud-Badet, 276. Rousseau (J.), 232, 303. Sciireiber (G.), 401. 351.
Renault, 67. Rousset, 67. Schwarz (A.), 367. Sicard, 127, 366, 381, 39g,
Renault (J.), 68. Roussy, 52. Science de l’alimentation 479;
Rénon, 478. Roussy (G.). — L’étude du et ses orientations nou- Sièges et orifices de communi-
Rénon (L-). — L’injection «métabolisme basal» velles (la), 449. cation des kystes hydatiques
et l’ingestion des sels dans la maladie de Base- Sclérœdème, 464. du foie ouverts dans les
DE RADIUM ET DE MÉSOTHO- Dow, 245. Sclérodermie en bandes et voies biliaires, 368.
RIUM DANSLA TUBERCULOSE, ROUVILLOIS, 66, 84. syphilis, 68. SIGNE DE DOUGLAS (LE) DANS
335. Roux, 49. —ulcérée, 152. les ruptures de grossesse
Reims liquide à éléments cons- Roux-Berger, 84. Scléroses en plaques (consi- tubaire, 113.
tants et exactement dosés Rhumatisme blennorragique dérations cliniques et expéri- Silicates (les) en tliérapeu-
pour l’étude de l’évolution (lésions osseuses articulaires mentales sur un cas de), 382. tique, 206.
du chimisme gastrique, 448. dans le), 366. — pulmonaire (étude critique Simon (Cl.), 152.
Réplétion artérielle (la — musculaire et articu- de l’étiologie des bronchites Sinistrose (La), 283.
MÉTHODE AUSCULTATOIRE. LAIRE (SUR QUELQUES RARES chroniques), 220. SlREDEŸ, 50.
Moyen d’étude du mode localisations du), 129. Scorbut parisien (un cas de), Sirot, 303.
de). Trous ausculta- Rupture des adhérences dans étude biochimique, 139. Société de biologie, 32, 67,
TOIRES, 25. la pratique du pneumotho- Scoliose et spina-bifida lombo- 128, 352, 368, 400, 448.
Résultats opératoires dans rax artificiel, 288. sacré, 464. — chirurgie, 66, 84, 127, 366,
les plaies du nerf sciatique Sabathé, 352. Sée, 67. 383, 398, 447, 463, 480.
ou de ses branches, 320. Sabouraud (Ch.), 220. Sécrétion gastrique (de l’em- — clinique de médecine nien-
Rétention prolongée (a Sabrazès (J.), 128. ploi du tube d’Einliom pour talc, 140.
PROPOS de LA) de débris Sacralisation de la cinquième l’étude de la), 208. — de dermatologie et de
de polypes placentaires, lombaire (névralgie scia- — rénale dans l’enfance (re- sypliiligrapliie, 67, 139, 152.
10j. • tique et), 48. cherches sur la), 32. —médicale des hôpitaux, 35,
Rétiniennes ( des compli- Sacrum (trophcedème cliro- Seguin, 477. 51, 96, 126, 138, 207, 304,
cations) ou diabète sucré, nique avec anomalie d’oc- Septicémie eolibadllaire (qua- 352, 366, 381, 399, 478.
173- clusion du), 479. tre cas de), 65. — de pédiatrie, 68, 368, 464.
Rétrécissement pulmonaire Saint-Girons (F.), 232. — ébertliiennes à type de — savantes, 35, 49, 65, 84,
(les foyers d’ausculta- Salimbeni, 463. fièvre intermittente, 382. 95, 123, 137, 151, 164, 206,
tion du), 12. Salle, 231. — àentérocoques.Traltemenl 303,319,365,380,398,446,-
Réveil de la terre, 365. Salomon (J.), 140. par un nuto-vacdn. Gué- 463,477.
Reverchon, 139. Sanarelli (G.), 196. rison, 36. Solutions hypertoniques
Reynès, 304. Sang (disparition rapide de — gonococcique avec ■ con- de glucose au cours des
Ribadeau-Dumas, 68. l’huile dans le) après injec- gestion pulmonaire, 36. néphrites azotémiques
Ribadeau-Dumas. — Sur le tion intraveineuse, 52. — strcptocococdque avec ic- (valeur thérapeutique
diagnostic des adénopa- — (dosage de l’urée dans le) 1ère, 94. des injections intravei-
tihes trachéo-bronciii- par le xanthydrol ; des Séquelles de l’encéphalite lé- neÙSs^he), 56.
ques, 419. conditions rigoureuses pour thargiquc, ■ 352. Sonorité thoradque (des rap-
Ribierre (Paul), 36, 195. une évaluation rigoureuse, Sergent (E.). — Syndrome ports du frottement uus-
Ribierre(P.). — Lediagnos- 52. de Hasiîdow et tubercu- culté et de la), 126.
tic de l’insuffisance tri- — (milieux de culture h base losb, 80. Soufre colloïdal (le), 206.
cuspidienne, 31. de) total dtraté laqué par Séro auapliylaxie humaine (la) Souques, 126.
Richaud (A.).—I,A question l’éther, 363. 150, Sous-marin océanographique
DU FER MÉDICAMENTEUX, — (procédé colorimétrique de Sérothérapie antitétanique, et 230.
268. dosage de l’adde urique paralysies du plexus bra- Spectres (les) des boüillons-
Richaud (A.). — Sérums dans le), 352. chiai, 195. toxines, 230.
salés et sérums sucrés. — (recherche du bacille tuber- — pulmonaire par voie tra- — du rayon vert, 365.
Etude comparative, 53. culeux dans le), 352. chéale, 345. * Spina bifida occulta (trophce-
Ricuer (P.), 381. - — éléments du), 125. Sérum nutigangréueux (an- dème chronique et), 207.
TABLE ALPHABETIQUE XI
Spirochètes buccaux, 477. dément progressive, 382. sion cartilagineuse, 272. Traitement chirurgical de
Spirochétose ictérigène béni- Syndromes physio-pathologi- Tension artérielle dans la l'angine de poitrine, 304.
gne d’origine parisienne ques du corps strié (les), 247. tuberculose, 164. -de l’épilepsie jackso-
(deux observations de), 138. —pluriglonduloire avec dia- —intrapleurales et thora- nienue, 480.
-(un nouveau cas pari- béte insipide : efficacité de ceutèse sans aspiration, 232.-traumatique, 367.
sien de) forme de transition l’opothérapie hypophysaire Termites (destruction des) par-des ostéomes niuscu-
entre les spirochétoses icté- sur la polyurie, 139. la chloropicrine, 206. laires, 463.
riques et anictériques, 96. Synthèse de l’ammoniaque — (sur les colonies de), 125- — électrique et radiothéra-
— ictéro-hémorragique apyré- (sur la), 380. Terrien, 478. pique des sciatiques, 94.
tique à ferme grave (sur un Sypliilidcs (tuberculides ou) Terrien (F.). — 1 ,’ophtal- — de l’appendicite à chaud,
cas de), 383. 152. mologie en 1920 (revue 384, 399.
— — —chez l’enfant (à pro- Syphilis, 319. annuelle), 165. -(indications du drai-
pos d un cas de), 443. — congénitale en Annam Testicule (traitement du can- nage dans le), 367.
Splanchnique (anest ésie) ses (athrepsie infantile et), 381. cer du), 66. — del’arthrite blennorragique
applications à la chirurgie —des enfants indigènes du Tests biologiques (contri- (hydro-pyoarthrose) par l’in-
gastri .ue, 348. Maroc, 231. bution a l’étude des trou- jection sous-cutanée du li
— (— des nerfs dorsaux et — gastrique à forme de dys- blés de l’équilibre endo- quide articulaire,
dans les crises gastriques pepsie banale, 139. crinien. Méthode des), —del’estomacbiloculaire,464
du tabès, 349. -à forme de gastrite 197. — de l’ulcère' duodéno-pylo-
Splénèclomie dans l’ictère hé- chronique, 138. Thérapeutique en 1920,321. rique perforé, 398.
molytique, 50. — nerveux (dâns le traite- — antituberculeuse par les-perforé de l’estomac
Strabique (la neutralisa- meut des), 353. sels de terre cérique (état (Indications de la gastro-
tion chez le), 171. —(plaques pigmentaires et), actuel de la), 478. entérostomie postérieure
Station assise et travail, 95. 138. — (les opothérapies associées dans le), 366.
— climatiques (rapport sur — primaire (extension de en), 341. --pylorique perforé, 384
les demandes en autorisa- la) et phénomènes réac- — (sérum), 351. 464.
lion des), 320. tionnels, 161. Thermale (immunité et —de l’ulcus perforé du duodé-
Stéréoscopique (la pliotogra- — Réaction d’Herscheimer. cure), 41. uum, 320.
phie), 380. Biotropisme microbien, 91. Thibierge, 152. —des cholécystites aiguës, 448.
Stomatologie (la) en 1920 — (réaction de Wassermann Thibierge. — Conception — des épileptiques (sur la
(revue annuelle), 188. en dehors de la), 151. générale du lichen de nécessité de vérifier la pureté
Substances vénéneuses (rnp- — sans tabès (Mal perforant Wilson, 385. du tartrate borieo-potas-
ports de:.), 50. dans la), 36. Thierry, 128. sique dans le), 381.
Sucre protéidique chez les — (sclérodermie en bande et), Tliieulin, 384. — des fractures du colet du
diabétiques (le), 52. 68. Tioroux, 319, 381. fémur par l’euchcvillement
Suicide d’un dégénéré (ten- — (sur un nouveau procédé Thoracentèse (tensions intra- (modifications au), 399.
talive de), 304. de diagnostic de la), 398. pleurales et) sans aspiration,-col du fémur par la
Sulfates de terres rares (trai- — (traitement de la), 67. 232. méthode de Delbet, 448.
tement des tuberculoses lo- — au tabès et à la paralysie Thromboses veineuses au cours-obliques de la jambe,
cales parles), 478. générale (de la méningite d’états hémorragiques chro- 464.
Surdité (pathogénie de la) chronique), 258. niques, 382. — des péritonites appendicu-
hérédo-syphilitiquc à forme — chez un nourrisson de deux Tiffeneau. — T’adrénaline laires, 367.
foudroyante, 374. mois (hémorragie intestinale et ses groupements ato- — des plaies de l’artère verté-
Syndromeadiposo-génitalchez d’origine), 464. miques physiologique- braie, 275.
un malade porteur d'une — (deux observations d’hé- ment actifs, 390. — des pleurésies purulentes,
tumeur de l’hypophyse ; miplégie organique au Tinel, 96. 304.
radiothérapie, régression des cours de l’infection) RÉ- Tissus (le pouvoir réducteur-aigues, 352.
symptômes, 13g. cente, 144. des), 384, 400. — des syphilis nerveuses, 353.
— de Basrdow et tuber- — et maladie de Morvan Tixier (!».), 68, 464. — tuberculoses locales par
culose, 80. (choriorétinite), 478. Tixier (I,.) et Gallavardin les sulfates de terres rares,
— Brown-Sequard (étude — (l’ictère primaire), 141. (L,.). — I.A méthode aus- 478.
sémiologique d’un cas de), —nerveux (la réaction de cultatoire. Moyen d’é- —des varices parlesinjeetions
96. précipitation du benjoin tude du mode de réplé- intravariqueuses de car-
— cachexie hydroémique pri- colloïdal avec le liquide tion artérielle. Trous bonate de soude, 399.
mitive. Paludisme auloch- céphalo-rachidien des), 382. auscultatoires, 25. — du cancer du rectum, 383,
tone_ à « plasmodium falci- — (pathogénie de la surdité Tixier (I,.) (voir Gallavar- 384, 464.
parum », 478. liérédo-) à forme foudro- din. — du cancroïdc palpébral par
— Cotard consécutif à des yante, 374. Tonnet, 128. lerissolageiodo-enfumé,288.
idées de persécution, 140. —(trois.cas de chorée), 368. Toucher rectal (diagnostic du —du mal de Pott par le corset
— exdto-moteur de l’encé- Tabès (anesthésie des nerfs cancer du rectum par le), plâtré opposé au traitement
phalite épidémique, 302. dorsaux et splanchniques 307. > par la gouttière, 464.
— d’ictère hémolytique ac- dans les crises gastriques Touraine (A.), 151. —-lit de Iainnelonguc
quis au cours d’une lom- du), 349. Toux d’origine gastrique (un sans plâtre, 368.
bricose, 479. — et à la paralysie générale cas de), 207. Tranchées (le pied des), 94.
— incomplet de' Millard-Gu- (de la méningite chronique Trachéale (infection et vacci- Transfusion veineuse (tech-
bler à évolution subaiguc syphilitique au), 258. nation par voie), 196. nique pratique de), 96.
terminé par la guérison et Tabétique (ostéome chez un), Trachéale (sérothérapie pul- Travail (station assise et), 95.
paraissant devoir se ratta- I4°- monaire par voie), 345. Tremblement intentionnel et
cher à l’encéphalite léthar- Tartrate borico - potassique Trachéo-bronchiques (sur le intoxication picrique, 379.
gique, 368. sur la nécessité de vérifier diagnosticdesadénopalliies), Tréponèmes (la culture), 206.
— parkinsonien (quelques par- la pureté du) dans le traite- 419. — ueurotrope et paralysie
tlcularités de l’état mental meut des épileptiques, 381. Trachome (rapport sur la générale, 274.
dans le), 241. Technique de la gastrectomie, déclaration obligatoire du) Trétiakoff, 5t, 126, 208.
— de la paroi externe du sinus 480. maladie contagieuse, 477. Trêves (A.), 368.
caverneux. Ophtalmoplégie — du redressement de Traitement(appareilpourle)des Trêves, 68.
unilatérale à marche rapi- l’arête nasale far inclu- fractures de l’humérus, 384. Trêves (H.), .368.
XII
TABLE ALPHABETIQUE
TRiconœ (R.), 128.
Tricuspidienne (le diagnos¬
tic DE L’INSUFFISANCE), 31.
Trijumeau (la névralgie du).
Son traitement 254.
Trillat, 138.
Triméthylamine (action de la)
sur les anophèles, 65.
Trophiques (troubles vaso¬
moteurs et) dans l’hystérie,
378.
Trophœdème avec sacrum bi-
fidum (nouveau cas de), 366.
— chronique avec anomalie
d’occlusion du sacrum, 479.
-et spina bifida occulta,
Troubles de l’équilibre
ENDO-CRINIEN (CONTRIBU¬
TION A L’ÉTUDE DES). Mɬ
THODE DES TESTS BIOLO-
— vaso-moteurs et trophiques
dans l’hystérie, 378.
Trous auscultatoires (la
MÉTHODE AUSCULTATOIRE.
Moyen d’étude du mode
DE RÉPLÉTION ARTÉRIELLE),
Trypanosomes (présence de)
dans des tumeurs cancéreu¬
ses observées au Paraguay,
384.
Tube digestif (auscultation
Tubercule de Carabelli, 140.
Tuberculeuses (myocardites)
et myocardites bacillaires,
352.
Tuberculeuse (procédé de re¬
cherche de la bacillénuc).
3G8.
Tuberculeux (essais d’immu¬
nisation de l’organisme), 381.
Tuberculeux (la douleur locale
à la pression chez les), 446.
Tuberculides ou syphilides,
152.
— DES NOIRS (CONTRIBUTION
A L’ÉTUDE DES LÉSIONS ANA¬
TOMIQUES DANS LA), 132.
— expérimentale du cobaye
(la période auteallergique
dans la), 67, 128.
— (fausses) de nature psy-
chopatique, 365.
— (l’injection et l’ingestion
des sels (1e radium et de
niésotliorium dans la), 335.
— locales par les sulfates de
terres rares (traitement des),
-traitées par les injec¬
tions de sulfate de terres
Tuberculose (lutte contre la)
de la première enfance, 320.
— (modes d’infection et les
modes de préservation de la)
chez les enfants du premier
âge.
— ostéo-articulaires (traite¬
ment des) par la méthode des
injections sclérogènes, 127.
— SYNDROME DE llASEDOW
ET), 80.
— (tension artérielle dans la),
T° 4 '
Tumeurs de l’acoustique, 367.
— gastrique (angiome du foie
ayant revêtu les apparences
d’une), 208.
— maligne primitive du mé-
diastin antérieur, hymplia-
dénome d’origine thymique,
3ê-
— (présence de trypanosomes
dans des) cancéreuses obser¬
vées au Paraguay, 384.
— secondaires desos (les), 398.
Tunellisation du pénis et
du gland et tapissage du
tunnel par un lambeau pré¬
putial (liypospadias péno-
scrotal traité par), 84.
Turcihni (J.), 128.
Typho-badllose avec érythè¬
me polymorphe et conges¬
tion pulmonaire aigue tu¬
berculeuse, 96.
Typhus exanthématique (hé¬
moculture positive à I’ro-
teus x 19, chez un malade,
atteint de), 36.
Urée dans le sang (dosage de
P) par le xantliydrol ; ses
conditions expérimentales à
réaliser pour une évaluation
rigoureuse, 52.
Urémique (recto-colite hé¬
morragique d’origine), 164.
Uretères (dilatation congé¬
nitale des), 220.
— doubles (la chirurgie des),
381.
Urétrite alguè méningococ-
cique, au cours d’une ménin¬
gite cérébro-spinale, 479.
Ulcère duodéno-pylorique per¬
foré (traitement de P), 398.
— du duodénum avec une
grande difatatiou gaslri-
— perforés du duodénum
(traitement des), 84.
— — de l’estomac (indica¬
tions de la gastro-entéros¬
tomie postérieure dans le
traitement de P), y>0.
Ulcère pylorique perforé (trai¬
tement de P), 384, 464.
— simple et des lésions réna¬
les et hépatiques (à propos
de l’association de P),
447.
Ulcus gastriques. Hépatites
et néphrites latentes, 399.
— perforé (traitement de P)
perforé du duodénum, 320.
Utilisation des sources d’éner¬
gie, 398.
Vaccination (infection et) par
voie trachéale, 196.
— précoce des nouveau-nés
(sur la), r26.
Vaccine (rapport général sur
le service de la), 398.
Vacdnotliérapie anligouococ-
V aisseaux (les maladies du
CŒUR ET DES) EN I9ZO
(REVUE ANNUELLE), I.
Valeur pratique de l’examen
cytologique et diimique des
crachats pour le diagnostic
de l’asthme et des états
asthmatiformes, 446.
— de la réaction de Bordct-
Wassermann en clinique
infantile (la), 464.
Vallery-Radot (P.), 138.
Vannieuwenhuy.se (J.-B.),
164.
Vaquez (H.), 50.
— hypertension paroxys¬
tique AIGUE, 433.
Varicelle (origine commune
de la) et d’un certain nom¬
bre de zonas, 50.
Varices (traitement des) par
les injections intra-vari-
queuses de carbonate de
soude, 399.
Variétés, 446.
Variot, 31.8, 479.
Vaso-moteurs (troubles) et
trophiques dans l’hystérie,
378.
Végétation (action du cuivre
sur la), 50.
Végétaux (action du cuivre
sur les), 95.
— (la croissance des), 128.
— (les vitamines et la nutri¬
tion des), 137.
Vertébrale (traitement des
plaies de l’artère), 275.
Vibrion dtolériquc (le pro-
téide du), 196.
Vidal, 351.
Vie des fossiles (la), 319.
Vigne (P.), 275.
VIGNES (H.). .— I/OBSTÉ-
trique en 1920 (revue
annuelle), 115.
Vignobles (la levure des), 206.
VlLLARET (M.), 96, 382.
Villars (René), 398.
Vin rosé (la préparation du)
Vincent (Cl.). — Df. la mé¬
ningite chronique syphi¬
litique AU TABÈS ET A LA
PARALYSIE GÉNÉRALE, 258.
VlOLLE (H.), 352.
Virilisme (deux cas d’hirsu¬
tisme d’Apert avec) et
psychopathie, 381.
— (un nouveau cas de) cor-
tico-surrénal, 126.
Virulence des centres nerveux
dans l’encéphalite léthar¬
gique six mois après le
début de la . maladie, virus
cucéphali tiques atténués,
479-
Vischniac (Ch.), 52.
Vitamines (à propos des ré¬
serves de), 474.
— (les) et la nutrition des
végétaux, 137.
Vlès, 230.
Voie d’accès transrotuliennc
transversale sur l’articu¬
lation du genou, 448.
Wallioi, 400.
Walther, 84, 127.
Wassermann (la réaction de)
en dehors de la syphilis, 151
Weber. — Un cas de dia¬
bète GLYCURONIQUE, 472.
Weil ( 13.), 366, 382, 447.
Weissenbacii. — Milieux de
CULTURE A BASE DE SANG
TOTAL CITRATE LAQUÉ PAR
L’ÉTIIER, 363.
WIDAL (F.), 52, 65.
Wilson (conception générale
du lichen de), 385.
WORMS, 139, 447.
Xanthomc généralisé, r3g.
Xanthydrol (dosage de l’urée
dans le sang par le) ; des
conditions expérimentales à
réaliser pour une évaluation
rigoureuse, 52.
Zeller, 65.
Zinc dans les tissus, 319.
Zona (l’adénite primitive du),
208.
— (origine commune de la
varicelle et d’un certain
nombre de), 50.
Zoopatliie interne (deux accès
de) chez le même malade.
Présentation de malade,
— 140.
IMPRIMERIE CRtTÈ.
P. LEREBOULLET et J. HEITZ. — LES MALADIES DU CŒUR
REVUE ANNUEUEE
LES MALADIES DU CŒUR
ET DES VAISSEAUX EN 1920
Pierre LEREBOULLET
Si depuis 1914 aucune revue d'ensemble n’a paru
dans Paris médical, de nombreux articles parus dans'
des numéros spéciaux ou à d'autres moments ont tenu
régulièrement nos lecteurs au courant des progrès
constants réalisés en cardiologie. A maintes reprises
notamment, les questions, soulevées par la guerre, de
l’aptitude des cardiaques au service militaire, des
rapports des cardiopathies avec le traumatisme, du
coeur des aviateurs, de l'action des gaz asphyxiants
suri’appareil circulatoire, etc., ont étéenvisagéesdaus
ce journal. Aussi laisserons-nous de côté tout ce qui
a trait à la cardiologie de guerre, qui heureusement a
aujourd’hui beaucoup perdu de sou intérêt. Nous
nous appliquerons eu revanche à bien mettre eu relief
les progrès des méthodes d’exploration cardiaque,
de plus en plus nécessaires à bien connaître pour qui
veut préciser un diagnostic de cardiopathie. O11 ne
saurait notamment se passer du secours de la radio¬
logie. Quelle que soit parfois l'aridité apparente de
ces questions, leur intérêt pratique est incontes¬
table et le rapide aperçu que nous allons en donner
montrera que bien des notions nouvelles ont pu ainsi
être mises en lumière. Les articles parus dans ce
numéro complètent cet exposé. MM. Gilbert
et Chabrol précisent les foyers d’auscultation du
rétrécissement pulmonaire. M. Ribierre apporte
une intéressante contribution à l'étude de l’insuf¬
fisance tricuspidienne. MM. Gallavardin etTixier
nous ont réservé la primeur de nouvelles et sug¬
gestives recherches sur la méthode auscultatoire.
L’étude de la digitale eu thérapeutique cardiaque
faite par M. Josuéet celle du traitement de l’ané¬
vrysme syphilitique par M, CEttinger ont une portée
pratique qui en augmentent encore l'intérêt.
I. — Méthodes d’exploration du cœur.
Méthodes graphiques. Études cardio¬
graphiques.
Ou sait le merveilleux développement qu’ont pris
au cours de ces quinze dernières années les méthodes
d’exploration cardiaque ( 1). Les progrès réalisés dans
ce sens ont été exposés d’une manière à la fois très
complète et très claire parle D r de Meyer, de l'Institut
de physiologie deBmxelles, dans un livre de 400 pages
paru malheureusement quelques semaines avant
(1) Db Me ver, Les méthodes modernes d’examen du cœur et
des vaisseaux, un vol., Paris, 19 r 4. — De Me ver et Gallkmakkts ,
Arch. mal. cœur, sept. 1919. — W. Janowski, Arc/1. mal. cœur,
oct. 1919. —P. ScitRUMPP, Arck. mal. cœur, déc. 1919.—
Vaquez et Donzelot, Presse médicale, 17 janv. 1920. — Dr.
Meyer, Acad. roy. de Belgique, 1919, f. 2-3. —- Einthoven et
Hugenholtz, Ncdcrl. Tijds. v. Gcnccsk., 1919. I, p. 310, n° 4.
N° 27. — 3 Juillet 1920.
l’explosion de la guerre mondiale, mais qui reste
plein d’actualité. Dans un mémoire rédigé à la même
époque, mais qui vient seulement d’être publié.
De Meyer étudia eu collaboration avec Gallemaerts
les bruits perceptibles à l’auscultation du pouls
jugula re, signalés pour la première fois par Josué et
Godlewski en 1913. De Meyer a réussi à photo¬
graphier ces bruits par la méthode d’Eintlioveu (un
microphone faisant varier l’intensité d'un courant
qui mettait en vibration le fil d’un galvanomètre à
corde). Les tracés obtenus par ce procédé établissent
de façon péremptoire l’exactitude des observations
de Josué et Godlewski, à savoir qu'on peut percevoir,
au golfe jugulaire, un bruit d’origine auriculaire et
deux bruits ventriculaires ; de plus, il existe d'autres
bruits plus difficilement perceptibles à l'oreille et
correspondant à certaines ondes du plilébogramme.
Janowski (de Varsovie) a repris l’étude des diffé¬
rents accidents du pouls veineux ; dans un article
très documenté, il a rappelé les interprétations qu’en
ont données les principaux travaux de ces dernières
années, et se fondant sur les explications qui ressortent
de ces travaux, il propose de renoncer aux dénomi¬
nations primitivement proposées par les auteurs des
différents pays et d'adopter des noms définitifs,
rappelant la période de la révolution cardiaque à
laquelle répondent ces accidents, et tirés du latin
pour être compris universellement.
I/électrocardiographie a été utilisée pour de nom¬
breux travaux dont plusieurs de grande valeur.
P.Sehrumpf (de Genève) apublié, chez des malades
atteints d’arythmie complète ou d'insuffisance
tricuspidienne, des photographies simultanées de
l’électrocardiogrannne et des pouls artériels et jugu¬
laires. Ces photographies, remarquablement réussies
lui ont permis d'élucider toute une série de questions
encore controversées : c’est ainsi qu'il n'y aurait pas
de différence essentielle entre la fibrillation des
oreillettes et leur tacliysystolie ( flatter des auteurs
anglais), cette dernière n’étant qu’une forme plus
lente et plus énergique de la fibrillation. Il est impos¬
sible de diagnostiquer une insuffisance tricuspi¬
dienne d’après la forme du pouls veineux (le pouls
positif considéré autrefois comme un signe certain de
l'insuffisance des valvules tricuspides pouvant se
produire indépendamment de cette dernière). De
plus, la majeure partie des cas d'arvtlimie complète
(c’est-à-dire par fibrillation auriculaire) n'est pas
accompagnée d’insuffisance tricuspide ; par contre,
les cas d'insuffisance tricuspide grave sans ary¬
thmie complète sont extrêmement rares. Le pouls
veineux positif, eu cas d'arytlunie complète, avec
fusion des ondes c et d’, est un signe d'insuffisance
tricuspide ; eu pareil cas, ou trouve presque tou¬
jours un pouls hépatique.
O11 sait que les dcxtrocardics congénitales avec
inversion viscérale totale donnent un électro car¬
diogramme renversé en dérivation I (main droite
main gauche). Par contre, les dcxtrocardics congéni¬
tales pitres (sans autre inversion viscérale) donnent
un électrocardiogramme normal, en dérivation I
N« 2;
PARIS MEDICAL
comme viennent de le montrer Vaquez et Donzelot
par deux observations. A plus forte raison en est-il
de même dans les dextrocardies acquises.
De Meyer a étudié à nouveau l 'origine des phases
ventriculaires de l'clectrocardiogranmie : par compa¬
raison avec la forme du courant d’action d’autres
muscles de l’organisme, il arrive à cette conclusion
•que le complexe Q R S qui coïncide avec la mise en
tension du ventricule représente le vrai courant
-d’action de la systole ventriculaire. Quant à l’éléva¬
tion T, elle correspond à la phase de contraction des
ventricules et dure autant qu'elle.
Einthoven et Hugenholtz ont repris l’étude de
• ces faits troublants où le galvanomètre enregistrait
im électrocardiogramme sur un cœur d’animal mou¬
rant, alors qu’aucune contraction de ce cœur n’était
plus visible : ils ont reconnu que ces divergences
tenaient simplement à ce que nos procédés d'ins-
■ cription mécanique sont trop grossiers pour enre¬
gistrer des contractions très faibles.
II. — Radioscopie.
Nos connaissances sur d’interprétation des ombres
du cœur et des vaisseaux de la base ont progressé sur
plusieurs points importants, grâce à l’effort persé¬
vérant du professeur Vaquez et dé son fidèle collabo¬
rateur E. Bordet. Celui-ci a (i) récemment remis au
point les données considérées comme classiques, il y a
quelques années, sur les images de la région médiasti¬
nale supérieure. Il commence par affirmer que la
veine cave, contrairement à ce qu’on croyait autre¬
fois, est parfaitement visible dans toutes les positions :
deux fragments de veine cave et d’aorte, remplis de
sérum, donnent sur une plaque radiograpliique des
ombres à peu près aussi denses. En somme, le pédi¬
cule de la base du cœur est formé de trois vaisseaux,
tous trois opaques, et dont on ne peut dissocier les
■ ombres qu’eu les examinant dans plusieurs positions
obliques successives. Il importe que le radiograplie,
au cours de l’examen, ait continuellement présents
dans l’esprit les rapports de ces trois vaisseaux, pour
chaque obliquité.
I e bord droit de l’ombre commune, eu position
frontale, répond à la veine cave supérieure ; toutefois,
chez l’adulte, pour peu qu’il y ait dilatation aortique,
l’aorte ascendante, décrivant une courbe à convexité
droite, vient affleurer la partie moyenne de ee profil :
on peut la voir battre à chaque systole à ce niveau,
.alors que la veine cave ne bat pas. En oblique anté¬
rieure gauche, la veine cave se dissimule derrière
l’aorte dont la saillie devient prédominante. En
oblique antérieure droite, on voit au-dessus de
l’ombre du cœur un bourgeon vertical entre deux
plages claires. B a partie antérieure de ce bourgeon
(i) E. Bordet, Arch. des malail. du cœur, février 1919. —
Mougeot et Pacaut, Paris médical, 8 npv. 1919. — Salmond,
Arch. of Radiology, sept. 1919.— Dausset, Soc. de radiol. de
France, janv. 1919. — Vaquez et Bordet, Ibid., juillet 1919.
— Eaubry et Bordet, Presse mid., 29 oct. 1919. — VAyuae
et Bordet, Paris médical, 13 déc. 1919.
3 Juillet IQ20.
est formée par l’aorte ascendante ; sa partie posté¬
rieure, plus étroite et plus claire, a été longtemps
considérée comme formée par l’aorte descendante,
bien que l’anatomie ne paraisse pas expliquer un sem¬
blable aspect : en effet, les dissections montrent que
la crosse de l’aorte, se recourbant d’avant en arrière
pour gagner le bord gauche de la colonne vertébrale,
ne peut pas doubler l’aorte ascendante dans les posi¬
tions obliques. Et des expériences de Cerné, de Mou¬
geot (injection de l’aorte sur le cadavre avec des sels
opaques, pyis radiographie eu position oblique)
confirmaient que 1 ' aorte suivait bien sur les plaques le
trajet indiqué par les anatomistes. Et cependant,
la radiographie sur le vivant donnait l’image d’un
bouigeon médian, replié sur lui-même, qu’aucune
ombre transversale ne rattachait à l'ombre rachi¬
dienne. Bordet commence par montrer que la partie
postérieure du bourgeon médian, un peu plus claire que
la partie formée par l’aorte ascendante, correspond
à la veine cave. Quant à la position de la crosse aor¬
tique se dirigeant directement en arrière vers le
rachis, son ombre est noyée par la clarté du tissu
pulmonaire et de la trachée. Dans la position oblique
postérieure gauche qui rapproche au maximum le
vaisseau de l’écran, on voit quelquefois l’aorte,
quand elle est athéromateuse, se rapprocher de la
colonne vertébrale, pour s’effacer avant de la re¬
joindre ; quant à l'aorte descendante, elle est tou¬
jours cachée dans l’ombre du racliis.
En oblique postérieure droite, on peut quelquefois
voir la crosse de l’aorte dans toute sa continuité,
lorsqu’elle est athéromateuse et quelque peu
dilatée.
Quant à l’artère pulmonaire, elle fait en avant et
à gauche de la partie inférieure de l’aorte une saillie
modérée ; mais lorsqu’elle est très dilatée (atliérome
de ses branches, rétrécissement de l’orifice pulmo¬
naire), on peut lavoir, surtout en oblique antérieure
droite sous un angle de 50 0 , se détacher très nette¬
ment sur l’ombre de l’aorte ascendante sous la
forme d’une ombre ampullaire plus noire.
Si l’on mesure le diamètre transversal de l’aorte
en position oblique, comme l’indique Bordet, et en
dissociant son ombre de celle des vaisseaux voisins,
on trouve ce diamètre toujours inférieur à 3 centi¬
mètres à l’état normal (1 à 2 centimètres de seize à
vingt ans, 2 Ù2,5 centimètres de vingt à quarante ans,
2,5 à 3 de quarante à soixante ans).
Nous avons vu qu’il était impossible de distinguer,
même en position oblique, l’ombre de l’aorte descen¬
dante de celle du racliis; eu position frontale, on peut
assez souvent se rendre compte de la dilatation de
l’aorte descendante à son origine par l’allongement
de la corde de l’hémi-cercle aortique gauche, qui, au
lieu de former une saillie arrondie au-dessous de la
clavicule, vient finir en mourant sur l’arc moyen
constitué par l’artère pulmonaire. Mougeot et Pacaut
ont insisté à nouveau sur ce caractère.
On savait depuis longtemps qu’une radiographie
à faible distance déformait en l’agrandissant l’ombre
P. LEREBOULLET et J. HEITZ. — LES MALADIES DU CŒUR 3
du cœur. Sahnond a montré, par des radiographies
en séries à distances progressives, que la déformation
devenait négligeable quand l’anticathode était au
moins à 2 “,43 du corps examiné.
Dausset a considéré l’étalement de l’ombre car-
Aorte et veine cave supérieure; fragments de ces vaisseaux
contenant un sac de baudruche rempli de sérum physio¬
logique et radiographiés (fig. 1).
diaque dans le décubitus dorsal comme un phéno¬
mène anormal, indiquant une hypotonie du myo¬
carde. Pour Vaquez et Bordet, le fait s’observe
couramment et tient au changement de direction de
l’axe du cœur; mais il est beaucoup plus marqué quand
les dimensions transversales du cœur prédominent,
ce qui est le cas chez tous les cœurs hypotoniques.
Laubry et Bordet ont montré que ces mêmes cœurs
hypotoniques ont, eu position frontale, un aspect
triangulaire qui tient à la dilatation isolée du ven¬
tricule droit, sans que l’oreillette droite soit aug¬
mentée dans ses dimensions : l’ensemble de l’ombre
ventricule droit subit .plus que le g auclie, 1 ' influence d e
la fatigue.
Quant au ventricule gauche, on sait qu’il contribue
à peine'à former, sur la face antérieure du cœur, la
partie tout à fait gauche de cette dernière, au
Imageanatomiqueducœur Aorte athéromateuse dont ou voit
et du méliastin posté- nettement, en position frontale, le
rieur en position latérale contourdéborder le profitde la veine
droite (fig. 2 ). cave (fig si-
voisinage de la pointe. Ou mesurera mieux le déve¬
loppement anormal du ventricule gauche en éva¬
luant la saillie qu’il forme en profondeur sur la face
postérieure du cœur. Vaquez et Bordet ont proposé
une manœuvre ingénieuse pour se rendre compte de
la valeur de cette saillie postérieure. Après avoir
inscrit sur l’écran le profil de la pointe, on déplace
l’ampoule de 10 centimètres vers la droite du sujet
examiné, de telle sorte que le faisceau de rayons
tangeant obliquement à la paroi postérieure du cœur
rejette le profil de la pointe vers la gauche : l’écart
ainsi produit entre les deux profils est dit l’indice de
OAD, 40° environ
(fig- 4)-
rie athéromateuse,
(fig- 5).
Aorte athéromateuse en OrG (à gauche)
etenOPD (à droite) (fig. 6).
a un siège plus médian qu’à l’état normal, et le bord
droit présente une obliquité particulière en bas et à
droite, le développement de l’ombre cardiaque domi¬
nant au niveau du diaphragme. Le cœur triangulaire
s’observe encore dans les affections respiratoires
capables de gêner la circulation pulmonaire, dans
certaines lésions mitrales, enfin chaque fois que le
profondeur. Il oscille normalement entre 7 et 14 mil¬
limètres. Dans l’hypertrophie ou la dilatation du
ventricule gauche, ce chiffre peut atteindre 2 cen¬
timètres.
Toutes ces données récentes concernant l'inter¬
prétation de l’ombre du cœur et des vaisseaux de la
base se trouvent exposées dans la troisième édition
4
de l'ouvrage de Vaquez et Bordet (i) qui vient de
paraître, il y a quelques semaines, et qui constitue le
guide clair, indispensable à qui veut se familiariser
avec le radiodiagnostic des cardiopatliies, si utile à
bien connaître, mais si riche en erreurs, dès que l’on
cesse de suivre les règles fixes établies par ces auteurs.
III. — Pression artérielle.
a. Technique sphygmomanométrique. —
1/événement .de l’année, eu matière de sphygtno-
manométrie, a été l’apparition, retardée par la guerre,
de la deuxième édition du livre de Gallavardin (2).
A la vérité, il s’agit d’un livre nouveau, qui dans ses
720 pages illustrées de 200 figures ou schémas, ren¬
ferme un nombre considérable de documents ori¬
ginaux et critiques. La première moitié du volume
est consacrée à la technique mauométrique. L’auteur
a toujours été un fidèle partisan, pour la mensuration
de la pression systolique, de la méthode de Riva-
Rocci. Elle s’y trouve exposée avec toutes sortes de
détails pratiques. Notons surtout deux points : la
nécessité, quand on n’emploie pas un manomètre à
mercure, mais un manomètre métallique, de le faire
vérifier tous les quelques mois, ces manomètres se
déréglant souvent ; et l’utilité qu’il y a à rechercher
la pression résiduelle, c’est-à-dire le chiffre qu’on
obtient après plusieurs mensurations successives, et
qui est souvent inférieur de 1 à 3 centimètres Ilg
au chiffre obtenu la première fois : l’oubli de cette
précaution, selon Gallavardin, enlèverait beaucoup
de leur valeur documentaire aux travaux concernant
les variations de la pression (par exemple dans les
essais thérapeutiques).
Tixier (de Nevers), qui a mis si clairement
nos lecteurs au courant de la méthode ausculta-
toire, a donné récemment une excellente étude
des modifications qui se produisent au cours de
mensurations successives, tant dans la pression sys¬
tolique que dans la pression diastolique (celle-ci
à un moindre degré d’ailleurs). La cause de cette
baisse de pression résiderait dans la disparition du
spasme artériel local.
Les méthodes dérivées du procédé primitif de Ri va-
Rocci, telles que la méthode auscultatoire et la mé¬
thode graphique, sont étudiées par Gallavardin dans
des chapitres distincts. Exposant la méthode oscillo-
métrique, il la rejette pour la recliercliede la pression
systolique, mais il lui reconnaît au contraire des
avantages considérables pour la recherche de la
pression diastolique. En pratique on peut, selon
l’habitude prise, préférer l’usage de l’appareil de
Paclion — ou la recherche des tous vibrants à l’aus-
(1) Vaquez et ISordkt, I,e cœur et l’aorte, études de radio¬
logie clinique, 3 0 édition, Paris, 1920,
(2) I,. Gallavardin. I,a tension artérielle en clinique, sa
nature, sa valeur séméiologique, 2 e édition, Paris, 1920. —
L. Tjxiiïr, Arch. mal. cœur, août 1919. — Vaquez et I.aubrv,
Lespliygmo-tensiométre (Soc.méd. Mp., 31 oct. 1919). — Gal-
I.ÀVARD1 N et Tixier, Arch. mal. coeur, oct. 1919. — G. Billard,
Journ. midic. français, sept. 1919. — Duntze, Thèse Paris,
1920.— Bret, Arch. mal. cœur, nov. 1919.— Aubertin, Presse
médicale, 18 février 1920.— Vuxaret et Dufour, Soc. méd.
hùp., 5 déc. 1319.
3 Juillet 1920 .
cultation en utilisant le nouveau dispositif Vaquez-
Laubry — ou celle de la vibrance humérale au pli
du coude.
Gallavardin reconnaît qu’il est d’assez nom¬
breuses conditions cliniques où la transition entre la
zone desgrandes et des petites oscillations, des bruits
cinglants ou non cinglants, reste délicate : la mesure
de la pression diastolique est alors assez difficile, que
la cause tienne à l’état anatomique de l’artère ou à
la présence d’une insuffisance aortique. Avec Tixier,
Gallavardin a récemment publié l’observation d’un
malade atteint d’une double lésion aortique chez
laquelle la mensuration de la pression diastolique
était particulièrement délicate : c’était la méthode
oscillométrique qui, grossissant les différences grâce
à la sensibilité de l'appareil de Paclion, permet¬
tait le mieux de fixer la fin de la zone des grandes
oscillations. Gallavardin admet qu’ il reste d’ailleurs
des cas absolument illisibles.
Abstraction faite de ces exceptions, en pratique
courante, on peut dire qu’avec un brassard, une
soufflerie et un manomètre, tout médecin exercé peut
eu une minute mesurer les pressions systolique et
diastolique. On y ajoutera un stéthoscope biauricu-
laire si l’on préfère l’auscultation à la palpation du
pouls.
Dans ce numéro même, Gallavardin et Tixier
apportent une fort intéressante contribution à
l’étude de la méthode auscultatoire. Il peut y
avoir intérêt cependant, dans certaines conditions
cliniques, à étudier par d’autres procédés les diffé¬
rents moments de la pression artérielle. Ou sait que'
simultanément, en octobre-novembre 1917,1!. Delau-
nay (de Bordeaux), Billard (de Clennout-Perrand)
et Barré (de Strasbourg), ont proposé de dresser la
courbe oscillomélriqite d’un malade donné. Sur un
papier quadrillé, on trace deux coordonnées rectan¬
gulaires : la pression se compte en centimètres de
mercure sur la ligue des abscisses à partir de o. Sur
la ligne des ordonnées, on inscrit, en partant de o,des
valeurs progressivement croissantes correspondant
à des oscillations de l’aiguille qui couvrent 1, 2, 3, etc.
divisions du cadran du Paclion. On 11’a plus alorsqu’à
inscrire sur ce quadrillé les amplitudes d’oscillation
notées successivement au cours de la décompression
du brassard : tous ces points, réunis en mie courbe,
donnent la courbe oscillométrique. D’aprèsDelauiiay,
de l’examen de cette courbe, ou déduirait avec facilité
et avec plus de précision qu’au simple examen visuel
de l’oscillomètre, le niveau des pressions maxima
et minima.
Billard a surtout étudié les variations de forme
de la courbe.au point de mie clinique : si l’on a soin
de se servir d’un papier dpnt le quadrillage soit tou¬
jours de dimensions identiques, l’aspect seul de la
courbedomiedéjàune indication diagnostique. Lapar-
tie inférieure de la courbe (correspondant à une faible
compression du brassard) domierait des indications
intéressantes sur la pression veineuse : une chute
brusque serait en rapport avec une réplétion vei¬
neuse faible ; l'étalement de cette partie de la courbe
PARIS MÉDICAL
P. LEREBOULLET et J. HEITZ.
indiquerait une charge veineuse élevée par gêne de
la petite circulation. La partie supérieure de lacourbe,
normalement souple en S renversé, tend à prendre
l’aspect d'une droite quand les artères ont perdu de
leur élasticité. Cette partie varie d’ailleurs inces¬
samment connue le fait, d’ailleurs, le niveau de la
maxima, soumise aux influences successives des
mouvements, de la respiration, etc. Il n’y a pas, chez
un sujet donné, une nraxima, mais des maxima conti¬
nuellement changeantes.
Villaret et Dufour, après avoir construit la courbe
oscillométriquc, comparentles renseignements donnés
par cette dernière à ceux de lamétliode auscultatoire ;
construisant de la sorte un triangle compris dans la
concavité de la courbe, ils le découpent et en éva¬
luent la surface par pesée : la valeur obtenue, fonc¬
tion de Mx, et de Mn, de 1 ’ amplitude oscillatoire, réalise
une sorte de constante, en rapport avec les divers
caractères physiologiques et dont les variations cli¬
niques peuvent être intéressantes à constater. Cen’est
toutefois, pas une méthode d'application clinique
courante.
Reprenant toute la spliygmomanométrie dans une
vue d’ensemble, Aubertin conclut que si l’on veut
noter les tensions eu chiffres, il faut préférer pour la
maxima la méthode de Riva-Rocci, pour la minima
la méthode auscultatoire, et qu’eu pratique courante
ces procédés sont suffisants. Dans certains cas qu’on
désire étudier de plus près, la construction d'une
courbe oscillométrique complétera heureusement les
données précédentes : elle permet tout d’abord de
figurer l’amplitude des plus grandes oscillations, et
elle indique aussi la proportion relative des grandes
oscillations, La forme de la courbe, en clocher ou en
plateau, présente, au point de vue clinique, un cer¬
tain intérêt. Dans les insuffisances aortiques, on peut
voir des oscillations assez amples persister presque
jusqu’ à décompression totale du brassard : eu général,
chez ces malades, les oscillations ont beaucoup
d’amplitude, quoiqu’on puisse exceptionnellement
les trouver peu étendues. Ce sont là autant de parti¬
cularités que seul nous montre l’emploi de l'appa¬
reil de Paclion.
b. Clinique sphygmomanométrique. —
On trouvera, dans le livre de Gallavardin, des pages
intéressantes consacrées à l'hypertension diastolique
des néphrites subaiguës, ou qui se voit chez les hyper¬
tendus dont le cœur gauche commence à se fati¬
guer.
Onconuait l ’hypotension diastolique del'insuffisance
aortique. Gallavardin a vu des insuflisances aortiques
sans hypotension diastolique ; d’après Bret, il eu
était ainsi dans les cas (observés par lui avec autopsie
démonstrative) d'insuffisance aortique fonctionnelle
où, comme on peut le comprendre, la fuite sigmoï¬
dienne est presque toujours minime. Mais d’autre
part on peut voir, chez certains hypertendus une
hypotension diastolique relative, en dehors de toute
insuffisance aortique. Gallavardin, qui a signalé ces
- LES MALADIES DU CŒUR 5
faits il y a plusieurs années déjà, les confirme dans sou
livre par de nouveauxcas dont plusieurs où l'autopsie
a montré des valvules sigmoïdes parfaitement suffi¬
santes. Le souffle diastolique qu’on doit chercher
non seulement au foyer aortique, mais à l’appeudice
xiphoïde (Landouzy) ou à gauche (lu sternum, par¬
fois dans le deuxième espace (Trémolières et Caus-
sade), reste donc le véritable signe de l'insuffisance
aortique : il n’y a toutefois que des avantages à en
rechercher les signes périphériques (tension dias¬
tolique liasse, double souffle crural de Durozier).
Il faut citer, à propos de la tension de la pression
artérielle dans l'insuffisance aortique, la thèse de
Duntze (travail du service du P r Vaquez) : cet auteur
a trouvé, chez des militaires, mie proportion assez
considérable d'insuffisances aortiques avec pression
différentielle normale. Il a confirmé la fréquence de
l’hypertension systolique dans les artères tibiales,
par rapport aux eliiffres constatés à l’humérale, chez
les porteurs d'insuffisance aortique examinés dans le
décubitus dorsal.
Pouls alternant. — Avant de quitter la technique
sphygmomanométrique, signalons quelques travaux
récents sur les méthodes de recherche et la significa¬
tion clinique du pouls alternant.
Ou sait, depuis les premières publications de
Gallavardin, de P. -D. Wliite eu Amérique, et la thèse
de Gravier (1914), qu’il s’agit d’un état sinon banal,
du moins assez fréquent dans les affections car¬
dio-vasculaires surtout hypertensives, et qui traduit
un état d’insuffisance ventriculaire gauche assez
prononcé. Gallavardin dit même, dans son livre récent
sur la tension artérielle en clinique, qu'il n’y a peut-
être pas un seul ancien hypertendu à myocarde
fléchissant, qui ne présente d’alternance à un certain
moment de son évolution. Il ne s’agit pas toujours
d’alternance continue, évidente; souvent c’est une
alternance fruste, qui s’accuse lorsqu’on exerce une
pression en amont par un brassard gonflé sur l’hu¬
mérale pendant qu’on palpe le pouls radial, ou par la
simple compression digitale sur l’humérale au pli du
coude pendant que l’autre main palpe la radiale.
Danielopolu a montré qu’ou mettait facilement
en évidence l’alternance fruste au moyen del’oscil-
lomètre de Paclion,en interrogeant surtout les oscil¬
lations supramaximales. Toutefois, ce procédé est
inférieur à celui dans lequel on guette la réapparition
des plus fortes pulsations au-dessous du brassard,
pendant la décompression, lors de la manœuvre de
Riva-Rocci : car 011 peut ainsi juger de la différence
de pression entre les pulsations fortes et les pulsa¬
tions faibles successives.
Selon Bard (de Strasbourg), un excellent moyen
de reconnaître ces cas frustes est de noter la différence
d’intensité des bruits successifs qui se produisent
au-dessous du brassard lorsqu’on décomprime lente¬
ment ce dernier pendant la manœuvredeRiva-Rocci.
O11 sait que les premiers bruits apparus donnent le
niveau de la pression systolique : or c'est à ce mo-
6
PARIS MEDICAL
3 Juillet iQ2o.
meut qu’on peut le mieux juger l’alternance régu¬
lière des pulsations fortes et faibles.
Par l’injection de i milligramme à i mi ',5 à.’atro¬
pine, on peut révéler des alternances latentes, c’est-
à-dire qui sont pour le moment masquées, mais qui
reparaîtraient sous l’influence d’une fatigue, d’un
écart de régime (Dauielopolu) : l’atropine montre
l'alternance latente, même lorsqu’elle n’accélère pas
le rythme cardiaque.
D’après 25 observations rapportées par Ch. Es-
mein et J. Heitz, l’alternance serait d’une manière
presque constante liée à un certain degré d’azotémie :
(le taux d’urée sanguine dépassait 0,50 par litre dans
24 observations, pouvant s’élever à x gramme, et
même dépasser ce chiffre). Or, il est à noter que
presque tous les malades observés par ces auteurs
étaient maintenus depuis longtemps à un régime
hypoazoté. Selon Josué, il s’agirait d’une azotémie
par oligurie relative, comme il en a décrit avec
M. Parturier chez les malades en état d’insuffisance
cardiaque. Mais les cardiaques atteints d’alternance
observés par Esrnein et Heitz, presque tous hyperten¬
dus, urinaient eu général assez abondamment. I.a
constancede l’azotémie chez les alternants semble in¬
diquer que le trouble du rythme pourrait être lié
à une intoxication du myocarde par les produits de
désassimilation des albumines retenus dans le sang :
Hering et ses élèves ont obtenu expérimentalement
l’alternance du cœur par l’acide glyoxylique, produit
de destruction de l’acide urique eu présence d’ex¬
traits d’organe, et cette substance doit être rete¬
nue dans le sang des azotémiques. Quoi qu’il en
soit, le régime sans azote exerce sur l’alternance et sur
l’état général de ces malades mie influence générale¬
ment très heureuse (1).
Il faut en pareil cas toujours songer à une étiologie
syphilitique possible. Chez 52 malades atteints
d’alternance observés par J. Heitz, 16 étaient cer¬
tainement syphilitiques, 3 l'étaient vraisemblable¬
ment, et ou pouvait penser que quelques autres
encore avaient été infectés, la réaction de Bordet-
Wassermann n’ ayant pu être pratiquée dans un certain
nombre de cas. Le traitement spécifique (uéosalvarsan
et surtout injections de cyanure Hg) a donné dans un
certain nombre de cas des résultats encourageants ;
il a été difficilement toléré, par contre, chez deux
malades de Parvu.
A ces ressources, 011 associera la digitale, si utile
chez nombre de cardiopathes alternants.
Parmi les travaux récents consacrés à l’hypoten¬
sion, signalons le récent article de Marfan et Van-
nienwenhuyse (2) sur l 'hypotension des tuberculeux. Ces
(1) L. Gallavardin', I,a tension artérielle en clinique, 1920.—
Danielopolu, Soc. mid. hûp. Bucarest, 6 nov. et 31 déc. 1919.
— Bard, Arch. mal. cœur, mai 1915. — Ch. Iîsmein et J. IIeitz,
Soc. mid. hôp., 6 févr. 1920. — Josué, Soc. mid. hôp., 6 févr.
1920. — J. Heitz, Congrès des mid. de langue française,
Bruxelles, mai 1920. — Parvu, Thèse Paris, 1919.
(2) Marfan et Vannienwenhuyse, Annales de médecine VII,
»° 1, 1920. — Burnand, Arch. m l coeu , sept. 1919.
auteurs ont repris cette étude avec le dispositif
Vaquez-Laubry (les recherches précédentes de
Marfan, qui montrèrent la fréquence et la signi¬
fication de l’hypotension chez les tuberculeux pulmo¬
naires chroniques avaient été faites avec l’appareil
Potain). D’une façon générale, les nouvelles cons¬
tatations confirment les antérieures : l’hypotension
artérielle (c’est-à-dire moins de 12 pour la pression
systolique) est habituelle chez les tuberculeux, et le
pronostic apparaît d’autant plus sombre que la
tension est plus basse.C’est un phénomène très pré¬
coce, au pohit qu’on peutse demander sil’liypotension
n’est pas un élément de prédisposition à la maladie
plutôt qu’un effet de cette dernière. Lorsque les
signes d’auscultation n’imposent pas nettement
le diagnostic, la constatation d’une tension très faible
doit faire pencher, en cas d’altération récente de l’état
général, vers l’idée d’une germination bacillaire dont
les signes se révéleront un peu plus tard. Dans les
poussées évolutives si bien décrites par Bezançon et de
Serbonnes, la pression s’abaisse encore davantage
(de 1 à 2 centimètres), mais seulement quelques jours
après le début de la poussée, et elle persiste autant
qu’elle. Si, la fièvre tombée, la pression tarde à se
relever, on doit craindre une récidive proche.
La pression s’élève d’une façon presque générale
en cas à'hémoptysie, et même, disent les auteurs, sou¬
vent on peut prévoir un jour ou deux à l’avance la
production de l’hémoptysie par une légère élévation
de la courbe de tension. Il en est ainsi, même pendant
les poussées évolutives, même dans les hémoptysies
dues chez les cavitaires, à la rupture d’un anévrysme
de Rasmussen.
Dans la pleurésie sèche, la pression n’est abaissée
au’autant que le poumon participe au processus
pleurétique. Dans la pleurésie avec épanchement,
le degré d’abaissement de la pression dépend avant
tout de l’abondance de l’épanchement ; lorsque
celui-ci est résorbé, il est en relation étroite avec le
pronostic.
La production de diarrhée par ulcérations intes¬
tinales, l’association de laryngite abaissent encore la
pression.
Il est certains tuberculeux dont la pression reste
au-dessus de la normale. On sait depuis longtemps
qu’en pareil cas l’évolution est beaucoup plus traî¬
nante ; les hémoptysies, qui ne sont pas rares, pré¬
sentent moins de gravité. C’est le cas chez la plupart
des syphilitiques devenus ultérieurement tubercu¬
leux ; par contre, les tuberculeux qui contractent la
syphilis s’aggravent rapidement, comme en témoigne
leur baisse de pression.
La mesure de la pression peut, chezles tuberculeux
améliorés et qu’on rend à la vie ordinaire, aider à
déterminer la dose de travail physique que ces
malades sont à même d’exécuter.
La détermination de la pression diastolique rend
rarement des services chez les tuberculeux pulmo¬
naires : généralement elle reste à un niveau normal
(ce niveau d’après les auteurs, en accord avec Galla¬
vardin, devant être fixé entre 8,5 et 7,5). La pression
P. LEREBOULLET et J. HEITZ.
diastolique ne s’abaisse que chez les mourants, ou
en cas de pneumothorax spontané qui déprime sur¬
tout la pression systolique, mais aussi la diastolique
dont le niveau peut s’abaisser d'un centimètre envi¬
ron.
Bumand (de Beysiu) emploie depuis cinq à six ans
systématiquement la digitale (o ir ,io de poudre trois
jourssur dix, ou un quart de milligramme de digitaline
par semaine) chez les tuberculeux hypotendus, avec
gêne de la circulation pulmonaire, et il en a obtenu
souvent une amélioration nette de l’état général, ’a
disparition de la cyanose et de la dyspnée, un relè¬
vement marqué de la pression artérielle générale.
Clovis Vincent (i) a bien montré toute l'importance
de l’hypotension comme élément préparatoire au
sliock chez les soldats en campagne. 1/hypotension
est presque constante, d’après les constatations qu’il
a faites comme médecin de régiment, chez la plupart
des fantassins qui se battent : la fatigue, la boue, le
froid, l’angoisse abaissent notablement la pression.
Aussi toute hémorragie un peu importante provo¬
quera- t-elle un état de sliock presque immédiat ;
une maladie infectieuse (paratyphoïde par exemple),
une néphrite occasionnelle pourront abaisser la
tensionmaxima. BosquetteetF. Moulonguet, d’après
leurs constatations à un poste de triage de corps
d’année, ont pu confirmer les remarques de Vincent :
ils attachent une grande importance aux fatigues
antérieures à la blessure comme cause prédisposante
du sliock. I/hémorragie serait le facteur principal du
sliock immédiat. Dans le sliock immédiat, la pression
humérale, mesurée à l’appareil de Vaquez, dépasse
rarement 5 centimètres Hg : au moindre mouvement,
le pouls radial disparaît. En cas d’évolution heureuse,
la pression se relève subitement, souvent sans cause
apparente, trente-quatre ou quarante-huit heures
après le début des accidents : le pouls est lent, bien
frappé; la pression, systolique a remonté à 10 ;
les urines reparaissent. Dans sa thèse, Ducastaing
avait déjà noté que des blessés pouvaient guérir, après
être restés sans pouls pendant plus de vingt-quatre
heures.
Pour la clinique de l’hypertension artérielle per¬
manente, nous renvoyons le lecteur à la bonne et très
complète description’qu’eu donne Gallavardindaus
son livre sur la tension.
Vaquez a rappelé (2) que certaines maladies infec¬
tieuses, la fièvre typhoïde, la pneumonie, la grippe
surtout, abaissent souvent le chiffre de la tension chez
les grands hypertendus permanents, au point
qù’on pourrait ignorer, si 011 ne les avait coimus
auparavant, qu'ils présentaient cette anomalie
circulatoire. Vaquez fait remarquer que les maladies
(1) Clovis Vincent, Arcli. mal. tœur, sept. 1918. — J. Bos-
quette et P. Moulonguet, Lyon chirui g., sept-oct. 1919. —
Ducastaing, Thèse Paris, 1918.
(a) H. Vaquez, Acad, médecine, 11 mars 1919.— Pasteur-
Vallery-Radot, Thèse Paris, 1918. — Aubertin, Paris
média!, 5 juillet 1919. — Cordier, Boulud et Coliiat, l yon
m.'dic il, 25 janvier 1920.— Cordier, Arcli. mal. cœur, julu 1920.
— Etienne et Richard, Paris médical, 9 août 1919.
— LES MALADIES DU CŒUR 7
infectieuses provoquent presque toujours une insuf¬
fisance, parfois des lésions, des capsules surré¬
nales : ces constatations viendraient à l’appui
de la thèse soutenue par l’auteur d’après laquelle
l’hypertension permanente serait due à un trouble
dans les fonctions du système chromaffine. Dans sa
récente thèse sur le fonctionnement rénal dans
les néphrites chroniques, Pasteur Vallery-Radot
considère au contraire que toute hypertension per¬
manente est d’origine rénale : il reprend les argu¬
ments soutenus déjà par Ambard, par Géraudel, etc.,
à savoir qu’à l’autopsie de ces malades on trouve
toujours des lésions rénales, et que tôt ou tard dans
l’évolution des cas où ne se manifestait aucune
tare rénale, ou voit apparaître de l’albuminurie,de la
clilorurémie ou de l’azotémie. Ces arguments ne
répondent pas cependant à l’opinion qui explique
cette évolution vers la sclérose rénale par l’hyper¬
tension elle-même, provocatrice d’artérioliles rénales
comme d’athérome aortique. D’observation d’Au-
bertin, concernant une éclamptique,à l’autopsie de
laquelle on trouva les reins normaux (avec une hyper¬
trophie cardiaque prononcée et des surrénales en
hyperplasie) vient à l’appui de la théorie de Vaquez :
malheureusement la pression artérielle n’a pu être
suivie pendant la vie.
D’ailleurs la pathogénie de l’hypertension n’est
sans doute pas miivcque. Cordier, Boulud et
Co'rat ont publié l’observation d’un grand hyper¬
tendu avec forte albuminurie, sans azotémie, mais
dont le sang contenait une très forte proportion de
cholestérine (6« r ,^o par litre par le procédé de
Grigaut) : l’évolution montri qu’il s’agissait d’un
hypertendu bien plus que d'un briglitique. Cordier
a également observé le développement d'une hyper¬
tension permanente chez des soldats qu’il dut faire
évacuer des tranchées pour des crises douloureuses
de vaso-constriction des extrémités qui survenaient
sous l’influence du froid et qui s’accompagnaient
d’hypertension transitoire : ultérieurementil apparut
de l'albuminurie, et la pression s’éleva en perma¬
nence.
Il estpossible aussi que lésé motions répétées tendent
à élever la pression, connne le croient Étienne et
Richard. Pendant le bombardement de Nancy, ils ont
constaté chaque fois un court stade d’hypertension
d'abord suivi de détente liypoteiisive ; puis l’hyper¬
tension tendait à se maintenir chez les personnes
âgées en particulier, et surtout pour la minium. Ces
auteurs tendent à attribuer les modifications de la
tension à une hypersécrétion d’adrénaline par sti¬
mulation du syfnpatliique, et dans quelques cas, à
mie dysthyroïdïe (basedowisme fruste).
Gallavardiu signale aussi la fréquence d’un cer¬
tain degré d’hypertension chez le.; sujets porteurs de
goitre exophtalmique.
IV. — Oscillométrie.
Ba mensuration des pressions maxima et miuinia
11e constitué qu’uu des modes d’utilisation de l’ap-
8
PARIS MEDICAL
3 Juillet 1920.
pareil de Faclion. Par la détermination de l’ampli-
tnde des plus grandes oscillations, cet appareil permet
encore de se rendre corniste de l’état de la circulation
périphérique, du degré de vaso-constriction relatif
des différentes artères des membres, et jusqu’à un
certain point de leur état anatomique.
La première indication de l 'indice oscillomélrique
(ou mesure de l’amplitude des plus grandes oscil¬
lations) sc trouve dans la thèse de Léger (Bordeaux,
mars 1914). Dans mie revue d’ensemble récemment
parue sur la question (1), Faclion expose deux lois qui
permettront, dans tous les cas, d’interpréter l’indice :
a) Toutes choses égales du côté de l'artère explorée,
l’indice oscillomélrique traduit la valeur de l’impulsion
cardiaque.
b) Toutes choses égales du côté de l'impulsion car¬
diaque, l’indice oscillomélrique traduit la valeur du
calibre vasculaire, c’est-à-dire l’état de resserrement
ou de relâchement des vaisseaux artériels explorés.
Autrement dit, l’indice oscillométrique sera l’ex¬
pression visuelle du pouls total du membre, la résul¬
tante des expansions des diverses artères qui y sont
contenues.Ünemême artère traduira d’un indice oscil-
lométrique inégal une même impulsion cardiaque selon
son état de resserrement ou de dilatation. Et c’est ce
qu’on remarque en effet quand on examine un
membre en état de vaso-constriction (suite de bles¬
sure par exemple), ou dont l’artère principale a été
liée, par comparaison au membre symétrique dont
les artères sont restées normales. A ce propos, Faclion
a passé en revue, dans un? étude historique, les tra¬
vaux, tous exclusivement français, qui ont fondé l’oscil-
loiuétrie clinique. Des lecteurs du Paris médical ont vu
naître ces études en 1913. I,a guerre, en multipliant
les atteintes vasculaires (spasmodiques ou organique ;),
a multiplié en même temps les occasions d’appliquer
cette méthode et en a étendu dans tous les sens les
indications. C’est ainsi que l’épreuve du bain chaud
proposée par Babinski et Heitz (2) permet, par uni
simple comparaison oscillométrique, de distinguer à
coup sûr les spasmes artériels des oblitérations.
Les applications de l’oscillométrie à la médecine
générale sont actuellement en voie d’étude. Delauuay
étudie les variations de l’indice et de la courbe oscil¬
lométrique dans les vaso-constrictions et les vaso¬
dilatations physiologiques. Et. May a proposé de noter
le rapport oscillométrique, c’est-à-dire le quotient de
l'indice par la pression différentielle, dans l’idée
d’éliminer ce facteur d’amp'itude de -t’oscillation et
de laisser subsister seulement l’influence du calibre
de l’artère et de l’élasticité de la paroi artérielle : en
dehors des variations individuelles qui peuvent être
intéressantes, on pourrait étudier les modifications
du rapport oscillométrique qui dépendent des repas,
de la température ambiante, de l’effort, des
barrages ou des fuites existant dans la circulation
générale, enfin de l’état de sclérose vasculaire.
1) Paciion, Journal médical français, sept. 1919.
(2) Babinski et J. Heitz, Soc. m/d. hôpit., 14 avril 1916. ■—
Delaünay, Soc.biol. / juin 1919 .—Iît. May, Arch. mal. cœur,
iiov. 1919.
Mais la physiologie et la pathologie de l’appareil
circulatoire ne sont pas les seules branches de l’art
médical auxquelles l’oscillométrie s’est offerte comme
un nouveau procédé d’exploration. Maintes spécia¬
lités s’eu sont aidées avec profit pendant la guerre,
et continueront à s’en servir.
Rappelons qu’en pathologie circulatoire (3),
l’oscillomètre a été appliqué à l’étude des anévrysmes
artériels (Cawadias,Billard, Paillard), des anévrysmes
cirsoïdes (F. Ramond et François), des oblitérations
artérielles traumatiques (Babinski et J. Heitz, dans
une étude portant sur plus de 100 cas dont plusieurs
ont été suivis deux ou trois années, ont montré que
cette méthode permettait de suivre de mois en mois
le rétablissement de la circulation parles voies colla¬
térales), des endartérites oblitérantes (Pagniez,
Babinski et Heitz). André-Thomas et Lévy-Valensi
ont montré, dans ce journal même, comment l’oscil-
lomètr.'e permettait de comprendre le mécanisme de
la claudication intermittente, les oscillations très ré¬
duites déjà au repos s’éteignant au moment de la
douleur provoquée par la marche.
Un art'cle de l’un de nous (J. Heitz), qui paraîtra
très prochainement dans ce journal, insiste à nouveau
sur cette intéressante question.
Delauuay a appliqué l’oscillo'.nétrie à l’étude du
syndrome de Raynaud ; Roussy et d’CElsnitz au dia-
gosntic des œdèmes spontanés ou provoqués ; Cotteta
étudié par ce procédé les vaso-constrictions avec cya¬
nose de? extrémités, si fréquentes chez les soldats en
campagne et exposés à toutes les intempéries.
En pathologie pleuro-pulmonaire(^),d’CElsnitzet
Comil ont noté des modifications de l’indice oscil¬
lométrique au membre supérieur du même côté,
symptômes d’irritation ou de parésie du sympa¬
thique du même ordre que les modifications pupil¬
laires signalées par Sergent.
Eu pathologie nerveuse (5), Babinski, Froment et
Heitz ont étudié par l’oscillomètre les vaso-cons
trictions ou vaso-dilatations qui s’observent presque
constamment du côté paralysé chez les hémiplégiques
(par artérlte ou embolie, ou par traumatisme crânien),
et qu’on voit aussi chez de nombreux paraplégiques,
surtout dans le syndrome de Browh-Séquard. Logre
et Bouttier ont décrit avec Lecène les vaso-contric-
tions ou vaso dilatations dimidiées qui suivent les
commotionsou traumatismes crâniens même quand il
n'y a pas hémiplégie, et ils ont montré que ces troubles
disparaissaient souvent par la ponction lombaire.
(3) Cawadias, Arch. mal. cœur, mai 1916. — Billard, Journ.
m ’d. franç., sept. 1919. — Paillard, Progrès médical, 13 déc.
1919. — Babinski et J. Heitz, Arch. mal. cœur, nov. et déc.
1918. — André-Thomas et Lévy-Valensi, Paris médical,
19 janv. 1918. — Delaünay, Soc. biologie, 7 juin 1919. —
Cottet, Arch. mal. cœur, oct. 1919.
(4) D’CElsnitz et Cornil, Soc. m/d., hôp., 24 oct. 1919.
(5) Babinski, Froment et Heitz, Annales de médecine, III,
n° 5, sept.-oct. 1917. — I,ogre et Bouttier, Soc. tien roi., 6 déc.
1917; Paris médical, 14 déc. 1918. — Roussy, Boisseau et
d’CElsnitz, Soc. méd. hôp., 14 nov. 1917, et Presse méd., 12 déc.
1918. — Souques, Soc. méd. hôp., 15 nov. 1917. — Souques et
IIeitz, Soc. ncurol., 10 janv. 1918. — D’CElsnitz, Journ. méd.
/ranç., oct. 1919.
P. LEREBOULLET et J. HEITZ. — LES MALADIES DU CŒUR 9
Babinski et ses collaborateurs ont étudié par le
même procédé la vaso-constriction ou la vaso-dila¬
tation qui succèdent aux sections nerveuses (la der¬
nière plus fréquente dans les lésions du sciatique et
dans celles du médian, surtout quand il y a causalgie,
■comme l’a montré d’Cfflsuitz).
La même vaso-constriction avec réduction consi-
sidérable de l’amplitude des oscillations se voit sur
les membres atteints de parésie ou de contracture
pliysiopatliique (d’ordre réflexe) ou de simples troubles
vaso-moteurs suite de traumatisme. Roussy, Boisseau
■et d’CElsnitz ont montré que cette vaso-constriction
peut s’observer, à un moindre degré, aux membres
symétriques. Elle tend à s’atténuer sous l’influence des
traitements physiques et de la rééducation.
Les paralysies infantiles anciennes s’accompagnent
d'hypothermie et d’une réduction des oscillations que
Souques et Ileitz ont attribuée à une atrophie arté¬
rielle parallèle à l’atrophie musculaire, en se basant
sur les résultats de l’épreuve du bain chaud.
La section du sympathique cervical, tout en déter¬
minant du côté de la face la vaso-dilatation connue
depuis Claude Bernard, provoque au membre supé¬
rieur du même côté une vaso-dilatation plus discrète
que traduit l’augmentation de l’indice oscillomé-
trique (d’CElsnitz). Le même auteur a étudié avec
Comil, par ce procédé, la vaso-dilatation périphérique
•qui suit la compression oculaire ou l’application de la
bande d’Esmarch.
En psychiatrie(i)',G.Laroclie et Richard ont étudié
par l’oscillométre la microsphygmie des idiots
signalée par Yariot il y a quelques années. C’est aussi
l'instrument de choix, comme le dit Pacliou, pour
l’étude des émotions et des réactions psychiques.
En chirurgie (2), l’oscillométrie a rendu des services
considérables et 011 peut dire que cette méthode a
puissamment aidé nos opérateurs du front à sauver
nombre des blessés confiés à leurs soins. Pour le dia¬
gnostic des plaies vasculaires (J eannen.-y), pour les
indications de la ligature en cas de plaie ou d’aué-
vrysme (Gosset, J eanneney), pour la surveillance de la
circulation dans l’extrémité après ligature ou suture
artérielle (Guyot, Jeanneney), pour le diagnostic des
gangrènes par lésion artérielle ou par gelure (Jean-
neuey), pour la fixation du niveau où doit être pra¬
tiqué- l’amputation en cas de gangrène (J eanneney),
pour l’étude du syndrome de Volkmaun (Babinski et
Iieitz, Moulinier), pour la surveillance des sympa¬
thectomies périartériellcs (Lericlie et Heitz), pour
la surveillance et le traitement des états de sliock
(Paclion, Prével, Moreau et Benhamou), l’oscillo-
mètre est devenu l’auxiliaire usuel du chirurgien.
De Martel a montré les services qu’il pouvait
rendre en cliirnrgie crânienne ou médullaire, Duval,
en cliirnrgie thoracique, dans un service d’hôpital.
En obstétrique (3) enfin, l’oscillomètre permet,
comme l’a imaginé Balard, de reconnaître la mort
(1) G. I.arociie et Richard, Annales de médecine, mai 1919.
(2) Jeannenky, Thèse Bordeaux, avril 1919 ; Journal méd.
français, sept. 1919.— Lericiie et Heitz, Soc. biologie, 3 fé¬
vrier 1917. — Moreau et Benhamou, Soc. chirurgie, 31 juillet
(3) Balard, Jour», méd. français, sept. 1919.
apparente du nouveau-né; de surveiller et de régler
l’effort du cœur de la parturiente, de suivre les effets
du traitement en cas d’hémorragies.
Nous avons vu plus haut les discussions auxquelles
a donné lieu l’emploi de la méthode oscillatoire pour
l’estimation de la pression systolique : il est certain
que nombre de médecius tendent à lui préférer dans
ce but la méthode de Riva-Rocci. Mais l’appareil de
Paclion permet seul de fairede l’oscillométrie clinique.
Après la revue d’une série si importante de
travaux, qui tous ont été publiés en France oq sont
d'inspiration française, le lecteur arrivera sans doute à
cette conclusion que l’oscillomètre conservera une
place marquée, non seulement sur le bureau du pra¬
ticien occupé de clinique générale, mais dans la salle
d’examen du neurologiste et du psychiatre, dans la
salle d’examen et dans la salle d’opération même du
chirurgien et de l’accoucheur.
V. — La diurèse chez les cardiaques.
LatlièsedeM.Parturier(4) constitue mie excellente
étude des troubles du fonctionnement rénal liés à
l’oligurie d’origine cardiaque. Complétant par de
nombreuses observations les faits déjà publiés par lui
avec Josué, l’auteur montre que la sécrétion aqueuse
dépend surtout de la vitesse de la circulation rénale,
qui elle-même est commandée par l’énergie du cœur.
Lorsque ce dernier est enétatd'insuffisauce, lesurines
diminuent en quantité, et il en résulte inévitablement
mie diminution notable de l’excrétion des chlo¬
rures, de l’urée, et des divers produits excrémentitiels.
Par suite, l’azotémie peut augmenter, au point
d’atteindre de 0,50 à 1 gramme, avec élévation de la
constante d’Ambard jusqu’à 0,4 et 0,6 ; eu même
temps il y a clilorurémie et production d’œdème-, et
cela en dehors de toute atteinte anatomique des
reins. C’est dire que chez les asystoliques il faut
interpréter avec prudence les résultats des dosages
d’urée sanguine et de la constante d’Ambard.
Le tableau clinique provoqué par l’oligurie peut
simuler, selon les cas, la îiéplirite hydropigène ou la
néphrite interstitielle hypertensive. Mais ce goût de
faux rénaux et de faux cardio-rénaux. Traités comme
des cardiaques par des doses suffisantes de digitale,
les malades présentent une diurèse libératrice, avec
fortes éliminations de chlorures et d’urée; leur
urée sanguine tombe au-dessous de 0,40; et la cous-
tante d’Ambard, des chiffres que nous avons vus,
revient à la normale.
Il paraît impossible, en pleine asystolie, de distinguer
ce qui relève, parmi les symptômes, de l'insuffisance
cardiaque et de l’insuffisance rénale. Il faut d’abord
rétablir mie énergie cardiaque suffisante, et c’est
alors seulement qu’on pourra rechercher le degré
d'imperméabilité rénale par les méthodes cliniques.
La distinction est surtout délicate chez les hyper¬
tendus avec lésion rénale légère chez lesquels la poly¬
urie est indispensable pour assurer l’excrétion de
l’urée, cette polyurie 11e pouvant se maintenir
(4) O. Josué et M. Parturier, Soc. méd. kôp., 28 juin 1918,
et Journ. midic. français, juillet 1918. —M. Parturier, Les
syndromes rénaux de l’asystolie, Thèse Paris, 1919.
PARIS MEDICAL
3 Juillet ig20.
qu’autant que le myocarde a gardé mie capacité
fonctionnelle nettement au-dessus de la normale.
VI. — L’endocardite maligne à évolution
lente.
L’endocardite maligne àévolution lente a fait le sujet
d’une remarquable étude d’ensemble de R. Debré ( i ) :
il en résulte qu’il s’agit là d’une entité morbide par¬
faitement définie, ayant une allure clinique toujours
identique, et qui malheureusement aboutit toujours
à la mort. L’existence de cette forme semble avoir été
signalée pour la première fois par Jaccoud. En 1901,
Claude déclarait.à la Société médicale des hôpitaux
que sa fréquence 11’était pas suffisamment connue.
Depuis lors de nombreuses observations ont été
rapportées, en particulier par Osler et ses élèves
anglo-américains, en Allemagne par Lenliartz et
Schottmuller, en France par Vaquez et par Lutem-
bacher qui montra la fréquence avec laquelle cette
affection se greffe sur d'anciennes lésions vascu¬
laires, à l’occasion d’une infection intercurrente
banale.
L’endocardite maligne à évolution lente frappe
de préférence les adultes jeunes. Le début en est
insidieux ; pendant des semaines et des mois, le sujet
pâlit, maigrit, se plaint de douleurs vagues, de
poussées fébriles irrégulières. La période d’état est
caractérisée par l’apparition de signes caractéristiques :
purpura, nodosités érythémateuses d’Osler (qui
siègent souvent au bout des doigts ou des orteils, par
quatre ou six à la fois) ou placards de même nature
sur différents points de la surface des membres ; ar-
thropatliies douloureuses avec parfois gonflement ;
douleurs musculaires ; splénomégalie constante,
mais variable de degré, avec brusques poussées dou¬
loureuses; albuminurie; anémie grave.
Le plus souvent rien n'attire l'attention du côté du
cœur (Vaquez) ; l’examen direct même ne fait perce¬
voir aucune modification des signes physiques exis¬
tant antérieurement, ou ces modifications n’appa¬
raissent que tardivement. Il faut attacher mie cer¬
taine importance à la tachycardie, et aussi, semble-
t-il, à la faiblesse extrême de la pression artérielle. Les
embolies, souvent multiples, à plusieurs jours d’in¬
tervalle, constituent un symptôme à peu près cons¬
tant : elles provoquent dans le rein, le foie, la rate des
infarctus ; dans le cerveau, des foyers de ramollisse¬
ment cérébral ; aux membres, des oblitérations qui
peuvent être transitoires ou aboutir à la gangrène.
On peut voir aussi se développer à la suite de ces
embolies, des anévrysmes artériels. Jamais il 11e se
produit d’abcès métastatique, comme dans les endo¬
cardites pyohémiques.
La maladie procède par poussées successives, avec
température oscillant entre 38° et 40° ; entre les
poussées, la température peut retomber à la normale
pour une durée qui ne dépasse guère une ou deux
semaines. Ces alternatives d’aggravation et de rémis¬
sion se succèdent pendant des mois, quelquefois peu-
(1) R. Debré, Revue de médecine, uiars-avril, mai-juin, sept.-
oct. igip.
dant un ou deux ans; mais, malgré la bénignité du
début et cette longue durée, la maladie aboutit tou¬
jours à la mort. Debré fait remarquer que les sujets
meurent rarement par le cœur, mais par ramollisse¬
ment cérébral, par embolie spécialement grave, par
rupture d’anévrysme abdominal. Dans les faits
observés par Lutembacher. chez de3 cardiaques eu
général assez avancés dans leur évolution, la marche
des accidents asystoliques est au contraire précipitée.
h’hémoculture est indispensable pour assurer le
diagnostic : plusieurs essais peuvent être négatifs ;
il faudra les répéter avec patience, eu choisissant
pour les prélèvements les périodes d’aggravation et
de frisson, s’il y en a. On ensemencera du bouillon
glucosé, du bouillon-ascite, du bouillon-sérum de
cheval, et un milieu liquide dont la formule est
donné-* par Debré (peptone, sel, glucose) où la vitalité
du germe persiste plus longtemps. On ensemencera
également des milieux solides qui permettront de
juger l’action du microbe sur l’hémoglobine etde faire
une numération approximative. Le plus souvent,
ce nombre est faible, ce qui explique que les cultures
soient souvent négatives.
Un examen superficiel des observations publiées
ferait croire que l’endocardite maligne à évolution
lente peut être causée par des microbes variés. En
réalité, si l’on écarte les erreurs évidentes, onarrive à
conclure que l’agent de cette affection est toujours le
streptocoque (3 cas personnels de Debré sur 4, l’hé¬
moculture ayant été négative dans le dernier cas ;
de même dans les cas de Vaquez) : c’est un coccus
en chaînette variant comme nombre et groupement
selon les milieux, prenant le Gram, n’ayant pas de
capsule, donnant des colonies plus abondantes sur
milieux liquides, cultivant mieux en milieux sucrés ou
additionnés d’albumines animales, coagulant ou
non le lait, insolubles dans la bile, déterminant l’hé¬
molyse in vivo et in vitro (Bordet, Besredka), pro¬
duisant assez souvent une teinte vert^d’eau autour
du point de culture (d’où le nom de Streptococcus
viridans que lui a donné^Schottmuller). Cé strepto¬
coque paraît très voisin du Sir. fœcalis et du Sir.
salivarius, saprophytes des cavités naturelles de
l’homme; sa faible virulence permet d’expliquer la
lenteur de l’évolution del’endocarditequ’ilprovoque.
Retenons donc la notion de cette lenteur d’évolu¬
tion qui n’empêclie pas la malignité constante de l’é¬
volution. Tors les sérums, les vaccins, autovaccins
même ont toujours échoué. Comme l’ont bien vu Va¬
quez et Lutembacher, la mort par endocardite lente
secondaire, survenant à l’occasion d’une infection
banale, constitue une des manières de mourir, rela¬
tivement fréquente, pour les cardiopalliesvalvulaires.
L’allure clinique vaiiable et les manifestations
à distance si diverses expliquent la fréquence des
erreurs de diagnostic. Récemment l’un de nous a
observé avec M. Mouzon une forme à début méuin-
gitique en ayant imposé successivement, malgré
l’existence d’une cardiopathie rlnunatismale ancienne,
pour mie syphilis cérébro-méningée puis pour mie
P. LEREBOULLET et J. HEITZ. — LES MALADIES DU CŒUR n
gratiulie. Ce fait, qui peut être à certains égards rap¬
proché des faits anciens d’Osler, d’un fait plus récent
de H. Claude, montre bien le polymorphisme clinique
possible de cette curieuse affection.
Un certain nombre de cas d’endocardite maligne
ont été signalés à la suite de blessures de guerre, en
particulier par Karsner (de Cleveland) qui a trouvé
des végétations récentes sur les valvules dans quatorze
autopsies de blessés ayant succombé à des septicé¬
mies (deux fois elles s’étaient greffées sur des altéra¬
tion antérieures). U’agent pathogène était générale¬
ment le streptocoque, une fois associé au perfringens ;
trois fois on trouva du staphylocoque doré.
VII. — Thérapeutique.
Toute mie série de travaux (i) ont été consacrés à
Vouabaïne d’Arnaud, qui constitue certainement, de
l’avis de Vaquez et I/utembaclier et des auteurs qui
l’ont employée àleur suite, le plus maniable desmédi-
camènts du groupe de la stropliantine : elle agit
d’une manière élective sur la contractilité et le tonus
cardiaque et n’a sur l’excitabilité et surtout sur la
conductibilité qu’une influence restreinte. L’asthénie
du myocarde, survenue en dehors de l’arythmie com¬
plète, constitue laprincipale indication de l’ouabaïne,
surtout lorsqu’elle se traduit par une dilatation aiguë
du cœur, ou par une dilatation progressive rebelle aux
autres médicaments comme la digitale. Après emploi
de l’ouabaïne, on peut revenir à la digitale dont
l’action se trouve réactivée.
L’ouabaïne agit avec succès dans le collapsus car¬
diaque des maladies aiguës, comme la fièvre typhoïde
ou la pneumonie.
Ce n’est que dans des conditions exceptionnelles
qu’on peut trouver, à la suite de l’administration de
l’ouabaïne, un rythme couplé analogue à celui que donne
assez souvent la digitale. Après Lutembacher, Laubry
et Leconte en ont signalé un cas, chez un asystolique
avec double lésion aortique : le malade avait reçu en
tout i m < ! ,25 d’ouabaïne en trois jours. En même
temps qu’un peu d’oppression, on constatait un
rythme couplé par extrasystoles ventriculaires qui
ne dura que vingt-quatre heures. Quelques jours
après, une injection intraveineuse d’intrait de
strophantus provoqua le même phénomène qui
persista neuf joins de suite sans que l’atropine ait eu
d’action sur ce trouble du rythme. Les auteurs con¬
sidèrent cette réponse à l’ouabaïne comme l’indice
d’une profonde déchéance du myocarde. r •,
Dans le même numéro des Archives, Simici (de
Bucarest) rapportait également un cas de rythme
couplé avec fausse bradycardie chez un asystolique
avec gros foie et arythmie complète permanente qu’il
avait traité par la stropliantine en injections intra¬
veineuses : le trouble du rythme s’était accompagné
de suffocations et d’une faiblesse extrême du malade.
(i) Vaquez et Lutembacher, Paris médical, 4 mai 1918. —
Simici, Arch. mal. cœur, mai 1919. — Laubry et Leconte,
lirch. mal. cœur, mai 1919. — C11. Lsmein , Revue de médecine,
1920, n° 1. — H. Dufour et Semelaigne, Soc. mèd. Mp.,
• 6 déc. 1919. — Simici, Arch. mal. cœur, mai 1919.
Quelques semaines plus tard, une nouvelle injection
de stropliantine provoqua les mêmes troubles, et le
malade ne tarda pas à mourir.
Eu opposition avec ces faits, Esmein a rapporté
récemment un certain nombre d’observations de
cardiopathies avec grande dilatation et rythme
couplé chez lesquelles l’actionde l’ouabaïneseinontra
tout à fait remarquable.
Giez un malade de Dufour et Semelaigne,
atteint de cirrhose alcoolique avec ascite, œdème
des jambes, tachycardie, trois injections d’oua¬
baïne d’un demi-milligramme chacune, à quarante-
huit heures d’intervalle, établirent une diurèse
de 3 à 4 litres qui fut prolongée par l’administration
d’ouabaïne en lavements. L’ascite, qui se reproduisait
après chaque ponction, disparut complètement.
Contre l 'insuffisance cardiaque des formes graves
de la grippe, pendant l’épidémie de 1918-1919 en
Roumanie, Simici a utilisé les injections intravei¬
neuses de stropliantine, avec de réels succès : il a
employé la méthode de Danielopolu, à petites doses
répétées (2 dixièmes de milligramme, deux ou trois fois
par jour et plusieurs jours de suite). Les résultats
ont été excellents, en ce sens que l’accéliration du
cœur a disparu, en même temps que les forces se
relevaient. Jamais, par contre, il n’a influencé par
ce médicament l’hypotension artérielle si prononcée
chez les grippés graves.
On avait cru pouvoir, par l'adrénaline, débloquer
le cœur en état de dissociation auriculo-ventriculaire
complète. Les expériences de Routier, de Danielo¬
polu et Danulescu en Roumanie, de Ilardy et
Houssay en Argentine (2) ont montré que l’injection
intraveineuse d’adrénaline accélérait simultané¬
ment les deux cavités, mais sans qu’il y. ait déblo¬
cage. Récemment Arrillaga (de Buenos-Aires) a con¬
firmé encore une fois ces faits; mais il ajoute que
l’adrénaline devrait être essayée dans les dissocia¬
tions passagères (médicamenteuses ou toxiques),
surtout quand le malade présente des signes d’hypoé
pinéphrie.
Les composés quiniques paraissent exercer une
influence heureuse dans certains cas de fibrillation
auriculaire (arythmie complète).Frappé d’une obser
▼ation de Wenckebach qui avait vu la fibrillation
céder à la suite de l’emploi de la quinine, Frey a
étudié d’une manière systématique les composés
quiniques et est parvenu, par la quinidine, à ramener
rlniKi plusieurs cas le rythme sinusal pour un certain
temps (au maximum cinq semaines). Von Bergmann,
eu augmentant les doses, a réussi à ramener un
rythme régulier chez 6 malades en état d’arythmie
complète; dans 2 cas, le résultat ne fut que relatif,
en ce sens que l’arythmie se transforma eii tachy-
systolie auriculaire. Dans un seul cas, le résultat fut
(2) Hardy et Houssay, Joum.de phys.cl pal h. génér ., XVII,
n° 4. — Arrillaga, un vol., Buenos-Aires, 1919. — Frey,
Berl klin Woch., 1918, n° 18. — Von Bergmann, Münch.
mediz. Woch., 1919. n» 26. — A. Clerc et Fezzi, Acad, des
sciences, 8 die. 1919. — Parvu, Thèse Paris, décembre 1919.
12
PARIS MEDICAL
3 Juillet iQ2o,
négatif. On commence par deux pilules de o« r ,io de
quinidine; on monte à quatre pilules le jour suivant, et
on peut progressivement arriver à quinze et vingt
pilules par jour, en arrêtant si le cœur venait à trop
se ralentir.
Dans un travail récent, Clerc et Pezzi rapportent
les résultats d’expériences qui montrent que la qui¬
nine tend à paralyser le centre bulbaire du pneu¬
mogastrique, ralentissant et déprimant le myocarde.
Elle constitue à ce point de vue le véritable anta¬
goniste de l'adrénaline.
Il en est de même en ce qui concerne la pression
artérielle, que l’adrénaline élève et que la quinine
abaisse : on comprend son action utile chez les sujets
en état d'arythmie complète, où le myocarde est
liyperexcitable, surtout au niveau des oreillettes.
Signalons enfin la bonne revue d’ensemble que
représente la thèse de Parvu sur le traitement spé¬
cifique dans les affections syphilitiques du cœur et des
vaisseaux. Rappelant les travaux antérieurs de
Vaquez et de I.aubry sur les résultats du mercure et
du salvarsan dans les aortites syphilitiques et les
anévrysmes, il montre que chaque malade réagit
d’une manière élective à l’un ou l’autre de ces médi¬
caments, parfois aussi aux préparations iodées (telles
que le lipiodol) : il faut arriver à déterminer cette
élection par le tâtonnement. De traitement doit être
intensif d’emblée, sauf quand le myocarde doime des
signes de souffrance : extrasystoles fréquentes, crises
d’asthme nocturne. On ne dépassera pas toutefois
0^,25 de néosalvarsan, surtout s’il y a des antécé¬
dents hépatiques. En général, les crises douloureuses
s’espacent et diminuent d’intensité ; le calibre aor¬
tique diminue à l’orthodiagrapliie ; les souffles ne
sont modifiés qu’exceptionnellenient.
En cas d’anévrysme, le volume de la poche n’est
guère diminué, mais les signes de compression
médiastinale s’atténuent, par régression de la péri-
aortite gommeuse, et ces résultats peuvent se main¬
tenir quelques aimées.
Parvu rapporte aussi 3 cas de dissociation dans
lesquels le traitement spécifique donna les résultats
qu’on a déjà quelquefois publiés : dans un cas le
pouls resta à 39, mais les accidents syncopaux dis¬
parurent; dans un second cas, la dissociation partielle
évolua vers la dissociation totale avec disparition des
crises épileptiformes ; dans le troisième cas, la disso¬
ciation elle-même disparut.
On trouve enfin dans cette thèse deux observations
de claudication intermittente par artérite avec
Bordet-Wassermann positif : les douleurs à la marche
disparurent dans ces deux cas à la suite d’injections
de cyanure de mercure.
llestsans doute des cas encore nombreux où le trai¬
tement spécifique reste sans action,mais les résultats
obtenus sont assez souvent satisfaisants pour que
l’on puisse affirmer que la notion de la syphilis à
l’origine des affections cardio-vasculaires en a large¬
ment et heureusement modifié le pronostic et le
traitement.
LES FOYERS D'AUSCULTATION
DU RÉTRÉCISSEMENT PULMONAIRE
A. GILBERT et E. CHABROL
Tous les auteurs qui ont écrit sur le rétrécisse¬
ment de l’artèrç pulmonaire s’accordent à localiser
son souffle systolique et son frémissement cataire
dans le second espace intercostal du côté gauche,
à 2 ou 3 centimètres du sternum. Cette localisa¬
tion est admise sans conteste depuis le mémoire de
Constantin Paul et la thèse de Vimont, et il n’est
point de traité classique qui ne l’ait affirmée.
On ne saurait cependant en faire un critérium.
Ayant observé un malade qui était atteint de
rétrécissement pulmonaire, et chez lequel le
souffle et le thrill présentaient leur maximum
non pas dans le deuxième espace, mais à l’extré¬
mité interne du troisième espace intercostal
gauche, nous avons eu la curiosité de rechercher
dans la littérature médicale s’il existait des
observations comparables (1). Dans ce but,
nous avons compulsé 100 observations de
rétrécissements acquis ou congénitaux, et nous
avons été fort surpris de constater que dans
plus d’un tiers des cas, soit exactement dans
35 p. 100 des faits, le souffle et le thrill du rétré¬
cissement pulmonaire avaient pour foyer électif
le troisième espace intercostal gauche.
Il ne semble pas que l’attention des cliniciens
ait été retenue par cette localisation anormale,
quoique fréquente, du souffle valvulaire. Ta plu¬
part la mentionnent incidemment ; c’est à peine
si, à l’exemple de Constantin Paul, un petit
nombre cherchent à l’expliquer en invoquant la
topographie variable de la sténose pulmonaire.
Et cependant cette anomalie d’auscultation
présente pour le praticien un certain intérêt ;
elle a été le point de départ de plusieurs erreurs de
diagnostic, auxquellesM. Barié (2) fait allusion dans
son article sur le rétrécissement pulmonaire, lors¬
qu’il écrit : « ; Ee siège un peu bas du souffle fait
que le rétrécissement préartériel a été confondu
parfois avec l 'insuffisance mitrale (Ch. Bernard).
Dans ce.tte dernière affection, le souffle systolique
siège au niveau même de la pointe du cœur et se
propage dans l’aisselle gauche et même quelque-
(1) A. Gilbert, Chabrol et M llu Guinsbourg, Sur la fré¬
quence de la localisation dans le troisième espace intercostal
gauche du souffle systolique du rétrécissement pulmonaire
(C. K. Soc. de biologie, 4 juillet 1914). —M 110 Guinsbourg,
Thtse de Paris, 1014.
(s) Barié, Traité pratique des maladies du cœur et de
A. GILBERT et E. CHABROL.— RETRECISSEMENT PULMONAIRE
fois dans le dos, alors que celui de la sténose infun-
dibulaire se perçoit plus haut et ne se propage
pas vers l’aisselle ; les deux affections donnent
lieu à un frémissement cataire systolique, mais,
dans l’iusuffsance mitrale, le frémissement est
plus rare et surtout moins intense que dans le
rétrécissement pulmonaire, où son timbre rude et
râpeux est tout à fait particulier. Enfin, la sténose
pulmonaire s’accompagne de signes de dilatation
du cœur droit beaucoup plus précoces que dans la
lésion mitrale. »
Il est un autre diagnostic que peut faire discu¬
ter la localisation du souffle dans le troisième
espace : c’est l’association au rétrécissement d’une
malformation cardiaque congénitale, et enparticulier
d’une communication interventriculaire. Le
souffle de communication interventriculaire,
souffle dit de Roger, serait perceptible, lui aussi,
à la partie interne du troisième espace intercostal
gauche et de l’articulation sternale du quatrième
cartilage costal gauche. Comme le souffle du
rétrécissement, il serait systolique, invariable,
rude, râpeux, à tonalité haute, et coexisterait avec
un frémissement cataire systolique très intense.
On conçoit que le diagnostic différentiel appa¬
raisse ici beaucoup plus délicat. Il est classique
de dire que le souffle de la maladie de Roger se
distingue du souffle de rétrécissement pulmo¬
naire par sa propagation : son irradiation se
ferait dans le sens transversal et non pas en haut
et à gauche vers la clavicule; mais, en fait, le
clinicien a rarement l’occasion d’utiliser cet
élément différentiel. La communication des ven¬
tricules ne constitue guère une malformation
isolée ; presque toujours elle coexiste avec un
rétrécissement pulmonaire congénital, si bien
qu’en pratique, devant un souffle du troisième
espace, on est plutôt conduit à songer d’abord
au rétrécissement pour se poser ensuite la ques¬
tion suivante : La localisation anormale du
souffle n’est-elle point sous la dépendance d’une
malformation cardiaque associée et en particulier
d’une maladie de Roger? !
Les observations que nous avons réunies vont
nous permettre de discuter le bien-fondé de cette
hypothèse, Elles nous serviront également à élu¬
cider un autre point de physiologie pathologique,
en montrant dans quelle mesure le siège de la
sténose au niveau de l’infundibulum pulmonaire
peut influer sur la localisation du souffle dans le
troisième espace.
Nos ioo observations peuvent être réparties
en trois groupes :
56 observations de rétrécissements congénitaux avec autopsie.
Souffle dans le 3 1 ' espace j
gauche. 16 cas [ 16/56
Souffle dans le 2“ espace , soit : ay p. 100.
gauche. 40 cas J
25 observations de rétrécissements sans autopsie.
Souffle dans le 3 0 espace
Cette statistique d’ensemble nous permet déjà
de répondre ù la première question que nous
avons posée : Le souffle du troisième espace est-il
nécessairement sous la dépendance desmalformations
cardiaques qui sont très souvent associées an rétré¬
cissement pulmonaire ? Evidemment non, puisque
ce souffle s’observe aussi bien dans les rétrécisse¬
ments acquis que dans les rétrécissements con¬
génitaux. Il semblerait même que dans ces der¬
niers sa fréquence soit un peu moins élevée :
29 p. 100, au lieu de 31,5 p. 100.
Une lecture attentive des 56 observations de
rétrécissements congénitaux avec autopsie (1)
Ï iious montre également que la communication
interventriculaire ne modifie point la topographie
du souffle, comme le laisseraient supposer les
descriptions classiques.
23 avec communication interventriculaire simple,
ix avec communication infcrauriculairc simple...
11 communications interventriculaire et aurici
6 avec malformations multiples .
5 sans mal/onnations associées .
PARIS MEDICAL
14
3 Juillet 1920.
Dans les 23 observations où la maladie de
Roger est associée au rétrécissement pulmonaire,
le souffle du troisième espace ne figure que 6 fois,
alors que dans les communications interauricu-
laires, on le rencontre 5 fois sur il.
En fait, c’est ^surtout dans une localisation
particulière du rétrécissement, au niveau de l’in-
fundibulum, que les auteurs ont cherché l’origine
du souffle systolique du troisième espace. On sait que
la sténose peut intéresser l'orifice, le tronc, ou en¬
core l’infundibulum de l’artère pulmonaire. Cons¬
tantin Paul (1) a été le premier à écrire : « Quand
la sténose siège non plus aux valvules, mais au
niveau de l’infirndibulum, les signes fournis à l’exa¬
men du malade sont à peu près les mêmes, à une
exception près: le bruit desouffle s’entendplusbas,
dans le troisième espace intercostal »; et quelques
années plus tard, Jaccoud (2)_a été encore plus
explicite lorsque, dans ses Leçons de clinique médi¬
cale, il s'est exprimé en ces termes : « Congénital
ou acquis, le rétrécissement pulmonaire a deux
sièges possibles : il occupe la région valvulaire du
vaisseau, constituant un rétrécissement artériel
proprement dit (rétrécissement supérieur), ou bien
il occupe la région sous-valvulaire, la région de
l’infundibulum, constituant alors un rétrécisse¬
ment infundibulaire ou préartériel (rétrécisse¬
ment inférieur). Dans le premier cas, le maximum
du souffle est dans le second espace intercostal
gauche, à 3 centimètres du bord sternal ; dans le
second cas, le maximum est plus bas, sur l’articu-
ation du troisième cartilage costal avec le ster¬
num. » Cette opposition entre le rétrécissement
supérieur et le rétrécissement inférieur devait être
reprise en 1895 par M. Barié (3),dans son impor¬
tant mémoire sur le rétrécissement préartériel.
C’est elle qui a inspiré à cet auteur les restrictions
que nous avons signalées au début même de
(1) Constantin Paul, Sur le rétrécissement pulmonaire
acquis (mémoire lu & la Soc. mid. des hûp. de Paris, séance
du ir août 1871). — Diagnostic et traitement des maladies
du cœur, Paris, r883.
(2) Jaccoud, leçons de clinique médicale de la Piüé, 1887,
p. 489.
(3) Barié, De rétrécissement préartériel de l’artère pulmo¬
naire ( Bull. Soc. mid. des hûp. de Paris, 19 juillet 1895).
notre article et qui se traduisent encore en ces
lignes : « Dans le rétrécissement infundibulaire ou
préartériel,... le maximum d’intensité du souffle se
trouve en une zone limitée entre la troisième arti¬
culation choudro-stemale gauche et la pointe du
cœur. t>
Des observations que nous avons pu réunir ne
permettent pas d’accepter cette opinion sans faire
quelques réserves. Nous n’entrerons pas ici dans
le détail des-chiffres ; bornons-nous à rappeler que,
sur 75 observations de rétrécissements acquis ou
congénitaux (4), nous en avons trouvé 27 intéres¬
sant des sténoses infundibulaires ou mixtes. Parmi
ces 27 observations, 12 seulement mentionnent la
localisation du souffle dans le troisième espace
intercostal gauche. Ce qui revient à dire : le
souffle du troisième espace n’existe que dans
44 p. 100 des rétrécissements infundibulaires ou
préartériels.
D’autre part, envisageant le groupe des sténoses
pulmonaires par lésions sigmoïdiennes, nous avons
pu constater qu’une dizaine de malades présen¬
taient un souffle dans le troisième espace, sans
avoir la moindre altération de l’infundibulum.
Nous nous croyons donc autorisés à conclure :
Da localisation du souffle dans le troisième espace
s’observe souvent chezlessujets attemtsd'un rétré¬
cissement infundibulaire, mais elle est loin d’être
pathognomonique de ce rétrécissement, comme le
pensaient Constantin Paul, Jaccoud et Barié.
Il ressort de ces différentes statistiques que,
dans le rétrécissement pulmonaire, le souffle du
troisième espace intercostal gauche ne peut être
interprété il la faveur d’une altération particulière
de l’endocarde ou du muscle cardiaque. Cette ano¬
malie de l’auscultation existe, ou fait défaut, au
cours des sténoses valvulaires comme durant l’évo¬
lution des rétrécissements de l’infundibulum ; elle
peut coïncider avec l’inocclusion du trou de
Botal, comme avec la malformation interventri¬
culaire, mais elle n’en est pas nécessairement le
témoin.
Il semble que la solution du problème doive
être cherchée dans une tout autre voie ; peut-être
(4) 75 observations de rétrécissements pulmonaires
acquis ou congénitaux, avec autopsie
Topographie du souffle.
3* espace. a« espace.
27 observations de sténoâes infitndibulaites ou mixtes. ) 19 rétrédssements congéuitàûx! ! t 11
, ,, ,, . l 11 rétrécissements acquis. 2 9
48 observations de sténoses sigmoïdiennes. j 37 rétrécissements congénitaux.. 8 29
■ty. ŒÏTINGER. — L’ANÊVRYSME
faut-il lu demander à l'anatomie topogmphique i
en tenant compte dee variations que l’orifice de
l’artère pulmonaire présente dans ses rapports
vis-à-vis de la paroi du thorax.
Si l’on consulte les traités classiques, oü est sur¬
pris de voir que les auteurs professent à ce sujet
des opinions quelque peu différentes. Tandis que
Lusclika projette l’orifice de l’artère pulmonaire
sur une ligne oblique en bas et à gauche, coupant
le deuxième espace intercostal, Tillaux le fait
correspondre exactement à l'articulation cliondro-
sternale de la troisième côte et Sappey va même
jusqu’à fixer son siège au-dessous de cette arti¬
culation. Ettgel, Brandt et surtout Hencke par¬
tagent son avis. Ces contradictions s’expliquent
aisément : il est rationnel de penser que la topo¬
graphie de l’artère pulmonaire peut présenter
d’assez grandes variations individuelles, suivant
la conformation de la cage thoracique et, pour
ce motif, il serait illogique d’opter rigoureuse¬
ment entre l’opinion de Luschka et celle de
Sappey. lin pratique, retenons simplement que
dans 35 p. ioo des faits, le souffle du rétrécisse¬
ment pulmonaire peut avoir pour territoire le
troisième espace intercostal gauche, et qu'il ne
faut point baser sur ce seul caractère un dia¬
gnostic de sténose préartérielle ou de malforma¬
tion cardiaque associée.
COMMENT FAUT.1L TRAITER
L’ANÊVRYSME SYPHILITIQUE DE
L’AORTE ?
WILLIAM ŒTTINGEH,
Médecin de l’hôpital Cochin.
V origine syphilitique des anévrysmes de l’aorte
est devenue actuellement une notion pour ainsi
dire banale, mais, durant de longues années, cette
étiologie a été longuement et âprement discutée.
Vobservation clinique, la première, a précisé
cette donnée ; puis, lorsque des réactions biolo¬
giques, comme la réaction de fixation du complé¬
ment, sont venues apporter leur appui à l'obser-
vatioii pute, le rôle de la syphilis dans la genèse
des lésions vasculaires a pu être précisé avec une
netteté beaucoup plus grande.
Des recherches anatomo-pathologiques récentes
et des recherches microbiologiques que nous devons
au docteur V. Manouélian (i), sont venues nous
apporter des notions d’un très grand intérêt et nous
(i) V. Manouélian, Tréponème pUeet anévrysme aortique
[Bull, de la Soc. méd. des hôpitaux, 7 mai iy20).
SYPHILITIQUE DE L’AORTE 15
faire mieux comprendre quelle était la véritable
nature et l’évolution des anévrysmes.
Ce savant, travailleur consciencieux et habile,
a pu montrer que l’anévrysme était, à proprement
parler, une véritable tumeur artérielle, qu’il u a
s’agissait pas, en réalité, d’une artérite, mais
d’une véritable gomme développée dans la paroi
du vaisseau.
Une coupe pratiquée sur la paroi anévrysmale
montre que, depuis la zone sous-jacente aüx caillots
actifs jusqu’aux adhérences les plus éloignées, le
tissu qui constitue la poche est constitué exclu¬
sivement par du tissu Scléro-gommeux.
O11 retrouve, évidemment, en certains endroits,
des fibres élastiques et quelques fibres lisses, reli¬
quats des tissus qui constituaient la paroi artérielle
normale, mais ce ne sont là que des débris perdus
dans un tissu de nouvelle formation.
Celui-ci présente tous les caractères du tissu
scléro-gommeux : charpente fibreuse composée
de tissu collagène, pauvre eii fibres élastiques, et
riche, par contre, en vaisseaux de toutes sortes
représentés soit par des capillaires à parois épais¬
sies, soit par de petites artères ou des veinules
atteintes, les Unes et le3 autres, de lésions scléro¬
santes.
Autour de ces vaisseaux, dumoins lespluspetits,
existent des amas de lymphocytes et de plasma-
zellen et, dans le Voisinage, des zones plus ou moins
étendues de nécrose où l’on ne yoit plus aucun
élément cellulaire reconnaissable.
Enfin, par une technique particulière, M. Ma¬
nouélian a pu démontrer la présence dans ce tissu
gommeux de nombreux tréponèmes pâles qui se
retrouvent presque exclusivement dans les Zones
de tissu nécrosé.
Si la nature syphilitique de l’anévrysme aortique
est donc démontrée d’une manière irréfutable, ces
recherches, eh outre, nous apprennent que l’ané¬
vrysme est une véritable gomme développée dans
la paroi du vaisseau.
Lorsque la maladie est arrivée à un certain degré
de son évolution, c’est donc le tissu scléro-gommeux
qui constitue la paroi propre de la poche anévrys¬
male, celle-ci tapissée par une couche plus ou
moins épaisse de caillots.
Ces notions anatomiques ne nous expliquent-
elles pas, d’une façon lumineuse, l’évolution de
l’anévrysme aortique? Oncomprendaisémentpour-
quoi celui-ci se comporte comme Une véritable
tumeur, envahit et détruit les tissus voisins et ne
se contente pas de les comprimer, comme le ferait
une simple distension vasculaire. Il suffit égale¬
ment de se rappeler quelle difficulté l’on rencontre
habituellement pour disséquer, à l'autopsie, un e
i6
PARIS MEDICAL
poche anévrysmale, celle-ci adhérant intimement
aux organes voisins qu’elle a, pour ainsi dire,
envahis. En se souvenant que la poche et les pro¬
longements qu’elle envoie à son pourtour sont cons¬
titués, non pas par du tissu .inflammatoire, mais
par un véritable tissu néoplasique, syphilomateux,
ces notions anatomiques jettent sur la clinique une
grande clarté.
Si l’anévrysme est une lésion syphilitique, il
faut le traiter comme toute lésion de ce genre doit
l’être, mais il ne faut pas oublier que le tissu qui
le constitue est un tissu gommeux, et que ce tissu,
dans l’immense majorité des cas, constitue seul
la paroi de la poche ; c’est la seule défense de
l’organisme contre une rupture de la paroi.
De cette notion résulte ce premier principe,
c’est que l’on ferait courir un grand danger à
un malade atteint d’anévrysme aortique, si on
le soumettait à un traitement intensif, suscep¬
tible de déterminer de rapides modifications du
tissu scléro-gommeux. Il y a là un péril qu’il
faut signaler.
Faut-il s’abstenir de tout traitement spéci¬
fique ? ce serait, d’un autre côté, sans essayer
la moindre lutte, laisser la maladie évoluer vers
une issue fatale plus ou moins rapide. Ce serait
aussi se priver d’un moyen d’action très efficace
contre l’élément douleur qui joue parfois un rôle si
important dansl’histoire de l’anévrysme de l’aorte.
En effet, pour notre part, nous avons vu, à de
nombreuses reprises, de violentes douleurs sous la
forme soit de névralgies intercostales, soit de
névralgies lombo-abdominales, être rapidement
calmées sous l’influence d’un traitement antisy¬
philitique.
D’action des médicaments, en favorisant la
résorption d’adhérences enserrant des filets ner¬
veux de voisinage, adhérences constituées, comme
nous l’avous dit; par une véritable néoplasie syphi¬
litique, explique suffisamment les résultats obte¬
nus.
Nous pensons, en conséquence, qu’il n’y a pas
de raisons suffisantes pour renoncer à l’emploi
d’un traitement spécifique, mais que ce traitement
doit être fait avec beaucoup de prudence.
Il faut, tout d’abord, étudier avec soin la poche
anévrysmale sous l’écran radioscopique, en mesu¬
rer les dimensions, les noter sur un orthodiagramme,
puis en étudier les contours et l’expansibilité.
. Ces données précisées, il faudra tout d’abord
recourir à la méthode que préconisaient Dance-
reaux et Paulesco, c’est-à-dire à une série d’injec¬
tions de sérum gélatiné à 2 à 3 p. 100, qui se pro¬
posent comme but de favoriser la coagulation
3 Juillet IÇ20.
du sang dans la poche, c’est-à-dire de contribuer à
la constitution d’un véritable mur de protection.
Dans la plupart des cas, ces injections pratiquées
à la dose de' 50 à 100 centimètres cubes sont bien
supportées.
Il est incontestablement difficile de préciser dans
quelle mesure cette pratique favorise la formation
des caillots, mais il nous a paru cependant, en
étudiant sous l’écran radioscopique le contour de
la poche et sou expansibilité, que certains résultats
favorables pouvaient être obtenus : l’expansibi¬
lité est moindre et les contours de l’image devien¬
nent souvent moins nets, plus pâles, différences
qui pourraient s’expliquer par la précipitation de
la fibrine sur la paroi.
En même temps que ce traitement, on aura
recours à un traitement spécifique, soit mercuriel,
soit mercurio-arsenical : nous avons l’habitude
d’utiliser surtout des injections intraveineuses de
cyanure de mercure à la dose de os r ,oi en injections
répétées tous les deux jours ; en même temps,
une fois par semaine nous utilisons en injections
intraveineuses une petite dose (os r ,io) de novar-
sénobenzol. Nous pratiquons ainsi un traitement
de six semaines environ comportant 20 injections
de cyanure de mercure et 6 injections de novar-
sénobenzol, traitement durant lequel on peut
pratiquer, chaque semaine, une injection de sé¬
rum gélatiné.
Si, pour une raison quelconque, le traitement
par le novarsénobenzol ne pouvait être réalisé, on
ferait suivre le traitement mercuriel d’une série
d’injections d’hectine.
Lorsqu'on a pu étâblir un diagnostic d’anévrysme
aortique à une période qui n’est pas trop éloignée
encore du début, lorsqu’il ne s’agit point d’une de
ces volumineuses tumeurs ayant tout détruit
devant elle et faisant une volumineuse saillie sous
la peau, on peut espérer arrêter la maladie dans
son évolution. Ce qui nous a paru évident dans
plusieurs cas, c’est que les douleurs disparaissent,
que la tumeur n’augmente point de volume et
devient moins expansible.
Il n’est pas besoin d’ajouter qu’il faudra être
toujours parfaitement renseigné par l’étude radio¬
scopique, par la recherchede la réaction de Wasser¬
mann et que, suivant les cas, il y aura lieu de
faire desséries plus ou moins nombreuses de trai¬
tement spécifique.
O.JOSUÉ. — LA DIGITALE DANS LES CARDIOPATHIES 17
LES RESSOURCES THÉRAPEUTIQUES
DE LA DIGITALE DANS LES
CARDIOPATHIES
le D' O. JOSUÉ,
Médecin de l’b&pital de la Pillé.
La digitale est souvent prescrite avec crainte.
Les hésitations et les incertitudes des médecins
trouvent leur origine dans les publications co¬
pieuses d’auteurs timorés qui ne cessent de les
mettre en garde contre des accidents toxiques et
contre des modifications du rythme cardiaque qui
sont parfois au contraire l'indice d’une action
thérapeutique énergique.
Nombre d’échecs ne reconnaissent pas d’autre
cause que l’insuffisance des doses. On n’a pas osé
faire prendre au malade les quantités nécessaires
pour obtenir ces sortes de résurrections cardiaques
que donne la digitale. Dans d’autres cas on n’a
pas continué la médication assez longtemps pour
maintenir un cœur défaillant et conserver en
quelque sorte l’énergie latente que J. Mackenzie
appelle la « force résiduelle s> du cœur.
Si le médecin cesse le traitement d’une façon
prématurée, c’est en général parce qu’il redoute
des accidents toxiques par accumulation. Il est
classique d’insister sur la propriété que possède
la digitale de s’accumuler dans l’organisme. Certes
il est exact que l'action du médicament se pro¬
longe pendant un certain temps. Il faut évidem¬
ment tenir compte de cette particularité et tou¬
jours se rappeler l’action cumulative de doses
successives. Ce phénomène est réel. Loin d’être
un défaut, il représente d’ailleurs, comme le fai¬
sait à juste titre remarquer Huchard, une des
qualités essentielles de la digitale, puisqu’il per¬
met à l’action toni-cardiaque de persister un
certain temps.
Cependant il faudrait se garder de tirer de ce fait
des conclusions pratiques erronées par exagé¬
ration. L’activité de la digitale persiste assez
longtemps, mais elle disparaît néanmoins au
bout d’un certain temps. Non seulement il n’y
a pas lieu de craindre de continuer le traitement
chez certains malades, mais il est parfois néces¬
saire de le prolonger pour maintenir l'énergie
cardiaque.
L’idée que la digitale ne s’élimine pas et s’accu¬
mule est à tel point admise que l’on considère
surtout la quantité globale de digitaline donnée
au malade. C’est ainsi que j’entends souvent dire
qu’un sujet a pris L gouttesde digitaline en tant de
jours. On semble attacher plus d’importance à la
quantité totale du'médicament qu’à la façon dont
celle-ci a'été répartie. En réalité, il est au contraire
essentiel^de savoir combien le malade a pris de
digitaline par jour. Un exemple fera bien saisir
notre pensée. Autre chose est de prescrire L gouttes
de digitaline en une fois, ou cinq jours X gouttes,
ou dix jours V gouttes, et pourtant dans tous ces
cas la quantité globale est la même. La quantité
prise par jour et la répartition diffère seule. Cette
dernière notion est la plus importante. En effet,
si la digitale s’accumule dans une certaine mesure,
l’élimination, bien qu’assez lente, s’accomplit ce¬
pendant. Il y a donc lieu de considérer les doses
quotidiennes plutôt que la dose globale ingérée.
■"JLa posologie de la digitale est d’ailleurs délicate;
La digitale représente à coup sûr un médicament
d’une efficacité merveilleuse, à condition de la
manier d’une main experte, de n’en prescrire ni
trop peu, ni trop, pendant assez longtemps, mais
pas trop.
Pourjatteindre à cette précision, il est néces¬
saire d’avoir à sa disposition un médicament tou¬
jours identique à lui-même. C’est pourquoi il est.
préférable de faire usage de la digitaline cristal¬
lisée (1), substance définie dont l’efficacité e3t
toujours la même, contrairement aux prépara¬
tions de feuilles de digitale dont la teneur en
substances actives varie dans de larges mesures.
La digitaline présente de plus un autre avantage.
Elle est nettement moins toxique avec une effi¬
cacité en général supérieure à celle des prépa¬
rations de feuilles. Elle détermine notamment
bien moins souvent des troubles gastro-intes¬
tinaux. La digitaline se prescrit par gouttes de
la solution au millième dans un peu d’eau ;
L gouttes contiennent un milligramme de digi¬
taline. On peut aussi donner des granules d’un
quart de milligramme ou d’un dixième de milli¬
gramme.
* *
Nous avons signalé la crainte exagérée des acci¬
dents toxiques qui empêche souvent de donner le
médicament à dose suffisante. En réalité, l’admi¬
nistration de la digitale peut déterminer deux
ordres de modifications. Les unes, pour être
toxiques par leur pathogénie, sont cependant
intimement liées à l'action thérapeutique du
médicament. Elles indiquent que la digitale agit
et ne sont pas toujours une contre-indication à sa
continuation. Elles signifient seulement qu’il faut
surveiller le malade et procéder avec prudence.
Les autres troubles représentent au contraire de
véritables accidents toxiques,
ses
(1) Nnus]fttisons t usage de la digitaline cristallisée N'aliveUe.
18 PARIS MEDICAL 3 Juillet 1920
Dans la première catégorie entrent les modifi¬
cations du rythme cardiaque. Ou ne se rend pas
toujours un compte exact de la valeur de ces
niodifications. Souvent le médecin s’en pré¬
occupe d’une façon exagérée, croyant voir une
manifestation dangereuse dans ce qui n’est que
le résultat d’une action thérapeutique énergique.
Da digitale ralentit le rythme des contractions
cardiaques en même temps qu’elle les- renforce.
Cette action est favorable et bienfaisante. D’accé¬
lération considérable du cœur dans l’asystolie
gêne beaucoup la circulation du sang. Des cavités
cardiaques n’ont pas le temps de se remplir
pendant les diastoles trop courtes et les contrac¬
tions rapides des ventricules sont par suite
inefficaces. Un des premiers effets heureux de la
digitale est d'espacer les systoles, d’allonger la
diastole pendant laquelle le sang s’écoule dans le
cœur et de permettre aux ventricules qui se con¬
tractent avec plus d’énergie, de lancer avec
efficacitéjles ondes sanguines plus copieuses.
[Aussi voit-on souvent apparaître de la brady¬
cardie. Des contractions cardiaques tombent à 60,
50 et même moins, à la minute. Des doses qui
déterminent la bradycardie sont d’ailleurs va¬
riables suivant les cas. Tantôt on voit survenir une
bradycardie marquée pour des doses faibles de
digitaline. Tantôt on observe seulement un léger
ralentissement pour des doses relativement fortes.
Da bradycardie digitalique indique uniquement,
comme l’a fait remarquer Dian, l’imprégnation de
l’organisme par la digitaline. Elle n’est pas autre¬
ment redoutable. Da crainte de la voir survenir
ne doit en aucune façon empêcher de donner la
digitaline à doses suffisantes. Cependant, quand
le pouls tombe à moins de 60 à la minute, une
surveillance étroite s’impose. Il est prudent de
diminuer la digitaline, de façon à ce que le nombre
des contractions ne s’abaisse pas au-dessous de 55 à
la minute. I’ar conséquent, une bradycardie même
notable ne doit pas faire priver le malade du bé¬
néfice du traitement, qui peut être continué, si
nécessaire, mais avec modération
On observe aussi, sous l’influence de la digitale,
du bigéminisme cardiaque ou rythme couplé,
caractérisé par l’apparition d’une extrasystole
suivie d’un repos compensateur après chaque con¬
traction cardiaque. Par suite, on constate à l’aus¬
cultation du cœur des groupes de deux révolutions
cardiaques rapprochées, suivis d’un intervalle, et
au pouls’des groupes de deux pulsations. Il arrive
aussi que la deuxième contraction cardiaque du
groupe soit trop faible pour lancer l’onde san¬
guine jusqu’à l’artère radiale. De pouls ést alors
très ralenti ; 'on~ne perçoit qu’une pulsation pour
deux contractions cardiaques; il y a de la brady¬
sphygmie
On a prétendu que le rythme couplé se produit
toujours alors qu’il y a déjà de la bradycardie. Il
en est ainsi dans la majorité des cas. Cependant
il n’est pas exceptionnel de constater le rythme
couplé sans ralentissement notable du cœur.
De rythme bigéminé est l’indice d’une impré¬
gnation marquée par la digitale. On considère
généralement cette modification du rythme
comme un incident sérieux et redoutable. Cette
appréciation est certainement exagérée. Il n’y
pas lieu de redouter l’apparition de ce trouble du
rythme. Dans les cas où un traitement éner¬
gique est nécessaire, on peut continuer l’adminis¬
tration de la digitaline jusqu’à l’apparition du
rythme couplé ; c’est également l’opinion de
J. Mackenzie qui ne craint pas de donner de fortes
dcses de digitale. - Cependant, à partir de ce mo¬
ment, il faudra, si possible, cesser la médication et,
si l’on est obligé de la continuer, ne le faire qu’à
petites doses et avec la plus grande prudence.
Da digitaline peut encore déterminer d’autres
modifications du rythme. C'est ainsi que l’on
constate quelquefois, à l’aide de la méthode gra¬
phique et de l’électrocardiographie, une disso¬
ciation auriculo-ventriculaire incomplète et rare¬
ment la dissociation complète (Josué et God-
lewski). Enfin la digitaline peut déterminer de
l’arythmie complète passagère. Nous étudierons
plus loin l’action du traitement digitalique chez
les malades présentant de l’arythmie complète.
Nous n’insistons pas sur ces derniers troubles,
dissociation auriculo-ventriculaire et arythmie
complète, parce que leur apparition ne comporte
aucune indication thérapeutique particulière.
Nous arrivons maintenant au deuxième groupe
de troubles digitaliques. Ce sont à proprement
parler des accidents toxiques qui empêchent la
continuation du traitement. Des uns sont bénins,
les autres sont au contraire très graves. Des acci-
accidents bénins sont des troubles gastro-intes¬
tinaux. Certains malades ne supportent pas la
digitale. Us sont pris de vomissements après l’in¬
gestion du médicament ; certains sujets présen-
sentent une susceptibilité marquée à l’égard de la
digitale. De traitementdevientparfois impossible,
l’intolérance gastrique pouvant se manifester
même à l’occasion de petites doses.
On peut observer un délire en général léger
avec un peu d’obnubilation et quelques halluci¬
nations. C’est un accident déjà plus sérieux qui ne
se montre qu'après un traitement prolongé, sou¬
vent alors que le pouls est déjà ralenti ou bigé¬
miné, Il faut cesser l’administration de la digitale,
O.JOSUÉ. — LA DIGITALE DANS LES CARDIOPATHIES
et les troubles nerveux ne tardent pas à dispa¬
raître. Cet accident est rare et ne survient, en
général, qu’après des doses considérables.
Enfin, à titre tout à fait exceptionnel, et chez
des malades qui ont continué longtemps des doses
que le médecin n’avait prescrites que pour peu de
jours, on peut voir des phénomènes d’intoxi¬
cation suraiguë: troubles gastro-intestinaux avec
vomissements et diarrhée, douleurs gastriques
violentes, refroidissement des extrémités, taclii-
cardie intense, dyspnée, lipothymies et syncopes.
I,e malade livide, couvert de sueurs, succombe
parfois rapidement. Dans d’autres cas, les phéno¬
mènes s’amendent sous l’influence des injections
d’huile camphrée, des applications de boules
d’eau chaude, et naturellement après suppression
de la digitaline.
On n’oubliera pas enfin qu’une syncope mor¬
telle est toujours possible chez un sujet atteint
d’une maladie du cœur par le fait même de la car¬
diopathie, sans que l’intervention thérapeutique
puisse être incriminée. Cet' accident est particu¬
lièrement à redouter dans les cardiopathies graves#
chez les asystoliques, les cardiaques en arythmie
complète, etc. Il ne faudrait -pas, en pareil cas,
attribuer au traitement par la digitale ce qui revient
à la maladie.
Huchard insiste sur l’action différente de la
digitaline suivant la manière de la prescrire.
« Dans un médicament, écrit-il, il y a plusieurs
médicaments. » D’où la notion encore classique
des trois doses de digitaline.
La quantité globale restant toujours d’un milli¬
gramme, on peut la donner de trois façons diffé¬
rentes, suivant les cas.
Contre l’asystolie, Hucliard conseille la dose
massive d’un milligramme, L gouttes de la solu¬
tion au millième en un jour ; contre l’éréthisme
cardiaque, dans l’endocardite, les doses séda¬
tives, un milligramme en quatre à cinq jours,
c’est-à-dire X à XII gouttes par jour ; enfin les
doses cardio-toniques, un milligramme en dix à
douze jours, c’est-à-dire IV à V gouttes par jour.
En donnant la dose massive en une fois, Hu¬
chard cherche à exercer une action immédiate sur
le cœur ; il compte de plus sur la lenteur de l’élimi¬
nation pour que le médicament continue d’agir
pendant plusieurs jours. Mais on remarquera que
la dose administrée d’emblée est trop considé¬
rable ; elle est supérieure à celle qui est nécessaire
pour agir énergiquement ; elle présente de plus le
19
grave inconvénient d’interdire de nouvelles prises
les jours suivants, même si l’action cardio-tonique
et la diurèse tardaient à se manifester. Enfin l’éli¬
mination du médicament ne se fait pas toujours
exactement de la même façon, par conséquent
on 11e peut pas être absolument certain de la durée
de son action.
Il est de beaucoup préférable de faire prendre
au malade tous les jours la quantité de digitaline
nécessaire. Cette méthode est plus sûre et plus
rationnelle que celle qui consiste à faire ingérer
en une fois une dose trop forte et à compter
sur la lenteur de l’élimination pour répartir le
surplus.
Les doses de X à XII gouttes de la solution de
digitaline au millième pendant quatre ou cinq
jours agissent utilement dans certains cas d’in¬
suffisance cardiaque légère ; mais nous n’avons
pas constaté l’action sédative que leur attribuait
Huchard.
Les doses d’entretien cardio-tonique de IV
à V gouttes pendant dix à douze jours fournissent
le moyen de maintenir l’énergie cardiaque chez
des sujets dont le cœur n’est pas tout à fait en
compensation parfaite.
Mais, en somme, cette manière d’enserrer la
médication digitalique dans trois formules est
trop étroite. La limitation à la dose globale d’un
milligramme est arbitraire, elle empêche de
mettre en œuvre toute l’action thérapeutique du
médicament.
La digitaline est indiquée quand le cœur est
défaillant. C’est la notion qui domine l’appli¬
cation de la médication digitalique. Mais que de
modalités, de variétés, de nuances dans l’asthénie
du cœur I Aussi n’allons-nous pas envisager le
traitement digitalique comme une sorte d’entité,
nous l’étudierons dans la réalité concrète, comme
il faut l’appliquer au cardiaque. Nous passerons
en revue les grandes questions de clinique théra¬
peutique, en nous tenant strictement au point de
vue pratique.
Tout d’abord une question se pose : peut-on
appliquer le traitement digitalique dans toutes
les variétés d’affections cardiaques? On sait que
trop souvent les médecins n’osent pas donner de
digitale aux malades atteints d’une affection
aortique. Cette opinion prédomine encore malgré
l’avis qu’avaient déjà formulé Potain et Huchard.
Il faut savoir qu’une seule considération doit
compter : le malade présente-t-il un cœur défail-
20
PARIS MÉDICAL
lant? S’il existe de l’insuffisance cardiaque, le
malade est justiciable du traitement par la digitale,
quelle que soit la lésion initiale. La digitale est
essentiellement le remède de la défaillance car¬
diaque ; par conséquent, la présence d’une alté¬
ration aortique, d'une insuffisance aortique par
exemple, ne constitue nullement une contre-indi¬
cation au traitement par la digitale.
Si nous considérons là carrière d’un cardiaque,
par exemple d’un malade atteint .d’une affection
mitrale, il existe d’abord une période où la com¬
pensation est parfaite. Cette période se prolonge
longtemps dans certains cas, parfois même indé¬
finiment, la lésion valvulaire donnant lieu
uniquement à des signes d’auscultation sans pro¬
voquer aucun trouble fonctionnel.
Mais le plus souvent, on voit survenir d'une
façon plus ou moins précoce quelques troubles
fonctionnels: légère dyspnée d’effort, quelques
extrasystoles. A ce moment, sans qu’il y ait à
proprement parler de décompensation, il est déjà
utile d'aider le cœur avec la digitale. On prescrira
tous les mois, pendant huit à dix jours,V gouttes
de digitaline en une fois dans un peu d’eau, ou un
granule d’un dixième de milligramme. Le malade
fera trois ou quatre périodes ; puis, si le sujet se
trouve mieux, on pourra interrompre la médica¬
tion, pour la reprendre ensuite.
Si la maladie évolue, on voit se préciser les
signes de défaillance cardiaque : dyspnée d’effort
plus marquée, crises de dyspnée nocturne, léger
œdème vespéral des cous-de-pied, palpitations,
extrasystoles, et ensuite arythmie complète avec
fibrillation auriculaire. A ce moment, la décompen¬
sation devient plus nette. Il s’agit, par un traite¬
ment approprié, de soutenir l'énergie du cœur
et de retarder l’échéance asystolique. La quantité
de digitaline prescrite sera déjà plus grande et la
durée du traitement plus longue. Dans le mois, le
sujet prendra de la digitaline pendant dix jours ;
suivant le cas, VII ou VIII ou même X gouttes
pendant les cinq premiers jours, et pendant les
cinq jours suivants V gouttes de la solution de
digitaline au millième. Quand les accidents Bont
plus marqués et si la tendance à l'asystolie devient
plus nette, il faudra imposer en même temps tous
les mois plusieurs jours de repos au lit, puis
sur une chaise longue; faire prendre un purgatif
drastique (teinture de jalap composée et sirop de
nerprun, io grammes de chaque avant de com¬
mencer la digitaline, mettre le malade au régime
lacté absolu et peu abondant (i litre et demi par
jour) pendant deux ou trois jours, puis au régime
lacto-végétarien pendant quatre à huit jours.
3 Juillet IQ20.
Grâce à ce traitement, on arrivera à maintenir,
dans une mesure variable suivant les cas, l'énergie
cardiaque et à permettre au malade une vie relati¬
vement active pendant les périodes intercalaires.
La sévérité du régime, la quantité quotidienne de
digitaline à prescrire pendant les périodes de trai¬
tement mensuel, véritables périodes de récupé¬
ration cardiaque, varieront d’ailleurs suivant
l’atteinte plus ou moins profonde de l’énergie du
muscle cardiaque, suivant aussi la situation
sociale du malade et ses occupations, facteurs que
le médecin appréciera à leur juste valeur.
Prenons maintenant un malade en pleine crise
d’asystolie aiguë. La digitaline est le remède
souverain, mais à condition d'être prescrite sui¬
vant certaines règles.
Il faut d’abord préparer le malade. On lui
prescrira un purgatif drastique : teinture de
jalap composée et sirop de nerprun, de chaque
io grammes (il n’est pas nécessaire de donner
une purgation plus énergique) ; souvent il sera
utile depratiquerune saignée de300 à400grammes.
S’il existe un grand épanchement pleural, on
commencera par l’évacuer ; de même si l’on cons¬
tate une ascite abondante. Le malade est mis
au régime lacté restreint : un litre et demi de
lait ; une partie du lait peut être remplacée
par du képhir n° 2. Parfois il est utile de mettre
le malade, le premier jour, àl’eaulactosée: un litre
d’eau avec 150 grammes de lactose dont une
partierestera en suspension, à prendre par quarts de
verre ou demi-verres dans les vingt-quatre heures.
Quand la potion purgative aura agi, on donnera
la digitaline au malade. Il prendra XXV ou
XXX et même XXXV gouttes de la solution de
digitaline au millième, en une fois, dans un peu
d’eau, pendant trois ou même quatre jours, puis
XX ou XV gouttes pendant deux, trois ou quatre
jours, puis X gouttes pendant trois, quatre jours
ou plus, puis V gouttes si nécessaire. Pendant
toute la période oüf le malade prend de fortes doses
de digitale, supérieures à X gouttes, il est très
important qu’il reste au régime lacté absolu et
qu’il 11e commette aucun écart de régime.
Généralement, dès le deuxième ou le troisième
jour, la diurèse libératrice survient. Elle constitue
un indice de premier ordre de l’activité de la médi¬
cation. En même temps le pouls, qui était très
rapide, se ralentit. Les signes de congestion hépa¬
tique et pulmonaire, la dyspnée s’amendent; les
O.JOSUÉ. — LA DIGITALE DANS LES CARDIOPATHIES
œdèmes, les épanchements se résorbent. Dans
certains cas, l’amélioration est très rapide et l’on
voit parfois les accidents asystoliques disparaître
dès le quatrième ou le cinquième jour. Il est inutile,
en pareil cas, de continuer aussi longtemps la digi¬
taline à forte dose et l’on pourra tomber immé¬
diatement à X gouttes pour continuer cette dose
pendant quelques jours.
Il est souvent utile, quand on sera arrivé à
XV gouttes, de faire prendre en même temps
i gr ,5o à 2 grammes de théobromine par jour, en
trois ou quatre fois. En procédant de la sorte, on
arrive souvent à augmenter et à prolonger la
polyurie libératrice.
Ee malade est maintenu au régime lacté absolu
jusqu’à ce qu’il arrive à X gouttes. A ce moment
on ajoute au régime lacté quelques cuillerées à
soupe de purée de pommes de terre sans sel. Par¬
fois, quand la faim est trop impérieuse, ce qui se
voit surtout dans les cas où la polyurie a été très
abondante, on pourra donner un peu de purée en
plus du lait quand le malade prend encore
XV gouttes, mais il faudra agir avec la plus grande
prudence.
On aura soin, pendant tout le traitement, de
suivre le malade de près et de prendre régulière¬
ment le pouls. On ne se laissera pas impressionner
par le ralentissement du pouls ; celui-ci peut
tomber à 60, à 55 pulsations à la minute et l’on
pourra continuer le traitement en modérant ce¬
pendant la quantité de digitaline, dans les cas où
les phénomènes asystoliques n’auraient pas dis¬
paru. Cependant, si le ralentissement tendait à
s’exagérer encore, il faudrait suspendre le traite-
tement. Si l'on constate un pouls bigéminé, il est
indiqué de suspendre le traitement, à moins que
les troubles asystoliques ne nécessitent la conti¬
nuation de la digitaline ; il y aura lieu, en tout
cas, de diminuer dans une large mesure la digi¬
taline et d’adjoindre immédiatement la théobro¬
mine à la dose de i« r ,5° à 2 grammes par jour si
la diurèse n'a pas été suffisante ; on parviendra
ainsi à maintenir la diurèse malgré la réduction
de la digitaline.
Une fois la crise d’asystolie terminée, il faudra
s’appliquer à maintenir l’énergie cardiaque récu¬
pérée et à éviter le retour des accidents. En pareil
cas encore, on aura recours à la digitaline. Comme
nous l’avons montré plus haut pour la période
de décompensation et d’imminence d’asystolie,
on fera prendre tous les mois, pendant un temps
plus ou moins long, V à X gouttes de digitaline,
avec, si nécessaire, adjonction de repos et de régime.
Mais il est des cas où ce traitement ne suffit pas.
J’ai observé quelques malades chez lesquels la
digitaline est devenue un adjuvant indispensable
de la contraction cardiaque. Après une série
d’essais, on est amené à leur faire prendre de la
digitaline en petite quantité (un granule d’un
dixième de milligramme, ou V gouttes de la solu¬
tion au millième) ou en quantité déjà notable
(deux dixièmes de milligramme, ou X gouttes)
d’une façon continue, avec de petites périodes
d’interruption, ou même sans aucune interruption.
J’ai dans mon service une malade qui y était entrée
fin décembre 1913 en pleine crise d’asystolie
semblant irréductible. Elle était dans un état
tout à fait précaire et paraissait sur le point de
succomber, Ea guérison a été cependant obtenue
grâce à un traitement digitalique énergique.
Depuis le milieu de 1915, nous avons été obligé de
la maintenir à V gouttes jusqu’à il y a deux ans,
puis de porter la dose à X gouttes. Chaque fois
qu’on a essayé de diminuer ou à plus forte raison
de supprimer la digitaline, elle est retombée eu
asystolie. De temps en temps, malgré le traite¬
ment digitalique continu, elle présente des retours
d’insuffisance cardiaque que l’on fait disparaître
en portant pendant quelques jours la dose à
XX gouttes avec purgation drastique et régime
sévère. Puis, l’incident terminé, la malade revient
à sa dose habituelle de digitaline en même temps
qu’elle reprend sa vie ; elle se lève un peu et aide
même au nettoyage de la salle. Certainement cette
malade aurait succombé depuis longtemps sans
la digitaline qui soutient son cœur. Il est bien
évident aussi que, chez cette malade du moins, la
digitaline ne s’accumule guère. Certes le cas de
cette malade est tout à fait exceptionnel, mais
il est cependant d’un grand intérêt pratique. Il
montre qu’il faut scruter en quelque sorte la tolé¬
rance de chaque malade à l’égard de la digitaline
et qu’il ne suffit pas d’invoquer la notion com¬
mode et inexacte d’une dose globale uniforme.
Il est des cas où l’asystolie semble irréductible
et où le traitement digitalique paraît impuissant
à déterminer la régression des accidents.
Plusieurs catégories de faits sont à considérer.
A côté des malades chez lesquels la digitale se
montre réellement impuissante, il en est d’autres
chez lesquels la médication est sans action, soit
parce qu’il existe un obstacle périphérique qu’il
est possible de lever, soit parce que la digitale
n’a pas été prescrite à dose suffisante.
C’est- ainsi qu’un épanchement pleural ou une
22
PARIS MÉDICAL
ascite abondante, des œdèmes très marqués,
une congestion hépatique intense constituent
parfois des obstacles à l’activité de la digitale.
Il suffit d’évacuer les épanchements par la ponc¬
tion, les œdèmes par des mouchetures, de di¬
minuer la congestion du foie par des prises de
calomel à doses réfractées (3 centigrammes,
trois ou quatre fois par jour pendant trois à
cinq jours), pour que la digitaline, prescrite ensuite,
se montre efficace.
Parfois 011 ne trouve rien de pareil. Cependant
on apprend que le sujet n’a eu que des doses
insuffisantes et parfois minimes de digitale. En
tout cas il n’a jamais subi de traitement éner¬
gique. Il suffit quelquefois, pour obtenir la ré¬
gression des manifestations asystoliques, de pres¬
crire un traitement moyennement énergique :
deux ou trois jours XXV gouttes, puis deux ou
trois jours XX gouttes, puis XV gouttes pendant
quelques jours, puis X et enfin V gouttes de la
solution de digitaline au millième, avec en plus
I er ,50 de théobromine à partir du moment où le
malade prend XV gouttes. On aura eu soin de
préparer le malade par un drastique (teinture de
jalap composée et sirop de nerprun) et une saignée
de 300 à 350 grammes, et de" mettre le sujet au
régime de l’eau lactosée, puis’du lait. Sous
l’influence du traitement bien conduit, on verra
parfois s’établir la polyurie libératrice, en même
temps que le cœur récupère son activité, et que
les œdèmes et les congestions diminuent.
Mais parfois aussi l’asystolie semble plus rebelle.
Elle dure depuis un certain temps. Des traite¬
ments que l’on croyait très énergiques ont été
tentés en vain. On peut encore obtenir chez de
tels malades des succès inespérés en prescrivant
la digitaline à des doses beaucoup plus élevées et
continuées plus longtemps. Parfois on voit appa¬
raître le résultat désiré en donnant, après prépa¬
ration préalable du malade, trois ou quatre jours
XXX gouttes ou même un ou deux jours XXXV,
puis un ou deux jours XXX gouttes, puis XXV
gouttes pendant deux ou trois jours,puis XX, puis
XV, puis X gouttes, avec addition de 1^,50 à
2 grammes de théobromine à partir du moment
où l’on sera dsecendu à XV gouttes, il n’est pas
rare de réduire, en procédant ainsi, des asystolies
qui semblaient définitives. Il va de soi qu'il faut
redoubler d’attention et suivre le malade de très
près quand on fait usage de ces fortes doses. On ne
craindra pas, en pareil cas, de voir se produire un
ralentissement marqué des contractions cardiaques
et un pouls bigéminé. Il est indiqué de pousser le
traitement assez loin, surtout si l'on est encouragé
3 Juillet IQ20.
par l’apparition de la diurèse libératrice'et par les
premiers indices de la diminution des œdèmes et
de l’amélioration des troubles fonctionnels.
Enfin il reste encore des cas d’asystolie, mais
ils sont rares, où, malgré le traitement énergique,
l'asystolie persiste irréductible. Peu de chances
de guérison subsistent en pareil cas. Ou pourra
mettre en œuvre l’action d’autres toni-cardiaques.
Par exemple, après cessation de la digitale pen¬
dant un certain temps, ou essaiera l’ouabaïne.
Mais souvent, malgré les tentatives thérapeu¬
tiques, le malade en pleine cachexie asystolique
finit par succomber après un temps plus ou moins
îong.
La digitale est particulièrement utile chez
les vieillards, dont elle permet souvent de pro¬
longer les jours. D’insuffisance cardiaque est
menaçante à un âge avancé. Elle est Souvent
latente. Nombre de vieillards souffrent de bron¬
chites interminables ou de troubles d’insuffi
sance rénale, ou seulement de fatigue générale,
qui en réalité sont atteints de défaillance
cardiaque. D’autres enfin supportent mal une
atteinte infectieuse même légère : angine, em¬
barras gastrique ; ou grave : pneumonie, bron¬
cho-pneumonie ; parce que le cœur dévient faci¬
lement insuffisant et a peine à fournir le travail
supplémentaire nécessité par la maladie générale.
Dans tous ces cas, la digitaline doiine d'excellents
résultats, démontrant par son action thérapeu¬
tique la part du cœur dans les troubles. Il suffit
de donner pendant six à dix jours X gouttes
par jour, en une fols, de la solution de digitaline
au millième pour voir guérir rapidement une
bronchite qui semblait interminable ou cesser la
fatigue ou l'affaissement que l’on craignait devoir
être définitifs, se rétablir la diurèse, disparaître
les phénomènes inquiétants au cours d’une
maladie infectieuse : la langue, de sèche, devient
humide, les urines sont abondantes ; l’état général
se relève.
Dans certains cas, 11 est bon de maintenir
l’énergie cardiaque en donnant de la digitaline
tous les mois (V gouttes de la solution aü mil¬
lième, huit à dix jours par mois, ou V, VII et
même X gouttes cinq jours,et les cinq jours sui¬
vants V gouttes). On évitera ainsi le retour des
accidents. On peut, grâce A cette médication, pro¬
longer pendant fort longtemps la vie de certains
vieillards dont le cœur est facilement défaillant.
D’arythmie complète qui s’observe fréquem-
Ô. JOSUÉ. — LA DIGITALE DANS LES CARDIOPATHIES 23
ment ail cours des cardiopathies ne contre-indique
en rien l’usage de la digitaline, qui exerce avec
avantage en pareil cas son action toni-cardiaque
et ralentissante ; bien plus, cette arythmie néces¬
site souvent le traitement digitalique, parce
qu’elle mène à l'insuffisance cardiaque.
V arythmie complète est caractérisée par ce
fait que les ventricules se contractent d’une
façon irrégulière ; le pouls est par suite tout à fait
irrégulier, les temps qui séparent les pulsations et
la force de celles-ci étant complètement inégaux,
lin même temjw que les ventricules se contractent
irrégulièrement, les oreillettes sont animées con¬
tinuellement d’un tremblement fibrillaire irré¬
gulier et inefficace.
Quand on donne de la digitaline à un sujet qui
présente de l’arythmie complète et qui est en
usystolie, ou constate que les ventricules se ralen¬
tissent comme chez les autres malades, en même
temps que les contractions deyiennent plus éner¬
giques. Les tracés et les électrocardiogrammes
montrent que la digitaline agit uniquement sur
les ventricules ; la fibrillation auriculaire per¬
siste.
L’action favorable de la digitaline s’exerce chez
les malades en arythmie complète comme chez
les autres sujets. Il convient d’ailleurs d’ajouter
que la plupart des asystoliques et que bon nombre
de malades qui sont en imminence d’asj-stolie pré¬
sentent de l'arythmie complète. La digitaline
sera prescrite de la même façon, qu’il y ait ou non
arythmie complète ; seul le degré d’insuffisance
cardiaque importe.
Cependant nous devons signaler que l’on
constate dans de rares cas la disparition de
l’arythmie complète avec fibrillation auriculaire,
sous l’influence du traitement par la digitaline.
La disparition de l’arythmie complète est parfois
définitive. Dans d’autres cas, l’arythmie, reparaît
après un temps plus ou moins long quand le
malade a cessé le traitement. La disparition
de l’arythmie complète représente une amélio¬
ra tionrimportante. Eu effet, l’arythmie complète
est toujours un phénomène grave et comporte
un pronostic-sérieux au cours des cardiopathies.
On peut enfin, mais très rarement, voir sur¬
venir l’arythmie complète sous l’influence de la
digitaline. Cette complication est tout h fait
exceptionnelle. I/arythmie complète est alors pas¬
sagère et disparaît quand oh cesse la digitaline.
La digitaline est indiquée dans la tachycardie
paroxystique ; elle peut faire cesser un accès, ou
prévenir l’apparition de nouveaux accès.
Au début de la crise de tachycardie paroxys-
. tique, il faut essayer d’arrêter l’accès en provo¬
quant des efforts de déglutition, par exemple en
faisant avaler une grosse boulette de mie de pain,
par la compression des pneumogastriques au cou,
par un vomitif. Si tous ces moyens ont échoué ou
si le début de la crise remonte à vingt-quatre
heures, il y a lieu de prescrire la digitaline à la
dose de XXX gouttes de la solution au millième
en une fois, dans un peu d’eau : en général, les
accidents ont disparu au bout d’un ou de deux
jours, et on cessera la médication, sinon il faudra
encore continuer XXV ou XX gouttes pendant
deux ou trois jours.
A titre préventif, Caruot a préconisé de donner
V gouttes de la solution au millième pendant
vingt à trente jours consécutifs. Cette méthode
est excellente ; elle m’a donné les meilleurs ré¬
sultats. Non seulement les crises ne se repro¬
duisent plus pendant la période où le malade
prend la digitaline, mais encore pendant un cer¬
tain temps après la cessation du traitement.
Enfin, dans certains cas, l’asystolie aiguë suit la
crise. Ou prescrira alors la digitaline comme dans
les autres cas d’asystolie.
Si la digitaline est le plus puissant des toni-car-
diaques, il y a cependant certaines circonstances
où elle ne semble exercer que peu ou pas d’action.
C’est ainsi que les troubles d’asthénie cardiaque
que l’on voit survenir aü cours des maladies infec¬
tieuses aiguës sont peu influencés par ce médi¬
cament ; il convient cependant de faire une excep¬
tion pour la pneumonie. On connaît l’effet bien¬
faisant de petites doses de digitaline (X gouttes
de la solution au millième) pendant les jours
qui précèdent la crise et au moment de la crise,
quand les fonctions cardiaques paraissent le plus
troublées. Enfin la digitaline prescrite de la même
manière rend de grands services dans la pneu¬
monie des vieillards.
Certaines formes d’asystolie représentent de
véritables crises de rhumatisme subaigu se loca¬
lisant sur le cœur. J’ai décrit ces formes d’asys¬
tolie qui s’accompagnent en général de fièvre
(asystolie fébrile) et j’ai montré que ces malades
ne réagissent pas à la digitaline seule ; ils doivent
être traités par le salicylatç de soude, seul ou
associé à la médication digitalique.
Sous le nom d’asystolie surrénale, j’ai décrit
une forme d’asystolie occasionnée par l’insuffi¬
sance relative des glandes surrénales incapables
de fournir l’excitant physiologique (adrénaline et
24
PARIS MEDICAL
corps analogues) nécessaire à un cœur très hyper¬
trophié. Ici encore la digitaline seule n’agit pas.
Il convient de prescrire l’adrénaline ou les extraits
surrénaux, seuls ou en même temps que la digi¬
taline.
Enfin il est un autre cas où le traitement par la
digitaline ne donne pas toujours des résultats
favorables, c’est dans le cœur gras des obèses. Il
faut, quand on soupçonne cette affection car¬
diaque, agir avec prudence et commencer par se
rendre compte de la susceptibilité du malade.
L’hypertension artérielle est trop souvent consi¬
dérée à-tort comme une contre-indication à l’admi¬
nistration de la digitaline. Cette opinion s'appuie
principalement sur des considérations théoriques
et expérimentales. On craint d’augmenter l’énergie
des contractions cardiaques et d’amener par ce
mécanisme une nouvelle ascension de la pres¬
sion. Expérimentalement, on a constaté que
l’injection de doses considérables et plusieurs
fois mortelles de digitaline détermine chez l’animal
une élévation de la pression artérielle. Il convient
de remarquer que les expérimentateurs ont opéré
dans des conditions trop différentes de celles de la
clinique pour que l’on soit en droit de tirer des
conclusions de leurs recherches.
Cependant on avait signalé que la digitaline
pouvait être employée chez des malades ayant
une pression élevée (Potain, Iluchard). J’ai
montré, avecM. Godlewski, que la digitaline, même
à forte dose, n’exerce pas d’action hypertensive,
aussi bien chez les sujets dont la pression était
normale, que chez ceux qui avaient une pression
élevée. La digitaline n’a une action sur la pression
artérielle que chez les sujets qui sont en état
d’insuffisance cardiaque. A ce point de vue, deux
éventualités sont possibles.
Dans certains cas, la tension artérielle était plus
élevée avant le fléchissement du cœur. Sous l’in¬
fluence de l’insuffisance cardiaque, la pression
maxima est tombée, la pression minima restant
au même point ou augmentant même légère¬
ment. Chez ces malades, la pression artérielle
maxima remonte à son niveau antérieur quand le
cœur reprend son énergie sous l’influence de la
digitaline. Nous avons souvent observé ce phéno¬
mène, qui a pu faire croire à une action hyperten¬
sive inexistante.
Dans d’autres cas, la pression artérielle, loin de
baisser pendant la crise d’asystolie, monte au con¬
traire au-dessus de son taux habituel. L’hyper¬
tension porte en général sur la pression maxima
3 Juillet IÇ20.
et'sur la minima. Ces asystolies hypertensives
(Portocalis), dont le mécanisme est encore obscur,
offrent un grand intérêt pratique. Au point de vue
thérapeutique, l'insuffisance cardiaque compte
seule. Ces malades doivent être traités par la
digitaline comme les autres asystoliques. Sous
l’influence du traitement, on voit disparaître les
troubles asystoliques ; la diurèse s’établit et la
pression artérielle s’abaisse pour revenir au taux
habituel.
La digitaline a donc tendance à ramener au
taux habituel la pression artérielle des sujets
asystoliques ; elle la fait remonter si la pression a
fléchi au cours de l’asystolie ; elle la fait baisser
si la pression a monté sous l'influence de l’asys-
tolie.
Il arrive enfin que des sujets ayant une pression
élevée présentent à un moment un certain degré
d’affaiblissement du cœur, sans tomber à propre¬
ment parler en asystolie. Ils se plaignent de
dyspnée un peu plus marquée, surtout au mo¬
ment de l’effort ; ou constate parfois un léger
œdème ; enfin la pression artérielle a baissé. En
pareil cas, l’abaissement de la pression maxima
avec conservation d’une pression minima élevée,
avec, par conséquent, diminution de la pression
différentielle, loin d’être considéré comme favo¬
rable, doit attirer l’attention sur la possibilité
d’un fléchissement cardiaque. On donnera de la
digitaline à ces malades; si l’asthénie cardiaque est
marquée, le traitement sera assez énergique :
XXV gouttes de la solution au millième pen¬
dant deux ou trois jours, puis XX ou XV gouttes
pendant quelques jours, puis X gouttes. Le trai¬
tement sera moins énergique si l’affaiblissement
du cœur est léger : XX gouttes un jour, puis
XV gouttes deux jours, puis X gouttes trois,
quatre ou cinq jours. Les doses et la durée du
traitement varieront suivant les cas.
En somme, quelle que soit la pression artérielle,
au point de vue de l’administration de la digita¬
line l'insuffisance cardiaque entre seule en ligne
de compte.
La préoccupation de l’état des reins retient
souvent aussi le médecin quand il doit prescrire
la digitaline à doses suffisantes et assez prolongées,
dans la crainte que l’imperméabilité rénale
augmente encore l’accumulation de la digitale et
favorise ainsi l’apparition de phénomènes d’intoxi¬
cation.
C’est là une erreur qui entraîne des conséquences
pratiques sérieuses, empêchant de mettre en
œuvre le traitement approprié
GALLAVARDIN et TIXIER.— LA METHODE AUSCULTATOIRE 25
J’ai montré avec M.M.Parturier que l’asystolie
est capable de déterminer des syndromes rénaux
en l’absence de toute lésion des reins. C’est ainsi
que l’on peut constater une azotémie inférieure à
1 gramme, de l’albuminurie, divers symptômes
appartenant soit à la rétention azotée, soit à la
rétention liydroclilorurée ; toutes ces manifes¬
tations étant la conséquence des troubles circu¬
latoires rénaux et de l’oligurie.
Ees troubles rénaux qui semblent parfois
occuper une place dominante dans le tableau cli¬
nique, s’amendent en même temps que les
symptômes cardiaques, quand ou donne la digi¬
taline en quantité suffisante et en suivant les
règles que nous avons exposées plus haut. En
même temps que le cœur se régularise, la diurèse
s’établit, la teneur du sang en urée revient à la
nonnale, l’albuminurie disparaît ainsi que les
autres manifestations d’apparence rénale. C’est
à ce moment seulement, quand le cœur a repris
son énergie sous l’influence de la digitaline, qu’on
pourra apprécier l’état des fonctions rénales à
l'aide des diverses méthodes d’exploration dont
nous disposons.
On ne manquera donc pas de donner la digi¬
taline à forte dose malgré la présence de troubles
rénaux. Il est possible, sans qu’on en puisse juger
pendant la période d’asystolie, que toutes les
manifestations soient sous la dépendance de
l’insuffisance cardiaque et que, tous les phéno¬
mènes rénaux disparaissent après le retour de
l’énergie du cœur.
Mais, en procédant ainsi, ne risque-t-on pas
d’exercer une influence nocive dans le cas où les
reins seraient lésés, ce que l’on 11e pourrait cons¬
tater qu’après a v ction de la digitaline? Bien au
contraire, en venant au secours du cœur défaillant
à l’aide de la digitaline, on améliore du même coup
l’élimination rénale, chez les sujets ayant les reins
lésés. Et par le fait, le malade se trouve très
soulagé par la médication digitalique, même
quand les méthodes d’exploration rénale dé¬
montrent, après la réduction de l’asystolie, la pré¬
sence d’altérations des reins.
C’est qu’en effet le cœur et les reins sont des
organes' intimement unis. Ees lésions rénales
nécessitent un effort plus considérable du cœur
pour maintenir la diurèse et le fléchissement du
cœur ne tarde pas à retentir sur le fonctionne¬
ment des reins malades.
Par suite aussi, certaines aggravations des mani¬
festations rénales au cours des néphrites sont en
réalité la conséquence du fléchissement cardiaque.
Non seulement on 11e doit pas craindre de donner
de la digitale en pareil cas, mais le traitement
digitalique amène une amélioration notable en
faisant disparaître toutes les manifestations ré¬
nales surajoutées, dues en réalité à l’insuffisance
cardiaque. Ees doses de digitale qu’il faut donner
à ces malades varient évidemment suivant le
degré du fléchissement cardiaque, mais il est
nécessaire qu’elles soient suffisantes. Il n’y a pas
lieu de redouter, en raison de la néphrite, l’appa¬
rition de phénomènes toxiques par accumulation
excessive de la digitaline.
LA MÉTHODE AUSCULTATOIRE
MOYEN D’ÉTUDE DU
MODE DE RÉPLÉTION ARTÉRIELLE
TROUS AUSCULTATOIRES
L. GALLAVARDIN et L. TIXIER
Médecin des hôpitaux de Lyon: (de Nevers).
Il peut y avoir intérêt à savoir comment se
remplit le système artériel pendant la systole car¬
diaque. Ea pénétration de l’ondée sanguine dans
l’aorte et ses branches ne s’effectue pas toujours
avec le même rythme : normalement assez brusque
par suite de la large communication entre le ventri¬
cule et la crosse aortique, plus brutale-dans l’in¬
suffisance aortique, elle devient lente et progres¬
sive dans le rétrécissement aortique, et peut sans
doute affecter d’autres modalités dans divers
cas.
Ea mesure de la tension artérielle, maxima et
minima, par les procédés ordinaires nous indique
un point de départ et un point d’arrivée, mais ne
nous dit rien sur la manière dont s’effectue le
passage de l’un à l’autre. Ea courbe oscillatoire
elle-même, obtenue en figurant l’amplitude de la
série des oscillations artérielles obtenues au
Pachon à chaque degré de compression ou de dé¬
compression, ne nous en apprend pas davantage ;
elle.nous renseigne sur le degré de la dilatation
artérielle, nullement sur le mode de cette dilatation
et nous ne savons pas si cette dilatation est sou¬
daine ou paresseuse, brusque ou progressive.
A. Les anciens moyens d’étude du mode
de réplétion artérielle. — Deux moyens se
trouvaient jusqu’ici à notre disposition : apprécia¬
tion au doigt, par la ■palpation artérielle, de la
modalité du soulèvement du vaisseau ; examen, sur
les tracés spliygmographiques, des caractères de la
phase ascendante de la pulsation artérielle.
1° Palpation artérielle. — Ee doigt exercé
qui explore l’artère, pèse sur ses parois, et suit
attentivement leur expansion en faisant varier
26
PARIS MEDICAL
sans cesse la résistance qu’il leur oppose, arrive à
percevoir autre chose que des dilatations globales.
Il acquiert des données importantes sur la manière
dont l’artère se dilate, c’est-à-dire se remplit.
On a depuis longtemps distingué, du pouls nor¬
mal, le pouls cinglant de l’insuffisance aortique,
et le pouls paresseux, en dôme, du rétrécissement
aortique. Cette méthode a l’avantage de la sim¬
plicité ; mais sa sensibilité est très relative et elle
se prête mal aux comparaisons et aux mesures
précises.
2° Tracés sphygmographiques. — C’est pour
obvier à de tels inconvénients qu’ontété proposés à
l’origine les tracés sphygmographiques. Il existe
deux moyens principaux de les recueillir.
a. Tracés sphygmographiques simples. — Ce sont
ceux que l’on prend à l’àide des divers modèles de
sphygmographes. Tes indications qu’ils fournissent
sont des plus précieuses, car ils permettent l’ana¬
lyse à tête reposée delà phase ascendante de la pulsa¬
tion artérielle, qui est la marque écrite que laisse le
remplissage du vaisseau; ces indications sont parti¬
culièrement lisibles sur les tracés en grande vitesse
qui permettent la mensuration en centièmes de
seconde de l’espace qui sépare le début du soulè¬
vement artériel de son point maximum. Ta durée
de cette phase ascendante, qui est normalement
de 0,05 à 0,06 centièmes de seconde, s’abaisse sen¬
siblement dans le pnlsus celer de l’insuffisance aor¬
tique, s’élève notablement, jusqu’à 0,20 centièmes
de seconde et même davantage, dans le pulsus
tardus du rétrécissement aortique qui, comme on
le sait, s’accompagne presque toujours d’anacro¬
tisme.
Ces tracés • sphygmographiques ont cependant
quelques inconvénients. Ce qu’il importe de
connaître, dans les recherches qui nous occupent,
c’est la durée de la crue tensionnelle, c’est-à-dire
le temps que met dans chaque cas la pression pour
passer de son taux minimum à son taux maximum.
Or, sur les tracés, si le point où la pression com¬
mence à s’élever dans l'artère est d’ordinaire assez
facilement repérable, il n’en est pas toujours de
même du point de ce tracé qui correspond au
fastigium systolique. Te sommet de la pulsation
s’étale parfois en un dôme plus ou moins arrondi,
ou figure un véritable plateau sur lequel il devient
périlleux de choisir un point de préférence à un
autre. Ta durée de la crue tensionnelle — ou, si
l’on veut, de l 'espace systolo-tnaximal compris entre
le début de la systole cardiaque et le moment où la
pression rnaxima est atteinte dans l’artère — n’est
donc pas exactement mesurable. D’autre part,
on sait que la forme du tracé sphygmograpliique,
et notamment de sa phase ascendante, varie beau¬
3 Juillet IÇ20.
coup au gré de conditions qui n’ont que des rap¬
ports très lointains avec le mode de réplétion arté¬
rielle et parmi lesquelles il faut compter le point
exact d’application de la pelote sur l’artère, le
degré de compression de cette artère, la résistance
variable du ressort du sphygmographe, etc. Si bien
que, chez un même sujet, c’est presque un jeu de
recueillir en quelques minutes des tracés sphygmo¬
graphiques d’allure très disparate.
Ta principale cause d’infériorité des tracés sphyg 7
mographiques tient à ce qu’en réalité on ne sait
jamais la part respective qu’il faut attribuer, dans
la forme du graphique, aux valeurs de dilatation
artérielle et aux valeurs de décollapsus. A suppo¬
ser que le ressort soit appliqué exactement au
milieu du cylindre artériel, le tracé sera diffé¬
rent suivant que la compression initiale de l’ar¬
tère sera assez superficielle pour 11’enregistrer
que les valeurs de dilatation, ou assez profonde
pour leur surajouter d’importantes valeurs de
décollapsus. D’autre part, avec un même degré
d’écrasement artériel, la dureté du ressort oppo¬
sera une barrière plus ou moins précoce à l’expan¬
sion de l’artère. On peut bien régler cette tension
du ressort avec les appareils nouveaux, mais pas
le lieu, central ou marginal, de la compression du
vaisseau, ni surtout son degré ; de là un polymor¬
phisme souvent déconcertant qui porte non seule¬
ment sur la hauteur du sphygmogramme, mais
altère sa forme,et, ce qu’ilya de plus grave dans le
cas qui nous occupe, n’épargne pas cette portion
ascendante du sphygmogramme dont nous atten¬
dions tous nos renseignements.
b. Tracés oscilla graphiques. — C’est pour
obvier à ces inconvénients que de nombreux au¬
teurs ’se sont efforcés, depuis une quinzaine d’an¬
nées, d’enregistrer, non le pouls d’une artère, mais
le pouls de la manchette. Te dispositif est simple.
Une manchette pneumatique est appliquée sur le
bras ; les variations de pression de l’air de cette
manchette sont transmises à un tambour de Marey
et inscrites à l’aide d’un stylet sur du papier enfumé.
De cette façon, on a l’avantage d’exercer dans
chaque cas une compression uniforme sur l’artère,
puisqu’elle porte régulièrement sur tout son pour¬
tour. Connaissant d’autre part la pression exacte
dont on surcharge le vaisseau, on sera à même de
juger, en s’aidant du taux des pressions systolique
et diastolique, de la déformation imposée au tube
artériel; on saura si tel tracé sphygmographique est
l’expression de la simple dilatation artérielle, com¬
plète ou limitée, ou si, à ces valeurs de dilatation,
viennent s’adjoindre sur tel autre d’importantes
valeurs de décollapsus. Des tracés recueillis de
cette façon seront plus comparables entre eux et se
GALLAVARDIN et TIXIER. — LA METHODE AUSCULTATOIRE 27
prêteront plus facilement à l’étude de la phase
ascendante de la pulsation artérielle. Les modifica¬
tions du rythme des oscillations de l’aiguille du
mano-oscillomètre ou del'oscillomètre, sous les dif¬
férentes pressions de la manchette, qui ont inspiré
également de nombreuses remarques, ne sont que la
traduction optique des tracés recueillis de cette
façon ; comme eux, ils peuvent donner quelques
indications sur le mode de dilatation artérielle.
La substitution de ces « oscillogrammes » aux
anciens « sphygmogrammes » est cependant loin de
représenter la perfection dans l’analyse de la
phase ascendante de la pulsation artérielle. Tout
d’abord, ce u’est pas le pouls d’une artère, mais le
pouls total du membre que l’on interroge, c’est-
à-dire en définitive la pulsatilité globale de très
nombreuses branches artérielles dans lesquelles le
taux de la pression systolique ou diastolique n’est
pas rigoureusement égal et qui s’affaissent par
suite inégalement sous la pressioii uniforme de la
manchette. Même en ne considérant que l’artère
principale du membre, son affaissement ne s’effec¬
tuera pas au même degré sous la partie centrale et
sous les bords de la manchette ; par suite, les
valeurs de dilatation et dedécollapsusse marieront
dans des proportions différentes au niveau de la
partie centrale et des parties latérales du cylindre
artériel. Il faut compter enfin avec l’amortissement
et la déformation de l’onde pulsatile dus à la pré¬
sence d’une masse aérienne non négligeable (dont
la pression n’est du reste pas absolument fixe au
moment de la pulsation) entre l’artère et le stylet
inscripteur, à l’interposition obligée d’un sphyg-
moscope, à l’inertie des diverses membranes de
caoutchouc mises en jeu dans la manchette, dans
le sphygmoscope, dans le tambour 1 C’est pour
toutes ces raisons que des tracés sphygmographi-
ques simples, recueillis avec soin, doivent à leur
origine directe sur la paroi artérielle d’offrir des
caractères plus tranchés que certains tracés oscil-
lographiques et ne semblent pas leur être très
inférieurs dans la pratique courante.
B. Un nouveau moyen d’étude emprunté
à la méthode auscultatoire. — Il s’agit de mo¬
difications curieuses de la courbe auscultatoire
qui nous ont paru constituer un procédé nou¬
veau et élégant d’analyse de la phase ascendante
de la pulsation artérielle.
i° Trous auscui/tatoires. — Lorsque, dans une
lésion de l’orifice aortique, il existe, outre l'insuffi¬
sance, un rétrécissement aortique — caractérisé,
non par un de ces vagues souflles systoliques de la
base quel’on retrouve presque uniformément dans
la plupart des cas d’insuffisance, mais par un
souffle rude accompagné de frémissement systo¬
lique, et par un tracé sphygmographique avec
■pulsus tardus et anacrotisme — on note une sin¬
gulière altération de la courbe auscultatoire con¬
sistant en un « trou » plus ou moins étendu, pou¬
vant conduire, dans certains cas, à un «effacement»
complet ou presque complet de cette courbe. Nous
eu avons publié un premier exemple en octobre
1919 (1) ; depuis ce moment l’un de nous a pu en
recueillir six cas nouveaux exactement superpo¬
sables, ce qui prouve bien qu’il ne s’agit pas là de
faits exceptionnels (2).
Disons de suite qu’une telle altération n’est pas
particulière à la courbe auscultatoire. Elle a son
pendant dans des modifications similaires de la
courbe vibratoire. Il s’agit donc, comme nous le
disions, d’une véritable dissociation entre la courbe
oscillatoire, qui conserve ses caractères normaux,
et la courbe vibro-auscultatoire qui acquiert des
caractères nouveaux. Mais connue ces modifications
vibro-auscultatoires sont en général plus nette¬
ment perçues à l'aide de la méthode auscultatoire
et que cette méthode suffit à leur étude, nous ne
parlerons ici que des modifications de la courbe
auscultatoire.
On connaît l’aspect de la zone mensurante aus¬
cultatoire ordinaire : premiers tons artériels
apparaissant lorsque la pression s’abaisse dans la
manchette au taux de la pression systolique, tons
croissant régulièrement d’intensité (après avoir
passé ou non par une phase légèrement soufflante)
au fur et à mesure que la pression tombe, puis fai¬
sant brusquement place au silence ou à des tons
extrêmement amortis au moment où la pression
de la manchette s’est abaissée au taux de la ten¬
sion diastolique. Or, dans les conditions que nous
signalons, on voit la continuité de cette courbe
-auscultatoire se creuser d’une véritable lacune.
dans un cas banal d'insuffisance aortique (fig. i).
(1) X,. Gallavardin et Tixiijr, Dissociation sphygmomano-
métrique oscillatoire et vibro-auscultatoire dans un cas de
rétrécissement aortique serré et insuffisance aortique, avec
pulsus tardas et anacrotisme ( Archives des maladies du cœur,
octobre 19 9),
(z) Ces cas seront publiés en juillet dans une thèse de Lyon:
M. Poui-ain, Deux signes sphygmomanométriques du rétrécis¬
sement aortique ; trou auscultatoire et labilité tensionnelle
systolique. .
28
PARIS MEDICAL
Les tons artériels supérieurs apparaissent comme
à l’ordinaire ; mais, au lieu d’assister à leur renfor¬
cement graduel, on est étonné de les voir s’atténuer
brusquement, disparaître un temps, puis réappa¬
raître quelques instants après, lorsque la pres¬
sion s’abaisse, pour s’évanouir définitivement
au moment classique.
Autant que nous pouvons en juger par les sept
cas où il nous a été possible de l’étudier, ce « trou
auscultatoire » peut offrir différents aspects.
dû à la disparition momentanée de la vibrance humérale. I*a
courbe oscillatoire ne montre aucun phénomène anormal
(fig- 2)-
Il s’agit d’ordinaire d’un trou complet caractérisé
par un silence absolu entre deux zones sonores.
D’autres fois, on observe un trou incomplet dans
lequel on assiste simplement à un amortissement
accusé et passager des tons artériels ; la courbe
apparaît alors comme creusée et donne l’impres-
• I i Courbe mbratoire
1111111111 il 11 11111 iT
Courbe auscultatoire
Superposition de courbes vibratoire et auscultatoire dans un cas
de rétrécissement aortique serré avec insuffisance. — I,e trou
auscultatoire, complet, est situé vers ln partie supérieure
de la courbe et eût pu conduire un observateur non prévenu à
une sous-estimation de la tension systolique auscultatoire,
par méconnaissance du talus sonore supérieur (fig. 3).
sion d’une sorte de vallée dans l’espace sonore,
vallée dont les talus supérieur et inférieur sont à
pente plus ou moins brusque. — L’étendue de ce
trou est très variable. Il occupe parfois un à deux
centimètres seulement dans l’échelle de pression,
mais peut dans d’autres cas s’étaler sur 5 à 6 cen¬
timètres Hg. D’une façon générale, il a d’autant
plus de tendance à s’élargir que la zone de pres¬
sion variable est plus étendue. — Sou siège diffère
suivant les cas. Presque central chez certains ma¬
lades, il a leplus souventtendance à se rapprocher de
l’extrémité supérieure ou de l’extrémité inférieure
de la courbe. Au point de vue pratique, le fait a une
3 Juillet 1920.
grande importance. Si l’on n’y prend garde, les
trous supérieurs peuvent conduire à une sous-esti¬
mation de la pression systolique par méconnais¬
sance du talus supérieur sonore à peine indiqué.
Les trous inférieurs peuvent de même, par mécon¬
naissance du talus inférieur plus ou moins amorti,
conduire à placer le chiffre de tension diastolique
0 _w\M
'/AVw
Courbe vibrdfoire
Mil!
„ . 1 . Courte auscu/tstoire
•ru...
Superposition de courbes oscillatoire, vibratoire et auscultatoire
dans un cas de rétrécissement aortique serré avec insuffisance
aortique. I,e trou auscultatoire est incomplet, situé au bas de
la courbe, et aurait pu conduire un observateur non pré¬
venu à une surestimation considérable de la tension diasto¬
lique. Même phénomène, atténué, sur la courbe vibratoire.
Aucune modification de la courbe oscillatoire (fig. 4).
singulièrement plus haut qu’il ne devrait l’être. Il
est certain que, pour un observateur non prévenu
de cette cause d’erreur, surtout lorsque le trou est
complet et situé à la partie moyenne ou inférieure
de la zone mensurante, la fixation de cette ten
sion diastolique par la méthode vibro-ausculta-
toire peut présenter de grandes difficultés, qui
seront levées par la méthode' oscillatoire. —
Notons encore que, chez le même sujet, ces
trous auscultatoires Sont capables d’offrir une cer¬
taine variabilité. Nous avons constaté que ces trous
augmentaient de netteté, d’étendue aussi, lorsque,
sous l’influence de l’exercice, la tension systolique
s'élevait de quelques centimètres de Hg et agran¬
dissait ainsi le champ de la pression variable.
Dans des cas extrêmes, on peut concevoir que
ces trous auscultatoires, en s’étendant sur toute
l’étendue de la zone sonore et en rongeant les
talus supérieur et inférieur, aboutissent à l’extinc¬
tion de tout bruit. Il y a sans doute tous les inter¬
médiaires entreles courbes simplement creusées, net¬
tement trouées, ou complètement éteintes. L’un de
nous a observé un de ces cas où, malgré la persis¬
tance de très belles oscillations, il n’existait aucun
bruit perceptible. A la vérité, de tels cas sont
sujets à discussion, car il arrive parfois (bien rare¬
ment, il est vrai, chez des aortiques) que, par suite
de certaines modifications dans la tonicité de la
paroi vasculaire ou autres, 011 11e perçoive aucun
ton artériel ; et, en présence d’un silence ausculta
toire complet, il peut être difficile de décider s’il
s’agit d’un trou particulièrement vaste ou d'une
modification de la tonitié artérielle n’ayant rien ù
voir avec le remplissage du vaisseau. La preuve
GALLAVARDIN etTIXIER. — LA MÉTHODE AUSCULTATOIRE 29
cependant qu’un certain mode de réplétion arté¬
rielle, particulièrement lent et progressif, peut
conduire à l’extinction de toute zone sonore se
trouve dans les constatations que nous avons pu
faire chez une femme présentant une compression
marquée d’une sous-clavière par une poche ané¬
vrysmale. Alors que, du côté sain, la zone mensu-
rante auscultatoire était normale, il existait un
silence artériel complet du côté comprimé.
Courbe auscultatoire
Aucun ton artériel perceptible
Compression unilatérale d'une artère sous-clavière, avec tracé
sphygnw graphique et courbes sphygmomanomètriques recueillis
sur la radiale et l’humèrale du côté malade. — Le tracé artériel
a revêtu les caractères du pulsus tardas avec anacrotisme.
Extinction complète de tout ton artériel, comme de toute
vibrance. Réduction d’amplitude de la courbe oscillatoire
avec fixation impossible de l'index diastolique (fig. 6'.
2° Explication de ces trous auscultatoires.
*— Nous passerons rapidement sur l’explication
de ces faits singuliers, ayant suffisamment déve¬
loppé ce point ailleurs.
1/extinction de tout bruit, comme cela peut se
manifester dans l’ensemble du système artériel en
cas de rétrécissement aortique particulièrement
serré, ou plus communément dans un tronc donné,
â la suite de compression localisée, secomprendfaci-
lement.I/ondée sanguine, comme passée à la filière,
distend la paroi artérielle trop lentement et trop
progressivement pour la faire vibrer et déterminer
l’apparition d’aucun ton artériel, comme d’aucune
vibrance tactile.
Si l’on comprend bien une telle extinction to¬
tale, il est plus difficile d’expliquer pourquoi,
dans la très grande majorité des cas de rétrécisse¬
ment aortique, l’extinction sonore ne se produit
que dans la zone médiane. En réalité, comme nous
l’avons montré, la série des décollapsus artériels
qui se produisent périodiquement dans une artère
soumise à une compression croissante ou décrois¬
sante ne sont pas l’œuvre de la même partie de la pul¬
sation artérielle. Interroger les décollapsus artériels
et les tons qu’ils produisent, entre le chiffre de la
pression systolique et celui de la pression diasto¬
lique par exemple, c’est interroger séparément chaque
tranche de la phase ascendante de la.pulsation arté-
■ rielle. Tout se passe comme si, par ce procédé, on
étirait dans le temps cette phase ascendante si
courte, afin d’analyser à loisir la qualité pulsatile
de chacun de ses segments. Or, il semble bien
qu’il y ait, peut-être à l’état normal et à coup sûr
dans le rétrécissement aortique, au niveau de
la partie moyenne de cette phase ascendante de
la pulsation, une sorte de point mort qui corres¬
pond au plateau faisant immédiatement suite à
l’ondulation anacrote et contribuant à individua¬
liser cet accident. Pendant cette courte phase, la
pulsation artérielle semble manquer d’élan et ne
parvient pas à provoquer une distension suf-
mW-
Tracé sphygmographique avec pulms lardus et anacrotisme dans
un cas de rétrécissement aortique serré avec insuffisance. —
On remarque sur ce tracé l’allongement considérable de la
période d’ascension de la pulsation artérielle qui mesure
o',22 au lieu de o’,o.ï. A la partie moyenne de cette
Phase d’ascension, il existe un méplat, une sorte de point
mort, qui isole sous forme d’ondulation anacrote la pre¬
mière partie du soulèvement. C’est lorsque le décollapsus
artériel est effectué pay cette partie de la portion ascendante
de la pulsation artérielle qui correspond à ce point mort, que
la distension artérielle perd ses qualités de vibrance et de
sonorité et qu’on assiste fi la production du trou ausculta¬
toire, ou vibro-auscultaloirc (fig. 7}.
fisamment brusque de la paroi vasculaire pour la
faire vibrer ou chanter. Il est difficile de dire si
l’existence de ce point mort répond à une modalité
particulière du mode d’évacuation ventriculaire
qui serait plus brusque au début et à la fin, comme
nous le pertsons, ou à la simple réalisation d’une
30
PARIS MEDICAL
3 Juillet IÇ20.
crue tensionnelle plus rapide au début et à la fin
du remplissage de l’artère.
Jusqu’à présent, nous n’avons eu l’occasion de
rencontrer ces trous auscultatoires que dans des
rétrécissements aortiques accompagnés d’insuffi¬
sance aortique, car la chute diastolique profonde et
la vacuité artérielle interviennent sans doute pour
rendre plus apparents les effets de la lenteur du
remplissage de l’artère. Il n’est cependant pas im¬
possible qu’on puisse arriver à les mettre en évi¬
dence dans certains rétrécissements aortiques purs
dont la constatation en clinique est infiniment plus
rare.
3 ° Extinctions ou réductions sonores d’au¬
tre origine. — D’étude du trou auscultatoire
rencontré au cours de certains rétrécissements
aortiques et du silence auscultatoire noté dans
certaines compressions artérielles n’a pas la pré¬
tention de résumer la totalité des causes d’extinc¬
tion partielle ou totale des tons artériels perçus
par la méthode auscultatoire. Elle en met seule¬
ment en évidence une des causes lesplus curieuses,
tenant à un mode particulier de réplétion arté¬
rielle.
Dans la plupart des cas, ce sont les modifications
de la tonicité artérielle qui semblent modifier l’in¬
tensité ou l’étendue de la zone sonore. Il y a des
artères qui crient sous la distension brusque de
l’onde pulsatile, et il y en a qui restent muettes.
Bien mieux, une artère qui donnait d’assez beaux
tons artériels peut voir, comme l’a montré l’un de
nous, ces tons s’atténuer, se rétrécir, surtout dans
la zone inférieure, lorsque des compressions répé¬
tées ont fait céder le spasme artériel, déterminant
ainsi une ascension apparente de l’index diastolique
auscultatoire. Pour qu’une artère vibre ou chante,
il semble nécessaire (même avec un mode de
réplétion normal) que sa paroi ait conservé une
certaine tonicité ; le relâchement excessif de la
tunique musculaire tend à la rendre muette.
Mais, dans ce cas, l’altération de la zone sonore
mensurante a cela de particulier qu’elle consiste
en une atténuation générale de l’intensité des tons,
avec tendance au rétrécissement de l’aire sonore.
Tout se liasse alors comme si la courbe ausculta¬
toire, au lieu d’être trouée en son centre, était
amortie dans son ensemble et quelque peu ron*
gée à ses deux extrémités.
Il resterait à voir si le trou auscultatoire est
absolument caractéristique d’un mode de réplétion
artérielle particulièrement lent et progressif, et
si d’autres conditions que le rétrécissement aor¬
tique peuvent lui donner naissance. Des recher¬
ches que iious avons entreprises ne nous per¬
mettent pas de répondre encore d’uns façon caté¬
gorique à cette question.
Malgré les apparences, les altérations de la
courbe auscultatoire que nous venons de signaler
doivent plutôt être mises à l’actif qu’au passif de
la méthode auscultatoire. Sans doute, comme nous
l’avons dit, ces altérations peuvent, pour un obser¬
vateur non prévenu, être l’occasion de certaines dif¬
ficultés ou erreurs dans l’appréciation des tensions
systolique et surtout diastolique. Mais, si l’on ap¬
prend à évitfer ces causes d’erreur, quels renseigne¬
ments précieux ne donnent-elles pas.?
Voici toute une catégorie de malades qui présen¬
tent une grosse, lésion aortique. Si l’on prend la
tension chez eux par la méthode oscillatoire, à
l’aide duPachon par exemple, de tels cas semblent
banaux ; on constate une hypotension diastolique
accentuée, comme il est de règle dans les insuf¬
fisances aortiques larges, et c’est tout. Da véritable
particularité de ces cas échappe complètement.
Si, au contraire, on cherche chez ces malades à
fixer les chiffres de tension et surtout la tension
minima par la méthode auscultatoire, l’exploration
attentive de la succession des tons artériels arrive
à montrer, outre l'hypotension diastolique, le trou
singulier qui déchire la courbe auditive. Dès
lors, onsait que non seulementl’artèrese vide d’une
façon insolite dans la diastole, ce que nous appre¬
nait déjà la courbe oscillatoire, mais encore qu’elle se
remplit mal pendant la systole, point sur lequel
la courbe oscillatoire ne nous donnait aucun ren¬
seignement. A lui seul, ce trou auscultatoire nous
renseigne sur l’existence concomitante d’un rétré¬
cissement aortique serré venant compliquer l’in¬
suffisance, nous permet de prévoir la forme du tracé
sphygmographique avêc pulsus tardas et anacro¬
tisme (i), nous explique enfin que de tels malades
(qui présentent cependant mie hypotension diasto¬
lique souvent énorme) offrent un pouls qui n’ait au¬
cun des caractères du pouls de Corrigan. Il est en
effet curieux de voir ces sujets, à grosse hypoten¬
sion diastolique et double souffle crural .montrer un
pouls à soulèvement lent, semblant parfois se faire
comme eu deux temps, au lieu du pouls cinglant et
bondissant que l’on rencontre d’ordinaire dans de
tels états tensionnels. Ceci prouve que ce n’est pas
l’hypotension diastolique qui suffit à elle seule
à produire le pouls de Corrigan, mais bien le rem-
(i Cette forme du tracé sphygmographique se voit surtout
dans les cas où le rétrécisseineut est intense. Dans des cas ù la
limite, l'ondulation anacrote s’élève progressivement jusqu’à
figurer le véritable sommet de la pulsation qui se trouve alors
uu niveau ou même un peu au-dessus du ressaut systo¬
lique qui lui fait suite. Voy.sur la parenté étroite entre le som¬
met de certaines pulsations et l’ondulation anacrote : I,. Galla-
vardin, Signification de l’anacrotisme [Lyon médical, 24 mars
ipo7).
RIBIERRE. DI A GNOSTIC DE VINS UFFISANCE TRICUSPIDIENNE 31
plissage artériel brusque qui se greffe d’ordiuaire
sur cette hypotension diastolique.
En résumé, dansles cas quenous venons d’étudier,
la méthode oscillatoire nous apprend comment
l’artère se vide, ha méthode yibro-auscultatoire
nous l’apprend aussi, si l’on sait éviter certaines
causes d’erreur ; mais elle nous apprend de plus
comment elle se remplit. A l’appréciation mas¬
sive et brutale du taux de la dilatation artérielle,
la méthode auscultatoire, par un procédé d’une
extrême simplicité et sans tracés, ajoute une nou¬
velle donnée, dynamique celle-là, concernant le
mode suivant lequel se fait cette dilatation. En
un mot, la méthode auscultatoire ajoute à la
séméiologie du rétrécissement aortique un signe
périphérique important que la méthode oscilla¬
toire est impuissante à lui donner.
LE DIAGNOSTIC DE L’INSUFFISANCE
TRICUSPIDIENNE
P. RIBIERRE,
Professeur agrégé à la Faculté de médecine de Paris,
médecin de l’hôpital Tenon.
I v e diagnostic d’insuffisance tricuspidienne est
certainement un de ceux qui sont le plus rarement
posés par la majorité des médecins. Cependant cette
insuffisance valvulaire est loin d’être exception¬
nelle, même si l’on se refuse à admettre, avec
Mackenzie (1), que la moindre élévation de pression
dans le ventricule droit soit capable de déterminer
un reflux auriculaire par l’orifice tricuspide.
D’autre part, il ne nous est pas possible de consi¬
dérer, avec le grand cardiologue anglais, dont on
connaît le mépris pour les diagnostics de lésions
orificielles, que l'insuffisance tricuspidienne ait
très peu d’importance. Dans un travail d’un grand
ntérêt, suri equel nous aurons l’occasion de revenir,
Lutembacher (2) insiste sur les erreurs de dia¬
gnostic que peut entraîner la méconnaissance du
syndrome tricuspidien terminal dans les sclé¬
roses étendues des poumons.
Le diagnostic de l'insuffisance tricuspidienne
ne peut, à tous égards, être considéré connue un
exercice de virtuosité cardiologique, dénué d’in¬
térêt pratique réel : à défaut de sanctions théra¬
peutiques réellement efficaces, il comporte des
conséquences pronostiques certaines. C’est pour¬
quoi il ne nous a pas paru oiseux de revenir sur
cette question de sémiologie cardiaque.
La répugnance certaine des médecins à poser
(1) Mackenzie, Ees maladies du cœur (trad. Françon),
Paris, F. Alcan, 1911, p. 318.
(2) I,utembaciier, Syndrome tricuspidien terminai dans
les lésions chroniques du poumon ( Arch. des mal. du cœur,
des vaisseaux et du sang, avril 1919, p. 141).
ce diagnostic s’explique, tout d’abord, parla diffi¬
culté réelle que rencontre un praticien pour
recueillir, enregistrer et reconnaître comme
valables les données sémiologiques qui, d’après
la majorité des classiques, sont seules pathogno¬
moniques de l’insuffisance tricuspidienne. Que,
d’autre part, ce praticien, averti, ait eu connais¬
sance des critiques élevées, dans ces dernières
années, grâce à la technique cardiologique moderne,
en particulier à la méthode graphique, contre ces
signes prétendus pathognomoniques, le décou¬
ragement fait place en lui au scepticisme, et il se
tient désormais à l’écart d’un diagnostic dont
l’incertitude n’a d’égale que les difficultés.
« Les signes physiques les plus importants de
l’insuffisance de la tricuspide, écrit Barié (3), sont
ceux fournis par la régurgitation sanguine qui, à
chaque systole, s’établit du ventricule droit dans
l’oreillette et dans les veines qui s’y déversent et
donne lieu aux phénomènes importants du pouls
veineux vrai de la jugulaire et des battements vei¬
neux vrais hépatiques . Potain a fait ressortir que
ces signes veineux ont, pour ce qui concerne l’in¬
suffisance’tricuspidienne, une valeur supérieure à
celle des signes présentés par le cœur... »
Sous des formes à peine différentes, la même
notion se retrouve dans la plupart des traités
classiques : pour tous, c’est le pouls veineux ventri¬
culaire ou pouls veineux positif ou encore pouls
veineux vrai qui est le signe capital et décisif de
l’insuffisance tricuspidienne. Le souffle systolique
de la région xiplioïdienne, tout en ayant une très
grande valeur, doit être rejeté au second plan : il
ne constitue qu’un signe de présomption.
Or, tout d’abord, le médecin ne laisse pas
d’éprouver quelque embarras à se reconnaître au
milieu de ces dénominations de pouls veineux vrai,
de pouls veineux ventriculaire, de pouls veineux
systolique, etc., opposées à celles de faux pouls
veineux, de pouls veineux auriculaire, de pouls
veineux physiologique ou présystolique, etc. Sou
embarras augmente encore lorsqu’une réflexion
un peu prolongée lui permet de se rendre compte
que le terme de faux pouls veineux s’applique,
précisément à la pulsation veineuse physiologique,
normale, de la jugulaire, tandis que le vrai pouls
veineux constitue un phénomène pathologique, qui
serait pathognomonique de l’insuffisance tricus¬
pidienne. Notons, en passant, sans y trop insister,
cette cause d’erreur et de confusion et, tout en
reconnaissant avec Esmein (4) que cette nomen-
(3) Barié, Traité pratique des maladies du cœur et de
l’aorte, Paris, Vigot, 1912, p. 619.
(4) Esmein, I,es symptômes caractéristiques de l'insuffi¬
sance tricuspidienne et particuliérement le pouls veineux ven¬
triculaire {Annales de médecine, 15 août 1914, p. 193).
32 PARIS MEDICAL 3 Juillet 1920.
clature due à Potain a pour elle une profonde
logique physiologique — la pulsation jugulaire
normale n’étant pas, en effet, un pouls véritable, —
admettons, une fois pour toutes, comme seules
dénominations celle de pouls veineux normal, cor¬
respondant à l’état physiologique, et celle de
pouls veineux ventriculaire, résultant d’un état
pathologique qui, pour les classiques, se résumerait
en l'insuffisance tricuspidienne.
Nous rappellerons que le pouls veineux normal
comporte, sur les tracés recueillis aux jugulaires,
trois soulèvements successifs, séparés par des
dépressions : soulèvement a, présystolique, cor¬
respondant à la systole auriculaire ; soulèvement c,
contemporain de la clôture des valvules auriculo-
ventriculaires ; soulèvement v, apparaissant à la
fin de la systole ventriculaire.
Le pouls veineux ventriculaire correspond à la
fusion du soulèvement v, dont l’importance est
considérablement accrue, avec le soulèvement c,
de telle sorte que toute la durée de la systole ven¬
triculaire est occupée par un soulèvement d’une
amplitude inusitée. Accessoirement, on peut noter
la disparition de a, mais celle-ci est contingente,
compliquant fréquemment, il est vrai, le pouls
veineux ventriculaire, mais sans lui appartenir
en propre.
Les notions essentielles que nous venons de rap¬
peler 11e peuvent être enregistrées avec certitude
que par la méthode graphique. Il est certain qu’il
existe, de ce fait, une première difficulté pour la
clinique courante. Nous pouvons affirmer, à la fa¬
veur d’une certaine expérience, qu’il est extrême¬
ment difficile de fixer les caractères des pulsations
jugulaires par la simple inspection jointe à la
palpation du pouls radial : c’est cependant ce
que réclamaient du médecin les auteurs clas¬
siques.
Quant à l’ingénieuse méthode d’auscultation du
pouls veineux, due à Josué, elle comporte des
difficultés au moins comparables à celles de l’ins¬
pection. En fait, il faut donc recourir à la méthode
grapliiquepour établir la réalité (Tun pouls veineux
ventriculaire. La constatation de ce signe permet-
elle, au moins à elle seule, de conclure avec une
quasi-certitude à l’existence d’une insuffisance
tricuspidienne?
Il semble bien qu’il n’en est rien. C’est ce qui
résulte tant de considérations physiologiques que
de nombreux travaux d’ordre expérimental et
d’ordre clinique. Cette question a été mise au
point d’une façon parfaite, en 1914, par notre très
regretté collègue Esmeiu (1). Aux mêmes conclu¬
sions aboutit un travail récent de Pierre Schrumpf
(de Genève) (2).
Il existe des insuffisances tricuspidiennes sans
pouls veineux ventriculaire. Mackenzie, Bard
le faisaient prévoir en remarquant que, sauf dans le
cas de stase considérable dans l’oreillette droite,
celle-ci constitue une large chambre vide capable
d’absorber toute l’onde rétrograde créée par l’in¬
suffisance tricuspidienne. En tout cas, cette onde
ne peut agir sur le régime circulatoire des jugu¬
laires qu’à la phase télésystolique. Entre les mains
de Rihl, de Bondi, de Muller, l’expérimentation a
démontré que la dilacération des valves tricuspides
11e s’accompagne très fréquemment d’aucune
modification du pouls veineux normal. Enfin et
surtout, de nombreux plilébogrammes ne laissent
aucun doute sur l’absence de pouls veineuxventri-
culaire dans des cas authentiques d'insuffisance
tricuspidienne vérifiés nécroptiquement (Mac¬
kenzie, Zielinski, etc.). Dans un cas d’insuffisance
tricuspidienne liée à une sclérose pulmonaire
ancienne chez une gibbeuse pottique, que nous
avons observé récemment dans notre service, avec
vérification anatomique, les tracés recueillis avec
le concours du D r Leconte et de M. Yacoël n’ont
montré aucun des caractères du pouls veineux
ventriculaire : le soulèvement c était nettement
distinct du soulèvement v, lequel se signalait seule¬
ment en quelques points du tracé par une saillie
plus nette.
Ainsi, le pouls veineux ventriculaire fait défaut
dans certains cas d’insuffisance tricuspidienne.
Toutefois il n’est pas douteux qu’il existe dans
maint autre cas. Par une analyse très serrée,
Esmein a pu établir que ces cas comportent une
stase sanguine considérable et de son argumentation
aussi bien que des constatations de Schrumpf se
dégage, en définitive, cette donnée que faire le
diagnostic de l’insuffisance tricuspidienne par le
pouls veineux ventriculaire, c’est attendre un
stade très avancé de ce trouble orificiel, correspon¬
dant à une stase veineuse intense, c’est risquer de
méconnaître les insuffisances tricuspidiennes
encore relativement discrètes, les plus intéres¬
santes de toutes en pratique.
Que,d’autrepart, la stase sanguine soit capable,
à elle seule, en dehors de toute insuffisance tricus¬
pidienne, de donner au pouls veineux la fonne
ventriculaire, c’est ce qui résulte d’autres expé¬
riences de Hering et de Rihl. Mais, dans de tels cas,
pratiquement, l’insuffisance auriculo-ventriculaire
droite est toujours imminente. Beaucoup plus
(2) P. Schrumpf, I,e plilébogramme dans l’arythmie coin-
plète et dans l’insuffisance tricuspidienne (Arch.dcs mal. du
cœur, des vaisseaux et du sang, décembre 1919, p. 5 29).
(1) Esmein, loc. cit.
RIBIERRE. DIAGNOSTIC DE L’INSUFFISANCE TRICUSPIDIENNE 33
intéressants et troublants sont les cas d'arythmie
complète, réalisant le pouls veineux ventriculaire,
sans intervention de l’insuffisance tricuspidienne.
Ces faits résultent des observations de Vaquez, de
Hering, de I/ian, de Schrumpf. Qu’il y ait en
réalité, dans ces cas, une très légère insuffisance
tricuspidienne, par défaut de la contraction auri¬
culaire normale, on peut l’admettre avec Clerc et
Pezzi, Clarac, etc. Mais ce n’est certainement pas
ce reflux insignifiant dans l’oreillette, à la fin de la
systole ventriculaire, qui peut suffire à créer le
pouls veineux ventriculaire. Enfin il semble que
certains faits de tachycardie paroxystique s’ac¬
compagnent de cette farine spéciale de pouls vei¬
neux, sans qu’on puisse faire intervenir, en pareil
cas, l’insuffisance tricuspidienne.
Ees considérations qui précèdent et qui résultent
de l’étude du pouls jugulaire s’appliquent, en
grande partie.au pouls hépatique. Celui-ci, lorsqu’il
existé, est certainement plus facile à percevoir et à
localiser, dans le temps, par la simple palpation
et sans le secours de la méthode graphique. Il
suffit de penser aux causes d’erreur, relativement
faciles à éviter, qui pourraient résulter de batte¬
ments artériels, battements aortiques transmis par
le foie. Lorsqu’on se trouve en présence d’un état
d’insuffisance cardiaque avec gros foie pulsatile,
il est, en général, assez aisé d’apprécier le carac¬
tère nettement systolique de ces pulsations. Or.
ainsi que le remarque Esineiu.il est à peu près
impossible de concevoir la présence du pouls hépa¬
tique ventriculaire chez un sujet dont la valvule
tricuspide serait restée suffisante. En revanche, le
pouls hépatique ventriculaire est loin d’exister
dans tous les cas d’insuffisance tricuspidienne,
Si le pouls jugulaire ventriculaire n’est pas un
signe constant de ce trouble orificiel, le pouls
hépatique ventriculaire est encore beaucoup plus
rare : de lui, plus encore que du premier, ou peut
dire qu’il constitue surtout un signe d’insuffisance
tricuspidienne à un stade très avancé de l’évolu¬
tion vers la terminaison fatale, donc un signe dont
la valeur pratique est assez réduite. Même à cette
phase, l’existence d’une cirrhose hépatique peut
en supprimer la manifestation.
On voit ce qui subsiste du signe considéré par les
classiques comme pathognomonique de l'insuffi¬
sance tricuspidienne : c’est un signe inconstant,
souvent tardif, et qui peut s’observer indépendam¬
ment del’insuffisance auriculo-ventriculaire droite,
en particulier dans l’arythmie complète.
Le second signe fondamental de l’insuffisance
tricuspidienne est, pour les classiques, le souffle
systolique de la région xiphoïdienne, ne se
propageant pas au delà de la pointe ni dans la
région dorsale. La plupart des auteurs ont placé
le souffle xiplioïdien au second plan par rapport
au pouls veineux ventriculaire. Cette hiérarchi¬
sation fait déjà pressentir que les signes d’auscul¬
tation peuvent être infidèles pour le diagnostic de
l’insuffisance tricuspidienne. Or le fait n’est pas
douteux. Le souffle tricuspidien a ses caractères
les plus nets dans la variété la plus exceptionnelle
d’insuffisance tricuspidienne, celle que réalise
l’endocardite de l’orifice auriculo-ventriculaire
droit. En revanche, dans 1 a forme la plus commune,
l’insuffisance tricuspidienne fonctionnelle secon¬
daire aux lésions mitrales, aux insuffisances ventri¬
culaires gauches des hypertendus, compliquées de
dilatation du cœur droit, le souffle xiphoïdien est
inconstant, variable, souvent difficile à isoler du
souffle d’insuffisance mitrale concomitant. « Il ne
faudrait jamais conclure à l’absence d’insuffisance,
écrit Mackenzie (1), parce qu’on n’entend pas de
souffle, car il arrive fréquemment de constater des
signes d’insuffisance tricuspidienne dans le carac¬
tère des pouls jugulaire ét hépatique, et dans
l’orifice très élargi constaté à l’autopsie, alors que,
pendant la vie, il n’y avait pas de souffle tricus¬
pidien. Une paroi musculaire affaiblie, et un large
orifice peuvent ne donner lieu à aucun souffle. s>
Chez les gibbeux, les sujets à déformations
vertébro-thoraciques considérables, d’origine pot-
tique ou rachitique, la localisation et surtout la
propagation du souffle peuvent s’éloigner des
caractères classiques. Lamal ade, observée par nous
récemment, et à laquelle nous avons fait allusion
plus haut, à propos de l’absence de pouls jugulaire
ventriculaire, était une ancienne pottique avec
aplatissement bilatéral du thorax, saillie eu carène
de la région sternale. Sujette depuis des années à
des poussées de bronchite, sans aucun antécédent
rhumatismal, elle était cyanosée, œdématiée,
oligurique ; son foie ne débordait pas 1 e rebord
costal et on percevait à l’auscultation un énorme
souffle systolique s’étendant de l’appendice xi-
phoïde à la région interscapulo-vertébrale gauche.
Eort des données étiologiques, de l’existence d’un
état liyposystolique déjà ancien parvenu à l’asys-
tolie irréductible, avec cyanose, des signes de
sclérose et d'emphysème pulmonaires, nous avons
affirmé la réalité d’une insuffisance tricuspidienne,'
malgré l’absence de pouls jugulaire ventriculaire,
l’absence de pouls hépatique et même d’augmenta¬
tion de volume du foie. Nous avons rejeté formel¬
lement le diagnostic illogique d’insuffisance mitrale,
malgré l’extension paradoxale du souffle systolique
à la pointe et dans le dos. Quelques semaines plus
(1) Mackenzie, toc. cit.
34
PARIS MEDICAL
tard, l’autopsie révélait l’existence d’une dilatation
considérable du cœur droit avec cœur gauche
indemne : l’orifice tricuspidien, dont les valves
présentaient un certain degré de sclérose, admettait
sans difficulté trois doigts, tandis que l’orifice
mitral n’offrait aucune lésion. L’absence de pouls
hépatique et dq distension passive du foie s’expli¬
quait par la présence d’une cirrhose cardiaque
évoluant certainement depuis des mois. La carni¬
fication, la sclérose et la bronchiolite diffuse des
poumons complétaient le tableau anatomique.
L’exemple que nous venons de citer nous
paraît montrer nettement la voie à suivre pour
établir le diagnostic d’insuffisance tricuspidienne.
Il n’est pas un signe qui, à lui seul, puisse être
considéré comme pathognomonique d’une lésion
valvulaire. Un’est mêmepasun seul groupe de signes
auquel puisse être reconnue cette qualité. Contrai¬
rement à une conception aussi commune qu’er¬
ronée, une telle affirmation s’applique particu¬
lièrement au groupe des signes d’auscultation :
se ruer d’emblée à l’auscultation, en sémiologie
cardio-vasculaire, c’est aller presque fatalement à
l’erreur de diagnostic. Or, plus encore que tout
autre diagnostic de lésion orificielle, le diagnostic
d’insuffisance tricuspidienne ne peut s’établir que
sur un ensemble de données dans lesquelles
figurent, tout à la fois, les notions étiologiques, les
considérations fournies par l’évolution des troubles
et des accidents, l’analyse des troubles fonction¬
nels, l’exploration méthodique des signes phy¬
siques. Ainsi pourraient être reconnus en clinique
les principaux types d’insuffisance tricuspidienne
dont chacun a une physionomie bien spéciale et
suscite des difficultés d’interprétation d’ordre
bien différent.
A l’insuffisance tricuspidienne fonctionnelle
observée à la période d’insuffisance cardiaque
des cardiopathies appartiennent : le long passé
cardiaque des malades, les commémoratifs d’endo¬
cardite rhumatismale ou d’hypertension artérielle
avec insuffisance ventriculaire gauche, l’existence
d’une arythmie complète. C’est dans de tels cas
que l’on a pu observer les plus beaux tjq>es de pouls
jugulaire et de pouls hépatique ventriculaire.
Toutefois ce dernier manque fréquemment et
même-l’hypertrophie du foie peut faire défaut,
dans les formes avancées de cirrhose cardiaque.
En pareil cas, l’erreur la plus commune consiste
à méconnaître la part de l’insuffisance tricus¬
pidienne dans ce tableau de l’asystolie avec
3 Juillet IÇ20.
arythmiecomplète.Eten effet,le souffle xiphoïdien
est très difficile à percevoir : ' doux, transitoire,
variable suivant le degré de dilatation du cœur
droit, l’intensité de la tachy-arythmie, il est, en
outre, couvert par les souffles mitraux et aortiques
coexistants.
Le syndrome tricuspidien terminal des
scléroses étendues des poumons, à l’étude
duquel se rattachent les noms de Gouraud, de
Bard, de Marucheau, a été particulièrement bien
étudié et analysé dans ses moindres détails par
Lutembacher (i). L’observation personnelle que
nous avons résumée plus haut en constitue un
exemple très net. Tuberculeux fibreux, scléreux
pulmonaires avec dilatation des bronches, pneu-
mokoniosiques, emphysémateux avec poussées
répétées de bronchites, sont exposés à pareille
éventualité, surtout si les déformations thora¬
ciques, liées au mal de Pott', au rachitisme, se
surajoutent à ces états morbides, contribuent à
gêner le libre jeu des poumons et à précipiter
l’apparition de l’insuffisance secondaire du cœur
droit. L’erreur, ici, qonsiste à attribuer la dyspnée,
la cyanose, aux seules lésions de l’appareil broncho¬
pulmonaire. Mais un observateur averti et attentif
saura déceler les premiers signes de l’insuffisance
ventriculaire droite qui prépare et conditionne
l’insuffisance tricuspidienne plus tardive : point
de côté hépatique persistant, augmentation de
volume du foie, bruit de galop droit, œdèmes des
membres inférieurs avec acrocyanose et abaisse¬
ment thermique local. Dès cette époque, l’examen
orthodiagraphique décèle au moins l'ébauche du
type radiologique dit « cœur en sabot », qui cor¬
respond à l’hypertrophie avec dilatation du ven¬
tricule droit et que l’on n’observe guère que dans
ces insuffisances cardiaques secondaires aux états
pulmonaires chroniques et dans la sténose de
l’artère pulmonaire. L’insuffisance tricuspidienne,
dans ce cas, ne s’accompagne pas, en général,
d’arythmie complète : c’est que l’iusuflfisance
ventriculaire l’emporte, contrairement àce que l’on
observe dans le type précédent, sur l’insuffisance
auriculaire. Pour la même raison,le pouls veineux
ventriculaire fait fréquemment défaut. Âu con¬
traire, le souffle xiphoïdien, tout en se montrant
intermittent dans les premières étapes de la défail¬
lance du ventricule droit, est beaucoup plus net,
en général assez intense, n’étant ni soumis aux
caprices d’une arythmie complète ni dissimulé
par d’autres souffles orifidels ou confondu avec
eux. Toutefois, sou foyer maximum et sa propa¬
gation peuvent offrir quelques caractères para-
(l) I.UTEMEACHER, lOC. CÎt.
SOCIETES SAVANTES
35
doxaux, ainsi que nous l’avons vu, lors de défor¬
mations thoraciques notables. C’est l’illogisme
d’une insuffisance mitrale, dans un semblable cas,
qui ramène l’observateur dans la bonne voie.
1/insuffisance tricuspidienne organique, liée
à un processus endocarditique ou d’origine congé¬
nitale, est une véritable rareté. Il est très remar¬
quable de noter que, dans cette insuffisance tri¬
cuspidienne qui réalise le type pur et achevé de la
lésion orificielle, les signes veineux prétendus
pathognomoniques sont le plus souvent absents,
tout au moins pendant une très longue période de
l’évolution, parce que l’oreillette droite est vigou¬
reuse et ne présente pendant longtemps aucun
phénomène de fibrillation. De même, pendant très
longtemps, il n’existe aucun signe de congestion
hépatique. Dans de tels cas les^deux symptômes
capitaux sont l’existence du souffle holosystolique
constant, intense, à timbre grave et à siège
xiphoïdien, et la déformation en sabot de l’ombre
Tadioscopique du cœijr, traduisant l’hypertrophie
ventriculaire droite. Telles furent les constatations,
tant positives que négatives, dans un beau cas
d’insuffisance tricuspidienne primitive, d’origine
indéterminée, probablement congénitale, observé
par Daubry (i) chez un soldat de trente-cinq ans,
d’aspect vigoureux. D’absence de tout passé pul¬
monaire chez ces malades, qui se présentent d’em¬
blée comme des cardiaques, les différencie, d’ail¬
leurs, suffisamment des tricuspidiens secondaires
aux pneumopathies.
Tels sont les trois types principaux d’insuffi¬
sance tricuspidienne. D’esquisse que nous en avons
tracée montrera, nous voulons l’espérer, sur quelles
bases, bien différentes de celles admises par les
auteurs classiques, doit s’établir ce diagnostic.
Comme tous les diagnostics cardiologiques, il doit
résulter d’une analyse méthodique et d’une synthèse
raisonnée, non de la constatation d’un ou de deux
signes prétendus pathognomoniques : ni une
acuité auditive exceptionnelle, ni une habileté
toute particulière à recueillir des graphiques ne
pourront jamais dispenser le médecin de réflé¬
chir et de raisonner.
(i) Daubry, Soc. mitl. hôp., i” mars 1918.
SOCIÉTÉS SAVANTES
ACADÉMIE DES SCIENCES
Séance du 21 juin 1920.
De président prononce l’éloge funèbre de M. Adolphe
Carnot et la séance est levée en signe de deuil,
ACADÉMIE DE MÉDECINE
Séance du 22 juin 1920.
Rapport sur les Instituts médicaux. — M. DÉON
Bernard expose que la commission, au nom de laquelle
ce rapport est présenté, a tenu avant tout à marquer la
situation précaire des installations universitaires, pré¬
judiciable à l’enseignement comme au prestige du pays.
Da distinction a été adoptée des établissements d’ensei¬
gnement et des instituts de recherches, tout en concé¬
dant que les maîtres de l’enseignement peuvent s’adonner
à des recherches et que les savants sont amen és à ensei¬
gner le fruit de leurs recherches. Da commission estime
que les établissements d’enseignement doivent être
rattachés aux Facultés de médecine. X%lle estime qu’il
y a lieu pour le gouvernement de créer des instituts
spécialisés de culture des sciences médicales, et que le plus
urgent est l’Institut d’hygiène.
M. DEI.ORME montre ensuite que l’entretien de cet
Institut d’hygiène coûterait plus de 700 000 francs
par an et que la création de cet institut en faveur d’une
seule Faculté au détriment de toutes les autres n’est pas
à souhaiter, chaque Faculté pouvant parfaitement
réclamer pour elle aussi la création d’un Institut d’hygiène.
Il y a d’autre part une hygiène régionale qui ne peut
être bien enseignée que par des médecins locaux. D’au¬
teur désire la décentralisation et non un organe global
et unique qui coûterait très cher. Il montre que jusqu’ici
l’hygiène a été très bien enseignée et assurée par des chefs
d’école renommés dont la majorité sortent du Val-de-
Grâce. Pour lui, l’enseignement de l’hygiène et de l’épi¬
démiologie doit être assuré dans toutes les Facultés, sans
qu’il soit nécessaire de créer un grand Institut d’hygiène
à Paris, ce qui serait un véritable mono; oie.
M. Hayem demande la parole pour fa prochaine
séance. H, MaréCHAI,.
SOCIÉTÉ MÉDICALE DES HOPITAUX
Séance du 18 juin 1920.
Note à propos de quelques cas d’encéphalite épidémique
observés en ce moment à Brest — MM. H. Bourges
et A. Marcandier. communiquent à la Société cinq
nouveaux cas d’encéphalite épidémique ayant affecté
des allures diverses : myoclonique, myoclono-létliar-
gique atténuée, myoclono-délirante mortelle, myoclono-
névralgique, et complètement étudiés en ce qui con¬
cerne les réactions de laboratoire. SIM. Bourges et
Slarcandier attribuent une certaine valeur pronostique
à l’hyperglycorracliie et à l’hyperglycémie conco¬
mitante, de même qu’à la constatation d’un taux
élevé d’urée dans les humeurs de l’organisme, tous signes
eu rapport avec une infection sévère. Ils ont, à la thé¬
rapeutique classique (abcès de fixation, administration
d’urotropine), ajouté l’auto-hématothérapie, laquelle
provoque des réactions sanguines intéressantes : dimi¬
nution de nombre des polynucléaires, augmentation
de nombre des mononucléaires et apparition des éosi¬
nophiles, et est suivie, dans la plupart des cas, d’une
amélioration manifeste. Da méthode semble donc effi¬
cace. Elle est aussi inoffensive, puisque, chez aucun des
patients ainsi traités, elle n’a déterminé d’accidents.
Mort subite au cours d’une ponction pleurale explo¬
ratrice chez un enfant de quatre ans. Myocardite. —
MM. AperT et Pasteur Vaixery-Radot rapportent
l’o' servation d’un enfant de quatre ans bien portant en
apparence qui a succombé brusquement au cours d’une
ponction exploratrice de la plèvre, au milieu de
phénomènes syncopaux et convulsifs. D’autopsie a mon¬
tré la présence d’un double hydrothorax de moyenne
quantité sans adhérences pleurales ni fausses mem-
PARIS MEDICAL
36
branes, un peu de liquide dans le péricarde, mais sur¬
tout des lésions incontestables de myocardite. Ces cas,
rares chez l’enfant, montrent avec évidence le rôle des
lésions organiques, du cœur en particulier dans la patho¬
génie d’accidents qu’on serait tenté de croire uniquement
réflexes.
Présentation d’un cas d’encéphalite léthargique. —
MM. A. Bergé et L. Hotnagee.
Fixation et conservation avec leurs couleurs des pièce s
anatomiques par un procédé simple et peu coûteux. —
M. JI. Renaud procède de la façon suivante, qui lui
a donné d’excellents résultats et coûte moins cher que
le Kayserling :
i° Fixation pendant quelques jours dans une solu¬
tion renfermant, pour xoo grammes, 15 grammes de
formol et 10 de NaCl ;
2 0 Après lavage rapide, immersion dans de l'alcool
auquel on a ajouté 2 p. 100 d’acétate de potasse ;
3° Quand la pièce a repris une teinte un peu foncée,
l’alcool de lavage est étendu de son volume d’eau, et
6ert de liquide conservateur.
Abcès du lobe pariétal droit. — M. Pr. Merkeen
relate un cas d’abcès du lobe pariétal droit intéressant
par la période de latence, d’ailleurs fréquemment relevée,
qui a précédé les manifestations cliniques. Celles-ci ont
consisté en crises épileptiques gauches répétées, avec
un accès jacksonien droit topographiquement inexpli¬
cable, en fièvre, en phénomènes d'hébétude, d’obnu¬
bilation et d’indifférence. Polynucléose abondante du
liquide céphalo-rachidien. L’origine de l’abcès se trouve
dans une sclérose pulmonaire ancienne, sillonnée de
petites bronches dilatées, pathogénie qui est loin de se
montrer rare.
Septicémie gonococcique avec congestion pulmonaire.
— MM. RibierrK et J. DE LÉobardy ont observé un
cas de septicémie gonococcique à début bruyant, mais
à évolution rapidement favorable. A la veille de la défer¬
vescence se manifeste nettement une localisation pul¬
monaire, sous forme d’une congestion du sommet droit
frisant la pneumonie. Si la septicémie gonococcique a été
rigoureusement démontrée par l’hémoculture, la nature
gonococcique de la congestion pulmonaire ne peut être
tenue que pour infiniment probable, en raison des
caractères cliniques et de l’évolution, de l’absence de
bacilles de Koch et de pneumocoques dans l’expecto¬
ration, tandis qu’on y peut déceler des nids de cocci
ayant la morphologie et les caractères de coloration du
gonocoque. 11 existe d’ailleurs dans la littérature médi¬
cale quelques rares observations de localisations^ pul¬
monaires métastatiques de la septicémie gonococcique.
Mal perforant dans la syphilis sans tabes.—JIM. Achard
et Rouillard ont'vu un mal perforant plantaire, sié¬
geant sous l’articulation métatarso-phalangienne du
quatrième orteil gauche, chez une femme de quarante-
deux ans, entrée à l’hôpital pour tuberculose pulmonaire.
L’examen ne révéla aucun signe de tabes et le liquide
céphalo-rachidien ne renfermait pas de lymphocytes.
Mais la réaction de Wassermann était positive nette¬
ment dans le sérum.
Cette femme ne présentait pas de stigmates de syphilis.
Elle avait eu dix grossesses, dont une double, et avait
perdu sept enfants en bas âge.
On peut se demander; comme dans les cas analogues
d’arthropathies et dé fractures spontanées chez des
syphilitiques, s’il n’y a pas de lésions encore latentes
de tabes.
Tumeur maligne primitive du médiastln antérieur.
Lymphadénome d’origine thymique. — MM. Ch. Gandy
3 Juillet IÇ20.
et R. PiedeeiÉvrë rapportent l’histoire d’un homme de
quarante ans entré à Lariboisière avec des signes d’épan¬
chement pleural gauche chez lequel apparut bientôt
un volumineux œdème des deux membres supérieurs
avec cyanose des mains, bouffissure et cyanose du
visage, dyspnée croissante, etc. ; la radioscopie révéla
une large zone opaque ovalaire surmontant l’ombre
cardio-aortique. Le diagnostic porté fut celui de tumeur
du médiastin antérieur développée aux dépens du thymus,
avec syndrome d’obstruction de la veine cave supérieure.
Le malade succomba douze jours après le début de ce
syndrome. I/autopsie montre une volumineuse tumeur
occupant l’emplacement du thymus, commençant à
infiltrer la face antérieure du cœur, les faces médias-
tines des poumons et englobant les gros vaisseaux de la
base du cœur ; la lumière de la veine cave est occupée
par un volumineux caillot. Au microscope, lymphadé¬
nome typique, qui tend à infiltrer les organes adjacents.
Un point intéressant de l’observation est l’existence
d’un bourgeon néoplasique qui, après avoir détruit et
effondré la paroi de la veine cave, est venu obturer une
grande partie de sa lumière. Malgré l’absence de corpus¬
cules de Hassall dont la présence ne doit plus être regardée
comme un critérium nécessaire, MM. Gandy et Piedelièvre
insistent sur l’origine thymique indubitable de ce genre
de tumeurs, dont les caractères cliniques, anatomiques
et évolutifs offrent d’ailleurs un tableau actuellement bien
défini.
Paraplégie spasmodique, seul reliquat d’une encépha¬
lite léthargique. — MM. André LÉRI et René Gay ont
observé une malade atteinte de paraplégie spasm idiqtie,
d’origine indiscutablement organique, dans les antécé¬
dents de laquelle on ne trouve qu’une encéphalite léthar¬
gique. Celle-ci s’était produite à une époque où la maladie
commençait à peine à être connue ; mais elle s’était
présentée sous sa forme typique et peut être rétrospecti¬
vement diagnostiquée avec certitude. Les symptômes
traînants de la maladie initiale s’enchaînent, pour ainsi
dire, avec les débuts de la paraplégie spasmodique, de
sorte que la filiation des accidents et les relations de
cause à effet paraissent à peu près évidentes.
L'affection, suivie actuellement depuis plus d’un an,
présente d’ailleurs une marche lente, mais complète¬
ment régressive ; la malade est actuellement à peu près
guérie, ce qui est peu en rapport avec l’évolution habi¬
tuelle de la plupart des paraplégies spasmodiques dues
à d’autres causes.
Cette observation est, semble-t-il, la première où une
paraplégie spasmodique, d’ordre nettement médullaire
et non cortical, ait pu être considérée comme le seul
reliquat d’une encéphalite épidémique.
L'éventualité d’une paraplégie spasmodique par encé¬
phalite léthargique est une des nombreuses surprises
que nous a procurées l’étude de cette affection si singu¬
lièrement polymorphe.
Hémoculture positive à Proteus X 19 chez un malade
atteint de typhus exanthématique. — MM. Coi.ijGNon
et MoNZior.S, sur 97 hémo cultures faites chez des
malades atteints de typhus exanthématique, ont pu dé-
céler une fois du Proteus X iç, agglutiné par le sang
des typhiques.
Septicémie à entérocoques. Traitement par un auto¬
vaccin. Guérison. — MM. Coeeignon et Monzioes. —
Le malade observé par les auteurs a présenté d’abord
un syndrome méningé, puis un syndrome typhique.
L’hémoculture a décelé l’entérocoque ; l’auto-vaccin
a amené la guérison.
Fr. Saint Girons.
Le Gérant: J.-B. BAILLIÈRE.
7865-20. — Corbeie. Imprimerie Crété.
L‘HYPERTONIE PNEUMOGASTRIQUE 37
C.LIAN et J. CATHALA. —
L’HYPERTONIE PNEUMOGASTRIQUE
DANS L’ASTHME
IMPORTANCE PATHOGÉNIQUE ET
THÉRAPEUTIQUE
Camille LIAN, et Jean CATHALA,
Médecin des hôpitaux de Paris. Interne des hôpitaux de Paris.
Da pathogénie de l’astlmie, malgré les acquisi¬
tions récentes, compte encore de nombreuses
inconnues. Avant l’apparition des notions nou¬
velles sur les rapports de l’astlnne avec l’aiiapliv-
laxie et l’hémoclasie, l’asthme était classiquement
attribué à une névrose du pneumogastrique,
mais cette théorie demandait à être plus rigou¬
reusement étayée. A ce point de vue les recherches
pharmacodynamiques et cliniques de Eppiuger et
Hess ont apporté des faits intéressants, et ont
conduit ces auteurs à décrire un syndrome vagoto-
nique, dans lequel ils font rentrer l’asthme.
D’autre part, de nombreux auteurs, eu particulier
MM. Lœper et Mougeot, ont montré que le
réflexe oculo-cardiaque permettait d’explorer le
tonus du pneumogastrique. C’est ainsi que nous
avons été amenés à rechercher de parti pris le
réflexe oculo-cardiaque dans un certain nombre de
cas de dyspnée nocturne astlunatiforme, chez des
bronchitiques emphysémateux. Nous nous propo¬
sions ainsi d’apporter de nouveaux faits permet¬
tant d’établir si l’asthme était, au moins en partie,
sous la dépendance du pneumogastrique. Cette
série d’investigations nous a fourni des résultats
assez concordants pour nous permettre quelques
déductions intéressantes au point de vue patho¬
génique et thérapeutique.
Observation I. — R..., cinquante-sept ans, papetier,
vient le 3 février 1920 à la consultation de l’hôpital Tenon.
Toux fréquente et oppression constante s’exagérant la
nuit.
Poumons : inspiration humée et quelques râles sous-
crépitauts disséminés.
Cœur normal ; Mx 16, Mil 10: pas d'albumine.
R. O. C. (i) : 22, 21 | compression oculaire | 20, 23, 17,
18.
Pendant la compression qui a duré trente secondes
environ, le pouls a été compté au bout de cinq secondes ;
et, pendant le premier quart de minute, alors que le
malade était immobile, ou a senti une seule pulsation ;
puis, nouvel arrêt, mais dans le cours des quinze secondes
suivantes le malade s’est comme réveillé brusquement, a
gémi, a voulu s’asseoir sur son lit. Il déclare avoir eu
l’impression de perte complète de la connaissance.
Quand il est revenu à lui, il était encore étourdi. A ce
(1) Réflexe oculo-cardiaque. I,es chiffres indiquent le
nombre des pulsations comptées au quart de minute, avnnt,
pendant et aimés la compression. I,es chiffres placés entre
deux barres verticales ont été notés pendant la compression
oculaire.
moment il fait un effort pour s’asseoir et présente un .-
ébauche de crise convulsive épileptiforme.
Traitement pur des pilules de elladone (poudre et ex¬
traie àa o« r ,qi), trois ou quatre par vingt-quatre heures,
lin quatre jours la dyspnée s’améliore et l’oppression noc¬
turne disparaît ; il peut reprendre son travail.
Obs. II. — Rog..., quarante-deux ans, 209 e infanterie
territoriale (juillet 1915).
Depuis l’âge de vingt-cinq ans présente tous les mois
environ une crise d’asthme pendant trois à quatre nuits
de suite. Il calme habituellement ses crises avec une
poudre anti-asthmatique.
Il vient à la visite parce que la nuit précédente il a été
pris d’une crise d’asthme et ne se sent pas la respiration
tout à fait libre.
Poumons, cœur : rien d’anormal. Mx 12, Mu 7.
R. O. C. H* recherche : 14, 13, 14 , 11 | 12, 13, 13, 15.
2" recherche : 17, 15, H>, 17 | 5 | 12, 13, 14, 15.
Dans la deuxième recherche, la compression a été plus
forte, le malade a eu l’impression qu’il avait perdu con¬
naissance. De cœur était passé de 60 à 20 pulsations par
minute, d’où un ralentissement de 46 pulsations, formi¬
dable, pour un cœur non rapide.
D’après : midi Rog. . a une petite crise d’astlime.à l’in¬
firmerie. Il prend à 17 heures une pilule de belladone, à
20 îi. 30 une deuxième pilule. Vers 1 heure du matin il se
sur son lit. Il prend alors une troisièmepiluleet se rendort.
La nuit suivante il prend une pilule avant le dîner, une
eu se couchant et la nuit est bonne.
De sujet a ensuite l’impression que sa g -ne respiratoire
est bien calmée; on cesse la médication.
En somme, la belladone semble avoir eu une action très
favorable, puisque le sujet, au lieu d’avoir une série de
crises comme d’habitude, a vu sa gêne respiratoire s’atté¬
nuer rapidement.
Obs. III. — Ch..., trente-neuf ans, infirmière. Crises
d’asthme depuis l’âge de trente-trois ans, la première sur¬
répétées fréquentes par périodes de quinze jours avec
paroxysmes cinq à six fois dans les vingt-quatre heures.
Entre à la Charité, salle Krère Côme, le 18 août 1919 après
une crise d’asthme particulièrement violente. Da malade,
toutes les nuits de grandes crises dyspnéiques durant
cinq â six heures, et terminées par une abondante expec¬
toration muco-purulente.
A l’examen, respiration rude, ronflante, avec nombreux
râles ronflants, sibilants et sous-erépitants ; variation du
périmètre thoracique de l’inspiration à l’expiration
forcée : 2 à 3 centimètres.
Cœur régulier, bruits normaux ; Mx 11,3; Un 7 ; foie
un peu gros ; pas d’œdème, pas de pouls jugulaire, pas
d’albumine.
R. O. C. : 29. 28, 28 | 16, 15 | 22, 25, 25, 26.
De pouls passe de 112 à 60 ; ralentissement 50 :
Traitement. quatre pilules de . elladone ; amélioration :
les crises nocturnes se reproduisent toutes les nuits,
mais 11e durent plus qu’une heure; cependant la malade,
trouvant le résultat insuffisant, obtient de l’infirmière de
veille quelques injections de morphine ; apprenant cela, on
substitue à la morphine des injections de sulfate d'atro¬
pine (un milligramme) qui amènent un soulagement net
île la crise en cours, mais inférieur, au dire de la malade,
à celui provoqué par la morphine. Da malade sort du
service très améliorée, après deux mois de traitement
discontinu.
N» 28. — 10 Juillet iç2o.
N» 28
PA RIS MEDICAL
38
Obs. IV. — Ja..., cinquante-cinq ans, employé de
magasin, vient ley février 1920 à la consultation de Tenon,
se plaignant de troubles respiratoires d'abord légers et
consécutifs à une pleurésie. Toux ; dyspnée d’effort qui
depuis quatre mois s’est exagérée et s’accompagne de
crises de dyspnée nocturne, qui se reproduisent presque
toutes les nuits et l’obligeant à rester assis sur son lit.
Emphysème léger, sclérose pulmonaire, pleurite
ancienne de la base gauche, très manifeste à l’examen
radioscopique.
Mx 15 ; Mil 10.
R. O. C. : 26, 27, 27 | 14, 14, 13, 12, 13 | 29, 30, 28.
Donc le pouls passe de 108 à 4 -1 ; ralentissement : 60.
De malade passif dit qu’il étouffait; à noter pendant la
compression oculaire la pâleur du visage et des mains
habituellement cyanosées. De traitement par les pilules
de belladone amène eu trois jours une amélioration
nette. De malade, qui n’a plus de dyspnée nocturne,
conserve seulement de la dyspnée d’effort.
R. O. C. ■ 28, 29, 29-| 19, 21 | 29, 30, 31, 29.
De pouls passe de 116 à 76; ralentissement : 40.
Obs. V. — II..., vingt-deux ans, 226 e : rtillerie (février
1919).
Scarlatine sans néphrite à cinq ans. Intoxication par
gaz; dyspnée, crachats hémoptoïques, puis douleurs lom¬
baires et albuminurie.
Diagnostic d’évacuation : ■< oedème aigu du poumon
par néphrite aigue». Actuellement pas d’albumine.
Mx 14,3 ;Mn 6. I’oids: 110 kilos. Gêne respiratoire la nuit,
l’obligeant à laisser la fenêtre ouverte et à rester presque
assis dans son lit.
Appareil respiratoire : thorax globuleux, diminution
du murmure vésiculaire, quelques râles ronflants. Am¬
pliation du périmètre thoracique : 5 centimètres.
R. O. C. : 22, 20, 22 | 10, 9, 11 | 15, 15, 16, 16, 17, 19.
De pouls passe de 84 à 36 ; ralentissement : 48.
Pendant la compression oculaire, grande gêne respira¬
toire. Da médication belladonée 11e donne pas de résultats
bien nets, tandis que XXX gouttes d’adrénaline amènent
un soulagement notable.
Obs VI. — Dem..., quarante et un ans, 70° R. A. D.
Chauff ur de taxi (mai 1918).
Emphysème, crises asthmatiformes, bronchites fré¬
quentes. Rien noté d'anormal.
Cœur ; Mx 13 ; Mu 8.
R O. C. : 19, 22, 21, 20 | 13, 9, 10, 13 | 18, 20, 18, 17
De pouls passe de 80 à 36 ; ralentissement : 44.
Pendant la compression oculaire, le malade a l'impres¬
sion qu’il va perdre connaissance.
Obs. VII. — Ch..., vingt-huit ans, 20° escadron du
train, sans profession (avril 1918).
Crises d’asthme typique. Ultérieurement emphysème;
bronchite aiguë. Cœur, rien noté d’anormal : Mx -12,5,
Mn 8 ; pas d’albumine.
R. O. C. : 16, 17. 17 | 7, 12 | 18, 20, 18.
De pouls passe de 08 à 28 ; ralentissement : 40 pulsa-
De malade présente, pendant la compression r culaire,
une respiration très accélérée, 15, 12 au quart,puisu, 10,
8, 9 après la compression.
Obs. VIII. — Gau..., vingt-quatre ans, fleuriste,
129 e R. I. (mars 1918).
Intoxication par gaz. en août 1917. Crises asthmati-
formes tous les soirs avec tachycardie, oppression,
dyspnée très vive. A ctuellemeut, rj luphyse pleurale avec
sclérose pulmonaire et emphysème léger. Des crises de
dyspnée nocturne très fréquentes l’obligent à se lever
entre 1 heure et 2 heure; du matin.
10 Juillet 1920
Mx 13,5 ; Mn 8. Cœur : rien noté d’anormal.
R. O. C. : 18, 19 | 9, 12, 13, 14 | iû, 19, 18.
De pouls passe de 76 à 36 ; ralentissement : 40 pulsations.
Obs. IX. — Ba..., trente et un ans, mécanicien,
67 e artillerie (janvier 1919).
Crises de dyspnée asthmatiformes nocturnes accompa¬
gnant ce l’emphysème léger et des poussées de bronchite.
Mx 16,5 ; M11 9.
R. O. C. : 15, 15 | 5, 10, 11, 10 | 16, 18, 18, 16.
De pouls passe de 60 à 20; ralentissement: 40 à la
minute.
Pendant la compression Ba... a eu la sensation qu’il
allait perdre connaissance et, vers la fin, qu’il étouffait.
De malade, qui a toutes les nuits des crises d’étouffe-,
meut, prend deux pilules de belladone. Amélioration
nette, puis suppression des crises qui reprennent quand
on supprime la médication. Elle est reprise et les crises se
suppriment. Après un mois de traitement, les nuits
restent bonnes sans belladone. A ce moment on trouve :
R. O. C. : 17, 18, 17 | 5, 9, 10, 10 | 16, 17, 17.
Il est noter que Ba... c'ouserve un réflexe oculo-
cardiaque fortement positif alors que les crises de
dyspnée ont cessé depuis plusieurs jours.
Obs. X. — Ma..., vingt-deux ans, 29 e dragons (3 mars
1916).
Première maladie, bronchite aiguë à dix-huit ans ;
depuis lors bronchites fréquentes. Depuis deux mois,
toutes les nuits il est très gêné pour respirer vers 2 heures
du matin, 11e pouvant se rendormir qu'à 5 ou 6 heures ;
parfois véritables accès d’étouffement l’obligeant à se
lever et même à sortir.
Signes de bronchite, aiguë. Cœur et urines, rien noté
d’anormal. Mx 13 ; Mn 8.
R. O. C. : 18, 16, 17, 17 | 7 | 17, 15, 15. 16.
De pouls passe de 68 à 42 ; ralentissement: 26.
Traitement : XXX gouttes de teinture de belladone; a
été nettement amélioré, mais conserve une gêne respira¬
toire nocturne plus marquée que le jour.
Obs. XI. — Mor..., vingt ans, 26 e artillerie, coiffeur
(10 janvier 1919).
Crises d’asthme depuis l’âge de dix ans. Emphysème,
R. O. C. : 22, 21 | 17, 16, 15, 14, 14 | 20. 24, 27, 28, 27,
25, 24.
De pouls passe de 84 à 56 ; ralentissement : 28.
Pendant la compression oculaire, gêne respiratoire,
impression de crise imminente.
Obs. XII. -— Bap..., vingt ans, 26 e artillerie, boucher
(janvier 1919).
Emphysème, cris 2s d’asthme, bronchites fréquentes.
Mx 12 ; Mu 8.
R. O. C. : 15, 16 | 9, 9, 10 | 10, 15, 14, 15.
De pouls passe de 62 à 36 ; ralentissement : 26.
Obs. XIII. — Duf..., I er artillerie (décembre 1917).
Crises d’asthme depuis l’âge de trois ans.
R. O. C. ; 18, 19 | 18, 16, 13, 14 | 21, 19.
De pouls passe de 74 à 52 ; ralentissement : 22.
Obs. XIV. — M..., i et artillerie, trente-neuf ans, méca¬
nicien (janvier 1918).
Asthme, emphysème pulmonaire. Mx 13 ; M11 7,5.
R. O. C. : 20, 21 | 16, 15, 15. ib , 22, 21, ai.
De pouls passe de 80 à 60 ; ralentissement : 20.
Pendant la compression, le malade dit avoir une sensa¬
tion vertigineuse et une gêne respiratoire ressemblant
un peu au début d’une crise d'asthme.
Obs. XV. — Van..., aviateur (18 décembre 1918).
Bronchite avec crises d’asthme remontant à deux ans
et ayant débuté après une pleurésie séro-fibrineuse.
Mx 12,3 ; Mn 7,-.
C. LIANet J. CATHALA. — LHYPERTONIE PNEUMOGASTRIQUE 39
R. O. C. : 20, 11, 19 | 15, 15 | iq, 22, 19:
Le pouls passe de 80 à <3o ; ralentissement : 20.
Obs. XVI. — Loi..., 319 0 R. I., trente ans (17 janvier
1918).
Astlime depuis huit ans. Ms 16 ; Mn 10.
R. O. C. : 20 | i 7 , 17, 17, 20 | 22, 22.
Le pouls passe de 80 à 68 ; ralentissement : 12
Pendant la compression, le malade a éprouvé une
sensation de suffocation avec constriction du larynx
tout à fait analogue à celle qu’il éprouve au début d’une
crise d’asthme.
Obs. XVII. — 01..., quarante ans, ébéniste, 201 0 R. I.
(26 mai 1916).
Emphysème, grosse bronchite aiguë, dyspnée à
paroxysmes nocturnes. Mx 14 ; Mn 10.
R. O. C. : 23, 24 | 21, 22 | 24.
Le pouls passe de 96 à 84 ; ralentissement : 12.
Nous avons pu en outre rechercher le réflexe
■oculo-cardiaque chez quatre emphysémateux
bronchitiques présentant des crises typiques
d’ictus laryngé, comme des observations en ont
déjà été.rapportées par l’un de nous avec M. le
professeur Jeanselme (1).
Il y a lieu de noter que chez ces quatre
malades le réflexe oculo-cardiaque a été forte¬
ment positif, car l’hypertonie du vague mise ainsi
en évidence intervient vraisemblablement dans le
mécanisme des ictus laryngés.
Obs. XVIII. — Lav..., cinquante-sept ans, colporteur,
admis d’urgence à la Charité le 3 juillet 1919 après une
perte de connaissance dans la rue. Ancien colonial ayant
eu scorbut, paludisme, pas de syphilis.
En 1904, bronchite aiguë; depuis, bronchites tous les
hivers, avec toux fréquente et dyspnée intense. Peu à peu
s’installe une dyspnée permanente avec grosse dyspnée
d’effort et de décubitus, mais sans crises asthmatiformes
nocturnes.
Le malade dort bien demi-assis dans son lit et n’est
réveillé par une dyspnée notable que s'il glisse dans son
lit en dormant.
Depuis 1915, est sujet à des pertes de connaissance
assez fréquentes. Ces crises surprennent le malade en
marchant ; le début est marqué par une quinte de toux
plus forte et plus longue que les quintes habituelles. Au
bout de quelques secousses de toux il se sent très gêné et
perd connaissance. La crise se déroule très rapidement
en une à deux minutes. Il reprend aussitôt connaissance,
mais reste essoufflé deux ou trois heures et reste assis
avant de reprendre ta marche.
Indépendamment de ces grandes crises avec syncope,
Lav... présente presque tous les deux jours en moyenne,
à l’occasion de quintes de toux, une ébauche de crise
avec malaise intense, mais sans perte de connaissance.
A l’examen : emphysème avec grosse bronchite chro¬
nique. Le périmi tre thoracique ne varie que de 2 centi¬
mètres de l’inspiration à l’expiration forcée. Cœur
normal. Mx 15 ; Mn 7,5. Ni sucre, ni albumine dans les
urines. Pas de modification des réflexes.
R. O. C. : 19, 19, 18 | 5 | 23, 20, 17, 15.
Ralentissement considérable. Au début de la compres-
(1) Jeanselme et Lian, Les ictus laryngés des bronchi¬
tiques {Société médicale des hôpitaux, 9 juillet 1915).
sion oculaire, il y a eu une pause cardiaque de 8 secondes.
La respiration, à 32 au moment de l’épreuve, s’arrête
au début de la compression oculaire ; dès la fin de la
compression, ou remarque de la pâleur du visage et une
légère transpiration.
Obs. XIX. — Fou..., cinquante-six ans, mécanicien
(lonsultation de l’hôpital Tenon, février 1920). Pas
de maladie jusqu’à une forte bronchite aiguë il y a trois
ans. L’hiver dernier, nouvelle bronchite.
Depuis lors, quelques crises d’étouffement surtout
diurnes et grosse dyspnée à l’effort. Depuis trois mois
mie trentaine d’ictus laryngés.
Pris de toux plus forte que d’habitude, il sent, après
troisou quatre secousses de toux, des fourmillements avec
un menu tremblement dans les jambes, dans les bras, et
en même temps une constriction laryngée. Aussitôt sa
vue se brouille et il tombe, perdant connaissance. La
perte de connaissance est très courte, sans mouvements
convulsifs ; aussitôt relevé, il se sent très bien.
Examen : Inspiration humée avec expiration pro¬
longée, quelques ronehus, bronchites légères. Mx 13,5 ;
Mn 9 ; ni gros foie, ni œdème.
R. O. C. : 21. 21 | 6, xo j 26,, 20, 18, 17.
Le pouls passe de 84 à 24 ; ralentissement : 60.
Traitement : trois pilules de belladone par jour. Le
malade, qui toutes les nuits est réveillé de 1 heure à
3 heures par des étouffements, n’a plus de crises noc¬
turnes après une semaine de traitement.
Le traitement est prolongé, l’amélioration nocturne
persiste, mais le malade présente à nouveau quelques
ictus laryngés, francs ou ébauchés.
Obs. XX. — Emphysème pulmonaire et ictus laryngés.
Réflexe oculo-cardiaque fortement positif (observation
perdue, les détails manquent).
OBSi XXI (publiée avec M. leprofesseur Jeanselme). —
Emphysème, bronchite, ictus laryngés.
R. O. C. : 19, 20 | 11 | 16,17, 19. 20.
I^es malades dont nous venons de rapporter les
observations rentrent tous dans la même catégorie.
Ce sont des emphysémateux sujets à des poussées
fréquentes de bronchite, et présentant des crises
de dyspnée nocturne paroxystique qui les obligent
à rester assis dans leur lit, et même contraignent
certains à se lever. Tous nos malades sont des
pulmonaires, c’est là un point sur lequel nous vou¬
lons insister, et ces crises dyspnéiques ne sont
point en rapport avec une insuffisance ventricu¬
laire gauche (2), comme celles que l’on observe
au cours des néphrites hypertensives.
Dans tous nos cas, le réflexe oculo-cardiaque a été
positif ;
Dans 3 cas (obs. I, II et XVIII) il est formi¬
dable, 011 craint la syncope ;
Dans 9 cas, le ralentissement varie de 36 à 72
pulsations, il est fortement positif ;
Dans 6 cas, le ralentissement est de 20 à
30 pulsations, il est moyennement positif ;
(2) C. Lian, Le diagnostic des souffles systoliques apexiens
et l’insuffisance mitrale fonctionnelle ( Thèse de Paris, 1909,
256 pages). —Le syndrome d’insuffisance ventriculaire gauche
( Presse mid., 22 janvier 1910, et Gaze'.tedcs hôp. (revue g’nér.),
13 déc. rgi3). .
28.
A°
PARIS MEDICAL
Dans 2 cas, le ralentissement est seulement de
Ï2 pulsations, il est faiblement positif.
Nous sommes donc autorisés à conclure que
l’exagération du réflexe oculo-cardiaque (i) est un
attribut très fréquent des dyspnées astlmatiformes
des bronchitiques, et vraisemblablement de l’asthme
dit essentiel (2). Ces résultats sont pleinement
d’accord avec la notion classique qui faisait
jouer au nerf pneumogastrique une part impor¬
tante dans la genèse du syndrome asthme, aVéc
les recherches pharmacodynamiques de IvppiUger
et Hess *, et avec les observations de I,œper et
Codet qui, dans 2 cas d’asthme traumatique par
blessure de guerre, ont observé Une exagération du
réflexe oculo-cardiaque (3).
Ainsi nos faits contribuent à démontrer que
l’aSthme est à bon droit considéré comme un élément
du syndrome d’hypertonie pneumogastrique ou
syndrome vagotonique.
Il est intérèssant d’envisager comment cette
notion de l’hypertonie du vague chez les asthma¬
tiques peut se relier aux notions nouvelles sur les
rapports de l'asthme et des chocs anaphylac¬
tiques. Il ne nous semble paS que ceS faits soient
en opposition. Nous sommes portés à penser que la
vagotonie est un véritable élément constitutionnel
congénital ou acquis, représentant une particu¬
larité du terrain de certains sujets ; elle constitue
une amotee, une direction pour les manifesta¬
tions morbides qui sont susceptibles d’intéresser
le nerf pneumogastrique. C’est à une hypothèse
analogue que viennent d’ètre conduits MM. Widal,
Abrami et Brissaud (4).
« Si parmi tous les sujets qui sont exposés... un
très petit nombre seulement est capable de
s’anaphylactiser ét devient asthmatique, n'est-ce
pas aussi en raison d’une susceptibilité spéciale,
d’une vulnérabilité particulière des cellules de ce
centre bulbo-ihëdullaire, qui, pour certains auteurs,
serait le siège fonctionnel de l’attaque de dyspnée
asthmatique ? >>
Nos faits sont encore intéressants à envisager
en ce qui concerne les ictus laryngés des bronchi¬
tiques. Ils montrent que cet accident est .loin
(1) Pour être dans de bonnes conditions, il importe que la
compression oculaire soit forte, et il est bon que le sujet se
laisse aller au lieu de gêtair ou de S’agiter.
(2) Certains de nos malades paraissent bien avoir eu des
crises d’asthme essentiel, avant de présenter des signes d’em¬
physème pulmonaire.
(3) I,œPER et Codet, I/astlune traumatique (Progrès
médical, r» r septembre 1917).
(4) Widal, Abrami et Brissaud, Étude sur certains phé¬
nomènes de choc observés en clinique (Presse médicale,
3 avril 1920).
10 Juillet 1920
d’être rare et que lè réflexe oculo-cardiaque est
fortement positif chez de pareils malades. Oh peut
donc conclure dans ces cas à l’existence d’une
hyperexcitabilité du noyau bulbaire du pneumo¬
gastrique et on comprend, dans ces conditions,
que l’excitation partie du nèrf laryngé supérieur,
conduite à un noyau hyperexcitable, puisse déclen¬
cher les phénomènes d’inhibition brutale qui cons¬
tituent l’ictus laryngé. Il serait assez tentant de
penser qu’eu raison de leur point de départ, ces
phénomènes d’inhibition sont respiratoires et
cardiaques, qu'il s’agit en somme d’une syncope à
la fois respiratoire et cardiaque. Mais il ne faut
adopter cette interprétation qu’avec des réserves,
tant que l’on n’aura point eu l’occasion d’obser¬
ver le malade pendant un accès.
tvn fin cettè lidtion de l’hypervagotonie dans
le syndrome asthme permet quelques déductions
thérapeutiques. Depuis longtemps l'emploi de la
belladone est classique dans de tels cas, et elle
fait partie de presque toutes les poudres anti-
asthmatiques. I/hypervàgotonie fait encore res¬
sortir l’intérêt de cette médication qui agit, comme
011 le sait, eu paralysant les terminaisons péri¬
phériques du pneumogastrique. Par conséquent,
chez un sujet ayant de la bronchite et présentant
des crises asthmatifûrmes, On peut espérer, par
la belladone, diminuer notablement les incitations
qui, parties de l’appareil respiratoire, gagnent le
noyau bulbaire hyperexcitable, et en outre
atténuer les résultats des influx centrifuges lancés
dans le pneumogastrique par son noy-au bulbaire.
Nos observations montrent bien les excellents
résultats qu’il y a lieu d'attendre de la belladone
employée en doses assez fortes. Nous estimons
qüe, chez les asthmatiques, il faut essayer de parti
pris la belladone, à dose moyenne ou forte. Trop
souvent, eu particulier dans l’emphysème avec
crises astlimatiformes, on se contente d’ordonner
de la codéine, associée ou non à quelques gouttes
de teinture de belladone. Il en avait été ainsi chez
plusieurs de nos malades : les résultats avaient été
tout à fait insuffisants, tandis qu’ils furent
excellents avec une dose appropriée de belladone.
Nous prëcOiiiSèronS les pilules classiques (poudre
et extrait de belladone âà 1 centigramme) à la dose
de deux, trois', ou quatre pilules par jour, et dans
les cas plus tenaces le sulfate d’atropine en inges¬
tion ou en injection sous-cutanée deux prises
d’un quart ou d’un demi-milligramme.
Ce n’est point, à vrai dire, le traitement de choix
de l’accès dyspnéique lui-même, car l’action d’une
P. FERREYROLLES. —
injection d’atropine peut se faire attendre quinze,
trente minutes, et à ce point de vue une injection
intramusculaire d’un demi-milligramme de
chlorhydrate d’adrénaline, ou encore l’inhalation
des fumées produites par les poudres classique^,
sont d’action plus rapide et plus certaine. Mais la
belladone et l'atropine constituent les éléments
du traitement de fond qui, en modérant le dyna¬
misme pneumogastrique, pourra espacer, atténuer
ou supprimer les crises dyspnéiques.
IMMUNITÉ
ET CURE THERMALE
le D' Paul FERREYROLLES (Je la Bourboule).
« Il faut considérer la médecine thermale, a dit
Ambroise Tardieu, comme la grande école de la
médecine naturelle, la plus vaste clinique de ces
maladies chroniques qui s’établissent en quelque
sorte au sein de la constitution et n’en peuvent
être expulsées que par l'action mystérieuse et
puissante des eaux minérales. »
Action en effet mystérieuse et puissante que
depuis quelques années nous essayons de nous
expliquer en appliquant à l’étude des eaux miné¬
rales les dernières données des sciences physiques,
chimiques, biologiques et physiologiques. Mais que
d’inconnus restent encore qui rendent impossible
actuellement la solution si demandée et si difficile
à résoudre du problème de la spécialisation de
chaque source thermale.
On y arrivera sans doute ; mais puisqu'il est
impossible actuellement de cataloguer pour ainsi
dire les afïeotions auxquelles ont répondu telles-ou
telles eaux minérales, tâchons de définir mieux,
pour chacune d’elles, le type morbide auquel elle
convient, quelles que soient les manifestations
par lesquelles il se traduit.
C'est sur le type morbide seulement qu’agissent
certaines eaux minérales ; c’est lion seulement en
modifiant ce que tout le inonde convient d’appeler
aujourd’hui le terrain, mais encore en modifiant
le tempérament de chaque individu ayant >00
même type morbide, qu’agit la cure thermale.
C’est cette réaction de défense qui doit -être tou¬
jours la même, quel que soit l’agent envahisseur,
qu’il faut aider, si elle existe, faire naître si elle
fait défaut, modifications de terrain et de tempé¬
rament qui mettront le malade â l’abri des mani¬
festations morbides nouvelles, qui linmiu/mseront
si Ton peut dire contre ses futursenmemis dudéhors.
, Ces faits sont connus ; on les a constatés sous
l’influence d’une même eau minérale chez diffé-
4 r
rents individus et chez le même individu sous
l’influence de différentes eaux minérales, sans-
qu’on ait pu lès expliquer d’une façon satisfaisante,
les sceptiques ont souri ; ils ont expliqué le succès
de la cure thermale en faisant intervenir ; repos,
régime, altitude et grand air, alors qu’il's’agissait
d’uue action profonde, extrêmement impartante
de la médication hydro-minérale, action à laquelle
nous nous sommes proposé d’apporter quelques
précisions.
Dans une étude antérieure plus complète, le
D r Billard et moi, étudiant l’eau de ■ Choussy
Perrière, avons montré qu’elle pouvait être consi¬
dérée comme un véritable sérum médicamen¬
teux arsenical avec une minéralisation totale de
Geqqgqy par litre et une teneur en arsenic de
0,00705 par litre ; la densité de cette eau est, à
25°,de 1050; son poids cryoscopique est A = o°,3 i ;
sa conductivité électrique de 67 X 10— J . Laborde
a constaté que 10 litres de cette eau renfermaient,
quatre jours après l’extraction, d’émanation
de radium et que les gaz de la source correspon¬
dent à 11,02 milligrammes-minute.
A l’examen ultra-microscopique, dans un tra¬
vail publié en collaboration avec le D r Gaston,
nous avons constaté des cristaux, des cristalloïdes
et des colloïdes électro-négatifs que nous pensons
être des colloïdes arsenicaux, nous basant, pour
émettre cette hypothèse, sur la similitude qui
existe entre l'arsenic colloïdal électrique et l’eau
de Choussy Perrière. Même sens électrique, même
toxicité (plus faible, à teneur égale d’arsenic,
que l’hectine ou le 606), même pouvoir cata¬
lytique, même action microbicide, etc. Nous-
en avons étudié l’action physiologique et théra¬
peutique, l’action locale et générale en injec¬
tions hypodermiques. C’est un point de leur action
générale propre au mode dfadministrntion par
injections hypodermiques sur lequel nous allons
nous arrêter, en étudiant les modifications de la
•réaction leucocytaire et les phénomènes d’ana¬
phylaxie sons l’influence de doses très faibles
d’eau minérale, 'de doses infinitésimales, par con¬
séquent, rie leurs différents éléments constituants.
Nous nous rendons parfaitement compte rie
l’insuffisance du nombre de nos expériences, de
la difficulté que présentent ees expériences pour
être à l’abri de toute critique. M. le professeur
Richet, M. Beliu ont fait ides études analogues
sur l’immunité avec toutes les garanties scienti¬
fiques .désirables. Nous avons calqué nos expé¬
riences sur les leurs, nos’ résultats se sont trouvés
superposables ; mous les publions donc, aurais mous
paraissent très intéressants, nous réservant, dans
une étude plus.complète, de préciser certains points •
IMMUNITE ET CURE THERMALE
42
PARIS MEDICAL
10 Juillet iQ2o.
Réaction leucocytaire. — La réaction leuco¬
cytaire peut être définie : la variation du nombre
des globules blancs du sang suivant certaines
influences physiologiques ou pathologiques. Une
toxine, une alimentation, une hémorragie, un trau¬
matisme agissent sur les leucocytes et modifient
le nombre de ceux qu’on constate dans l’unité
de volume du sang circulant.
Sur la cause de cette variation, nous ne nous
étendrons pas, nous laisserons de côté cette ques¬
tion très complexe, nous contentant de voir ce
qui se passe sous l’influence de la cure en boisson
d’abord, puis sous l’influence de l’injection intra-
tissulaire d’une eau minérale.
a. Influence de la cure externe. — Claisse
est le premier qui ait fait des constatations. Il a
montré, à Biarritz, que les bains chlorurés sodiques
forts abaissaient le chiffre des globules blancs,
tant chez le sujet normal que chez les individus
atteints de tuberculose locale.
Les observations faites à Vichy par Salignat et
Léger ont démontré l'alternance de phases d’hypo-
leucocytose et d’hyperleucocytose sous l'influence
de la cure thermale ; ils ont vu que la polynucléose
disparaissait à la suite de la cure de Vichy ; les
modifications leucocytaires tendaient toujours'
vers la mononucléose ; l’éosinophilie apparaissait
assez fréquemment vers la fin de la cure. Avec les
eaux d’Ahusquy, le D r Feuillé a observé également
des phases d’hypo et d’hyperleucocytose.
Ainsi donc, « la suite d’une cure thermale interne
et externe,, réaction leucocytaire irrégulière, hyper¬
leucocytose tardive, peu intense en tout cas.
b. Influence de la cure par injection. —
Que se passe-t-il sous l’influence d’une injection
d’un centimètre cube d’eau de Choussy Perrière?
Toutes les numérations des leucocytes ont été
faites par la méthode de Lassablière, qui est extrê¬
mement précise. Pour simplifier, nous rapporte¬
rons, comme il le fait, nos chiffres, non plus au
millimètre cube, mais au centième de millimètre
cube. Soit par exemple 80 le chiffre trouvé chez
un cobaye normal ; après réaction leucocytaire, il
y a, je suppose, 150 : je n’inscris pas 150, mais'la
moitié de 150, plus la moitié du rapport de 80 à
150, soit 115, c'est-à-dire 115/2 = 57. Par consé¬
quent j’inscrirai le nombre 75 + 57=132, qui
tiendra compte aussi bien pour moitié du chiffre
absolu 150 etpourmoitié durapportentrelechiffre
absolu et le chiffre constaté antérieurement chez
ce même animal. Ce qui nous permettra également
de comparer la réaction de deux animaux ayant
le même chiffre absolu, tout en n’ayant pas le
même chiffre initial.
i° Injeotion féritonéaee et réaction eeu-
cocytaire. — Si l’on injecte à un cobaye ou à un
lapin une très petite dose d’eau Choussy Perrière,
dans le péritoine, on constate, cinq heures après,
une réaction -leucocytaire extrêmement nette :
Trois cobayes ayant successivement 75, 80,
79 globules blancs présentent, cinq heures après
une injection d’un centimètre cube d’eau Choussy
P®rrière (c’est-à-dire de 6 milligrammes de sa
minéralisation totale), une numération globulaire
de 178, 158,147.
Cette réaction a été sensiblement la même chez
trois cobayes ayant reçu 5 centimètres cubes d’eau,
c’est-à-dire une dose d’eau cinq fois plus forte.
Ainsi donc, pour l’eau de la Bourboule, la réaction
leucocytaire consécutive à une injection est très
marquée et paraît, dans une large mesure, indé¬
pendante de la dose injectée.
Ces résultats sont absolument comparables à
ceux obtenus par M. le professeur Richet, qui
avait étudié la réaction leucocytaire d'un très
grand nombre d’animaux à la suite de l’injection
de différentes doses de chlorure de sodium ou d’une
solution de peptone stérilisée, et qui concluait :
« De ces expériences se dégage la conclusion
bien importante au point de vue thérapeutique,
c’est qu’on emploie probablement pour les injec¬
tions des doses trop fortes. Cette efficacité des
faibles quantités de solution donne à réfléchir.
Il est indifférent d’injecter un centimètre ciibe de
plasma ou un centimètre cube de liquide ne conte¬
nant qu’une dix-millième partie du plasma muscu¬
laire. >>
Immunité leucocytaire après injection périto¬
néale. — Si, quinze jours après, je fais à ces mêmes
cobayes une seconde injection d’eau Choussy
Perrière, je constate que ces animaux, qui avaient
réagi très fortement à la première injection, ne
réagissent pas à la seconde et passent de 178,158
et 147 à 145,114 et 135 ; autrement dit, ils ont
acquis l’immunité leucocytaire pour l’injection
d’eau de la Bourboule.
Ainsi donc il s’est fait chez ces cobayes, à la
suite d’injections intrapéritonéales d’eau de la
Bourboule, une immunité contre l’eau de la Bour¬
boule, et cette immunité met une quinzaine de
jours à s’établir.
Ni à la première, ni à la seconde injection, aucun
symptôme grave n’apparaît, et, si l’on 11’avait pas
constaté la différence entre les •hiffres précédents,
on serait tenté de dire que la première injection
a été sans effet et que la deuxième a été de même
sans effet. Si nous nous reportons encore aux
expériences de M. le professeur Richet, nous
arrivons à ses conclusions :
« Pour provoquer cette immunité quinze jours
Bromothérapie Physiologique
Remplace la Médication bromurée
(Combat avec succès la Morphinomanie)
SPECIFIQUE des AFFECTIONS NERVEUSES
Traitement de rlnsomnie nerveuse, Epilepsie,
INÉVROSTHÉ NI NE FREYSSINGE
GouUes de glycérophosphates alcalins (éléments principaux des tissu? nerveux]
Convalescences, Surmenage, Dépressions nerveuses
CAPSULES DARTOIS ,
Q U ASS I K E _ A D P F T I T
frem int Mrrc III
SULFARSENOL
parfaite
ANTI-SYPHILITIQUE ET TRYPANOGIDE
Extraordinairement puissant, très efficace dans le Paludisme et les complica¬
tions de la Blennorragie (Orchites et Rhumatismes), le SEUL ARSENOBENZOL
se prêtant à l’injection SOUS-CUTANÉE, jusqu’à I gr. 20. _
Vente en gr,os : Laboratoire de Biochimie médicale, 92 , rue Michel-Ange, PARIS. Tel. Ant. 26-62
R. PLUCHON, Pharmacien de / re classe, O &
Vente en détail : Pharmacie LAFAY, 54, rue de la Chaussée-d’Antin, et dans toute bonne pharmacie
PÉRISTALTINE CIBA
régularise les fonctions de l’intestin
Action douce, sans colique
\ Sans accoutumance
réveille la motricité intestinale dans
l’atonie post-opératoire
Innocuité absolue, Injection indolore
et sans réactions locale ou générale.
AFFECTIONS GASTRO- INTESTINALES
Entérite muco-membraneuse^^^
Entérites diverses.
Diarrhées infectieuses^^fj^ _
Constipation.
^J ÜMP^bERMAiOSES
^ • Furonculose
Urtica ire - Ec zéma
^Dose: 4 comprimés par jour
laboratoires CHEEEET/NLEMAlfE - 5 , Rue Ballu-Pms
TONIKEINE
(SERUM NEURO-TONIQUE)
, / EAU DE MER.6 c. I une
chaque V Glycéroph. de soude. 0 gr. 20 injection
ampoule < Gacodylatc de soude. # gr. 05 tous les
contient ( Sulf do strychnine... 1 mil%.| 2 jours
Laboratoires GHEVRETIN & LEMATTE
S, rue Ballu — PARIS
P. FERREYROLLES.— IMMUNITE ET CURE THERMALE
43
après, il a suffi de doses prodigieusement faibles,
tellement faibles que j’ai longtemps hésité à y
croire. Mais en multipliant mes expériences, j'ai
dû me rendre à l’évidence. Peut-être les médecins
trouveront-ils là matière à réflexion et essayeront-
ils d’obtenir de grands effets avec de petites
causes. »
2° Réaction "leucocytaire et injections
intraveineuses, -n- Nous avons constaté, dans
une nouvelle série de lapins, qu’à la suite d’in¬
jections intraveineuses d’eau Ghoussy Perrière
dans la veine marginale de l’oreille, nous avions
une réaction leucocytaire superposable à celle
consécutive à l’injection intrapéritonéale.
Le professeur Richet a montré qift l’injection
intraveineuse de la solution de chlorure de sodium
à 7 p. iooo produit une hyperleucocytose qui dure
jusqu’à six mois, tandis qu’avec des doses très
faibles le nombre des leucocytes revient à la nor¬
male au bout d’une dizaine de jours.
a: Quinze jours après, nous ayons fait à ces
animaux une nouvelle injection d’eau de Choussy
Perrière : nous n’avons eu aucune réaction ; nous
pouvons donc dire que nous avons une immunité
consécutive comme dans le cas précédent.
. Supposons maintenant qu'au bout de quinze
jours, chez les animaux auxquels nous avons
injecté une première dose d’eau de Choussy Per¬
rière, nous injections une dose de toxine quel¬
conque : que va-t-il se passer?
Nous avons injecté à nos cobayes une dose
d’un centimètre cube de toxine typhique, préparée
suivant la méthode de Lesrerlka, et nous avons
constaté que leur numération leucocytaire, qui
après la première injection d’eau minérale don¬
nait 178,158, 147 -145, ji4,135 après la seconde,
donnait après l’injqctiou de toxine typhique :
« 7 . 92 . 95 -
i. Dix jours après, ils reçoivent une dose d’mi cen¬
timètre cube de bouillon de culture de colibacille:
ils ne réagissent pas davantage.
Les cobayes témoins ont eu des réactions
extrêmement fortes, deux d’entre eux sont morts ;
d’où nous sommes autorisés à dire qu’à la suite
d'injection d'eau de Choussy Perrière, il est possible
de faire acquérir à des animaux une immunité leur
permettant de résister à des injections microbiennes
mortelles variées et répétées, en même temps qu’une
résistance suffisante pour leur permettre de lutter
avec succès contre CCS différentes injections-
Supposons maintenant que nous fassions à des
animaux d’abord mie injection de toxine à dose
toxique ; qu’arrivera-t-il si nous les traitons aussi¬
tôt par une injection d’eau minérale? Nous avons
injecté d’abord de la toxine typhique, puis une
culture de colibacille jeune de vingt-quatre
heures à une série de cobayes et de lapins ; à un
certain nombre d’entre eux nous avons fait, tous
les jours pendant cinq jours, une injection d’eau
de la Bourboule dans le péritoine ; tous les ani¬
maux traités ont résisté à l'infection, alors que
les témoins sont morts dans un temps variant
entre trois et cinq jours.
Quatre nouveaux lapins ont reçu, dans la veine
marginale de l’oreille, un centimètre cube de cul¬
ture jeune de vingt-quatre heures de colibacille.
Les deux témoins sont morts le troisième jour; les
deux autres, qui ont reçu de l’eau de Choussy Per¬
rière dans la veine, 5 centimètres cubes tous les
jours pendant quatre jours consécutifs, ont guéri.
Nous devons ajouter cependant qu’ils ont mis
près de trois semaines à reprendre leur poids pri¬
mitif ; six semaines après, leur numération globu¬
laire est revenue sensiblement à la normale. Néan¬
moins, ils ont réagi légèrement à une nouvelle
injection d’eau de la Bourboule : 99 à 112 (les
témoins ont passé de 95 à 157).
Ces expériences récentes ne font que confirmer
celles que j’avais faites en 1906 dans le laboratoire
du professeur Charrin au Collège de France et
que j’avais signalées dès cette époque, sans
m’appesantir davantage sur ce point, mon atten¬
tion se trouvant alors fixée ailleurs. Je les ai
reprises, cqr elles reprennent toute leur impor¬
tance et démontrent l’action profonde de cer¬
taines eaux minérales dans certains états
pathologiques, expériences du reste en concor¬
dance absolue avec les importantes et très
curieuses recherches de Relin de Tours que je vais
brièvement résumer.
Expérience I. — U y a plus lie (leux ans, (p 8 juin ?9ï),
j’injectais dans les muscles de trois lapins du virus rabique
(virus fixe). L’un d’eux reçut pendant douze jours du
carbonate de sodium en solution dans l’eau distillée à
raison de 2 centimètres cubes par kilogramme d’animal,
trois fois par jour. lin témoin et le traité 11e présentè¬
rent aucun symptôme rabique, le troisième succomba.
Vingt et un jours après la dernière injection saline,
j’injectai dans le péritoine de chacun d’eux un demi-
centimètre cube d’une culture de streptocoque en bouil¬
lon glycériué, tuant le lapin neuf en vingt-quatre heures
Le lapin témoin de )'expérience précédente meurt en
vingt-quatre heures. ^
aucun trouble.
Dix-huit jours après, il reçoit impunément deux fois la
dose sûrement mortelle de streptocoques.
Enfui, cinq uioip après l’injection de virus rabjque, il
supporte admirablement bien trois quarts de centimètre
cube de culture de colibacille dans le péritoine, dose qui
tue trois lapins témoins en dix-neuf, quatorze et viugt-
ExiÉrience IL —^ A trojs lapins j'injecte, le ?3 juin
44 PARIS MEDICAL io Juillet ig20.
i y 11, sous la peau, un demi-centimètre cube (dose non
mortelle) d'une culture de vingt-quatre heures en bouil¬
lon peptoné de streptocoques.
Beux de ces lapin? reçoivent, l’un du carbonate de
sodium, l’autre du chlorure de calcium par la voie sous-
cutanée à raison de 3 centigrammes par kilogramme,
trois fois par jour pendant trois jours, puis deux fois par
jour pendant sept jours.
Bix jours après l’injection de streptocoques, j’inocule
dans le péritoine de chacun d’eux une dose mortelle de
culture de choléra des poules.
Le témoin meurt en dix-huit heures.
Le lapin CO’Na* ne présente aucun trouble.
Le lapin CaCl* a de la diarrhée, il maigrit, mais au bout
d'une dizaine de jours il est guéri.
Expérience III. — Le 18 août ign, trois lapins
reçoivent sous la peau un demi-centimètrecubcd’uneeul-
ture de vingt-quatre heures de choléra des poules (dose
non mortelle).
Les injections de C 0 3 Na“ et CaCl* sont faites pendant
sept jours, à raison de deux injections par jour, 3 centi¬
grammes par kilogramme d’animal.
Cinq jours après la dernière injection, on administre à
chaque lapin une dose mortélle de colibacille dans le
péritoine.
Le témoin meurt en quarante-huit heures.
Les deux sujets traités ne présentent aucun trouble.
Trois mois après le début de l’expérience, le colibacille
injecté dans les mêmes conditions, mais à dose plus forte,
tue les deux lapins en dix-neuf et trente-deux heures.
L’immunité conférée par les injections salines avait
disparu.
Anaphylaxie et cure thermale. — Pour
être complet, rappelons l’action de l’eau de la
Bourboule sur les phénomènes d’anaphylaxie,
action démontrée par les expériences publiées
l’an dernier par Daupeyroux.
Comme antigène, le D r Daupeyroux, a employé
l’hémostyl du D r Roussel, qui, tout en provo¬
quant de fortes réactions anaphylactiques, n’est
pas immédiatement mortel et permet de suivre
plus aisément la succession des phénomènes
qu’il voulait étudier.
Après avoir préparé ses animaux, il en a traité
une série par l’eau en boisson, en la mélangeant
au son dont ils étaient alimentés.
Une deuxième série par des injections d'un
centimètre cube d'eau tous les jours, une troisième
série par 2 centimètres cubes d'eau tous les jours.
L’eau a été recueillie au griffon et employée
quelques secondes après. Les lapins ont reçu de
Peau de la Bourboule vingt-quatre heures après
avoir reçu l'antigène.
Pendant vingt-quatre heures consécutives, les
injections ont été faites au même taux et dans les
mêmes conditions ; au bout de ce temps, le
D r Daupeyroux fit une injection déchaînante et
ci nstaté :
i° Que l'eau de la Bourboule prise par la voie
buccale 11e paraît pas modifier sensiblement l’état
anaphylactique (peut-être à cause de la façon dont
elle a été administrée) ;
2° L’eau de la Bourboule a, en injections, un
pouvoir anti-anapliylactique certain, surprenant
même, puisqu’elle peut rendre les animaux abso¬
lument réfractaires ;
3° La question des doses semble avoir une
grosse importance ; les doses faibles semblent être
plus actives que les doses fortes ;
4° Il semble que plus l’on s’éloigne de la période
d’action des eaux, plus l’action des doses faibles
disparaît, tandis que l’action des doses fortes per ¬
siste.
Ainsi donc, toute une série d’expériences faites
par différents auteurs : Ricliet, Belin, Daupeyroux
et moi, expériences pouvant être comparées les
unes avec les autres, donnent des résultats ana¬
logues et se confirmant.
De la partie de ces expériences relative aux
résultats obtenus avec l’eau minérale, se dégagent
un certain nombre de faits ;
i° On peut, par l’injection d’eau minérale,
conférer une immunité générale à l’organisme,
diminuer sa réceptivité et le mettre à l’abri d'in¬
fections ultérieures ;
2° On peut conférer à l’organisme infecté une
résistance suffisante pour lui permettre de résister
victorieusement à une affection antérieure qui
peut être mortelle pour des animaux témoins ;
3° Dans toutes ces expériences, l’importance
de la dose d’eau minérale injectée a été très nette.
Les doses faibles et espacées confèrent une immu¬
nité égale à celle des doses fortes ; elles se montrent
d'une efficacité plus grande que ces dernières,
dans le cas où il faut désintoxiquer un organisme
ou augmenter sa résistance ;
4° Les injections à doses fortes prolongent la
durée de la période d’inununité. Dans la pratique,
par exemple, il semblerait rationnel d’envisager
d’une façon générale deux cas : a. le cas d’un
individu dont la résistance est au-dessous de la
normale, par exemple, le cas d’un enfant qui, à
l’examen, ne présente aucune lésion apparente
mais qui, sous une apparence de santé, est fragile
et dont les parents disent : « Il prend tout ce qui
passe ». A cet enfant, nous ferons tous les huit ou
dix jours une injection de 8 à 10 centimètres cubes
d’eau, par exemple, nous basant sur sa réaction
leucoçytaire, et nous terminerons soii traitement
par une injection de 50 centimètres cubes environ,
lorsque nous aurons constaté qu’il a acquis une
immunité leucocytaire, et cela dans le seul but de
prolonger cette immunité ;
b. Le cas d’un organisme qu'il s’agit de débar¬
rasser d’une toxine exogène ou endogène, et c’est
P. FERREYROLLES. — IMMUNITE ET CURE THERMALE 45
le cas pour beaucoup de malades des stations
thermales. Si l’on considère, comme on semble
le faire très justement, après les travaux deBillard,
Bévy, Eaisné, Galup, et beaucoup d’autres, les
manifestations des maladies diathésiques comme
des accidents d’anaphylaxie, nous devons faire
tous les jours,ou tous les deux jours, une injection
à dose faible, puis, lorsque l’organisme sera pour
ainsi dire désanapliylactisé, injecter une dose forte
intraveineuse ou sous-cutanée pour le mettre à
l’abri de nouveaux accidents.
Du reste, pratiquement, cette immunité consé¬
cutive à la cure thermale est manifeste et tous les
ans. nous voyons des malades que nous avons
traités pour telle ou telle affection, ne pas avoir
eu de nouvelles manifestations jusqu’en janvier,
février, par exemple, de l’année suivante, et tous
les ans, nous revoyons des enfants, très fragiles
jusqu’ici, qui ont passé un hiver sans le moindre
accroc. Mais nous- pensons qu’ainsi traités, en
nous basant sur toutes ces expériences, nous
obtiendrons un résultat bien supérieur à celui
obtenu par l’emploi des méthodes toutes faites
d’empirisme actuellement en usage et qui, du
reste, ont fait leur preuve, et donnent, dans la
majorité des cas des résultats tout à fait suffisants ;
mais chaque fois que l'état du malade nous don¬
nera quelques appréhensions, nous n’hésiterons
pas à ajouter au traitement habituel quelques
injections, ou à substituer le traitement par injec¬
tion au traitement par ingestion.
Mais, pourrait-on objecter, les expériences de
Richet, de Belin semblent prouver qu'il ne s’agit
pas là d’une propriété propre aux eaux minérales.
Quel avantage trouverait-on donc à les utiliser de
préférence aux solutions de chlorure de sodium,
de bicarbonate de soude ou de carbonate de cal¬
cium? Nous répondrons à cela d’abord que l’action
intime de l’eau minérale n’a jamais pu être com¬
parée à celle d’une préparation identique faite
artificiellement, à cause des nombreux éléments
qui la composent et de l’état physique sous lequel
se trouvent ces différents éléments constituants.
Puis, cette propriété générale que nous attribuons
à beaucoup d’eaux minérales, n’est pas commune
à toutes. Toutes n’ont pas le même pouvoir anti¬
toxique, les expériences publiées sur leur état
anti-anaphylactique en sont la preuve ; il faudra
les étudier' à cet égard et bien déterminer celles
qui ont des propriétés communes et quelles sont
ces propriétés ; il faudra tenir compte de l’action
propre spéciale de chacune d’elles sur tel ou tel
organe, dans telle ou telle affection. Quelle est
l’action locale propre de la solution de chlorure de
sodium ou de carbonate de calcium par exemple,
où se localise cette action? Pour les eaux miné¬
rales, l’observation a depuis longtemps fixé, pour
chacune d’elles, un domaine d’élection : la peau,
les muqueuses, les reins, le système circulatoire,
par exemple, et l’expérimentation confirme ces
données ; ainsi, pour le cas qui nous occupe, les
expériences faites au laboratoire de physiologie du
D r Billard à Clermont-Ferrand ont montré que
si l’on cherche à désanaphylactiser partiellement
seulement un animal par une injection d’eau
. minérale et que l’on considère les accidents qui se
produiront lors de l’injection déchaînante, on
constate que si l’on a employé l’eau de la Bour-
boule, par exemple, l'animal présente des lésions
surtout du côté des muqueuses respiratoires et de
la peau, qui se traduisent par une dyspnée assez
nette et des lésions de grattage très accentuées.
Si au contraire on a employé de l’eau de Châtel-
Guyon, ces accidents se traduisent par de l’enté¬
rite avec diarrhée abondante, même parfois san¬
guinolente. Si l’on emploie de l’eau de Vichy, les
troubles digestifs surtout sont accentués. Et c’est
l’étude de cette action spécifique de chaque médi¬
cation thermale qui fixera notre choix, suivant que
les accidents à combattre, relevant d’uu même état
général,setrouverontlocalisés sur tel ou tel organe.
Comment expliquer l’action générale de la
médication hydro-minérale, que nous venons
d’étudier? Nous 11’avons pas l’intention de ré¬
soudre cette question ; pourtantles travaux publiés
jusqu’ici nous permettent de formuler des hypo¬
thèses satisfaisantes. D’abord l’action sur ■ les
leucocytes dont le rôle défensif nous est connu,
puis peut-être l’action des colloïdes que contient,
dans le cas particulier, l’eau de la Bourboule.
Nous connaissons, en effet, par les expériences de
Victor Henri, de M Ue Cemovodéanu, Monnier-
Vinard et beaucoup d’autres, le grand pouvoir
antiseptique des solutions colloïdales. Foa et
Aggazotti, entre autres, ont montré que si l’on
injecte à des lapins infectés par le staphylocoque
et le streptocoque, une heure après, une injection
d’argent colloïdal électrique, on retarde la mort
de l’animal, tandis que dans les infections par le
diplocoquo et le bacille d’Eberth, ces injections
faites une heure, douze heures, vingt-quatre heures
même après l’injection, sauvaient l'animal de la
mort.
Sur les toxines, Foa et Aggazotti ont vu qu’m
vitro les toxines tétanique, diphtérique, dysen¬
térique, ne sont pas modifiées, tandis qu’m vivo
l’injection de métal colloïdal, faite aussitôt après
l’injection toxique, permet aux animaux de résis¬
ter à une dose de toxine dix fois supérieure à la
dose mortelle.
46 PARIS MEDICAL jo Juillet ig20.
Partie aussi à la composition cle l’eau minérale,
aux propriétés catalytiques de certains de ses
éléments constituants, propriétés oxydantes dont
Belin a montré toute l’importance dans une série
de travaux publiés ces derniers temps et qui sont
du reste confirmés par ceux de Lumière, Chevra-
tin, Delçourt, Rapin, etc.
Y aurait-il alors modification du chimisme de
l’organisme directement ou indirectement et les
agents infectieux ne trouveraient-ils plus alors
les éléments nécessaires à leur pullulation? Y
aurait-il production abondante d’oxydase au
moment opportun? I v a question est à l’étude.
iMais de très nombreuses expériences sont
nécessaires encore pour bien préciser le rôle de
ces différents facteurs, la durée de l’immunité
obtenue et le pouvoir immunisant des eaux miné¬
rales vis-à-vis des différentes intoxications.
Conclusions. — Iîn tout cas, l’immunité géné¬
rale conférée par l’injection d’eau minérale n’est
pas une hypothèse ; elle serait supérieure, autant
qu’on peut en juger maintenant par la physiologie
expérimentale et la clinique hydro-minérale, à
celle conférée par les procédés habituels, étant
■donnée la rapidité avec laquelle elle est obtenue,
la valeur de son pouvoir protecteur, sa non-spéci¬
ficité relative et la facilité avec laquelle elle est
déterminée.
Cette méthode doit être utilisée chaque fois
qu’il s’agit, soit de mettre un individu à l’abri
d’infections ultérieures eu diminuant sa récepti¬
vité, soit qu’il s’agisse d’augmenter sa résistance
pour lui permettre de lutter contre des toxines
endogènes ou exogènes.
L’administration de la médication hydro¬
minérale en injections, chaque fois qu’elle sera
possible, donnera toujours des résultats supérieurs
à l’administration de l’eau en ingestion, résultats
plus rapides, plus complets, plus durables.
La connaissance plus complète de l’action élec¬
tive de chaque eau minérale sur tel ou tel organe
permettra d’utiliser à la fois l’action générale et
locale, de déterminer dans chaque cas particulier,
d'une façon précise, les indications de chacune
d’elles.
MÉNINGITE TUBERCULEUSE
SECONDAIRE A DES LÉSIONS
PULMONAIRES
PONCTION LOMRAIRE NÉGATIVE
FAR
René GIROUX
Interne des hôpitaux de Paris
La méningite tuberculeuse est souvent l’épisode
terminal de l'évolution de la tuberculose pulmo¬
naire. Nous avons eu L’avantage d’en observer
cinq cas dans le service de notre maître M. Lau-
bry à l’hôpital La Rochefoucauld. Trois d’entre
eux ont évolué avec les signes cliniques de la loca¬
lisation méningée que la ponction lombaire et
l’examen anatomique ont confirmée ; nous ne
croyons pas utile de les résumer. Par contre, les
deux autres - observations offrent certaines parti¬
cularités qui nous paraissent intéressantes par
elles-mêmes. Elles sont en tout cas, en dehors de
leur rareté, si instructives pour le clinicien que
nous n’avons pas pensé superflu de les signaler.
Observation I (résumée). — Histoire clinique. — P...,
quarante-trois ans, manœuvre, entre salle Ménard le
16 octobre 191g pour tuberculose pulmonaire.
Bien portant jusqu’en 1915, il présente à cette date une
légère hémoptysie (simple crachement de sang) qui ne
s’est accompagnée d'aucun phénomène général et pour
laquelle le malade n’a pas interrompu ses occupations.
Iîn 1918, il est soigné pour une grippe et une laryngite,
mais c’est surtout depuis mal 1919 que ses forces ont
diminué, qu’il a maigri et que la toux est devenue per¬
sistante.
Le 9 mai, il se plaint d’une douleur de la région inguinale
gauche s’irradiant dans le testicule et la région anale.
On porte le diagnostic de colique néphrétique.
Les douleurs persistent néanmoins quelques semaines,
se reproduisent à la moindre fatigue. Les mictions devien¬
nent douloureuses. Se sentant très fatigué et ayant maigri
de 10 kilos, il entre 4 l’hôpital en octobre 1919.
A son entrée, le malade apparaît très fatigué et anémié.
L’examen pulmonaire permet de constater l’existence
d’une caverne aux deux sommets. L'examen des crachats
est positif.
L’auscultation du cœur est normale. Il existe une légère
hypotension : 12,5-7 au epliygmotensiomètre.
Le foie n’est pas augmenté de volume ; la rate est nor¬
male: L’examen des reins permet de se rendre compte, à
la palpation bi-mnnuelle, que le rein gauche est aug¬
menté de volume et douloureux. Les urines sont troubles,
présentent un aspect dépoli et la quantité émise en vingt-
quatre heures atteint 3 litres. Elles contiennent du
pus et la recherche du bacille de Koch est positive.
L’urée sanguine est de 0^,34 par litre et la constante
d’Ambard atteint o, jo,
Les signes généraux sont peu marqués. La température
est de 38°,4. Le pouls, régulier, bat 4 84 par minute.
Etant données les lésions pulmonaires, nous écartons
immédiatement l’idée d’une néphrectomie.
Pendant son séjour 4 l’hôpital, le malade continue 4
maigrir. L-s signes rénaux s’accusent; la pyurie devient
L’Eau de Mer par la Voie Gastro-Intestinale
« Il n'est pas douteux qu’en mettant en
évidence des métaux, même à doses infinité¬
simales, dans l'eau de mer, le Professeur
Garrigou a ouvert des voies nouvelles à
la thérapeutique marine ».
D' Albert ROBIN,
(XoDgrèi Intercatioial de Thlusgtheripit, Biarritz 1103).
« Les travaux de M. Cussac basés
sur l’absorption de Veau de mer par la voie
gastro-intestinale, sont venus combler une
lacune dans l'utilisation du liquide marin
au jioint de vue thérapeutique ».
D r F. GARRIGOU,
(Rapport du Président de Tbise s U. le Recteur d'icidémie, 1911).
RECONSTITUANT MARIN PHYSIOLOGIQUE
Inaltérable — De Goût Agréable.
MARINOL
Eau de Mer captée au large, stérilisée à froid.
Iodalgol (Iode organique).
Phosphates calciques en solution organique.
Algues Marines acte leurs nuclèines asolees.
Méthylarsinate disodique.
Cinq cmc. (une cuillerée à café) contiennent exactement 1 centier. d’iode
et 1/4 de milligr. de Méthylarsinate en combinaison physiologique.
ANÉMIE, LYMPHATISME, TUBERCULOSE, CONVALESCENCE, etc.
POSOLOGIE : Par* -înnr ) Adultes, 2 4 3 cuillerées 4 soupe. Enfants, 2 4 3 cuillerées 4 desBert.
1 ar jour f NourrissonSj 2 à 3 cuillerées 4 café.
MÉDAILLE D’HYGIÈNE PUBLIQUE
décernée sur la proposition de l’Académie de Médecine
{Journal O/flciel. Arrêté Ministériel du 10 Janvier 1913).
TRAVAUX COURONNÉS PAR L'ACADÉMIE DE MÉDECINE
{Bulletin de CAcadémie, Paris, 11 Février 1913).
Echantil
gratuits
adressée à “LA BIOMARINE”, a DIEPPE
S EL
HUNT
ABSORPTION AGRÉABLE
HUNT
VÉPOT GÉNÉRAL VU
SEL DE HUNT
LABORATOIRE ALPH. BRUNOT
= Dialyl"
Dissolvant urique puissant. Anti-Uricémique très efficace.
(Ni Toxicité générale, ni Toxicité rénale)
S el Défijvï [c“h 1 *o ,, Aa* lîB ai, créé par le Laboratoire Alph. Bt\
et sa propriété exclusive.
DIATHESE URIQUE
= ARTHRITISME =
RHUMATISME — GOUTTE
== GRAVELLE =====
Nombreuses
Observations Médicales
- favorables -
URIQUE
URIQUE
R. G1R0UX. — MENINGITE TUBERCULEUSE
abondante. Les lésions pulmonaires et rénales évoluant,
l’état général s’aggravé de jour en jour.
I/-'9février 1920, lemalade apparaît prostré, se plaignant
d’une fatigue extrême. La température monte le soir à
39°,5 pour retomber le lendemain à 380,5.
Le 11, la prostration est plus évidente encore et le
soir le malade présente un peu de délire, doux, tran¬
quille.
Le 12, le délire persiste, intermittent. Le malade répond
très bien à l’interrogatoire. Il n’accuse ni céphalée, ni
douleurs musculaires. Il n’existe aucune modification
des réflexes, aucune contracture. Ou note toutefois une
notable instabilité du pouls qui reste régulier.
Le 1.3, les signes cliniques n’ont pas varié.| Nous son¬
geons, devant la persistance du délire, àla possibilité d’une
méningite ou d’accidents urémiques. Une ponction lom¬
baire est pratiquée et l’examen du liquide ne décile ni
lymphocytose (un lymphocyte tous les deux à trois champs)
ni hyperalbuminose. La recherche du bacille de Koch est
négative. L’examen chimique du liquide a eu outre permis
de constater 0^,40 d’urée par litre.
Nous basant sur cet examen, nous réservons notre dia¬
gnostic, mais le malade succombe dans la nuit.
L’autopsie pratiquée a fourni les renseignements sui-
' varits :
Les deux poumons se montrent très adhérents. A la coupe
on constate une infiltration généralisée avec poussé.-
granulique récente. Au sommet droit on note une caverne
du volume d’une mandarine et au sommet gauche trois
petites cavemesduvolumed’uue noisette. Il existe en outre
une légère congestion œdémateuse des deux bases.
Le cœur est normal.
Le 1oie est atteint de cirrhose graisseuse. La rate est nor¬
male. Le rein droit, de volume normal, est pâle à la coupe.
Par contre, le rein gauche est très augmenté de volume,
dur au toucher.
Tout l’arbre génito-urinaire est disséqué et enlevé en
bloc. Le rein gauche est adhérent à sa loge. Sa surface est
bosselée. A la coupe le parenchyme rénal est envahi par
des amas volumineux de substance caséeuse qui, eu cer¬
tains endroits, sont en voie de ramollissement. Au niveau
du pôle inférieur existe une petite caverne du volume
d’une noisette.
Le bassinet est épaissi (3 millimètres d’épaisseur).
Uuretère gauche mesure 12 millimètres de diamètre
environ ; il est très adhérent aux organes voisins sur tout
son trajet. Sur une coupe, ses parois sont très épaissies et
la lumière du canal est remplie de pus.
La vessie contient environ 200 centimètres cubes d’urine
purulente. La muqueuse est d’aspect normal. Seul l’orifice
urétéral gauche est un peu boursouflé.
La vésicule séminale, le déférent et le testicule du côté
gauche semblent normaux.
Au contraire, à droite, la vésicule est volumineuse (le
double de la gauche). Elle est dure et montre à la coupe
de nombreux noyaux caséeux eu voie de ramollissement.
Le déférent droite d’un calibre sensiblement plus gros que
le gauche, est très adhérent à la vésicule.
La vaginale du testicule droit contient un peu de li¬
quide citrin et l’épididyme présente sur toute son étendue,
maïs principalement au niveau de la queue, des granula¬
tions jaunâtres, de la grosseur d’un grain de plomb.
Le testicule n’offre macroscopiquement aucune lésion.
La prostate, de volume normal, montre à la coupe dans
ses deux lobes latéraux de gros amas caséeux.
Encéphale. — Il n’existe pas d’adhérences de la dure-
mère. Lorqu’on incise cette dernière, il s’écoule une quan¬
tité de liquide séreux plus abondant ? que normalement.
Sous la pie-mère, suivant le trajet des vaisseaux, notam¬
ment le long de la sylvienne, accolant les bords de la
scissure de Rolando, on remarque des traînées séro-puru-
lentes. L’aspect est semblable mais moins marqué à la
base, au niveau du chiasma, des pédoncules et de la pro¬
tubérance. On note enfin l’existence de quelques granu¬
lations disséminées à la base et réunies en îlots sur la face
convexe et la face interne des lobes frontaux.
En résumé, l’examen anatomique montre :
i° Des lésions tuberculeuses pulmonaires avec cavernes
aux deux sommets ;
2° La tuberculose fibro-caséeuse du rein gauche-,
3° Des lésions tuberculeuses de l’appareil génital droit.
4° Enfin une méningite tuberculeuse généralisée avec
prédominance des lésions à la convexité.
Observation II (résumée). — V..., vingt-quatre ans,
sténographe, entre salle Lecerf le 18 décembre 1919.
Réformé d’avant-guerre pour bronchite.
Hémoptysie en 1917 et avril 1918.
Eu décembre 1919, nouvelle hémoptysie pour laquelle
il est hospitalisé.
L’auscultation pulmonaire permet de constater mie
caverne du sommet gauche et une infiltration de tout le
poumon droit.
Le cœur est normal. La tension artérielle est de 14-7.
Le foie est normal. Il existe quelques troubles intes¬
tinaux : alternatives de diarrhée et de constipation.
Le 6 février, le malade seplaiutdecéphalée.Le7février
la céphalée persiste et continue, s’accompagnant de
nausées. Le pouls est régulier et bat à 110 par minute. Il
n’existe ni contractures, ni troubles occulaires, ni modi¬
fication des réflexes.
Le 8 février, une ponction lombaire est pratiquée.
L’examen du liquide est négatif : ni lymphocytose, ni
hyperalbuminose; la recherche du bacille de Koch est
négative. 11 existe seulement une légère hypertension du
liquide.
Lacéphalée persistante devientsi violente le 16, qu’elle
arrache des cris au malade. La température, qui, jusqu’à
cette date, oscillait entre 37°,5 et 38°, monte à 40°
Les vomissements apparaissent. Le pouls bat à 120,
régulier mais d’inégale amplitude.
Une deuxième ponction lombaire reste négative, mais
améliore sensiblement la céphalée.
La température se maintient aux environs de 40° les
17, 18 et 19 février. Le 20 février la température tombe
038°, la céphalée diminue,les vomissements disparaissent
en même temps que le malade accuse une sensation de
bien-être.
Le23février, une troisième ponction lombaire est néga¬
tive, le pouls présente quelques irrégularités.
Le 25 février la céphalée, les vomissements, la consti¬
pation réapparaissent en même temps que la fièvre qui
atteint 40°. L’examen des réflexes est normal.
Une quatrième ponction lombaire donne issue à un
liquide clair non hypertendu dont l'examen cytologique,
bactériologique et chimique est négatif.
Le 26 février, apparaissent des troubles dyspnéiques
avec inégalité d’amplitude des mouvements respiratoires.
Le pouls est rapide, in égal, atteint 140. Lemalade succombe
dans la nuit. Une ponction lombaire faite quelques heures
avant la mort reste toujours négative.
L 'autopsie, pratiquée le 28, montre une méningite tuber¬
culeuse typique avec traînées purulentes le long des
vaisseaux et des granulations disséminées et surtout pré¬
dominantes à la convexité, notamment au niveau des
PARIS MEDICAL
48
lobes frontaux. La base montre le même aspect» seule
la région du chiasma paraît normale.
On note en outre une caverne irrégulière, anfractueuse,
du volume d’une mandarine, au niveau de la partie
moyenne du poumon gauclie.
A droite, infiltration du sommet et au niveau de la
base tout le lobe inférieur apparaît dur, irrégulier, pré¬
sentant à la coupe de nombreux nodules caséeux.
Le cœur est normal.
Le foie est atteint de cirrhose graisseuse.
Ces deux observations mettent en évidence
deux points intéressants.
Dans le premier cas, l’atteinte de l’appareil
génital du côté opposé aux lésions rénales, la loca¬
lisation méningée terminale montrent à 11’en pas
douter qu’à lafaveur des lésions pulmonaires, l’in¬
fection tuberculeuse a évolué par poussées aiguës
successives, selon la pathogénie actuellement
admise.La richesse des lésions anatomiques cons¬
tatées chez notre malade apporte en effet à l’appui
de cette théorie la valeur d’un fait expérimental.
Mais, chez nos deux malades, se dégage surtout
un enseignement très instructif pour le clinicien.
Ils ont présenté l’un et l’autre une méningite
tuberculeuse, sans que celle-ci ait pu être décelée
par l’examen du liquide céphalo-rachidien.
Eu présence du délire intermittent et des
signes cliniques de tuberculose rénale, on était en
droit de penser, dans ta première observation, à
des accidents urémiques. A ce propôs nous espé¬
rions obtenir du laboratoire les indications per¬
mettant d’affirmer soit les manifestations uré-
miquas soit l’existence d’une méningite tuber¬
culeuse atypique comme c’est souvent le cas cht z
l’adulte. Or la ponction lombaire a montré cette
particularité troublante que l’examen du liquide
céphalo-rachidien était négatif. De même, chez le
deuxième malade, la localisation méningée termi¬
nale a évolué sans lymphocytose et sans hyperal-
buminose.
Bien qu’il existe dans la littérature médicale
certains cas très rares où une méningite tubercu¬
leuse ait pu évoluer sans lymphocytose [cas de
Laekowikz (1), deVillaret et Tixier (2), de Ber¬
nard {5)], il nous a paru intéressant de signaler nos
deux observations. De plus, l’absence d’hyper-
albuminose est une coïncidence exceptionnelle.
En effet, si les remarquables travaux de Widàl et
de Sicard nous ont appris qu’il n’y a dans la ménin¬
gite tuberculeuse aucune relation entre le taux
de l'albumine et le degré de lymphocytose, on note
habituellement, quand la lymphocytose est légère
(cas où l'autopsie montre une prédominance
(1) Lackowikz, Soc.pèd., 18 janvier igor.
(2) Villaret et Tixikr, Soc. 'Biol., t. Il, 1905.
(3) BCRNARi), Lyon médical, 1901.
10 Juillet 1920.
notable de l’élément granuleux sur l’élément
inflammatoire), que l’albumine existe en forte
proportion.
Il se peut donc, et c’est là notre conclusion,
que la méningite tuberculeuse évolue sans aucune
modification du liquide céphalo-rachidien. Ce
fait très exceptionnel est néanmoins utile à
connaître, surtout au moment où la lymphocytose
et l'hyperalbuminose dans la. méningite tuber¬
culeuse sont Ojrposées à la quasi-intégrité du
liquide céphalo-rachidien dans l’encéphalite aigue
épidémique.
ACTUALITÉS MÉDICALES
Névralgie sciatique et sacralisation
de la cinquième lombaire.
Des présentations récentes de M. Hauclnire à la Société
de chirurgie (g) et un article de M. Nové-Josserand (5)
appellent l'attention sur une cause de névralgie sciatique,
qu’il faut connaître pour la soigner comme il convient.
Il s’agit de la sacralisation de la cinquième lombaire.
c’est-à-dire de la fusion plus ou moins complète de cette
vertèbre avec le sacrum. L’apophyse transverse lombaire
se développe exagérément, s'allonge, s’étale en 0 aile de
papillon », et tend à prendre la forme de l’aileron sacré.
Elle vient ainsi se mettre au contact de celui-ci, soit en se
soudant, soit en s’articulant avec lui. Il en résulte que le
cinquième nerf lombaire — l’une des radnes du plexus
sacré — est compris à son origine dans un orifice osseux
étroit, analogue aux trous de conjugaison sacréB.
Cette anomalie de la-cinquième lombaire a été décrite
depuis longtemps par les anatomistes. Elle fut remarqua¬
blement-étudiée, mais au seul point de vue morphologique,
par Ledouble (6). Elle attira depuis l'attention des aocou-
chenrs, comme cause possible de dystocie, et des -ortho¬
pédistes, dans ses rapports avec la scoliose (7). Dans ces
dernières années, la radiographie, entre les mains de lîer-
tolotti (8), Ricliaïds (9), a montré le rôle de cette malfor¬
mation dans un grand nombre de cas de douleurs sacrées
—• douleurs à caractères spéciaux, et connues en Italie
sous le nom de syndrome de Ilertolcttli.
Cette affection se traduit par un signe-capital, la douleur.
Celle-ci se manifeste entre vingt et trente ans, âge où
s’achève l’ossification du sacrum. Elle apparaît en général
spontanément. Parfois la -déformation, latente, n’est
révélée que par une chute, une crise de rhumatisme.
Elle siège à la régioii lombaire, le plus souvent du coté de
l’anomalie, si celle-ci est nnilntérale. Elle irradie toujours
du côté de la malformation, le long du sciatique.
Continue et-soinrde, cette douleur subit Clés paroxysmes»
provoqués par la fatigue, les mouvements, ou «pmrtanqs.
Les crises à début violent et soudain, rappelant la méta-
tarsalgie, sont de durée très variable.
(4) Séance du 21 avril 11920.et du .12 niai 1930.
(5) Lyon .chirurgical, .nov.—léc. 1919, t. XVI, n° 6.
,(6) Ledoublb (de Tours), Traité des variations de la colonne
vertébrale de l’homme, Paris, Vigot édit., 1912.
(7) Vignard et Monod, Lyon chirurgical, février 1909.
'(8) BERTOLOTTI, La radiologinmedicn, 1917.
( (y) Richards, American Journal vf Koentgenology, 1919.
SOCIETES SAVANTES
On peut noter accessoirement des troubles nerveux :
amyotrophie, troubles sensitifs, modifications des réac¬
tions électriques, surtout dans le domaine du grand
fessier ; des déformations, scoliose, dos plat.
On différenciera cette affection de toutes les autres
causes de douleurs sacro-lombaires : mal de Pott (i). Scia¬
tique rebelle, souvent accompagnée de scoliose (2), coxal¬
gie, sacro-coxalgie, arthrite sacro-iliaque, lumbago»
colique néphrétique.
Seule la radiographie assurera le diagnostic, en mon¬
trant la déformation de la cinquième vertèbre lombaire
qui prend le type d’une vertèbre sacrée.
Deux facteurs pathogéniques ont été incriminés : l’un
mécanique, l’autre nerveux.
i° lia nature du premier est discutée. S’agit-il de frotte¬
ment entre cette apophyse anormale et la face postérieure
de l’os iliaque (Goldthwait) (3), de là compression lots d’un
traumatisme des tissus mous entre le sacrum et la cos-
toïde, d’arthrite rhumatismale des articulations anor¬
males, d’entorse chronique des ligaments sacro-vertébraux
due aux mouvements de suppléance des articulations du
côté opposé, qui expliquerait les douleurs siégeant du côté
2° Bertolotti, Rossi reconnaissent une cause nerveuse,
la neuro-radiculite delà queue de cheval, due à la compres¬
sion et au tiraillement des tissus nerveux. Ces lésions sont
mises en doute par M. Nové-Josserand.
En dehors d’un traitement symptomatique, On a pro¬
posé, soit un traitement orthopédique : repos de quelqu- s
semaines pour faire céder la contracture et port d’une
ceinture en celluloïd ; soit un traitement chirurgical :
résection de l'apophyse transverse sacralisée ; et c’est l’in¬
tervention que compte pratiquer M. Mauclaire chez une
malade dont il a présenté la belle radiographie à la So¬
ciété de chirurgie. Cette intervention a déjà été pra¬
tiquée par quelques chirurgiens avec des résultats variés.
Georc.es Moutïer.
Dermatite provoquée par des plantes.
Sous le nom de ragweed dennatilis, Richard L. SuïTon
( Thejourn. ofthe Americ.Med. Assoc., 8uov. 1919) déc it
une éruption cutanée provoquée par les mêmes plantes
que celles qui produisent vraisemblablement la fièvre
des foins, c’est-à-dire VAmbrosia elatior (comnton rag-
weed), VAmbrosia trifida (giant ragweed ), VAmbrosiapsi'.o-
slachya (western ragweed), l'armoise (Artemisia hetcro-
phylla), et plus rarement une variété de bardane (Ira
xanthifolia). I,'auteur en rapporte 3 observations, concer-
cemant toutes des fermiers de Kansas City ; la plupart
d’entre eux n’avaient jamais eu de fièvre des foins ; un
seul avait eu, pendant neuf ou dix ans, la « fièvre des
roses », mais la dernière atteinte datait de dix ans. I,’érup¬
tion revient périodiquement tous les ans, en août et sep¬
tembre, et persiste pendant deux ou trois mois. Elle con¬
siste en macules, papules, vésicules et bulles, accompa¬
gnées de démangeaisons plus ou moins vives. Elle siège
principalement sur la face, la poitrine, les'mains et les
avant-bras ; accessoirement, elle peut occuper le tronc et
les membres inférieurs.
(1) J. Cai.vé, Orthopédie et tuberculosechir. n° 1, janvier 1904,
p. 68..
(2) DenücÊ, La soi-disant scoliose sciatique (Revue d’ortho¬
pédie, rbv. 1913).
(3) üoi,dthwmi, A11 anatomie explauatimi oï matiy o‘f the
cases of weaker paimful backs ( Boston medical and surgical
Journal, vol. CI,XVIII n° 4, janvier 1913 p. 128-131).
49
Chez un de ces malades, le voisinage des plantes provo¬
quait invariablement une recrudescence des lésions en
une à trois heures ; et douze heures après, la face était
si enflée que l’œdème rendait la vision difficile. Un autre
avait une susceptibilité cutanée telle qu’il lui suffisait
de respirer tant soit peu de poussière dégagée par Une
botte de ces plantes, pour éprouver-une exacerbation vio¬
lente des symptômes. Chez ce dernier malade, l'ingestion
de capsules contenant du pollen et des parcelles de feuilles
n’avait eu aucune action sur l'éruption.
Deux malades seulement purent être soumis à la mé¬
thode de vaccination par le pollen à doses progressives.
L’un d’eux obtint ainsi un soulagement notable et, après
deux ans d’interruption du traitement, il n’avait plus
que de légères poussées éruptives. Chez l’autre, les déman¬
geaisons disparurent presque immédiatement et, après-
douze injections faites à doses croissantes, ce malade put
se considérer comme guéri.
L’épreuve du polleu est relativement simple. Celui-ci
est broyé dans un mortier, avec une ou deux gouttes
d’eau stérilisée, jusqu’à ce que l’examen microscopique
ne révèle plus de grains. On dilue alors la préparation
avec la solution salée physiologique à laquelle on a ajouté
10 p. 100 dè glycérine et 0,5 p. 100 d’aeide pliénlque. La
dilution est faite de telle sorte que 1 centimètre cube ren¬
ferme 10 milligrammes de pollen.
La même préparation, diluée en proportions convena¬
bles, peut servir au traitement par la vaccination. La dose
initiale ne doit pas dépasser un à trois dixièmes de milli¬
gramme de pollen ; suivant la réaction obtenue, on aug¬
mente progressivement la dose employée ; les injections,
du vaccin sont répétées tous les trois jours ou tous les
cinq jours. La réaction consécutive à l’injection est parfois
si violente qu’il convient d’avoir sous la main de l’atro¬
pine et de l’adrénaline, pour s’en servir au besoin. Le
traitement local est celui de l’eczéma, mais il est peu
efficace.
Dernièrement, H'mm h a publié un cas de ragweed
dennatilis datant de cinq ans, chez une femme de qua¬
rante-neuf ans. L’épreuve du pollen permit de vérifier le
diagnostic, et les injections hypodermiques d’extrait de
pollen produisirent une amélioration rapide des lésions.
_ L. B.
SOCIÉTÉS SAVANTES
ACADÉMIE DES SCIENCES
Séance du 28 juin 1920.
Epuration des sérums thérapeutiques. — Dans une note
lue par M. Roux, M. Besredka montre qu’après avoir
chauffé, séché des sérums thérapeutiques, puis après en
avoir fait une émulsion, celle-ci a la propriété d’agir sans
produite de choc anaphylactique. Si l’on mouille la
substance ainsi traitée, on constate que la couche supé¬
rieure liquide contient toute l’antitoxine.
Il est donc possible de trouver dans ees intéressantes
constatations une nouvelle méthode thérapeutique où
lé choc anaphylactique ns serait pas à craindre.
Le parfum de la <1 reine des bols ». — On sait que le
méHlot, légumineuse papilionaeée, et surtout l’aspérule
odorante, petit muguet ou reine des bois, de la famille
des rubiaeées, dégagent, quand ils sont secs, une odeur
agréable, ce qui, dans les campagnes, les fait placer dans
les armoires à linge. 5151. Bourqueloï et Uérisshy
montrent que l’apparition de cette odeur est due à ce fait
que la dessiccation donne naissance à un principe bien
connu : la coumariue. Celle-ci provient de la déeoiupo-
5°
PARIS MEDICAL
io Juillet 1920.
sition d’un glucoside dont elle est libérée par l’action
liydrolysante d’un ferment soluble, l’émulsine, qui se
trouve avec le glucoside dans la plante.
Action du cuivre sur la végétation. — MM. Maquennë
et DEMOUSSY ont cultivé de jeunes plantes dans des solu¬
tions nutritives additionnées de sulfate de cuivre à des
doses infinitésimales (quelques cent-millionièmes) ; ils ont
constaté un effet très avantageux de cette addition, sur¬
tout sur le développement des racines qui s’accroissent
deux ou trois fois plus vite. Tour ces auteurs,le cuivre a
une utilité évidente et caractéristique sur la végétation.
Diverses notes sont présentées par MM. BoURQUEEOT
et BRIDEE sur «l’obtention, par la biochimie, du saccha¬
rose à partir du gentianose » — de M. DE Launay sur
<■ les rapports de la houille avec les synclinaux ».
Election. — Pour la chaire d’histoire des sciences du
Collège de France, sont présentés : en première ligue,
M. P. Boutroux, en deuxième ligne, M. Manouvrier.
H. Maréchai,.
ACADÉMIE DE MÉDECINE
Séance du 29 juin 1920.
Rapports sur des substances vénéneuses. — A la suite
de la communication de M. Jeanselme, le I e » juin, relative
aux difficultés créées pour le traitement des syphilitiques
par laloi du 12 juillet 1916, concernant la vente des sub-
' stances vénéneuses, M. Sirëdëy présente les conclusions
de la commission composée de MM. Bourquelot, Balzer,
Jeanselme et Siredey. L’Académie émet le voeu que:
i° l’article 38 de la loi du 12 juillet 1916 concernant la
vente des substances vénéneuses cesse d’être applicable
aux préparations mercurielles opiacées et que le médecin
puisse prescrire en une seule fois la quantité de ces prépa¬
rations nécessaire pour une cure spécifique de quatre à
six semaines de durée.
2 0 Que, lors de la délivrance de ces préparations, le
nom et l’adresse du malade lie soient pas inscrits sur le
registre du pharmacien en regard de ces médicaments qui
décèlent la nature de la maladie et que seul y figure le
nom du médecin, auteur de la prescription ; 3 0 que le
pharmacien soit autorisé pour les formules de prépara¬
tions mercurielles spécialisées à substituer au mot « mer¬
cure » le mot « hydrargyre » ou la notation chimique Hg,
ou mieux encore le numéro de l’ordonnance.
Origine commune de la varicelle et d’un certain nom¬
bre de zonas. — M. A. Netter rapporte trois séries d’ob¬
servations dont deux personnelles recueillies en 1919 et en
1920 et qui montrent, dans une salle d’hôpital jusque-là
indemne de ces maladies, l’entrée d’un malade atteint de
varicelle ou de zona suivie de la succession de cas'de vari¬
celle et de zona séparés par des-intcrvalles dont la durée
est le plus souvent de quatorze jours, c’est-à-dire le temps
moyen de l’incubation de la varicelle. Des faits analogues
ont déjà été mentionnés par Bokay, de Budapest, et par
Le Feuvre, de Buluwayo. Us doivent être interprétés
comme établissant la communauté d’origine de la vari¬
celle et d’un certain nombre de zonas. L'éruption affecte
la disposition du zona quand le virus de la varicelle se
fixe au niveau des ganglions intervertébraux ou de leurs
homologues. On a quelquefois noté la coexistence de la
varicelle et du zona chez le même sujet. Il convient d’in¬
terpréter ainsi les éléments dits aberrants du zona. Le
petit nombre de ces éléments, leur apparition précoce
s'expliquent par l'auto-immunisation déjà invoquée par
Gougerot et Salin.
Si des faits dont nous nous occupons sont rarement
signalés, cela tient à la fréquence de la varicelle chez les
sujets en bas âge, à la nécessité des facteurs particuliers
intervenant dans la localisation du virus sur les ganglions
intervertébraux.
Splénectomie dans l’Ictère hémolytique. — M. Hart¬
mann présente un malade du service du professeur Gil¬
bert, chez lequel il a pratiqué la splénectomie pour un
ictère hémolytique splénomégalique. L’ictère a disparu
dans les jours qui ont suivi l’opération et l’état anémique
s’est déjà considérablement amélioré quatre semaines
après celle-ci. C’est la troisième fois qu’il obtient un
succès. Ses trois observations sont les trois premières
guérisons obtenues en France.
M. H. Vaouëz. — Je tiens à rappeler, à propos de la
communication de M. Hartmann, que c’est moi qui le pre¬
mier fis pratiquer en 19071a splénectomie dans un cas
d’ictère hémolytique splénomégalique. Malheureusement
la malade succomba par faute opératoire. Mon initiative
fut, à l'époque, assez sévèrement jugée, elle n’en était pas
moins justifiée et on a eu tort en France de se désinté¬
resser de la question. A l’étranger, l’opération a été faite
un très grand nombre de fois et, de l’avis unanime, elle
constitue le traitement de choix de cette affection. Les
cas cù elle amène la guérison ne se comptent plus, et
M. Hartmann vient de nous en apporter un nouveau. La
disparition de l’anémie et de l’ictère suit en général de
près la splénectomie. Dans certaines observations, il a été
noté que la rate augmentée de volume était saine à l’exa¬
men histologique et que la fragilité globulaire a persisté.
L’intégrité de la rate ne nous surprend pas, car dans le
compte rendu de notre cas, publié avec M. Aubertin, nous
avions bien indiqué que l’organe n’était pas malade et
qu’il était seulement eu état de suractivité fonctionnelle.
La persistance de la fragilité globulaire, qui n’est pas
constante d’ailleurs, montre que l’affection ne consiste
pas exclusivement dans une diminution de la résistance
des hématies, sinon la guérison n’aurait pas eu lieu, mais
qu’elle dépend de deux facteurs : de la fragilité des glo¬
bules d’une part.de l’autre de l’action liémolysante de la
rate sur les globules moins résistants. 11 n’est pas éton¬
nant que l’ablation de l’organe puisse supprimer les effets
de la destruction des hématies, sans que la résistance soit
modifiée. C’est ce que nous avions pensé dès le début, et
les heureux succès de la splénectomie nous ont donné
raison.
M. Hayëm pense que l’hérédo-syphilis pourrait être la
cause de ces ictères hémolytiques avec grosse rate.
Discussion sur les Instituts médicaux. — M. IIayëm
expose l'utilité de la culture des sciences médicales; il
voudrait que pour l’enseignement toutes ces sciences
fussent réunies dans un seul établissement où l’étudiant
serait comme dans une sorte de cité médicale et où il
trouverait aussi du personnel enseignant nombreux. 11
déplore que, malgré de Jouables efforts, rien de durable
n'ait été fait en France pour la culture des sciences médi¬
cales.
Les bâtiments de la Faculté de médecine sont vétustes,
disloqués, désuets ; les services de clinique, de dissection,,
les laboratoires, le futur Institut d’hygiène, sont très
éloignés les uns des autres; l’étudiant perd son argent et
son temps en déplacements, « quand il ne se perd pas en
route ». U y a trop peu de personnel enseignant, si bien
que le bagage scientifique des jeunes médecins est très
réduit. Evidemment, il y a une élite recrutée parmi les
externes et surtout les internes, mais c’est une élite dans
laquelle tous les médecins français devraient pouvoir
entrer. M. Hayem pense qu’il serait possible de créer une
admirable « cité médicale » sur l’emplacement de la h al-
SOCIETES SAVANTES
5i
pêtrière actuelle, avec toutes les cliniques, tous les labo¬
ratoires, etc... Quant aux Instituts d’hygiène, leur créa¬
tion est urgente, mais l’auteur ne voudrait pas que celui
de Paris fût installé dans les vieux bâtiments, rajeunis,
de la rue de Vaugirard. Si, sur ce terrain, on veut créer
quelque chose, il faut tout démolir pour reconstruire
ensuite. Il estime que le professeur d’hygiène, s’il veut
s’occuper sérieusement de son Institut, devra s’y adonner
entièrement sans avoir d’occupatious extérieures.
Il montre encore l’extrême urgence de ces instituts
dont la création s’impose pour le plus grand bien du
pays. H. Maréchal.
SOCIÉTÉ MÉDICALE DES HOPITAUX
Séance du 25 juin 1920.
Forme méningée de l’endocardite maligne à évolution
lente. —■ MM. P. Lkreboullet et J. Mouzon présentent
une pièce d’endocardite maligne à évolution lente. Il
s’agissait d’une femme de vingt-sept ans, ancienne rhu¬
matisante, qui fut atteinte, à la fois, d'une nouvelle
poussée articulaire, de signes d’infection générale et de
symptômes méningés accompagnés d’hémiplégie tran¬
sitoire. Les douleurs articulaires disparurent, mais les
symptômes méningés persistèrent, s’accompagnant de
lymphocytose permanente du liquide céphalo-rachidien.
Ungrossouffle d’insuffisance mitrale, constaté à l’examen,
-pouvait être attribué à une endocardite rhumatismale
ancienne. Les autres signes d'endocardite maligne n’appa¬
rurent que tardivement et restèrent particulièrement
frustes. L’hémoculture était négative. Mais les lésions
marquées étaient celles de l’endocardite maligne à évo¬
lution lente avec infarctus septiques de la rate, et elles
contenaient le streptocoque en abondance. On ne retrou¬
vait, au niveau de l’encéphale, qu'une petite hémorragie
sous-araclin>ïdienne récente.
Les auteurs estiment que, dans ce cas, comme dans un
cas antérieur de M. H. Claude, la réaction méningée était
due à une irritation ou à une infection atténuée déve¬
loppée au contact d’un foyer limité d’encéphalite ou de
méniugo-encéphalite, comme peuvent eu provoquer les
lésions d’artérite cérébrale qui sont fréquentes dans cette
maladie.
Deux cas d’endocardite maligne à forme lente. - -
MM. Aciiard et Rouit,LARD rapportent deux cas. Dans
le premier, chez une jeune fille de dix-huit ans, atteinte
déjà d’une lésion mitrale rhumatismale, l'endocardite
aiguë se manifeste par de la fièvre à grands accès et des
embolies multiples, dans les reins à deux reprises, le
membre supérieur gauche, le membre inférieur droit, le
cerveau. L’hémoculture fournit un streptocoque. Mort en
cinq mois et demi.
Dans le second, contrairement à la règle, l’endocardite
était primitive et non greffée sur une ancienne lésion,
comme on peut le vérifier à l’autopsie. Les premiers signes
ont été ceux d’un infarctus pulmonaire, un mois après un
accouchement et sans aucun signe de phlébite. Après une
accalmie, apparurent de grands accès fébriles, des infarctus
rénaux avec hématurie et albuminurie abondante* de
l’anémie et une prostration progressive. La maladie dura
quatre mois et demi. Les tentatives d’hémoculture ont
donné deux fois un résultat négatif et deux fois un sta¬
phylocoque.
L’endocardite maligne à forme lente est la variété la
mieux individualisée des septicémies prolongées. Celles-ci
peuvent évoluer sans aucune atteinte cardiaque.
MM. Achard et Rouillard citent à ce propos le cas d’une
femme de trente-sept ans qui, après un accouchement, eut
de grands accès de fièvre sans accidents localisés pendant
trois mois et chez qui, au bout de ce temps, l’apparition
de deux foyers de suppuration mit fin à la maladie.
Trois cas d'oblitération de l’aorte. — MM. Aciiard, Le¬
blanc et Rouillard. - Une première malade, atteinte de
tabes et d'insuffisance aortique, entrée à l’hôpital pour une
fracture spontanée du col fémoral, mourut subitement.
A l’autopsie, ou trouva un sac anévrysmal de la crosse,
avec une forte dilatation de l’aorte descendante jusqu’au
diaphragme. L’aorte, très athéromateuse, était obstruée
en cette p rtie par un très gros caillot de .) à 5 centimètres
de diamètre sur 16 de long. Le gros volume de ce caillot,
sa structure lamelleuse et son adhérence, faiîile il est vrai,
à la paroi, montrent qu’il s’agit d’une thrombose.
Chez une seconde malade, atteinte d’un ancien rétré¬
cissement mitral, survinrent,à l’occasion d’une grippe, des
signes d’oblitération des deux fémorales avec gangrène
de la jambe droite. La mort étant survenue un mois après,
ou trouva à l'autopsie la terminaison de l’aorte obstruée
par un caillot embolique dont l’origine était une throm¬
bose cardiaque.
pital dans un demi-coma avec des signes d’oblitération des
deux fémorales. La mort étant survenue le lendemain,
l'autopsie montra un caillot dans la terminaison de l’aorte
et une thrombose cardiaque développée au niveau d'un
infarctus myocardique de la pointe.
Il n’est pas toujours facile de distinguer cliniquement
ni même à l’autopsie, l’embolie de la thrombose aortique ;
car les accidents emboliques ne sont pas toujours subits
et ne se traduisent pas toujours par des troubles siégeant
d’emblée dans les deux membres inférieurs. Un caillot
embolique n'est pas toujours assez volumineux pour
obstruer du premier coup toute l'aorte et l’oblitération se
complète alors sans doute par addition de coagulations
secondaires.
On a fait quelques tentatives de désobstruçtiou chirur¬
gicale de l’aorte. L'intervention ne peut être que précoce
et il n'en pouvait être question dans les cas qui précè¬
dent.
Autopsie d’un cas d’ophtalmoplégie congénitale et
familiale. — MM. Crouzon, Béiiagnis et TréTiakoFF
montrent l’encéphale d’une malade atteinte d’ophtal¬
moplégie congénitale et familiale et qui a fait l’objet d’une
communication précédente à la société le 12 mars 1910.
L’examen macroscopique montre une atrophie des
deux nerfs oculo-moteurs communs. Il existe également une
absence de la faux du cerveau dans la partie antérieure.
Enfin on'constate une méningite chronique de la base et
deux plaques d’état vermoulu de l’hémisphère gauche.
L’examen miscroscopique sera fait ultérieurement :
ce n’est que plus tard qu’il sera possible de donner une
interprétation des lésions'constatées aujourd’hui.
Gangrène pulmonaire traitée et guérie par les injections
lntratrachéales, intraveineuses et intramusculaires de sérum
antigangreneux et antistreptococcique. — F. RaThery et
F. BordeT rapportent l’observation d’un cas de gangrène
pulmonaire guéri par la méthode combinée des injec¬
tions intralaryngées et intratrachéales, intraveineuses
et intramusculaires de sérum antigangreneux et anti¬
streptococcique.
Le malade reçut quatre injections intratrachéales,
une injection intraveineuse, une sous-cutanée et trois
intramusculaires.
L’expectoration et la fétidité diminuèrent aussitôt
après les premières injections, pour cesser ensuite com-
52
plètement. L'examen radioscopique peimit de suivre es
modifications locales pulmonaires.
Images diverticulaires et lacunaires de l’estomac Indé¬
pendantes de l'ulcère et du oancer. — FEux Ramond et
Jean Ferrand. — Des images diverticulaires peuvent ne
pas traduire l’existence d’un ulcère mais être causées par
un spasme ou par des adhérences.
De même une image lacunaire peut s’observer dans un
cancer d’un organe voisin refoulant l’estomac ou dans un
cancer de l’estomac sans répondre au siège de la tumeur.
Le facteur vésical comme cause d’azotémie chez la
femme. — MM. II. Dufour et Maurice Debray. —
Etudiée par le professeur Legueu chez les prostatiques
rétentionnistes, l’azotémie par rétention vésicale, en
dehors de toute cause dépendant d’un mauvais état des
voies urinaires, ne semble pas avoir attiré l’attention des
médecins.
Une jeune femme de trente-deux ans, atteinte de sclé¬
rose en plaques avec paraplégie, fait de la rétention vési¬
cale. La vessie doit être vidée deux fois par jour. Il n’y a
ni albumine, ni cylindres dans les urines. Lorsqu’on la
sonde très régulièrement, l’azotémie Varie de 0*1,25 à
o* r ,2o par litre de sang. Si on la laisse trente heures sans
sondage, l’azotémie s’élève à osqqo par litre. Si on la laisse
vingt-cinq heures sans sondage, l’azotémie ne monte qu’à
o* r ,50. Bien entendu le régime alimentaire n’a pas subi
de modifications au cours de ces dosages.
Par la connaissance de faits semblables, on évitera, dans
les cas de tabes, de sclérose en plaques, de compression
de la moelle, etc., compliqués de rétention vésicale, de
croire à une lésion du parenchyme rénal, superposée aux
affections précédentes.
Aux facteurs rénaux et cardiaques conditionnant l’azo¬
témie, il faut en ajouter un troisième dont le siège est en
aval du rein : c’est le facteur vésical.
Encéphalite léthargique à forme de démence précoce. -
MM. F.Widae, Ed. May et Ciievai.i.ery rapportent l’ob¬
servation d’un jeune homme de vingt ans qui présente, au
décours d’une encéphalite léthargique,un syndrome mental
rappelant de très près la forme eatatonique de la démence
précoce, et caractérisé par de la catatonie, des stéréo¬
typés, un négativisme accentué, des actes bizarres, de
l’indifférence affective, et une intégrité presque complète
des facultés intellectuelles. Ce fait pose la question des
rapports entre l’eucéplialite léthargique et la démence
précoce.
Recherches sur la sécrétion rénale dans l'enfanoe. —
MM. Apbrt, CambessEdès et M m ' de Rio-Banco ont
étudié la concentration maxima de l’urée chez des enfants
de quatre à quatorze ans. Les chiffres trouvés ont été
dentiques à ceux relevés chez l’adulte, ce qui se com¬
prend puisque ce chiffre a uniquement comme facteur la
qualité du parenchyme rénal.
Au contraire, la constante uréo-sécrétoireestfonction à
la fois de la qualité et de la quantité du parenchyme
rénal. Or le poids des reins est, d’un à dixans, relativement
plus fort chez l’enfant que chez l’adulte. Il faut donc in¬
troduire dans le calcul un coefficientcorrecteurqu’ontfixé
les auteurs. Avec cette correction on trouve les mêmes
chiffres chez l’enfant que chez l’adulte.-
Troubles des mouvements associés des yeux, nystagmus
et perturbations du nystagmus vestibulaire au cours de
l’encéphalite épidémique. - M. J. Bou.ach fait
remarquer la rareté de l’atteinte caractérisée, partielle ou
totale, des nerfs oculo-moteurs dans l’encéphalite épidé¬
mique. 11 faut lui opposer la fréquence particulière des
troubles des mouvements associés, pouvant porter soit sur
10 Juillet 1920.
la convergence, soit sur les mouvements parallèles hori¬
zontaux ou verticaux, et à des degrés allant de la para¬
lysie vraie à la simple parésie. A ces troubles doivent sans
doute être rattachées les secousses nystagmiformes, appa¬
raissant dans certaines positions extrêmes du regard ver¬
tical ou-horizontal, qui, parleur ténacité et leur fréquence
particulière (21 fois sur 24 cas étudiés), constituent un
signe diagnostique important.
L’intérêt de ces phénomènes est accusé par l’existence
de perturbations du nystagmus vestibulaire, que l’auteur
a pu constater, avec le concours du D* Halphen, dans un
assez grand nombre de cas.
SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Séance du 12 juin 1920.
Le sucre protéldique chez les diabétiques. — MM. E.
Gruat et F. RatiiERY, eu utilisant la technique de
Bierry, montrent les variations parfois très marquées
du sucre protéidique chez les diabétiques. Outre les
variations dYn malade à l’autre (les chiffres élevés
correspondent souvent aux cas de diabète conÿomptif),
les chiffres varient chez le même sujet d’un moment à un
.Sans poser de conclusions définitives, les auteurs mon¬
trent l’importance de cette étude du sucre protéidique
chez les diabétiques.
L’azote résiduel dans les néphrites. — M. I’. Brodin. -
Comme MM. Carnot et Ratiiery, l’auteur montre qu’il
peut y avoir augmentation de l’azote résiduel au cours
de certaines néphrites. Mais cet azote résiduel n’est pas
sous la dépendance directe de la lésion rénale, il est la
conséquence d’une lésion hépatique surajoutée, il permet
d’apprécier l’importance de cette insuffisance hépatique.
Son dosage peut donc présenter un réel intérêt pro-
Disparition rapide de l’huile dans le sang après injection
intraveineuse. — MM. H. Busqukt et Ch. Vischniac. —
Après injection intraveineuse d’huile, à la dose de 2 à
3 centimètres cubes par kilogramme d’animal, chez le
chien, 011 ne retrouve dans le sang au bout d’un quart '
d’heure ni l’huile, ni l’acide gras résultant de son dédou¬
blement. Ce fait explique l’innocuité relativedes injections
intraveineuses d’huile pratiquées accidentellement, ou
dans un but thérapeutique.
Diabète insipide expérimental avec atrophie génitale. —
— Mil. Jean Camus et Roussy ont réalisé expérimen¬
talement chez un chien le diabète insipide permanent
par lésion de la région hypophysaire de la base du cerveau.
L’animal présente en outre une atrophie évidente du
pénis et des testicules qui sont mal descendus, avec obé¬
sité, et réalise par conséquent le syndrome adiposo-
génital de Frôlich.
Les recherches antérieures des auteurs ont établi que
le diabète insipide est dû à une lésion de la région opto-
pédonculaire. L’autopsie montrera s’il y a en outre une
lésion de l’hypophyse. Il n’est pas impossible d’autre part
que, les reins et lés testicules ayant une même origine
embryologique, le Corps de Wolff, une même lésion ner¬
veuse puisse intéresser en même temps le centre fonc¬
tionnel et trophique des deux groupes d’organes.
Election. — MM. LcEper et Girard sont nommés
membres titulaires. P. J ACQUET.
Séance du 19 juin 1920.
Dosage de l'urée dans le sang par le xanthydrol ; des
conditions expérimentales à réaliser pour une évaluation
rigoirt-euse. — M. Mestrezat et M mo Marthe J anet>-
Le dosage de l’urée par le xanthydrol dans les humeurs
de l’organisme,déféquées au réactif de Tanret suivant la
technique de Fosse, Robyn et F. François, ne fournit de
résultats rigoureux (approximation de I p. 100 ou de
moins de 1 p. 100) qu’à la double condition de ramener
la teneur du liquide essayé à être voisine de un demi-
gramme par litre et d’employer une quantité de xan¬
thydrol (solution m éthylique à 10 p. 100) égale au
dixième du volume de la liqueur acéto-uréique, soit le
double de la quantité généralement utilisée.
Travaux neurologiques de guerre. —MM. G. Guii.i.ain
et J. A. BarrE. — Présentation d’ouvrage. P. Jacquet.
PARIS MEDICAL
Le Gerant: J.-B. BAILLIÈRE.
7SO5-20. — CoRBEii.. Imprimerie CrEtE.
A. RICHAUD. — SÉRUMS SALÉS ET SÉRUMS SUCRÉS
SÉRUMS SALÉS ET SÉRUMS SUCRÉS
Etude comparative.
le D' A. RICHAUD.
On sait que la sérothérapie, c’est-à-dire la
méthode thérapeutique qui utilise les sérums arti¬
ficiels comme agents médicamenteux, reposait à
l’origine sur l’emploi de solutions purement mine-
raies, que l’on distinguait, suivant leur concen¬
tration moléculaire, eu sérums isotoniques et sérums
hypertoniques. Les premiers, parce qu’ils peuvent
sans inconvénients être introduits dans l’orga¬
nisme en quantités relativement considérables,
sont les agents de la méthode que Landouzy avait
appelée la sérothérapie maxima ; les seconds,
parce que, en raison même de leur hypertonieité,
ils ne peuvent être injectés qu’en quantités
minimes, sont les agents de la méthode que Lan-
douzv avait appelée la sérothérapie tninima. La
sérothérapie basée sur l’emploi des sérums hyper¬
toniques purement minéraux est aujourd’hui
à peu près abandonnée, et d’ailleurs, ni ses effets
physiologiques, ni ses indications ne rentrent
dans le même cadre que ceux de la sérothérapie
par les sérums artificiels minéraux ou sucrés, et
nous ne nous en occuperons pas plus longtemps,
notre but étant de faire ressortir ici les analogies
ou les différences qu’il y a lieu d’établir entre deux
classes de sérums que l’on confond trop souvent :
les sérums minéraux isotoniques d’une part, et
les sérums sucrés, iso ou hypertoniques d’autre
part. Les sérums artificiels employés au début de
la sérothérapie maxima étaient toujours; et exclu¬
sivement, constitués par des solutions iso ou
para-isotoniques au sérum sanguin ; mais ilapparut
bientôt que ces solutions n’étaient pas celles qui
convenaient le mieux au maintien de l’intégrité
morphologique et fonctionnelle des éléments ana¬
tomiques du sang ou des tissus. Kt cela était
d’ailleurs évident a priori, puisque les humeurs
organiques et notamment le sérum sanguin ne
renferment pas que du chlorure de sodium, mais
d.’autres éléments minéraux encore, tels que des
carbonates alcalins, des phosphates alcalins ou
terreux, une petite quantité de sulfate de potasse.
Aussi, peu à peu, les solutions dites isotoniques de
chlorure de sodium furent-elles remplacées par des
solutions salines, toujours isotoniques ou para-iso¬
toniques, mais de composition plus complexe :
sérum de Hayem, sérum de Cantani, sérum de
Locke, etc., etc. Ce dernier sérum contient, en plus
des sels minéraux divers, un gramme de glucose
par litre, c’est-à-dire une quantité de sucre voisine
N» 29. — j 7 Juille! 1920.
53
de celle que l’on rencontre normalement dans le
sérum sanguin.
Le chlorure de sodium n’en demeure pas moins
l’élément principal de ces divers sérums artificiels
qui, tous, peuvent en définitive être englobés sous
la désignation générale de sérums salés.
Ce n’est que beaucoup plus tard, et en raison
même des inconvénients du chlorure de sodium
dans certains cas pathologiques où peuvent cepen¬
dant se poser les indications de la sérothérapie
maxima, qu’on songea à substituer aux sérums
salés des sérums simplement sucrés. Pour bien
comprendre les indications particulières de ces
sérums, et en quoi ils diffèrent des sérums salés, il
convient de rappeler brièvement :
i° Ce que l’on sait des effets généraux des grandes
injections de sérums salés ;
2° Ce que l’on sait sur l’action diurétique des
sucres et sur les conditions qui règlent cette
action, c’est-à-dire qui sont susceptibles de l’aug¬
menter, de la diminuer ou même de la rendre nulle.
Effets généraux des grandes injections de
sérums salés. — L’étude des effets des grandes
injectionsde solutions chlorurées iso ou para-isoto¬
niques, tant du point de vue expérimental que du
point de vue clinique, a été abordée par un très
grand nombre de physiologistes et de médecins,
mais ce sont les travaux de Dastre et Loye, de
Delbet, d’Enriquez et Hallion, de Achard et
Galliard qu’on trouve à la base de cette étude.
Tous ces travaux ont abouti à quelques notions
physiologiques ou thérapeutiques essentielles et
qui sont les suivantes :
i° Chez l’animal sain, et à condition de faire
pénétrer le liquide avec lenteur (1 à 2 centimètres
par minute et par kilogramme d’animal), on peu‘,
sans aucun danger pour l’animal, faire pénétrer
dans l’organisme par la voie veineuse des quantités
relativement énormes de solutions salines isoto¬
niques, supérieures à la masse du sang.
2° Ce n’èst pas, naturellement, l’appareil vascu¬
laire seul qui emmagasine cet excès de liquide. Dès
que l’augmentation de tension produite par le
liquide injecté dépasse dans l’appareil vasculaire
une certaine limite, l’excès passe dans les organes
d’entrepôt (séreuses, foie, etc.).
3 ° Mais ces organes d’entrepôt eux-mêmes ont
une capacité limitée et il arrive un moment où ils
11e sont plus aptes à emmagasiner le liquide injecté.
C’est alors que le rein joue-le rôle de vanne et donne
issue au liquide qui ne trouve plus à se loger dans
les organes d’entrepôt. L’animal, suivant l’expres-
sionde Dastre, està l’état de vase percé. Il s’établit
en définitive, à travers les séreuses d’abord, à
travers le rein ensuite, un mécanisme régulateur
K° 29
54
PA RIS MEDICAL
(le cette espèce d’épandage hydraulique.
4° Certains états physiologiques (l’anesthésie
chloroformique par exemple) peuvent s’opposer au
bon fonctionnement de ce mécanisme régulateur,
et le liquide, ne pouvant sortir par les reins, s’ac¬
cumule alors dans les tissus où il va constituer des
œdèmes, a dèmes en vérité peu graves quand ils
ne se forment que dans le tissu conjonctif sous-
cutané, mais beaucoup plus graves et pouvant
amener la mort quand ils atteignent les viscères.
6° Chez l’homme, certains traumatismes des
centres nerveux peuvent aussi gêner les échanges
régulateurs et aboutir, comme chez les animaux
anesthésiés, à des œdèmes viscéraux graves ou
mortels. On conçoit aussi que, chez les brightiques
où la pathogénie des œdèmes est en relation si
étroite avec l’insuffisance rénale pour le chlorure
de sodium, l'injection de sérums salés ne pourra
que favoriser la production des œdèmes et aug¬
menter leur importance.
Tels sont les principaux faits qu’a révélés
l’étude physiologique proprement dite des sérums
salés, et dont la thérapeutique s’est inspirée pour
fixer les indications et les contre-indications de ces
sérums, ainsi que pour définir le mécanisme de
leur action dans les différents cas pathologiques
où ils ont été utilisés. Au point de vue thérapeu¬
tique, en effet, abstraction faite des circonstances
physiologiques ou pathologiques qui créent une
insuffisance fonctionnelle rénale susceptible d’en¬
traver le mécanisme régulateur de l’épandage
hydraulique, les effets des grandes injections de
sérums salés isotoniques aboutissent :
i° A une augmentation de la pression‘sanguine,
ou à un relèvement dans le cas où cette pression
était tombée à un niveau inférieur à celui qui est
sans doute nécessaire pour que la fibre musculaire
et les appareils nerveux intra ou extracardiaque ;
puissent accomplir convenablement leurs fonctions:
d’où leurs indications dans les grandes hémorragies.
Cette suppléance du sérum sanguin par un
sérum salé isotonique étant d’ordre surtout mé¬
canique, ne peut être que momentanée, mais elle
n’en a pas moins un intérêt capital puisque, en
maintenant l’appareil cardio-vasculaire en état
d’équilibre physique, elle donne à l’organisme le
temps de refaire son équilibre physiologique inté¬
gral.
2° Les quantités même massives de sérums
introduites dans un organisme plus ou moins
déshydraté seront retenues dans cet organisme et
en provoqueront la réhydratation : d’où leur
indication dans les entérites infantiles graves et,
d’une manière générale, dans toutes les diarrhées
profuses cholériformes.
IJ Juillet 1920.
3° Les sérums salés injectés dans le système
vasculaire, en quittant l’organisme par la voie
rénale, voire par la voie intestinale après s’être
épandus dans les tissus, entraîneront avec eux un
certain nombre de produits résiduels plus ou moins
toxiques ; ils réaliseront par conséquent un
lavage du sang (suivant l’expression de Dastre),
une hématocatharsise (suivant l’expression de
Delbet) : d’où leur indication dans certaines intoxi¬
cations où leur emploi, combiné avec une saignée
évacuatrice, constitue la saignée-transfusion.
Action diurétique des sucres. — Les physio¬
logistes ont étudié depuis longtemps déjà les effets
des différents sucres dans la production de la
diurèse, et il suffit de rappeler ici les travaux de
Ch. Richet et de Moutard-Martin, ceux d’Alber-
toni, de Hédon et Arrous, de E. Jeanbrau sur ce
sujet.
Ch. Richet et R. Moutard-Martin les premiers
(1880) ont montré que les propriétés diurétiques
du lait, connues de toute antiquité, étaient dues
probablement en majeure partie au sucre de lait,
et qu’en fait, l'injection intraveineuse de sucre de
lait déterminait une polyurie intense, telle que
dans certains cas la quantité d’urine émise en une
minute est quarante fois plus grande que la
quantité émise à l’état normal. Ces mêmes phy¬
siologistes ont montré que, dans tous les cas, le
volume de liquide sécrété dépasse de beaucoup le
volume de liquide injecté, ce qui revient à dire
que, sous l’influence de la sécrétion rénale exagérée,
il se fait une véritable déshydratation du sang,
d’où la soif intense manifestée par les animaux
auxquels on a fait une injection intraveineuse de
sucre. Il va sans dire que cette déshydratation du
sang ne peut pas dépasser certaines limites et
qu’il arrive un moment où de nouvelles injections
de sucre, non seulement ne produisent plus de
polyurie, mais aboutissent à une véritable anurie,
bientôt suivie de phénomènes diarrhéiques entraî¬
nant une intense élimination intestinale du sucre
introduit en excès dans la circulation.
Il n’y a d’ailleurs pas que le sucre de lait qui se
comporte de la sorte : les injections intraveineuses
(le tous les sucres se comportent également comme
des diurétiques. Toutefois, chaque sucre a un
ce,efficient‘diurétique propre, et si l’on appelle V le
volume de solution sucrée injectée, V' le volume
éliminé, D le coefficient diurétique, ou a ainsi la
relation V' = YD ou D =
Arrous s’est attaché à la détermination de ce
coefficient pour les principaux sucres (employés en
solutions à 25 p. 100), et bien que dam ces expé-
Conditions d’Abonnement
Abonnement d’un an : 15 fr. (France) ; 20 fr. (Étranger).
Abonnements temporaires. — Nous recevons aussi des renouvellements on des abonnements nou¬
veaux à douze numéros consécutifs moyennant 4 fr. pour la France.
OUABAÏNE
CRISTALLISÉE
du Professeur ARNAUD
PRINCIPE ACTIF, CHIMIQUEMENT PUR,
duSTROPHANTUS gratus
“ L’Ouabaïne, Véritable tonique du myocarde, ne remplace
pas, mais complète heureusement la Digitaline *’ (1)
t-Roynl, PARIS. (1) Acadi'mi
Dans tons les cas où vous ordonniez I’Urotropine, prescrivezl
Uroformine
Urotropine Française (
Antiseptique Interne Parfait
[ SAVONS ANTISEPTIQUES VIGIER
HYGIENIQUES ET MÉDICAMENTEUX
iS. Panama. S. n'i|Ji">i’ soufré? S. Sublinn^V. Vosorcine,
I S. Salicylé, S. h l’Ichlhyol, S. Sulfureux,
Comprimés dosés û 0 gr. 50 (3 ô G par jour). W
£ohantillons gratuit» : 12, Boulevard Saint<Martin,
BAIN P.-L. CARRÉ ANTI-NERVEUX
mnn.DDRRAn.PUI fl D i i D É Bain de Mer chaud chez sol, Bain Marin, Bain
IUUU DVlUITIU Ln LUnU nC SaIin chaud pour Convalescents, Anémique*,
s*,™. HMmi. mi / i-s-io {paris n;.
IODALOSE
GALBRUN
RICHAUD. — SERUMS SALES ET SERUMS SUCRES
55
rieuces il ait omis de tenir compte de certains
éléments, notamment, ainsi que l’a fait remarquer
Ch. Richet, du temps pendant lequel il mesurait
l’élimination urinaire consécutive à l’injection, on
peut sinon accorder une valeur absolue aux coeffi¬
cients diurétiques établis par Arrous, du moins les
considérer comine indicatifs du sens du phéno¬
mène et admettre que le coefficient diurétique des
sucres, autrement dit leur action diurétique, croit
en raison inverse de leur poids moléculaire, et par
conséquent, eu raison directe de leur tension
osmotique. Enfin Arrous a également établi que
pour un même sucre, la valeur du coefficient diuré¬
tique est, dans certaines limites, indépendante de
la dose de suére injectée. Ra concentration de la
solution, par contre, aune influence sur ce coeffi¬
cient, qui augmente avec la concentration.
Emploi thérapeutique des sérums sucrés.
— Bien qu’au cours de ses études sur l'action diu¬
rétique-des sucres Ch. Richet ait démontré que
l’administration par la voie stomacale des solutions
sucrées était loin d’équivaloir à l’injection intra¬
veineuse des mêmes sucres, les cliniciens n’utili¬
sèrent tout d'abord que la voie stomacale dans le
but d’exercer uueactiondiurétique à l’aide de sucre
de lait. Res résultats obtenus furent variables, et
il n’en pouvait être autrement car, on le sait bien
maintenant, surtout depuis les recherches expéri¬
mentales de C. Eleig (de Montpellier), l’action
diurétique provoquée par l’ingestion de solutions
sucrées dépend avant tout du degré de concen¬
tration de la solution administrée. Res solutions
sucrées hypertoniques prises par la voie gastrique,
même à hautes doses, n’ont absolument aucune
action diurétique, et les solutions isotoniques 'de
sucres lie fout pas éliminer plus d’urine que l’in¬
gestion d’un même volume d’eau ordinaire; au
contraire, ^élimination est moins rapide que dans
le cas d’ingestion d’eau pure.
11 résulte eu outre de ces données expérimen¬
tales que l’effet diurétique produit par l’ingestion
même de grandes quantités de solutions isoto-
uiques de lactose, par exemple, n’est pas un effet
diurétique vrai, c’est-à-dire dû à une soustraction
d’eau à l’organisme, mais résulte plutôt de la
simple filtration à travers les tissus du liquide
ingéré : c’est une diurèse par lavage et’ non une
diurèse par déshydratation.
Aussi bien cette méthode est aujourd’hui à peu
près abandonnée, et c’est par la voie veineuse
ou par la voie sous-cutanée qu’on administre le
plus souvent les solutions sucrées iso ou hyper¬
toniques. Voyons donc quels sont les avantages
particuliers de ces sérums, autrement dit leurs
indications spéciales, leur préparation et leur
mode d’emploi.
Sérums sucrés isotoniques. — En ce qui con¬
cerne les indications de ces sérums, on peut dire ;
i° Res sérums sucrés isotoniques étant aussi diu¬
rétiques que les sérums salés, ils peuvent être em¬
ployés dans toutes les circonstances où ces der¬
niers sont employés ;
2° Ils doivent leur être substitués dans toutes les
circonstances où l’on a à redouter la rétention
chlorurée.
3° Res sérums sucrés ayant, tant sur la diurèse
liquide que sur la diurèse solide, des effets plus
intenses que ceux des sérums chlorurés, on a sou¬
vent intérêt à les substituer à ces derniers, même
dans les cas où il n’y a pas de rétention chlorurée
à redouter.
Res sucres étant des corps aussi peu toxiques que
possible, beaucoup moins toxiques que les subs¬
tances salines les moins toxiques, y compris le
chlorure de sodium, sont d’ailleurs admirablement
tolérés par l’organisme, et l’on peut sans incon¬
vénient injecter dans les veines jusqu’à 1300 cen¬
timètres cubes de solution iso ou para-isotonique
de glucose, de saccharose ou de lactose. Sous la
peau, Fleig a pu injecter jusqu’à 700 centimètres
cubes ; mais, par la voie sous-cutanée, l’effet diu¬
rétique, bien qu’intense, est cependant un peu plus
lent à se produire, de telle sorte que, du moins
dans les cas d’anurie ou d’oligurie toxi-infectieuse,
la voie de choix est la voie veineuse.
Re choix du sucre destiné à la préparation des
sérums sucrés n’a pas pratiquement une grande
importance. En principe, étant donnée la relation
inverse trouvée par Arrous entre l’effet diurétique
des sucres et leur poids moléculaire, c’est aux
glucoses qu’il conviendrait de donner la préférence.
Res glucoses (C 6 H 12 O 0 ) ont, en effet, un poids
moléculaire égal à 180, tandis que les saccharoses
(C 12 I 1 22 0 U ) ont un poids moléculaire égal à 342.
Re pouvoir diurétique des glucoses, comparé à
celui des saccharoses pris pour unité, serait donc
comme le rapport = 1,9, c’est-à-dire presque
deux fois aussi grand. Mais, en fait, cette relation
entre le pouvoir diurétique des sucres et leur poids
moléculaire n’a pas la rigueur d’une loi, et le pou¬
voir diurétique des glucoses est environ 1,3 ou 1,4,
celui des saccharoses étant 1. Aussi, enpratique, des
considérations d’ordre économique doivent faire
préférer des saccharoses tels que le sucre de canne
ou le lactose auglucose. 11 est à peine besoin de dire
que les mêmes considérations obligent à écarter,
parmi les saccharoses, le màltose, dont le prix est
prohibitif.
Quoi qu’il eu soit, pour obtenir avec ces deux
groupes de sucres des solutions isotoniques, on
emploiera, pour 1 litre de sérum, soit 47 grammes
29.1
56
de glucose, soit d’üh isaCChdrbsë. Prati¬
quement, il n’ëst d’ailiëürs fiüllèmëfit nécessaire
dë së servir dë solutions rigdüfëiisëmënt isoto-
riiquës ; il suffit de së servir dë solütiôtis voisines
de i'isotonië, dë solutions para-isbtoniqUës
(45 grammes de glucose ou 96 à <35 graniméS dë
sucre dë canne oii dë ldCtOsë).
Sêfùins sucrés hypertoniques. — Là diüfëse
provoquée par les injections de sérunis SÜcrés
hypertoniques eët extrêmement abbhdante, et la
tolérance de l’otgdiiismë vis-à-vis dë la plupart des
sucres ést très tëmafqüdblë. Poiir fixer les idées,
lidUsdifons qUël'ori peUt, sUüSpfovoqüerléinoiüdfè
accident, iüjëctëf dans les veines d’un àntifial
15 grammes par kilogramme d’un sucre qüéicbiitjuë
en solution à 25 p. iod.
Chez l'homme, tant chëz dès iùdividüs prësdi-
tant dë l’bliguriè bii inême dë l’aniirië, ati cours de
divërsës maladies ihfèCtieusës (ptitiCipalement Chez
dès tÿphiquèsj qUë chèz des itidividUs hbrinaüx,
Plëig à pii injecter àCesindividüsjUsqU’à 1 itidcëii-
tiinètfës cubes, en vingt-quatre hëüfes, de solutions
à 2$ et mèmè 30 p. 100 dé différents sucres, et il d
ainsi prdvoqüé des poiÿuries extrêmement ab'oh-
dantès ët obtenu dans les vingt-quatre heüres
fstiivaütës dès quantités d’ürihe trois et quatre
fois supérieures à la quantité dë liquide injectée.
îïoiis avons vu qiië, chez les àniirtaux, Ch. RicÜët
et R. Moutard-Martin avaient, dans fcèftains cas,
enregistré dès excrétions urihâires ehCorë bien
siipérietifes. On peut répéter souvent lés injections,
dë préférence un jour sür dëux d’après Plëig, sans
avbir â redoütër lë moindre phénoniènë d’intOxi-
cation, et on arrive ainsi à so'üstraire à l’organisme
dès quantités dë liquide biëü süpéfiëUrës à celles
qu’dn y a introduites par les injections. Ainsi lès
chosës së passent chëz l'homme corfiffié Ch. Richet
avait vu qu’elles se passaient Chez lës àiiimatix, et
l’on ddit en cdhclüre qtie, tandis giiè là diiirèsè
prbvoqtiéë par les injections dë solutions isoto-
niques de sucres aboutit à une diurèse par lavage
du sang, la diurèse provoquée par les injections de
sérüffis suCtés hypertoniques se fait aux dépens
dë l’èau dû sang èt des tissus, que c’ëSt ëfi Un mot
une diurèse par déshydratation. Èt c’est Cëtte
déshydratation qui explique et la sdif intettse
manifèstée par lés sujets auxquels On fait cës injec¬
tions intrâvëineUsës, et l’oligdrie ou mèhië l’anurie
à laquelle On aboutit fatalement en répétant
ces injections chëz dès sujets auxquels on ne prend
pas la précaution de restituer sons forme de bois¬
sons l’èau ainsi soustraite au sang et aux tissus.
Les indications des sérums sucrés hypertoniques
décbulënt dü mécanisme même de l’action diuré¬
tique qu’ils sont susceptibles de provoquer; et
ïy juillet ig2o.
AChard d’inie part, JédhbrUU d’àutië part; oht
montré tOüt je parti qU’OU èn poÜvait tirer dâüs le
traitëiiiënt dë certaines afihriës. MdiS lés effets dës
ifijeCtidiiS dë solutions SÜëiëeS hÿpërtohiquës fié Se
boriiënt pas à la ditirëfee désîiÿd ratante dbüt. ridiis
avons parié plüs haut. Plëig a iüsisté d’ühe part
sur l’action tdhi-cUrdibvascUlaitë de cës sérums,
èt d’autre part sur ie fait, bien connu depuis les
travaUX dë Ch. RiCliet fils et È. LeSrié; de l'action
antitoxiqüë des sucres vis-à-vis de certaines subs¬
tances. C’est efiSeb’aSaiit sut Cëtte triplé action dës
injëctiohS dës SOliitiOhS sübrëès hypërtoüiqüës qUb
Flëig a cOiiseillë l’emploi pbst-dnësthésiquë dë Ces
Séruins pciUr f aVorisër mécaUlqüéihèdt l'élimination
dë PanëSthésiqüë iihprëgiiant les cëhtTes nérvetix,
pOUr lutter contré là Cliüté de pressidü et l’affai¬
blissement cardiaqüë consécutifs Uiix anèsthësiës
prolongées, pbür lUttèr fefifitt cOntfè les vbiüiSse-
mëhts post-chldrbformiqties, si tâiit est toutefois
qUë cës vdffiissèhiehtë, Comffie lë veulent cèrtdihs
âütëürS, dbivëtit être attribués à Une toxéiüiè
d’origiUe hêpàtiqUe, cë qdi, à hotrë avis; Soit dit ëii
passant,. ëSt loin d’êtrë dëniOntré. BièU que lë
poüydir diürétiqüë dës glüCoSes soit üëttëtüëht
Süpérièur à celui dës sUcCharbsë'S; les cbnsidéra-
tibrfs qui font que dans la pratique ou S’adresse
plutôt aux saccharoses qu’aux gluCdsëS pdtir lh
préparation dëS sérüffis SUCrës isotb'fiiqües but Une
valeur plüS gtafidë ënCOte qdànd il s’agit de la
préparation dés sérUUis süciéS hÿpëttohiqttës. Bieii
qüë la quantité dèS différents sucrés à employer
poür la préparation dès sérünis sucrés hyper-
toniqUës puisse varier dans d’asSëz larges limites,
èllë oscille habitüëilëiiiëUt èritrë 200 et23d grammes
p. ibbo pbUr les SaCcharoses.
VÀLÉtik THÈRÂfrEÜÜQÜÈ DES injections
INTRAVEINEUSES DE
SOLUTIONS HYPERTONIQUES DE
GLUCOSE AU 0OURS DÈS
ftÉPHklTES AZOTÊMIQUES
F. RA'THERY et M. BOUCHERON
Professeur agrégé à la Faculté, Auden externe des hôpitaux
Médecin de l’hôpitai Tenon. de Paris.
Les injections hypertoniques de glucose ont été
préconisées chëz l’homme comme des agents ex¬
trêmement actifs de diurèse.
Moutard-Martin et Richet, Albertoni, Hédon et
Arrous ont montré la tolérance remarquable des
animaux vis-à-vis des solutions hypertoniques
de siicrës (15 grammes par kUogramme d’animal
en solution à 25 p'. 100).
PARIS MÉDICAL
F. JRATHERY et M. BOUCHERON. —
Eu l8çjcj, Àrrcitis et Jeanbrau obtëhaient, par
injection intraveinetiséHypertonique dé tacchârbse
chez rhdinriiè, dés polyuries imiiiécliàtës et très
aboiidâiitës. jeàiibi dit signalé chez dès litiudsiqüès
anüriqües deux bbsétvâtldhs où la. secrétion Uri- .
nairë se rétablit àtissi ràj)idènieiit. Fléig a opéré
avec des solutions de iactose, giücose et marmite
de 25 à 30 p. 100 chez des oliguriques et des anu¬
riques au cours de la typhoïde et de la scarlatine ;
il a injecté jusqu’à 1100 centimètres cubes en
vingt-quatre heiires et a obtenu des diurèses dè
4 litres en vihgt-ç[üàtre hëiirës salis bllgtirië consé¬
cutive, pourvu qu’on ait soin de faire boire le
malade après la débâcle urinaire.
Fleig a étüdié coniparativèment l'action dés
solutions sdlées, lâëtbsées ët glucosées, isotoniquës
et para-isotohiqües ; ii conclut que ie « sérum
giucosé nécessite poirr une même élimination
moléculaire de matériaiix d’élaboration un travail
rénal beautoup hloindte qüe celui qu’exerce le
sétuni brdihaire ».j
i/diriÿ, Mayer et Rathery ont pu, à la suite des
injections hypertoniques de sucre (glucose, sac¬
charose, lactose),étudier les modifications de l’épi¬
thélium rénal fit üéfctirë l’iiistophysiolbgie de la
sëcrëtioh rénale (2).
Enriquez et Gutmann (3), chez cinq malades,
ont obtenu un relèvement dë là diurèse à la suite
d’injections hypertoniques dë giücose (30 p. 100) ;
(x) Soc. biol., 1907.
(2) J. phys. et p'dth. gen., igo6.
(3) Soc. biol., janv. 1913.
obs. I. — M m ° Col _
SOLUTIONS HYPERTONIQUES 57
ils notent ëü plus de cette action rénale une amé¬
lioration de l’état général et de la force des con¬
tractions cardiaqüesët ils ( préconisaient cësjnjec-
tioüs àücdùrs dès états toxi-infectieux graves.’
Un petit donc cbnclùrè dé cès dillërents travaux:
1° (Jue l'injection hypertonique de glucose chez
l’animal sain amène une diurèse très abondante
et presque immédiate ; cètte diurèse se carac¬
térise par dès modifications typiques de l’épithé-
liitin rëiial, modifications transitoires traduisant
l’activité du parenchyme réhai.
2° Qüe cës injections hypertoniques ont donné
dans un certain nombre de cas chez l’homme des
résultats excellents, en rétablissant une diurèse
défaillante.
On emploie une solution à 300 p. 1 000, stéri¬
lisée, et on pratique l’injection très lentement
(une demi-heiire pour un demi-litre) ; on voit
survenir assez souvent pendant l’injection un
peu d'oppression, une légère angoisse cardiaque,
des sensations de battements dans la tête; on
arrêté quelques minutes pour reprendre ensuite.
Ces injections constituent donc un excellent
procédé thérapeutique. Ambard les a employées
maintes fois au cours de toxi-infections aiguës ët
nous avons pu nous-mêmes constater avec lui,
dans plusieurs cas, les heureux effets de cette
méthode.
Noiis àvohs voülü, chez üh certain nombre de
néphritiques chroniques, pratiquer ces injections
pour remédier à une oligurie persistante et nous
avons observé assez souvent que, chez ces sujets,
58
PA RIS MÉDICAL iy Juillet 1920.
les résultats obtenus ne répondaient pas à notre
attente.
Dans le remarquable rapport de Pic sur les
diurétiques, les sucres sont indiqués comme le
type des diurétiques azoturiques et il est classique
de J es prescrire chez les urémiques azotémiques et
oliguriques.
Un certain nombre de recherches que nous
venons de pratiquer semblent démontrer, non
seulement que ces injections sont sans effet, mais
que même elles peuvenUétre'Mm'sîè/es. Sans vou¬
loir généraliser d’une façon absolue les conclusions
qu’on pourrait tirer de nos observation, nous
pensons, étant données les conditions très mini-
tieuses d’observations dans lesquelles ces recher-
Obs. Il M.Demer...
ches ont été faites, qu’il y a lieu de tenir compte
dans l’avenir de ces résultats.
Il s’agit de trois malades, mis à un régime fixe
et dont les analyses d’urine ont été pratiquées avec
beaucoup de soin pendant fort longtemps (vingt à
trente jours) ; l’injection de sucre était faite après
huit à dix jours de régime fixe et d’examens
d’urine.
Obs. I. Chez cette malade, l’injection de 250 centimè¬
tres cubes de sérum glucosé à 300p. I oooamène (Tableau X
et courbes J) : i° Une baisse notable du volume des
urines (plus de moitié) ; baisse persistante.
2 0 Uue diminution dans l’excrétion
de l’azote total et de l’urée : diminution
très marquée pendant deux jours et qui
persiste ensuite jusqu’à la mort.
3° Une chute pendant deux jours de
l'excrétion ammoniacale.
4 0 Une élévation de l'azotémie : 4* ,4 2,
4«\87 au lieu de 2«\3ô.
Obs- II.— Chez ce malade (Tableau II
courbes II). qui avait une azo¬
témie de moyenne intensité correspon¬
dant cependant à une constante nette¬
ment défectueuse, l'injection intravei¬
neuse de 250 centimètres cubes de solu¬
tion de glucose à 300 p. 1 000 a amené
les résultats suivants :
i° Le volume des urines a nettement
baissé — et cette baisse a été surtout
marquée le premier et le quatrième jour
après l’injection.
2° L’excrétion des chlorures a plutôt
légèrement diminué (sans augmentation
de poids).
3° L’excrétion d’ammoniaque a été
peu influencée (légère augmentation).
4° L’excrétion d’azote total et d’urée a nettement
baissé, et cette baisse a persisté pendant plusieurs jours.
5° L’azotémie a augmenté et la constante a passé de
0,106 à 0,28.
T 1 ~ 1 1 ‘1 1 i 1 "-I 1—i T ?. 1 1 ’i . T 1 1 1
V.t
—
—
- L -
—
—
—
IWt ’ 3 ~
!2
1300
-i
Zi
==:
/\
' i
ËËÊ
ËËË
1200
1)00 Z
lîl
rZ:
ËËË
ËËË
Y:® |
X
,4V
800
Z. 33
6 -
S J
600
600 Z
!?Ë
=z=
= = =
ï==
iZ?
N
3 _
m
300 2 ~
lô,
p. Z*A t
/.vr;*,
jÿjssm
v?mws
y 36 W3! V
?U - A*
pU-
3
rnarp2
S 56 S-7
Courbes I.
Tûbleâu II.
F. RATHERY et M. BOUCHERON . — SOLUTIONS HYPERTONIQUES 59
I/exaipep dp sang et la recherche <|e lp çonstapte pra- ÇfêS. I|I. — Ce malade, du 13 juin ap 12 août, a été
tiqués lijpt'jours après les dernières dates inscrites au mis à un régime fixe; les examens d’uripe opt été prati-
tableaU ont montré que l’azotémie persistait à i« r ,223 et qués pendant cette période tous les jours ; nous ne pou-
que la constante restait à’ 0,28. vous les rapporter ici ; on les trouvera dans la thèse de
Ce malade revu deux mois après avait une azotémie Boucheron. Nous nous contenterons de rapporter les
de o,8§ avec constants 4 e 0/16. examens du 29 juillet au 12 août. (Tabl. III et courbes III).
coniitures.
Soolait
+ 500 gr. tisane
250 lait
+ 500 gr. tisane
sucrée.
i 56 lait
+ 500 gr. tisane
sucrée.
inj. intrav.
250 cc.de s. gluc.
û 300 p. 1 000.
Tableau 111 .
6o
PARIS MEDICAL
Chez ce malade, il s’agissait d’une azotémie dépassant
notablement i gramme.
I,es résultats sont un peu moins probants, parce que
l’ingestion de lait a été réduite les jours qui ont suivi
l’injection intraveineuse de glucose, le malade refusant
de s’alimenter davantage ; il est vrai qu’il prenait
un demi-litre de tisane sucrée en plus (150 grammes de
sucre par litre).
Les urines, à partir du 10, étaient alcalines, ce qui
empêchait certains dosages ; cependant il est inté¬
ressant, ces réserves une fois faites, de constater les résul¬
tats de l'injection intraveineuse de 250 centimètres cubes
de glucose à 300 p. ï 000.
a. Diminution notable du volume des urines.
b. Diminution de l’excrétion de NaCl (expliquée par la
diminution de l’injection de lait).
c. Diminution de l’excrétion d’ammoniaque le premier
jour (le seul où les urines n’étaient pas alcalines).
d. Diminution de l’excrétion d’azote total et d’urée
(de moins d’importance, étant données les conditions
d’observation).
e. Augmentation de l’azotémie, qui passe de ib t ,6i à
4 ,r >®7-
Conclusion.— 4 I1 semble donc que, de l’examen
de nos trois malades, on peut conclure que, chez
les sujets atteints d’azotémie marquée (et terminée
par la mort pour deux d’entre eux), l’injection
intraveineuse de 250 centimètres cubes de solution
hypertonique de glucose non seulement n’a amené
aucune diurèse, mais a provoqué une diminution
nette de celle-ci avec diminution de l’urée, de
l’azote total urinaire, et une élévation marquée
de l’azotémie.
Si les injections intraveineuses de glucose don¬
nent d’excellents résultats chez les sujets présen¬
tant un rein intact.il ne paraît pas qu’il en soit de
même dans les néphrites urémigènes; elles seraient
au contraire absolument contre-indiquées, et c’est
à tort, selon nous, que chez de semblables sujets,
on indique comme diurétique azoturique l’injec¬
tion hypertonique de sucre.
Nous ne parlons ici que de l’injection intravei¬
neuse hypertonique de sucre. Nous ne donnons
aucune conclusion concernant l’ingestion de
sucre ou le goutte à goutte rectal sucré.
iy Juillet IQ20.
LA COURBE OSCILLOMÉTRIQUE
CHEZ LES MALADES ATTEINTS DE
CLAUDICATION INTERMITTENTE
le D r Jean HEITZ (de Royat)
Ancien interne des hôpitaux de Paris.
On sait que la courbe oscillométrique a été ima¬
ginée. à peu près simultanément dans l'automne
de 1917, par Delaunay (de Bordeaux), Billard (de
Clermont-Ferrand) et Barré (de Strasbourg). I>
premier de ces auteurs a cherché à préciser, par la
construction de cette courbe, la détermination
de la pression systolique et de la pression diasto¬
lique (1). Billard s’est surtout occupé de la forme
générale de la courbe, et il en a tiré des indications
concernant l’état anatomique de l’artère d’une
part, le degré de résistance périphérique et les con¬
ditions de la circulation de retour d’autre part (2).
Dans un article récent, Aubertin a montré que
la courbe oscillométrique nous donne une image
fidèle des oscillations croissantes et décroissantes,
de leur situation par rapport aux grandes oscilla¬
tions, et de l’amplitude comparée des oscillations
correspondant aux diverses contre-pressions du
brassard (3).
Cette amplitude des oscillations, c’est-à-dire le
nombre de divisions du cadran qu’elles couvrent
à chaque systole, a été surtout étudiée jusqu'ici
pour les plus grandes oscillations. Pachon désigne
cette amplitude des plus grandes oscillations sous
le nom d'indice oscillométrique. Il considère que,
toutes choses égales du côté de la circulation pé¬
riphérique, l’indice traduit la valeur de l’impul¬
sion cardiaque ; par contre, toutes choses restant
égales du côté de l’impulsion cardiaque, l’indice
traduit la valeur du calibre artériel (4).
C’est cette dernière considération qui nous a
paru surtout intéressante par ses applications cli¬
niques. Avec Babinski et Froment (5), nous avons
montré, en particulier chez des blessés de
guerre, où des troubles vasomoteurs persis¬
taient sur le membre traumatisé, que la réduction
d’amplitude des oscillations était proportionnelle
en général au degré d’hypothermie de l’extrémité
et, par conséquent, au degré de constriction des
(1) Delaunay, Gaz. hebd. Sc. mid., Bordeaux, 28 oct. 1917.
(2) Billard, Soc. Biol, nov. 1917, et Journ. mid. français,
sept. 1919.
(3) Aubertin, Presse médicale, 18 fév. 1920.
(4) PACnov, Journ. mid. français, sept. 1919.
(5) Babinski et J. Heitz, Oblitérations artérielles et troubles
vasomoteurs ; leur diagnostic différentiel par l’oscillométrie et
l’épreuve du bain chaud (Soc. mid. hôp., 14 avril 1916). —
Babinski, Froment et J. Heitz,. Des troubles vasomoteurs et
thermiques (dans les paralysies et les contractures d’ordre
réflexe (Annales de médecine, III, sept.-oct. 1916).
J. HE1TZ. — LA COURBE OSCILLOMÊTRIQUE
artères du membre : la réduction de l’amplitude
des plus grandes oscillations peut, en pareil cas,
ramener ces dernières à la moitié, au quart même
des dimensions quelles présentent du côté sain.
Mais le réchauffement du membre, en provoquant
une vaso-dilatation locale, ramène toujours les
oscillations à leur amplitude normale. Or il est évi¬
dent que ces variations de l'amplitude des oscil¬
lations sont tout à fait indépendantes de l’ac¬
tion du cœur, et qu’elles ne traduisent que les
modifications de la perméabilité artérielle.
Un autre exemple de ces variations locales de
l’amplitude ou indice oscillatoire est fourni par
les oblitérations artérielles (ligatures, embolies,
thromboses, endartérites chroniques) : ici l'ampli¬
tude des oscillations est encore réduite, et on peut
voir les oscillations complètement abolies.
De plus, l’épreuve du bain chaud ne donne
qu’un résultat insignifiant ou même tout à fait
nul, ce qui se comprend puisque la réduction de
la perméabilité artérielle est due, non pas à un
spasme qui cédera à une-influence physique, mais
à des lésions permanentes qui ne se peuvent modi¬
fier eu un court espace de temps (i).
Eu dehors de l’amplitude des plus grandes oscil¬
lations, il peut y avoir intérêt, chez les malades
atteints de troubles vasomoteurs comme dans les
oblitérations artérielles, à étudier l’amplitude
des oscillations croissantes et décroissantes, et à
noter le degré de contre-pression du bras¬
sard où naissent et où s’éteignent ces oscillations :
c’est-à-dire à étudier tout le champ oscillatoire,’à
dresser la courbe oseillométrique. Eu 1913 déjà,
j’attirais ici même l’attention sur l’intérêt que pré¬
sentait Y étendue de la zone oscillatoire. J'avais cons¬
taté chez 50 sujets normaux que cette zone était
normalement plus longue la fémorale qu’àl’humé-
rale(de3 à qcentimètres Hgeu moyenne),et qu’elle
était aussi en général plus longue (de 2 à 4 centi¬
mètres Hg) au cou-de-pied qu’à l’humérale et
surtout qu’à la radiale.
Or,la courbe oseillométrique figure, par notation
sur un papier quadrillé, les amplitudes d’oscilla¬
tions pour toute la série des contre-pressions du
brassard depuis l’apparition dés oscillations jus¬
qu’à leur disparition. Si l’on dresse la courbe oscil-
lométrique pourries différents membres, à leurs
racines et à leurs extrémités, il devient facile de
lire et de comparer non seulement l’amplitude des
plus grandes oscillations aux différentes régions
artérielles, mais encore l’éteudue des zones oscil-
(1) J. IIeitz, Paris médical, 12 avril 1913. — Babinski et
J. IIeitz, Soc. nturol., 3 mai 1917.— Babinski et J. Heitz, Les
oblitérations artérielles traumatiques ( Arch. mal. cœur, nov.
et déc. 1918).
6 l
latoires, c-t le point de pression où elle se trouve
placée (2).
Pour montrer l’intérêt que peuvent présenter
ces schémas, comme représentatifs de troubles
circulatoires locaux, j’ai reproduit ci-dessous
quelques courbes oscillométriques dressées chez
des malades atteints de claudication intermittenle
par endartérite des membres inférieurs. Dans tous
les cas, j'ai donné, à côté des courbes fémorales et
tibiales, la courbe de l'artère humérale droite,
pour permettre de comparer les oscillations d’une
artère normale avec celles que l’on constate sur
les artères malades.
La figure r représente les courbes oscillométriques d'un
homme de cinquante ans qui, depuis quatre mois, se
plaignait de ressentir, dés qu'il marchait un peu vite, un
engourdissement et une coustriction du pied droit. Ces
sensations ne tardaient pas, s’il persistait, à se transfor¬
mer en une douleur irradiée à toute la jambe. Pression
artérielle normale. Les pulsations pédieuse et tibiale pos¬
térieure, normales à gauche, manquaient au pied droit.
La figure montre que l’affection se limitait au membre
inférieur droit : la courbe tibiale, réduite à une étendue
totale de 3 à 4 centimètres Hg, s’élève à peine à une divi¬
sion du Pachon, alors qu’à gauche son étendue dépasse
12 centimètres, et qu’elle s'élève jusqu’à 12 divisions. La
(2) L’amplitude des plus grandes oscillations, ou indice
oseillométrique, ne peut être considérée comme présentant une
valeur absolue, car l’appareil de Pachon n’est pas étalonné
quant à l’amplitude des oscillations : cette amplitude peut
varier pour un même sujet, examiné dans les mêmes condi¬
tions successivement avec plusieurs appareils de Pachon. Il
s’agit donc d’uue étude purement relative, et c'est pourquoi
nous n'attachons d’importance qu’aux variations de cette
amplitude par rapport aux autre membres.
Pour donner une base à la comparaison, j’ai mesuré chez
50 sujets normaux l’amplitude comparée des oscillations sur
les quatre membres : à la partie moyenne de l’humérale, au
tiers inférieur de la fémorale, au poignet et au cou-de-pied
[Arch. des mal. du cœur, jânv. 1906). J’ai constaté que, d’uu
côté à l’autre, il pouvait exister, chez des sujets sains, des diffé¬
rences appréciables et qu’il ne fallait, par suite, attacher d’im¬
portance qu'à des écarts assez considérables (atteignant d’un
côté la moitié de l’amplitude du côté opposé). Sur le même
membre, le chiffre obtenu à l’extrémité est toujours sensible¬
ment inférieur (d’un quart ou de moitié) à celui de la racine du
membre. Le plus habituellement, les oscillations sont légèrement
plus amples aux membres inférieurs qu’aux membres sui>é-
Pour mesurer l’amplitude des oscillations, j’ai utilisé unifor¬
mément le brassard de 12 centimètres de hauteur, tel qu’on le
trouve dans le spliygmomanomètre de Vaquez. Ce brassard
était modérément serré sur le membre, le milieu de la poche
répondant au trajet artériel. Supposons l’aiguille oscillant sur
le cadran de 3 à 12, par exemple: je compte 12 — 3= 9 degrés,
chiffre que je multiplie par 2 en raison du trait secondaire qui
divise chaque degré sur le cadran du Pachon, soit un total de
r8 divisions couvertes par l’aiguille sous l'influence du flot
artériel.
La moyenne de mes relevés a été (pour l’osdllomètre de
Pachon n° 82, qui a servi à cette étude, comme à toutes nos
études ultérieures) de 20 divisions sur l’humérale, de 7 divisions
et demie au poignet, de 21 divisions et demie au tiers inférieur
de la cuisse, de 10 divisions et demie au cou-de-pied. '
62
PARIS MÉDICAL
ij Juillet IÇ20.
Claudication intermittente de la jambe droite avec perméabilité
à peine diminuée de la fémorale droite. Membre inférieur
gauche porpial (fie. i).
Claudication intermittente du membre inférieur droit par
lésion de tout l’arbre artériel de ce membre. A gauche,
la perméabilité’des tibiales est déjà altérée (fig.|a).
courbe fémorale droite est elle-même légèrement rêtrécje
par rapport à celle <lu côté gauche, quj, ejle-mépie, se
trouve par rapport à la courbe humérale dans les rapports
normaux. Comme nous le verrons, il est rare de voir l’en-
dartérite oblitérante se limiter d’une façon aussi nette à
l’un des membres inférieurs.
La courbe 2 donne un exemple de lésion artérielle
prononcée d’un côté, encore légère au membre inférieur
opposé. Il s’agissait d’un homme de soixante-deux ans,
un peu hypertendu, souffrant depuis cinq ans de claudi¬
cation intermittente à droite. Il existait une hypothermie
prononcée du pied droit. Jamais de douleur à gauche.
On constate une réduction considérable, à lafois en éten¬
due et en amplitude‘d’oscillation, des courbes tibiale et
fémorale droites ; les pulsations du pied droit manquent.
Il en est d’ailleurs de même à gauche, où la courbe fémo¬
rale se montre normale, alors que la courbe tibiale esttrès
diminuée (surtout çoiftpic amplitude d'oscillation). Chez ce
malade, nous ayons, reproduit le phénomène intéressant
signalé dans ce journal par André-Thomas et Lévy-
Valensi (1), à savoir qu’il suffisait de faire marcher le
malade à grands pas pendant quelques instants pour voir
les oscillations tibiales droites (c’est-à-dire du côté de la
crampe) s'effacer çonjplèteipent.
Avec la courbe 3, nous nous trouvons en présence de
Claudication intermittente des deux membres inférieurs ; per¬
méabilité artérielle très diminuée déjà aux fémorales. Lu
courbe humérale n’est figurée qu’en partie (fig. 3).
lésions beaucoup plps graves, siégeant aux deux membres.
A gauche, pas d’oscillatious tibiales ; à droite, elles ne sont
visibles que sur 2 à 3 centimètres, avec amplitude d’une
division ; les pulsations sont abolies aux deux pieds. Les
oscillations fémorales sont très peu amples (4 djvisjons à
gauche, 6 divisions & drojte), et jeirr étendue est notable¬
ment réduite par rapport à la courbe humérale. H s’agis¬
sait d’un homme de soixante ans, grand diabétique et
albuminurique, avec pression artérielle cependant nor¬
male. Claudication intermittente très prononcée gpx
deux jambes.
La courbe 4 est semblable à la précédente, avec cette
différence que la fémorale droite a gardé une perméabilité
J (1) André-Thomas et Lévv-Valknsi, Le spasme artériel
dans la claudication intermittente du membre inférieur (Paris
médical, iq janv. 1918).
64
De même, chez ic malade de ia courbe 5, l’épreuve du
bain chaud ue donne qu’une amplification insignifiante
des oscillations fémorales des deux cotés. Il s’agissait d’un
homme de dnquaffte-cinq ans, hypertendu, souffrant du
membre inférieur droit depuis un an, et à g il u elle depuis
trois mois. Il ri’y a pas d’oScillatloiis tibiales à droite, et
elles sont presque nulles à gauche, non niodifiées par le
bain chaud.
Nous publions les courbes de la figure G parte qu’elles
représentent un degré très prononcé de l’affection : les
oscillations fémorales sont extrêmement diminuées à
droite ; elles sont presque nulles à gauclle (à certains jours
même, elles étaient tout à fait huiles de ce côté). l’as d’os¬
cillations aux tibiales des deux côtés. Ce malade, âgé de
quarante-neuf ans, souffrait beaucoup fl là iiiarcbe,tantôt
d’un côté, tantôt de l’aulre. b’ii notait une lotte liypo-
(Janvier iijio, hiéme inffladê). jjl ciaiiiiicaiion intermittente
^ siège à droite depuis quelques semaines ; il hé S’est plus
manifesté de douleur dù côté gâtiche depuis pliis de deux
ans (fife. 8).
soixante ans, dont i’dffCctiôff s’est niodifiée d’ulie manière
remarqhable ah cours de ces trois dernières affilées.
En juillet 1917; il souffrait depuis trois inois de la
jambe gâtiche : les oscillations étaient tfès réduites aux
tibiales ÜC Ce Côté, et les pulsations abolies du pied. Quant
aux oscillations dé la féffioiale gâtiche, elles se montraient
presque ffônnales. A droite, atictiff signe anormal ; pul¬
sations au pied normales ; cependant la courbe fémorale
droite paraissait un peu diminuée dans son ensemble, si
on la comparait à la courbe humérale. Quelques mois
plus tard, dans l’automne de 1917, la crampe douloureuse
de la jaffibe gauche disparut peu à peu, et le malade put
même recommencer à courir après le tramway.
ij Juillet IÇ20.
Un traitement avait été élièrgiqtiefflènt poursuivi par
le lipiodol associé à aile bonne hygiène générait.
Eu janvier 1920,1e malade se plaint dé uoiivCaü, depuis
quelques semaines, d’une crampe douloureuse à la marche,
mais qui siège cette fois dâus le molli t droit. L’exploration
oscillométricjue montre que la courbe tibiâlè gauche a
repris presque entièrement son ampleur normale (les pul¬
sations du pied gauche sont nettement perceptibles) ;
quant à là courbe fémorale gauche, elle paraît toujours,
comme en 1917, un peü inférieure à la courbe humérale.
A droite, c’est-à-dirë dvi côté où siège maintenant la dou¬
leur, la courbe tibiale est à peu près nulle, et la courbe
fémorale s’est affaissée.
Par comparaison avec les courbes précédentes,
nous reproduisons fig. 9 lés courbes oscillométri-
qties humérales et radiales des deux membres
supérieurs d’un malade atteint d'imcVrysmc de
l'artère sous-dnvicre droite. Eii pareil cas, les
courbes sont nettement diminuées au-dessous de
Anévrysnie de l’artère soi s-i laviére iriite. Iis traits
verticaux indiquent le niveau de la pressa n systolique
mesurée par la méthode de Riva-Rocci (fg. 9).
l'anévrysme ; mais ce qùi distinguait ce trouble
circulatoiie dè i'ëndartérite oblitérante, c’est que
le pouls était retardé en même temps qu'affaibli.
Le retard du potils, comble on sait, ne s’observe
jamais dâhs lès oblitérations artérielles.
En iésiimé, les courbes oscillométriques prove¬
nant de malades atteints de claudication inter-
mittebie permettait d’objtctiver et de rendre
frappantes, pour une démonstration publique, les
particularités de chaqüé cas particulier. Elles per¬
mettent aussi de se rendre corhjite, par dix coup
PARIS MEDICAL
SOCIETES SAVANTES
d’bell jeté sur les états successifs d’iin inêiiie iiia-
lade, de la manière dont a évolué soii afféctioü.
■C’est ainsi que la comparaison des courbes 7 et 8
■montre bien un des caractères habituels de ces
évolutions, t[üi est de së faite par étapes plus ou
moins espacées : tantôt les poussées se répètent
sur le môme membre ; tantôt elles frappent
simultanément à un degré variable l’un et l’autre
des membres inférieüls ; parfois, alors qu’un côté
sënible guérir, l'aütre sé tfoüve affecté d’tine
maniéré pliis ou moins subite.
De cette dernière forme, nous avons vu plusieurs
exemples ; ruais aucun 11’était aussi caractéris-
tiqüè qUë fcelui auquel se rapportent les courbes
dès figufës 7 et 8.
d#a thérapeutique qui repose sur l'iiygiènë géné¬
rale, les injections de lipiodol, le traitement spé¬
cifique (en cas d’antécédents syphilitiques), les
curés dé bains de Royat, doit teildre à accentuer
lés rémissions et à eirijjêchèr où àtténùer les
rechutes. t,a figuration des courbes oscilibmé-
triques permettra de surveiller d’une manière pré¬
cise les effets du traitement eu cours, et, daiis une
certaine ifièstire, d’arrêter iès àggravàtioiis en¬
core à leur période de.préparation.
SOCIÉTÉS SAVANTES
ACADÉMIE DES SCIENCES
Séance du 5 juillet 1920.
Stlr l’épuration par les boues activées. — M. Cambier
üioüttè qtt’ll s’agirait bien plus d’un phénomène chimique
qiie d’ttn phénomène tnicrobien. Ce qui semble bien le
faire croire, c’est l’influence très grande qu’exerce sur
lé phénomène l’addition d’un peu de sulfure de fer.
Siir lés romanichels. — MM. Mac Auwfme et Marie
ont étudié l’origine des romanichels. Ceux-ci sont entrés
en France au xv° siècle. Des caractères importants les
différencient de la race française : la taille, la couleur des
yettx et des cheveux et surtout l’indice eépllalique qui est
de 79 (82-85 Chez les Français). Cette race 11’a pas varié
depuis leur immigration. I Y es romanichels constituent bien
Utie facC étrangère spéciale.
Aétiondela trlméthylamine sur les anophèles. -M. Kou-
11 AUD, dans une note lue pqrM. BOUVIER, montre que cette
trlméthylamine tue les anoplièles par paralysie des gan¬
glions thoraciques et en même temps empêche la putré¬
faction de ces insectes. Favre avait déjà remarqué que
certains insectes paralysent et conservent leur proie en
leur injectant de l’acide formique sécrété par des glandes
spéciales.
Sur le vol plané des oiseaux.- -M. Idrac, dans une note
lue par M. Deseandres, fait une étude très complète sur
les courants de convection de l'atmosphère, expliquant
le vol plané des oiseaux. L’auteur a fait l’étude expéri¬
mentale de ces courants, analogues à ceux qu’on peut
rencontrer dans les liquides chauffés.
Sur un alliage invariable. — M. C11.-K. Guieeaumë a
étudié les propriétés d’alliages contenant, outre du fer et
du nickel, des doses massives de métaux additionnels et
65
notamment du chrome. Guidé par une idée théorique dilr
lés propriétés dé ces alliages, il est parvenu à dblüier lit
formulé d’un acier dont l’élasticité est constante sur ùh
très large intervalle de température, de telle sorte que,
s’il sert à la confection d’itii spiral, ce dernier, associé à iiii
tiàlancler mdiiomëtalliqtib, assurera l’égalité parfaite de
niarohe des montres et même des chronométrés à toutes
les tbiiipénitures. II. Mari':cÜai,.
ACADÉMIE DE MÉDECINE
Au début de là séance, M. LavÉRÀn, président dé l’Aca¬
démie, prononce l'éloge funèbre dé M. Iiucorov.
La séance est levée en signe de deuil. La prochaine
réuiiion est fixée ait 20 juillet.
SOCIÉTÉ MÉDICALE DES HOPITAUX
Séance du 2 juillet 1920.
A propos do la réaction de Sehlck. - - M. ZELEES.
Crises d’ariiaurose unilatérale, d’origine tabagique
probable, avec changement de coloration do l’Iris. —
M. Pu. l’AGMKz rapporte l'observation d’un homme de
vingt-six ans atteint de néphrite albumineuse simple
sans azotémie iii hypertension, (pii a présenté à plusieurs
reprisés des Crises d’diiiàurosC unilatérale brusque durant
plusieurs heures et au cours desquelles l’iris cliaugèdit dé
couleur. Ce phénomène montre ((ne cette crise d’amdu-
rose doit être considérée comme due au spasme vasculaire,
portant à la fois sur l’artère de la rétine et sur les artères
ciliaires. Cet équivalent du doigt mort semblait, pour if hé
part iriiportdnte, relever du tabagisme. La particularité du
changement de coloration de l’iris daiis l’amaurose tran¬
sitoire ne paraît pas avoit encore été signalée.
M. Laubry à observé des premiers, avec M. Labadic-
Lagrave, le spasme des artères de la rétine, chez lin hyper¬
tendu. Il rapproche, avec prb, ces crises de la claudication
intermittente.
Quatre cas do septicémie colibacillaire. — MM. F.
Widai., A. LëMiERRK et F. ilRObix rapportent quatre
observations de septicémies colibacillaires vérifiées par
l’hémoculture. Le premier cas concerne une fièvre conti¬
nue consécutive à une poussée aiguë d’entérite ; dans la
deuxième, l’infection s’est développée chez une accouchée,
sans que l’origiue utérine soit nettement démontrée ; les
deux dernières ont trait à des ictères infectieux, l’un
très bénin, survenu pendant la grossesse, l’autre plus
sévère, compliqué d’hémorragies avec anémie et myélé-
se sont terminés par la guérison!
• Ces quatre observations sont une démonstration du
polymorphisme des septicémies colibacillaires, pour les¬
quelles il n’existe aucun symptôme pathognomonique
et que l’hémoculture seule permet de diagnostiquer.
Lorsque ces infections générales surviennent comme
complication d’une suppuration locale colibacillaire.
elles affectent en général une alliae pyohémique. Lors¬
qu’elles sont consécutives à de simples troubles intesti¬
naux, elles prennent assez, volontiers l’aspect d’une
fièvre continue plus ou moins prolongée et tendent,
comme les infections à bacilles typhiques et paraty-
phiques, à donner des localisations secondaires au foie
et aux voies urinaires.
M. Méry a constaté, avec M. Legueu, (l’exceilents
effets de la vaccinothérapie, dans un cas de cet ordre.
Sur une méthode d’auscultation pulmonaire combinée
au frottement do la paroi thoracique. — MM. Crüuzon et
F. B&iaguë exposent le résultat de leurs* recherches sur
PARIS MEDICAL
66
cette méthode nouvelle. La technique consiste à explorer
une région du thorax par le frottement de la paroi (peau,
ou mieux côte, suivant son grand axe) avec lé bord ex¬
terne du pouce ou avec la pulpe de l'index. En môme
temps on place dans le voisinage de cette région le pa¬
villon d’un stéthoscope bi-auriculaire : on perçoit un
bruit qui est sensiblement le même dans toutes les régions
thoraciques dans les cas normaux et qui est augmenté, ou
diminué, suivant l’état des viscères sous-jacents.
Les modifications de ce frottement ausculté sont le
plus souvent parallèles aux modifications de la sonorité
et elles peuvent apporter un élément de diagnostic
supplémentaire quand les vibrations thoraciques font
défaut.
L’exagération du frottement ausculté est un signe de
condensation ou d'hépatisation pulmonaire ; la diminu¬
tion, au contraire, s’observe dans les épanchements
liquides de la plèvre, dans les cavernes pulmonaires
pleines, et dans les scléroses pleuro-pulmonaires apicales.
Dans les pneumothorax et dans les grandes cavités
vides du poumon, il semble qu’il y ait plutôt exagération
du frottement ausculté.
Cette méthode, qui nécessite une technique analogue
à celle de la phonendoscopie simplifiée, en diffère quant
au principe puisqu’elle utilise la valeu s émiologique des
vibrations de la paroi thoracique conditionnée par la
résonnance viscérale sous-jacente et non la vibration
des organes comme la phonendoscopie.
Elle doit être associée, au cours de l'exploration thora¬
cique, à la percussion et à la recherche des vibrations,
qu’elle complète utilement, et plus spécialement dans le
diagnostic différentiel des condensations pulmonaires
et des épanchements liquides de la plèvre.
M. Laubry insiste sur la valeur de la percussion
comme moyen d'exploration, et sur les causes d’erreur
tenant à l’emploi du stéthoscope bi-auriculaire.
Fr. Saint-Girons.
SOCIÉTÉ DE CHIRURGIE
Séance du 23 juin 1920.
Invagination Intestinale et diverticule de Meckel. —
M. Boueey (deVersailles).Rapport de M.Louis Bazy.—
Une jeune femme commença par présenter des accidents
abdominaux qui firent penser à une appendicite, puis
l’apparition de selles sanguinolentes fit faire le diagnostic
d’invagination. A l’opération faite à la trentième heure,
ou constata l’invagination de 20 centimètres d’intestin
grêle dans le côlon ; après désinvagination, on vit sur
le grêle une petite masse qu’on réséqua avec 6 centi¬
mètres de grêle, et dans laquelle on trouva le diverti¬
cule de Meckel. Anastomose tcrmino-terminale. Guéri¬
son. Les jours suivants, la malade rendit par vomissement
un ascaris.
Fistule pyo-stercorale de la région lnguino-crurale droite
consécutive à une appendicite herniaire. — M. Lenor-
mant rapporte un cas de M. LECtERC (de Dijon) tout
à fait analogue au cas de Moure, précédemment rapporté.
Ici aussi les accidents d’appendicite ont évolué à bas bruit,
sans aucune réaction péritonéale.
Ulcère du duodénum avec grande dilatation gastrique.
— M. Martin (de Toulouse).— Chez un malade qui pré¬
sentait depuis longtemps des phénomènes gastralgiques
et particulièrement une douleur survenant régulière¬
ment trois heures après les repas. M. Martin a trouvé,
à l’intervention, un ulcère duodénal et a fait une gastro-
entérostomie. Les douleurs consécutives aux repas ont
disparu, mais il a persisté de la pesanteur et l’examen
ij Juillet 1 (JJO.
radioscopique a montré un estomac dilaté. Six semaines
après la première intervention, M. Martin a fait une
gastro-plicature et une gastropexie.
M. LknormanT, rapporteur, estime que cette deuxième
intervention a été un peu hâtive et que peut-être la -dila¬
tation gastrique aurait disparu avec le temps, à la suite
de la gastro-entérostomie.
M. Pierre Duvai, estime que la gastro-entérostomie
n’était pas l’opération indiquée en présence d'un ulcère
de la face antérieure du duodénum.
Traitement du cancer du testicule. — M. Mauci.aire
a pratiqué quatre fois l’opération large. Deux fois il
n’a pas trouvé de ganglions ; deux fois il les a trouvés
inextirpables. Il appelle l’attention sur la difficulté du
pronostic d’après l’examen histologique de la tumeur.
A propos de l’emploi des corps métalliques dans le
traitement des fractures. - - M. Dujauier estime que la
prothèse métallique est un excellent moyen de conten¬
tion des fragments. C’est à tort qu’on lui a reproché
les retards de consolidation, la nécrose osseuse, l’élimi¬
nation des pièces employées. Ces pièces peuvent être
englobées dans le cal ; elles sont mieux tolérées sur les
os profonds que sur les os superficiels. Les vis et agrafes
sont mieux tolérées que les cerclages ; M. Dujarier se
sert cependant volontiers des lames de Parham.
Dans plus des deux tiers des cas les pièces métalliques
sont parfaitement tolérées et M. Dujarier ne les enlève
pas préventivement..
M. Fredet, après avoir confirmé ce que vient de dire
M. Dujarier et ce qu’avait déjà dit M. Hallopeau, apporte
ses résidtats personnels, certains datant de quatre, six,
sept et huit ans.
Il a observé qu’autour de la lame ou de la plaque il
se forme d’al ord un cal exubérant (phase de croissance
active), puis ce cal est' remanié et s’affine (phase de
régression). Les retards de consolidation sont dus aux
décollements opératoires et non aux pièces métalliques ;
ou bien encore à une prothèse mal faite. A ce propos
l’auteur insiste beaucoup sur la nécessité de soigner le
taraudage et le filetage des orifices préparés pour les
vis.
M. Rouviiaois confirme ce qui a été dit. Il ‘fait une
réserve sur l’emploi des lames de Parham ; elles sont
contre-indiquées pour fixer des os friables à la Suite
d’ostéite et de suppuration.
Injections intrapéritonéales post-opératoires de sérum.- -
M. Marquis (de Rennes) trouve à cette voie trois avan¬
tages : élévation très marquée de la tension artérielle;
absorption rapide, d’autant plus rapide que la solution
est plus chaude; enfin le péritoine modifie cl régularise
le liquide avant son entrée dans la circulation, ce qui n’a
pas lieu dans l’injection intraveineuse.
M. Pierre Dkebet, qui, à la suite des laparotomies,
remplit depuis longtemps le péritoine d’une solution
isotonique chaude, dans le but de réchauffer les anses
intestinales, a observé la production constante de grandes
inspirations et un gros afflux de leucocytes vers le péri¬
toine.
Traitement des hanches ballantes. - - M. Dionis du
Séjour est intervenu dans 3 cas eu avivant le cotyle,
excisant le tissu cicatriciel et fixant le fémur dans le
cotyle par une longue vis de Lambottc. Il a obtenu deux
ankylosés osseuses complètes et une pseudarthrose très
serrée améliorant considérablement l’état fonctionnel.
Fermeture sans drainage dans le traitement des appen¬
dicites à chaud. — M. OMBRÉDANNE.lorsqu’il est appelé
à intervenir d’urgence pour une appendicite et qu’il
Il CURE RESPIRATOIRE
PULMOSERUM
BAILLY
LABORATOIRE DE BIOLOGIE APPLIQUÉE
Produits CARRION
L B. A.
’eléplione : Élysoes 36-45
606 - ARSENOBENZOL “ Sanar * -- 606
914 -- NEOARSÉNOBENZOL “Sanar ” -- 914
Adoptés par les HOPITAUX
V. BORRIEM et Ç ie , 54, Faubourg Saint-Honoré — PARIS
PRODUIT FRANÇAIS - FABRICATION FRANÇAISE
dans
en cachets dosés t 0,60cg. (8 à 8 par 24heures) .. GOUTTE
rABi8 i i»fpB™dîf/m“«!ïïl* paris LES RHUM AT/SM ES ARTICULAIRES
SOCIETES SAVANTES
67
trouve une péritonite libre, enkystée, avec collections
étendues ou multiples, ou un abcès péri-appcndiculaire,
referme sans drainage, <1 condition que l’appendice ait
pu être enlevé. Il laisse à la diète absolue quarante-lmit
heures, et applique de la glace sur l’abdomen. Souvent
il se produit du troisième au cinquième jour un abcès
pariétal qu’il suffit d’évacuer en enlevant uue agrafe.
De cette façon,M. Ombrédanne a vu ses résultats
s’améliorer aussi bien eu ce qui concerne les appendi¬
cites à chaud prises en bloc qu’en ce qui concerne les
péritonites libres ou à grands foyers multiples.
Il se conduit de la même façon lorsque, opérant à froid,
il rencontre un abcès résiduel. J ean Madiicr.
SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Séance dit 3 juillet 1920.
La période anté-allergique dans la tuberculose expéri¬
mentale du cobaye. — MM. 1t. Debré, J. Parai' et
L. Dautrebaxde ont étudié chez le cobaye la durée de
la période anté-allergique après inoculation de doses de
bacilles de Koch variant de un centigramme à un mil¬
lième de milligramme, et en pratiquant chez ces ani¬
maux des intradermo-réactious à la tuberculine tous les
deux joins depuis la date de l’inoculation. La durée
de la période anté-allergique, c’est-à-dire de la période
qui s’écoule entre l’inoculation des bacilles et la première
intradermb-réaction positive, est essentiellement fonc¬
tion de la dose de bacilles inoculés. Elle varie de trois
jours pour un milligramme à vingt-huit jours pour un mil¬
lième de milligramme. I/apparition de l’allergie coïncide
toujours exactement avec lu première lésion perceptible
au point d’inoculation.
Etude sur l’oxydation du carotène des crustacés et sur
la présence parmi les produits d’oxydation d’un corps qui
donne les réactions d’une cholestérine. — M. J. VERNE.
Etude des techniques dans la détermination du rapport
azotémique. — M. LaudaT apporte les résultats d'une
série de vérifications qu’il a faites des techniques qui
servent actuellement à déterminer le rapport azotémique.
Il eu résulte qu’en opérant dans les conditions indiquées
par l’auteur on peut doser l’urée et l’azote total même
sur de faibles quantités de sérum, avec une erreur qui ne
dépasse pas 2 p. 100. Les résultats obtenus en appliquant
cette technique paraîtront dans de prochaines commu-
Le ferment protéolytique des tumeurs et le sang des
cancéreux. — MM. LŒPF.r, FaRoy et R’OUSSET ont étudié
l’activité de ce ferment par l’action sur une solution de
peptones d’un extrait de tumeur maligne ou du sérum
des malades. Comme l’érepsine dont il est très voisin,
La transformation est plus grande avec l’extrait de tumeur
digestive qu’avec l’extrait de tumeur du sein. De plus,
l’activité du sérum des cancéreux est près du double de
celle du sérum normal. Ces recherches ne visent pas,
comme celles d-’Abderlialden, à établir la spécificité du
ferment pour chaque variété de tumeurs, mais à donner
un procédé de dosage comparatif. Elles permettent
d’expliquer la richesse, constatée par les auteurs, eu
acides aminés, du sang des cancéreux, et comportent
. peut-être des conclusions diagnostiques et pronostiques.
_ Paul Jacquet.
SOCIÉTÉ DE DERMATOLOGIE
ET UE SYPHIUGRAPHIE
Séance du 10 juin 1920.
Mycose due au « Mycoderm? pulmoneum ». M. Gou-
GERor présente un homme atteint de lésions ulcéreuses,
de lésions végétantes verruqueuses et squameuses ; la
réaction de Wassermann était légèrement positive, mais
un traitement par l'arsénobenzol resta sans résultat.
La biopsie 11e montra que des lésions banales et un gros
.infiltrat embryonnaire. Les cultures révélèrent la présence
du Mvcodenna pulmoneum dans les lésions ouvertes.
Cette mycose est très peu influencée par l’iodure de
potassium ; le meilleur traitement est le raclage ou la cau-
Hémolymphangiome. — M. Mii.ian. — La malade
atteinte d’hémolymphangiome, et présentée antérieure¬
ment, a été opérée ; après quelques semaines de guérison
apparente, la lésion a récidivé au niveau de la cicatrice
Eruption au cours d’un traitement par l’arsénobenzol.
— M. SKIS. —- Une femme, syphilitique secondaire, soi¬
gnée déjà par deux séries d’injections intraveineuses
d’arsénobenzol, a présenté, après une injection de o B, ,.)3
du produit, une éruption érythémateuse et prurigineuse,
que Mil. Renault et Bal'/ER considèrent comme de
l’urticaire due à l’arsénobenzol, et que M. Mii.ian consi-
Acnltis. — MM. Bloch et BuRxiKR présentent un
homme atteint de tubereulides de la face simulant des
syphilides acnéiformes ; la réaction de Wassermann était
négative, et trois injections de uovarsénobenzol ne
donnèrent pas de résultat ; sur les coupes, on constate
une structure tuberculoïde ; les inoculations au cobaye
furent négatives.,
D’après M. Dartkr, les nodules 11e sont pas nettement
sous-cutanés comme dans l’acnitis ; la lésion est inter¬
médiaire entre l’acnitis et les tubereulides papulo-
Autoplastie esthétique du cuir chevelu. — M. Paissot,
chez un malade atteint de calvitie, a prélevé, au niveau
des parties encore chevelues, une bande de 8 centimètres
de large, qu’il a greffée avec succès sur le côté correspon¬
dant de la ligne médiane du crâne. Une seconde opéra¬
tion analogue, pratiquée de l’autre côté, complétera
la guérison.
Traitement de la syphilis. — MM. Qukyrat et Marcel
Pinard commencent le traitement le plus tôt possible,
alors que la réaction de Wassermann est encore négative.
Ils font deux séries de traitement par l’arsénobenzol,
séparées par un mois de repos ; chaque série comporte
une dose totale de 3»,Go d’arsénobenzol. Un mois après
la fin de la deuxième série, la réaction de Heelit restant
ordinairement négative, ils commencent le traitement
mercuriel et font deux séries de huit injections muscu¬
laires d’arquéritol, séparées par un mois de repos. La
durée de ce traitement est d’environ onze mois. Ou sus¬
pend alors toute thérapeutique, et pendant un an, on
recherche de temps à autre les réactions de Wassermann
et de Heclit. Si ces réactions demeurent négatives,
même après réactivation, le malade peut être considéré
comme guéri. Ce traitement est beaucoup moins efficace
et beaucoup' plus long, quand il n’est commencé qu’à la
période secondaire de la syphilis.
M. Mii.ian conseillle d’administrer un centigramme
de salyarsau ou un centigramme et demi de novarséuo-
beuzol par kilogramme du poids du corps. 11 administre
aussi le mercure par voie buccale, afin d’atteindre plus
directement le foig.
L.B.
68
PARIS MEDICAL
SOCIÉTÉ DE PÉDIATRIE
Séance du 15 juin 1920.
M. J. RENAULT, à propos du procès-verbal de la séance
précédente, rapporte les résultats qu’il a obtenus dans
son service, par le traitement de la syphilis héréditaire
par le novarsénobonzol. Ceux-ci ont été remarquables ;
les accidents cutanés et muqueux ont été modifiés eu
quinze jours, le foie et la rate ne continuant à diminuer
qu’après 5 à 6 injections. Lorsqu'on peut suivre l’enfant
assez longtemps et continuer à le traiter, son développe¬
ment se fait normalement.
M. J. Renault injecte un centigramme un tiers de
novarsénobenzol par kilogramme d’enfant (dose consi¬
dérée comme optima chez l’adulte), il emploie la dose
rnaxima d’emblée et n’a jamais vu d’accidents. Il pra¬
tique l’injection tantôt dans les veines jugulaires, tantôt
dans les veines épicraniennes.
M. H. Barbier a fait beaucoup d’injections chez les
syphilitiques héréditaires, surtout chez les atrophiques,
avec d’excellents résultats.
Il se sert depuis quelque temps d’une préparation
préconisée par Balzer, le glycarsénobenzol qui s’injecte
dans les muscles.
M. H. Barbier injecte dans les veines une dose un peu
plus faible chez les atrophiques, 1111 centigramme en tout,
et augmente progressivement les doses. C’est un excellent
moyen de traitement et il n’a jamais observé d’accidents.
M. LESNÉ préconise le mode d’administration par
suppositoires, à la dose d’un centigramme par kilo,
renouvelant la dose deux à trois fois par semaine.
M. L. Tixiiîr a observé après injections intraveineuses
chez des nourrissons une série d’accidents graves et
même mortels dus au médicament.
M. Trêves a vu également des crises nitritoïdes.
M. IIai.U':. — M. Renault a-t-il vu des ictères après
le novarsénobenzol?
M. J. RENAtrt, T. — Jamais, sur une centaine d’en¬
fants traités.
Sclérodermie en bandes et syphilis. — M. 11 ARE AN
et II 11 ' 1 RobüTEAU présentent une fillette de six ans et
demi qui porte une bande de sclérodermie suivie me 11I re
inférieur gauche et un vitiligo zoniforme sur l’abdo en.
Ces deux lésions ont une disposition métamériqu ■ Le
liquide rachidien est tout à fait normal. La réacti 11 de
Wassermann était positive. Le traitement spécifique
(par frictions mercurielles, puis par injections de ovtr-
séuobenzol) a déterminé une amélioration très notable
des lésions en même temps qu’une reprise de croissance
du membre atteint dont le développement était arrêté.
Cette observation présente un grand intérêt par l’asso¬
ciation de la sclérpdermie en bandes et de la syphilis.
On 11e connaissait antérieurement qu’une observation
analogue, d’Kxcliaquet (de Lausanne).
II Apert rappelle l’observation de sclérodermie en
bandes qu’il avait présentée dans la dernière séance et
donne des détails complémentaires. La ponction lom¬
baire a fourni une lymphocytose nette sans hyperalbu-
minose ; la réaction de Wassermann, négative avec les
antigènes usuels, s’est montrée positive pour l’antigène
cliolestériné.
M. H. Barbier emploie le mercure avec l’arséno-
benzol dans le traitement des syphilis infantiles.
M. Hallopeau présente un enfant atteint de paralysie
infantile chez lequel il a fait des transplantations mus¬
culaires multiples. Il possède maintenant des mouve¬
ments d’abduction du bras et de flexion de l’avant-bras
et peut se servir de sa main gauche.
M. LESXÊ présente un enfant de onze ans. d’aspect
' Le Gérant.
ij Juillet 1920.
infantile, hérédo-syphilitique, qui a eu des fractures
spontanées multiples (28 fractures). I,a décalcification
est très considérable.
M. Guinon a vu une jeune fille de douze ans tellement
décalcifiée qu’elle surnageait dans l’eau.
MM. MoUCHET et Rœde.RER rapportent une observa¬
tion de scoliose congénitale avec double hémi-vertèbre
lombaire gauche et dorsale droite. Ils croient que ce cas
est tout à fait exceptionnel.
M. Apert en a présenté récemment un cas analogue.
Sur un cas de méningite à bacille de la pseudo-tuber¬
culose zoogléique survenue dans la convalescence d’un
choléra infantile. — M..H. LEMAIRE. — Chez un enfant
de neuf mois le coccobacille de Grancher et Ledoux-
Lebard, microbe saprophyte, est devenu patliogène
à la suite d’un choléra infantile et a déterminé la mort
par septicémie et méningite.
Un cas de maladie de Hodgkin terminé par hémoptysie
tuberculeuse foudroyante. — MM. L. Tixiër et M.
MAILLET. — La coexistence de lésions tuberculeuses et
de lésions particulières a donné lieu chez ce malade, un
garçon de quatorze ans atteint d’adénopathie cervicale
volumineuse, de splénomégalie, de cachexie, à des
difficultés de diagnostic considérables. Seul l’examen
histologique a permis de préciser l’existence d’une maladie
de Hodgkin qui, pour les auteurs, serait un lymphome ou
un granulome malin. ^
I,e traitement, soit par radiothérapie, soit par injec¬
tions intraveineuses ou intraganglionnaires de sulfate
de mésothorium, ist resté complètement inefficace.
M. RibadEAV-Dumas. .— On trouve dans ces tumeurs
un mélange de lésions inflammatoires et néoplasiques.
Ni M. Ribadeau-Dumas, ni M. Tixier n'ont retrouvé le
bacille spécial signalé par les auteurs américains dans la
maladie de Hodgkin.
M. H. Barbier vient d’observer un cas de cette termi¬
naison peu fréquente par hémoptysie foudroyante. Il
s'agissait d’une fillette de huit ans chez laquelle existait
une caverne ganglionnaire ayant ulcéré une branche de-'
l’artère pulmonaire. M. H. Barbier considère que la mala¬
die de Hodgkin offre des rapports avec la tuberculose.
Dysenterie amibienne chez un enfant de huit ans.
Incidents et posologie du traitement par le néosalvarsan
et l’Ipéca. — M. L. Tixiiîr relate l’observation d'un enfant
dysentérique chez lequel le traitement par l'émétine
eu injections sous-cutanées et le 914 en injections intra¬
veineuses (o« r ,io) détermina l’apparition d’un érythème
scarlatiniforme avec état général grave. La guérison
clinique fut obtenup en instituant une variante de la
technique de Ravaut : alternativement, un jour sur deux,
injection intrarectale de os r ,io de néosalvarsan et inges¬
tion de pâte â base de bismuth, d’ipéca et de charbon.
Une semaine de traitement était suivie d’une semaine de
repos, et cela pendant des mois.
- La molécule albuminoïde dans le babeurre : ses modi¬
fications, sa digestibilité. - MM. Dorlençourt et
PAYCHÊRE ont recherché les raisons qui expliquent le
bon résultat fourni par l’alimentation par le babeurre, un
des aliments de choix à employer chez le nourrisson en
convalescence de diarrhée grave et soumis antérieure¬
ment à la diète hydrique, ils attribuent la plus grande
digestibilité du babeurre à ce que la caséine de cet ali¬
ment est beaucoup plus vulnérable que la caséine du lait
ordinaire à l’action dès sucs digestifs intestinaux.
La leucocytose digestive chez le nourrisson normal.
mm. Dorlençourt et BÀnu. — Les modifications leuco¬
cytaires se succèdent dans l’ordre suivant, aussitôt après
la tétée ou le biberon : 1° phase de leucopénie accusée et
brusque ; 2» phase de relèvement du taux des leucocytes,
n’atteignant pas le taux initial; 3° nouvelle phase de
diminution, de faible intensité; 4 0 phase d.hyperleuco-
cytosc accusée (12 à 18 000), suivie du retour progressif
vers le taux initial. . , , , . ,
Contrairement à l’opinion qui a été émise, la lcuco-
cvtose digestive existe aussi bien chez l’enfant au s
que chez l’enfant nu biberon. H. STÉVENIN.
J.-B. BAILLIÈRE.
7 tC 5 -2
— Corbüil. Imprimerie Crêté.
CH. ACHARD. — L'ENCEPHALITE LETHARGIQUE
LES ASPECTS CLINIQUES
DE L’ENCÉPHALITE LÉTHARGIQUE
le P' CH. ACHARD
Professeur A la Faculté de médecine de Paris,
Médecin de l'hûpllal Btaujou.
1 /encéphalite léthargique est une des maladies
■dont la symptomatologie est la plus riche et la
plus variée. Parmi les désordres nerveux, qui sont
les plus fréquents, figurent : la somnolence avec
ses degrés variables et la diversité de ses aspects
cliniques ; le délire avec ses formes multiples de
subdélire, de délire confusionnel, de délire aigu;
les paralysies oculaires avec des localisations et des
combinaisons nombreuses ; des paralysies de
la face et des membres, le plus souvent incom¬
plètes et transitoires ; toute la gamme des phéno¬
mènes spasmodiques, depuis la simple exagé¬
ration de quelques réflexes tendineux ou la
simple hypertonie musculaire, jusqu’aux myo¬
clonies les plus violentes, aux convulsions épilep¬
tiformes, aux mouvements choréiques, à l’athé-
tose; le tremblement, les troubles de l’équilibre et
l’asynergie cérébelleuse ; diverses modifications
de la démarche et du faciès ; des douleurs de
siège varié ; des troubles vaso-moteurs ; des
trùübles des sphincters.
A ces accidents nerveux s’ajoutent souvent
d’autres phénomènes, tels que, surtout au début,
du catarrhe des premières voies respiratoires et
de la fièvre; puis des modifications du pouls et de
la tension artérielle et des altérations humorales.
Parmi ces dernières, les plus intéressantes jus¬
qu’ici s’observent dans le liquide céphalo-rachi¬
dien. Port souvent il est à peu près normal ; mais,
moins rarement qu’on ne le pensait d’abord, il
peut révéler une réaction méningée, caractérisée
surtout par une lymphocytose généralement de
courte durée, mais qui peut persister légère
dans certains cas prolongés. Quant aux caractères
chimiques du liquide, c’est la présence d’un taux
de sucre normal ou un peu supérieur à la normale
qui en est le trait le plus saillant.
Il est relativement facile de faire de ces nom-
breux et divers symptômes une étude analytique.
Mais cette sorte de dissection clinique serait
insuffisante ; il faut remettre ensuite à sa place
chacun de ces symptômes, le situer dans
l’ensemble du tableau symptomatique, voir
comment il s’associe aux autres et comment il se
modifie au cours de l’évolution morbide, afin de
composer une description synthétique de la
maladie. Or c’est là, il faut l’avouer, une tâche
singulièrement difficile et peut-être même irréa¬
lisable, car dans l’encéphalite léthargique, plus
N° 30. — 24 Juillet 1920.
69
que dans la plupart des autres maladies, il y a
d’un cas à l’autre des dissemblances considérables,
tant par la nature des symptômes que par la
façon dont ils évoluent chacun et dont ils s’asso¬
cient entre eux, non moins que par la manière
dont ils s’enchaînent les uns aux autres dans le
cours des phases successives de la maladie. Distin¬
guer dans l’encéphalite léthargique des formes
bien tranchées 111e paraît même un travail à peu
près illusoire, car aucune forme n’est vraiment
pure et. l’on pourrait presque décrire autant de
formes qu’il y a de malades différents.
Ce sont précisément ces caractères dè dissem¬
blance et de variabilité, cette symptomatologie
multiple, mobile et acyclique, qui donnent à
l’encéphalite léthargique son cachet propre et
permettent au clinicien de la distinguer d’autres
maladies qui lui pourraient ressembler.
Un résumé des observations de nos malades,
en fixant vos souvenirs, vous le fera, je crois,
mieux saisir que toute description théorique (1).
A. Observations de cas légers de courte
durée. — Parmi ces malades vous en avez vu
quelques-uns dont la maladie était relativement
légère et courte.
I. — Notre malade de la crèche, âgée de vingt-sept
ans, soufrait depuis un mois de céphalée intense, de
fatigue progressive, puis de somnolence invincible ;
elle s’endormait plusieurs fois par jour à l’atelier et
ne pouvait plus allaiter son enfant à des heures régulières.
Quand elle est entrée dans notre service le 20 mars,
11 fallut la réveiller pour lui faire prendre ses repas
et lui faite donner le sein à son enfant ; elle s’endor¬
mait pendant que l’enfant tétait et ne s’apercevait pas
qu’on le retirait. Ses paupières étaient légèrement tom¬
bantes, son visage immobile, ses yeux sans expression.
Elle répondait aux questions, mais avec lenteur, d'une
voix basse et monotone. On trouvait une légère ébauche
du Signe de Kemig. Il n’y avait pas de modification
des réflexes. La tension artérielle était normale : 16 Mx,
12 ÎVIn ; le pouls à 86. La malade pouvait se tenir debout
et marcher, mais il fallait la guider pour traverser la
Les jours suivants, un peu de fièvre apparut, le ther¬
momètre s’élevant seulement trois fois entre 38° et 38°,6
du 21 au 26 mars. Puis la somnolence diminua graduelle¬
ment ainsi que la céphalée et la malade sortit le 6 avril,
11e conservant, après six semaines de maladie légère,
qu’un faciès un peu apathique.
II. — Le jeune garçon boucher de dix-sept ans qüi
était au n° 32 de la salle Sandras, après une sorte de
grippe qui avait duré cinq jours, est pris brusquement
deux jours plus tard, le 17 janvier, de céphalée, fièvre
à qo°, agitation, mouvements désordonnés, excitation
verbale avec cris, délire violent, insomnie ; le 19, il est
gêné pour parler ; il lui semble que sa langue se para¬
lyse ; ses jambes sont faibles, et il ne peut se tenir debout;
le bras gauche se prend â son tour. Transporté à l’hôpital,
nous le trouvons dans un état d’immobilité absolue,
(1) Cet article réstlme une leçon clinique faite à l’hôpital
Beaujon.
N° 30
70
PARIS MEDICAL
couché sur le dos, les yeux grands ouverts, le regard
fixe, ne répondant pas aux questions et ne semblant pas
entendre. Le membre supérieur gauche est complète¬
ment inerte et flasque; les réflexes tendineux sont tous
abolis aux quatre membres ; il y a de l’incontinence
d’urine et des matières.
Le malade reste dans cet état d'« étonnement o pendant
trois jours; à ce moment, la température, qui était de 40°.
est tombée à 37 0 ,2 pour ne plus remonter ; les réflexes
tendineux sont revenus, sauf au bras gauche. Le 25 jan¬
vier, il recommence à parler, répondant avec une cer¬
taine lenteur aux questions, mais toujours avec précision,
et raconte que, pendant qu’il ne pouvait parler, il enten¬
dait et comprenait, mais que sa langue était comme
paralysée.
Le 30, il se lève; sou membre supérieur gauche a
retrouvé à peu près toute sa force. L'état général se
remonte et le malade j eut être considéré comme guéri
après trois semaines à peine de maladie.
III. — Chez le jeune apprenti sellier de seize ans
que vous avez vu au n° 28 de la salle Sandras, nous
trouvons aussi à l’origine une période prodromique de
grippe avec faiblesse progressive ; puis au bout de huit
jours, le 19 janvier, brusquement il s’aperçoit qu’il voit
double et que cette anomalie^ dispara't quand il ferme
un œil. Le 26, quand nous l’examinons, il a l’aspect figé ;
sou corps n’est pas complètement étendu, sa tête 11e
reposant pas sur l’oreiller ; il reste des heures sans bouger,
le regard fixé droit devant lui, les traits immobiles, les
paupières ne clignant qu’à de longs intervalles. Inter¬
rogé, il réponcLlentement, avec effort, détachant chaque
syllabe, mais sans achoppement. Ses réponses sont toujours
précises et bien adaptées aux questions. Puis il retombe
dans sou immobilité. Si l’on soulève ses membres, ou
constate qu’ils gardent plusieurs minutes des attitudes
catatouiques. Mis debout, le malade n’a pas de troubles
de l’équilibre ; mais il marche le corps raide et très droit,
la tête rejetée eu arrière, se déplaçant tout d’une pièce
comme un automate. Sa diplopie du début a disparu
et l’on ne trouve plus aucun trouble oculaire.
En fait de troubles généraux, on ne constate qu’un
léger état saburral avec constipation rebelle. La tem¬
pérature n’est cependant pas tout à fait normale et
monte parfois à 38° le soir sans descendre tout à fait à
370 le matin, et cela jusqu’au 14 février. D’ailleurs, l'état
de torpeur et la lenteur des mouvements ne s’atténuent
que lentement. Quand il sort, le 20 février, après environ
un mois de maladie, il conserve encore un certain degré
d'immobilité des traits, de raideur d'attitude, de fixité
du regard.
IV. — La jeune fille de dix-neuf ans, qui occupait
le n°35 de la salle Béhier, et qui était domestique chez un
médecin, avait été prise, le 31 janvier, de malaise,
courbature, étourdissements, avec une température
de 38°. Elle se plaignait de diplopie et on constatait un
léger strabisme divergent. Pendant quatre jours, la tem¬
pérature s’éleva jusqu'à 39°,5, puis diminua pour reve¬
nir aux environs de 38° le 5 février. La malade était
somnolente et parlait plus lentement que d’habitude.
A ce moment, nous l'examinons et lui trouvons un fades
un peu figé, peu expressif, un léger ptosis bilatéral, une
raie mêningitique très nette et un peu de somnolence.
Les jours suivants, nous constatons une tendance à la
catatonie aux membres supérieurs et l’abolition des réflexes
rotuliens. La malade peut se tenir debout et marcher
d’uu pas uif peu saccadé, mais sans trouble de l’équilibre.
Puis, le 8 février, l'apyrexie est complète, la somno¬
24 Juillet IÇ20.
lence a disparu ; on trouve toujours une tendance cata-
tonique et les membres inférieurs présentent une hyper¬
tonie musculaire qui empêche l’extension complète de
la jambe sur la cuisse. Le 18, la malade sort et paraît à
peu près guérie, dans la troisième semaine de sa maladie.
V. — Une femme de trente-deux ans, que nous
a présentée le D r Peuillié, avait ressenti le 15 décembre
un point douloureux vers le milieu de la colonne
vertébrale ; de plus son caractère changeait, elle prenait
un air attristé et songeur. Le 20 au soir, elle est prise de
délire avec hallucinations : elle croit que des cambrioleurs
sont entrés chez elle, qu’on veut tuer ses enfants. Après
quelques jours de médication calmante, vient une période
de dépression et de somnolence qui dure une quinzaine
de jours, et la fièvre, qui existait au début avec une tem¬
pérature de 380,5, descend graduellement. Les pupilles
sont inégales et l’on constate le signe d’Argyll-Robert-
son. Les réflexes tendineux ont toujours été normaux.
La réaction de Wassermann est négative. La guérison a
lieu en trois semaines environ.
VI. — Un homme de trente-huit ans, également
présenté par le D r Peuillié, avait éprouvé, le 24 février,
au retour d’un voyage eu Tunisie, quelques bourdon¬
nements d’oreille qui disparurent en trois jours ;
le 27, en se promenant, il s'aperçoit tout d’un coup
qu’il ne voit plus qu’à travers un brouillard, et que, de
plus, il voit double. Le lendemain survient de la cépha¬
lalgie, puis il perd la mémoire et la conscience. Le 29, la
fièvre monte à 39® puis décroît graduellement pendant
une semaine. En même temps, il délire la nuit, reste
déprimé le jour, avec des périodes de somnolence dont
on le tire momentanément pour le faire manger. Le 3 mars
surviennent des secousses myocloniques, au bras gauche,
à la tête qui tourne à gauche et s’incline sur l’épaule. Ces
secousses durent seulement quatre jours.
La pression artérielle est de 11,5 Mx et 8 Mn ; le pouls
à 90. Il 11’y a pas de troubles des réflexes ni de ptosis.
La réaction de Wassermann dans le sang est négative.
Au bout d'une semaine, la somnolence cesse, mais
la diplopie subsiste. lîlle disparaît ensuite et l’examen
ophtalmologique, fait par le D r Ofïret le 6 mai, montre
un peu de myopie, de la paresse du réflexe photo-moteur
à gauche, un scotome central avec des lésions de choroïdite
et de rétinite maculaire de ce côté. Bien que le malade
11’eût rien remarqué dans sa vision jusque-là, il semble
bien que ces dernières lésions soient anciennes.
VII. — La jeune fille de quinze ans qui était au
u° 2û de la salle Béhier avait éprouvé pendant quel¬
ques jours, à la suite d’un refroidissement, un peu d’op¬
pression sans toux et des fourmillements aux mains.
Puis, brusquement, le jour de Pâques, 4 avril, elle
s’éveille avec des douleurs très violentes dens le dos,
survenant par accès de deux ou trois minutes, séparés
par des rémissions de quinze à vingt minutes ; ces dou¬
leurs s’étendent dans les heures suivantes sur les côtés
du thorax et le long du rebord costal ; elles sont si vives
que, d’après le dire de la mère, la malade « hurlait de
douleur ». Dans la journée surviennent de violentes
secousses du diaphragme qui projettent le rebord des.côtes
cinq ou six fois coup sur coup et alternativement d’uu
côté et de l’autre. Le soir, les secousses gagnent les muscles
de l’abdomen, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Elles
sont très douloureuses et la malade s’accroupit, se com¬
prime le ventre pour chercher un soulagement. Les jours
suivants, les spasmes du diaphragme s’atténuent ;
ceux de l’abdomen subsistent et gagnent les cuisses, puis
les mains et les bras. Le D* Peuillié, qui voit la malade,
CH. ACHARD. — L’ENCEPHALITE LETHARGIQUE
lui donne des calmants (bromure, analgésiue, véronal) ;
la malade parvient à dormir, mais les secousses persistent
pendant le sommeil, La température oscille entre 38°,6
et 38°,2. Vers le quinzième jour survient un peu de
parésie du bras gauche. Les réflexes patellaires dis¬
paraissent.
C’est à ce moment que la malade entre à l'hôpital. Ou
lui trouve un faciès pâle, inexpressif ; la parole est mono¬
tone ; la malade se fatigue vite quand elle parle et ne peut
fixer longtemps son attention. Elle a dans la journée un
peu de somnolence et dort mal la nuit. Elle marche diffi¬
cilement parce que ses jambes sont faibles, mais n’a pas
de troubles de l’équilibre. Les réflexes rotuliens sont
abolis, les autres réflexes tendineux restant normaux.
Le réflexe cutané abdominal est aboli. Il y a toujours des
secousses myocloniques de l’abdomen, surtout dans la
région sus-ombilicale, et l’on remarque aussi de petits
mouvements choréiformes irréguliers des doigts et des
mains. Les jours suivants, ces spasmes diminuent, mais
quelques-uns apparaissent aux adducteurs des cuisses et
aux quadriceps. On produit facilement la raie méuiugi-
tique.La tension artérielle est à iG Mx et 9 Mn, le pouls
à 84, la température autour de 38°. Une ponction lom¬
baire donne un liquide clair contenant quelques
lymphocytes (8 par millimètre cube), pas d'excès d’albu¬
mine, et un taux normal de glycose (o* r ,56). Il n’y a
jamais eu de' troubles oculaires, si ce n’est un peu de
paresse pupillaire et une légère inégalité, la pupille
droite étant un peu plus petite que la gauche.
Lorsque la malade quitte l’hôpital, le 22 mai, au qua¬
rante-huitième jour de la maladie, elle n'a plus de fièvre,
son visage est moins atone, mais elle reste faible et ses
réflexes rotuliens sont toujours abolis ainsi que les
réflexes cutanés abdominaux.
VIII. — Le garçon de recettes de quarante-huit
ans, qui était au n° 31 de la salle Sandras, a été pris
graduellement, vers le 15 février, de rhume, céphalal¬
gie pariétale droite, surtout courbature et fatigue
générale ; puis le 20, il s’est réveillé avec la vue toute
brouillée, ne voyant plus que comme à travers un nuage
et avec une diplopie manifeste ; le même jour, est sur¬
venue une somnolence invincible et telle qu’il s’assoupis¬
sait au cours d’une conversation et d'un repas. Il prend
alors le lit et la somnolence fait place, à certains moments,
à des accès d’agitation incohérente avec excitation ver¬
bale.
Lorsque nous l’examinons, le 26, au onzième jour de
la maladie, nous lui trouvons le visage immobile, les pau¬
pières mi-closes. Il sort de sa somnolence pour répondre
aux questions puis y retombe. Les renseignements qu’il
donne sur son état antérieur sont, d’ailleurs, peu précis,
mais il est bien orienté, il sait où il est et le jour du mois.
Il accuse de l’amblyopie et l'on constate de l'inégalité
pupillaire avec signe d’Argyll-Robertson.
Il n’y a qu’un léger état subfébrile, la température ne
montant que de temps en temps à 380,3 au maxi-vum.
La tendance à la somnolence, qui n’empêche pas le
malade de s’éveiller pour manger, boire et faire ses
besoins, persiste en diminuant jusqu’au 10 mars. Bientôt
après, on constate la disparition du signe d’Argyll-Robert¬
son et le retour du réflexe acliilléen droit, le seul qui
fût aboli lors du premier examen.
Un mois après le début de la maladie, cet homme ne
gardait plus guère qu’une certaine immobilité de ses
traits et de l’amblyopie en rapport avec une légère névrite
optique du côté gauche. Celle-ci devait d’ailleurs s’atté¬
nuer au point de n’être plus apparente ù l’ophtalmoscope
le 14 mai.
Voilà des formes assez courtes, guérissant assez
bien et dont le tableau symptomatique est rela¬
tivement peu chargé. Sauf la malade du D r Feuillié
et celle du n° 26, tous les autres ont eu de la
somnolence, parfois mêlée d’agitation. Les deux
premiers et celle du n° 26 n’ont pas eu de troubles
oculaires; le troisième et la quatrième ont eu de
la diplopie transitoire ; le dernier a eu de l’am-
blyopie par névrite optique, accident qui paraît
fort rare. Chez le second, la paralysie du membre
supérieur gauche n’a été aussi qu’un phéno¬
mène passager. La malade du D r Feuillié n’a
guère présenté que du délire et le signe d’Argyll-
Robertson; celle du n° 26, que des douleurs et
des myoclonies. Le malade du D r Feuillié a
montré une symptomatologie un peu plus variée :
troubles visuels, délire, somnolence et myoclo¬
nies. Remarquez encore que la fièvre n’a jamais
eu beaucoup de durée, alors même qu’elle était
vive, et que le deuxième et la quatrième malades
n'en ont presque pas eu. E nfin, chez tous, dans un
délai de trois semaines à un mois, la convalescence
pouvait être considérée comme étant en bonne
voie.
Voici maintenant des formes plus accentuées.
B. Observations de cas plus sérieux et
plus prolongés.
IX. — Au n° 13 de la salle Sandras vous avez vu
uu Italien laveur de voitures, âgé de vingt-neuf ans, qui
fut pris brusquement, le 20 janvier, de frissons, cour¬
batures, céphalée, toux et douleurs articulaires, débu¬
tant par les petites jointures de la main gauche, puis
s’étendant aux deux membres supérieurs. Uu méde¬
cin fit le diagnostic de rhumatisme infectieux. Puis la
vue se troubla et la somnolence survint.
Quand nous l’avons examiné le 30 janvier, 011 pouvait
le tirer de sa somnolence et obtenir des réponses précises,
puis il y retombait, mangeant pourtant tout seul. 13e
plus, il était de temps en temps secoué de contractions
myocloniques très prononcées, débutant par l'épaule
gauche et se propageant au bras et au côté gauche du
thorax,rarement à l’autre bras ou aux membres inférieurs-
O11 constatait un myosis bilatéral avec absence de réflexe
photo-moteur et une abolition complète de tous les réflexes
tendineux : troubles très passagers, car dès le lendemain
les réflexes avaient reparu et le myosis n’existait plus. La
fièvre persista jusqu’au 9 février en descendant graduelle¬
ment à partir de la température de 39°,4 ù l’entrée.
Une épistaxis abondante eut lieu le 6.'A ce moment, les
secousses myocloniques avaient disparu, mais elles
reparaissent le 13 du côté gauche,puis,le 25, du côté droit.
Pendant ce temps, le malade reste apathique,sou faciès est
sans expression, sa parole lente et monotone.
Le 5 mars, la somnolence a presque disparu, mais elle
revient du 10 au 15 avec des secousses myocloniques.
Le 19, l’amélioration s’accentue, les secousses n’existent
plus, mais ont fait place â un tremblement généralisé,
à très petites oscillations, surtout marqué aux mains et
à la langue.
Le 30 mars, après cinquante jours de maladie, cet
homme est en pleine convalescence, mais il est apathique
30..
72
et reste presque toujours couché, immobile et iuoccupé.
Vous voyez, dans ce cas, la somnolence et la
myoclonie s’associer, vous voyez des retours de
symptômes et une plus grande durée d’évolution
que chez les malades précédents.
X. — ha jeune fille de vingt ans du n° 24 de la
salle Béhier avait été prise brusquement de fièvre et de
céphalalgie vers le I er janvier. he 5, à son entrée
à l’hôpital, elle présente d'une façon saisissante le type
de « l’étonnement». Elle reste immobile, les yeux fixes,
regardant droit devant elle, sans bouger la tête et lie cli¬
gnant les paupières qu’à de longs intervalles. Elle se
laisse examiner sans dire un mot, ni paraître y prêter
aucune attention. Elle semble complètement absente.
Elle ne répond pas aux questions. O11 a les plus grandes
difficultés à lui faire tirer la langue, ou fermer les yeux.
Elle ne dort pas. Elle ne perd pas ses urines et de temps
en temps elle boit du lait, ha langue est sèche et trému-
lante. hes mains et les avant-bras sont parfois agités de
petits soubresauts de tendons. On peut faire prendre aux
membres supérieurs des attitudes catatoniques. ha raie
méuingitique s’obtient avec facilité.
Au neuvième jour de la maladie, la température
monte brusquement de 38° à 40°,6 et l'on assiste à l’évo¬
lution d’une broncho-pneumonie dont le foyer principal
est à la base gauche. Celle-ci dure jusqu’au 20 janvier.
Mais déjà la malade suit de l’œil les mouvements qu'on
fait autour de son lit, elle commence à exécuter quelques
mouvements simples sur demande, tels que ceux d’ouvrir
et fermer les yeux, écarter les doigts ; elle répond par
signes de tête, elle indique par gestes qu'elle souffre de la
bouche, et, en effet, on y découvre un peu de muguet.
Debout, elle se tient immobile, mais elle marche les
genoux légèrement fléchis et le corps rejeté en arrière,
sans vaciller.
Puis, peu à peu, elle commence à parler, demande un
journal et dit que pendant sa maladie elle aurait voulu
parler, mais 11e savait plus le faire. Elle conserve des tré¬
mulations de la langue et des paupières, avec un faciès sans
expression, et l’on voit apparaître de la trépidation épi¬
leptique aux deux pieds, sans parésie ni contracture. I,e
pouls reste accéléré ; de plus, de temps à autre, se pro¬
duisent de grands mouvements inspiratoires, sortes de
myoclonies de la respiration.
Elle sort le 28 février, après deux mois de maladie; mais
nous avons appris qu’un peu plus tard elle était entrée
pour une rechute dans le service du professeur Chauffard.
Il s’agit donc d’un cas à longue évolution.
Notez cette particularité de la broncho-pneu¬
monie intercurrente qui ne semble pas avoir eu
beaucoup d’influence sur les accidents nerveux
propres à l’encéphalite.
XI. — I,a jeune malade de dix-sept ans, au n° 15
de la salle Béhier, venait de l’hôpital Claude-Bernard où
elle était soignée depuis deux mois pour encéphalite
léthargique. Elle avait de graves lésions de tuberculose
pulmonaire, principalement au sommet gauche où
la matité, le souffle cavitaire, le gargouillement, le
retentissement de la voix et de la toux, le voile radio¬
scopique 11c laissaient aucun doute sur l’existence de
cavernes, h’expectoration, d’ailleurs, était assez abon¬
dante et purulente, ha fièvre était irrégulière et la tem¬
pérature montait parfois un peu au-dessus de 3g 0 .
24 Juillet 1920.
h’encéphalite se traduisait surtout par le faciès figé,
le peu de clignements des paupières et la tendance à la
somnolence intermittente. Ëort souvent la malade s’en¬
dormait en lisant ou eu travaillant à l’aiguille. Elle par¬
lait lentement, répondait en peu de mots aux questions et
paraissait n’avoir qu’une activité psychique diminuée,
car elle ne donnait guère de renseignements sur sa maladie.
On constatait de l’hypertonie des membres inférieurs,
accompagnée d’exagération des réflexes tendineux avec
clonus du pied sans phénomènes de Babinski en extension.
Elle ne resta que onze jours dans notre service sans que
sou état eût varié d’une façon notable, et fut emmenée
par sa famille au cours du troisième mois de sa maladie.
Là encore, l’évolution est longue. La coexis¬
tence de la tuberculose pulmonaire parvenue à
la période cavitaire contribue certainement à
l’affaiblissement de l’état général et aggrave
singulièrement le pronostic, mais ou ne peut dire
qu’elle influence d’une façon manifeste les dé¬
sordres nerveux de l’encéplialite.
C. Observations de cas prolongés à marche
ondulante. — Voici maintenant des cas dans
lesquels vous allez voir, en même temps qu'une
durée longue, des oscillations dans les symp¬
tômes, des alternatives successives dans la
marche de la maladie, qui prend un caractère
ondulant en quelque sorte.
XII. — he malade de vingt-deux ans, qui est entré
le 4 janvier au n° 23 de la salle Sandras, a été pris le 24
décembre de rhume, de violent mal de tête, de frissons et
de fièvre, et de courbature générale. Il s’est alité et, les
jours suivants, il a eu de l'agitation, à tel point qu’on avait
beaucoup de peine à le maintenir au lit.
Amené à l’hôpital au onzième jour.il a été agité toute
la nuit, mais le matin à la visite nous le trouvons som¬
nolent, répondant assez mal aux questions. Il est couché
sur le dos, les paupières closes. Ses membres sont agités
de mouvements brusques, de soubresauts de tendons qui
sont généralisés et parfois secouent tout le corps ; de
plus, les avant-bras et les mains exécutent des mouve¬
ments de carphologie, qui paraissent ramener les couver¬
tures sur le malade ou qui restent inachevés, hes réponses
du malade sont nettes et précises, mais il a une certaine
gêne de l’articulation des mots, en raison de la sécheresse
de sa langue et aussi de troubles moteurs de la langue.
On constate mie parésie faciale gauche.
Pendant deux jours il y a de l’incontinence d'urine. On
entend quelques râles sibilants dans la poitrine, ha tem¬
pérature monte à 40° et retombe à 38° le 8 janvier, ha
constipation est opiniâtre, ha somnolence persiste et l’on
est obligé de faire boire le malade, ha nuit il y a des
phases d’agitation, pendant lesquelles le malade rejette
ses couvertures et se lève, en proie à du subdélire. Cette
agitation s'efface au bout de quelques jours et l’apyrexie
est complète le 13 janvier.
Fuisla somnolence tend à diminuer ; il y a des moments
où le malade peut manger seul, d’autres où la somnolence,
les secousses tendineuses et la carphologie reparaissent,
he malade peut marcher, mais neparait pas très solide sur
ses jambes, bien qu’il n'ait pas de troubles de l’équilibre.
Quant à la paralysie faciale, elle s’est un peu accentuée
et présente le caractère périphérique.
Cet état persiste quelque temps, pendant lequel le
PARIS MEDICAL
CH. ACHARD. — L’ENCËPHALITE LETHARGIQUE
malade reste inerte, indifférent, mais lucide, car il répond
nettement, quoique avec une certaine difficulté d’arti¬
culation, sortant aussi facilement de sa torpeur qu’il y
retombe quand on l’abandonne à lui-méme. De temps en
temps, il se lève, marchant comme un homme mal éveillé,
les jambes écartées, avec de légères oscillations latérales,
la tête droite et immobile, la bouche eutr’ouverte. le
faciès atone, les yeux demi-fermés. Les secousses myoclo*
niques sont rares et limitées aux épaules.
Puis la marche de la maladie montre d'une façon
manifeste son caractère ondulant. Après une amélioration
très nette pendant laquelle la parésie faciale disparaît,
survient, le 28 janvier, un retour de la somnolence et des
myoclonies qui secouent tout le corps, eu même temps
que le pouls et la pression s’abaissent. Nouvelle amélio¬
ration le I er février, avec relèvement du pouls et de la
pression qui reste néanmoins inférieure à la normale. lin
même temps, l’état général s’améliore; le malade reprend
de l’embonpoint, mais reste pâle. Quand sa mère l’em¬
mène, le 7 mars, après deux mois et demi de maladie,
il garde un état de torpeur et d'inertie physique et
psychique et une immobilité persistante du fades.
XIII. — Au n° 15 de la salle Sandras, nous avons
depuis le commencement de janvier un malade âgé de
quarante-deux ans, dont les premiers accidents
remontent au 20 décembre. Il se sentit alors très fatigué,
éprouvait de la courbature, de la céphalée en même temps
que sa vue était gênée et qu’il avait peine à ouvrir les
yeux. Incapable de continuer son travail de mécanicien
dans lequel il ne pouvait plus conduire une scie à ruban
sans risquer des acddents, il s’alita le g janvier, en
proie à une somnolence invincible.
Lorsque nous l’avons examiné à l’hôpital, le 11 janvier,
il présentait la torpeur caractéristique, dont on pouvait
le tirer momentanément en lui posant des quest ons
auxquelles il répondait bien, mais lentement et en arti¬
culant mal, presque sans desserrer les'deuts. De temps
en temps, il sortait spontanément de cette somnolence
pour se lever, parler à ses voisins, boire, aller à la garde-
robe. De plus.il avait du subdélire avec rêvasseries, de la
carphologie, des soubresauts tendineux. La température
s'élevait le soir à 3g 0 , mais elle tomba graduellement à 38°
au bout de sept jours. Le pouls était lent, à 40, petit et
dépressiblo, et la tension artérielle basse (Mx 10, Mn 6).
Pendant quelque temps, cet état persista sans modi¬
fications importantes, si ce n’est que le malade maigrissait
notablement, que ses forces baissaient et que sa démarche
devenait titubante.
Vers le cinquantième jour de la maladie, ce qui domi¬
nait dans le tableau clinique, c’étaient les alternatives
de profond sommeil et d’agitation : cette dernière se
manifestait par des paroles, mie excitation verbale
continue, et par des actes: le malade se levait, malgré
ses troubles très accentués de l’équilibre, défaisait et
refaisait son lit.
Une semaine plus tard, la somnolence et l’agitation
avaient diminué, mais de la parésie des globes oculaires
était apparue, ainsi qu’un tremblement généralisé,
prédominant aux mains, empêchant le malade de faire
correctement les mouvements commandés.
Après deux mois de maladie, nouvelle recrudescence
des accidents, coïncidant avec une baisse du pouls et de la
pression artérielle : de nouveau apparaissent des alter¬
natives de torpeur et d’agitation délirante. Le malade
tremble, est repris de secousses myocloniques ; il a la
parole lente, saccadée, parfois un peu explosive. Quinze
jours plus tard, la somnolence diminue, mais la loqua¬
cité, la fuite des idées persistent. Il y a de l’amblyopie
et des secousses nystagmiques. Une amélioration se
manifeste peu à peu, avec relèvement du pouls et de la
pression ; l’agitation, le tremblement, les secousses
musculaires diminuent, mais les troubles de l’équilibre
sont toujours très prononcés. U y a un léger degré
d’adiadococinésie, mais pas de dysmétrie. La langue
tremble, l’articulation des mots se fait mal et certaines
consonnes ne sont pas prononcées. I,e regard est fixe
et le faciès atone.
Depuis, l’amélioration se poursuit graduellement ;
les troubles de l’équilibre diminuent et le malade peut
descendre au jardin. La somnolence tend aussi à s’atté¬
nuer, après une recrudescence passagère, provoquée
sans doute par la fatigue d’un transport à l’hôpital
Lariboisière pour un examen otologique. Puis, après
avoir été présenté, le 14 mai, à la Société médicale des
hôpitaux, le malade fut repris de somnolence et même
de paralysie passagère des quatre membres qui disparut
d’abord aux membres supérieurs, puis au membre infé¬
rieur gauche et enfin au membre inférieur droit.
Chez ce malade, vous avez vu se produire
une série d’oscillations dans la marche des acci¬
dents ; vous avez vu la somnolence, le délire, les
myoclonies, le tremblement, les troubles de
l’équilibre, les troubles oculaires, subir des
variations, et ces variations, pour chaque sorte
d’accidents, se faisaient d’une façon indépen¬
dante des autres. On peut seulement remarquer
que les abaissements du pouls et de la tension arté¬
rielle ont parfois concordé nettement avec les
recrudescences de la somnolence et de l’asthénie.
D. Observations de cas mortels. — Voici
maintenant, d’après les exemples que vous avez
eus sous les yeux, comment peuvent évoluer les
formes mortelles.
XIV. — Au n°3Sde la salle Béhicr entrait, le 2g dé¬
cembre, une femme de cinquante ans, souffrant depuis
ciuq jours de céphalalgie, courbature et fièvre, accom¬
pagnées de somnolence.- Oq, remarque qu’elle paraît
obnubilée, ne répond pas aux questions, 6i ce n’est,
quand on lui demande si elle souffre de la tête, par un
geste de dénégation. On arrive difficilement à lui faire tirer
la langue et ouvrir la bouche. Il n’y a pas de paralysie,
mais un certain degré d’hypertonie des membres infé¬
rieurs, variable suivant les moments. Il y a de la réten¬
tion d’urine. La langue est sèche. La température atteiut
39°, 4. La somnolence est manifeste et l'état de la malade
ne se modifie pas, si ce n’est que, le 31, l’on constate.un
peu de parésie faciale gauche, du type périphérique,
car il y a un léger degré de lagophtalmie, et de plus une
résolution musculaire complète. La température est
de 40°,4. La mort survient dans la coma le i 0 ' janvier
au matin, au huitième jour de la maladie.
XV. — La malade de vingt-cinq ans, qui était
au 24 bis de la salle Béhier, avait été prise depuis une
quinzaine de jours de troubles^psychiques et d’un
état général grave, lorsqu’elle fut amenée à l’hôpital,
le 25 janvier. Elle se présentait comme une typhique,
couchée sur le dos, prostrée, le faciès vultueux, les
lèvres sèches, la langue trémulante ; elle avait de petites
secousses fibrillaircs à la face et des soubresauts de
tendons aux membres supérieurs. Son abdomen était
74
PARIS MEDICAL
un peu météorisé avec du gargouillement iléo-caecal
et la rate étâit perceptible à la percussion. La tempé¬
rature était à 380,5. En raison de son état d’hébétude,
la malade ne prononçait que quelques paroles, et l'on
remarquait des achoppements qui rappelaient ceux de
la paralysie générale. Bans la journée se manifestèrent
de l'agitation et du délire. Le lendemain, l'aspect cli¬
nique avait changé : les symptômes méningés, qui n’exis¬
taient pas la veille, avaient apparu : raideur de la nuque,
signe de Kemig, raie méningitique. La température
s’est élevée à 390,4. La malade meurt dans l’après-midi,
après dix-sept jours de maladie.
Dans ces deux cas, l’évolution est aiguë, l’aspect
clinique est trompeur et le diagnostic fût resté
peut-être indécis sans les constatations anato¬
miques, dont je vous parlerai plus tard.
Mais la mort ne survient pas toujours aussi rapi¬
dement ; elle peut terminer une forme à évolu¬
tion plus longue, comme cela s’est produit dans
le cas de la malade qui était au n° 34 de la
salle Béhier.
XVI. — Cette femme était malade depuis la fin dé
janvier ; soignée par le Dr Tilloy, elle avait été prise
d’abord de courbature, céphalée, fièvre, puis brus¬
quement de somnolence entrecoupée d’agitatiou. Il
fallait la réveiller pour manger, elle ne parlait pas spon¬
tanément, mais répondait aux questions. Elle aurait eu
un peu d’oedème du visage à cette époque. Il s’est pro¬
duit aussi de la diplopie. Une amélioration s’était pro¬
duite au bout de quinze jours, lorsque, le 21 février,
survint une grave crise convulsive, généralisée aux quatre
membres, avec révulsion des globes oculaires, émission
involontaire d’urine, et suivie d’un long et profond som¬
meil. Après cette crise apparurent aussitôt des mouve¬
ments choréiques du membre supérieur droit. La tem¬
pérature était à 38° et y devait rester quelques jours seu¬
lement; le pouls était à 108.
Amenée à l'hôpital, elle présente le faciès figé, avec un
peu de ptosis bilatéral et des secousses myocloniques
du cou et du membre supérieur droit, surtout apparentes
à la main, avec flexion rythmée des doigts et du coude,
et exagérées par la moindre excitation et notamment
par la recherche des réflexes.
Trois jours plus tard, l’état s’est un peu amélioré,
la malade cause avec les infirmières, elle boit volontiers
du lait; les secousses myocloniques ont cessé, mais ont
fait place à une parésie du membre supérieur droit, qui
s’étend aussi, à un moindre degré, au membre inférieur
de ce côté, où le réflexe rotulien est exagéré, alors que
les réflexes olécraniens et radiaux le sont des deux côtés.
La malade ne peut encore marcher, la jambe droite se
dérobant.
Quelques jours après, le 27 février, apparaissent du côté
droit des mouvements athétosiques : les doigts exécutent
des mouvements lents, comme si la main cherchait à
envelopper quelque objet ; les orteils s’écartent en éven¬
tail et la plante du pied se renverse en dedans. La malade
peut lire, mais 11e se rend pas bien compte de ce qu’elle a
lu. Elle reconnaît bien, les yeux fermés, les objets qu’on
lui met dans la main. On constate, de plus, une ataxie
très marquée ; les yeux fermés, si on lui demande de
porter le doigt sur l’extrémité de son nez, elle s’en
écarte de plusieurs centimètres et la main plane quelque
temps avant que le doigt se pose.
24 Juillet 1 9 20.
Le i 0r mars, amélioration notable; la paralysie dimi¬
nue, la malade peut fléchir et étendre le coude, serrer
un objet dans sa main, porter la main à sa tête et même
marcher ; on trouve pourtant de la trépidation épilep¬
toïde à droite. Cette amélioration se continue pendant
dix jours, avec persistance du faciès figé et d’un peu
d’ataxie, quand brusquement reparaissent l’agitation avec
subdélire, les mouvements choréiques, cette fois plus
intenses, plus fréquçpts et généralisés aux quatre mem¬
bres, qui entraînent le développement d’excoriations
des téguments aux coudes et aux genoux ; l'hypertonie
du membre inférieur droit empêche l’extension complète
du genou et le réflexe'de Babinski se fait en extension.
Le lendemain, les mouvements choréiques ont cessé
pour faire place à des mouvements athétosiques de la
main et du pied droits. Les jours suivants on observe
une .attitude bizarre : à demi assise sur son lit, la tête
penchée en avant, appuyée sur le côté droit, les genoux
fléchis, elle répondait mal aux questions, que pourtant elle
paraissait comprendre, et parfois répétait en écho les
derniers mots d’une phrase qu’elle venait d’entendre. Au
membre supérieur droit, l’attitude de la main était celle
d’une paralysie des extenseurs et la malade ne pouvait,
en effet, étendre la main, les doigts exécutaient quelques
mouvements athétosiques ; aux membres inférieurs,
l’hypertonie des jours précédents avait fait place ù une
hypotonie telle que les genoux pouvaient être facilement
amenés au contact du menton.
Le 22 mars, la somnolence était plus accusée, la para¬
lysie des membres à droite était complète, le ptosis très
prononcé et il y avait de l’incontinence des sphincters.
C’est dans cet état lamentable que la malade fut emmenée
par sa famille, et nous avons appris qu’elle avait succombé
très rapidement, après deux mois de maladie.
Vous voyez chez cette femme, avec la plus
grande netteté, la variabilité de la maladie et
le caractère ondulant de son évolution. Après
une première phase soporeuse en voie d’amé¬
lioration, survient une première rechute du type
myoclonique avec choréo-athétose, puis, après
une atténuation nouvelle, une seconde rechute
avec un mélange de chorée, d’athétose, d’hyper¬
tonie musculaire, de parésie. Remarquez d'ail¬
leurs que, dans chacune des phases successives,
il y avait à la fois des phénomènes d’excitation
et de dépression, et que chacun des symptômes
présentait, à de courts intervalles souvent, des
variations notables.
Ces variations avaient été déjà notées dans
l’observation de Gayet ; son malade avait des
alternatives de phases de sommeil et de phases
de réveil et son état se transformait à ce point
que Gayet, pour le dépeindre, emploie le mot
« résurrection ». On retrouve ces variations dans la
plupart des manifestations cliniques de la maladie.
R. Variabilité des symptômes et de l’évo¬
lution morbide. — Considérez séparément, en
effet, chaque ordre de symptômes et voyez
combien il peut varier selon les cas. J’ai suffi¬
samment insisté pour n’y pas revenir sur les di¬
verses formes de la somnolence et du délire, et je
75
CH. ACHARD. — LENCEPHALITE LETHARGIQUE
vous ai fait voir chez nos malades leurs variétés
et leurs modifications au cours de l’évolution
morbide. Les paralysies oculaires ne nous ont pas
montré moins de variété, soit dans leur forme et
leur localisation, soit dans leurs changements
successifs : elles manquaient chez quelques malades,
se réduisaient à une diplopie passagère chez le
n° 28 de la salle Sandras, consistaient en une
paralysie totale de la 3 e paire chez le n 0 12.
Chez le n°3i,le signe d’Argyll-Roberston fut très
net, mais transitoire.
La même diversité se retrouve dans les autres
troubles moteurs, ha parésie brachiale duji 0 32 ne
fut qu’éphémère ; chez la femme du n° 34,
l’hémiplégie diminua, puis reprit, de même que
les mouvements choréo-athétosiques. Le n° 13
de la salle Sandras, entré -avec une myoclonie qui
disparut, eut ensuite un retour de cet accident.
Vous avez vu quelle diversité nous ont aussi
montrée les réflexes tendineux : tous abolis pour
reparaître ensuite chez les n 0s 13 et 32 de la
salle Sandras, alors que le n° 31 n’avait perdu
que le réflexe achilléen droit qui revint au bout de
quinze jours ; et chez d’autres, comme les n 0 * 15
et 34 de la salle Béhier, c’est l’exagération de
ces réflexes que nous avons constatée.
Envisagez maintenant les symptômes, non
plus isolément, mais dans leurs rapports réci¬
proques, et les mêmes dissemblances vont vous
apparaître.
h ’ordre d’apparition des principaux accidents
est très irrégulier. C’est tantôt la somnolence
qui débute, comme chez la malade de la crèche
et le n° 13 de la salle Sandras ; tantôt le délire
comme chez le n° 32. Parfois c’est la diplopie
comme chez le n° 28 de la salle Sandras et le n° 35
de la salle Béhier.
Dans les formes myocloniques, Sicard, H. Roger
ont souvent noté que des algies de siège varié
précédaient les mouvements anormaux. De
nombreux observateurs ont fait des constatations
semblables, et c’est ce qui s’est produit aussi
chez la jeune fille du n° 26 de la salle Béhier. De
plus souvent ces algies initiales s’effacent assez
vite ; pourtant Sicard les a vues persister long¬
temps chez un malade. On peut voir associées les
myoclonies et la somnolence, comme chez le
n° 13 de la salle Sandras. Ou bien la somnolence
suit les myoclonies, comme dans des cas de
Dumolard et Aubry, Rémond et Minvielle,
Souques, ou bien les précède comme dans un cas
de Jeanselme.
Un malade de Dopter eut d’abord des douleurs
et des troubles oculaires, puis de la somnolence et
de la myoclonie. La malade de Salmont, après huit
jours de légers malaises, eut pendant trois jours
des douleurs, puis de la somnolence avec sub¬
délire et ptosis. Dans un cas de Sainton, après
une phase léthargique survint une phase typhoïde
avec signes méningés.
Le syndrome méningé (raideur de la nuque
et signe de Kernig) peut être un épisode terminal
d'un cas mortel, comme chez notre malade
du n° 24 bis de la salle Béhier et dans une obser¬
vation d’Harvier et Levaditi, ou bien au con¬
traire un accident du début, comme dans 2 cas
de Claude, 2 de Laubie, 2 de Papin, Denéchau et
Blanc, dans le cas d’hémorragie méningée de
Rathery et Bonnard et dans celui que j’ai publié
avec Paisseau en 1904.
Essayez maintenant d’embrasser dans leur
ensemble les divers symptômes en suivant la
marche générale de la maladie, et vous reconnaîtrez
bien vite qu’il n’y a nul parallélisme dans le déve¬
loppement des différents ordres d’accidents.
Si dans certains cas on peut voir un retour
offensif ramener à la fois le mélange de somno¬
lence et d'agitation délirante comme chez le
n° 15 de la salle Sandras, ou la somnolence
associée à la myoclonie comme chez le u° 13 de la
salle Sandras et le n° 23 de la salle Béhier, par
contre, il en est d’autres où tel symptôme évolue
indépendamment des autres et en quelque sorte
pour son propre compte ; si bien que, si l’on vou¬
lait avoir une idée exacte de l’état du malade
aux différentes époques de l’évolution morbide,
il faudrait tracer pour chacun des symptômes
son graphique propre. Ainsi chez le n° 15 de la
salle Sandras, tandis que vers le cinquantième
jour diminuaient la somnolence et l’agitation,
apparaissaient des troubles oculaires et du trem¬
blement. Chez le n° 34 de la salle Béhier, alors
que l’atténuation de la somnolence faisait croire
la convalescence prochaine, survinrent une attaque
convulsive et des myoclonies, suivies de clioréo-
athétose, et quand ces myoclonies disparaissaient,
une hémiparésie se manifesta ; c’est, ensuite,
pendant la diminution de ce nouveau symptôme
que reparurent les myoclonies, avec une hyper¬
tonie des membres antérieurement paralysés ;
enfin de nouveau revinrent les paralysies.
L’examen du liquide céphalo-rachidien, grâce
auquel ou peut si souvent suivre la marche
des processus morbides qui s'accompagnent de
lésions méningo-encéphaliques, ne donne pas
davantage une idée juste de l’ensemble de la
maladie. Si, dans certains cas, des reprises d'ac¬
cidents coïncident avec une poussée lympho¬
cytaire, comme dans un cas ,de Jeanselme où
la lymphocytose, tombée de 13 à 3 pendant une
76
rémission consécutive à une phase soporeuse et
parétique, remonta à 12 quand survint une phase
myoclonique, par contre vous avez vu, chez le
n° 15 de la salle Sandras, qu’après la grande
lymphocytose du début, les reprises successives
des manifestations nerveuses ne donnaient pas
lieu à des modifications notables de la réaction
leucocytaire qui persistait atténuée. Et même
chez la jeune fille du n° 35 de la salle Béhier,
vous avez pu voir la lymphocytose s’élever de
12 à go par millimètre cube, alors que la
maladie était nettement en voie d’améliora¬
tion.
Pas davantage la fièvre et les troubles de
l’état général ne peuvent vous donner une idée
précise de l'évolution morbide. Généralement la
fièvre est courte, alors même que les divers
accidents, la somnolence, les myoclonies, les para¬
lysies sont accentuées et prolongées. Ee n° 15 de
la salle Sandras, atteint d’une forme lente, n’est-
il pas" apyrétique depuis plus .de trois mois?
Et la malade du n° 34, qui a quitté le service pour
mourir chez elle, n’a-t-elle pas eu presque sans
fièvre toute la série des accidents graves qui l’ont
emportée?
F. Durée, termina ; son, séquelles de la
maladie. — Etudions maintenant la marche
générale de la maladie, non plus du point de vue
analytique du clinicien, dans chaque cas particu¬
lier, mais du point de vue synthétique du patho¬
logiste, dans l’ensemble des cas.
Ee début de l’encéphalite léthargique est très
fréquemment marqué par des symptômes qui
rappellent de très près la grippe : céphalée, cour¬
bature, fatigue, fièvre et souvent même coryza et
catarrhe des voies respiratoires supérieures. Il en
était ainsi chez la plupart des malades de notre ser¬
vice sur lesquels nous avons pu obtenir des
renseignements, notamment chez ceux des n 0s 13,
28, 31, 32 et 23 delà salle Sandras,33 et 34 de la
salle Béhier. Chez la malade du n° 24, la maladie
débuta à la manière d’une fièvre typhoïde. Chez
celle du n° 35, les étourdissements et la' diplopie
du début avec la fièvre pouvaient faire songer
à la méningite tuberculeuse. Ee malade du n° 15
eut graduellement une fatigue croissante, de la
gêne de la vue et de la somnolence.
E’augine initiale est indiquée comme fréquente
par Wegefortli et Ayer, signalée par Claisse, par
Combemale et Duhot, et avec' la conjonctivite
et l'œdème palpébral par Marinesco. Ee coryza,
le catarrhe oculo-nasal du début figurent dans des
observations de Harvier et Eevaditi, M. Eabbé
et Hutinel,
Combemale et Duhot ont vu chez un de leurs
24 Juillet 1920.
malades un début apoplectiforme avec monopa¬
résie transitoire.
Ea somnolence, le délire, les troubles oculaires
peuvent être les premiers symptômes.
Ees ophtalmologistes, comme l’ont fait remar¬
quer Morax et Bollack, Eacroix et Pesme, de
Eapersonne, sont souvent consultés au début de
la maladie, pendant une phase ambulatoire.
C’est ce qui est arrivé pour notre malade du n° 31
de la salle Sandras.
Dans d’autres ças, ce sont les douleurs, les
algies, de siège et d’intensité variables. Un cas
mortel de Sahnont a débuté par une douleur
brachiale ; un autre de Roblin par un point de
•côté sans signes pulmonaires.
Chez la malade que nous a présentée le
D r Peuillié, la douleur vertébrale a "précédé le
délire initial. Chez la jeune fille du n°26; une dou¬
leur violente, bientôt suivie de secousses myoclo-
niques, marqua le début des accidents.
Ea durée de la maladie est des plus variables.
Ees formes mortelles peuvent être très courtes.
H. Roger a vu mourir un malade au cinquième
jour. Notre malade du n° 38 de la salle Béhier a
vécu douze jours, celle du 24 bis est morte dans
la troisième semaine. Mais la mort peut tarder
bien davantage et la malade du n° 34 a succombé
au bout de près de deux mois.
Ea cause de la mort n’apparaît pas toujours
avec évidence. On peut songer à des accidents bul¬
baires, mais on ne saurait toujours préciser leur
nature exacte.
C’est parfois une complication qui occasionne
la mort : des accidents pulmonaires comme dans
des cas de Roger et Aymès, Carnot et Gardin ;
des accidents septiques résultant d’escarres
comme chez des malades de Chauffard et M Ile Ber¬
nard, de Caryophyllis.
Ees cas qui guérissent peuvent se terminer très
vite, en dix et vingt jours (Crespin), quinze
jours (Oddo), trois semaines (Chauffard, Eortat-
Jacob, Comby). C’est aussi en trois semaines à
peu près qu’ont guéri nos malades du n° 32 de la
salle Sandras et du n° 35 de la salle Béhier et la
malade que nous a présentée le D r Feuillié.
Ee plus souvent la durée de la maladie est plus
longue et, à vrai dire, il est difficile d’en fixer
exactement le terme, parce que la convalescence est
lente, que les derniers troubles ne s’effacent qu’in-
seusiblement, qii’on perçoit encore sur le visage
du malade des traces de l’atonie et que les apti¬
tudes physiques et psychiques des convalescents
restent diminuées souvent pendant un temps pro¬
longé. Ees myoclonies peuvent aussi durer long¬
temps : dans un cas de Froment et Bouchut, après
PARIS MEDICAL
CH. ACHARD. - L’ENCEPHALITE LETHARGIQUE 77
deux mois et demi subsistaient des myoclonies
résiduelles, localisées à quelques muscles d’un
membre inférieur. Un syndrome parkinsonien
n’avait pas encore disparu après six mois de
maladie dans un cas de Eaignel-Eavastine.
Il faut compter encore avec les reprises et
rechutes de la maladie qui peuvent en prolonger la
durée. Ces reprises et rechutes peuvent ramener les
accidents qui s’étaient déjà manifestés, mais elles
peuvent aussi en provoquer de nouveaux. Vous
avez vu chez la malade du n° 34 de la salle Béliier
une reprise d’accidents sous la forme de convul¬
sions, de myoclonies, de choréo-atliétose et de pa¬
résies, qui n’existaient pas dans la première phase,
essentiellement soporeuse. Un malade de Chalier
eut pendant neuf jours une phase d’excitation,
suivie dë trois jours de somnolence ; puis après
un rétablissement apparent d’une quinzaine de
jours, il fut pris de myoclonies et de troubles
cérébelleux. Chez une jeune femme observée par
Eerebo'ullet et Mouzon, une rémision de vingt-
quatre jours, après une phase soporeuse, fut suivie
d’une phase choréique très sérieuse.
Il y a, de plus, à compter, parmi les cas qui
guérissent quoad vitam, avec la persistance de
séquelles plus ou moins graves. Ces guérisons in¬
complètes laissent après elles des désordres psy¬
chiques et somatiques. Comby a signalé chez
les enfants un déficit intellectuel, l’idiotie,
comme suite de la maladie. H. Claude a relaté
plusieurs cas d’accidents relativement éloignés :
chez un malade, persistance de signes spasmo¬
diques, apparition de mouvements choréiformes
au bout d’un an, possibilité de reprise des occu¬
pations après vingt mois seulement et léger
retour des mouvements choréiformes au vingt-
quatrième mois ; chez un autre malade, diminu¬
tion persistante de la capacité de travail. Bériel
mentionne, comme séquelles, la démence précoce,
l’épilepsie, la chorée chronique, les myoclonies ; il
cite des cas dans lesquels il a observé à la suite de
la maladie, la psychasthénie, des myoclonies cer¬
vico-faciales, des secousses rythmiques de la tête
dans la position assise, l’atrophie musculaire d’un
membre inférieur. Un malade de Papin, Dené-
chau et Blanc avait conservé une attitude pen-
■ chée, véritable plicature latérale, avec des mouve¬
ments choréiques. Chez trois malades, Pierre
Marie et M Uo Lévy ont vu des mouvements anor¬
maux persister au delà d’un an, et chez un autre,
une raideur parkinsonienne.
Ea véritable maladie de Parkinson, parfois
consécutive à une infection, pourrait être le reli¬
quat de l’encéphalite léthargique.
Reverchon et Worms ont constaté la persis¬
tance de la diplopie et d’une parésie brachiale
après deux ans.
Netter signale, dans un cas, la persistance de
quelques mouvements choréiques au bout de
deux ans.
Pierre Marie et M lle Uévy, chez un de leurs
malades, ont vu s’installer un tic douloureux de
la face qui se manifestait à l’occasion des mouve¬
ments de mastication et de phonation.
Il ne paraît pas douteux que certaines chorées
chroniques, certaines atliétoses, certains tics, cer¬
taines myoclonies, certains tremblements seront
rattachés aux suites d’une encéphalite léthar¬
gique.
Seulement, à l’heure actuelle.il 11’est pas facile,
en général, de décider si, au bout de plusieurs
mois, on peut considérer les désordres persistants
comme de véritables séquelles, c’est-à-dire comme
des infirmités définitives laissées par l’infection
éteinte ; car nous ne savons pas quand le virus
disparaît des centres nerveux, n’ayant aucun
moyen clinique de le vérifier, et nous avons de
bonnes raisons de penser que ce virus peut y rester
fort longtemps actif.
G. Types cliniques et formes de la maladie.
— Passons maintenant à l’étude des formes de la
maladie.
Je vous ai dit déjà qu’il me semblait bien diffi¬
cile. de distinguer dans l’encéphalite léthargique
des formes tranchées. Celles qu’on a proposé de
créer n’ont le plus souvent pour attribut que la
prédominance d’un ordre de symptômes pendant
une période plus ou moins longue de la maladie.
Ce qui a surtout frappé les cliniciens, ce sont
les symptômes insolites ou les plus visibles. Parmi
les troubles psychiques, la somnolence invin¬
cible, phénomène relativement rare en pathologie,
ne pouvait manquer d’attirer leur attention plus
que le délire, accident plus banal. Parmi les
troubles moteurs, les secousses myocloniques, les
paralysies sont des désordres trop manifestes
pour qu’on n’ait garde de leur accorder une place
en bon rang dans les descriptions cliniques ; c’est
ainsi que Dubini considérait surtout les mouve¬
ments choréiques, n’attribuant la somnolence
qu’à l’épuisement consécutif. En fait de troubles
sensitifs, ce sont les troubles subjectifs, les
douleurs, qui se révèlent le plus aisément, les
anesthésies demandant à être recherchées, et
d’ailleurs, étant relativement rares et peu mar¬
quées dans la maladie en question.
Mais si certains symptômes attirent davantage
l’attention du clinicien, il eu est d’autres qui
méritent autant de la fixer, quoique moins
visibles et moins bruyants, car ils n’en ont pas
. PARIS MEDICAL
78
moins d’intérêt ni de valeur pour indiquer le
siège et les progrès de la maladie : par exemple
les troubles du tonus, les modifications de la
pression artérielle, les réflexes, les légers troubles
oculaires.
Aussi n’accorderai-je qu’une brève mention
aux formes déjà très nombreuses qu’on a, sans
grand effort d’imagination, distinguées par des
dénominations particulières plutôt que par
de véritables descriptions.
Déjà, d’après l’observation de 40 cas recueillis
pendant la guerre à Bar-le-Duc, en 1916 et 1917,-
c’est-à-dire avant la description de von Economo,
R. Cruchet, Moutier et Calmettes distinguaient
des formes mentale, convulsive, choréique, ménin-
gitique, hémiplégique, ponto-cérébelleuse, bulbo-
protubérantielle, ataxique, poliomyélitique.
On a décrit ensuite des formes soporeuses,
des formes délirantes et confusionnelles, des
formes myocloniques, des formes ophtalmoplé-
giques, des formes névralgiques ou algiques, des
lormes myctoniques.
Remarquez que les formes pures, où domine
un seul ordre d’accidents, sont non seulement
assez rares, mais n’ont souvent qu’une durée peu
prolongée. Des formes soporeuses exemptes de
myoclonies et de paralysies peuvent être légères
et guérir dans un délai assez court, ou bien être
graves et aboutir promptement au coma mortel.
C’est ce que vous avez vu notamment chez la
malade de la crèche et chez le n° 28 de la salle
Sandras qui ont eu des formes bénignes et ont
guéri en quatre à six semaines. C’est encore
ce que vous avez observé chez la malade du n° 38
qui a succombé au huitième jour d’une forme
somnolente à peu près pure. Des myoclonies,
dont Sicard a eu le mérite de montrer la fréquence
dans l’épidémie actuelle, sont habituellement
associées à la somnolence ; mais quand elles
existent à peu près seules, dans les cas décrits
par Sicard comme des formes myocloniques
pures, sans, somnolence ni troubles oculaires,
la durée n'est pas non plus très longue, puisque,
sur 5 malades d’une petite statistique, 3 sont-
morts aux vingt-cinquième, vingt-neuvième,
trente-quatrième jour, et un a guéri en trois
semaines. Aussi peut-on supposer que si la maladie
avait duré plus longtemps, le type myoclonique ne
fût pas resté pur, pas plus que le type soporeux
dans les cas précédents.
De toute façon, le plus grand nombre des obser¬
vations ne saurait être rangé dans ces catégories
trop étroites. Dans laquelle de ces formes classe¬
rions-nous le n° 13 de la salle vSandras chez qui
somno)ence et myoclonie ont évolué simultané-
24 Juillet 1920.
ment? et les n 0a 15 et 23 de la même salle qui
avaient aussi, pendant la phase somnolente,
surtout au début, des soubresauts myocloniques?
Où ranger,encore le cas de cette femme du n° 34
qui, après une phase somnolente, eut une reprise
avec attaque convulsive, myoclonies, choréo-
athétose et paralysies?
Il est vrai qu’on a proposé de créer des formes
mixtes où se grouperaient les symptômes associés ;
mais encore est-il des cas où les grands symptômes
fondamentaux se' succèdent plutôt qu’ils ne
coexistent.
Il serait facile d’imaginer une multitude de
formes avec les combinaisons symptomatiques,
en nombre presque indéfini, que nous offre la
diversité clinique de cette encéphalite. Je ne crois
pas que l’étude de la maladie puisse gagner en
clarté à la création de pareilles divisions trop
artificielles.
Est-il vraiment bien utile d’énumérer, suivantla
manière dont s’associent ou se succèdent quelques
symptômes, des formes algo-myocloniques où les
douleurs accompagnent les myoclonies, des formes
léthargo-myocloniques où la somnolence précède
les myoclonies, et myoclono-léthargiques où les
myoclonies précèdent la somnolence ; — suivant
la localisation d’un genre de symptômes, une
forme hémimyoclonique ' alterne ; — suivant
l’absence d’un des principaux symptômes, des
formes sans léthargie, sans paralysie, sans fièvre ;
— suivant l’âge des malades, des formes infantiles
et des formes séniles ; — suivant certaines, par¬
ticularités de l’évolution, des formes à début
apoplectiforme, des formes à rechutes; — suivant
la présence de quelques accidents épisodiques,
des formes convulsives, ataxiques, tétaniques,
insomniques ?
Que reste-t-il de ce bloc généralement si varié
de manifestations cliniques, après qu’on l’a
découpé de la sorte en une infinité de tranches?
A vouloir trop préciser les caractères dominants
des divers aspects cliniques sous lesquels se
présente la maladie, on risque de n’en plus donner
qu’une image défigurée.
Il me paraîtrait bien préférable, au lieu de
formes de la maladie, de distinguer simplement
une série de types cliniques, susceptibles de se
succéder chez certains malades. Ce sont alors
des aspects cliniques différents, sous lesquels la
maladie peut se manifester à de certaines phases
de son évolution. On pourrait ainsi parler de
type soporeux, de type étonné ou figé, de type
délirant aigu, de type confusionnel, de type ménin-
gitique, de type ophtalmoplégique, de type myo¬
clonique, choréique, chorêo-athétosique, de type
CH. ACHARD. — L'ENCÉPHALITE LETHARGIQUE
douloureux et même de type typhoïde.
La distinction des formes serait limitée aux
cas dans lesquels l’ensemble général de la maladie
présente des particularités notables. Ainsi l’on
peut parler de formes frustes, non pas seulement
lorsque manque l’un des éléments du fameux
trépied clinique des premières observations, non
pas pour décrire des formes sans léthargie ou
sans somnolence, ou sans fièvre; mais quand la
symptomatologie, habituellement si riche et si
variée, se limite à un tout petit nombre de mani¬
festations cliniques. Par exemple, chez notre
malade de la crèche, la somnolence était la
manifestation monosymptomatique de la maladie.
Léri cite des malades qui n’eurent guère que de la
fatigue pendant quelques jours ou quelques
semaines. Dans des cas de Chauffard, de Lortat-
Jacob, de R. Bénard, de Sicard, des algies bra¬
chiales et intercostales étaient l’expression mono¬
symptomatique de la maladie. Dans un cas de
Sicard et Kudelski, une myoclonie oculaire succé¬
dant à une diplopie passagère et persistant plu¬
sieurs semaines, fut le seul accident morbide.
Le hoquet spasmodique est un autre exemple
de ces formes frustes du type myoclonique.
Parmi ces formes frustes, il y aurait lieu sans
doute de réserver une place à des cas dans lesquels
les manifestations morbides seraient exclusive¬
ment viscérales : l'étude de quelques observations
recueillies dans une même famille montre, en
effet, que des personnes vivant au contact de
malades ont été prises de fièvre et de troubles
généraux sans désordres nerveux : c’est ce qu’on
a proposé d’appeler les formes viscérales. Mais
la preuve de leur existence n’est pas encore faite.
En ce qui concerne la prédominance des
symptômes, il n’y a guère que la forme myoclonique
qui mérite une description particulière, parce qu’il
y a vraiment des cas assez nombreux où les myo¬
clonies, avec des modalités diverses, accompa¬
gnées et le plus souvent précédées d’algies, sont
les phénomènes fondamentaux. Encore ne con¬
vient-il pas de ranger dans cette forme tous les cas
si fréquents où des myoclonies apparaissent
d’une façon plus ou moins épisodique au milieu
de beaucoup d’autres accidents. La forme myoclo¬
nique, ainsi considérée, représente une catégorie
particulière de formes frustes, puisqu’elle ne
comporte qu’un petit nombre de symptômes.
Vous en avez un exemple dans l’observation
de la jeune fille du n° 26, chez qui, après d’atroces
douleurs et un peu de délire, il n’y a plus guère
eu d’autres manifestations cliniques que les myo¬
clonies. Une variété de forme myoclonique pré¬
sente le type de la chorée de Sydenham.
79
Cette forme débute en général par une période
douloureuse caractérisée par les algies, à laquelle
succède une phase myoclonique, où les secousses
sont localisées diversement ou généralisées, et
accompagnées de fièvre et de troubles plus ou
moins marqués de l’état général. Le délire
n’est pas rare. Puis, si la terminaison est fatale,
le coma survient, ce qui n’est pas exceptionnel,
comme le montrait déjà la description de Dubini.
Dans d’autres cas, la maladie guérit, et parfois les
accidents restent légers et n’ont que peu de durée.
On peut aussi reconnaître des formes ambula¬
toires, qui permettent aux malades de vaquer plus
ou moins à leurs occupations habituelles : formes
qui, d’ailleurs, ne sont pas toujours nécessaire¬
ment ni bénignes ni courtes. C’est à elles que se
rapportent une série de cas observés par L. Ra-
mond, Janet, Sicard, Chauffard, Comby.
D’après la marche et la durée de la maladie,
on peut distinguer des formes aiguës, avec des
variétés comateuse, délirante, typhoïde, ménin-
gitique, ascendante ; des formes subaiguës et des
formes lentes ou prolongées. Il y a aussi des formes
abortives, où rapidement la maladie tourne court.
Sainton cite un cas de trois jours. Vous en avez vu
un exemple chez le jeune homme du n° 32, qui,
après cinq jours de fièvre et de parésie brachiale,
devint apyrétique et retrouva ses facultés psy¬
chiques et motrices.
Que dire encore des formes que l’on a prétendu
distinguer d’après la topographie des lésions?
Il y aurait des formes pédonculaires, protubé-
rantielles", bulbaires, corticales, médullaires, névri-
tiques même. Gordon a distingué un type supé¬
rieur pédonculaire, correspondant à la polio-
encéphalite supérieure de Wernicke, et un type
inférieur, bulbo-protubérantiel, correspondant à
la myélite bulbaire de Leydeù. Ces classifications
sont aussi bien artificielles. Les lésions ne
s’étendent pas seulement en largeur mais en hau¬
teur, elles intéressent le plus souvent plusieurs
étages du mésocéphale. Mais déjà ce que je vous
ai dit de la variété des manifestations cliniques
et de leur succession suffit à vous montrer
combien il serait malaisé de classer la plupart
des cas dans de pareilles formes étroitement dé¬
finies par une topographie limitée. Ce qui est plus
intéressant que de telles classifications, c’est de
chercher à situer dans le névraxe les symptômes
constatés à un stade donné de l’évolution mor¬
bide. On peut dire alors légitimement que la mala¬
die, à un certain moment de sa marche, prend un
type pédonculaire ou bulbaire. J’aurai, d’ailleurs,
à vous montrer l’intérêt de cette recherche en
vous parlant jde la physiologie pathologique.
8o
PARIS MEDICAL
24 Juillet 1920.
SYNDROME DE BASEDOW
ET TUBERCULOSE 0
FAX
le D'E. SERGENT.
Médecin de rhflpltal de la Charité.
Il n’est pas exceptionnel de voir des tuber¬
culeux basedowiens ; il est plus fréquent, je crois,
d’observer des basedowiens considérés et traités
comme tuberculeux ; c’est surtout cette seconde
catégorie de cas que j'aurai en vue dans cette
conférence, en raison de l’importance pratique
qui s’en dégage au point de vue du diagnostic
différentiel de la tuberculose.
I. Syndrome de Basedow dans la tuber¬
culose. — De syndrome dé Basedow, lorsqu’il
coïncide avec la tuberculose, s’observe surtout
chez la femme, ce qui n’est pas surprenant, puis¬
que, d’une façon générale, le goitre exophtal¬
mique est plus fréquent chez la femme que chez
l’homme ; cependant, pendant la guerre, et de¬
puis, le syndrome de Basedow a paru plus fré¬
quent qu’autrefois chez l’homme, ce que peut
expliquer la réunion simultanée des causes qui le
provoquent habituellement ; pour ma part, j’ai
vu un certain nombre de militaires plus ou moins
basedowiens parmi les nombreux tuberculeux
que j’ai eu à examiner.
Dans l’association du syndrome de Basedow et
de la tuberculose-y a-t-il une simple coïncidence
ou une relation de cause à effet?
Il semble bien que, parfois, on puisse invoquer
une relation de causalité, si nous en jugeons, du
moins, par quelques observations publiées.
Gilbert et Castaigue ont trouvé dans la glande
thyroïde des follicules tuberculeux contenant
des bacilles. Daignel-Bavastine et Bloch ont
constaté une thyroïdite scléreuse. Dans ces deux
cas, on peut admettre, avec Poucet et son école,
que les lésions tuberculeuses locales ont provoqué
une excitation fonctionnelle de la glande et en¬
gendré le syndrome de Basedow.
I'aut-il aller plus loin et admettre avec eux,
avec Hufnagel et Hollos, que, si on ne constate pas
de lésions glandulaires, cette excitation fonction¬
nelle locale peut être duc aux toxines tuberculeuses ?
C’est là une hypothèse ; elle s’appuie sur certaines
observations, telles celle de Ramond et Bloch
constatant le syndrome de Basedow chez un
coxalgique, celle de Mouriquand et Bouchut
le signalant chez uu sujet atteint de rhumatisme
tuberculeux. Ici, la part de l’hypothèse est un
peu grande et je ne prends pas parti.
(1) Conférence faite à la Cliarité le 2 juin 1930 et recueillie
par M Ile Harmelin, externe du service.
Du point de vue clinique, le syndrome de
Basedow peut se présenter dans la tuberculose
sous une quelconque des formes qui lui sont
habituelles, depuis le grand syndrome complet
jusqu’aux types ébauchés, plus ou moins frustes
et atténués. Ces types ébauchés m'arrêteront
seuls, car, seuls, ils semblent appartenir un peu
plus spécialement à la tuberculose. Beur étude a
fait l’objetd’un travail intéressant de Sabourin (2),
qui leur assigne les caractères suivants.
Vhabitus est particulier ; le faciès se caracté¬
rise par le volume des yeux qui, sans être exor¬
bités, sont gros, brillants et humides ; le cou est
gros et la palpation permet de constater une
hypertrophie plus ou moins marquée du corps
thyroïde, en même temps que des battements
exagérés et précipités des vaisseaux. Ce sont là
les tuberculeux angioneurotiques de Sabourin, qui-
présentent deux ordres de troubles: des troubles
circulatoires et des troubles nerveux. Des trou¬
bles circulatoires consistent en une tare cardiaque
plus ou moins bénigne, pas constante d’ailleurs,
eu un état congestif de la peau et des muqueuses ;
d’autres ont de l’acrocyanose, prenant parfois
la forme dite en « paire de gants » ; certains
sont des érythrodermiques ; presque tous se
plaignent de palpitations et ont de la tachy¬
cardie.
Des troubles nerveux sont représentés par une
émotivité extrême, allant quelquefois jusqu’à
l’état d’angoisse et d’anxiété permanente, et
s’associant à une agitation constante avec insta¬
bilité et volubilité excessive.
Un autre type est celui des phtisi-cardiaques de
Sabourin. Ceux-ci se caractérisent surtout par
une tendance toute particulière aux hémorragies ;
les uns ont des hémoptysies répétées, les autres
des épistaxis fréquentes, d'autres des flux hémor-
roïdaires abondants et répétés. Ce sont des conges¬
tifs.
Chez de tels tuberculeux, l’évolution des acci¬
dents est étroitement subordonnée à l’hygiène
et à la thérapeutique mises en œuvre. S’ils se
suralimentent et abusent des médications dites
toniques, fortifiantes, ils voient leur état s’ag¬
graver ; si, au contraire, ils se soumettent aux
prescriptions qui conviennent aux angioneuroti¬
ques et aux. congestifs, ils ne tardent pas à
s’améliorer notablement. De tels sujets ne doivent
pas être traités en tuberculeux; ce qu’il leur faut,
c'est le repos complet, la réadaptation lente et
progressive au mouvement et à la vie commune;
la cure de désintoxication commençant par une
. (2) Sabourin, I,e petit basedowisme chez les tuberculeux
(Arch. de mtd., 1914).
E. SERGENT. — SYNDROME DE BASEDOW ET TUBERCULOSE 81
■diète hydrique de vingt-quatre à trente-six heures
et suivie de restrictions alimentaires plus ou
moins prolongées et sévères, la stimulation des
fonctions de la peau par la douche, le tub, les
frictions, la médication sédative de l’éréthisme
■cardio-nerveux (valériane, etc.), enfin l’opothé¬
rapie (ovarine, hémato-éthyroïdiue, etc.).
Je n’insiste pas davantage : j’ai hâte d’arriver
au diagnostic différentiel de la tuberculose et des.
états d’hyperthyroïdie; si j’ai un peu longue¬
ment étudié ces types cliniques de tuberculeux
hyperthyroïdiens, c’est parce que nous allons
les retrouver parmi les nombreux faux tuber¬
culeux qui ne sont que des basedowiens frustes,
des hyperthyroïdiens plus ou moins apparents.
II. Syndrome de Basedow simulant la tu¬
berculose. — De même que c’est surtout
•chez la femme tuberculeuse qu'on peut observer
•le syndrome de Basedow, de même c’est chez elle
qu’on aura le plus souvent à éviter l’erreur qui
consiste à prendre pour une tuberculose débu¬
tante un état pathologique qui traduit, en réa¬
lité, l’hyperf onctionnement thyroïdien. Mais,
pour les mêmes raisons que celles que j’ai données
au début de cette étude, il n’est pas rare aujour- ■
d’hui de constater la même erreur de diagnostic
chez des hommes.
D’erreur de diagnostic ou, si l’on veut, la diffi¬
culté du diagnostic, a sa source dans cette notion
que le cortège symptomatique de l'hyperthy¬
roïdie est constitué par un ensemble de trou¬
bles fonctionnels et généraux qui accompagnent
communément la tuberculose à sou début.
Rist a insisté avec raison sur la fréquence de
cette erreur dans un remarquable article dont je
ne saurais trop vous recommander la lecture (i).
Vous m’avez bien des fois entendu vous parler de
cette même erreur et vous entretenir de cette simi¬
litude des symptômes. Dans les deux cas, dans
l’hyperthyroïdie comme dans la tuberculose pul¬
monaire, vous pouvez constater, groupés en tota¬
lité ou en proportions variables, les symptômes
suivants :
a. L’instabilité thermique, la tendance de la
courbe thermique à se déniveler, soit d’une façon
constante, soit par périodes, par saccades ; bien
des fois je vous ai dit que vous deviez vous garder
de considérer toujours l’élévation de tempéra¬
ture comme un signe révélateur d’un état infec¬
tieux ; n’oubliez pas les centres thermiques et
souvenez-vous qu’ils peuvent être influencés par
d’autres causes que les toxines infectieuses et
(i) Rist, X.es principes du diagnostic différentiel de la
tuberculose (Presse médical :, 13 juillet 1916).
qu’en particulier, l’hyperthyroïdie est pour eux
un excitant particulièrement puissant.
6 . L’instabilité du pouls, qui se traduit le plus
souvent par des périodes de tachycardie plus
ou moins accentuée.
c. L’état de la tension artérielle; dans la tu¬
berculose, l’hypotension est la règle, mais l’hyper¬
tension n’est pas exceptionnelle; dans l’hyper¬
thyroïdie, la' tension peut varier par périodes.
d. Les troubles menstruels; toutes les base-
dowiemies ont des troubles menstruels ; le plus
souvent, les époques sont irrégulières : il y a des
arrêts, des suspensions pendant deux ou trois
mois et même davantage ; vous connaissez tous
les synergies fonctionnelles qui unissent la thy¬
roïde et l’ovaire, et vous savez que, dans la gros¬
sesse et la lactation, par exemple, il n’est pas
rare de voir l’hypertrophie thyroïdienne accom¬
pagner la suspension de la fonction ovarienne.
Ces troubles menstruels, nous les avons ob¬
servés bien souvent chez les tuberculeuses.
e. Les bouffées de chaleur, la rougeur des
pommettes, qui accompagnent ces troubles mens¬
truels, sont aussi fréquentes chez les hypertliyroï-
diennes que chez les tuberculeuses.
/. L’éclat brillant du regard comporte la
même cause d’erreur.
g. Les sueurs, les transpirations profuses,
si fréquentes dans la tuberculose, sont de règle
aussi dans le basedowisme.
Ce qui est vrai pour les troubles fonctionnels,
l’est également pour les troubles généraux. Tout
comme la tuberculose en marche, le basedowisme
provoque l’amaigrissement, considérable par¬
fois, la fatigue , pouvant aller jusqu’à l’asthénie
complète, les crises ccclialgiques et entéralgiques,
la diarrhée.
Enfin, il est deux symptômes, sur lesquels votre
attention doit être spécialement attirée : la toux
et Y essoufflement. La petite toux, sèche, quinteuse,
que les profanes regardent comme un signe fatal,
n’est pas l’apanage des tuberculeuses ; elle est
fréquente dans le basedowisme, et le professeur
Pierre Marie en a montré la valeur sémiologique.
Quant à Y essoufflement, vous savez qu’il accom¬
pagne volontiers la tuberculose commençante,
et je vous ai dit bien souvent que la dyspnée des
tuberculeux était plus fréquente chez les tuber¬
culeux au début que chez les tuberculeux ayant
déjà de grands délabrements pulmonaires ; la
dyspnée toxique du début est autrement impor¬
tante que la dyspnée mécanique des phtisiques.
Or, cet essoufflement est presque la règle dans le
petit basedowisme et, là, il s’associe souvent à
un type particulier de la respiration, qui consiste
82 PARIS
en un rythme saccadé, spasmodique, qui n’est
pas rare non plus dans la tuberculose et qui,
pour une bonne part, a une cause nerveuse.
En présence de cette similitude possible des
troubles fonctionnels et généraux qui traduisent
l’hyperthyroïdie aussi bien que la tuberculose
évolutive, à quelques nuances près du moins,
comment pourrez-vous faire le diagnostic diffé¬
rentiel, sur quelles constatations vous baserez-
vous pour éviter l’erreur?
Deux cas peuvent se présenter : ou bien le syn-
. drome de Basedow est complet, ou bieD il est
fruste et ne se révèle que par quelques-uns de ces
petits signes d’hyperthyroïdie que nous venons
de passer en revue.
Dans les deux cas, le diagnostic comporte
deux étapes : tout d’abord, reconnaître le syn¬
drome d'hyperthyroïdie, ensuite reconnaître l’ab¬
sence de toute lésion tuberculeuse.
Reconnaître le syndrome d’hyperthyroïdie
est chose simple quand le syndrome est complet :
ici, le diagnostic est aisé ; il éclate dès le premier
contact du malade et du médecin ; le faciès,
l’exophtalmie, l’hypertrophie du corps thyroïde
ne sauraient laisser de .doute; vous en avez vu
un bel exemple à l’une de nos dernières policlini¬
ques du samedi ; en pareil cas, la difficulté n’est
pas de constater le syndrome de Basèdow,elle se
borne à rechercher si le malade n’est pas en même
temps tuberculeux.
Lorsque le syndrome d’hyperthyroïdie est
fruste, il n’en va plus aussi simplement et c’est là
que doit s’exercer votre sagacité clinique. Si
votre attention est attirée par les notions que je
viens de poser devant vous, vous songerez à la
possibilité de l’hyperthyroïdie, et, sans vous
laisser entraîner par une exagération sans con¬
trôle, vous la dépisterez ou en écarterez la pré¬
somption.
Mais, dans tous les cas, vous ne serez autorisés
à écarter le diagnostic de tuberculose que lors¬
que vous vous serez assurés, par un examen com¬
plet, stéthoscopique, radiologique, bactériolo¬
gique, qu’il n’existe certainement aucun signe de
localisation tuberculeuse dans le poumon. C’est sur
ce contrôle, méthodiquement et rigoureusement
exercé, que repose le diagnostic différentiel que
vous avez à établir. Ne l’oubliez pas.
Pour illustrer de quelques images schéma¬
tiques et démonstratives les notions théoriques
et sémiologiques que je viens de tracer devant
vous, je crois opportun de vous raconter l’his¬
toire clinique, ou, si voiis voulez, l’observation de
quelques malades que j'ai suivies de près pendant
une période de temps suffisamment prolongée
MÉDICAL 24 Juillet 1Q20.
pour que je sois autorisé à considérer comme
indiscutable le diagnostic.
Voici, tout d’abord^ quelques observations
de syndrome de Basedow complet, qui avaient
été diagnostiquées tuberculose pulmonaire.
Observation I. — Syndrome de Basedow complet
ayant débuté au moment de lq ménopause. — M mo I,...,
quarante-huit ans,_est réglée_très irrégulièrement depuis
dix-huit mois; elle a maigri progressivement; sa tempé¬
rature se maintient constamment aux environs de 38®,
avec de petites exacerbations périodiques ; elle a de la
tachycardie ; elle a une petite toux sèche, incessante;
elle est constamment essoufflée. On avait porté au début
le diagnostic de tuberculose pulmonaire et on l’avait
envoyée dans un sanatorium où elle resta six mois sans
résultat. Quand je la vis, je fus influencé, tout d’abord,
par ce passé et par ce diagnostic posé par quatre méde¬
cins. Ne constatant aucun signe stéthoscopique, mais,
par contre, remarquant une légère exophtalmie, un gon¬
flement manifeste du corps thyroïde, notant un trem¬
blement rythmique, à petites oscillations, je formulai
le diagnostic de syndrome de Basedow et fis faire une
radiographie pour écarter toute erreur possible ou toute
idée d’association ; la radioscopie et la radiographie
furent absolument négatives. Traitée par l’hémato-
éthyroïdine et l’ovarine alternativement, par l’irradia¬
tion du corps thyroïde, la malade ne tarda pas à s’amé¬
liorer ; aujourd'hui, à trois ans de distance, elle est
absolument guérie et je puis affirmer qu’elle n’est point
tuberculeuse.
Obs. II. — Syndrome de Basedow survenu à l'occa¬
sion de circonstances émotionnelles, affectives, chez une
Jeune fille de vingt-deux ans. — Le diagnostic de tuber¬
culose a été porté sur la constatation d’un amaigrisse-
ment notable (6 kilos) accompagné d’élévation de tempéra¬
ture (380,2 à 38®,5), de tachycardie, de bouffées de cha¬
leur, d’essoufflement permanent avec petite toux sèche.
Quand je vois la malade, je suis frappé par l’éclat bril¬
lant des yeux qui, sans être très exorbités, sont saillants,
par les battements visibles des vaisseaux du cou, qui
est gros, sans qu’il y ait à proprement parler hypertro¬
phie notable du corps thyroïde ; les doigts sont agités
d’un petit tremblement rythmique.
L’examen minutieux de l'appareil respiratoire ne
révèle aucun signe de lésions localisées.
Je fais le diagnostic de syndrome de Basedow. Mais,
convaincue qu’elle est bien tuberculeuse, elle se laisse
envoyer dans un sanatorium d'altitude et y séjourne dix
mois sans autre résultat qu’une aggravation de sa tachy¬
cardie et de son essoufflement. Elle revient me voir,
consent alors à suivre le traitement que je lui avais
prescrit la première fois. Elle est en voie de guérison
aujourd’hui.
Obs. III. — Syndrome de Basedow diagnostiqué
tuberculose pulmonaire.— M“ 0 X..., trente-trois ans,
vient me voir dans l’automne de 1917. Elle se plaint
de fatigue générale avec état subfébrile ; elle était
traitée depuis dix-huit mois pour tuberculose pulmo¬
naire, quand elle consulta un médecin qui fit le diagnostic
de maladie de Basedow et la traita comme telle. Quand
je la vis, quelques mois après le début de ce traitement,
elle allait déjà mieux. Sa tachycardie était modérée (110),
sa tension artériellp, mesurée au Vaquez, donnait 14,5 Mx,
7,5 Mn ; elle n’avait que peu d’exophtalmie; elle avait
E. SERGENT. — SYNDROME DE
encore un léger tremblement; le corps thyroïde restait
assez gros. Il n'y avait aucun signe de lésions pulmo¬
naires, ni à l’auscultation, ni à l'examen radioscopique.
J’ajoutai au traitement opothérapique qu’elle sui¬
vait déjà, des irradiations de corps thyroïde. Je l'ai
revue il y a quelques mois. Elle allait trè| bien.
A ces observations, je pourrais en ajouter
d’autres : ce serait une répétition bien inutile.
Je vous rappelle seulement la jeune fille dont
je vous ai parlé il y a un instant et qui s’est pré¬
sentée à une de nos dernières policliniques du
samedi. Vous vous souvenez tous que le diag¬
nostic fut fait, sans hésitation, par chacun de
nous, dès son entrée dans le cabinet de consulta¬
tion, sur l’aspect de son faciès, aux yeux grande¬
ment exorbités, au regard brillant et humide, et de
son cou volumineux ; un examen complémen¬
taire confirma rapidement notre première im¬
pression en nous permettant de constater une
tachycardie très accentuée (160), des battements
excessifs des vaisseaux du cou, du tremblement
des doigts, le mouvement de pédale, etc... Ce
qu’il y a d’intéressant pour notre sujet, c’est
qu’elle se présentait à nous parce qu’un médecin
lui avait dit l’avant-veille qu’elle était tubercu¬
leuse ; or, elle toussait depuis un mois seulement,
n’avait jamais toussé de sa vie antérieurement et
ne présentait aucun signe stéthoscopique de
lésion pulmonaire ; l’examen de son expec¬
toration bronchitique ne montra pas de bacilles.
Voici maintenant des observations de petit
basedowisme ou, mieux, d’hyperthyroïdie fruste.
Je laisse de côté celles que j’ai recueillies chez
des soldats et qui forment une des catégories de
ces instables de la température et du pouls dont
Eaubry a entretenu la Société médicale des
hôpitaux, il y a quelques mois, et je ne conserve
que les observations qui ont trait à des femmes.
En effet, je veux surtout attirer votre atten¬
tion sur cette donnée clinique, que je considère
comme des plus importantes, à savoir que ces
syndromes d’hyperthyroïdie se rencontrent surtout
aux deux extrêmes de la vie génitale chez la femme.
C’est surtout entre treize et dix-sept ans, et entre
quarante-cinq et cinquante ans, que vous pourrez
les observer, et c’est surtout à ces deux périodes de
la vie féminine que vous devrez songer à la fausse
tuberculose par hyperthyroïdie.
Observation I. — Une fillette de quatorze ans et
demi, réglée depuis l’âge de douze ans, voit ses règles
s'arrêter depuis cinq mois. En même temps, le cou a
augmenté progressivement de volume ; elle a remarqué
qu’un petit collier, qui était large, est devenu trop étroit ;
ses traits sont un peu bouffis ; elle n’a pas d’albumine
BASEDOW ET TUBERCULOSE -83
sa température est instable, toujours au-dessus de la
normale, atteignant souvent 38» à 380,5 le soir.au repos.;
elle tousse constamment, d’une petite toux sèche, sans
expectoration. Elle a été examinée récemment à l’écran
radioscopique et ou aurait trouvé une ombre légère à
l’un des sommets ; il n’en a pas fallu davantage pour
qu’on posât le diagnostic de tuberculose. C’est dans ces
conditions que je suis appelé à l'examiner. Je ne relève
aucun "antécédent personnel ni héréditaire ; mais
j’apprends que la mère a le cou gros, elle aussi, et je !e
constate moi-même. Ea fillette a des seins énormes ;
son corps thyroïde est gros; elle n’a pas d’exophtalmie,
pas de tremblement digital appréciable; le pouls bat 120 ;
la tension artérielle est de 12 Mï- 8 JIn au Vaquez; elle
a de fréquentes bouffées de chaleur.
Je ne constate aucun signe d'auscultation aux pou¬
mons ; je fais faire une radiographie, qui montre l’inté¬
grité des deux poumons.
Je conclus à l'existence d'un syndrome d’hyper¬
thyroïdie, avec perturbations endocriniennes complexes
(aménorrhée, macromastie...) ; je prescris l’hémato-
éthyroïdine, l’ovarine, la valériane. Assez rapidement
les signes d'hyperthyroïdie s’amendent. •
Obs. II. — Une jeune fille de vingt-quatre ans, qui
fut infirmière pendant les premiers mois de la guerre
dans un service de paludéens, se met à maigrir et à
tousser;elle fait 38° tous les soirs et, de temps en temps,
un petit accès plus fort; ses forces disparaissent ; elle
devient asthénique; elle maigrit progressivement et perd
rapidement 12 kilos. Tous ces troubles s’accentuent
peu à peu. Ou la soigne, sans aucun succès, pour de la
tuberculose pulmonaire. Elle vient alors à Paris, au
bout de six à sept mois de traitement. Je la suis depuis
trois ans. J’ai pensé au paludisme ; la recherche de
l’hématozoaire a toujours été négative ; j’ai pensé à
l’appendicite chronique, car elle avait de l’entérite ;
mais, bientôt, j’ai eu l’attention attirée par la dysmé¬
norrhée, par le changement de caractère, qui, de calme,
est devenu irritable, par les palpitations et les bouffées
de chaleur, par la tachycardie persistante, par un petit
tremblement de; doigts ; j’ai constaté une légère aug¬
mentation de volume du corps thyroïde. J’ai donné
l’ovarine et l’hémato-éthyroïdine et, peu à peu, les
troubles se sont amendés. Jamais il n’y a eu le moindre
signe physique d’une localisation pulmonaire.
Obs. III. -— Une fillette de quatorze ans, bien por¬
tante, opérée antérieurement de végétations adénoïdes
et d’appendicite, n’a jamais été bien réglée ; elle a été
formée à treize ans, màis n’a eu que quatre fois ses
règles et à intervalles irréguliers ; chaque ' fois elle a
souffert violemment au point d’être obligée à s’aliter.
Depuis ses dernières règles, c’est-à-dire depuis trois
mois, elle fait un peu de température le soir : 380,2 ; le
matin, elle a 360,5 ; elle s’est anémiée et a maigri ; elle
est devenue paresseuse, apathique, asthénique ; elle a
perdu l’appétit et toussote. Ses parents la croient tuber¬
culeuse. Cependant, il est impossible de trouver le moin¬
dre signe stéthoscopique de lésions pulmonaires ; deux
examens radioscopiques démontrent l’intégrité des
poumons et du médiastin.
Mais le corps thyroïde est nettement perceptible et
un peu douloureux ; il y a des bouffées de chaleur fré¬
quentes.
Ee traitement par l’ovarine et l’hémato-éthyroïdine
est institué, combiné avec le repos ; les fonctions ova¬
riennes ne tardent pus à se régulariser et, peu à peu,
tous les troubles disparaissent.
84' PARIS
. -
Dans plusieurs' autres observations, que j’ai
dans mes fiches, je relève le même cortège de
symptômes chez des jeunes filles.
Chez des femmes, aux approches de la méno¬
pause, même tableau général, avec cette diffé¬
rence que l’équilibre fonctionnel ne se rétablit
que lorsque la ménopause est définitive ; pen¬
dant toute la phase préparatoire, c’est le même
ensemble de symptômes d’hyperthyroïdie et
d’insuffisance ovarienne. Dans ce cas, c’est, à un
degré moindre, l’histoire de la première obser¬
vation de notre premier groupe, à cette diffé¬
rence près que l’hyperthyroïdie est fruste et
n’atteint pas le complet développement qu’elle
a eu dans cette observation.
Cette étude est une démonstration à ajouter
à toutes celles qui signalent les dangers de la
tuberculophobie et les difficultés du diagnostic
différentiel de la tuberculose pulmonaire. Elle
montre une fois de plus ce que je vous ai dit bien
des fois déjà, à savoir que ce diagnostic diffé¬
rentiel nécessite la mise en œuvre de tous les pro¬
cédés d’exploration dont dispose la clinique et
la recherche de tous les groupes désignés phy¬
siques et de symptômes généraux et fonctionnels,
qui doivent se contrôler les uns par les autres.
Des troubles fonctionnels et généraux qui mar¬
quent l’évolution de la tuberculose ne lui appar¬
tiennent pas en propre. Ils n’ont de valeur que
s’ils ont pour substratum une localisation nette¬
ment décelée par les signes physiques. Cette étude
n’aura pas été inutile tout à fait si elle vous laisse
dans l’esprit cette notion si importante dans la
pratique, à savoir que, aux deux extrêmes de la
vie génitale de la femme, vous devez toujours
songer, en présence de certains de ces troubles
fonctionnels et généraux, à l’hyperthyroïdie et
n’admettre la présence de la tuberculose pulmo¬
naire que si elle fait sa preuve.
SOCIÉTÉS SAVANTES
SOCIÉTÉ DE C HIRURGIE
Séance du 7 juillet 1920.
Traitement des Infections chirurgicales par le bouillon
de Delbet. — M. Rouvnj.ois a traité plusieurs anthrax de
la nuque et du dos avec des résultats analogues à ceux
qui ont été communiqués j récédemment par d’autres
chirurgiens.
M. Descomps a utilisé ce traitement dans 17 cas, dix
fois dans des infections localisées (adénites, furonculose,
anthrax, phlegmon mammaire, etc.) avec des résultats
remarquablement constants; trois fois dans des infections
septicémiques avec résultat nul (ce qui avait déjà été
■signalé par M. Delbet) ; deux fois dans des états septlco-
pyoliémiques avec un excellent résultat. M. Descomps
insiste sur ces deux observations parce que jusqu’ici il
n’en a pas été produit d'analogues. II s'agissait, d’une
scptico-pyohémie succédant à un phlegmon périnéphré-
tique avec apparition d’un nombre considérable d’abcès
MEDICAL 24 Juillet ig'20.
métastatiques (150 environ) et d’une autre succédant à’
une arthrite suppurée du genou. IJuns lès deux cas, amé¬
lioration progressive très nette et guérison alors que l’état
paraissait désespéré.
Traitement dos lésions tuberculouses par la méthode
sclérogène (injections de chlorure de zinc au dixième).
•— MauclajRE. a recours à ce traitement et.cn obtient
les meilleurs effets dans les formes hydartlîrosiques.
JI. WAI.TIIER en est très satisfait également pour traiter
les lésions ostéo-articulaires. .’ . .
Ligature de la carotide primitive pour exophtalmos pul¬
satile. — II. LenorMant, avec M. Petit-Dutaii.i.is, a
dû.lier la carotide primitive pour exoplitalmos pulsatile
succédant à une hémorragie secoi daire chez un blessé
de la région pariétd-frontale gauche, sept jours après la
blessure. Pas de troubles cérébraux; l’exophtalmos pul¬
satile n’a pas reparu.
Invagination Intestinale par divertioule de Meokel. —
M. Fabre (de Verueuil) (rapport de M. Savariaud) a
obsevé l’invagination du grêle dans le grêle sur une lon¬
gueur de 16 centimètres au niveau du segment terminal.
Quatre centimètres n’ont pu être désinvaginés ; il a fallu
réséquer. Mort. Dansla pièce, on a trouvé le diverticule de
Meckel, enflammé. Il y a eu invagination chronique avec
petites crises d’obstruction, puis invagination aiguë avec
occlusion qui a provoqué l’intervention.
Danger du drainage filiforme dans les abcès froids tu¬
berculeux. —- M. CapETTe a observé deux tuberculeux
(un-abccs froid costal, un pottique) porteurs de sétons de
crins de Florence placés dans d’autres hôpitaux. Dans les
deux cas, infection mixte caractéristique ; le pottique est
mort cachectique, en trois mois.
■ M. Broca, rapporteur, montre le danger de cette pra¬
tique lamentable, l’infection secondaire, d’autant plus
grave qu’on a affaire à un foyer plus profond.
Hypospadias péno-scrotal traité par tunellisation du
pénis et du gland et tapissage du tunnel par un lambeau
préputial. — M. Martin (de Toulouse). Rapport de
M. Marion.
Traitement dos ulcères perforés du duodénum. —
M. Roux-Berger (rapport de M. Lkckniî), après avoir
suturé un ulcère dù duodénum, en présence du rétrécis¬
sement créé par les sutures, a fait une gastro-entéro¬
stomie postérieure. La malade ayant succombé, on a pu
vérifier quela gastro-entérostomie était absolument indis¬
pensable, en raison du rétrécissement de la .première .por¬
tion du duodénum.
Kystes hydatiques suppurés du foie et du mésocôlon. —
MM. Brun (de Tunis) et Braqueiiaye ont formolé,
ouvert, extirpé et refermé sans drainage cinq kystes hy¬
datiques suppurés. Guérison sans accidents.
M. LücEne, rapporteur, fait observer que cette pra¬
tique n’est pas absolument nouvelle et que de plus elle
n’est pas exempte de dangers. Il faut distinguer entre les
différents kystes hydatiques suppurés ; il y en a de peu
virulents et c’est à des cas de ce genre que les auteurs ont
eu sans doute affaire. Il y en a de franchement phleg-
moneux, chauds, qu’on ne saurait sans danger refermer ;
il serait bon, en tout cas, -avant d'expérimenter la ferme¬
ture sans drainage dans ces cas, de commencer par fermer
tout en fixant à la paroi.
M. Quif nu rapproche des cas observés ci-dessus les
épanchements suppurés, peu virulents qu’on peut obser¬
ver dans la poche, après l’extirpation. H suffit d’une
ponction pour les évacuer et les guérir.
M. Broca, comme les orateurs précédents, distingue
entre les différents kystes suppurés et fait observer que
liquide puriforme ne veut pas toujours dire suppuration.
M. Delbet s’associe à ces réserves.
M. Dujarier n’aurait jamais l’idée de fermer un kyste
véritablement suppuré, fébrile ; mais il a souvent fermé
des kystes à contenu puriforme, sans grande fièvre.
Pleurésie appendiculaire..— M. Lepouïre (de Lille).
Rapport de M. Dujarier.
Traitement des cancers testiculaires. — M. Descomps
préfère l’opération large avec dissection systématique
de toute la lame adipo-lympho-gangliounaire depuis le
fond des bourses jusqu’au pédicule rénal — ce qui n’est
pas à comparer avec la cueillette au hasard de ganglions
supposés malades — à la castration simple, qui cependant
peut donner des succès très certains.
Traitement des fractures par la prothèse métallique. —
M. TUPFIER s’est servi de tous les modes de contention
des fragments, surtout des plaques et des agrafes. Les.
plaques ont constitué un progrès, mais elles font partie du
matériel non résorbable, et ou doit leur préférer les maté¬
riaux résorbables, notamment l’os. JEAN Madier.
Le Gérant: J.-B. BAILLIÈRE.
7855-20. — Corbeii,. Imprimerie CrêtA.
R. LUTEMBACHER.— LES ARYTHMIES DESORDONNEES 85
LES ARYTHMIES
DÉSORDONNÉES
DIAGNOSTIC DE L'ARYTHMIE
COMPLÈTE
le B' R. LUTEMBACHER
Les anciens auteurs avaient isolé une forme
<1’arythmie qu’ils désignaient sous le terme de
delirium cordis et que caractérisait l’irrégularité
extrême du rythme cardiaque.
Ils avaient remarqué que cette forme d’aryth¬
mie une fois constituée est définitive, de telle
sorte qu’il leur parut légitime de lui donner le
nom de « pouls irrégulier perpétuel ». Des recher¬
ches ultérieures démontrèrent que ce caractère évo¬
lutif, malgré sa fréquence, est cependant incons¬
tant, et l’on dut rejeter l’épithète de perpétuel.
Cette forme d’arythmie ne fut bien identifiée
que lorsque l’on eut précisé sa nature et son subs¬
tratum anatomique. On la désigne actuellement
par le nom à!arythmie complète. Elle est engendrée
par des altérations fonctionnelles ou dégénéra¬
tives graves des oreillettes qui les mettent en état
de fibrillation.
L’arythmie complète ainsi comprise n’est qu’une
forme, la plus fréquente peut-être, des arythmies
désordonnées. Il en est d’autres dans lesquelles
la fibrillation des oreillettes n’intervient pas. Elles
sont uniquement déterminées par des troubles
d’excitabilité et de conductibilité.
L’irrégularité extrême du pouls ne suffit pas
pour affirmer l’existence d'une arythmie complète.
Nous chercherons dans cette étude à établir la
distinction théorique et pratique de ces diverses
formes d’arythmies désordonnées. Leur identi¬
fication précise est de toute importance pour la
clinique, chacune d’elles ayant une signification
propre qui nous permet de faire la part des
troubles d’excitabilité, de conductibilité, de
contractilité et de localiser les lésions dans le
myocarde auriculaire, ventriculaire ou dans le
faisceau primitif.
I.— L’arythmie complète.
Nous rappellerons toutd’abord ce qu’est l’aryth¬
mie complète dans sa forme pure. Anatomique¬
ment, elle est engendrée par une altération fonc¬
tionnelle ou dégénérative grave des fibres auricu¬
laires telle que celles-ci sont animées d’un trem¬
blement fibrillaire qui rappelle celui des fibres
.striées en voie de dégénérescence. Elles cessent de
N’ 31. — 31 Juillet igio.
se contracter synergiquement, de sorte que les
oreillettes, sans être complètement paralysées,
sont physiologiquement inactives.
La suppression de l’activité musculaire des oreil¬
lettes est sans conséquence grave pour la dyna¬
mique circulatoire, leur rôle n’est que secondaire;
la cavité des oreillettes mêmes continue à se bien
vider tant que les ventricules se contractent vigou¬
reusement.
Mais l’état de fibrillation auriculaire apporte
des perturbations considérables dans le rythme
cardiaque. Le cœur, en effet, n’est pas seulement
composé d’éléments musculaires, il est en quelque
sorte doublé par un système de fibres spéciales
ayant les propriétés des tissus nerveux, qui
assurent sa contraction rythmique. Ces fibres
naissent au sinus, au nœud de Keith et Flack ;
s’éparpillent en un certain nombre de fibrilles qui
traversent, les oreillettes sous l’endocarde ; ces
fibrilles se rassemblent au nœud de Tawara pour
former la partie tronculaire du faisceau primitif,
c’est le faisceau auriculo-ventriculaire, qui se
divise en deux branches, chacune d’elles se subdi¬
visant dans les deux cavités ventriculaires.
Les lésions qui frappent les oreillettes intéressent
non seulement les fibres musculaires, mais aussi
le système primitif dans sa traversée auriculaire ;
à ce niveau, nous l’avons dit, il est représenté
par d’assez nombreuses fibrilles ; au cours de
l’arythmie complète, ces dernières ne forment plus
un réseau continu, elles sont anatomiquement ou
physiologiquement fragmentées en de nombreux
petits segments.
Comment, dans ces circonstances, naît et se pro¬
page le stimulus qui déclenche la contraction des
cavités cardiaques? Le stimulus sinusal ne peut
traverser la partie auriculaire du faisceau ainsi
morcelé, il cesse donc de diriger le rythme car¬
diaque.
Des stimuli multiples, désordonnés et de force
inégale, naissent à tout instant dans la partie auri¬
culaire du faisceau qui dégénère ; chaque petit
fragment de tissu primitif forme autant de centres
autonomes, en état d’irritation constante. C’est de
ces foyers que vont naître les stimuli désordonnés
qui dirigeront désormais le rythme du cœur.
. Ces stimuli ne sont pas seulement anormaux
par le fait qu’ils naissent hors du sinus, ils se
distinguent des stimuli extrasystoliques qui
tirent quelquefois leur origine de cette même partie
auriculaire du faisceau. Le stimulus hétérotope
et prématuré de l’extrasystole né dans un faisceau
auriculaire intact en quelque point que ce soit, se
transmet aussitôt à l’ensemble du faisceau auri¬
culaire et provoque la contraction synergique de
N° 31
86
PARIS MEDICAL
toutes les fibres musculaires de l’oreillette, c’est-
à-dire une systole effective de celle-ci.
Au cours de la fibrillation, des stimuli multiples
naissent dans un réseau auriculaire fragmenté ;
un grand nombre, à défaut de connexions, meurent
sur place, d’autres interfèrent entre eux, quelques-
uns seulement se frayent un passage jusqu'au
faisceau auriculo-ventriculaire : là encore, beau¬
coup sont arrêtés, les plus forts seuls atteignent
le ventricule.
1/action de ces stimuli sur. le myocarde auri¬
culaire est tout autre que celle du stimulus extra¬
systolique; ils n’engendrent que des contractions
fibrillaires désordonnées, asynergiques, qui n’abou¬
tissent pas à une systole effective des oreillettes.
Quelque soit donc le caractère désordonné d’une
arythmie extrasystolique de type auriculaire, on
ne peut théoriquement la confondre avec l’aryth¬
mie complète : dans un cas, les oreillettes se
contractent ; dans l’autre, elles sont en état de
fibrillation.
Nous avons dit qu’un petit nombre seulement
des stimuli nés dans les oreillettes se transmettent
jusqu’aux ventricules. Ees systoles ventriculaires
qu’ils provoquent sont irrégulières dans leur hau¬
teur et leur espacement, sans qu’il y ait de rapport
constant entre la longueur de la pause diastolique
et la hauteur de la pulsation qui la suit. Une pulsa¬
tion forte peut succéder à une pause diastolique
courte et inversement.
Un tel cardiogramme semble dénoter une per¬
turbation profonde des propriétés fondamentales
du cœur, et cependant l’irrégularité des stimuli
nés dans les oreillettes en fibrillation, et surtout
leur force inégale suffit pour déformer le cardio¬
gramme sans qu’interviennent les troubles de
conductibilité ou de contractilité.
Ea distinction théorique entre l'arythmie com¬
plète et les arythmies désordonnées par troubles
de conductibilité ou d’excitabilité est donc bien
établie. En pratique, leur diagnostic offre des dif¬
ficultés très inégales, suivant les circonstances.
Nous étudierons successivement à ce point de vue
les arythmies désordonnées par blocage simple,
par extrasystole, par « flutter ».
II.— Diagnostic des arythmies désordonnées.
A. Arythmies désordonnées par blocage
simple. — Des troubles légers de conductibilité
gênent la progression du stimulus sinusal à tra¬
vers le faisceau de His, sans l’entraver complète¬
ment. Celui-ci continue à diriger le rythme ventri¬
culaire sans que le centre autonome intervienne.
Ea traversée du faisceau est plus ou moins
longue, suivant que le trouble de conduction
31 Juillet IÇ20.
s’atténue ou s’exagère. Ee passage même des
stimuli fatigue en quelque sorte le faisceau, l’es¬
pace ac s’allonge jusqu’à ce que toute conduction
devienne momentanément impossible. Ee stimu¬
lus sinusal est bloqué. A la faveur de cette pause
ventriculaire, le faisceau récupère sa conducti¬
bilité et le cycle recommence. Cette succession de
pulsations plus ou moins retardées et de pauses
ventriculaires donne lieu à des arythmies pério¬
diques ou à des arythmies désordonnées (fig. 1).
Celles-ci simulent, à l’auscultation, la brady¬
arythmie complète, mais l’erreur se dissipe si
l’on prend soin de recueillir des tracés : ou
retrouve toujours des ondes a bien formées,
marques évidentes de l’activité auriculaire.
E’interprétation des phlébogrammes ne devient
difficile que dans les cas où des troubles d’excita¬
bilité s’ajoutent au défaut de conduction.
B. Arythmies désordonnées par extra¬
systoles. — Des extrasystoles nombreuses,
interrompant à tout instant le rythme sinusal,
se mêlant à des « bouffées de tachysystolie »,
déterminent un tel désordre des pulsations que,
sans le secours des méthodes graphiques, on
conclurait à tort à une arythmie complète.
E’analyse des tracés est simple quand les bouf¬
fées de tachysystolie s’isolent nettement des extra¬
systoles et dés reprises du rythme sinusal.
Elle est plus complexe lorsque ces accidents
s’intriquent et lorsque le foyer d’origine des stimuli
hétérotopes subit de continuels va-et-vient sur le
trajet du faisceau auriculo-ventriculaire les extra¬
systoles étant alternativement de type nodal ou
supranodal (fig. 2, 3 et 4).
Cependant, les reprises du rythme sinusal, l’ap¬
parition d’extrasystoles supranodales permettent
de retrouver des ondulations a, et d'affirmer que
la contraction auriculaire reste effective.
E’analyse des tracés devient impossible, si les
extrasystoles sont de type nodal et si les reprises
du rythme sinusal sont très rares.
En effet, nos méthodes d’investigation clinique
ne sont pas celles de l’expérimentation. Chez
l’animal, lorsque le thorax est ouvert, alors même
que la contraction des oreillettes et des ventri¬
cules est simultanée, la systole auriculaire n’en
est pas moins visible et facile à enregistrer isolé¬
ment par la méthode dite de suspension.
Sur les phlébogrammes, on n’inscrit pas les
variations de pression dans chaque cavité car¬
diaque, les ondes né se dissocient que si elles ne
sont pas simultanées.
Or, avec les extrasystoles nodales, les ondes
a et c sont fusionnées ; dans un grand nombre
PARIS MEDICAL
31 Juillet 1920
d’extrasystoles auriculaires, l’onde a prématurée
se confond avec l’onde v précédente.
Dans ces circonstances, si les extrasystoles se
poursuivent nombreuses, on ne peut retrouver la
marque de l’activité auriculaire et rejeter l’hypo -
thèse d’une arythmie complète, d’autant qu’on a
signalé, au cours de celle-ci, des réapparitions
accidentelles de l’onde a.
Pour trancher ces difficultés, on a voulu trouver
dans la forme ventriculaire du pouls veineux une
R. LUTEMBACHER. — LES ARYTHMIES DESORDONNEES 89
preuve indirecte de l’inactivité des oreillettes, Da
fermeture des valvules auriculo-ventriculaires se
fait mal, si elle n’est pas préparée par un acte
auriculaire. Il existerait, dans l’arythmie complète,
une insuffisance fonctionnelle analogue à celle que
l'on observe dans les pouls lents avec dissociation.
Cette hypothèse est légitime, mais le léger reflux
tricuspidien qui se produirait dans ces conditions
n’atteindrait pas la jugulaire et s’épuiserait dans
l’oreillette tant que celle-ci se viderait bien.
En réalité, le pouls veineux ventriculaire dépend
de la stase auriculaire, et c’est pourquoi ou l’ob¬
serve si souvent chez les cardiaques asystoliques,
en l’arythmie complète.
On ne peut considérer cette forme du phlébo-
granime comme un signe indirect de l’inactivité
des oreillettes. D’ailleurs, Clarac a rapporté plu¬
sieurs observations d’arythmie complète, dans
lesquelles les ondes ce tv étaient séparées par une
encoche. Toutefois, lorsque, au lieu de se limiter à
une simple encoche, la dépression x est profonde,
ce fait est toujours l’expression d’une forte dias¬
tole auriculaire et suppose la conservation d’une
systole active de l’oreillette.
De cardiogramme peut-il nous fournir un
meilleur élément de diagnostic? C’est ce que
nous devons envisager maintenant.
Dans la fibrillation auriculaire, les systoles ven¬
triculaires sont irrégulières dans leur hauteur et
leur espacement, sans qu’il y ait de rapport cons¬
tant entre la longueur de la pause diastolique et la
hauteur de la pulsation qui la suit : une pulsation
forte peut succéder à une pause diastolique courte
et inversement. U11 tel cardiogramme dénote une
perturbation profonde des propriétés fondamen¬
tales du cœur. Est-il caractéristique de l’arythmie
complète et 11e peut-on l’observer dans les ary¬
thmies extrasystoliques?
De cœur, après sa contraction, entre dans un état
réfractaire et ne récupère que progressivement ses
propriétés ; c’est pourquoi les extrasystoles sont
habituellement plus faibles que les systoles, et cela
d’autant plus qu’elles sont précoces.
Cependant, Rilil a montré expérimentalement
que les extrasystoles sont quelquefois plus vi¬
goureuses que les contractions normales. Nous
avons observé le même fait chez l’enfant au cours
de la diphtérie. Ce dernier, comme l’animal sain,
possède un myocarde qui sort rapidement de son
état réfractaire ; dès lors, il suffit que le stimulus
liétérotope l’emporte en vigueur sur le stimulus
sinusal pour que la force de l’extrasystole dépasse
celle des'systoles. Il existe, en outre, dans les
formes légères d’intoxication diphtérique, un cer¬
tain degré d’éréthisme cardiaque avec exagération
brusque de la force contractile du cœur, qui favo¬
rise la production du phénomène.
D’absence de tout rapport entre la longueur de
la diastole et la hauteur de la pulsation qui la
suit n’est donc pas pathognomonique de l’arythmie
complète.
Des caractères évolutifs de cette arythmie pré¬
sentent une plus grande valeur diagnostique. Une
fois constituée, elle est le plus souvent définitive ;
de telle sorte que les anciens auteurs avaient em¬
ployé, pour la désigner, l’expression de pouls irré¬
gulier perpétuel. Des arythmies extrasystoliques
ont, au contraire, uiie évolution plus rapide et
changent rapidement d’aspect.
Cette règle n’est pas toujours vérifiée. Elle ne
s’applique qu’aux états de fibrillation liés à des
lésions organiques chroniques des oreillettes ;
mais des troubles fonctionnels d’ordre toxique
engendrent des arythmies complètes paroxystiques,
semblables à celle que provoque la faradisation
des oreillettes.
Inversement aussi, des arythmies désordonnées
par extrasystoles se prolongent parfois pendant
plusieurs semaines.
Seul, l’életrocardiogramme permet d’identifier
l’arythmie complète dans les formes paroxys¬
tiques, en révélant l’état de fibrillation auriculaire.
C. Arythmies désordonnées par tachy-
systolie auriculaire ou « fiutter ». — Da
tachysystolie auriculaire ou « fiutter » n’est
qu’une forme de la tachycardie paroxystique.
Celle-ci n’est pas seulement caractérisée par l’accé¬
lération extrême du rythme comme la tachycardie
sinusale, mais encore par l’origine liétérotope du
stimulus qui naît le plus souvent dans la partie
auriculaire ou auriculo-ventriculaire du faisceau.
Ce sont des « extrasystoles massées » qui, au lieu de
s’intercaler de temps à autre au milieu du rythme
sinusal, le remplacent complètement pendant un
temps plus ou moins long. Dans le « fiutter »,
contrairement à ce qui se passe dans la tachycardie
totale, les oreillettes seules précipitent leur
rythme ; elles battent à 200 ou 300, alors que les
pulsations ventriculaires 11e dépassent pas 70
ou 80.
Des contractions auriculaires et ventriculaires
restent cependant solidaires ; il n’y a pas de disso¬
ciation complète, mais ce n’est qu’une fois sur
deux ou trois que le stimulus auriculaire entraîne
la contraction des ventricules. De rythme ventri¬
culaire reste régulier; lorsque le nombre des pul¬
sations auriculaires est exactement le double ou le
triple de celui des ventricules, ou dit qu’il y a
rythme 2/1 ou 3/1. Mais il existe des « fiutters »
9 ° PARIS MEDICAL 31 Juillet ig2o
irréguliers qui rentrent dans l’étude des arythmies
désordonnées.
Théoriquement, l'arythmie complète et le flutter
sont distincts. La fibrillation auriculaire n’abou¬
tit pas à une systole effective des oreillettes. Le
flutter, au contraire, est constitué par la succession
de contractions rapides, plus ou moins énergiques,
des oreillettes.
L’irrégularité du rythme qui caractérise certains
flutters tient sans doute à ce que les stimuli préci¬
pités qui entretiennent la tachysystolie auriculaire
sont plus ou moins énergiques. En outre, lorsque
le nombre des battements auriculaires n’est pas
exactement le double ou le triple des pulsations
ventriculaires, les stimuli nés dans les oreillettes
atteignent le faisceau de His et le myocarde ven¬
triculaire à des périodes fonctionnelles qui ne sont
pas équivalentes. Les uns surviennent en plein
état réfractaire, ils sont bloqués ; les autres sur¬
prennent le cœur à un moment où il sort de cet
état réfractaire sans avoir récupéré entièrement sa
conductibilité et sa contractilité. Les pulsations
ventriculaires qui répondent à ces incitations sont
retardées et plus faibles.
Comment peut-on pratiquement identifier ces
flutters irréguliers? Comme la tachycardie paroxys¬
tique, ils évoluent par crise : leur début est subit,
leur terminaison brusque ; ils sont accompagnés de
palpitations et d’angoisse.
O11 trouve parfois sur les plilébogrammes la
trace des battements auriculaires, mais ils sont
souvent trop rapides et trop faibles pour être enre¬
gistrés sans le secours de l’électrocardiograpliie.
Dans certains cas complexes, le problème reste
inextricable : il n’est pas toujours possible de
distinguer sur l’électrocardiogramme la fibrilla¬
tion auriculaire et le « flutter ». Toutes les
transitions existent en effet entre les grosses et
les fines fibrillations, mais il s’agit là de faits de
passage.
Une étroite parenté relie entre elles toutes les
arythmies auriculaires, et une nouvelle difficulté
de diagnostic tient à ce qu’elles se succèdent par¬
fois avec une grande rapidité. Dans la diphtérie,
on voit des arythmies désordonnées par extrasys¬
toles se transformer en « flutter », en arythmie
complète, suivant le degré de l’intoxication.
Schrumpf rapporte que, sous l’influence de la
quinine, on voit l'arythmie complète se transfor¬
mer en flutter.
Pour cet auteur il n’existe entre l’extrasystolie
auriculaire, la tachysystolie auriculaire régulière
ou irrégulière et la fibrillation que des différences
quantitatives. Ces arythmies sont l’expression d’une
même lésion de l’appareil nerveux intracardiaque
intéressant la partie toute supérieure du faisceau
primitif. Certains auteurs n’admettent plus eu
effet la multiplicité des foyers d’excitation pour
expliquer la fibrillation auriculaire. Celle-ci ne
serait qu’une forme de « flutter » dans lequel la
fréquence des stimuli nés dans la partie toute
supérieure du faisceau serait telle que les contrac¬
tions auriculaires qu’ils provoqueraient seraient
trop rapides pour être effectives. Cette conception
de l’arythmie complète s’applique peut-être à
certaines formes paroxystiques de fibrillations
d’ordre toxique : est-elle applicable à toutes, en
particulier à celles que l’on observe au cours des
lésions scléreuses et dégénératives des oreillettes?
Quoi qu’il en soit de ces notions pathogéniques,
quelle que soit la parenté de ces arythmies, elles
se distinguent par ce fait que la contraction effec¬
tive des oreillettes est conservée dans les unes,
supprimée dans l’autre.
III. — Les formes de l’arythmie complète.
Le diagnostic des arythmies est encore compli¬
qué par ce fait, qu’elles se combinent suivant
des modes variés.
Dans l’étude comparative des arythmies désor¬
données, nous n’avons envisagé jusqu’ici que les
formes pures de l’arythmie complète, celles dans
lesquelles l’état de fibrillation auriculaire explique
à lui seul tous les accidents observés, sans qu’inter¬
viennent des troubles de conductibilité ou de
contractilité:
Mais, fort souvent, les lésions ne se limitent pas
aux oreillettes, la fibrillation auriculaire se com¬
plique d’altérations plus ou moins graves du fais¬
ceau de His ou des ventricules.
Les troubles de conduction se décèlent aisément
au cours de l’arythmie complète : la bradyaryth¬
mie remplace la tachyarythmie. Les lésions du
faisceau de His sont-elles plus graves encore,
la dissociation s’établit ; un rythme autonome
régulier masque la fibrillation auriculaire. Ces
transformations de l’arythmie présentent l’avan¬
tage de mettre les ventricules à l’abri des trop
nombreuses incitations qui partent de l’oreillette
et l’obligent à se contracter presque à vide, mais
elle n’en indique pas moins une nouvelle extension
des lésions.
Quant aux troubles de contractilité qui accom¬
pagnent l’arythmie complète chez les cardiaques
asystoliques, il est impossible de les déceler par
les méthodes graphiques. L’irrégularité des pulsa-
sions ne permet pas, comme dans les phénomènes
d’alternance, de dépister la défaillance du myo-
G. MILIAN. — SYPHILIS. RÉACTION D’HERXHEIMER
9i
carde ; la valeur inégale des stimuli qui naissent
dans l’oreillette en fibrillation suffit pour déformer
le cardiogramme. Mais les signes d’insuffisance
cardiaque, les données radioscopiques mettent
suffisamment en évidence la défaillance des ven¬
tricules et leur état de dilatation.
On ne saurait trop insister sur la différence
essentielle qu’il importe d’établir au point de vue
du pronostic entre la forme pure de l’arythmie
complète et ses formes compliquées. « Cette va¬
riété d’arythmie, dit M. Vaquez à propos de
l’arythmie perpétuelle, a une singulière fortune.
Iv’observe-t-on, comme il est si fréquent, au cours
des états asystoliques, 011 l’estime d’une haute
gravité ; vient-elle au contraire à être reconnue
chez des sujets qui semblent par ailleurs indemnes
de toute affection cardiaque, 011 la considère
comme de peu de valeur et sans pronostic fâcheux.
Pourquoi un jugement aussi différent? C’est
apparemment que l'arythmie perpétuelle, si elle
est l’arythmie la plus fréquemment rencontrée,
est aussi la moins connue. »
Schrumpf admet que la plupart des arythmies
complètes sans insuffisance cardiaque prononcée
sont dues au « flutter » et non à la fibrillation auri¬
culaire ; dans le flutter, en effet, le travail des
oreillettes n’est pas perdu pour la circulation. Il
est possible qu’un flutter irrégulier prenne le
masque de l’arythmie complète, mais il n’est pas
douteux non plus que certaines arythmies com¬
plètes par fibrillation auriculaire sont indéfiniment
tolérées. Il suffit pour ce'a que les lésions des
oreillettes soient isolées. L,e désordre extrême
du rythme constitue tout le trouble morbide.
Pes oreillettes ne jouant qu’un rôle secondaire
dans la dynamique circulatoire, l’état de fibrilla¬
tion qui aboutit à leur suppression fonctionnelle
reste sans conséquence.
Pes formes graves de l’arythmie complète sont
des formes compliquées dans lesquelles s’ajoutent,
aux lésions auriculaires, des altérations du myo¬
carde ventriculaire. Aux désordres du rythme
s’ajoutent tous les accidents de l’asystolie.
Le ternie d’arythmie totale devrait être réservé
pour ces formes compliquées de l’arythmie com¬
plète, puisque le désordre rythmique résulte d’une
altération de toutes les propriétés du cœur.
SYPHILIS
RÉACTION D’HERXHEIMER
BIOTROPISME MICROBIEN
le D' G. MILIAN
Médiciu de l'hô.dtal Sainl-I,ouis.
Vobservation suivante est intéressante à plus
d’un titre. Mais nous la rapportons surtout parce
qu’elle est un exemple typique, et objectivement
démontrable, de ce que j’ai décrit sous le nom de
biotropisme microbien thérapeutique, c’est-à-dire
de reviviscence d’un microorganisme latent (ici le
streptocoque) sous l’influence de l’introduction
dans l’organisme d’une substance médicamenteuse.
Ce biotropisme microbien explique bien des
accidents dits toxiques et bien des idiosyncrasies.
Voici cette observation :
' G... Marie, âgée de vingt-trois ans, entre le 8 juillet 1919.
atteinte d’un vaste chancre syphilitique de la région lom¬
baire et de sypliilides cutanées maculeuses (roséole),
papuleuses et croûteuses, extrêmement abondantes, les
syphilides datant de huit jours.
Le chancre présente une zone ulcérée centrale, couleur
chair musculaire, deladimensiou d’unepiècedecinqfrancs;
et une zone périphérique d’infiltration jambonuée. Il
s’accompagne d’un gros ganglion inguinal droit. Il
remonte à un mois et est consécutif à une morsure faite
un mois auparavant au cours de rapports sexuels. Cette
lésion avait été prise pour un furoncle.
Il n’y a pas de lésions muqueuses buccales ou vulvaires.
Le col de l’utérus est normal.
Il y a quelques ganglions cervicaux, épitrochléens
et axillaires.
G... souffre de la tête surtout le soir et la nuit, et d’une
insomnie accompagnée de cauchemars. Il existe de
l’alopéciedela queue des sourcils et les cheveux tombent.
La température se maintient matin et soir à 37°,9.
Le système nerveux, le cœur, les poumons sont objecti¬
vement sains.
La malade est en même temps atteinte de gale.
Les antécédents personnels de la malade sont bons.
Elle a eu une courte bronchite, il y a trois mois. Elle a
donné naissance à un enfant à terme aujourd'hui âgé
de sept ans et bien portant. Elle a fait une fausse couche
il y a cinq mois, mais cette fausse couche a été voloutai-
remuit provoquée.
Une injection intraveineuse de 30 centigrammes^de
novoarsénobenzol est pratiquée le 12 juillet. Cette
injection provoque le jour même une violente réaction
fébrile qui, neuf heures après l’injection, atteintJ41 0 .
Céphalée, frissons et sueurs accompagnent cet accès.
Le lendemain, 13 juillet, la température du matin est
encore à 38°,4. L’éruption est elle-même considérable¬
ment modifiée par une violente réaction locale : la partie
ulcérée du chancre est plus large et plus suintante, tandis
que la zone papuleuse périulcéreuse est plus éteinte. Le
reste de l’éruption a subi une recrudescence formidable :
autour de chaque papule existe une zone érythémateuse,
de la surface de deux francs, presque urticarienne, qui
double ou triple l’étendue de l’éruptioné_Cette zone
92
PARIS MEDICAL
érythémateuse conflue aux deux seins; au point que ceux-
ci, assez volumineux par eux-mêmes, sont rouges en tota¬
lité. Les papules elles-mêmes sont devenues presque bul¬
leuses, l’œdème soulevant l’épiderme à leur surface. Il
existe en effet du liquide sous cet épiderme. Examiné
à l’ultramicroscope, ce liquide n’a pas montré de trépo¬
nèmes. La malade éprouve une grande fatigue. Elle
montre une ligne blanche surrénale évidente. Son
pouls est à 92. La tension artérielle au Paclion est de
13,5 Mx-9 Mu.
Le 1 j juillet le chancre est sec. Les syphilides périchan-
creuses sont affaissées. Les autres lésions cutanées s’affais¬
sent également et sont en voie de décoloration. La tension
artérielle est de 16-10.
Le 17 juillet deuxième injection intraveineuse de no¬
varsénobenzol (osr,3o), Réaction générale d’Herxheimer
moins marquée que la précédente : céphalée et frissons
moins accusés. T. maxima = 40 dix heures après l’injection.
31 Juillet 1920.
(of.ts). Injection très bien supportée, avec seulement
un peu de céphalée et de frissons.
12 août, extension légère de la plaque érysipélateuse
vers la hanche gauche.
14 août, disparition de toute rougeur en dehors du
sein. Le sein reste gonflé mais moins rouge.
16 août, injection intraveineuse de novarsén >benzol
(° er >45)• Très bien supportée.
18 août, nouvelle poussée érysipélateuse du sein avec
des douleurs moins fortes que la précédente.
19 août, propagation vers la région préaxillaire gauche.
20 août, chute de tout phénomène inflammatoire,
mais il y a sur le sein.encore tendu, des canaux lympha¬
tiques dilatés, orientés en rayons vers le mamelon, trans¬
lucides.
21 août, injection intraveineuse de novarsénobenzol
(o«,6o). Céphalée, frissons, trois vomissements. Rien au
sein les jours suivants.
si
1
w
1
m
Si
ii
\ | :
m
Réaction d’rteixiieimer récidivante. Reprise du syndrome fébrile mais décroissante à trois doses su tessives de o' r ,3o.
Réapparition à chaque élévation de dose, deux fois à 45, une fois à 60, pour s’éteindre à 75 (fig. 1).
Le 18 juillet, il n’y a pas de réaction locale. Au contraire!
chancre et lésions cutanées s’affaissent.
Le 19 juillet, traînée lymphangitique du coude droit
galeux, sans exacerbation notable de la température.
TA ■= 15 Mx-9 Mn.
Le 23 juillet, rougeur érysipélateuse du sein gauche
pris et gonflé en totalité. La température s’élève à
4o°,5. Pendant deux jours la malade est mise au cyanure.
Le 26 juillet, malgré la dermite érysipélateuse du sein,
injection intraveineuse de novarsénobenzol (o* r ,3o),
qui cette fois ne sla/compagne que d’une réaction fébrile
faible, atteignant à peine 38°.
Le27, l’érysipèle du sein est à peu près entièrement dis¬
paru et le 29 il est expressément noté que le bras droit et
le sein gauche ont repris leur aspect absolument normal.
Par contre, le 30, nouvelle poussée érysipélateuse de la
masse totale du sein, véritable réveil de toute la rou¬
geur antérieure, sans aucune excoriation cutanée capable
d’expliquer une contamination nouvelle.
Le 2 août, retour du sein à l’état normal. T. = 37°,i.
Le 4 août, inject'on intraveineuse de novarsénoben-
;ol (o« r , |s). Céphalée vive, nausées, frissons. T. = 40°.
5 août, réapparition d'une vive rougeur du sein gauche,
qui est très douloureux et extrêmement tendu, bien que la
température ne s'élève qu’à 370,5. La plaque érysipéla¬
teuse gagne le thorax et se propage jusqu’au dos.
7 août, le placard diminue d’étendue, devient moins
rouge, de couleur plus sombre. A la partie déclive du
sein, une collection supputée est en imminence, saillante,
presque fluctuante.
10 août,rougeur moindre du sein. La collection semble
se résorber.
10 août, injeefon intaveineuse de novarsénob-nzol
26 août, injection intraveineuse de novarsénobenzol
(o« r ,6o).
27 août, nouvelle poussée de dermite érysipélateuse du
sein gauche, alors que celui-ci 11e présente toujours aucune
éraillure, aucune porte d’entrée, mais beaucoup moins
marquée qu’aux poussées précédentes. Le scia est néan¬
moins toujours gros, presque doublé de volume, tendu;
toute sa masse paraît infiltrée. Il existe toujours sur
la peau des saillies linéaires translucides de quelques
centimètres de long, radiaircment dirigées vers le mame¬
lon, qui paraissent des lymphatiques dilatés.
30 août, injection intraveineuse de novarsénobenzol
(o« r ,6o). Nausées, un vomissement. Pas de réaction
inflammatoire du sein les jours suivants.
5 septembre, injection intraveineuse de novarséno¬
benzol (o* r ,75).
6 septembre, légère réaction inflammatoire du sein qui
dure quarante-huit heures.
10 septembre, injection intraveineuse de novarséno¬
benzol (o«',75). Une heure après l’injection, le sein gauche
devient rouge.
Le 11, le sein est plus rouge encore et surtout plus
tendu.
Le 12, la poussée inflammatoire diminue.
Le 14, le sein reste encore rouge et gonflé.
17 septembre, injection intraveineuse de novarséno¬
benzol (o» r ,75). Sérum Leclainche, 50 centimètres cubes
sous la peau de l’abdomen.
18 septembre. Le sein est plus gros et plus tendu, mais
il 11’y a pas de rougeur.
23 septembre, injection intraveineuse de uovarsé-
noben-.ol (o«',75). Au point de la piqûre du sérum de
Leclainche, presque aussitôt après l’injection iutravei-
G. MILIAN. — SYPHILIS. RÉACTION D’HERXHEIMER
lieuse de novarsénotenzol, apparut une plaque érysipé¬
lateuse de la dimension d’une paume de main, qui le
lendemain formait une vaste plaque rouge œdémateuse,
chaude, très prurigineuse.
Le 26, la plaque sous-ombilicale pâlit.
Le 28, elle a fortement rétrocédé et ne laisse qu’une
pigmentation.
24 septembre, injection intraveineuse de novarséno-
benzol (<)««,75).
29 septembre, iuject'on intraveineuse de mvarséno-
len ol (o«',9o).
Cette fois, le sein n’a pas présenté de poussée infl m-
matoire. Il reste encore rosé et un peu augmenté de
volume des poussées précédentes.
La malade sort de l’hôpital le i cr octobre. Pour tâcher
d’en terminer avec ces poussées érysipélateuses, elle
reçoit ce jour à nouveau 50 centimètres cubes de sérum
de Leclainche.
Or, le 10, elle fit au lieu injecté (face externe de la
cu’sse droite) une grosse réaction locale occupant toute
la hauteur de la cuisse et qui tint la malade au lit pen¬
dant trois jours.
Cette malade a fait, le 15 octobre, un gros adénophleg-
mon claviculaire droit qu’il a fallu inciser et dont le pus
renfermait du streptocoque en abondance et à l’état
«le pureté, montrant l’imprégnation streptococcique de
cette malade.
Plusieurs points de cette observation méritent
(l’être mis en relief :
i° La localisation rare, par morsure sexuelle, du
chancre syphilitique à la région lombaire.
2° L’intensité de la réaction d’Herxheimer,
parallèle d’ailleurs à l’intensité des phénomènes
éruptifs et qui se manifesta :
a. Au point de vue général, par une température
de 41 0 , avec violente céphalée, frissons et sueurs ;
par sa reproduction à la deuxième injection avec
40° de température, à la troisième avec 38°, mal¬
gré la persistance à même dose de 30 centigram¬
mes ; par sa réapparition à chaque élévation de
doses, deux fois à 45, une fois à 60, pour s’éteindre
à 751
b. Au point de vue local, par la turgescence et le
suintement du chancre ; par l’apparition autour de
chaque élément papuleux d’un large halo, urti¬
cation et, au sommet de chaque papule, d’un
soulèvement épidermique, véritable bulle, indice
de la violente exsudation séreuse, intrapapuleuse.
Il faut souligner l’intensité de ces phénomènes.
Ici, ils sont visibles et leur existence ne peut être
discutée. Ils montrent que les viscères cachés
peuvent produire des réactions analogues, qu’il
ne faut pas mettre sur le compte de l’intoxication
médicamenteuse et qui sont justiciables dès lors
d’une continuation thérapeutique et non de la
cessation (1).
3 0 L’apparition au cours du traitement, puis la
reviviscence à chaque injection, d’une poussée
de dermite érysipélateuse du sein, exemple des plus
démonstratifs du biotropisme microbien (2), qui
explique.nombre d’accidents de la thérapeutique
arsenicale.
Sept jours après la première injection de novar-
sénobenzol, deux jours après la seconde, apparut au
coude droit une lymphangite tre nculaire, qui, dix
jours après la première injection, se développait au
sein gauche. Le sein devenait rouge, gonflé, aug¬
menté de volume d’un tiers, chaud, turgescent,
le tout accompagné d’une température de 4o°,5.
La poussée érysipélateuse diminua en deux jours,
mais ne disparut pas, le sein restant encore gros et
sensible ; à chaque injection de uovarsénobtnzol,
dans les heures qui suivaient ou le lendemain, lesein
redevenait turgescent et volumineux pour deux
ou trois jours ; à l’une des injections, la rougeur
érysipélateuse se propagea même jusqu’au flanc,
sur une vaste étendue, pour retomber ensuite.
4° Cette reviviscence streptococcique s’étei¬
gnit après l’injection sous-cutanée de 50 centi¬
mètres cubes de sérum polyvalent de Leclainche.
Le sérum fut administré le même jour que la
onzième injection de novarsénobenzol. La revi¬
viscence streptococcique se produisit encore après
cette onzième injection, mais s’éteignit définiti¬
vement à partir de cette époque.
I'aut-il voir là une vaccination progressive de
l’organisme après chaque poussée streptococcique
dont chacune devenait successivement moins in¬
tense? Cela est possible,carj’en ai observé des exem¬
ples pour les furonculoses se produisant au cours des
traitements par l’arsénobenzol. Mais l’intervention
subite du sérum de Leclainche, suivie de la dispa¬
rition subite de ces poussées streptococciques, qui
jusqu’alors se produisaient systématiquement,
me paraît d’autant plus le facteur de guérison que
ce sérum 111’a fréquemment donné d’excellents
résultats thérapeutiques dans diverses variétés
d’infections dont le streptocoque 11’était pas exclu.
5° Huit jours après l’injection de sérum,
apparition au point piqué d’une vaste plaque
érythémateuse érysipélatoïde, prurigineuse, immé¬
diatement après la douzième injection de novar¬
sénobenzol et à son occasion. Une deuxième injec¬
tion de sérum faite en un autre point du corps
(la cuisse), treize jours après la première, pro¬
voqua une réaction locale encore plus violente
que celle survenue primitivement et immobilisa
la malade douze jours au lit.
Nous signalons simplement ce dernier fait sans
chercher à l’interpréter.
(1) Voy. à ce sujet JVI11.IAN, La réaction d’Herxheimer (Paris (2) Miman, Erythèmes, arsénobenzol et rubéole [Paris mW-
mcdical, 15 nov. 1913, page 537). cal, 11 août 1917, page 131).
94
PARIS MEDICAL
ACTUALITÉS MÉDICALES
Signe de Babinski et température des
pieds.
D’après Noica et A. Radoirci (Rcv. neurolog., 1919.
ii° 12), la température locale de la plante du pied influe
sur la production du signe de Babinski. De refroidisse¬
ment de cette région fait diminuer ou disparaître le
phénomène en question ; il en est de même de l’anesthésie
au chlorure d’éthyle, même dans les cas où la région était
primitivement insensible. Par contre, en réchauffant les
pieds, on peut faire apparaître le réflexe de Babinski dans
des cas où il semblait faire défaut. D'ailleurs, Babinski et
Fromentontdéjà signalé (1916) la réapparition du réflexe
plantaire normal en flexion chez un blessé de guerre, après
l'immersion des pieds pendant un quart d'heure dans
l’eau à 40 0 . Il résulte de ces faits, qu’il convient de
rechercher le signe de Babinski chez les malades couchés,
dont les pieds sont maintenus chauds par les couvertures,
surtout pendant les saisons froides. D. B.
Etudes expérimentales sur le
pneumothorax.
D’introduction du pneumothorax artificiel dans la
thérapeutique de la tuberculose pulmonaire a attiré de
nouveau l’attention des médecins sur l’élasticité des
parois de la cavité pleurale et sur la mesure de la capacité
de cette cavité. D'après E. Rist et A. Stroih, (Ann. de
méd., 1919, n° 5), quand on introduit du gaz dans la
plèvre eu observant à chaque instant la pression existante
dans la cavité pleurale, 011 peut, eu portant en abscisses
les quantités de gaz introduites, et en ordonnées les
pressions intrapleurales constatées, construire mie
courbe qui renseigne sur la manière dont se comporte la
cavité pleurale. D’examen de ces courbes montre que les
membranes pleurales se comportent très différemment
selon le nombre et la solidité des adhérences patholo¬
giques qui unissent les deux feuillets de la plèvre. Des
variations dans l'inclinaison de la courbe renseignent
sur la rapidité de progression du gaz par la mise en jeu
de l’élasticité propre du poumon ; un redressement
brusque indique le moment où le décollement des deux
feuillets séreux est terminé, et le degré d’inclinaison de
cette partie de diagramme permet d’estimer le degré de
rigidité des parois de la cavité ; de même, une chute
brusque de la courbe indique un accroissement soudain
de la cavité pleurale par suite de la rupture d’adhérences.
De procédé proposé par Bard, en 1901, pour évaluer le
volume d’un pneumothorax, donne des résultats complè-
■ teiuent inexacts, parce qu’il ne tient pas suffisamment
compte de l’élasticité des parois de la cavité pleurale. Eu
pratique, dans le pneumothorax artificiel, les renseigne¬
ments d’ordre morphologique fournis par l’examen
radioscopique constituent des données très suffisantes
sur le volume de gaz restant dans la cavité pleurale.
D. B.
Septicémie streptococcique avec ictère.
E. Quénu, G. Kuss et M. Brui,É ont observé (Rev. de
chir., sept.-oct. 1919), chez une femme de soixante-sept
ans, ayant eu déjà plusieurs poussées d’ictère, un ictère
léger accompagné de fièvre à grandes oscillations rap¬
pelant la fièvre bilioseptique. Des caractères de la courbe
thermique joints à l’ictère pouvaient faire songer à une
infection des voies biliaires ; mais il n’y avait aucune
douleur à leur niveau, et le foie était petit. Une collection
purulente superficielle se développa spontanément dans
31 Juillet iQ2o.
la région du dos ; après ouverture et drainage de cette
collection, les accidents infectieux disparurent. D’hé¬
moculture montra la présence, dans la circulation géné¬
rale, d’un streptocoque pathogène non hémolytique,
ayant cette particularité de pousser facilement dans les
milieux additionnés de bile, ce qui le rapprochait de l’en¬
térocoque. De même microbe fut retrouvé dans le pus de
l'abcès dorsal.
Il 11e faut donc pas se hâter de porter, eu pareil cas,
le diagnostic d’angiocholécystite ; la rétention biliaire
et l'ictère ne font alors que traduire la lésion du paren¬
chyme hépatique par l’agent pathogène qui circule dans
le sang. D. B.
Le pied des tranchées.
Bien que le pied des tranchées ne soit plus d’actua¬
lité, E. Chauvin a voulu (Rev. de chir., sept.-oct. 1919)
tirer une conclusion des observations faites sur un mil¬
lier de cas. D’après Raymond et Parisot, le pied des
tranchées est un mycétome, une affection mycosique due
à un parasite identifié par Vuillemin avec le Scopula-
riopsis Koningii Oudemans, et on doit lui appliquer le trai¬
tement borato-camphré. DaConférence chirurgicale inter¬
alliée a adopté cette opinion ; elle a séparé le pied des
tranchées des gelures vraies, parce qu’il s’observe parfois
dans des conditions où la température ne descend pas
à o degré et que, d’autre part, on 11’y constate pas le spha-
cèle massif qui caractériserait les gelures. On a invoqué
encore, comme causes occasionnelles ou prédisposantes :
l’humidité, la gêne de la circulation de retour dans les
membres inférieurs, l’immobilité dans la station debout,
le mauvais état général, les dystrophies ou hypotrophies
des membres inférieurs.
D’action du froid est seule constante ; le pied des tran¬
chées 11’apparaît que dans les saisons froides ; mais il
n’est pas nécessaire que le froid soit très vif; la durée
d’action entre en ligue de compte et l’humidité ne cons¬
titue ici qu’un facteur de réfrigération. D’autre part,
l’infection 11'est pas douteuse ; elle peut rester localisée
et aboutir à la gangrène humide ; elle peut aussi donner
lieu à une lymphangite gangreneuse, avec plaques se¬
condaires de sphacèle superficiel ; elle peut enfin se géné¬
raliser sous forme d'une septicémie grave qui relègue
au second plan la lésion primitive. Mais l’infection est
surajoutée et secondaire ; le pied des tranchées est une
froidure, et cette froidure résulte souvent de la réfrigé¬
ration intense que subissent les pieds plongés pendant
de longs jours dans l’eau froide. D. B.
Traitement électrique et radiothérapique
des sciatiques.
Des procédés très nombreux de physiothérapie sont
usités dans le traitement des sciatiques ; depuis les moyens
mécaniques, élongation et injections d’air, jusqu’aux
modalités électriques les pins variées : faradisation, étin¬
celle électrique, courant continu, introduction d’ions
analgésiques dans le membre douloureux, bains de lu¬
mière, applications thermiques et radiothérapie. A. Ziu-
MERN a spécialement étudié (Journ. de radiol. et d’élcc-
trol., 1919, n° 12) le traitement électrique et radiothéra-
U’ancienne distinction entre la sdatique-névralgie
et la sciatique-névritc est abandonnée. Abstraction faite
des sciatiques secondaires, ou parasciatiques, Zimmcm
admet, avec Sicard, que la sciatique vulgaire résulte le plus
souvent d’une irritation des racines du nerf eu aval de la
dure-mère (funiculite de Sicard), irritation vraisembla-
SOCIÉTÉS SAVANTES
■ blement provoquée par une arthrite vertébrale propagée
au trou de conjugaison ; ce qui explique les heureux ré¬
sultats de la radiothérapie radiculaire.
Certaines méthodes électriques de traitement ont une
action uniquement analgésique, ha plus employée de ces
méthodes est le courant continu, dont l'application est
soumise aux trois principes suivants : hautes intensités,
de 50 à roo milliampères ; faible densité, et par consé¬
quent larges électrodes ; longue durée d'application, qui
ne doit pas être inférieure à quarante minutes. L’intro¬
duction électrolytique des médicaments (improprement
appelée ionisation), en particulier de l’ion salicyle, est éga¬
lement usitée, et donne des résultats variables. L’air chaud
a, par contre, une action sédative manifeste.
La médication révulsive semble plus puissante que la
médication analgésique. H faut renoncer aux pratiques
douloureuses de la faradisation avec le pinceau de Du-
chenne de Boulogne, de l’étincelle statique, etc. Aux
pointes de feu et aux pulvérisations de chlorure de mé¬
thyle, il convientde substituer les douches d’air chaud sous
pression, l’électrode coudensatrice de Oudin ou les élec¬
trodes à vide de Mac-Intyre. Ces méthodes révulsives ne
doivent être appliquées d’abord qu’à doses modérées,
surtout .dans les périodes aiguës de la sciatique.
Le moyen thérapeutique le plus efficace est certaine¬
ment la radiothérapie radiculaire, pratiquée sur les gout¬
tières vertébrales, au niveau des 4 0 et 5® vertèbres lom¬
baires, des i 1 ® et 2° sacrées. On utilise un rayonnement
très pénétrant, correspondant aux numéros 8, 9 ou xo du
radiocliromoinètre de Benoist, avec filtre de 2 à 4 milli¬
mètres. Avec 2 H par séance, et en répétant cette dose trois
fois en moyenne, l’amélioration s’installe progressivement.
Si le résultat est incomplet après une première série de
trois séances, il faut attendre huit ou dix jours et re¬
prendre ensuite une série, en élevant la dose à 3 H ou
même à 5 H par séance. La radiothérapie radiculaire doit
être employée sans adjonction d’autres procédés élec¬
triques ; en attendantla 6édation procurée par les rayons,
on conseillera l’aspirine, l’antipyrine ou la phénacétine.
L. B.
Les Anophèles dans les Ardennes.
La guerre a fait naître de petits foyers épidémiques de
paludisme sur le frout français. G. PÉJU, qui a signalé,
en 19x8, un de ces foyers en Argonne, a étudié plus ré¬
cemment (Bull, de la Soc. de pathol. exotique, 1920, n° 1)
la répartition des Anophèles dans les Ardennes. De fin
mars au 15 octobre 19x9, il avait rénni 5 000 échantillons
de cette variété de moustiques. Les foyers principaux où
se groupent les Anophèles sont : x° les rives de l’Aisne et
de ses affluents (la Retourne, la Suippe, le Py), dès leur
entrée dans les Ardennes ; des gîtes à larves s’y trouvent
en assez grand nombre ; il en existe même le long du
canal de la Vesle, jusqu’aux portes de Reims : 2° les rives
de la Bar, de son origine à la Meuse ; quelques échantil¬
lons d’Anophèles ont été recueillis aussi sur les rives du
canal des Ardennes ; ces deux foyers prolongent vers le
nord le foyer .de l’Argonue ; 3 0 les rives de la Meuse, de
Stenay à Mézières; mais les larves y sont peu nombreuses;
Mézières paraît être moins un foyer d’anophélisme qu’un
centre important d’hibernation d'Anophèles ; 4 0 le vallon
boisé occupé par le modeste village de Sécheval ; on y
trouvait, en juin et juillet, 17 p. 100 d'Attonophcles macu-
îipennis et 2,5 p. 100 d ‘Anopheles bifurcatus contre
80 p. 100 de Culex ; 5® enfin, au nord des Ardennes, le
plateau élevé et marécageux de Rocroi, où on a recueilli,
à la même époque, 61 p. 100 A’Anopheles maculipennis,
95
et 22 p. A'Anopheles bifurcatus contre 17 p. 100 seulement
de Culex ; ce dernier foyer a de larges prolongements
versHirson et la frontière belge. Les Anophèles se trou¬
vent dans les maisons et les étables, où ils hivernent en
grand nombre ; les larves vivent dans les mares et les petits
étangs.
Le paludisme, qui sévissait encore, à une époque peu
éloignée, dans les Ardennes, a disparu devant les progrès
de l’hygiène; on n’y observe plus de cas autochtones de
fièvre palustre ni la grosse rate infantile qui est la mani¬
festation habituelle du paludisme endémique ; mais les
Anophèles y persistent. La rigueur du climat rend ici
l’anophélisme peu dangereux ; il est prudent, toutefois,
d’écarter les paludéens de ces centres d’Anophèles, sous
peine de voir éclore çà et là de petits foyers de paludisme.
L. B.
SOCIÉTÉS SAVANTES
ACADÉMIE DES SCIENCES
Séance du X2 juillet 1920.
La fièvre aphteuse et la production laitière. — M. Por¬
cher, dans une note lue par M. Roux, montre que l'on a
tort de ne pas traire les vaches atteintes de fièvre aph¬
teuse. II s'ensuit une rétention lactée qui aura pour con¬
séquence de réduire ultérieurement la quantité de lait
qu'elles sont capables de produire. Bien que leur lait soit
inutilisable, il importe néanmoins de traire ces vaches
régulièrement.
Action de la chloroplcrlne sur les ferments solubles. —
MM. Gabriel Bertrand et Rosenbach ont déjà rapporté
l’action de la chloropicrine sur les végétaux et les ani¬
maux; ils ont montré que ce gaz arrête le développement
des microorgauismes. Ils exposent dans leur note que
cette action est nulle sur les ferments solubles.
Les céphalopodes des grands fonds marins. — Dans une
étude présentée par le prince de Monaco, M. Joubrin
décrit les caractères des céphalopodes recueillis au cours
des croisières océanographiques de 1898 à 1910. Ces
grands mollusques ont été péchés à des profondeurs va¬
riables, jusqu’à 5 000 mètres.
Pour la première fois, l'auteur a rencontré un céphalo¬
pode, le Melanotcuthis lucens, portant sur la face dorsale
deux organes lumineux de fortes dimensions. Générale¬
ment, les organes lumineux sont toujours ventraux chez
les invertébrés et les poissons marins. Les études de
M. Joubin portent sur 52 espèces réparties entre 38 genres.
Action du cuivre sur les végétaux. — M. Haquenne
examine l’action très puissante des sels de cuivre, surtout
dusulfate, sur les végétaux. Le cuivre se comporte comme
une diastase minérale. Il agit à des doses extrêmement
faibles, de un cent-millionième, équivalant à 1 milli¬
gramme de cuivre dissous dans un hectolitre d’eau. Il
n’existe qu’un très petit nombre de matières minérales
présentant une pareille action.
Station assise et travail. — M. de Chardonnet rap¬
porte qu'en Amérique, les personnes qui travaillent as¬
sises utilisent un siège dont le dossier est mobile et
s’infléchit à volonté en avant ou en arrière, quelle que soit
la position du corps. La colonne vertébrale s’appuie donc
sur un support rigide qui la soutient ; la fatigue est dimi¬
nuée et la respiration sen-iblement facilitée.
Action des radiations solaires. — M. Miramond de
LaroüTOTTE montre que les rayons chimiques, surtout
les ultra-violets, sont très peu pénétrants et absorbés de
suite ; ils peuvent déterminer très vite des effets des-
PARIS MEDICAL
96
tracteurs mais superficiels. Les rayons calorifiques et
lumineux sont plus pénétrants et ont des effets diffusés
plus profonds. Pour les plantes, les animaux et les
hommes, les diverses radiations solaires ont le plus sou¬
vent des effets utiles qui s’additionnent et se complètent.
H. Maréchal.
SOCIÉTÉ MÉDICALE DES HOPITAUX
Séance du 9 juillet 1920.
Corps anaplasmatlques endoglobulalres dans un Ictère
splènomégallque. — M. Maurice Renaud. — Il s'agit de
corpuscules arrondis, de 1 à 3 n de diamètre, qui sont, soit
une lésion particulière du globule rouge, soit un para¬
site de la catégorie des anaplasmes.
Un cas de nævus du membre supérieur à topographie
pseudo radiculaire. — MM. Laignel-Lavastine et Tinel
montrent que la topographie de ce n evus correspond à
un territoire sympathique. Us mettent aussi en évidence,
par l’exagération de la contratilité idio-musculaire des
fibres musculaires lisses des petits vaisseaux, que ce nævus
résulte d’une paralysie vaso-motrice. C'est donc un syn¬
drome sympathique caractérisé par une paralysie sans
qu’il çxiste du reste aucun trouble des fibres pilo-motrices
ou sécrétoires.
Etude sémiologique d’un cas de syndrome de Brown-
Sequard. — MM. Georges Guillain et LÉCHELEE pré¬
sentent un homme atteint d’un syndrome de Brown-
Sequard typique consécutif à un coup de couteau ayant
atteint la moelle; la pointe du couteau cassée est d’ailleurs
restée incluse dans la moelle entre la septième et la hui¬
tième vertèbre dorsale, ainsi que le montre la radiographie.
Dans ce cas. quelques particularités symptomatiques
méritent d’être signalées. Les troubles de la sensibilité
osseuse, contrairement à l’opinion classique, existent du
côté opposé à la paralysie motrice, fait signalé d’ailleurs
par AL Guillain dans un cas antérieur. Il est à remarquer
que, malgré une anesthésie tactile, thermique et doulou¬
reuse de l’hémi-verge et de l'hémi-scrotum, le sujet per¬
çoit les vibrations d’un diapason appliqué sur la peau
tendue de ces régions ; cette persistance de la seule sensi¬
bilité vibratoire sur une zone cutanée sacrée n’a pas en¬
core été signalée et peut être rapprochée des faits men¬
tionnés par M. Babinski, de conservation de la sensibilité
dans les zones sacrées lors de certaines lésions médullaires.
Les réflexes de défense chez ce malade sont très exagérés
du côté des troubles moteurs et ne sont pas provocables
du côté anesthésié. L’inversion du réflexe cutané plan¬
taire du côté paralysé a une zone diffusée, car il peut être
déterminé par toute excitation jusqu’au niveau de la
cuisse. AIAI. Guillain et Léchelle signalent enfin l’élévation
de la température du côté des troubles sensitifs et une
augmentation de la tension artérielle maxima de 4 centi¬
mètres de mercure du côté anesthésié par rapport au côté
où existe la paralysie motrice, la tension minium n'étant
pas modifiée.
Technique pratique de transfusion veineuse.—MM. Noël
Kiessinger et Henri Janet présentent un dispositif de
fortune qui permet l’aspiration rapide à la veine d'une
grande quantité de sang et qui, par un système de pompe
aspirante et foulante, permet l'injection de sang citraté
dans la veine du sujet à transfuser.
Typho-bacllloso avec érythème polymorphe et conges¬
tion pulmonaire aiguë tuberculeuse. — A1 M. G. Caussade
et Edmond Doumer publient l’observation d’une malade
qui a marqué le début d’une septicémie tuberculeuse à
allure de typho-baclllose, longue et sévère, par une
poussée d’érytlième noueux sur les membres, d’érytliêine
vésiculeux eii placards sur la face et les mains. Elle a pré¬
senté ensuite à la base droite des signes de congestion pul¬
monaire ù caractères splénopiieumoniques, avec bacilles
de Koch dans les crachats lors de sa résolution. Cette
malade a donc fait la preuve de la nature tuberculeuse de
son infection, non pas, comme il est classique, par un petit
épanchement pleural à lymphocytes, mais par une lésion
pulmonaire tuberculeuse. Il s’agit d’une lésion pulmonaire
tuberculeuse ù caractères inflammatoires banaux et non
pas nécrotiques.
Les signes, physiques, l’expectoration, l’évolution
franche et rapide du foyer, sa terminaison par la guérison
complète plaident en faveur d’une telle conception. L’en¬
semble des conditions au cours desquelles elle est apparue,
cette façon d'évoluer et cette terminaison heureuse
donnent une physionomie particulière ù cette forme de
foyer pulmonaire congestif aigu tuberculeux. La formule
31 Juillet IQ20.
sanguine a été caractérisée par un nombre considérable de
mononucléaires (48 p. 100), surtout à type de lympho¬
cytes (39). Pendant la convalescence, l’intradermo-réac-
tion a provoqué un élément d’érythème noueux typique.
Sur la contagion de l’encéphalite léthargique. Atteinte
successive des trois enfants d’une même famille. —
AI. Pierre-Paul Lévy rapporte l’histoire de trois enfants
chez lesquels l'encéphalite a évolué sous trois formes
différentes.
L’aînée, âgée de treize ans, fit une encéphalite à forme
méningée, caractérisée par une céphalée intense et une
grosse réaction lymphocytaire du liquide céphalo¬
rachidien. La mort survint brusquement dans lTiypo-
thermie. Chez le frère puîné âgé de sept ans, la maladie
s’était manifestée uniquement par une paralysie du voile
du palais et du cpnstncteur du pharynx. On avait pensé
d’abord à une paralysie survenue à la suite d’une diphtérie
méconnue ; la réaction de Scliick permit d’écarter ce dia¬
gnostic et de rattacher la lésion à sa véritable cause. Le
frère cadet, âgé de cinq ans, fit une forme myoclonique
assez légère, malgré l’apparition de troubles cardio- res¬
piratoires inquiétants.
Le deuxième cas se produisit quatre mois après le pre¬
mier ; le troisième, un mois après le second. Il est difficile
de fixer, d’après ces observations, la durée approximative
de l’incubation : si les deux derniers enfants furent
séparés de leurs sœurs dès le début de sa maladie, d'une
part ils ont pu conserver le germe dans leur gorge depuis
ce moment tout en restant sains; d’autre part, durant les
mois suivants, ils sont restés en contact avec leurs parents
qui eux aussi pouvaient être porteurs de virus.
En tout cas, ccs faits confirment l’opinion de AI. Netter
sur la résistance de ce virus dans l’organisme.
Les variations d’étendue de la phonendoscopie pulmo
nalre. — AI. Et. AIay examine l’étendue de l’aire cutanée
sur laquelle le frottement de la paroi thoracique est perçu
par l’auscultation à l’aide d’un stéthoscope bi-auriculaire
que l’on place successivement au sommet, au niveau du
hile et en pleine base pulmonaire. Chez les sujets normaux,
le frottement ne s'entend que dans une zone peu étendue
autour du pavillon du stéthoscope. Cette aire phonendo-
scopique est très peu modifiée dans les affections qui
s’accompagnent d’une condensation du parenchyme
pulmonaire — pneumonie, broncho-pneumonie, conges¬
tion pulmonaire, tuberculose à forme ulcéro-caséeuse. Au
contraire, dans les scléroses pulmonaires, surtout quand
elles s’accompagnent d’emphysème, l’aire phonendosco-
pique est parfois très augmentée et peut s’étendre sur
toute la hauteur d'un ou même des deux poumons. Il
semble donc qu’il y ait là un signe nouveau, d’une consta¬
tation aisée, et qui est de nature à faciliter le diagnostic
des scléroses pulmonaires.
Cholécystite chronique traitée par l’urotropine en
Injections Intraveineuses. — AI. Jean AIinet rapporte
l’observation d’une malade de trente-trois ans, atteintte
depuis dix ans de coliques hépatiques subintrantes qui ne
lui ont laissé que de courtes périodes de rémission. Lae
malade était prête à se confier au chirurgien, lorsque
AI. AIinet eut l’idée de lui faire des injections intravei¬
neuses d’urotropine. Le résultat fut merveilleux : après
quinze injections représentant 2i“ r ,25 du médicament,
tous les signes, objectifs et subjectifs, avaient disparu,
et la malade retournait chez elle guérie.
Cette observation mérite d’être retenue et encourage,
même dans les cas les plus invétérés, à ne recourir à la
cholécystectomie qu'après avoir essayé l'urotropine en
injection intraveineuse.
Un nouveau cas parisien de spirochétose ictérigène,
forme de transition entre les spirochétoses Ictérlques et
anictériques. — MM. AIaurice Villaret, H. Bénard et
Dumont présentent un nouveau cas de spirochétose icté¬
rigène contracté à Aubervillers. La particularité de cette
observation fut la faible intensité et la fugacité de l'ictère,
qui cependant fut suivi d’une recrudescence fébrile. Le
diagnostic en fut posé par la spirochéturie constatée au
vingt et unième jour, et le résultat positif de la séro¬
agglutination. Bar contre, les inoculations furent néga-
Les auteurs rapprochent ce cas de celui qu’ils ont
publié antérieurement, dans lequel le séro-diagnostic fut
constamment négatif, mais où par contre l’inoculation fut
positive. Il n'y a donc pas de parallélisme étroit entre les
résultats de ces différentes épreuves de laboratoire, et
celles-ci doivent toujours être pratiquées systéma¬
tiquement et au complet, chaque fois qu’on suspecte
l’existence d’une spirochétose ictérigène.
Le Gérant: J.-B. BAILLIÎ5RE.
7865-20. — Corbeil. Imprimerie CréTé.
L. SAUVÉ. — LA
REVUE ANNUEEEE
LA GYNÉCOLOGIE EN 1919
le 0' Louis SAUVÉ
Chirurgien des hOpitaus de Paris.
I,a dernière revue de gynécologie a paru dans ce
journal en 1913 sous la signature de mon maître,
collègue et ami Schwartz ; et depuis, malgré le temps
écoulé, les travaux de gynécologie se sont faits rares,
tant l’attention était concentrée sur tout ce qui con-
Cîrnait la pathologie de guerre. Mais depuis que se
sont terminés les grands événements auxquels nous
avons assisté, la reprise des travaux gynécologiques,
ébauchée à la fin de 1918, s’amplifie mensuellement en
1919 ; et je ne saurais avoir la prétention de relater
par le menu tout ce qui a paru en igig, mais seule¬
ment ce qui m'a semblé le plus important. Je tiens
néanmoins à rappeler, au début de cette revue, deux
événements qui illustrent cette reprise de la gyné¬
cologie en 1919.Tout d’abord le premier Congrès des
gynécologues et obstétriciens de langue française,
tenu à Bruxelles, les 25, 26 .et 27 septembre, magni¬
fique et symbolique manifestation de solidarité scien¬
tifique dans la capitale de l’héroïque Belgique; ensuite
la leçon d’ouverture de la Clinique gynécologique du
professeur J.-B. Faure qui, de cette tribune, fit re¬
tentir ces phrases d’un verbe superbe dont on n’est
pas près d’oublier l’élévation de la pensée ni la magni¬
ficence de l’accent, et dans laquelle se trouve précisée
la comparaison de la gynécologie française et de la
gynécologie allemande dans des pages désonnais cé¬
lèbres.
De l’innombrable quantité des travaux parus en
1919 sur une des branches les plus considérables de la
chinirgie contemporaine, on peut dégager d’emblée
une idée d’ensemble qui pennet de les classer en deux
grands groupes : les travaux qui précisent des points
maintes fois étudiés et discutés, et ceux qui expo¬
sent l’application à la gynécologie des méthodes les
plus récentes de traitement et de diagnostic. D’appli¬
cation du radium, des rayons X à la chirurgie des
tumeurs de l’appareil génital, les méthodes de labo¬
ratoire appliquées au diagnostic de la gravidité, la mé¬
dication hypophysaire en gynécologie et en obsté¬
trique appartiennent au second groupe. L’étude des
grossesses extra-utérines, particulièrement poussée
en cette année 1919, le traitement du cancer utérin
et ses résultats, la technique et les indications des
hystérectomies pour suppurations annexielles, les
voies d’abord des organes génitaux par laparotomie,
l’histologie de lésions jusqu’alors jieu étudiées, telles
que les chorio-épithéliomes des différents organes
génitaux, font partie du premier groupe.
Après avoir signalé ces deux groupes très différents
de travaux, j’étudierai par organes les différentes
N° 32. — 7 août 1920.
9 7
branches de la gynécologie, eu commençant par
l’exposé des données^générales (technique, anatomie,
physiologie) acquises en 1919.
Données générales (anatomie, physiologie*,
voies d’accès).
Jayle a fait paraître en 1918-19 une Anatomie
morphologique de la femme très intéressante au
double point de vue artistique et chirurgical ;
Auvray, Alary, ont rapporté de nouveaux casd’uté-
rus didelphes ; Kif.ffer (1), étudiant ce qu’il appelle
l’appareil hémostatique de l’utérus humain, a montré
que le système veineux hitra-utérin acquiert chez la-
femme une structure hautement différenciée. Des
ampoules veineuses se trouvent placées sur la circu¬
lation de retour, entre les veines émanant de la mu¬
queuse utérhie et les branches convergeant vers les
veines iliaques ; elles sont entourées' d’un système
musculaire obturateur qui leur donne la valeur de
véritables cœurs veineux intra-utérins, formant des
sphincters qui, au‘moment des contractions utérines,
collaborent à la tonicité générale de l’organe et, au
moment de la délivrance, constituent l’appareil
hémostatique autonome de l’utérus.
Cet appareil hémostatique n’existe pas chez les
petits mammifères, apparaît chez les primates et est
à un haut degré de spécialisation chez la femme.
De nouveaux cas de pseudo-liermapliroditisme ont
été rapportés, dont le plus curieux par Ed. Schwartz
(Acad, de méd., 2 décembre 1919).
De nombreux travaux ont paru sur la physio¬
pathologie de l’appareil génital féminin (2) ; les plus
nouveaux ont trait aux relations unissant la sécré¬
tion interne du lobe postérieur de l’hypophyse et la
physio-pathologie de l’appareil génital. Eecène et
Morax l’avaient déjà étudié chez l’homme à la
Sociétéde chirurgie en novembre 1914 ; Gqndal en a
donné une étude détaillée dans sa thèse de Paris
de 1919. L’obésité rapide et progressive, l’atrophie
des organes génitaux coïncidant avec la disparition
des fonctions sexuelles et l’impubérisme régressif,
l’association très fréquente des troubles cérébraux et
visuels caractérisent ce syndrome adiposo-génital
d’ordre hypophysaire, que les injections d'extrait de-
lobe postérieur de l’hypophyse sont parfois impuis¬
santes à combattre, et dans lequel la trépanation du:
sphénoïde et la décompression de la loge hypophy¬
saire se sont montrées héroïques dans la belle obser¬
vation de Eecène.
D’autre part, Pquliqt, Schwaab et bien d’autres,
ont montré le parti qu’on pouvait tirer de l’emploi
(1) Kieffer (deBruxelles), Acad. méd.de Paris, 13 niai 1919.
(2) Tilmant, Relations du goitre exophtalmique avec
l'insuffisance ovarienne ( Presse méd., 21 mars 1919). —
M lle Gaboriau, Métrorragies essentielles de la ménopause
Thèse Paris, 1919. — Kaiin, OliésitcVt métrorragies. Thèse
Paris, 1919- Richardson, Effets de l’hyslérectomie sur les-
f on étions de l’ovaire.
GYNECOLOGIE EN 1919
N» 32
PARIS MEDICAL
98
des extraits hypophysaires en obstétriqueet gynécolo¬
gie (Schwaab, Presse méd., 5 juin 1919). Ces extraits
sont de remarquables excitants de la contractilité des
muscles lisses, et spécialement du muscle utérin. Ils
peuvent trouver en "tous temps des indications dans
les hémorragies utérines: mais, surtout, ils com¬
battent efficacement l’inertie utérine au moment de
la période d’expulsion. On 11e devra pas les employer
avant le travail, ni pendant la délivrance, ni dé¬
passer la dose de oe r ,2o au delà de laquelle ils sont
toxiques.
Les voies d’abord par laparotomie ont fait l’objet
d’un rapport de Rouffart au Congrès de Bruxelles
(valeur des différentes incisions dans les laparo¬
tomies). Rouffart préfère l’incision transversale
(Pfannenstiel et autres) à la vieille laparotomie
médiane, à laquelle il reproche d’être inesthétique,
de se prêter à l’éventration ultérieure, et de ne pas
permettre le lever précoce des opérées. Cette opinion
11’a pas rallié la majorité de l’opinion du Congrès au
cours de la discussion qui s’ensuivit; J.-h. Faure,
WALTHERSont restésfidèles à la laparotomie médiane,
seule applicable dans les cas vraiment difficiles ;
Brindeau, Bégouin, qui l'avaient abandonnée pour
lui préférer l’incision transversale, regrettent cette
infidélité et sont revenus à la vieille voie classique, à
grande raison selon nous.
Enfin, le lever précoce des opérées et des accou¬
chées a fait, au même Congrès de Bruxelles, l’objet
d’un rapport intéressant deBpuRCART. Ici, l’unani¬
mité a été, bien entendu, plus facile, et si la majorité
des auteurs hésite encore à faire lever les opérées dès
le deuxième ou le troisième jour, tout le monde s’en
est déclaré partisan une fois écoulée la première se¬
maine, et à condition que les suites fussent apyré¬
tiques.
Chirurgie de l’utérus.
Technique générale. — La multiplicité des pro¬
cédés d’hystérectomie pouvait donner à penser que
l’ère des procédés nouveaux était close : c’était
compter sans l’ingéniosité des chirurgiens. Depuis la
dernière revue de gynécologie, quatre nouveaux pro¬
cédés ont été décrits à ma connaissance.
Carvaiæo, en 1914 (Lima), a décrit un nouveau
procédé d’hystérectomie, dénommé hystérectomie par
le procédé sud-américain, qui consiste, l’hémostase du
ligament large et du pédicule ovarien étant faite pro¬
visoirement de chaque côté par une seule pince, à
remplacer la ligature définitive par le surjet de péri¬
tonisation passant par-dessus la pince qui est retirée
à la dernière boucle du surjet passant au-dessus
d’elle. Ce procédé est sans doute simple et rapide :
mais une telle rapidité remplace-t-elle avantageuse¬
ment la sécurité que nous dorment les ligatures clas¬
siques directement posées sur des pédicules aussi
étroits que possible méthodiquement pratiquées?
Bécqotn, àlaSociétéde chirurgie de février 1918, a
décrit un « procédé de l’évidement dans l’hystérec¬
7 Août IQ20.
tomie abdominale pour fibromes » tout à fait analogue
à l’évidement dans l’hystérectomie vaginale : ce pro¬
cédé s’appliquerait avec avantage aux fibromes très
enclavés. Morestin a fait remarquer que Richelot
employait depuis longtemps ce procédé ; Quénu,
Pozzi n’en sont pas partisans, et comment ne pas
préférer à ce procédé nos procédés habituels qui
vraiment, dans presque tous les cas, viennent à bout
des fibromes les plus difficiles en opérant presque à
blanc ?
BeuTTner a décrit un procédé d 'excision transver¬
sale cunéiforme du fond de Vutérus , remplaçant l’hysté-
rectomie dans les suppurations annexielles, que
Rqukrt d’Erxst (Genève) a précisé dans les A anales
de gynécologie et d’obstétrique de 1919 (t. XIII,
p. 300). Il consiste à enlever par une excision cunéi¬
forme le fond de l’utérus avec les annexes malades
qui y tiennent, et à refermer ensuite par deux plans
de suture le restant de l’utérus : on tâche, autant que
possible, de conserver l’ovaire le moins malade en
même temps que l’utérus, de façon à ce que les
opérées conservent leurs fonctions menstruelles et
leur sécrétion ovarienne. Est-il besoin de noter que le
procédé ne saurait s’appliquer qu’à des annexites pen
graves ?
Enfin Florenzo d’Ercliia a décrit un procédé d’hys¬
térectomie abdoinino-vagmale après césarienne,
dans les cas d’infection considérable de l’utérus
( Annali di ostretrica e ginccologia de Milan, t. XI,,
n° 5-6, 1918). .
Les fibromes de l'utérus ont donné lieu à de nom¬
breux travaux.
Leur étiologie, comparée à celle du cancer utérin,
a étéétudiée par le professeur Hartmann etM n ° Yak-
cliitch (Annalesde gyn. et obst., t. XIII, n° 1), d’après
une statistique portimt sur 908 opérées. De cette
très importante statistique il résulte : x° que le
maximum de fréquence des fibromes et des cancers
survient au même âge, entre quarante et quarante-
neuf ans ; 2 0 que la stérilité est nettement plus fré¬
quente chez les fibromateuses que chez les cancé¬
reuses ; 3 0 que les fausses couches sont phis fréquentes
chez les femmes atteintes de cancer du col que chez
celles qui sont atteintes de fibromes ou de cancers
du corps ; 4° enfin que 48 p. roo seulement des gros¬
sesses survenant chez des fibromateuses arrivent à
terme, alors que la proportion est de 75 p. 100 dans
les cancers du corps et de 83 p. 100 dans les cancers
du col.
Leur anatomie pathologique a donné surtout lieu à
des travaux sur les adénomyomes utérins et leur
évolution. Le travail capital est celui de Cui.len (i),
précédé des travaaxdeSTRQNG(2)etd’HEn>fEBERG(3).
Ces tumeurs sont caractérisées par l’inclusion au sein
(1) Th. S. Cullen, X,a distribution des adénomyomes
contenant du tissu utérin (Americ. Journ. 0/ obst. and diseases
of wom. and child., t. I.XXX, n° 2, août 1919).
(2 Strong, Adénomes polypiformes de Tntérus (Ibid., avril
1919, t. LXXIX, n“ 4).
(3) Hbqibberg, Adénomyomes de l'espace recto-vaginal
(Ibid., 191g, t. I,XXIX, n° 24).
L. SAUVE. — LA GYNECOLOGIE EN 1919
de fibromyomes généralement diffus, d’îlots glandu¬
laires partis de la muqueuse utérine. Ces îlots mu¬
queux peuvent devenir l’origine de dégénérescence
épithéliale de ces adénomyomes ; et d'autre part,
•ces adénomyomes peuvent s’extérioriser hors ducorps
utérin et venir occuper la cloison recto-vaginale, la
base des ligaments larges, les ligaments ronds. C’est
encore à eux qu’il faut rapporter certains fibro¬
sarcomes de la cloison recto-vaginale (Heineljerg) ;
c’est aussi à eux qu’il faut rapporter les myames
malins du corps de l’utérus étudiés par Estager
(Tli. Montpellier, 1919).
Mais c’est surtout leur traitement qui a été l’objet
de nombreux travaux ; surtout leur traitement par
les rayons X. Tandis que les. radiologistes, à la suite
des travaux de Béclère qui s’appuyait sur 400 cas,
de Jaugeas, de Ledoux-Lebard, de Ménard et Delval,
de Bouchacourt, pour ne parler que de quelques tra¬
vaux français, ne voient dans le traitement radiothé¬
rapique des fibromes que des succès, et qu’ils con¬
seillent, un peu au hasard, d’appliquer à tons les
fibromes la rœutgéuisatiau avant de tenter l’acte
opératoire, les chirurgiens, au contraire, n’ont pas
été sans observer de graves inconvénients, qui ont
donné naissance à la Société de chirurgie, eu 1919-
1920, àune très intéressante discussion, dont le point
de départ a été le rapport de Delbet sur troiscas de
dégénérescence très maligne de fibromes traités par
lés rayons" X, observés par Mornard.
Tandis que les uns, tels que Chifoliau, rapportaient
des cas d’inefficacité absolue, ainsi que Routier,
Thierry, d’autres, tels que Tukfier, J .-T,. Favre,
apportaient de nouveaux cas de dégénérescence ma¬
ligne, et enfin Souligoux venait mettre en valeur la
déchéance physique que l’on observait souvent chez
les femmes ainsi traitées. La statistique de Chifoliau
porte sur 47 fibromes opérés par lui à Cochin sans
mortalité ; 7 d’entre eux avaient été traités par les
rayons X sans succès. Il n’y avait eu diminution nette
de volume que dans un cas ; l’action avait été nulle
ou incertaine dans les 6 autres ; par contre, les hémor¬
ragies avaient été d’abord influencées favorablement,
mais transitoirement.
Citons la très intéressante statistique de Fredet :
sur 121 fibromes qu’il a opères, dans plus d’1111 tiers
des cas (56 sur 121) les fibromes étaient associés à des
lésions annexielles ou appendiculaires très impor¬
tantes ; si l’on joint à ces 56 cassas cas d’enclave¬
ment commandant l’opération, ou voit que dans
plus de la moitié des cas (71 sur iai) l’action
des rayons X eût été contre-indiquée.
Ou ne saurait conclure de cette discussion plus
exactement que ne l’ont fait les professeurs Quénu et
J.-L,. Faure. L’action des rayons X n’est pas contes¬
table ; mais elle présente des risques (radiodennites,
dégénérescence maligne, déchéance physique) qui
ne sont pas négligeables ; elle présente de plus des
limites, et 011 ne devra pas perdre du temps à rœnt-
géïiiser : i° les fibromes de diagnostic douteux;
2° les fibromes avec lésions associées ; 3 0 les fibromes
à évolution rapide ; 4 0 les fibromes multiples, durs,
madréporiques de Bouilly.
Il semble donc que si la roentgenisation peut être
efficace, elle n’est ni sans insuccès (et combien la
statistique de Béclère semble-t-elle heureuse), ni
sans dangers, ni sans contre-indications dans plus de
la moitié des cas.
Ajoutons que, d’après le Congrès gynécologique
américain de 1918, et d’après J.-L. Faure, la radium-
thérapie donnerait dans les fibromes des résultats
plus constants et moins dangereux que les rayons X.
Les cancers de l’utérus ont donné surtout lieu à des
discussions thérapeutiques ; néanmoins leur étude
histologique a donné lieu à la description que J ayle et
Halpériue ont faite des chorio-épithéliomes (cancers
d’origine placentaire) (Presse méd., 10 juillet 1919),
à l'étude que le professeur Hartmann et M llc de J ong
ont faite de 3 cas de néoplasmes malins de l’utérus et
de l’ovaire simultanés (Ann. de gyn. et obst., 1919,
t. XIII, n° 5).
La thérapeutique des cancers utérins est toujours
la grosse affaire ; et si certains chirurgiens comme
II. Hartmann et Desmarets ont été découragés par la
fréquence des récidives au point que Hartmann a pu
dire au Congrès de Bruxelles : « Dans le cancer du col,
j’en ai fini avec le bistouri », d’autres comme Forgue
(rapport du Congrès de Bruxelles) et J.-L- Faure
(Société de chirurgie, 1920) ont donné des résultats
bien meilleurs. Sur 83 opérées, J.-L. Faure compte
9 morts (io,8 p. ioo), et sur 70 malades guéries opé-
ratoirement qu’il a pu suivre, 36guérisons (52,9p. 100)
et 34 récidives (47 p. 100). Sur les 36 guérisons, il en
a 10 datant de un à trois ans, 1 o de trois à six ans,
7 de six à neuf ans, et 8 de neuf à douze ans. E11 se
plaçant au point de vue opératoire, J.-L. Faure
divise les cas opérés en :
17 bous cas, avec culs-de-sac \
libres et utérus mobile... I *
f H
mort opératoire
récidives.
guérisons.
27 cas médiocres, avec eu-( , . , .
' . . . * , ( 2 morts operator
vahissement séreux des 1 , .,.
, . . . U récidives.
euls-dc-sac, mais bonne j , .
mobilité utérine.( 14 guérisons.
p Ts
12.5
8 7i5
7.4
44
5Û
36 cas mauvais, à la limite
de l’opérabilité..
6 morts opératoires 16,6
21 récidives. 72,4
8 guérisons. 27,3
Ainsi la mortalité s’élève de 7,4 p. 100 (cas mé¬
diocres) à 17 p. 100, dès qu’on passe aux cas mau¬
vais; et la guérison, qui était encore de 56 p. 100 dans
les cas médiocres, tombe à 27 p. 100 dans les cas mau¬
vais.
Ces résultats sont très comparables à ceux de la
statistique de Violet (Lyon) : 26 opérées, 4 morts,
10 récidives, 9 guérisons depuis plus de neuf ans ; de
celle de Cobb (Boston) (i) : 60 opérées, avec n,6p. xoo
(i) J.-L- Faure, Sur le traitement du cancer du col de
l’utérus par l’hystéreetomle large (Société de chirurgie, n° 12,
100
PARIS MEDICAL
de morts et 66 p. ioo de non-récidives datant de plus
de cinq ans.
Ce sont aussi les conclusions du rapport de Forgue,
qui, sur 40 cas personnels, a eu 4 morts, 20 récidives
et 13 cas non récidivés dont 6 datent de plus de
cinq ans. De plus, Forgue préfère au Wertheim l’hys-
térectomie vagino-abdominale avec premier temps
vaginal qui permet d’enlever le cancer en vase clos.
De traitement du cancer par le radium gagne néan¬
moins d’année eu année des partisans, comme le
constate Faure qui, partisan de l’opération, tente de
réagir contre une tendance qu’il estime fâcheuse. Des
travaux sur le radium dans le cancer du col sont
;nombreux et anciens ; les travaux de BAiLEY(i),de
/, **■' Î^EpRAïS (Congrès de Bruxelles), Dascaux (Th. de
’ / . 1919). Jarnevay (2) sont les plus marquants.
C ■.^'.'Jàritevay, contrairement à l’usage classique, emploie
: • " . •■^.de^'tubes multiples ; ses résultats sont les suivants :
« "
4 cancers récidivés du col
5 cancers vulvaires .
t ° inopéraWes. t „ succès se maintc .
nant de six mois à
°P, ^ , l 1 '( trois ans et demi.
4 opérables. V
2 succès complets (datant de
seize et vingt-cinq mois.
1 amélioration.
1 échec.
2 succès (datant de quatorze et
vingt et un mois).
3 succès (entre seize et vingt
et un mois).
1 amélioration.
1 échec.
Da thèse de Dascaux, particulièrement bien pensée,
marque d'une façon très juste l’état de la question
(Radiumthérapie associée à la chirurgie dans le cancer
opérable de l'utérus).
Il a montré qu’il fallait opérer : i° parce que les
non-récidives datant de plus de cinq ans sont raris¬
simes dans les cas traités par le radium ; 2°parce que,
point fondamental, dans les cancers irradiés la gué¬
rison histologique n’est pas totale, et l’on trouve dans
le tissu scléreux de guérison des îlots néoplasiques
épargnés;.30 parce que l’action des rayons X ne
s’exerce guère au delà de 2 centimètres (Dascaux).
Opération et radium sont donc deux méthodes
qui, loin de s’exclure, doivent s’associer: et la propor¬
tion des guérisons sans récidives devient considé-
p. 502-511). —Forgue, Traitement opératoire du cancer du
col (Rapport Congrès de Bruxelles, 26-27 septembre 1919). _
Cobb, Journal ojthe American medic. Assoc., 3 janvier 1920. —
EsCudié, Hystérectomie totale, technique et résultats.
Thèse Paris, 191g.
(1) Bailey, Amcrtc. Journal of obstelrics and dis. of wom.
and child,, t. I,XXX, n° 3, septembre igig.
(2) Jarnevay, Radiumthérapie du cancer génital de la
femme (S«rg., Gy«rt:.«»(?0&î/f/.,t. XXIX, n° 3, septembre 1919 ).
7 Août IÇ20 -
rable chez les opérées traitées par le radium. Dascaux
préconise non seulement l’irradiation post-opératoire,
mais encore l’irradiation préopératoire, augmentant
la bonne opérabilité des tumeurs, et diminuant les
chances d’ensemencement pendant l’opération, en-
cicatrisant préalablement les lésions (M me Fabre,
Congrès de Bruxelles). Ces conclusions sont loin d’être
partagées par J.-D. Faure, qui a constaté plus de réci¬
dives chez ses opérées irradiées que sur celles qui ne
l’étaient pas, et qui pense que, dans certains cas
d’application défectueuse, le radium provoque l’exci¬
tation et non la régression du cancer.
J’en aurai fini avec la chirurgie utérine en abor¬
dant l’étude des prolapsus utéro-génitaux, après
avoir signalé en passant la thèse de M 1Ie Bonnerqt
sur la sclérose utérine.
Des prolapsus utérins ont fait surtout l’objet
d’études thérapeutiques. D’on se rappelle sans doute
qu’avant la guerre Denomiant avait rajeuni et réglé
l’opération de Bouilly (amputation haute du col et
colpectomie dans les prolapsus) (3) ; cette opération-,
qui détruisait définitivement toutes les connexions
de l’utérus avec ce qui pouvait rester des ligaments
delà base, semble avoir été peu pratiquée, bien qu’elle
ait trouvé en 1919 un défenseur dans de Fourcrand-
(Th. de Montpellier, 1919). Da discussion a surtout
porté cette année sur l’opération de Millier, prônée à
la Société de chirurgie (23 juin 1919) par Savariaud-.
Cette colpectomie, sans hystérectomie, en suppri¬
mant la cavité vaginale et en la remplaçant par une
colomie cicatricielle, empêche la vessie et le rectum
de se dérouler sous la poussée abdominale ; combinée
à lapérinéorraphie, elle donne, d'après Savariaud, des
résultats parfaits ; et bien que Dapointe, à la même
Société, l'accuse de laisser en place l’utérus sans issue
pour ses sécrétions, Savariaud, rapportant 10 col¬
pectomies de Desmarets mais avec hystérectomie
vaginale préalable, n’a jamais vu d'inconvénient à
l’opération de Müller sans hystérectomie, à l’âge
surtout où les femmes, ayant dépassé la ménopause,
présentent de grands prolapsus génitaux.
Notons aussi le procédé de Mercadé, pratiquant
la suture antérieure des releveurs.
Grossesses ectopiques.
Des grossesses extra-utérines ont donné lieu à une
efflorescence de nombreux travaux en 1919, et elles
sont une des rares branches de la gynécologie où
l’activité se soit continuée pendant la guerre. Faut-il
rapprocher ce fait d’un autre fait qui semble net,
l’énorme proportion d’hématocèles et de grossesses
extra-utérines observées actuellement dans les hôpi¬
taux de Paris ?
D 'étiologie des grossesses extra-utérines a été parti-
(3) Denormant, Journal de chir., t. XII, avril 1914, p. 425-
436.
101
L. SAUVÉ. — LA GYNÉCOLOGIE EN 1919
culièrement étudiée par H. Hartmann et Berge-
ret (1) se basant sur un matériel de 186 cas observés
précocement. Delbet avait déjà noté la fréquence
des fausses couches antérieures (28 fois sur 56) ; elle
est de nouveau notée par Hartmann et Bergeret
(48 fois sur 114).
De même la fréquence des lésions utéro-annexielles
antérieures, remarquée par tous les auteurs, est pré¬
cisée par Hartmann et Bergeret qui les ont ren¬
contrées 64 fois sur 114, qui ont noté la fréquence des
grossesses tubaires (150 fois sur 153).
Ces auteurs concluent également à la fréquence
plus grande des grossesses extra-utérines aux annexes
droites ; ils les ont vues fréquemment récidiver de
l’autre côté (13 p. 100), mais par contre, dans une
proportion égale (13,8p. 100),permettre des grossesses
normales ultérieures. Enfin, d’après eux, les gros¬
sesses ampullaires donnent le plus souvent des
hématosalpinx qui dans 74 cas sur 93 sont sans
embryon reconnaissable.
DilianFarrar (2) a basé sur 309 cas un très impor¬
tant travail qui confirme le précédent : fréquence
des lésions annexielles, rareté de l’inondation cata¬
clysmique, début insidieux habituel. Il a recherché
systématiquement l’hyperleucocytose sanguine et a
constaté que, tandis qu’en cas d’infection elle se main¬
tenait à un taux élevé, en cas d’hématocèle non
infectée elle revenait à la normale en quarante-huit
heures.
D’évolution de ces 309 cas est intéressante à con¬
naître : 81 fois il y a eu avortement tubaire, 169 fois
rupture, 29 fois non rupture, inondation 8 fois, en¬
fants vivants 2 fois, états non définis 21 fois.
Au point "de vue symptomatique, 011 a surtout
rapporté des cas curieux d’évolution très avancée de
ces grossesses extra-utérines. De 29 juillet, un cas cu¬
rieux de Perdoux a déclenché la discussion : il s’agit
d’une grossesse tubaire ayant évolué jusqu’à terme
et que Perdoux eut l’occasion de diagnostiquer et
d’opérer vingt-deux mois après la mort du fœtus. A
cette occasion, Potherat rappelle qu’il a rapporté, il y
avmgt ans, à cette société un cas de fœtus vivant, et
que, à ce propos, un collègue d’Amérique lui avait fait
remarquer que c’était le quatre-vingtième cas de
fœtus extra-utérin arrivé à terme.
Presque simultanément, le 9 août 1919, une sem¬
blable discussion éclatait à la Royal Society de
Dondres ( Sectionof obstetrics and gynecol., p. 140 à 191)
au sujet de deux observations de Gordon Dey de
grossesse extra-utérine à terme avec, du reste, fœtus
morts dans les deux cas. Il passe en revue à ce sujet
100 cas qu’il a pu recueillir dans la littérature de gros¬
sesses ectopiques ayant dépassé huit mois.
Ces faits 11e sont pas seulement des curiosités scien-
(1) H. Hartmann et Bergeret, Quelques remarques à
propos de iSûcas de grossesse extra-utérines observées dans les
premiers mois (A nn. de gynêc. et obstét., t.XIII, n°6,avril 1919).
(2) I.ilian Farrar, Analyse de 309 cas de grossesses extra-
utérines au Woman’s Hospital de New-York (Am. Journal of.
obst. and dis. of wom. and child., t. I,XXIV, n° 6, juin 1918).
tifiques ; ils soulèvent en outre des problèmes théra¬
peutiques importants.
i° Faut-il, après le sixième mois d’une grossesse
ectopique, opérer de suite, ou retarder l’opération
pour avoir un fœtus viable?
2 0 Faut-il enlever tout le kyste fœtal ou le marsu-
pialiser simplement?
Da majeure partie des auteurs pense avec Gordon
Dey, Potherat, etc., que les chances d’extraire un
fœtus viable 11e sont pas à mettre en balance avec les
risques, tant d’infection que d’hémorragie, auxque’s
expose l’expectation. Il faut donc, en présence
d’une grossesse ectopique très avancée, suivre la
règle habituelle et intervenir de suite.
Quant à la technique idéale, elle est plus discutée.
Si tous sont d’avis que l’extirpation est l’opération
idéale, nombre sont d’avis avec Savariaud, Arrou,
Potherat, Daunay, Gordon Dev, que l'extirpation est
souvent aussi difficile que périlleuse, alors que la
marsupialisation, moins brillante, est également
plus sûre.
Certains, avec Daunay et Souligoux, ont égale¬
ment fait remarquer, avec raison, que l’opération,
faite à une époque éloignée, est infiniment moins
grave que lorsqu'elle est pratiquée sur un kyste con¬
tenant un fœtus vivant. Après la mort du fœtus, en
effet, les organes de nutrition s’atrophient, le kyste
devient très peu vasculaire et l'extirpation se fait
sans incident.
Il serait difficile d’énumérer tous les cas curieux
qui ont été rapportés. Williamson a par exemple
rapporté le cas d’un fœtus ectopique ayant séjourné
dans l’utérus pendant cinquante-deux ans. Andrews,
à Tendres, Tuffier, à Paris, ont relaté des cas très
curieux de grossesses évoluant normalement et se
terminant par un accouchement, alors que neuf ans
auparavant dans le cas d’Andrews, quelques mois
avant la grossesse dans celui de Tuffier, une gros¬
sesse ectopique s’était produite, ce qui fut vérifié par
l’opération post partum.
Dans ces discussions et dans tous les travaux que
nous venons de citer, ainsi que dausceluideSpROAT
IIoaney, un fait est bien mis en valeur : la rareté de
l’inondation cataclysmique, la fréquence du début
insidieux.
D’autres travaux ont étudié l’histologie de cer¬
taines grossesses ectopiques rares : Vaudescal (Th. de
Paris, 1919) aétudié la grossesse interstitielle et Beau
(Th. de Paris, 1919) la grossesse isthmique : très sou¬
vent dans ces deux cas l’hystérectomie s’impose.
Da grossesse ovarienne a fait l’objet de plusieurs
travaux, notamment de Meyer et Wynne (3). O11 a
longtemps contesté la réalité des grossesses ova¬
riennes (Dawson Tait) ; Meyer et Wynne eu relèvent
58 cas qu’ils considèrent comme démontrés pour la
dernière décade ; ils estiment que l’absence d’em¬
bryon ne permet pas de conclure à l’inexistence de
la grossesse ; l’examen histologique, en démontrant
(3) Meyer et Wynne, Bulletin of the John Hopkins Hospit.,
t. XXX, n“ 388, avril 1919.
32...
102
PARIS MEDICAL
la présence de villosités choriales ou de vésicule,
entraîne la conviction en l’absence d’embryon qui
peut passer inaperçu ou même s’être résorbé.
Des grossesses abdominales ont été relatées par
Bishkow (i) et Franklin Dorman (2) . Le premier cas
est, si je puis dire, artificiel : une femme est l’objet
de manœuvres abortives au premier mois de la gros¬
sesse qui semble continuer à évoluer ; quatre mois
après, sous la pression d’événements graves, elle
est opérée : on trouve le fœtus au milieu des anses
grêles ainsi que ses annexes. Lors des manœuvres
criminelles, l’avortement s'était fait dans le péri¬
toine ; le fœtus s’y était enkysté, et c’est la rupture
de ce kyste fœtal secondaire qui avait déterminé les
accidents récents.
A côté des formes classiques de l’hématocèle, on
peut avoir des hématocèles antérieures. De Rou-
ville (3) en a rapporté un cas, dans lequel la localisa¬
tion anté-utérine de l’hématocèle était due à l’adhé¬
rence intime du bord inférieur du grand épiploon à
la face postérieure des annexes gauches, siège de la
grossesse.
Affeotions inflammatoires et néoplasiques
des annexes.
Si les hématosalpinx reconnaissent fréquemment
comme cause une grossesse tubaire, ils peuvent être
dus soit à une cause inflammatoire, soit à une malfor¬
mation congénitale. C’est cette dernière qu’étudie
Fogt (Th. de Paris, 1918-1919).
Les suppurations annexielles ont donné lieu au
rapport de J.-L. Faure et Bégouin au Congrès de
Bruxelles (4). Us ont abouti aux conclusions sui.
vantes : i° L’hystérectomie subtotale doit être pré¬
férée à la totale ; elle est moins dangereuse, plus
facile ; le traitement médical a facilement raison de
la métrite du col laissé eu place, et la dégénérescence
cancéreuse de celui-ci est infiniment rare. 2 0 Des
différents procédés employés, celui de Terrier semble
le mohis bon, et le procédé par hémisection le pro¬
cédé de choix.
Dans la discussion qui s’ensuivit, Hartmann,
Walther se séparèrent des rapporteurs et affirmèrent
l’excellence, à leur avis, de l’hystérectomie totale dans
les annexites.
Cette opinion radicale n’est pas partagée par tous.
Nous avons vu plus haut R. d’Ernst rajeunir l’opé¬
ration conservatrice deBEUTTNER dans les suppura¬
tions annexielles ; Convert (Thèse de Lyon), dans une
thèse remarquable, a redéfendu les opérations con.
servatrices dans les salpingo-ovarites (résultats
éloignés), suivant en cela les opinions de son maître
(1) Hisiikow, Journal 0/ the Americ. medic. Assoc., 3r mal
1919, t. LXXII.
(2) Franklin Dorman, Americ. Journ. of Obst., t. I.XXIV,
n° 6, juin 1918.
(3) DE Rouville, Réunion obslét. et gyn. de Montpellier,
3 décembre 1919.
(4) Premier Congrès des gynlc. et obst. de langue française.
indications et technique de l’iiystérectomie dans les suppura¬
tions annexielles.
7 Août IÇ20.
Pollosson. Il apu revoir, en 1914,102 malades ayant
subi des opérations conservatrices éloignées pour
salpingo-ovarites : 39 lésions unilatérales ont donné
77 p. 100 de guérisons et ro p. 100 de grossesses ; les
lésions bilatérales ont donné, suivant la gravité, de
c 5 à 75 p. 100 de bons résultats.
Malgré cette belle statistique, et le travail de
Cahstens qui prône l’abstention et la non-salpingec¬
tomie dans les péritonites tuberculeuses d’origine
annexielle, nous ne pensons pas que ces tendances
conservatrices correspondent à l’opinion de la majo¬
rité des chirurgiens, quand ils ont du moins à soigner
des femmes auxquelles l’état social ne permet pas le
traitement de repos prolongé.
Signalons enfin la description que Patel et Dujol
ont donnée des pyosalpinx et pelvi-péritonites à coli¬
bacille pendant la grossesse (Presse mêdic., 28 août
1919).
Le prolapsus douloureux de l’ovaire a été étudié
par Garcin dans sa thèse (Paris, 1919). L’auteur
estime que cette affection existe en dehors de toute
infection annexielle. Il en distingue trois variétés
fondamentales : le prolapsus isolé, dont les signes
essentiels seraient : la douleur à la défécation et pen¬
dant le coït, la tumeur ovarienne sentie dans le cul-
de-sac postérieur; le traitement serait l’oophoro-
pexie par fixation à la corne utérine de l’extrémité
externe du ligament utéro-ovarien ; le prolapsus
associé aux rétro-déviations, et le prolapsus avec
ovaire sclérokystique.
Des tumeurs de l’ovaire ont fait l’objet d’un travail
de Knyvett Gordon (5) qui a rapporté deux cas
d’hypernépliromes non malins, trouvés par hasard au
cours d’opérations pour fibromes. Roquemaure (Th.
de Montpellier, 1919-1920) a étudié le cancer primitif
de l’ovaire, en rappelant qu’il est bilatéral très sou¬
vent et qu’il survient plus précocement que les autres
cancers. Amadou (Th. de Montpellier, 1919) a décrit,
d’après Massa buau et Martin, des cancers ovariens
analogues aux séminomes du testicule. HENRY (TA.
Montpellier, 191g) décrit les fibromes de l’ov&ire,
fibromes purs ou fibromyomes, s’accompagnant
dans la moitié des cas d’ovaire sclérokystique de
l’autre côté, et pouvant devenir malins.
Kynoch (6) a rapporté un cas de chorio-épithéliome
primitif de l’ovaire ; il est vraisemblable que de sem¬
blables tumeurs se greffent snr d’anciennes gros¬
sesses ectopiques.
Savariaud.ù la,Société de chirurgie, 30 juillet 1919,
a montré l’importance des kystes dermoïdes paro-
variens inclus dans le ligament large comme cause de
dystocie. Il a rapporté le cas d’une parturiente, à
laquelle Ribemont-Dessaignes dut pratiquer une
césarienne ; 'Savariaud pratiqua secondairement
l’ovariotomie, et extirpa un kyste dermoïde tout à
fait indépendant de l’ovaire.
Les greffes ovariennes ont été étudiées par Rou¬
fs) Deux cas d’hypeméphroine de l’ovaire (British mcd.
Journ., n" 3068,18 octobre 1919).
(6) Voy. analyse in Jourml de chirurgie, t. XV, p. 566.
E. FORGUE. — LE CHOIX DE L’ANESTHESIE EN GYNECOLOGIE 103
ville et Coiier ( i ) qui ont pratiqué deux fois des auto-
greffes humaines, avec les deux fois constatation de
l'activitédes greffons. Ils avaient été greffés les deux
fois dans le tissu cellulaire sous-cutané de la paroi
abdominale.
Vagin et vulve.
IvARDENNOis, de Reims, a rapporté au Congrès
français de cliirurgie un beau cas de vagin artificiel
par abouchement à la vulve d’une anse iléale sé¬
parée du reste du tractus intestinal.
Hartmann (Th. de Paris, 1918-1919) a étudié les
kystes du vagin. Ils peuvent reconnaître, d’après lui,
deux origines : 1 " l'origine embryonnaire, soit aux
dépens du canal de Müller, soit à ceux des canaux
de Gaertner, soit par accolemeut des feuillets du
cul-de-sac de Douglas ; 2 0 l 'origine traumatique par
inclusion épithéliale : l’accouchement jouerait uu
rôle considérable.
Des fistules vésico-vaginalcs post-opératoires ont
été étudiées par le professeur Legueu à la Société de
chirurgie du 29 janvier 1919. Il préconise pour elles
la voie abdominale. Il pratique par cette voie la
taille vésicale, expose l’orifice vésical de la fistule,
ouvre ensuite le vagin, le sépare de la vessie, et, après
avivement des deux'orifices de la fistule, suture indi¬
viduellement le vagin et la vessie : il procède ainsi à la
séparation de deux organes et non de deux orifices.
Sur 12 opérations, il a eu ainsi 11 guérisons com¬
plètes, et une mort par intoxication chloroformique.
Ce procédé est surtout applicable aux fistules hautes
post-opératoires.
Il faut rapprocher de ce procédé celui qu’a exposé
Deleuil dans sa thèse de Montpellier (1919), qui
passe en dehors du péritoine, et le procédé décrit
par M. de Oliveira Molta (2).
Enfin, h. BDrard et Dunet ont étudié (3) le
kraurosis vulves. Ils en distinguent deux variétés :
i° le kraurosis blanc, kraurosis leucoplasique de
Bouilly ; 2 0 le kraurosis rouge, kraurosis inflamma¬
toire de Lawson Tait. Il s’accompagne toujours
d’atrophie rétracile des organes génitaux externes ;
parfois sous la dépendance de l’insuffisance ova¬
rienne, comme l’a montré J ayle chez les castrées, il
reconnaît surtout comme cause l’infection, et le seul
traitement à lui opposer est l’exérèse des tissus ma¬
lades.
(1) Sociétt des sciences médicales et biologiques de Montpellier,
16 janvier 1920.
(2) Traitement d’une fistule vèsieo-utérine par voie abdomi¬
nale (Rivista de Cinecol. e de Pedialr., Rio-dc-Janeiro, n° 2,
février 1919).
(3) 4nn. de gynéc. et d’obst., t. XIII, n° 8.
LE CHOIX DE L'ANESTHÉSIE EN
GYNÉCOLOGIE
PAR
Emile FORGUE
Professeur de clinique cliirurtîlcalc à l’Université de Montpellier.
Quelle est, présentement (car c’est une question
en continuelle évolution) l’anesthésie de choix en
gynécologie ? — Il est de toute évidence, dès
l’abord, qu’il serait illogique et peu clinique d’y
répondre par une formule absolue. La chirurgie
gynécologique comporte toute une gamme d'in¬
terventions, qui vont des opérations simples et
brèves, comme un curettage ou une amputation
du col, ou superficielles, jusqu’aux problèmes
techniques les plus complexes, les plus difficiles qui
puissent être posés à un chirurgien, comme les
hystérectomies élargies pour cancer infiltré dans
le paramètre ou comme certaines opérations pour
suppuration pelvienne. Il n’en est pas moins vrai
qu’il y a avantage et profit à échanger nos vues
sur ce point, à confronter nos pratiques et nos
résultats, de façon à fournir à ceux qui débutent
et, souvent, nous consultent à ce propos, une
direction, sinon une règle.
Car, au point de vue général, il est curieux
d’observer que, tandis que la technique opératoire
tend partout à s’unifier, la question de l’anesthésie
continue à garder une grande diversité de solutions,
d’un pays à l’autre, et, dans uu même pays, d’un
centre chirurgical à l’autre. Cette guerre elle-même
qui, par les occasions de comparaison et d’é¬
change interallié d’idées, de méthodes et d'appa¬
reils, a uniformisé nos principes de thérapeutique
générale, 11’a point amené ici un progrès décisif,
de doctrine ni de pratique, malgré quelques inno¬
vations et un luxe superflu d’outillage emprunté
aux Américains. Nous avons le défaut, les uns et
les autres, de marquer, en cette question, des
opinions, plutôt des habitudes, exclusives : cha¬
cun de nous se tient pour satisfait du mode
d’anesthésie, je n’ose dire de la routine, qui pré¬
vaut dans son service et se transmet d’un per¬
sonnel à l’autre ; et, alors que nous accueillons
volontiers toute nouveauté de technique opéra¬
toire, nous sommes peu disposés à changer notre
anesthésie coutumière, à refaire notre apprentis¬
sage. C’est là, probablement, la raison pour
laquelle la rachianalgésie n’a point rencontré par¬
tout un accueil favorable il n’est pas douteux
que, pour la juger avec exactitude, il faut en
acquérir une pratique expérimentée ; il faut donc
se remettre à l’école, en tout cas se perfectionner
de plus en plus dans son exécution technique, ce
qui est la condition de sa valeur, et s’y mettre
104
PARIS MEDICAL
soi-même, personnellement, alors que, pour la
narcose par inhalation, nous déléguons ces fonc¬
tions, et cette responsabilité, à notre aide-anes¬
thésiste.
Or, il est incontestable que, surtout en matière
de grande chirurgie gynécologique, c’est-à-dire
de ces éventualités opératoires malaisées, telles
qu’elles résultent de l’inclusion ligamentaire, de
l'englobement cancéreux des paramètres et des
lésions de l’uretère qui en peuvent être la consé¬
quence, des adhérences propres aux vieilles pelvi-
péritonites, la qualité de l’anesthésie est capable
d'influer considérablement sur la valeur technique
de l'intervention, sur la précision de son accom¬
plissement, sur la sécurité de ses suites, sur l’effi¬
cacité de ses résultats. C’est donc, indirectement,
travailler aux progrès de la technique opératoire que
de chercher la perfection de l’anesthésie ; et, sur ce
point, aucune proposition, bien étudiée, garantie
par l’autorité de l’observateur, vérifiée par une
série clinique suffisante, ne doit nous laisser indif¬
férents.
Une règle essentielle se dégage de la somme des '
travaux des chirurgiens de tous pays, visant la
formule moderne de l’anesthésie : la localisation,
la limitation de l'analgésie à la région opératoire
est l’objectif à poursuivre. Notre effort doit donc
se porter vers la réduction de la narcose par inhala¬
tion ; nous ne devons pas oublier que, dans toute
anesthésie générale, l’insensibilisation des parties
ne s'obtient qu’au prix d’un certain degré d’in¬
toxication totale de l’organisme, avec ses risques,
immédiats ou retardés, que nous connaissons bien
maintenant. Et il y a, en gynécologie, toute une
clientèle de malades qui sont particulièrement
menacées par ces actions toxiques, primitives ou
secondaires, des anesthésiques généraux. Telles,
ces fibromateuses à grosse tumeur, chez lesquelles
la dyspnée d’effort, la faiblesse du pouls, l’obscu¬
rité des bruits, font craindre une dégénérescence
graisseuse du myocarde ; celles qui font de l’azo¬
témie et dont le rein et le foie doivent être gardés
contre la moindre destruction cellulaire toxique ;
telles ces matrones obèses à coeur gras ; telles les
cancéreuses qui font, par résorption toxique, de
l'insuffisance polyviscérale latente, et dont le
sang subit, par hémolyse, mie rapide diminution
globulaire. Plus ou vieillit dans la pratique de la
grande gynécologie, plus on apprend à redouter
ces complications post-opératoires imprévues, qui
ne permettent pas à la mortalité, pour certaines
interventions, de s’abaisser, malgré la sûreté de
la technique et de l’asepsie, au-dessous d’un taux
m inimum , fixe déjà depuis quelques années. Et il
est certain que la meilleure garantie que nous
7 Août IÇ2Ù.
puissions avoir contre ces ruptures brusques d’un
équilibre fonctionnel instable, c’est de préserver
les grands viscères contre toute imprégnation
toxique.
1/anesthésie locale, en gynécologie, a, forcé¬
ment, un champ restreint. U’extirpation des
kystes de la glande de Bartholin, l’ablation des
tumeurs de la vulve, des cancroïdes des grandes
lèvres et du vagin, constituent les meilleures indi¬
cations de cette méthode. Nous avons, maintes
fois, pratiqué, sous l’anesthésie locale, l’amputa¬
tion du col ; deux fois, l’hystérectomie vaginale,
dans le cas de prolapsus total de l’organe, où
l’utérus, selon le mot de notre ami Reclus, se
trouve sous les yeux et entre les doigts de l’opé¬
rateur. Certes, on peut, avec la novocaïne infiltrée
par étages successifs, muqueuse, peau, cloison,
releveurs, réaliser la colpo-périnéorrapliie et nous
y avons, plusieurs fois, réussi ; néanmoins, hormis
le cas d’une colporrapliie antérieure ou d’une
restauration périnéale lieu compliquée, nous avons
abandonné l’anestliésie locale pour ces interven¬
tions : leur condition d’efficacité, de consolida¬
tion, suffisante et stable, c’est la dissection large
des plans anatomiques, leur découverte nette,
leur affrontement parfait en profondeur et en
surface ; la multiplicité des injections retarde et
trouble la conduite de l’opération ; il est si facile,
avec une dose homéopathique de 5 à 6 centi¬
grammes en injection rachidienne, d’obtenir mie
absolue insensibilisation des plans périnéaux, mie
docilité musculaire totale, une facilité de ma¬
nœuvre incomparable, que c’est bien là une des
occasions où l’on apprécie le mieux ce calme pro¬
fond dans l’analgésie, cette immobilité de la
malade qui demeure en position fixe au bord de
la table, cette excellente présentation des espaces
disséqués, que nous devons à la rachianesthésie.
Reclus croyait que la novocaïne en injection
locale serait suffisante dans nombre de cas de fis¬
tules vésico ou recto-vaginales : nous avons l’opi¬
nion inverse ; les rares fistules qu’il nous est
donné de traiter sont compliquées, mal acces¬
sibles ; il faut manœuvrer à l’aise et au large et,
pour cela, il faut une insensibilisation à fond, sans
défense musculaire : là, encore, la racliiaualgésie
affirme sa supériorité. Est-il possible aussi de
recommander l’anesthésie locale pour le curettage,
alors que quelques bouffées de chlorure d’éthyle
nous donnent, si simplement, la très brève anes¬
thésie suffisante à l’exécution parfaite de l’inter¬
vention? Enfin, les indications sont bien excep¬
tionnelles de faire à l’anesthésie locale le grand
honneur d’une laparotomie pour kyste de l'ovaire,
a fortiori pour fibrome utérin : quand nous n’a-
E. FORGUE. — LE CHOIX DE L’ANESTHESIE EN GYNECOLOGIE 105
vions que le chloroforme, nous avons pratiqué,
trois fois, chez des malades dont le cœur et les
reins contre-indiquaicàt l’anesthésie générale,
l’ovariotomie par infiltration cocaïnique de la
paroi et du pédicule ; mais ces cas, surtout ceux
des kystes végétants à adhérences multiples,
nous paraissent le triomphe de la rachianalgésie,
parce que, mieux que toute autre méthode, elle
insensibilise et immobilise l’abdomen ; et les par¬
tisans de l’anesthésie locale sont bien forcés de
reconnaître que l’ovariotomie présente alors de
graves difficultés, la malade poussant et chassant
ses anses ; d’où, risques d’infection, et, au total,
avec un but de simplification, une aggravation
de l’acte opératoire.
h’anesthésie para-verlébrale bilatérale
gagne, actuellement, du terrain, à l’étranger ; un
Allemand n’allait-il pas, récemment, jusqu’à la dé¬
nommer, avec un lyrisme excessif : « l’Eldorado de
tous les procédés » ! Il est possible que la méthode
ait quelque domaine d’application ; mais il faut
reconnaître qu’elle se complique par la multipli¬
cité des injections nécessaires : pour faire mie
hystérectomie, Pauchet nous dit que vingt-quatre
piqûres, au moins, sont indispensables, puisqu’il
faut injecter douze paires de chaque côté, les six
derniers intercostaux, trois lombaires et trois
sacrées. Et, encore, Reinhard, qui est un des
ardents défenseurs de la méthode, juge-t-il indis¬
pensable de préparer le patient par une injection
de scopolamine-morphine ! Voilà bien des com¬
plications pour atteindre, à l’état dispersé, à la sor¬
tie des trous intervertébraux, des nerfs qu’il est
plus commode d’impressionner, en masse, par
l'injection lombaire intradurale ! Pour les viscères
unilatéraux, auxquels convient et suffit une hémi¬
analgésie (cæcostomie, appendicectomie, ferme¬
ture de fistule intestinale, résection du segment
iléo-cæcal ou de l’anse sigmoïde), cette méthode
vaut la peine qu’on l’étudie, qu’on s’y entraîne
et mérite peut-être de se substituer à la rachi ;
pour les interventions portant sur les viscères
médians ou bilateraux comme l’utérus et les
annexes, la double série des injections nécessaires,
et les lacunes possibles du champ d’analgésie qu’il
faut compléter par la narcose, sont une infériorité
technique qui borne sûrement l’avenir de cette
méthode d’anesthésie régionale.— Quant à Y anes¬
thésie irans-sacrée, que peut-elle nous permettre?
Une intervention pour prolapsus, quelques opé¬
rations sur les grandes lèvres ou le vagin, une
amputation du col ; et, tout cela, nous pouvons le
faire avec une technique plus simple, par la locale
ou la rachi à faible dose.
1 1 anesthésie épidurale mérite-t-elle, en gyné¬
cologie, d’entrer en concurrence avec la rachi¬
analgésie? Il est intéressant de noter la faveur
dont cette proposition, française, puisque Cathelin
en est l’initiateur, jouit actuellement en Alle¬
magne, sous le tenue, moins anatomiquement
justifié, de Sakralanâstbesie. Faut-il chercher
la raison de cet engouement pour l’extra-durale
dans les mécomptes que l'analgésie rachidienne
intradurale aurait fournis à nos adversaires et
convient-il d’expliquer ces mécomptes par une
technique moins précise que la nôtre, par des
doses moins mesurées, par un outillage de moindre
finesse? A en juger par quelques observations que
nous avons pu faire avant la guerre, dans cer¬
taines cliniques d’Outre-Rhin, ces critiques ne
sont pas sans quelque fondement. Toujours est-
il que, surtout sous l’impulsion de Krônig, de
Schlimpert, de Kehrer, l 'anesthésie extra-durale
haute est, de l’autre côté du Rhin, appliquée aux
opérations majeures de la gynécologie, et remonte
même jusqu’à des interventions sur les reins et
les voies biliaires. Mais il faut arriver, chez l’a¬
dulte, à des doses considérables pour hausser ainsi
la zone d’anesthésie : 60 à 70 centimètres cubes
de novocaïne à 1,5 p. 100, avec suprarénine,
injectés, lentement, en trois minutes, par l’hiatus
sacré, en position haute du bassin. Or, cette injec¬
tion épidurale, surtout chez les femmes grasses,
n’est pas sans difficultés et Schlimpert lui-même,
dans son étude sur la narcose en gynécologie, a dû
les*reconnaître ; l’assistant de Krukenberg, L,ie-
bich, confesse que quiconque s’adonne à l'anes¬
thésie extradurale a besoin d’un bon appren¬
tissage. Cette quantité forte de o’r.cjo de novo¬
caïne, que Kehrer considère comme normale,
n’est pas sans risques, sous cette forme de péné¬
tration, d’autant qu’une préparation de subnar¬
cose allant jusqu’à ce qu’ils appellent le sommeil
crépusculaire, par la scopolamine-morphine, ou le
véronal-morphine, à haute dose (ils n’y vont pas
de main-morte : 0,03 de pautopon et 0,003 de
bromhydrate de scopolamine, selon Bleck !), est
indiquée comme complément nécessaire de l’ex¬
tradurale. Et, dès maintenant, nous pouvons
juger et condamner ces tentatives allemandes
pour exhausser la zone anesthésique dont l’épi¬
durale est capable : la méthode est infidèle ; et,
entre autres exemples, les deux cas mortels
observés à la clinique de Krukenberg montrent
qu’elle est périlleuse.
Voilàdixans quejepratiquel’anesthésie rachi¬
dienne et l’ai soumise au contrôle des faits,
exempt de tout parti pris, inspiré plutôt, au début,
par une médiocre confiance (puisque je la repre¬
nais avec Riche, alors que ses meilleurs partisans
PARIS MÉDICAL
106
la délaissaient), et m’astreignant constamment à
la règle d’un examen critique impartial et sévère,
avec notation détaillée des modifications physiolo¬
giques qui ont marqué chacune de mes rachianes-
thésies. J’ai ainsi dépassé, à l’heure actuelle, ma
quinze-centième rachi et crois avoir quelque droit
de conclure.
J’estime que, pour les grandes interventions
pelvi-abdominales de la gynécologie, la rachi-
analgésie peut remplacer la narcose par inhalation,
qu’elle lui est supérieure au double point de vue
de ses avantages pendant l’opération et de la sim¬
plification des suites opératoires. Je déclare, me
fondant sur une série d’observations démonstra¬
tives, que l’analgésie rachidienne est particulière¬
ment précieuse dans les cas où précisément (pour
des contre-indications rénales, hépatiques, pul¬
monaires, cardiaques) la narcose par inhalation
constitue le risque de l’opération et peut même la
rendre impraticable. J'insiste sur la nécessité de
limiter scrupuleusement les indications de l’anes¬
thésie lombaire, de 11e la point employer dans les
cas où convient une anesthésie locale bien maniée,
dans les opérations rapides et simples où suffit une
courte anesthésie générale (je ne fais plus de rachi
dans les ligamentopexies, dans les ovariotomies
à kystes libres, dans les appendicites chroniques,
dans les hernies non compliquées) : c’est compro¬
mettre l’avenir de la rachi que de l’appliquer à
des cas qui n’en valent pas la peine, ou de vouloir,
au contraire, sauf indications exceptionnelles* la
hausser à des opérations hautes qui dépassent, au-
dessus du diaphragme, la zone de ses applications
prudentes.
Ce qui fait le prix de la rachi-analgésie, dans les
opérations majeures de la gynécologie, c’est ce
« silence abdominal », ce calme plat du ventre qui,
vraiment, a transformé nos hystérectomies élar¬
gies pour cancer utérin, nos énucléations pour
inclusions graves, nos décortications d’annexites
très fixées. Toutes les fois qu'une résolution mus¬
culaire parfaite est d’un bon secours, qu’un travail
technique de précision est indispensable, la rachi
nous donne une heure, au moins, d’analgésie tran¬
quille, pendant laquelle, si l’on ne lambine pas, on
a le temps de mener à bout la grande majorité des
interventions les plus malaisées de la chirurgie
pelvi-abdominale. Aucune anesthésie 11e donne,
au même degré, cette immobilisation des viscères,
cette chute stable du paquet intestinal vers le
diaphragme, ce vide total et permanent du bassin,
cette netteté des manoeuvres qui fait que l’acte
opératoire se poursuit, temps par temps, avec
autant de précision qu’à l’amphithéâtre.
Tà où cet avantage apparaît dans toute son
7 Août IÇ20.
évidence, c'est dans ces laborieuses interventions,
;pour cancers utérins infiltrés vers le paramètre, que
nous abordons, depuis quelques années, depuis que
nous avons reculé le degré d’opérabilité de ces tu¬
meurs. Il est incontestable que ces cas graves, à la
limite, constituent parfois la synthèse des difficultés
techniques que le chirurgien ait à résoudre : l’exci¬
sion du paramètre infiltré, la réparation des lésions
opératoires de la vessie et de l’uretère, la profon¬
deur de l’hémostase, les irrégularités de la périto¬
nisation, en font, plus que toutes autres, des inter¬
ventions atypiques, compliquées d’imprévus, où
il s’agit de ne rien négliger et, cependant, de ne
point prolonger trop l’opération. Ce sont ces cas
qui, avec le chloroforme ou l’éther, comportent,
ou des insuffisances techniques, ou des imprégna¬
tions toxiques trop massives ; avec 14 à 16 centi¬
grammes de syncaïne.nous arrivons à avoir devant
nous une heure et quart, une heure et demie
d’analgésie parfaite, à ventre plat et calme, et
nous réussissons toujours à finir correctement le
travail, même avec une somme de complications,
comme dans un fait récent où nous avons pu
obtenir la guérison opératoire, après résection
partielle de la vessie, excision des portions pel¬
viennes des deux uretères et urétéro-néocysto-
stomie double.
1 1 inclusion intraligamentaire n’est plus, comme
au temps où Terrillon écrivait, considérée comme
« la plus grosse question de la chirurgie abdomi¬
nale » : depuis la position inclinée de Trendelen-
burg, et grâce à l'hystérectomie complémentaire,
ce travail de décortication de la tumeur
ligamentaire s’est bien simplifié. Il n’en est pas
moins vrai qu'il est des tumeurs rétro-péritonéales,
qui, après dédoublement du ligament large, se
développent au r dessous de la séreuse, plus ou
moins loin vers les flancs et les lombes, et dont
l’énucléation risque d’entraîner et de léser l’ure¬
tère : dans ces cas gravement inclus, nous avons,
plusieurs fois, apprécié les services de clairvoyance
et de commodité que nous devons à larachi.—Ta
même sécurité technique nous est assurée dans
ces hystérectomies difficiles pour lésions annexielles
fixées par des adhérences très denses (ainsi que
nous l’avons surtout noté dans les pelvi-périto-
nites tuberculeuses), avec des poches purulentes
cloisonnées :quiconque a assisté à un de ces labo¬
rieux décollements des annexes, apprécie, par
comparaison, avec la moyenne des narcoses d’in¬
halation, l’avantage de la rachi pour la recherche
des plans clivables, pour le décollement patient
et lent des parties très adhérentes, pour la préser¬
vation du péritoine dans le cas de « crevaison »
de poches purulentes, pour la clarté de l’hémo-
E. FORGUE. — LE CHOIX DE L’ANESTHESIE EN GYNECOLOGIE 167
stase: J.-I/. Faure a raison de dire qu’il suffit alors
d’une faute légère pour entraîner des désastres
irréparables ; et nous avons la conviction que,
plusieurs fois, la raclii nous a permis d'éviter cette
faute.
Combien se simplifie aussi, grâce à la rachi-
syncaïne, l'intervention dans les colpo-périnéor-
raphies, dans les hystérectomies vaginales, dans
les fistules vésico-vaginales ! 1/opérée reste eu
position fixe, jambes immobiles sur les antennes,
périnée au bord de la table ; et l’on n’a pas ces
retraits de siège, ces déplacements intempestifs,
qui accompagnent, parfois, la narcose d’inhala¬
tion, même bien conduite ; toute la musculature
du plancher pelvien est veule et flasque, et les
organes descendent plus docilement sous la trac¬
tion de la pince. Même simplification pour les
opérations intravésicales de fistules vésico-vagi¬
nales, ou pour l’intervention trans-péritonéale que
nous ayons été le premier à aborder, grâce à la
rachi.
Faut-il craindre la position déclive, parce qu’elle
peut renverser, vers le bulbe et l’encéphale, le
liquide céphalo-rachidien et porter l’analgésique,
dont il est chargé, vers le centre cardiaque ou
respiratoire? Si cela était, la cause de la raclii se
trouverait très compromise ; car, en vérité, entre
ces deux avantages techniques, la commodité de
l’analgésie rachidienne et le progrès dû à la posi¬
tion de Trendelenburg, notre choix est fait et nous
opterions pour le second. Sans doute, tout chirur¬
gien, expérimenté en rachi-analgésie, sera forcé de
reconnaître que nous ne sommes pas encore maîtres
de régler, absolument, le niveau supérieur de l’anes¬
thésie ; il dépend de multiples conditions : surtout,
de l’abondance de l’évacuation du liquide céphalo¬
rachidien ; de la dose anesthésique employée ;
à dose égale, de la concentration et de la densité
de la solution (notion où Krônig a plagié Barker), de
la force avec laquelle l’injection est poussée. Mais,
en nous tenant à nos doses et à notre technique
habituelles, nous pouvons dire que les craintes de
Krônig et Gauss ne sont pas motivées, que la posi¬
tion haute du bassin est supportée sans incidents
respiratoires ou cardiaques, à condition d’être
lentement établie, et que, d’ailleurs, en raison de
l'inertie de la paroi, la rachi nous permet souvent
d'obtenir, avec une moindre déclivité, une éva¬
cuation du pelvis aussi parfaite, ce qui est un
avantage chez les grosses dames, à cœur gras,
emphysémateuses, que congestionne fortement la
position de tête en bas. Ce qu’il faut éviter, ce
sont les secoussés brusques, de l’horizontale vers
la déclivité ou inversement ; ainsi, lorsqu’à la fin
de l'opération on revient à l’horizontalité, il faut
l’atteindre par étapes, sinon quelques vomisse¬
ments traduisent ce brusque reflux céphalo¬
rachidien, comme le coup de tangage amène le
mal de mer.
Il y a ; sans qu’on puisse parler d’échec, des
malades qui se plaignent pendant la rachi-anal¬
gésie : ce sont des timorées, des nerveuses, des
jeunes femmes qui manquent de courage ou sim¬
plement de patience, des sujets qui ont des idées
préconçues ou que l’on a dissuadées (nous voyons
bien, dans nos services, ces alternatives d’en¬
gouement ou de méfiance à l’endroit de la « pi¬
qûre »). Parce qu'elle a conservé les sensations de
tact, la patiente croit éprouver des sensations
douloureuses. Après trois quarts d’heure, l’impa¬
tience s’accroît : ce n’est pas qu’elle souffre, mais
qu’elle se trouve en position inconfortable (il faut,
pour cette raison, couvrir la table d’un petit
matelas stérilisable), qu’elle a hâte de voir l’opé¬
ration s’achever, d’être reportée à son lit. C’est
donc affaire de psychisme déficient, plutôt que
d’anesthésie insuffisante. Chez les jeunes femmes
au-dessous de la trentaine, chez les grandes ner¬
veuses, dans la clientèle exigeante et peu habituée
à souffrir, nous faisons, une heure avant la rachi,
une injection de pantoponou de spartéo-morphine.
Il est bon, aussi, de ne pas laisser à jeun la ma¬
lade ; il est utile qu’un aide, pendant l’interven¬
tion, lui tienne conversation, s’emploie à distraire
sa pensée, et cette diversion psychique est souvent
efficace.
Une des objections, en effet, qu’on a faites à la
rachi-analgésie, c’est son infidélité. Mais il faut
distinguer les vrais échecs, des insuffisances
d’ordre psychique. Et, même pour les premiers,
il est réel, selon la formule de Strauss, que le
nombre des insuccès est en raison inverse de l’expé¬
rience opératoire. Dans nos observations nouvelles,
nous n’avons pas 2 p. 100 d’anesthésies insuffi¬
santes ou d’anesthésies courtes : cela tient incon¬
testablement à ce que nous avons, à chaque série,
gagné en précision technique.
D adoption de la novocaïne nous paraît, jusqu’à
découverte d’une substance moins toxique encore,
un progrès capital ; et c’est le mérite des maisons
françaises (Clin, Lumière, Usines du Rhône)
de nous avoir libérés de la fabrication allemande.
Notre choix s’est porté sur la syncaïne Clin, dont
les solutions stérilisées nous sont fournies en
ampoules de 3 centimètres cubes. Après divers
essais, nous avons adopté, pour la chirurgie abdo¬
minale, la solution pure, sans adrénaline, de syn¬
caïne à 8 p. 100 : nos doses courantes vont dei cen¬
timètre cube (soit 8 centigrammes) pour les
opérations périnéales, vaginales, pour les appendi-
32.-.
io8
PARIS MEDICAL
cectoinies, les cures de hernie, les ligamentopexies,
à i centimètre et demi (soit 12 centigrammes, dose
moyenne pour les laparotomies), et jusqu’à près
de 2 centimètres (soit 14 à 16 centigrammes, pour
les interventions laborieuses ou élevées, hystérec¬
tomies pour cancer, pour annexâtes complexes et
fixées, pour les opérations sur le foie, le rein, l’es¬
tomac : à cette dose maxima, mais maniable avec
sécurité si la technique est bonne, nous disposons
d’un temps d’anesthésie capable de parer à toutes
éventualités techniques (une heure et demie et
plus) et d’une zone haute d’analgésie, qui remonte
aux mamelons. C’est plus qu’il ne faut ; mais,
notre confiance s’affermissant avec notre expé¬
rience, nous en sommes venu, quand la gravité
du cas autorise et nécessite la durée et la hauteur
de l’analgésie, à craindre moins cette dose forte
que la complication d’une insuffisante anesthésie
qui, en fin de séance, chasse les anses, gêne les
derniers temps opératoires, et force à une narcose
complémentaire.
ha. perfection de la technique est, nous le répé¬
tons, une condition majeure de la sécurité. Notre
instrumentation : aiguille de Gentile, en nickel ou
en platine, à biseau court, à mandrin aseptisable
à l’étuve sèche, et seringue de Strauss-Collin, de
2 centimètres cubes, à piston d’amiante, stérilisée
par ébullition dans l’eau pure. Ponction, dans la
région lombaire, dans le troisième ou quatrième
espace, sur la ligne médiane, la malade étant en
décubitus latéral et faisant le gros dos. Evacua¬
tion de 10 à 20 centimètres cubes, selon la tension :
il est certain que, d’une part, l'ascension de la zone
d’analgésie est fonction de la quantité évacuée et
que, d’autre part, l’hypertension étant le facteur
dominant des petits accidents de la rachi (cépha¬
lée, vomissements), il y a avantage à détendre le
liquide céphalo-rachidien ; pour une basse tension
(goutte à goutte), tenez-vous-en à 10 ou 15 centi¬
mètres cubes ; pour les tensions élevées (liquide en
jet), attendez le goutte à goutte, pour retirer 8 à
10 centimètres cubes. Adaptez soigneusement à
l’embout dé l’aiguille la seringue chargée de la
solution et poussez lentement, par un appui doux
et progressif, à raison d’un quart de centimètre
cube par minute. L’injection faite, la malade est
remise doucement sur le dos ; elle peut être sans
inconvénient placée progressivement en Trende-
lenburg, mais, pour atteindre les positions très
déclives, il vaut mieux attendre une dizaine de
minutes ; l’anesthésie apparaît rapidement et se
complète ordinairement en cinq à dix minutes.
E11 vérité, c’est un rôle encore ingrat, chez nous,
que de patronner la rachi-analgésie : ses opposants,
qui restent nombreux, réclament d’elle la cons¬
7 Août 1920.
tance, l’innocuité absolue, immédiate ou à suivre.
A ce compte, quel est le mode d’anesthésie qui
garantisse la pleine sécurité? Il s’agit de compa¬
rer, impartialement, les inconvénients et les
risques ; et dix ans de pratique de la rachi "m’ont
convaincu que cette comparaison est à son avan¬
tage. Il y a des rachi-analgésies parfaites : l’expé¬
rience technique aidant, elles deviennent la très
grande majorité. Il y a des incidents bénins (pâleur
de la face, mal-être comparable au mal de mer,
état nauséeux êt angoissé) que le chirurgien doit
envisager sans émoi : apaisez l’inquiétude de
l’opérée, faites une injection de caféine, appliquez
sur le crâne une calotte d’eau chaude ; tout cela
se dissipe. Entre la vingtième et la trentième
minute, des vomissements peuvent se produire :
ils sont annoncés par la patiente, manquent de
violence en raison de la parésie de la paroi, et
permettent une contention aisée des viscères ; il
est rare qu’ils se répètent vers la fin de l'opération,
hormis le cas d’une horizontalité trop brusquement
rétablie ; mais il y a, sur ce point, des variantes
individuelles. Le pouls descend presque toujours
vers 60, quelquefois 50, et reste ralenti pendant
la plus grande partie de l’anesthésie, pour se rele¬
ver vers la fin ; cette chute du pouls peut être
assez brusque ; et, par une série de mesures oscillo-
métriques, nous avons étudié ces variations de la
pression : Hédon, qui les a commentées avec nous,
nous a rassuré en les interprétant, non comme des
actions sur les centres, mais comme des réactions
vaso-motrices périphériques. Les cas de collapsus
vrai deviennent exceptionnels, sous la condition
d’une technique parfaite : une série de 625 lapa¬
rotomies, dont la majorité répondaient à des cas
difficiles, exemptes de toute alerte grave, nous
autorise cette affirmation. Il y a actuellement,
dans la littérature, trois à quatre douzaines de
morts par collapsus, dont on fait état contre la
rachi-analgésie ; mais, quand on les soumet à
un examen critique, on voit que le plus grand
nombre de ces décès ne saurait être mis au passif
de la méthode : métastases cancéreuses ; embolie
pulmonaire ; collapsus cardiaque chez des malades
gravement intoxiquées ou shockées ; erreurs de
doses ou de technique ; emploi de la stovaïne ou
de cocaïne non purifiée.
Le grief des accidents tardifs est celui qui a le
plus nui à la rachi-analgésie. Or, en règle presque
générale, la rachi, avec la syncaïue, nous a paru
exempte de toute séquelle ; c’est même cette sim¬
plicité des suites post-anesthésiques qui est une
des raisons décisives de la supériorité de l’anal¬
gésie lombaire sur les narcoses d’inhalation. Ces
troubles consécutifs peuvent, cependant, se mani-
G. SCHICKELÉ. — RETENTION
fester sous leur forme la plus bénigne : céphalée,
rachialgie, qui durent peu et cèdent à l’aspirine
ou au pyramidon ; dans 3 cas, nous avons vu des
céphalalgies prolongées ; une fois seulement nous
avons dû pratiquer une ponction lombaire de
détente. Quant aux accidents à long terme, j’ai
pu suivre la majorité de mes rachi-anesthésies :
jusqu’à présent aucune évolution tardive d’acci¬
dents médullaires n’est venue contredire mon
appréciation favorable.
Il est hors de doute, par contre, que les suites
opératoires des grandes interventions gynécolo¬
giques sont plus simples qu’après l’anesthésie
générale : nos infirmières sont unanimes à déclarer
combien leur besogne de garde se simplifie. Le
choc post-opératoire est à peu près nul : le faciès
reste normalement coloré, la respiration régulière
et calme ; le pouls peut rester ralenti pendant
quelques heures, mais rarement au-dessous de 60.
La soif .est bien moins vive et peut être plus préco¬
cement calmée par l’ingestion de boissons. Nos
laparotomisées ne vomissent pas, ne tirent pas
sur leurs sutures en vomissant. Le rétablissement
de la péristaltique intestinale est très rapide ; et
cela contribue, entre autres facteurs, à la sup¬
pression de ces iléus dynamiques qui étaient,
autrefois, un échec. Aucun mode d’anesthésie
générale, pour inhalation, ne respecte, autant que
la rachi-analgésie, le foie, les reins et le poumon.
Il nous a même paru que, grâce à elle, les throm¬
boses et les embolies, qui sont notre cauchemar
après les grandes interventions gynécologiques, se
sont manifestement raréfiées. Et, au total, c’est
la mortalité opératoire qui baisse, surtout pour la
catégorie des cancers utérins.
En conclusion, je me garde de toute formule
absolue ; j’ai voulu simplement juger ce point de
pratique avec exactitude et mesure. Et je déclare
avoir reçu, de cette série de plus de 600 raclii-
analgésies pour laparotomies gynécologiques, une
impression assez favorable pour en recommander
l’essai loyal à nos collègues. J’ai la conviction que,
grâce à elle, j'ai pu sauver des opérées qui n’eus¬
sent point supporté un autre mode d'anesthésie.
DE DEBRIS PLACENTAIRES 109
A PROPOS DE
LA RÉTENTION PROLONGÉE
DE DÉBRIS ET POLYPES PLACENTAIRES
le D' G. SCHI2KELÉ
Professeur de dinique gynécologique et obstétricale de la Faculté
de Strasbourg.
On a par trop négligé l’étude et particulière¬
ment l’examen microscopique des rétentions'de
débris placentaires. Hanté de l’idée du chorio-
épithélioma, on crut en voir la première étape
dans le polype placentaire. De ce chef tant de
femmes, qui auraient pu continuer à avoir des
enfants, ont dû subir ! hystérectomie ! Il aurait
suffi de connaître un peu l’anatomie pathologique
des rétentions placentaires pour éviter pareille
erreur. Car c’est en vérité le microscope seul qui
pourra prononcer l’arrêt, l’évolution clinique
étant dépourvue de tout signe particulier, ou tant
soit peu précis.
Les symptômes cliniques se réduisent en somme
à quelques points. Après un avortement, ou moins
fréquemment après un accouchement à terme, une
femme continue à saigner plus ou moins fort, avec
ou sans intervalle ; parfois son état général s’en
ressent, la pâleur de la face et des muqueuses fait
preuve de la perte de sang. Les suites des couches
peuvent être normales, les époques reviennent
comme avant l’acouchement, puis petit à petit
elles deviennent plus abondantes, elles se suivent
d’une façon irrégulière et obligent la malade de
consulter. On connaît encore les cas où l’accouche¬
ment est suivi d’une aménorrhée de quelques mois,
puis subitement paraissent des hémorragies qui,
d’emblée fortes, continuent en augmentant et
nécessitent finalement une intervention chirurgi¬
cale. L’évolution clinique sera parfois accom¬
pagnée de fièvre, d’écoulements fétides, rarement
de frissons ou de signes importants d’infection
intra-utérine. Il faut enfin mentionner les obser¬
vations qui sont constituées purement par des
hémorragies sans indiquer de rapport avec un
avortement préalable. Ce dernier, datant des pre¬
mières semaines, passera inaperçu.
Dans la plupart de ces cas on sera facilement
amené à penser à la présence de débris placen¬
taires, du moment qu’un accouchement préalable
dirigera l’attention du médecin de ce côté. Si par
contre il y a eu un retard des règles peu important,
ou que les époques n’ont jamais manqué et que
l’abondance ou l’irrégularité des pertes seule
oblige la malade de consulter, le médecin n’aura
pas de quoi établir un rapport avec une grossesse
précédente. L’utérus augmenté de volume fera
penser à un fibrome ou, s’il a gardé ses dimensions
IIO
PÂRIS MEDICAL
y Août 1920.
normales, et que l’état général de la malade a été
mis à contribution, ce sera peut-être le diagnostic
d’un cancer qui viendra s’imposer. En ce cas il
y a grande chance que l’hystérectomie suive de
bien près.
A ces deux groupes cliniques, le premier en rap¬
port connu avec l’accouchement précédent, le
Polype placentaire, adhérant par une base large à la paroi
utérine, vascularisation assez bonne (grandeur naturelle)
(fig. 1).
second n’indiquant pas ce rapport, les groupes
anatomo-pathologiques ne correspondent pas
exactement. Des débris que l’on retire de la
cavité utérine peu de temps après l'accouche¬
ment révolu, se composent d’un noyau de villo¬
sités en état de régression, de caillots de sang
et de fibrine et de caduque. Ils peuvent être reliés
par un genre de pédicule avec la paroi utérine,
sans cependant être alimentés par les vaisseaux
utérins. C’est la dégénérescence qui domine, la
rétention ne sera pas de longue durée. Dans le
second groupe, qui représente la majorité des
observations, des éléments de la caduque sont
mêlés à une muqueuse utérine redevenue normale ;
parmi les caillots de sang et les dépôts défibriné,
on rencontre soit des villosités choriales en voie de
régression plus ou moins avancée, soit des artères
ou veines utéro-placentaires, et enfin des cellules
fœtales ectodermales du type Danghans. I,a réten¬
tion de ces débris peut durer[des semaines êt~cfës
mois. De troisième groupe enfin est représenté par
les polypes placentaires proprement dits : une
petite tumeur d’environ 2 sur 3 centimètres de
volume, fixée à la paroi utérine sur une base large,
fait saillie dans la cavité utérine (fig. 1). Il peut
s’agir d’un simple polype fibrineux dans le centre
duquel se trouvent des restes de vaisseaux utéro-
placentaires d’assez gros calibre (fig. 2). Ce genre
est bien moins intéressant qu’un autre qui est cons¬
titué par des restes'dejvillosités entourées de cel-
lules ectodermales parfois parsemées en for me de
petits îlots' ou" dejf'bandelettes étroites, mais pou-
Prollférallon des cellules ectodermales, dont une partie en voie de dégénérescence. Coupe provenant de la tumeur de la
figure 1 (agrandissement 60) : a, artère; v, veine ; ch, villosité choriale (fig. 2).
G. SCHICKELÉ. — RÉTENTION DE DÉBRIS PLACENTAIRES m
vant aussi former une large nappe (fig. 3) et
venant se grouper autour des vaisseaux utéro-
placentaires. fies villosités avec les autres élé¬
ments cellulaires peuvent être en très bon état
si la circulation sanguine est encore suffisamment
assurée, sinon elles seront en état de dégéné¬
rescence. Mais dans ce cas on verra assez sou-
ont subi une transformation hyaline et sont parsemées de
cellules ectodemiales en bon état de nutrition. Ce polype
ne contient ni restes de caduque, ni de villosités choriales.
Il est constitué par des amas de fibrine et de sang coagulé
autour des moignons (fig. 3).
vent les cellules ectodermales survivre à tous
les autres éléments cellulaires. Ce serait avancer
par trop dans les détails que de vouloir suivre
toutes les variations histologiques possibles, fie
point le plus important, qui doit attirer notre at¬
tention tout particulièrement, est représenté par
les cellules ectodermales du type de fianghans. On
trouvera encore par-ci par-là des restes rares de
syncytium ou quelques cellules géantes, mais cela
sera plutôt rare.
Pour bien comprendre la pathogénie de ces
'polypes placentaires, il faut connaître la prove¬
nance de ces cellules ectodermales.
Dans chaque placenta de n’importe quelle phase
de la grossesse on trouve toujours, abstraction
faite du revêtement épithélial des villosités
choriales, des cellules ectodermales en proliféra¬
tion. Partout où il y a arrêt ou ralentissement de
la circulation intervilleuse, dans les parages des
dépôts de fibrine, sous la membrane choriale, près
des sinus circulaires, il y aura des amas de ces cel¬
lules. Elles ne manquent presque jamais parmi les
éléments des soi-disant infarctus. Il faut se rap¬
peler que les infarctus — qui ne justifient du reste
en rien ce nom— ont double provenance : ce sont
ou bien des villosiés choriales dégénérées, entou¬
rées de fibrine striée et hyaline, ou bien des throm¬
boses localisées dans certaines parties des espaces
intervilleux, entourées ou parsemées de villosités
choriales. Dans les deux catégories, des traînées ou
placards de cellules du type de celles de fianghans
prendront part à l'organisation du noyau villo-
fibrineux. On les rencontre encore formant parfois
une large nappe soudée à la caduque ou à ses ru¬
bans de fibrine et constituant ainsi une partie de
la cloison des espaces intervilleux. Et enfin, par-
tantdecertainesvillositéscrampons,ellesessaiment
dans la profondeur de la caduque qu’elles traversent
pour venir inonder — particulièrement dans les
premiers quatre à cinq mois de la grossesse—les
abords du tissu musculaire et se grouper autour
des vaisseaux utéro-placentaires. Vers la fin de la
grossesse, les parois hyalines de ces vaisseaux
leur donnent souvent un abri ; pour qui les con¬
naît ici, il sera toujours facile de les identifier,
même si leur nombre est restreint. Elles se main¬
tiennent encore pendant des semaines après
l’acouchement dans la région de la zone placen¬
taire ; de les trouver dans les débris ramenés par
un curettage peut assurer le diagnostic d’une
grossesse révolue (fig. 4). fia présence de ces cel-
Débtis placentaires ramenés par un curettage, vaisseaux utérc»
placentaires à parois en transformation hyaline semées de
cellules ectodermales. Dans d’autres parties des coupes se
trouvent des villosités choriales en dégénérescence très
avancée (fig. 4).
Iules dans les parois des vaisseaux à large bande
hyaline suffit à elle seule pour reconnaître qu’il y
a eu grossesse, même si des semaines ou des mois
ont passé depuis.
Or les débris ou polypes placentaires, étant des
particules de cotylédons, des restes de villosités,
PARIS MEDICAL
112
entourés de fibrine, de caillots de sang, de cadu¬
que, de moignons de vaisseaux utéro-placentaires j
contiendront très souvent, pour ne pas dire presque
toujours, des restes de ces amas de cellules ectoder-
males. Proliférations de nature absolument bénigne
dans le placenta normal, elles garderont ce carac¬
tère dans les polypes placentaires et jamais on ne
trouvera dans ces derniers, parmi ces cellules,
des mitoses ou n’importe quel signe de proliféra¬
tion récente. Ces cellules gardent leur vitalité
très longtemps; elles sont parfois les derniers sur¬
vivants d’une grossesse parmi les autres unités en
régression.
Voilà pourquoi le polype placentaire ne saurait
jamais être qualifié de néoplasme, fût-ce même
bénin. Selon l’intensité de la vascularisation qui
alimente les éléments du polype, ce dernier sur¬
vivra plus ou moins longtemps, mais, fût-il même
en rétention pendant des mois, il sera voué
d’emblée à la régression fatale. Il faut bien con¬
naître cette pathogénie pour ne pas être surpris
parles cellules ectodermales parfois très nombreuses
et qui paraissent douées d’une grande vitalité. Ce
seront toujours les mêmes images que l’on rencon¬
trera dans chaque placenta normal. Comme d’abord
dans le placenta avant son expulsion incomplète,
elles font encore maintenant partie des débris ou
du polype en rétention dans la cavité utérine.
Après la fin de l’accouchement il n’y a certaine¬
ment plus eu de formation d’aucune cellule ecto-
dermale. Cependant le nombre et l’étendue de ces
cellules peuvent être tels, qu’une ressemblance,
quoique vague, avec un chorio-épithélioma aty¬
pique peut s’imposer ; mais pour qui sera tant soit
peu versé dans ces questions, une erreur impor¬
tante sera exclue.
Voilà douze années depuis mes premières re¬
cherches, que j’ai l’occasion de suivre l’étude de
ces rétentions et d’examiner des débris placen¬
taires en très grand nombre : jamais un polype
de ce genre n’a évolué vers la malignité, jamais
son apparition n’a été suivie d’un chorio-épithé¬
lioma. Des polypes placentaires qui, selon l’avis
de certains auteurs, auraient représenté la pre¬
mière phase de ce néoplasme malin, étaient en
vérité déjà des chorio-épithéliomas au moment
où on les a caractérisés de polypes placentaires, à
défaut de connaissance de cause.
Da conséquence pratique de ce fait qui ne subit
pas d'exception est de la plus grande importance.
I/a femme qui nous arrive avec des hémorragies
prolongées, avec ou sans symptômes précis de
rétention placentaire, doit subir d’abord un curet¬
tage de la cavité utérine ; les débris que l’on aura
ramenés seront examinés au microscope et, la
7 Août IQ20.
nature des restes placentaires reconnue, la néces¬
sité de l’hystérectomie sera définitivement écartée.
Il est inadmissible que l’on pratique l'hystérec-
tomie sans avoir fait préalablement un examen
microscopique des débris ramenés par le curettage
précurseur. De cette façon, il sera facile d’éviter
une opération mutilatrice qualifiée d’inutile.
C’est avec plaisir que je viens de trouver dans
un travail de M. Decène la confirmation de ce qui
m’a paru bien établi et avéré depuis longtemps (i) :
le lecteur intéressé trouvera dans ce tavail
une bonne partie de la bibliographie. Il importe
de relever la bénignité absolue de ces polypes
et débris placentaires, fussent-ils même recueillis
après une grossesse hydatiforme. En ce cas, il est
vrai, le diagnostic peut être des plus délicats et
même présenter des difficultés tout à fait parti¬
culières. On n’hésitera pas tant de reconnaître le
chorio-épithélioma malin typique ; ses attributs
sont si nets, la malignité de ce néoplasme domine
à tel point la scène, que le diagnostic s’imposera.
Mais, par contre, les limites entre les proliférations
bénignes qui se trouveront dans les polypes et la
forme atypique du chorio-épithélioma peuvent
être à tel point effacées, qu’il faudra un examen
microscopique particulièrement minutieux et por¬
tant sur la totalité des débris pour trancher la
question. Et encore restera-t-elle peut-être en sus¬
pens pour quelque temps. De tou te façon, l’évolu¬
tion clinique décidera assez rapidement, car la
malade ou bien cessera définitivement de saigner
— et alors la bénignité de l’affection est assurée—
ou bien elle verra les hémorragies continuer. Dans
ce cas il faudra pratiquer un nouveau curettage,
tout en faisant une exploration digitale de la cavité
utérine après dilatation préalable du col. S’il y a
un chorio-épithélioma atypique, le doigt sentira
l’ulcère pénétrant dans la paroi utérine. Da nature
maligne du néoplasme sera reconnue et l'hysté-
rectomie sera pratiquée de plein droit.
(i) IyEcÈNE, Ann. de g yn. et d’ubst., t. XIII, n° g, oc¬
tobre 1919.
R. PROUST. — LE SIGNE DU DOUGLAS
LE SIGNE DU DOUGLAS
DANS LES RUPTURES DE GROSSESSE
TUBAIRE
H. PROUST
Professeur agrégé il la Faculté de médecine de Paris,
Chirurgien de l'hôpital Tenon.
Dans l’immense majorité des cas, le diagnostic
de la rupture d’une grossesse tubaire se fait avec
facilité, avec évidence même; mais, dans certains
autres cas, ce diagnostic peut être difficile, et
c’est pourquoi je crois bon d’attirer l’attention
sur un signe que j’ai maintes fois observé, qui est
constant dès qu’il y a du sang épanché dans le
péritoine, et que j’ai appelé le signe du Douglas.
Lorsqu’on examine une femme atteinte d’inon¬
dation péritonéale, il est impossible de percevoir,
au toucher bimanuel, le sang liquide répandu dans
le Douglas. Mais si, à ce moment, on fait la pal¬
pation profonde de ce cul-de-sac, on détermine
une de ces douleurs dont on a l’habitude de dire
qu’elles sont exquises, douleur tellement perçante
que, chez les malades en demi-syncope, on leur
arrache encore une plainte.
Cette douleur profonde, jointe à la parfaite
dépressibilité du Douglas, constitue ce que j’ap¬
pelle le signe du Douglas.
Il se passe, pour la sensibilité du Douglas,
quelque chose de comparable à l’hyperesthésie de
la paroi abdominale dans certaines formes de péri¬
tonite.
Un point est intéressant à noter : la présence de
sang, qui est suffisante à exalter la sensibilité
péritonéale au point qu’on réveille par le vagin
un réflexe analogue à celui que donne, au cours des
laparotomies, l’attouchement direct du cul-de-sac,
cette présence de sang dans le ventre n’agit nulle¬
ment sur les muscles grands droits, qui ne sont pas
contracturés. C’est: là un des symptômes dont le
groupement permet d’établir le diagnostic d’épan¬
chement sanguin.
Ce signe du Douglas, que j’ai signalé dans un
article de janvier 1914, m’avait déjà frappé
antérieurement, et je ne l’ai jamais vu manquer
dans les hémorragies des grossesses tubaires que’
j’ai eu à soigner.
fcjjll ne faut pas le confondre avec la sensibilité du
cul-de-sac de Douglas telle qu’on l’observe dan s
le cas d’annexite ou d’ovaire prolabé.
Ce qui est frappant dans les inondations péri¬
tonéales, c’est le contraste entre la palpation des
culs-de-sac qui ne revèle aucune modification de
forme et la douleur extrême que détermine leur
palpation profonde.
Une 'maladie qui, sans^s’accompagner de cou-
113
tracture de l’abdomen ni de modifications ana¬
tomiques des culs-de-sac, crée une sensibilité
exaltée ne peut guère être qu’une hémorragie
intrapéritonéale. Reste maintenant à en apprécier
la modalité et les caractères accessoires.
Ce qui prouve bien que c’est la sensibilité du
Douglas qui est en jeu, et non la sensibilité de la
trompe rompue ou déchirée, c’est que, dans des
cas où il ne s’agit que d’une rupture très minime,
difficile même à trouver au cours de l’opération,
impossible à sentir par la palpation, la sensibilité
du Douglas n’en reste pas moins absolument
nette.
Il suffit du reste de se souvenir des constata¬
tions opératoires habituelles dans la rupture de la
grossesse tubaire pour comprendre ce qui se passe
au niveau du Douglas. Lorsqu’on incise la paroi
abdominale, au cours d’une inondation périto¬
néale, on arrive, après avoir traversé des tissus
complètement exsangues, sur un péritoine bleuâ¬
tre et qui semble imbibé par le sang qui est con¬
tenu dans la cavité abdominale.
C’est cette modification du péritoine; cette imbi-
bition qui, en se rencontrant également au niveau
du cul-de-sac de Douglas, permet, selon mon
hypothèse, d’en exalter la sensibilité révélée par
la palpation profonde.
Passant de ces conceptions théoriques aux
applications pratiques, voyons dans quelles condi¬
tions on est amené à rechercher la sensibilité du
Douglas.
Pour bien apprécier les modalités du diagnostic,
j’ai coutume de m’appuyer sur la genèse des acci¬
dents hémorragiques. Grâce aux travaux de Cou-
velaire et de Muret, il est facile d’établir le schéma
suivant : La grossesse isthmique donne lieu à
une rupture très précoce avec inondation péri¬
tonéale ; la grossesse ampullaire donne lieu à des
accidents plus tardifs et se termine par un avorte¬
ment tubaire qui entraîne des hémorragies à^répé-
tition, lesquelles évoluent fréquemment vers le
type d’hématocèle rétro-utérine. Cela est vrai
comme schéma, mais ce n’est que du schéma et
bien des modifications sont possibles. Quoi qu’il
en soit, 011 peut discuter les diagnostics dans le
cadre de ce schéma et admettre pratiquement qu’il
y a deux tableaux cliniques distincts de l’hémor¬
ragie dans la grossesse tubaire.
Dans le premier cas, une femme avec un retard
PARIS MEDICAL
114
de règles minime, quelquefois même sans retard
de règles du tout, est prise d’une violente douleur,
siégeant dans le bas ventre ; le teint est d’une
pâleur extrême, il y a des tendances à la syncope,
des éblouissements et on note des signes de grande
anémie aiguë. Parfois du sang sort du vagin.
De_ diagnostic est alors souvent évident dans
cette forme brutale, mais il peut être parfois plus
embarrassant, c’est alors qu’on hésite entre le
diagnostic de rupture de grossesse tubaire et celui
d’avortement utérin à tendance syncopale. Il faut
en effet bien' savoir que certains avortements
présentent des phénomènes syncopaux frappants
et inquiétants. Tout alors concourt à égarer le
chirurgien, et on se rend compte combien il serait
désastreux, par suite d’une erreur, de faire une
laparotomie dans ces cas. Or, dans ces avorte¬
ments utérins,il n’existe jamais d’hypersensibilité
du Douglas. Je 11e l’ai jamais rencontrée et elle 11e
peut exister. Evidemment le diagnostic entre
l'avortement utérin et la rupture de grossesse
pourrait se faire par l’évolution des accidents dans
les heures qui vont suivre, mais en cas de rupture
on ne peut attendre, il faut un diagnostic et une
décision immédiats.
Je me suis trouvé appelé récemment auprès
d'une jeune femme qui venait d’être prise de
violentes douleurs abdominales, après un très
léger retard de règles; elle perdait du sang en
abondance par le vagin et'était tombée dans un
état demi-syncopal, qui faisait qu’elle pouvait à
peine répondre aux questions. Da nature des acci¬
dents faisait croire à son entourage qu’il s’agissait
d’un avortement que l’on craignait provoqué.
Subballonnement du ventre. Aucune contracture
des muscles grands droits. Au toucher vaginal, on
constate un utérus mobile de volume normal et les
culs-de-sac absolument libres et souples. Ta ma¬
lade, qui est très affaiblie, se laisse examiner sans
un mot ; mais la palpation profonde du Douglas, en
refoulant la paroi vaginale postérieure, provoque
immédiatement : « le cri du Douglas »; la malade
sort de sa torpeur pour se plaindre. De diagnostic
est fait. D’intervention immédiate confirme ce
diagnostic, en nous montrant une rupture très pré¬
coce de la trompe gauche avec une grande inon¬
dation péritonéale.
Tout récemment, les 10 et 11 juin, j’ai eu la
confirmation nouvelle de la valeur diagnostique de
ce signe que personnellement j’ai toujours trouvé
depuis que je le cherche, c’est-à-dire depuis un
dizaine d'années. Une jeune femme de vingt-neuf
ans est prise, le 9 juin dans la matinée, de violentes
douleurs^ abdominales, mais sans vertige, sans
bourdonnement d’oreille, sans syncope; il y a eu
7 Août IÇ20.
un vomissement. A l’interrogatoire, cette malade
dit être normalement réglée et avoir eu ses règles
le 24 mai ; le ventre est dépressible, quoique
légèrement ballonné; le fades est pâle, décoloré,
mais sans refroidissement du nez et de la langue ;
le pouls est à 150,1a température à 370,8.011 voit
en somme qu’il s’agit d’un tableau clinique qui est
loin de présenter l’allure typique habituelle des
acddents de la grossesse tubaire.
Toutefois, la violence de la douleur abdominale,
l’absence de contracture posent le diagnostic de
grossesse tubaire malgré l’absence de retard.
De toucher vaginal fait reconnaître un utérus
mobile; il n’y a aucune tumeur annexielle, mais
il y a une hyperesthésie du cul-de-sac de Douglas.
Ce signe semble suffisant à mon interne, M. Portes,
pour poser le diagnostic : il s’agit bien d’une rup¬
ture de grossesse tubaire. D’intervention montre
une perforation de la trompe droite au niveau de la
portion isthmique, avec un épanchement notable
de sang dans le ventre.
De lendemain, un cas analogue se présentait
encore à notre examen. Une femme de vingt-
quatre ans entre dans mon service le 11 juin, dans
le courant de l’après-midi, en se plaignant de
violentes douleurs qui l'ont prise dans la matinée.
Cette malade, qui a fait une fausse couche en
décembre, a depuis été toujours mal réglée. Elle a
perdu pendant tout le mois de mai, si bien que la
notion de retard est excessivement difficile à
apprécier. Depuis la douleur du matin, état nau¬
séeux marqué. Ventre légèrement subballonné
mais sans aucune contracture des grands droits.
De fades n’est que légèrement pâle, mais le nez est
froid. Au toucher vaginal, culs-de-sac libres, mais
hyperesthésie considérable du Douglas. Diagnostic
de rupture de grossesse tubaire. A l’intervention,
perforation de l’ampoule tubaire droite, ventre
pldn de sang.
Je ne peux multiplier les exemples dans le
cadre étroit de cet article, car il faudrait citer, pour
ainsi dire, toutes les observations de grossesses
tubaires que j’ai eu à examiner, car ayant toujours
cherché le signe de Douglas, je l’ai toujours
constaté. Souvent ce signe ne faisait que confirmer
un diagnostic par ailleurs évident; d'autres fois,
comme dans les derniers cas que je viens de rappe¬
ler, il a permis d’établir fermement un^diagnostic
quijsemblait hésitant.
Dans la deuxième catégorie des acciden ts2.de
l’évolution des grossesses tubaires, c’est à-dire
dans les avortements de grossesse ampullaire,
H. VIGNES.— L’OBSTETRIQUE EN 1920
les signes cliniques sont différents. Il s’agit, en
général, d’une femme qui a un retard de règles
nettement appréciable et chez laquelle apparaît
une crise douloureuse accompagnée de métror¬
ragies en général peu abondantes, mais répétées.
I/état général est moins rapidement touché que
dans l’inondation, quoiqu’il y ait au début des
éblouissements, des bourdonnements d’oreille,
de la tendance à la syncope ; un peu d’accalmie
survient fréquemment, mais les métrorragies, que
mon cher et regretté maître Pozzi appelait métror¬
ragies distillantes, continuent; de nouvelles pous¬
sées se succèdent et l’hématocèle se constitue petit
à petit. D’après mon expérience personnelle, le
plus habituellement, dans ces cas, l’hématocèle ne
se compose pas seulement des caillots accumulés
dans le Douglas, mais elle comprend aussi, enrobée
dans ceux-là, la trompe distendue et gravide qui a
été le point de départ des accidents. Dans les
formes de rupture un peu tardive ou d’avortement
des grossesses ampullaires, il est en effet fréquent
que la trompe, augmentée de volume, se prolabe et
surplombe ainsi le Douglas dans lequel elle va
saigner au moment de la poussée congestive.
J’insiste sur ces faits pour montrer que, dans
cette forme de grossesse tubaire, les renseigne¬
ments à demander à la palpation du Douglas ne
sont pas tout à fait les mêmes. En effet, il peut
arriver dans ces cas, et il arrive fréquemment, que
les culs-de-sac ne soient pas libreset qu’avant toute
constitution d’hématocèle le doigt sente la trompe
augmentée de volume et prolabée. Elle est alors
nettement douloureuse si elle a commencé à se
fissurer, mais le cul-de-sac de Douglas, dans sa
partie restée encore dépressible (nous supposons
qu’il s’agit des tout premiers jours de la formation
de l'hématocèle), l’est également.
Dans ces formes, le diagnostic le plus embarras¬
sant est celui d’une salpingite accompagnée d’une
poussée de périinétrite. C’est un diagnostic sou¬
vent très difficile et dont l’importance est grande,
car la laparotomie en poussée de périmétrite est
souvent dangereuse et toujours difficile. Tant que
les caillots ne se sont pas solidifiés dans le Douglas
et qu’il subsiste du sang liquide, la douleur ex¬
trême, jointe à la dépressibilité, continue à donner
au signe de Douglas toute sa valeur et toute sa
clarté. Dans la péritonite, la douleur du Douglas
existe, mais sans dépressibilité.
Plus tard, quand l’hématocèle rétro-utérine est
constituée, le cul-de-sac est bourré de caillots, le
signe disparaît. C’est alors d’après les signes
propres de l’hématocèle rétro-utérine qu'il con¬
vient de faire le diagnostic.
115
Ce signe du Douglas : douleur à la pression,
accompagnée de dépressibilité, peut se rencontrer
dans des épanchements péritonéaux purulents,
dans lesquels tout le ventre est douloureux, mais
alors ce 11’est qu’un point particulier de la re¬
cherche de la douleur abdominale et la contracture
de vigilance des muscles grands droits vient com¬
pléter le tableau clinique de la péritonite.
Au contraire, dans la rupture de la grossesse
tubaire, il est permis de dire que le signe du Dou¬
glas (douleur et dépressibilité) est positif pendant
que la contracture des muscles grands droits de
l’abdomen est négative. L’association d’un signe
du Douglas positif avec la constatation négative
de la contracture des muscles abdominaux m'a
toujours paru caractéristique d’un épanchement
sanguin intrapéritonéal lié à la rupture ou l’avor¬
tement d'une grossesse tubaire.
REVUE ANNUELLE
L’OBSTÉTRIQUE EN 1920
le D' Henri VIGNES
Depuis la dernière revue d’obstétrique que mon
maître, M. Funck-Brentano, publiait ici même en
1913, s’écoulèrent des années pendant lesquelles les
circonstances, défavorables aux recherches médi¬
cales, le furent plus particulièrement aux recherches
obstétricales. Cependant, au cours de ces sept ans, il
y eut une production scientifique abondante qu’il
est difficile de résumer sans omission (i).
Anatomie et physiologie obstétricales.
Il faut signaler le travail de Retterer et Neuville
(Soc. de biol., 29 mai 1915) sur le placenta, et l’article
de Michel de Kervilly (A. M. G. O., 1916, p. 93),qui
a étudié les mitochondries du revêtement villositaire
et leur rôle dans la physiologie des échanges fœto-
maternels.
D’autre part, il faut lire le très important travail
d’Hassan et Fouad Diwany, inspiré par Prenant, sur
le passage du fer de la mère au fœtus (Soc. de biol.,
séance du 20 nov. 1919)-
Il se fait à l’état normal, à la limite des villosités
choriales, de petits foyers hémorragiques provenant
des vaisseaux utérins ; les villosités plongent dans ces
foyers et leurs cellules de revêtement, pourvues d’un
pouvoir absorbant, y puisent des éléments ferrugi-
(1) Abréviations : S. G. O. (Surgery, Gynccology and Obste-
tries), J. A. M. A. (Journal of the American medical Association),
P. M. (Presse médicale), G. et O. (Gynécologie et Obstétrique),
A. G. O. (Annales de gynécologie et d'obstétrique), A. M. G. O.
(Archives mensuelles de gynécologie cl d’obstétrique), A. J. O.
(A merican Journal ol obstetrics).
n6
PARIS MEDICAL
lieux. I,es villosités choriales n’ont pas seulement en
ceci une fonction d’absorption ; il semble qu’elles
soient le siège d’une sécrétion susceptible d’agir sur
cet hématome placentaire.
Le sérum des femmes enceintes mis en présence
de placenta dédouble l'albumine placentaire, ce
qui est le fondement de la réaction d’Abderlialden.
La thèse d’Écalle, qui est un monument de travail
(Paris, 1917), en a fait l’étude. Entreprise avec
enthousiasme, exécutée avec conscience, elle arrive
à des résultats un peu décourageants que nous
traduirons ainsi : la réaction est intéressante pour
la biologie de la gestation, mais sa valeur est à
peu près nulle au point de vue du diagnostic clinique.
Van Slyke et Vinograd Villchur (A. J.O., 1916, p. 293)
dénient à la réaction d’Abderlialden toute valeur
pour le diagnostic tant positif que négatif de la
gestation. D’autres auteurs ayant étudié ce sujet
sont arrivés au même résultat et certains ont été
jusqu’à dire que, s’il y a digestion de l’albumine pla¬
centaire, c’est grâce à l’exaltation de tous les fer¬
ments organiques et sans qu’il y ait pour cela aucune
spécificité anti-placentaire.
Ancel et Bouin, recherchant la date de la fécon¬
dation chez la femme, pensent que la ponte a lieu
douze à quatorze jours avant les règles et que la
fécondation aurait lieu peu après, soit quinze à dix-
sept jours après le début des dernières règles.
J.-L- Baer (S. G. O., nov. 1916) a étudié la leucocy-
tose de la gestation, qui est constante au neuvième
mois et légère, et la leucocytose du travail (moyenne
18255), qui est constante et bien plus marquée chez
la primipare que chez la pluripare.
Enfin il ne faut pas oublier de signaler un ouvrage
merveilleux d’embryologie, l'Œuf et les facteurs de
l’ontogenèse par le professeur Bracliet, leçons pro¬
fessées au collège de France où a enseigné ce maître,
chassé de Liège par les Allemands.
Pathologie de la gestation.
Vomissements graves. — Delagenière (1914)
a publié plusieurs observations où des vomisse¬
ments graves furent guéris par l’appendicectomie.
Cœsar ( Medical Record, 24 nov. 1917, p. 897),
utilisant les idées d’Abrams sur le réflexe dilatateur
cinquième dorsale-pylore, préconise la percussion de
cette vertèbre au cours de cette affection. Car}' (Soc.
gyn. de Chicago, 19 janvier 1917) a eu d’excellents
résultats par l’opothérapie placentaire. Billiard
(Thèse de Lyon, 1919-1920) fait un chaud plaidoyer
pour le traitementdes vomissementsgravesparl’adré-
naline et l’opotliérapie surrénale. Lacourbas ( Thèse de
Paris, 1919) inspiré par Devraigne, Cardot (Thèse de
Paris, 1917). Hirst (A. J. O., mars 1919), eux, ont eu de
non moins bons résultats par l’extrait de corps jaune.
Enfin Seba ( Missouri State Med. Ass., mai 1915)
considère les vomissements comme dus à la coliba¬
cillose et les soigne par des vaccins anti-coli.
Convulsions éclamptiques. — Le traitement
maintenant classique des convulsions éclamptiques
7 Août 1920.
(prophylaxie par le lait, thérapeutique par la saignée,
abstention de manœuvres obstétricales) a été l’objet
de la thèse de Guillemet ( Thèse de Paris, 1914) qui
résume des amiées de statistique de la clinique
Baudelocque. Fauvette ( Thèse de Paris, 1920),
Tilson (J. A. M. A., 2 septembre 1916), Snyder
(•>ibidem, 1917) ont eu recours à la ponction lombaire
et ont retiré jusqu’à 25 centimètres cubes de liquide.
De Lee (Bull, of the Lying in Hosp. of the city of
N. Y., janvier 1917) pense que l’éclampsie, de par
son allure étiologique et clinique, domie l’impression
d’une maladie infectieuse : il y aurait de vrais foyers
épidémiques d’éclampsie.
Hastings Tweedy, dont l’opinion n’est jamais
négligeable, a vu des cas où le lait aurait été toxique
pour les éclamptiques.
Au point de vue chimique, 011 a noté au cours de
cette affection :
1 “une hyperglycémie passagère (Morriss, Slemons)
qui ne serait d’ailleurs pas proportionnelle à l’inten¬
sité des accès (Widen) ;
2 0 de la glycuronurie (Jean, Thèse de Paris, 1915)
qui serait constante ;
3° de la cliolestérinémie (Huffmann, Pisani et
Savare) ;
4° de l’hypolécithinémie (Slemons, non confirmé
par Écalle) ;
5° de l’amino-acidurie qui semble être augmentée
de façon constante, sans que l’on doive faire de cette
augmentation l’essence même de cette maladie,
comme d’aucuns l’avaient cru.
Chorée.—Lepage (A. G. O., août 1913) pense
que cette affection est rarement aggravée par la
gestation, mais qüe, s’il y a aggravation, les signes en
sont : l’intensité des mouvements, les troubles men¬
taux, la tachycardie, l’hyperthermie, les éruptions
morbilliformes, et au surplus que cette affection n’est
jamais améliorée par l’accouchement provoqué.
Pyélonéphrite. — Couvelaire (un article in La
Médecine, avril 1920 etlhèseàz Bœda, Paris, 1919-
1920) envisage ainsi le traitement de la pyélonéphrite
gravidique : pour la forme légère, le traitement médi¬
cal ; pour la fonne moyenne, le traitement médi¬
cal, mais, en cas d’échec, on aura recours à la
distension vésicale, au cathétérisme des uretères et,
au cas d’insuccès, à l’accouchement prématuré. S’il
y a un gros rein, c’est à la néphrotomie ou la néphrec¬
tomie qu’il faudra avoir recours. Danforth (S. G. O.,
juin 1916) a signalé les insuccès de la vaccinotlié-
rapie anticolibacillaire.
Lithiase biliaire. — Le professeur Audebert a
étudié la cholécystite gravidique ( Journ . de méd. de
Paris, 20 juin 1914).
Grippe. — C’est une complication grave de la
gestation (Malartic, Grillet, Thèses de Paris, 1918-
1919 ; Le Bourliis, Thèse de Bordeaux, 1919-1920 ;
Fornero, Annali di ost. e ginec., 31 déc. 1918 ; Ifauch,
G. et O., janvier 1920, p. 55). Pour Petersen (G. et O.,
janv. 1920, p. 37), la grippe est très grave lorsqu’elle
est encore en activité au moment du travail. L’accou-
H. VIGNES. — L’OBSTETRIQUE EN 1920
clieinent est généralement très rapide. Il faut ne pas
intervenir pendant la dilatation, être sobre d inter¬
ventions pendant l’expulsion, et, si.une intervention
devient urgente, employer l’anestliésie générale en
se rappelant cependant qu’elle est dangereuse. On
réduira au minimum les examens (il est inutile de
remuer une malade pour l’ausculter alors que le
diagnostic s’impose, car ces manœuvres sont très
shockantes ; il faut les éviter, quitte à laisser passer
inaperçue une pleurésie purulente).
Encéphalite léthargique. — Elle a été étudiée
dans ses rapports avec la gestation par Schulze
(J. A. M. A., 1920), par Andérodias (/. de méd. de
Bordeaux, 10 mai 1920), Couvelaire (G. et O., janv.
1920). Elle est plus grave qu’en dehors de la gesta¬
tion.
Cardiopathies.—Pelissier (A. M. G. O., mai 1915,
p. 185) a étudié la tension artérielle et la viscosité du
sang chez les femmes enceintes atteintes de cardio-
patliie. Dans l’insuffisance aortique, pendant la
gestation, la tension maxirna est un peu élevée et la
minima abaissée. Dans l'insuffisance mitrale, la ten¬
sion reste normaleen général, ou, s’ily ade la dyspnée,
les deux tensions s’abaissent.
Dans le rétrécissement mitral bien compensé, la
maxima reste normale et la minima baisse. L’asys-
tolie peut être annoncée par des irrégularités de la
tension, puis par un abaissement de la maxima et
une élévation de la minima, puis par un abaissement
parallèle des deux tensions.
Cleisz et Powilevicz (Soc. d’obst. et de gyn. de Paris,
7 juillet 19x9) ont publié l’observation d’une femme
qui, malgré une énorme ectasie de la crosse aortique,
eut un accouchement tout à fait favorable. Bright
Bannister ( Lancet , 15 août 1914) a pratiqué la césa¬
rienne chez deux asystoliques sous rachianesthésie.
Résumons enfin le très important article de Sir
James Mackenzie (1) (Lancet, 12 janvier 1918, p. 50).
Mackenzie n’admet pas (d’après l’examen de
100 femmes) qu’il se produise une hypertrophie du
ventricule gauche sous l’influence de la gestation. Ce
qui a pu le faire croire, c’est le déplacement du cœur
sous l’influence de la tumeur abdominale. Par ailleurs
ce n’est pas la diminution de la réserve-for ce qui sera
un signe pronostique. Il faut plutôt rechercher les
signes de progression de cette diminution. Ces signes
sont : l’œdème, la dyspnée progressive, l’œdème des
poumons et l’augmentation durable de la rapidité ou
de la violence du battement cardiaque consécutif à un
(1) Mackenzie commence son article par une réaction contre
l'habitude de prononcer le nom d'insuffisance cardiaque sur la
simple constatation d’un souffie ou sur la simple constatation
d’une arythmie. L'insuffisance cardiaque est affaire de myo¬
carde. La force du myocarde doit être considérée sous deux
aspects : une force nécessaire pour assurer la circulation quand
le corps est au repos (rest force) et uue autre qui intervient
lors des efforts (reserve force). C'est la seconde qui diminue
d’abord. La malade se rend compte que des efforts qui ne lui
coûtaient nulle peine déterminent quelque gêne. Un cteur non
malade peut se comporter ainsi lorsqu’il a le surcroît de la
estation. Il n’y a là encore aucun danger.
effort. En ce qui concerne l’œdème, il y a d’autres
causes de production au cours de la gestation (affec¬
tion rénale, compression des veines par l’utérus). Il n’a
pas de valeur lorsqu'il est isolé. L’ortliopnée est une
indication à l'interruption de la gestation.
L’œdème des poumons est le plus fidèle des signes.
Mackenzie a l’habitude, eu commençant sou examen,
de regarder de quel côté la patiente est couchée. Puis
il la fait asseoir et ausculte sa base de ce côté. Il n’est
pas rare, chez uue femme enceinte normale, que la
première respiration profonde soit accompagnée de
crépitants. Mais si ceux-ci persistent, s’il y a une
modification à la percussion, c’est un signe assez grave
pour qu’on interrompe la gestation. Une persistance
du pouls au delà de 100 après un effort léger est aussi
une indication. Il en est de même pour un pouls de
Corrigan et pour un battement violent au delà de la
ligne mamelonnaire.
Tuberculose et gestation. —Péaud (Thèse de
Paris, 1920) a étudié les rapports réciproques de la
tuberculose et de la puerpéralité, d’après les statis¬
tiques de la clinique Baudelocque de 1904 à 1914. Ses
conclusions ne sont pas particulièrement pessimistes,
de même que celles de Walsli (A. J. O., février 1918).
Pour ce dernier, les femmes atteintes de tuberculose
latente traversent la gestation sans grands risques, et
celles dont la tuberculose est en évolution courent un
risque, mais les opérations abortives ont uue morta
lité telle que la continuation de la gestation leur est
préférable.
M. Demelin (La Médecine , avril 1920) est également
adversaire des interruptions provoquées de gestation
pour tuberculose. Il n’est pas partisan des moyens
proposés pour accélérer la dilatation et pense qu’il
faut intervenir seulement pour hâter l’expulsion.
Maladies infectieuses diverses. - Remlinger
a prouvé le passage du virus rabique de la mère au
fœtus. Becardit (Thèse de Paris, 1918-1919) a trouvé
du pneumocoque dans le sang d’un fœtus dont la
mère était morte de septicémie pneumococcique au
cours d’une grippe. Gentili (La Rassegna d’Ostetricia,
mai 1919) a étudié la possibilité de transmission
transplacentaire du paludisme et a répondu par la
négative.
Le Conseil médical russe, étudiant l'hérédité de la
lèpre en 1915, a également répondu par la négative, à
de très rares exceptions près.
Syphilis et gestation. — L’important travail
d’Arnaud Routli (Lancet, 14 janvier 1918) sur la
syphilis héréditaire s’inspire de la théorie de Mac
Donagh ; Routh pense qu’il existe des granules
résultant de la fragmentation du spirochète, véri¬
tables spores qui peuvent se transformer en spiro¬
chètes adultes et qui sont les agents de l’hérédo-
syphilis tardive. La syphilis serait volontiers latente
chez la mère pendant la gestation pour Routh, ce qui
serait dû à l’action des ferments d’origine choriale sur
le spirochète.
Adair a insisté sur ce que la syphilis n’est
pas un facteur d’avortement comme cela s’en-
n8
PARIS MEDICAL
7 Août IQ20.
seigne souvent (ce qui, naturellement, ne veut pas
dire qu’elle ne soit pas une cause fréquente de mort
de l’enfant in utero).
Meyer ( Zeitsch. f. Geb., 1915) pense que le placenta
ne laisse pas passer le salvarsan, mais agit favora¬
blement sur l’enfant eu empêchant la production et
la transmission d'éléments nuisibles.
Môle hydatiforme. — Davaris, inspiré par
Couvelaire, a publié une très intéressante observa¬
tion de môle hydatiforme coïncidant avec mie dégé¬
nérescence kystique desovaires ( Thèse de Paris, 1915).
Alors qu’habituellement, la môle étant expulsée, la
lésion ovarienne régresse, dans le cas rapporté il y
eut augmentation de volume continuelle des ovaires,
mais, justement,dans l’utérus extirpé, on trouva un
noyau de cliorio-épithéliome.
Acromégalie gravidique. — Willys Andrews
(S. G. O., déc. 1916) décrit mie acromégalie tempo¬
raire gravidique caractérisée par une augmentation
de volume du nez et des doigts, de la somnolence, de
la glycosurie. Ceci est à rapprocher d'une observation
de Marek (Zentr.fur Gyn., 14 février 1914) sur un cas
d’acromégalie gravidique, lequel récidiva lors d’une
gestation ultérieure, mais sans s’aggraver.
Fibromes et gestation, — Chavaimaz ( Congrès
français de chirurgie, octobre 1919) a décrit trois cas
d’une complication rare des fibromes : la nécrobiose
et la suppuration. L’intervention doit être précoce,
soit par myomectomie, soit par hystérectomie.
Cancer du col et gestation. — Guérin-Valmale,
dans un cas de gestation et cancer du col inopérable,
fit une césarienne suivie d’hystérectomie subtotale,
parce que l’utérus était inextirpable, et parce que cet
utérus se fût infecté en masse s’il avait été conservé.
Bencegoa a traité un cancer du col par le radium. Ce
traitement peut sembler dangereux pour le fœtus,
étant donné ce qu’on sait de l’action des rayons X
sur les cellules jeunes ; pourtant, dans ce cas particu¬
lier, il y eut amélioration du cancer sans aucun dam
pour l’enfant.
Cancer du sein et gestation. — Dévé (Soc.
d’obst. et de gyn. de Paris, 6 juillet 1914) a observé un
cas de squirredu sein qui avait débuté trois ans avant
la gestation et qui ne fut nullement influencé par cet
état, à la différence d’un cas qui avait été suivi par
Pinard et Faure.
Kyste de l’ovaire et gestation. — La plupart
des auteurs sont de plus en plus favorables à l’ova-
riectomie aussi précoce que possible. R.-W. Holmes
(S. G. 0.,nov. 1915) est d’avis qu’il faut, par une extir¬
pation pratiquée à temps, permettre à la gestation
d’aller à terme. S’il se produit un avortement, c’est
un moindre inconvénient que de laisser la femme
aller à terme, lui faire une section césarienne et
l’exposer à mie itérative lors de chaque accouche¬
ment ultérieur, étant donnée la fragilité des cica¬
trices utérines. Grosse, à propos d’un cas personnel,
a fait une statistique des cas d’ovariotomie bilaté¬
rale au cours des quatre premiers mois de la gestation
et a vu qu’il y avait seulement 13 p. 100 d’interrup¬
tion. L’intervention très précoce est de mise non seu¬
lement pendant la gestation, mais pendant les suites
de couches si le diagnostic n’est fait qu’à ce moment
(Ferrand, Thèse de Paris, 1919-1920).
Avortement.
Adam (Rev. méd. de l’Est, 19 mars 1920) insiste,
avec d'intéressantes observations à l’appui, sur la
fréquence des malformations utérines comme cause
d’avortement.
De Lee (Bull, of the Lying in hospital of the
City of N. Y., 1 l ' r janvier 1917, p. r) a publié plusieurs
observations de fœtus dont les mères avaient eu des
foyers d’infection streptococcique légère au cours de
la gestation et qui sont nés morts avec du streptocoque
dans le sang. Pour lui, il y a là un fait qui est capital
pour expliquer la genèse de bien des avortements
habituels et de bien des morts du fœtus in utero ; les
formes atténuées d’une telle infection expliqueraient
bien des malformations congénitales. Curtis (J. A. M.
A., 9 déc. 1916) a publié deux observations d’avorte¬
ment dans des conditions analogues ; l’hioculation des
streptocoques àdes lapinespleines les fit avorter ou fit
mourir les embryons. A ce sujet, De Lee a rappelé les
notions bien connues des vétérinaires sur l’avorte¬
ment épizootique et il se demande si une femme ne
pourrait pas faire un avortement infectieux après
avoir bu du lait de vache infectée. P.-F. William et
Kolmer (A. J. O., 1917, p. 194) rapportent que chez
cinquante femmes ayant avorté, ils ont cherché avec
un résultat négatif la réaction de fixation du complé¬
ment par l’antigène du bacille de Bang. Mais ils
estiment qu’étant donnée la présence dë ce bacille
dans le lait, il serait utile d’essayer d’immuniser les
bêtes injectées avant de livrer leur lait à la consom¬
mation. H.-P. de Forest a étudié le même sujet (A. J.
O., 1917, p. 221).
M mc Nageotte (P. M., 20 déc. 1917) a signalé le
rôle que peuvent jouer les tentatives d’avortement
restées infructueuses sur le déterminisme des mal¬
formations. Dans un premier cas, il s’agissait de
toute une série de malformations qu’011 pouvait
rattacher à un trouble de la vie intra-utérine survenu
à la sixième semaine. Or les parents n’avaient, par
ailleurs, aucun état pathologique susceptible de
créer cette tare. Mais on finit par savoir que, vers
cette date, la mère, désireuse d’éviter la gestation,
avait essayé tous les moyens médicaux supposés
susceptibles de déterminer l’avortement : pédiluves,
drastiques, etc. Dans une seconde observation, sur
quatre enfants de parents très sains, le troisième
avait des tares qu’on peut rattacher à l’ingestion de
substances abortives.
Reiny, à propos d’une femme qui expulsa, plusieurs
mois après un avortement, im placenta absolument
frais et inodore, conclut que celui-ci a vécu en parasite
greffé sur la muqueuse utérine (Soc. de méd. de Nancy,
1918). Pour Zarate (A. G. O., nov.-déc. 1916, p. 343),
ces tissus n’ont pas une vitalité vraie. Il s’agit d’une
nécrobiose lente, de quelque chose d’analogue à la vie
prolongée des tissus stériles greffés selon la méthode
H. VIGNES. — L’OBSTETRIQUE EN 1920
de Carrel ; il y a dégénérescence cellulaire. Decène et
Proust (A. G. O., 1919) pensent de même que les
masses placentaires décrites par certains sous le nom
de « placentome bénin » ont été considérées à tort
comme des tumeurs bénignes susceptibles d’acquérir
secondairement des caractères de malignité. Si la
transformation en cliorio-épitliéliome n’est pas
a priori impossible, elle doit être considérée en tout
cas comme tout à fait exceptionnelle. De même le
polype placentaire ne peut être considéré comme un
néoplasme bénin. En effet, il ne se développe pas par
prolifération de ses éléments propres, refoulant les tis¬
sus environnants à la manière des tumeurs bénignes.
De placenta en rétention n’est qu’un très médiocre
greffon qui peut continuer à vivre, il est vrai, très
longtemps, grâce à la persistance de la circulation
maternelle, mais qui doit être définitivement éliminé.
D’acroissement apparent de ce débris ne se fait que
par accumulation et organisation de caillots.
En ce qui concerne le traitement des avortements
infectés, il faut retenir les plaidoyers de Ries (S. G. O.,
avril 1918) et J.-O. Polak (Med. Record, 24 fé¬
vrier 1917) contre le curettage et les interventions
locales, — un article d’Audebert et Fournier sur la
nécessité d’être très précoce en matière d’abcès de
fixation, —■ un cas d'infection post abortum traité
avec succès par le sulfate de cuivre ammoniacal
intraveineux (Saïssi, Soc. des chir. de Paris, 1920).
Gestation ectopique.
Sencert et Aron (Rev. de gyn. et de chir. abd., i er juil¬
let 1914) ont rapporté un cas très intéressant de ges¬
tation ovarienne datant de deux ans et s’accompa¬
gnant d’aménorrhée. Après l’extirpation de la tu¬
meur qui contenait un placenta vivant, la mens¬
truation s’est rétablie et la femme est redevenue en¬
ceinte. Des auteurs attribuent l’aménorrhée à une
couche de cellules glandulaires périplaceutaires, ana¬
logue peut-être à un corps jaune gestatif.
Scliil (A. M. G. O., février 1914), après avoir insisté
sur la fréquence des lésions du corps jaune en cas de
gestation tubaire, leur reconnaîtuu rôle patliogéuique
et pense qu'elles sont dues à une perte de la contrac¬
tilité tubo-utérine consécutive à ces lésions.
Signalons une singulière observation où Wallace
(S. G. O., mai 1917) opérant une femme pour gesta¬
tion tubaire, put greffer l’œuf dans l’utérus et où la
gestation aurait continué jusqu’à terme.
Ditchteustein (Zenlralblatt fur Gynâk., 31 mai 1919)
préconise, en cas d’inondation péritonéale par rup¬
ture tubaire, la réinjection intraveineuse du sang
recueilli au cours de la laparotomie.
Anesthésie obstétricale.
Il est de pratique assez courante de calmer momen¬
tanément par la morphine les douleurs du travail
lorsqu’elles sont exagérées et que cette exagération
même retentit sur la bonne marche du travail.
Certains accoucheurs ont essayé par ce produit
d’obtenir un accouchement complètement sans
HQ
douleur et sans shock, et, comme il est dangereux
pour l’enfant de donner de trop hautes doses de mor¬
phine, on a eu recours à un autre médicament cal¬
mant, la scopolamine, pour en prolonger et en ren¬
forcer l’action. C’est la tocaualgésie, le twilight
sleep, le dâmmerschlaf, la parto-analgesia. En Amé¬
rique, la méthode importée d'Allemagne a des par¬
tisans résolus et des adversaires. De public se pas¬
sionne fort pour cette lutte, et il existe à New-York
une association philanthropique extra-médicale qui
mène la croisade pour le twilight sleep. Martin Maurice
a consacré sa thèse à ce sujet (Paris, 1918-1919), de
même que Deroy (Paris, 1919) (1), inspiré par Funck-
Brentano. Pour cet auteur, il 11e faut employer que
des doses faibles et fractionnées de scopolamine-
morpliine (4 dixièmes de milligramme et 12 milli¬
grammes respectivement). D’effet est rapide, mais
les contractions diminuent de nombre et d’intensité,
et il y a parfois une déficience de la rétractilité post
partum. Da durée du travail est augmentée. Deroy n’a
pas eu d’accidents d'intoxication, comme en ont pu¬
blié Bandler, Baer, Reed : ce dernier auteur aobservé
2 cas de mort sur 100 femmes, et 8 cas de mort
d’enfant.
On emploie beaucoup, en Amérique, l 'analgésie
légère au protoxyde d'azote. On ne peut pas obtenir une
anesthésie profonde et jnolongée, et dès qu’une inter¬
vention est nécessaire ou lorsque la tête franchit la
vulve, il faut administrer de l'étlier. Mais le pro¬
toxyde permet de soulager la patiente pendant toute
la longue, pénible et fastidieuse période de dilatation
et pendant la plus grande partie de l’expulsion. De
protoxyde est employé seul ou associé à l’oxygène.
Un masque spécial permet l'inhalation, qui est com¬
mencée dès que commence la douleur (car l'analgésie
est obtenue de suite) et qui est cessée avant la fin de
la contraction. Il 11e faut pas atteindre le stade
d’anesthésie. Da plupart des femmes sont cons¬
cientes des contractions, mais n’ont pas de sensa¬
tions douloureuses. D’action est à peu près constante.
Da conscience 11’est pas troublée. Des contractions
utérines 11e sont pas modifiées, à condition de s'en
tenir au stade analgésique. Dans certains cas, elles
sont augmentées par augmentation de l'acide carbo¬
nique du sang. Au total, le travail n'est pas prolongé.
Aucun effet toxique sur la mère, ni sur l’enfant. Un
des grands inconvénients de cette méthode est le
prix de revient élevé du protoxyde.
Paul Delmas (La Médecine, avril 1920) recom¬
mande son procédé de racliianalgésie cocaïnique pour
les interventions obstétricales, en particulier chez les
femmes en état grave du fait d'hémorragie ou de
convulsion.
L’accouchement.
Pituitrine. — Da pituitrine (comme les produits
d’origine hypophysaire) a été l’objet de nombreuses
publications, presque toutes louangeuses. Il 11e semble
(1) Vov. sur ce sujet une revue générale dans le Journal de
médecine et de chirurgie pratique, 10 février 1918.
120
PARIS MEDICAL
pourtant pas que ses détracteurs aient trouvé leur
chemin de Damas. D’autre part, ses adeptes lui
reconnaissent peut-être des indications pluiS rares.
Pour expliquer que ce médicament, qui est
réellement très et trop actif dans certains cas, ne
donne dans d'autres cas aucun effet, Pouliot ( La
Médecine, avril 1920) conclut avec un robuste opti¬
misme qu’il y a eu des erreurs de technique dans les
cas défavorables.
Ouant aux accidentsde lapituitrine, de nombreuses
observations en ont été publiées : plusieurs ruptures,
un cas d’inversion (Bang, Ugeskrift for LSger,
20 mars 1913).
Toucher rectal au cours du travail. — De
toucher rectal pratiqué pour suivre les progrès de la
dilatation et de l’accouchement a été très prôné
en Amérique (R.AV. Holmes, Moore, De Lee).
D’aucuns n’ont pas hésité à dire que cette méthode
est une des plus importantes découvertes modernes.
Par contre, Arteaga (Rev. de med. y. cir.dela Havane,
25 janvier 1915) y est assez hostile. De fait est
qu’il est facile de suivre ainsi le travail ; mais les
inconvénients sont multiples. Au surplus, la mé¬
thode n’est pas inédite et, en 1897, une thèse était
soutenue à Paris sur ce sujet (Baumgarten).
Délivrance. — D'Américain John Osbom Polak
et l’Irlandais Gibson ont insisté sur l’intérêt qu’il y a
à ne pas pratiquer de manipulations intempestives
pendant la période de délivrance.
Notons aussi le très intéressant article de Demelin
( Jount. des Pral., 29 juin 1918) sur les hémorragies
de la délivrance par atonie musculaire et les hémor¬
ragies par hypertonie.
Présentation du siège. — Marchand, dans sa
thèse (Paris, 1914), a recherché, d’après 612 observa¬
tions relevées sur dix ans de statistiques de la cli¬
nique Baudelocque, les causes de la présentation
du siège. Da plus fréquente, 69 p. 100 des cas, est
l’insertion basse du placenta sur le segment inférieur.
Da thèse de Saxe (Paris, 1918-1919, n° 269), un
article du professeur Couvelaire (Gyn. et Obst., jan¬
vier 1920, p. 95) préconisent la dilatation préfœtale
du vagin par ballon de Champetier de Ribes dans
l’accouchement par le siège chez les primipares. Da
durée moyenne de l'expulsion est diminuée de moi¬
tié ; les lésions périnéales sont bien moins fréquentes
et la mortalité fœtale passe de 1/9 à 1/21. Romola
Costa ( Annali di Ostetriciae Ginecologia, Milan, 1916)
préconise pour la tête dernière la ponction lombaire (
qui permettrait la réduction en cas de difficulté et
qui ne produirait aucune compression nuisible de
l’encéphale (?).
Procidence du cordon. — Balard (A. M. G. O.,
mai 1919) rappelle que l’absence de pulsation du
cordon procident et même l’auscultation négative
n’impliquent pas la mort du fœtus, et il ajoute de
plus que l’absence de pulsations n’implique pas
nécessairement l'interruption de la circulation fœto¬
placentaire, mais peut être due à l’uniformisation
du cours du sang dans le cordon en raison d’une com¬
pression modérée.
7 Août IÇ 20 .
Application de la radiologie à l’obstétrique.
— Deux méthodes de radio-pelvimétrie ont été mises
sur pied, celle de Guilbert et Gimbert (A. G. O., mars-
avril 1918) et celle particulièrement précise de Révy-
Solal (G. et O., mars 1920).
James T. Case (S. G. O., mars 1917) a diagnostiqué
in utero par l’étude radiologique un cas d'anencépha¬
lie. Il s’agissait d’un gros œuf pour lequel on n’avait
pu faire le diagnostic de la présentation.
Hémorragies par insertion du placenta sur
le segment inférieur. —Wallich et Abrami (A. G.
O., 1914, p. 72) ont étudié les signes hématologiques
qui, dans les hémorragies obstétricales abondantes ou
répétées, permettent de porter un pronostic sur le
degré de résistance. Dans un premier groupe, le plus
favorable, on note l’anisocytose, des hématies gra¬
nulées et de la polychromatophilie ; dans un second,
de la poïkilocytose et, dans un troisième, ou voit
apparaître les globules rouges nucléés.
Ru ce qui concerne le traitement des hémorragies
par insertion basse, Stratz ( Zeitsch. j. Gcb., 1915) et
Tliies(fîosfo« med.and surg.Joum., 1917) condamnent
formellement l’accouchement forcé sous toutes ses
formes. Krôuig, après avoir essayé la césarienne vagi¬
nale avec un pourcentage de succès insuffisant, en est
venu à pratiquer la césarienne abdominale pour toute
hémorragie, de parti pris, sans aucune sélection
(Deutsche mediz. iVochen., 1916), ce qui, évidemment,
lui donne une statistique flatteuse. Da plupart d’entre
les accoucheurs qui emploient volontiers la césa¬
rienne sont cependant moins absolus : Scliickelé
(G. et O., janvier 1920) y a recours seulement eu cas
d’hémorragie initiale brusque avec dilatation insuf¬
fisante pour laisser entrevoir une terminaison
rapide avec bonnes chances pour la mère et pour
l’enfant. Tressider ( Lancet, 21 octobre 1916), Gray
(Virginia med. semi-montlily, 1915, p. 521), Dapthom
Smith, bien d’autres encore y ont recours si le col est
non dilaté, s’il y a obstacle osseux et si la femme n'est
pas infectée. Stein pense qu’une seule hémorragie
grave est une indication à la césarienne.
Une discussion a eu lieu récemment à ce sujet
à la Société d'obstétrique et de gynécologie de Paris,
à propos d'une observation de Grosse qui avait fait
avec succès une césarienne au début du travail
pour hémorragie abondante. Potocki, De Dorier
préfèrent le traitement obstétrical. Couvelaire con¬
clut la discussion en différenciant les cas purs qui
relèvent du traitement obstétrical et les cas com¬
plexes qui nécessitent un traitement chirurgical,
soit qu’il y ait un obstacle osseux ou cervical (et
alors ou aura recours à la césarienne), soit que la
femme soit très anémiée et infectée (et alors on fera
une hystérectomie).
R.-W. Holmes est d’un avis analogue. Quant à
W. Williams, il pense que l’indication de l’opération
« est extrêmement rare, car ordinairement le placenta
anormalement implanté détermine prématurément
le ramollissement et la dilatation du col. Rn consé¬
quence, le meilleur traitement consiste généralement
dans l’introduction du ballon de Champetier de Ribes
121
H. VIGNES. — L’OBSTETRIQUE EN 1920
qui jugule l’hémorragie et détermine la dilatation
complète du col dans une limite de temps raisonnable,
après quoi la délivrance s'effectue par version et
extraction. „
Décollement prématuré. — W. Williams
(S. G. O., 1916) signale la gravité des lésions du
muscle utérin dans certains cas de décollement pré¬
maturé du placenta normalement inséré. Des artères
utérines présentent des lésions comme celles qu’on
voit dans l’envenimation. Ahlstrom (Arkiv for
Kirurgi, mars 1919) insiste également sur la fré¬
quence assez grande des lésions du muscle utérin,
qui obligent parfois à l’hystérectomie.
Dilatation artificielle du col. - Des ballons
de Champetier ou leur imitation, les ballons de
Voorhess, restent les meilleurs moyens de dilater le
col. Da césarienne vaginale est une méthode longue,
compliquée et dangereuse. Des procédés de dilatation
manuelle ne sont que procédés de fortune. Dans cer¬
tains cas, on a pu avoir recours avec succès aux inci¬
sions de la portion vaginale du col qu’a étudiées Euri-
quez (Thèse de Paris, 1915) inspiré par Potocki.
Ces incisions sont latérales et mesurent de 2 à 3 cen¬
timètres; elles 11e sont que l’imitation de ce que fait la
nature chez mi grand nombre de femmes ayant
accouché. Ces incisions ne doivent pas dépasser l'in¬
sertion vaginale. Elles s'appliquent aux rigidités
soit primitives, soit secondaires. Pour les pratiquer,
il faut essayer de se rendre compte si la dilata¬
tion du segment inférieur et du col est suffisante pour
que, à la suite des incisions, l’orifice ainsi agrandi
permette le passage de la tête. Pour cela, l’auteur
rejette le critérium de Durlisenn, à savoir l’effa¬
cement complet du col. IL estime nécessaire que la
présentation remplisse bien le segment inférieur,
qu’elle soit bien descendue par conséquent, et que la
tête ait franchi la zone d'insertion du vagin, enfin
que la dilatation mesure 4 centimètres (c’est-à-dire
à peu près une pièce de 5 francs).
Des incisions sont indiquées par l’état de souffrance
de la mère ou du fœtus dû à la rigidité ; les divers
modes de dilatation utiles en cas d’inertie sont ici
dangereux. Elles deviennent utiles lorsqu’il y a une
ébauche de déchirure cervicale. Jamais l’auteur n’a
vu d’hémorragie ni d’infection.
A ces incisions latérales, Cathala préfère (G. et O.,
février 1920) deux incisions médianes, l’une sur la
lèvre antérieure et l’autre sur la postérieure,
Pelvitomies.— l’eu de choses ontété écrites sur ces
interventions assez rarement employées maintenant.
Notons cependant que Titus (S. G. O., déc. 1916), dans
les cas de présentation de la face bloquée définitive¬
ment en mento-postérieure dans un bassin rétréci,
rejette formellement le forceps et préconise comme
opération de choix la symphyséotomie.
Fieux, d'autre part, chez une femme ayant un
P S P de 10 centimètres, trois faux promontoires et
des antécédents obstétricaux déplorables, a pratiqué
la symphyséotomie ante partum qui a été suivie de
l’accouchement normal d’un enfant vivant. Cette
symphyséotomie est d'une simplicité et d’une rapidité
surprenante; en particulier, l’hémorragie rétrosym-
physaire est nulle, à la différence de ce qui se voit
parfois dans les cas de symphyséotomie ante partum.
Enfin la plaie ne risque pas d’être infectée et les
manœuvres d'extraction sont singuli èrement facilitées.
Technique de la césarienne classique. — Stein
(Amer. J. of Surgery, 1916), Jefferson ( Practitioner ,
déc. 1917) emploient, au lieu d'ergotine, la pituitrine.
Daptliom Smith ( Practitioner , déc. 1917) insiste sur
les dangers de blessures vésicales : il a dû opérer une
femme pour des calculs organisés autour des soies de
suture dans un cas où la lésion de la vessie lui était
passée inaperçue au cours de l’intervention. Green
(Boston med. and sitrg. /., mars 1916) est partisan
d’un matériel de suture résorbable. T.-J. Wil¬
liams (A. J. O., 1916, p. 425) recommande de faire
les sutures bien profondes pour obtenir une bonne
cicatrice et Gibson (Dublin J. of med. Sc., mai 1916).
Webster (S. G. O., février 1916) a pratiqué 14 césa¬
riennes sous anesthésie locale.
Indications do la césarienne. — Il faut lire la
communication du professeur Bar à l’Académie de
médecine (1919) et le très judicieux article de
W. Williams (S. G. O., août 1917, traduit in A. G. O.,
1917, p. 108) sur les abus de la césarienne. Ces abus
sont d'ailleurs bien plus grands aux États-Unis et en
Allemagne qu’eu France. Eu particulier on a beau¬
coup trop opéré pour les bassins limites.
Pour beaucoup, le simple diagnostic d'un bassin
rétréci, sans tenir autrement compte du degré, est
considéré comme indication suffisante d'opérer. Ceci
révèle un manque profond de connaissances obstétri¬
cales et l'ignorance du fait que 75 à 80 p. 100 de toutes
les femmes à bassin rétréci accoucheront naturelle¬
ment si on leur en laisse l'opportunité.
On abuse également de la césarienne en cas de
placenta bas, en cas de convulsions éclamptiques et eu
cas de présentations anormales (présentation trans¬
verse, siège, face, front) en dehors de la coexistence
avec un certain degré de rétrécissement pelvien ou
un développement fœtal excessif tel qu’il puisse
donner lieu à de sérieuses disproportions.
R.-W. Holmes (S. G. O., nov. 1915) proteste contre
la trop grande facilité à poser l’indication à mie césa¬
rienne : « On ne doit pas faire de césarieime quand
011 peut avoir un enfant vivant par d’autres moyens. >■
Césarienne supra-symphysaire. — Cette opéra¬
tion a été l’objet de nombreuses publications. M. Bar
(A. M. G. O., février 1919), au cours d’un intéressant
article sur la place qu’il faut attribuer à la césarienne
haute classique, considère la supra-symphysaire
connue assez facile. Jlaisles blessures delà vessie uesont
pas toujours évitables, la délivrance est parfois difficile
et le risque de rupture lors d’une gestation ultérieure
n’est pas moindre que par les autres méthodes.
M. Doleris (A 'c. de mêd., 1919) considère cette tech¬
nique comme inutilement compliquée et pense qu’elle
11e garantit pas contre les accidents infectieux mor¬
tels. W. Williams (S. G. 0 ., août 1917), De Eee (Illi-
122
PARIS MEDICAL
nois med. Journ., 1916) sont d’un avis analogue. Au
contraire, Scliikelé (G. et O., janvier 1920) est par¬
tisan d’employer la voie supra-sympliysaire quand,
ayant mie indication pour césarienne, on voit la
femme tard au cours du travail.
Pour conclure, nous dirons avec Couvelaire, dans le
chapitre qu’il consacre à cette méthode dans son
Introduction à la chirurgie utérine obstétricale (1913) :
«En résumé, les complications opératoires: lésions
vésicales, hémorragies graves... décliirures ou ouver¬
ture involontaire du péritoine, ne sont pas tellement
rares que l’on puisse s’enthousiasmer pour la section
césarienne supra-symphysaire ou extra-péritonéale.
L’infection opératoire du paramètre étant au moins
aussi grave que l’infection du péritoine, il ne reste à
l’actif de cette variété d’hystérotomie que des désa¬
vantages. »
Suites de couches.
Physiologie des suites découches.—Fabre et
Petzetakis (A. M. G. O., 1914, p. 533) ont étudié la
bradycardie des suites de couches; ils la considèrent
comme étant d’origine nerveuse et non myogène.
En ce qui concerne la mamelle et le lait, il faut faire
une mention spéciale d’un très beau livre : celui de
Monvoisin sur le Lait [physiologie, chimie, utilisation,
1920). Dans le même ordre d’idées, Meigs et Blatlier-
wick (J. of biol. Chem., 1918) 'ont montré que la
graisse du lait se forme au niveau des cellules mam¬
maires, aux dépens de la lécithine des globules rouges.
Porcher [Ac. des Sc., 24 nov. 1913) a prouvé que les
matières colorantes peu toxiques injectées dans le
sang ne passent pas dans le lait. Donc l'épithélium
mammaire est un filtre très électif. L’étude de P. Guil¬
lemet et H. Vignes sur la température locale de la
région mammaire au cours de l’établissement de la sé¬
crétion lactée a montré d’une part que, chez presque
toutes les femmes, il y a ascension thermique le jour
de la montée laiteuse et baisse consécutive, et, fait
intéressant, que, dans un quart des cas, la tempéra¬
ture locale dépasse la température rectale (A. G. O.,
1919, u» 10-11).
Infections. — Signalons d’abord le très intéres¬
sant travail de Fabre et Dujol (Bull, de la Soc. d'obsl.
et de gyn. de Paris, 1914, p. 200) sur la gonococcie au
point de vue clinique et bactériologique.
Casares Perez, inspiré par Potocki, a étudié (Thèse,
Paris, 1914) la bactériologie des lochies dans les
suites de couches physiologiques. Recueillies dans
le vagin, les lochies contiennent des microbes variés ;
dans l'utérus, elles sont stériles dans 84 p. 100 des cas,
et, dans les autres cas, il n’y avait jamais qu’une
seule espèce microbienne (coli, strepto). Donc la pré¬
sence d’un microbe unique en culture pure ne pro¬
voque pas fatalement de réaction fébrile.
Potocki (A. G. O., 1918), étudiant après cela les
cas infectés, a eu 40 p. 100 d'hémocultures positives.
Plus rapide et plus intense est le développement des
microbes dans le sang et plus l’infection est grave.
La propriété hémolytique est un facteur de gravité.
La bactériémie n’est pas un signe sûr de pronostic
7 Août IÇ 20 .
mortel, mais elle entraîne une mortalité de 33 p. 100
au lieu de 8,5 p. 100 si le sang est stérile.
La bactériémie avec frissons donne une mortalité
de 62 p. 100, alors que le frisson sans bactériémie
donne une mortalité de 10 p. 100.
Le streptocoque est le plus grave agent d’infection.
Mais le staphylocoque et le gonocoque peuvent
donner des formes mortelles.
La bactériémie est d’habitude monomicrobienne.
Il arrive parfois qu’un microbe se substitue à un autre
au cours des hémocultures successives.
Les microbes, trouvés dans le sang, existent tou¬
jours dans les lochies. La réciproque n’est pas vraie.
Le traitement de l’infection puerpérale se
modifie actuellement suivant une évolution tout à
fait salutaire : il devient de moins en moins interven¬
tionniste, surtout en ce qui concerne les manœuvres
intra-utérines (injection, curettage, mèches, drains).
J’en prends pour exemple, entre bien d'autres publi¬
cations, un article de De Lee (Chicago medical Recor¬
der, 1916, p. 314). De Lee est abstentionniste au point
que, connaissant ou soupçonnant une rétention pla¬
centaire, il fait un curage digital seulement s’il a la
main forcée par mie hémorragie, car il désire ne bous¬
culer en rien la barrière protectrice que l’organisme
a commencé à édifier. Les douches vaginales ne lui
semblent pas utiles et peuvent être nuisibles. Il a
renoncé, après essai, à l’usage de la mèche iodée. Il
injecte 200 centimètres cubes de sérum antistrepto¬
coccique. Les vaccins ne lui ont donné aucun résul¬
tat net. Il se garde d’employer l’électrargol ou le
dangereux collargol.
Un grand nombre d’auteurs français emploient,
en plus de ces moyens, l’abcès de fixation, qui semble
inconnu à certaines écoles étrangères.
A cette thérapeutique conservatrice, s’oppose mie
tendance beaucoup plus extrémiste : Cadcnat, le
Jemtel, Nyulasy ont préconisé vivement dans
certains cas l’hystérectomie. Il est vraisemblable que
cette intervention reprendra une place notable dans le
traitement de l'infection, mais suivant des indications
encore à préciser.
Turenne (Revista med. del Uruguay, juillet 1917)
a publié un très intéressant mémoire sur les signes
de la thrombo-phlébite utéro-pelvienne et sur les indi¬
cations du traitement chirurgical.
Autres affections du puerpérium. — Champeau
a mis au point en une excellente thèse (Paris, 1914) la
question du thrombus périvulvaire et périvaginal.
Gautiez et Tissier (A. M. G. O., mai 1915) ont
attiré l’attention sur la tarsalgie et les autres causes
de boiterie des suites de couches.
Suites de naissance.
L’allaitement'.. — Harold K. Waller (Lancet,
17 juillet 1915), pour fixer le nombre des tétées, se
place non pas au point de vue de l’enfant, mais à celui
delà mère.La sécrétion lactée est périodique : le sein
se gonfle et durcit et la femme en a conscience. Cette
périodicité spontanée doit être unguideprécieux pour
fixer l’heure des tétées. Sa persistance est un signe qué
DEMELIN. — LES HEMORRAGIES DE LA DELIVRANCE
123
l’allaitement est bien supporté et sa disparition doit
faire craindre quelque danger.
Spencer Pierrepont, H. K. Waller ont beau¬
coup insisté sur ce que les femmes présentant des
lésions dentaires accentuées sont mauvaises nour¬
rices jusqu’à ce qu’elles aient été soignées. Ils pensent
même que les infections pérideutaires de la femme
enceinte peuvent être un facteur d’hypotrophie pour
le fœtus in utero.
Schæfer (Quarterly Journ. of exp. phys., 1915,
p. 377) a montré que l’hypophyse n’a aucun effet
galactagogue, mais uniquement un effet lacto-excré-
toire. Heaney (S. G. O., nov. 1915) se loue fort de
la ventouse de Bier comme galactagogue.
Affections congénitales. — Rowell (Interstate
nied. Journ., juillet 1916) a vu un cas de sarcome
mélanique de l’œsophage à la naissance. Ilourmou-
ziadès a étudié les affections congénitales des voies
lacrymales des nouveau-nés qui souvent eu im¬
posent pour une conjonctivite [Thèse de Paris, 1916).
Affections d’origine obstétricale. •— On a
publié plusieurs travaux sur les hémorragies intra¬
crâniennes des nouveau-nés (Sloan, Cleveland med.
J., déc. 1915 ; Brindeau, A. M. G. O., avril 1918) et
sur leur traitement cliirurgical. Inversement, Balard
{Gaz. liebd. des Sc. mèd. de Bordeaux, 13 avril 1918) se
loue fort des bons résultats que lui a donnés la ponc¬
tion lombaire.
Vallois est intervenu avec succès par trépanation
chez un nouveau-né qui avait des accidents convul¬
sifs du membre supérieur droit.
Affections des premiers jours. — Monje [la
Ped. espanola, 15 avril 1915) a rapporté un cas de
tétanos d’origine ombilicale, débutant au cinquième
jour et guérissant par la sérothérapie.
Ilymanson et Hertz (A. J. O., 1917, p. 662),
cherchant l’origine des infections des nouveau-nés,
ont trouvé 16 fois des microbes virulents dans la
bouche et 4 fois seulement ces microbes étaient les
mêmes que ceux des voies génitales de la mère.
W.-G. Spiller (/. of nervous and mental discases,
mars 1915) a observé quatre nouveau-nés ayant
eu un ictère intense au cours de la première semaine,
qui ont ultérieurement présenté une diplégie spas¬
modique, sans doute due à des lésions corticales toxi¬
ques ou à des hémorragies.
Bonnaire, Durante et Ecalle {La Gynécologie,
mars 1914) ont étudié un cas d 'ulcère perforant du
duodénum chez le nouveau-né.
Ba transfusion intraveineuse ou intramusculaire
de sang maternel citraté a fait merveille dans un
grand nombre de cas désespérés d 'hémorragies gastro¬
intestinales chez le nouveau-né.
Enfin il nous faut mentionner un travail de Strauss
(J. A. M. A., 7 septembre 1918) sur la technique pour
radioscoper un nouveau-né atteint de sténose pylo-
rique, ce qui permet des interventions précoces, dans
les cas graves.
L'obstétrique et la guerre.
Et voici, pour finircette revue, le chapitre tragique,
et où doivent prendre place : l’histoire de la femme
qu’ont observée Saint, Gôllinger et Poiré, qui, en¬
ceinte de six mois, reçut un éclat d’obus pénétrant
à travers la paroi abdominale jusque dans l’utérus et
à qui l’on dut faire une césarienne d’urgence, — les
dix observations de la thèse deR. Duzois (Paris, 1916).
qui sont un effroyable réquisitoire contre la bestialité
de l’envahisseur vis-à-vis de nos femmes, — le récit
qu’ont fait Vanverts et Paucot sur ce que fut la
grande misère des accouchées à la Maternité de Bille
pendant l’occupation allemande (A. M. G. O., 1919I,
et ce fait divers que fut l’obus de la Bertlia, éven-
trant la Maternité de Paris, tuant une sage-femme,
trois accouchées et un nouveau-né, blessant griève¬
ment deux sages-femmes et plus de douze accou¬
chées et nouveau-nés.
Pendant ce temps, des milliers de bonnes volontés
s'évertuaient à améliorer le sort des mères et dès
enfants. Be professeur Pinard organisait dans le
camp retranché de Paris une coordination modèle
des efforts de tous vers ce but sacré. B'Angleterre ,
pays jusque-là désintéressé des choses de la puéri¬
culture, parce que riche d’hommes, entrait dans la
voie où nous cheminons depuis plus de trente ans, et
d’emblée se créaient des centaures de centres de
Maternily and Child Welfare, cependant que toute
une série de mesures très réalistes prises dans cer¬
taines villes populeuses abaissaient la mortalité
infantile de plus de 30 p. 1000 d’uue année à l’autre.
Enfin, à l’autre bout du monde, en Nouvelle-
Zélande, un médecin de campagne, le D r Truby
King, aidé par la vice-reine, mettait sur pied une
extraordinaire orgamsation de la puériculture anté
et post-natale, en sorte que la mortalité infantile
tombait à 40 p. 1 000.
NOTE SUR L’ÉTIOLOGIE ET LA PATHOGÉNIE
DES HÉMORRAGIES DE LA
DÉLIVRANCE (1)
le D' DEMELIN
Accoucheur chef de service à l’hôpital I^ariboisière,
Professeur agrégé, chargé de cours de cliuique annexe à la Faculté.
La distension utérine (des types hydramnios,
grossesse gémellaire et multiple, fœtus volu¬
mineux) est citée comme une cause efficacement
prédisposante à l’inertie utérine, avec hémorragie
au moment de la délivrance. On admet que l’élon¬
gation, par étirement, des libres musculaires,
entraîne une déperdition de force, une atteinte
au pouvoir contractile, qui complique l’expulsion
du placenta, comme précédemment elle retardait
celle du fœtus.
Rien n’est plus exact que la lenteur de la dilata¬
tion dans certains cas d’hydramnios (mais non
(1) Jour mil des Praticiens, 29 juin igiS, n” 26-Coursée
la Faculté, 1918 et 1920.— Leçons de Lariboisière, 1919-1920.
124
PARIS MEDICAL
dans tous). Pour l’accouchement gémellaire et
celui du gros fœtus, ce symptôme est déjà moins
fréquent. Mais rien n’est plus vrai aussi que le
réveil de la puissance utérine dans les instants qui
suivent la rupture artificielle ou naturelle des
membranes, et l’écoulement du flot qui en est la
conséquence. N’y a-t-il pas déjà là une présomp¬
tion que l’inertie disparaît, du moment que la
paroi musculaire est soulagée en totalité ou en
grande partie du liquide contenu, et que ce retour
de vigueur peut se prolonger jusqu'à la délivrance?
Mais les raisonnements ne prévalent pas contre
les faits. Vérité qui autorise à suspecter les syllo¬
gismes par habitude ou par analogie. Da nécessité
s’impose-t-elle de comparer le sac utérin au
réservoir urinaire? Da puissance et la résistance
des parois contractiles se proportionnent à leur
épaisseur, et finalement à la masse et à la densité
du contenu.
D’après ce que j’ai pu voir, l'hydramnios, con¬
trairement aux idées reçues, détermine rarement
l’hémorragie de la délivrance. Sans peine, j’ai
rassemblé 23 observations où le liquide amnio¬
tique était surabondant ; et de ces 23 cas, deux
seulement se compliquèrent de pertes sanguines.
Encore faut-il remarquer que l’une de ces pertes
succéda à des tractions précoces et énergiques sur
le cordon ombilical (le forceps amena, non sans
efforts vigoureux, un enfant dont le cou se crava¬
tait de trois circulaires serrés) ; et que l’autre fut
nettement imputable à une délivrance artificielle,
exfoliante pour la couche interne de la paroi
utérine (l’hémorragie devenant incoercible après
l’extraction du délivre, et le microscope attes¬
tant la présence de fibres lisses à la surface de
plusieurs cotylédons).
A titre d’exemples, je résumerai les deux faits
suivants (les dix-neuf autres leur étant très
comparables) :
i° Dariboisière, 1919, n° 1 246. — Quatrième
grossesse. Syphilis. Da dilatation du col s’effectue
en douze heures. Quand elle est complète, on
ouvre artificiellement les membranes. Il s’écoule
alors peu de liquide, la tête étant bien engagée.
Mais, au moment où l’expulsion (spontanée)
s’achève, on recueille et mesure 10 litres d’eau
amniotique. D'enfant a de l’ascite; il pèse 3 kilo-
graihmes. De placenta pèse 700 grammes. Déli¬
vrance spontanée, rapide (dix minutes après la
naissance), et sans hémorragie.
2° Dariboisière, 1916, n° 635. — Quatrième
grossesse. Rétrécissement mitral. Accouchement
gémellaire;hydramnios du deuxième œuf d’où sort
un fœtus achondroplase. Expulsion assez rapide
et spontanée. Délivrance sans hémorragie.
7 Août 1920.
Comme conclusion, je crois que la distension,
par elle-même (et sans l’intervention concomi¬
tante d’autres facteurs beaucoup plus actifs),
prédispose faiblement aux hémorragies de la
délivrance. Encore la formule que j’emploie se
plie-t-elle à des concessions vis-à-vis de l’ensei¬
gnement traditionnel.
De grand espace intraplacentaire, où les villo¬
sités fœtales baignent dans le sang maternel, se
limite, du côté de l’utérus, par la caduque séro-
tine. Celle-ci est trouée (comme une écumoire, dit
Varnier) par les artérioles qui apportent le sang
de la paroi contractile, et par les veinules qui l’y
réintègrent. A la périphérie du placenta, rampe,
dans la caduque bordante, une couronne veineuse
dite sinus circulaire, qui draine les cotylédons du
pourtour au profit des sinus utérins du voisinage.
Si le sinus circulaire vient à se rompre, le sang
coule et peut apparaître au dehors, même sans
aucune trace de décollement utéro-placentaire.
Ce sont-là des particularités connues, sur lesquelles
Duncan et Budin ont insisté. D’hémorragie est
alors alimentée par le grand espace intraplacen¬
taire qui communique avec l’extérieur par la plaie
de la couronne veineuse. Quand, à l’heure de la
délivrance physiologique, le clivage s’effectue
normalement, les orifices vasculaires se bouchent
instantanément à leur tranche utérine par le jeu
des ligatures vivantes : celles-ci, en effet, fonction¬
nent sans frein, en raison même de leur contracti¬
lité, libérée par le décollement. Du côté placen¬
taire, nulle trace de fibres lisses ni de tissu élas¬
tique ou rétractile : le sang coule, venant
du grand espace placentaire, jusqu’à ce qu’un
caillot se forme, bouchon assez précaire de l’orifice
ouvert dans le plancher sérotinien. Si, au contraire,
un fragment de ce plancher demeure fixé à la paroi
utérine, d’une- part, la bouche vasculaire reste
béante du côté de cette paroi, parce que la rétrac¬
tion est empêchée, justement à cause de l'adhé¬
rence ; et d’autre part, le plancher sérotinien,
plus ou moins entamé, se creuse d’un trou large
en proportion, par où s’échappe le sang de l’espace
intraplacentaire. Dans les cas de pénétration
insolite de quelques-unes des villosités choriales
jusqu’au milieu du tissu musculaire utérin (par
atrophie sérotinienne et adhérences anormales du
placenta), ou encore, à l’occasion d’un décolle¬
ment artificiel ou d’un curettage appuyé, la
couche de fibres lisses est entamée, il y a, à vrai¬
ment dire, déchirure incomplète interne, et impo¬
tence fonctionnelle des ligatures vivantes (tout
le monde sait que la rupture de l’utérus en déter¬
mine l’inertie) : de là une hémorragie grave,
persistante, qui ne cède pas à l’extraction du
SOCIETES SAVANTES
125
délivre, et qui peut entraîner la mort.
En d’autres termes, l’arrachement dangereux
se fait, soit en dedans du plan normal de clivage,
aux dépens du tissu sérotinien (et le grand espace
intraplacentaire s’ouvre par une déchirure béante
d’où le sang s’échappe) ; soit en dehors de ce plan
normal de clivage, quand il y a rupture incom¬
plète interne de la couche musculaire, et inertie
consécutive avec impotence fonctionnelle des
ligatures vivantes. Eu égard aux causes efficientes
de ces arrachements, ce sont surtout ces tractions
intempestives sur le cordon ombilical, tantôt,
avant la naissance de l’enfant (par brièveté acci¬
dentelle et naturelle ou par obliquité utérine, la
force expulsive poussant le fœtus sur le placenta
encore adhérent, de telle sorte qu’il le décolle
suivant le mécanisme de l’hématome vaginal au
moment de l’accouchement, ou, en pathologie
externe, de la contusion accidentelle qui désin-
sère les tissus sous-cutanés de l’aponévrose fascia
lata) ; et tantôt après la naissance de l’enfant
(par tractions impatientes sur le cordon avant
le décollement spontané du placenta, ou encore
par massage violent de l’utérus et tentatives d’ex¬
pression rapide), etc.
A mon avis, la véritable perte par inertie uté¬
rine succède à d’énergiques efforts d’expulsion qui
ontvainementlutté contre un obstacleàla descente
du fœtus, telpar exemple que le défaut de flexionet
de rotation dans une occipito-postérieure, ou bien
un rétrécissement rachitique du bassin : l’atonie
secondaire, communément attribuée à l’épuise¬
ment ou au surmenage, s’explique mieux, je crois,
par des ruptures incomplètes internes plus ou
moins localisées. 1/inertie primitive sans solutions
de continuité ne me paraît pas entrer en ligne de
compte dans le mécanisme des hémorragies.
Tes femmes qui saignent à chaque délivrance,
ont l’utérus malade dans sa muqueuse, et en
même temps dans les strates les plus internes de
sa musculeuse. Ea lésion se distribue de telle sorte
que la nidation et le développement de l’œuf
restent possibles ; mais que le clivage utéro-pla-
centaire s’effectue vicieusement. Alors, ou bien
la sérotine, trop friable, se déchire et laisse des
fragments fixés à la couche profonde non caduque
de la muqueuse ; ou bien, c’est cette couche pro¬
fonde, avec participation des fibres musculaires
adjacentes, qui s’entame : dans ces conditions, les
ligatures vivantes fonctionnent mal, parce qu’il
y a sclérose (ou dégénérescence quelconque) des
fibres lisses.
Un dernier mot. Ees hémorragies classique¬
ment attribuées à l’inertie se traduisent par la
flaccidité, l’atonie du corps utérin qui se laisse
par suite remplir de sang liquide ou coagulé. Il est
d’autres pertes sanguines qui s’accompagnent,
non d’inertie, mais au contraire de rétraction
normale, voire de rigidité du sac utérin (un anneau
de stricture occupant ou l’orifice interne du col,
ou la base d’une corne, comme dans certains
enchatonnements). Nul signe alors de ramollisse¬
ment au palper, ni d’augmentation de volume :
et pourtant, la perte vient du corps, et non du
col, ni du vagin. Pourquoi ces différences de
tonicité? C’est que, dans ces faits que j’ai désignés
sous le nom d’hypertonies, les ligatures vivantes
sont restées normales, actives, sans déchirures :
c’est le placenta qui saigne, le tissu musculaire
de la paroi commençant par faire effort, par se
contracter, se contracturer même, à fin d’expul¬
sion ou de compression du placenta saignant, aussi
longtemps qu’il gardera la même tension intersti¬
tielle, aussi 1 ongtemps que tardera la syncope utérine
(pourrait-on dire), souvent prévenue dans ces
formes par la syncope cardiaque. Assurément,
polir obtenir un pareil résultat, le nombre et le
calibre des bouches ouvertes par la déchirure séro-
tinienne seront assez restreints ; si, par contre,
ils prennent de l’importance, si surtout la couche
musculeuse elle-même est exfoliée, déchirée sur
une assez grande surface, alors la tension intra-
pariétale baisse brusquement, tant est copieuse
la quantité de sang répandu, et l’utérus se relâche,
de même qu’une érection tombe au moment où
les aréoles du tissu caverneux se vident.
SOCIÉTÉS SAVANTES
ACADÉMIE DES SCIENCES
Séance du 19 juillet 1920.
Recherche des éléments du sang. — MM. Desgrëz et
Meunier, avec le sang et le sérum de cheval desséché,
obtiennent une incinération complète vers 500°. Par
cette méthode, les matières minérales ne peuvent réagir
les unes sur les autres, on peut obtenir des quantités de
matières aussi considérables que l'on veut ; les caractères
et la séparation des éléments sont donc faciles, même s’ils
sont en très faible quantité. Les deux auteurs ont établi
d’une façon indiscutable la présence et les proportions
du cuivre, du manganèse et du lithium dans le sang.
Il est vraisemblable que d’autres éléments s’ajouteront
à cette liste.
Sur les colonies de termites. — M. Fëvtau, de Bor¬
deaux, indique que la facilité avec laquelle les termites
ailés fondent des colonies et la production rapide de
nouveaux ailés capables d’en fonder à leur tour rendent
plus évident le danger que les termites font courir aux
constructions en bois dans les régions envahies.
Embryogénie des entozoalres et chromosomes des
Insectes. — Note de M. Deeage.
H. M.
126
PARIS MEDICAL
ACADÉMIE DE MÉDECINE
Séance du 20 juillet 1920.
Sur la vaccination précoce des nouveau-nés. —
M. Camus estime qu’il n’y a pas lieu de revenir sur les
dispositions du décret du 27 juillet 1903 qui n'unpose pas
la vaccination avant l’âge de trois mois. Les enfants
au-dessous de trois mois sont peu menacés par la variole
en temps ordinaire toutefois la pratique des accoucheurs
qui vaccinent dès la naissance ne peut que rendre service
si les opérations sont suivies de succès. Pour vacciner
avec succès des enfants âgés de moins de trois mois, il
faut faire choix d’un vaccin frais iris actif, car les nouveau-
nés sont moins sensibles à la vaccine que les enfants pins
âgés. Un bon vaccin pour uu enfant de six mois n’est
pas toujours un vaccin suffisamment actif pour vacciner
un entant âgé de moins de trois mois.
La crise hémoelasique dans la maladie de Raynaud. —
Mil. Souques et Moreau se sont demandé s’il n’existait
pas dans cette affection des troubles vasculo-sanguins
analogues à ceux du choc anaphylactique et à ceux qui
ont été trouvés dans l’hémoglobinurie paroxystique,
l'urticaire et l'asthme.
Par l'immersion des mains dans l’eau froide, ils ont
déterminé chez trois sujets atteints de maladie de Ray¬
naud des accès d’asphyxie locale symétrique et étudié les
modifications vasculo-sanguines survenant dans ces
conditions, en particulier l’état de la pression artérielle
et de la. formule sanguine.
A la suite des diverses observations qu’ils rapportent,
ces auteurs concluent qu'au point de vue humoral comme
an point de vue clinique il existe deux formes de maladie
de Raynaud, l’une avec choc hémoelasique et phéno¬
mènes généraux, l’autre, peut-être pins commune, ré¬
duite au simple accès d’asphyxie locale. Les auteurs se
proposent de reprendre leurs recherches en saison froide
et de tenter quelques essais d’autosérothérapie.
L’azote albuminoïde dans le sérum sanguin des can¬
céreux. ■— D’après les auteurs allemands, la teneur du
sérum sanguin en matières albuminoïdes est abaissée
chez les cancéreux. D’après ses recherches, M. Robin
montre que cette proposition n’est exacte que pour
25 p. 100 des cas.
Dans 75 p. 100 des cas, au contraire, il y a hyper-
albuminose. Le sérum, du sang cancéreux contient
15 p. 100 d'albumine de plus que le sang normal. L’hyper-
albuminosc sérique est donc de règle dans le cancer>
tandis que l’hypoalbuminose sérique y est plutôt rare
et en rapport avec la diminution de l’alimentation, les
oedèmes, l’anémie, la cachexie dont elle peut aider à faire
connaître le degré.
Suite de la discussion sur les Instituts médicaux. —
M. Delorme fait une importante communicatiuu sur ces
Instituts comme centres de recherches biologiques. Ce
ne sont ni les locaux des laboratoires et des Instituts qui
manquent, ni le matériel. Ce sont les hommes de science,
les chercheurs, et ils manquent parce qu’ils ne sont pas
affranchis des préoccupations de la vie matérielle, que
leur vie n’est pas assurée honorablement et que leurs
budgets de recherches sont budgets de misère. Changez
les conditions et vous aurez de savants biologistes. Leur
plan d’étulde est tout tracé ; c’est la thérapeutique des
deux maladies les moins curables et les plus répandues,
la tuberculose et le cancer, qui doit avant tout les prér
•occuper.
M. Delorme reviendra ultérieurement sur ces ques¬
tions pour les approfondir.
7 Août 1920.
Un nouveau cas de virilisme cortico-surrénal. —
M. Mauclaire rapporte le cas d'une femme ayant trente-
deux ans en 1914, et chez laquelle se développa une
tumeur abdominale avec suppression des règles. En. même
temps des caractères masculins apparurent : faciès, poils
sur la face, le con, le tronc, atrophie des seins, disparition
de i’adipose sous-cutanée, etc... L’opération faite en
avril 1920 montra que la tumeur était développée aux
dépens de la couche corticale de la capsule surrénale
droite. L’auteur énumère les cas semblables qui ont été
rapportés. Les formes et les causes dû virilisme sont
multiples. Nous connaissons beaucoup de portraits de
femmes à barbe, mais nous ne connaissons pas assez
l'état de leurs glandes endocrines.
H. Maréchal.
SOCIÉTÉ MÉDICALE DES HOPITAUX
Séance du 16 juillet 1920.
Des rapports du. frottement ausculté et de la sonorité
thoracique. — MM. Crouzon et Béhague étudient de
nouveau le frottement ausculté qu’ils ont décrit le 3 juil¬
let 1920 à la Société médicale des hôpitaux et discutent
les résultats obtenus par M. Et. May par l’emploi de leur
méthode.
Us admettent l’exagération de ce signe dans l’emphy¬
sème pulmonaire, mais alors que M. Et. May le considère
comme lié à la sclérose pulmonaire, MM. Crouzon et
Béhague pensentqu’il est dû à l’exagération de la sonorité
thoracique, ainsi qu’ils l’ont rencontré dans d'autres
états morbides.
Lésions du « locus niger » dans trois cas de paralysie
agitante. — MM. Souques et TréTiakoee apportent les
résultatsde l’examen histologique du locus niger et du noyau
lenticulaire dans trois cas de paralysie agitante classique.
La lésion du locus niger est constante dans ces trois cas.
Elle consiste en une dégénération des cellules nerveuses
qui aboutit, par endroits, à la disparition d’un nombre
plus ou moins grand de cellnles. Cette dégénérescence
se fait lentement, cellule par cellule, mais elle n’aboutit
jamais à la disparition de toutes les cellules ; elle ,se fait
généralement par îlots et débute souvent au voisinage
des vaisseaux. Ces derniers, en dehors d’une légère dila¬
tation et d’une légère sclérose des parois, n’offrent jamais
d’altérations graves.
A la place des cellules nerveuses disparues, la névroglie
et le tissu conjonctif prolifèrent modérément et abou¬
tissent à la formation d’un véritable tissu cicatriciel. Eu
dehors de cette sclérose du tissu de soutènement et des
vaisseaux, on n’observe aucun phénomène réactionnel.
Le processus est donc d’ordre dégénératif.
Il n'existait pas, dans ces trois cas, de lésion appré¬
ciable du globus pallidus ; les vaisseaux du noyau lenti¬
culaire étaient intacts.
En résumé, constance des lésions du locus niger ; topo¬
graphie des lésions en îlots disséminés et souvent péri¬
vasculaires ; dégénération lentement progressive et tou¬
jours incomplète des cellules, nerveuses, paraissant en
rapport avec l’évolution progressive de la maladie de
Farkinson.
Les auteurs pensent qn’il y a un rapport de causalité
entre la lésion du locus niger et la paralysie agitante.
Chorée de Sydenham bénigne et apyrétique, consécu¬
tive à une encéphalite léthargique, chez une enfant. —
MM. Souques et Lacommh présentent une enfant de
six ans qui offre tous les symptômes de la chorée de
Sydenham typique. Les mouvements involontaires et
SOCIETES SAVANTES
12 7
incoordonnés, qui ont débuté d’une façon insidieuse et
évolué lentement, durent depuis six semaines. Ils ont _
ajrparn quelques jours après la terminaison d’une encé¬
phalite léthargique.
Il serait irrationnel d’invoquer une coïncidence ; ici,
la relation de causalité s’impose.
Cette observation montre que, dans quelques cas, la
chorée de Sydenham bénigne et apyrétique peut être
déterminée par l'encéphalite dite léthargique.
Dilatation Idiopathique de l’œsophage et mégaœsophage.
— MM. CEttingER et Cabaeeero présentent deux
malades atteints de dilatation idiopathique, qu’ils consi¬
dèrent comme liée à une malformation oesophagienne
comparable au mégacôlon.
A propos de la contagion de l’encéphalite léthargique. —
Sur 174 cas observés, M. NETTER a observé 8 fois (moins
de 5 p. 100) la contagion. Dans la méningite cérébro-
spinale, sur 400 cas, il a vu un peu plus de 3 p. 100 de cas
de contagion. Donc la contagiosité des deux maladies est à
peu près la même, et on ne peut pas la nier plus pour
l’encéphalite épidémique que pour la méningite cérébro-
spinale.
Myoclonus et formes myocloniques suraiguës, malignes
dans l’encéphalite léthargique. — M. F. BoSC.
Syndrome alterne de kinésalgie droite ot d’hémiatrophie
linguale gauche, séquelle de névraxite épidémique. —
MM. Sicard et CeERC présentent une jeune fille de
vingt ans, convalescente d’encéphalite épidémique, chez
laquelle persistent des mouvements ehoréo-athétosiques
douloureux du membre supérieur droit, suivant la moda¬
lité motrice de M. P. Marie et M»« Bévy, et qui, en outre,
est atteinte d’une séquelle de névraxite non encore
signalée, une hémiatrophie linguale caractéristique, à
Ainsi s’affirment une fois de plus les types alternes de
cette maladie polymorphe, avec lésion directe d’un ou
de plusieurs nerfs crâniens et perturbation croisée <Ju
faisceau pyramidal.
Plaie du ventricule gauche opérée il y a dix ans. Gué¬
rison. Troubles de conduction cardiaque ultérieurs, consta¬
tés à l’électrocardiogramme. — M. Proust.
Particularités radioscopiques de l'aorte descendante. —
MM. Ch. Baubry et B. MAEEKT apportent une série
d’orthodiagrammes destinés à préciser quelques particu¬
larités radioscopiques de l'aorte descendante et à com¬
pléter sur ce point les données classiques bien mises en
lumière par Vaquez et Bordet.
Conformément aux données anatomiques qui montrent
l’aorte longeant le flanc gauche de la colonne vertébrale
et ne rejoignant la ligne médiane qu’au niveau de la
dixième dorsale, il leur a paru possible d’objectiver l’ombre
du vaisseau. On le voit se profiler au-dessous de l’arc
aortique sous forme d’une bande de teinte assez discrète
et de dimensions assez minces comblant le sinus formé
par l’arc supérieur et Parc moyen. Cette ombre rubannée,
vue d’ordinaire en position frontale, n’est jamais perçue
en position oblique antérieure gàuche.
Il n’en est pas de même à l’état pathologique et en
particulier chez les vieillards, les malades atteints d’aor¬
tite spécifique et les angineux. Bes auteurs décrivent à ce
sujet différents aspects de l’aorte descendante qui s’étale
plus ou moins régulièrement et largement dans le champ
pulmonaire, allant rejoindre plus ou moins lias le bord
gauche du cœur. Dans ces conditions, l'examen en position
oblique antérieure gauche montre que l’ombre ainsi
perçue appartient bien à l’aorte descendante.
Ces considérations apparaissent importantes aux
auteurs : 1" pour le diagnostic des aortites simples et des
anévrysmes ; 2" pour l’interprétation de l'ombre ainsi
perçue qui peut être due soit à l’élargissement en masse
de l'aorte, soit à son déplacement consécutif à la péri-
aortdte voisine ; 3° pour l’interprétation de certaines dou¬
leurs angineuses à irradiations postérieures.
SOCIÉTÉ DE CHIRURGIE
Séance du 29 juin 1920.
Traitement des fractures ducoldu fémurpar le vissage.—
M. DEEBET faisant illusion à la communication de
M. Dujarier, qui rejette ce mode de traitement chez les
sujets âgés et eu particulier chez les femmes, à la suite
d’un cas où il y a eu effondrement de la tête fémorale,
apporte ses résultats personnels.
11 a opéré 7 cas de fractures Ivanscervicales chez des
femmes de scixante-ilix à quatre-vingts ans avec 6 ré¬
sultats excellents ; la septième, devenue gâteuse, a été
placée daus un asile.
Sur 4 cas de pseudartkroses ainsi traitées sur des sujets
de soixaute-slx, soixante-huit, soixante-neuf, soixante-
quinze ans, il a obtenu deux bous résultats ; une troisième
malade est devenue gâteuse, une quatrième a cassé sa
greffe.
Dans les cas de fractures cervico-trochantértenues, il a eu
également de beaux résultats. Il est évident que, pasiKl-
soixante-cinq ans, le résultat n’est pas assuré ; il n’en est
pas lupins vrai qu’il serait déplorable de refuser le béné¬
fice d’une opération anodine, praticable sous anesthésie
locale, à ces malades qui sans cela vont occnper des lits
dans les asiles, devenant une charge pour la société.
Traitement -des tuberculoses ostéo articulaires par la
méthode dos Injections sclérogènes. — M. Waeïiier
rapporte 3 observations de M. Charrier (de Bordeaux)
ayant trait à des sujets âgés traités par des injections de
solution à 1 p. :o et à 1 p. 30. répétées tous les huit ou
quinze jours (intervalles un peu trop courts d’après le
rapporteur) et guéris depuis neuf, treize et seize ans.
Traitement chirurgical de l’épilepsie traumatique. —
M. Bknormant étudie longuement cette question à
l’occasion d’une observation de M. Brauet-Tapie (de
Fau). Un blessé ayant présenté en 1917 une plaie de la
région pariétale supérieure droite, avec hémiplégie gauche,
suppuration de la plaie, hernie cérébrale, voit survenir
cinq mois après sa première crise d’épilepsie. Bes crises se
répètent tous les huit ou quinze jours, pnis en novembre
1919 elles deviennent subintrantes, se répétant de trois eu
trois minutes, menaçant l’existence.
A l’intervention on trouve un noyau cicatriciel conte¬
nant un kyste à liquide clair ; le noyau cicatriciel est
évidé et aminci aux ciseaux ; suture.
Fendant quinze jours, pas de modification, puis on
observe successivement : i° la disparition des douleurs
accompagnant la crise dans le pied et la jambe ; 2° les
convulsions du membre inférieur ; 3 0 les douleurs du
membre supérieur ; 4“ les convulsions du membre supé¬
rieur. Enfin, en dix jours, tout a disparu et l’hémiporésie
gauche qui persistait, s’atténue. On ne peut parler de
guérison définitive, mais la disparition des crises persiste
encore actuellement.
M. Bcnormant, envisageant la question daais son en¬
semble, insiste sur les points suivants :
Ba fréquence de l’épilepsie traumatique ne peut être
actuellement connue, faute d’une statistique globale des
plaies cranio-cérébrales.
Ba. date d'apparition est variable : habituellement
quelques mois, parfois deux à trois ans.
128
PARIS MEDICAL
Parmi les conditions qui favorisent son apparition,
à l’étranger on fait jouer un rôle considérable aux anté¬
cédents névropathiques ; en France, c’est le trauma qui
est le facteur principal, et à ce point de vue, sont suit rut
suivies d’épilepsie traumatique : les plaies atteignant le
cerveau, les plaies de gravité moyenne, les plaies mal
désinfectées, non suturées, ayant suppuré.
Les lésions trouvées à l’intervention sont bien connues ;
tout au plus peut-on souligner la présence assez fréquente
des kystes bien étudiés par M. Auvray, et l’importance du
noyau cicatriciel, du bloc fibreux dont la valeur épilepto-
gène est certaine.
Le pronostic est grave ; les crises se répètent, se généra¬
lisent, la maladie s’aggrave progressivement. Au point de
vue du traitement on est, à l’étranger, extrêmement inter¬
ventionniste. Kn France, et notamment lors de la dernière
discussion à la Société de chirurgie, on s’est montré très
réservé en ce qui concerne les résultats du traitement chi¬
rurgical, et même, d’après le rapporteur, d’un pessimisme
un' peu outré. Cependant M. Quénu a cité une rémission
de dix-huit ans, M. Tuffier de quatorze ans ; les malades
peuvent donc bénéficier tout au moins de guérisons tem¬
poraires assez longues. Iît de plus, que faire, devant des
crises subintrantes qui meuaçant l’existence, sinon inter-
II ne faut donc pas rejeter toute tentative de traite¬
ment chirurgical dans ces cas.
M. Lenormant termine en discutant quelques points de
technique.
Ligature de la carotide primitive. -— M. Decherfs,
chez un homme porteur, à la suite d’un accident de che¬
min de fer, d’un anévrysme caverneux, a fait la compres¬
sion de la carotide primitive gauche, puis sa dénudation
sympathique, puis finalement sa ligature.
Bon résultat ; mais, depuis quelque temps, les troubles
paraissant en voie de reproduction, M. Decherfs se de¬
mande si son blessé pourra supporter une ligature de la
carotide primitive droite. C’est également la question
que pose M. Broca, rapporteur.
M. Lenormant a vu signalés des cas de ligature bila¬
térale, notamment par M. de Lapersonne deux ou trois cas
dont un de Barnsby. La survie est possible, mais il y a
amoindrissement des facultés intellectuelles.
M. Thiéry a vu Lefort faire la ligature double à
quatre mois d’intervalle chez une jeune femme qui a été
absolument guérie sans troubles.
M. J.-L. Faure, qui a vu l’opéré de Barnsby, n’a pas eu
l’impression qu’il ait présenté un amoindrissement intel¬
lectuel bien caractéristique.
M. Broca conclut que si le blessé de M. Decherfs pré¬
sente une aggravation notable, on sera autorisé à prati¬
quer chez lui la ligature du deuxième côté.
Les zones neutres de la paroi abdominale. — M. Jean
( rapport de M. Louis Bazy) étudie sous ce titre les zones
dépourvues de vaisseaux et surtout de nerfs dont la sec¬
tion amène des éventrations paralytiques. Il conclut que
la plupart des incisions actuellement employées sont
bonnes, sauf les longues incisions latérales.
Traitement des Infections chirurgicales par le bouillon
de Delbet. — M. Potuerat a obtenu des résultats remar¬
quables dans les 6 cas qu’il rapporte en détail (2 cas
d’abcès mammaire, un anthrax de la nuque, un de la
lèvre supérieure, un phlegmon diffus du membre supé¬
rieur, un cas de furoncles multiples du membre inférieur).
Traitement du cancer testiculaire. — M. PIERRE Bazy
montre que la castration simple et la castration avec
curage ganglionnaire lombo-iliaque ont chacune des succès
7 Août IÇ20.
à leur actif. Il s’agit de poser les indications de l’une et de-
A ce point de vue, M. Bazy a montré l’importance de-
l’état du cordon ; si celui-ci est normal, souple et mince, il
n’y a pas lieu de rechercher les ganglions lombaires. S’il
est épaissi, œdémateux, on fera le curage lombo-abdomi¬
nal. Déjà certaines constatations opératoires ont montré
la valeur de ce signe ; on verra si de nouvelles consta¬
tations viendront à l’appui des précédentes.
Jean Madier.
SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
Séance du 10 juillet 1920.
La période antéallèrglque dans la tuberculose expéri¬
mentale du cobaye. — MM. R. Debré, J. Parae et I,.
Dautrebandk ont étudié les variations de la durée de la
période antéaleigique delà tuberculose expérimentale du-
cobaye suivant la voie d’inoculation du bacille.
Par injection intrapéritonéale, l’intradermo-réaction
apparaît pour une même dose de bacilles dans les mêmes
délais que par injection sous-cutauée. Par contre, en
iuoculant le cobaye par voie intracardiaque, il y a un
retard constant dans l’apparition de l’allergie : la période
antéallergique dure huit à treize jours de plus qu’aprês
l’inoculation sous-cutanée.
L’autopsie des animaux montre que l’apparition de
l’intradermo-réaction positive coïncide exactement avec
l’éclosion de la lésion perceptible au niveau des viscères
(granulie splénique et pulmonaire).
A propos d’uns noto de M. Ch. André sur l’élimination-
des matières colorantes par le rein. — M. Jean Turciiini.
La croissance des végétaux. — M. J.-C. Boss (de Cal¬
cutta) expose ses recherches sur la croissance des plantes,
que l’on peut suivre d’instant eu instant à l’aide d'im¬
puissant appareil d'amplification optique (crescographe).
Il a étudié l’influence sur la croissance des végétaux des
différentes excitations physiques oh chimiques des
substances toxiques ou anesthésiques, et conclut à l’exis¬
tence chez les végétaux d'une sensibilité en tous points
analogues à celles des organismes animaux.
Un cas de rouget du porc chez l’homme. — MM. J. Sa-
BRA 7.ÈS et L. MURATET.
Kyste séreux du rein. — M. Sabrazès.
Augmentation paradoxale de l’albumine du sérum chez
certains cancéreux. — MM. LiëpëR et Tonnet signalent
chez les malades atteints de tumeurs malignes les varia¬
tions notables du taux des albumines totales du sérum :
tantôt normales, tantôt accrues, et tantôt diminuées.
La diminution tient souvent à l’hydrémie, plus sou¬
vent encore à la cachexie. L’augmentation, aux vomis¬
sements abondants et à l’assèchement des tissus.
L’hyperalbuminose réelle de 86 et même de 90 p. roo
se voit dans les grosses tumeurs de l'ovaire, du sein, de
l’estomac, et surtout du foie. File s’oppose à l’augmen¬
tation déjà signalée du ferment éreptique, et semble tenir
à la mobilisation des albumines d’une tumeur volumi¬
neuse et fragile et à leur passage dans le sang.
Les anticorps dans l'entérococcie expérimentale, leur
mise en évidence par la réaction de fixation du complé¬
ment. — M. Raoul Tricoire, étudiant la réaction de
fixation du complément dans l’entérococcie expérimen¬
tale, montre qu’elle apparaît très rapidement, et persiste
longtemps.
Cette réaction met en évidence une parenté de groupe
assez étroite entre le pneumocoque et le streptocoque, et
sépare nettement ces microbes du streptocoque.
Le critère osclllométrlque, élément de diagnostic et de
pronostic de l’Insuffisance cardiaque au cours de la puer-
péralité. — M. P. Bai,arm.
Elections. — MM. Fourneau et Comandon sont élus
membres titulaires. Paul Jacquet.
Le Gérant: J.-B. BAILLIÈRE.
7865-20. — Corbeil. Imprimerie CréTé.
W. JANOWSKI. — RHUMATISME MUSCULAIRE ET ARTICULAIRE 129
SUR QUELQUES RARES LOCALISATIONS
DU RHUMATISME MUSCULAIRE
ET ARTICULAIRE
le D' W. JANOWSKI
Professeur agrégé, médecin de l’hôpital de l’Enfant Jésus ù Varsovie
La littérature clinique des dernières dizaines
d’années s’occupe relativement peu des parti¬
cularités dans le décours des infections rhumatis¬
males. C’est là une réaction naturelle contre la ten¬
dance des vieux auteurs de confondre beaucoup de
tableaux cliniques, d’origines les plus diverses,
avec les infections rhumatismales. Au fur et à
mesure des progrès de la bactériologie et de la
neuropathologie, on devenait toujoursplus prudent
pour porter le diagnostic de rhumatisme. Ceci
concerne non seulement les affections articulaires,
où nous tâchons de distinguer le plus exactement
le rhumatisme ordinaire des inflammations aiguës
articulaires qui compliquent la scarlatine, la
dysenterie, la grippe, le typhus abdominal,, la
gonorrhée, etc., mais encore à un degré plus élevé,
les affections musculaires et celles des gaines
tendineuses. Autant on attribuait auparavant
avec facilité l’origine rhumatismale aux diverses
formes cliniques d’affections de ces dernières,
autant chaque clinicien expérimenté contemporain
considère, comme son devoir, d’exclure toutes les
autres infections causant des lésions du système
musculaire et des gaines tendineuses, avant d’a¬
vouer leur origine rhumatismale. Grâce à ces
précautions, beaucoup de cas d’affections du sj t s-
tème musculaire, qui étaient considérées aupara¬
vant à tort comme rhumatismales, sont actuelle¬
ment reconnues comme dépendant d’autres
infections, comme la morve, le typhus récurrent,
exanthématique, la septicémie, la grippe, la
blennorragie, la tuberculose, la syphilis, etc. Les
autres groupes d’affections, où les douleurs étaient
attribuées auparavant au décours chronique du
rhumatisme, sont maintenant diagnostiqués
comme dépendant de la méningite, de la radicu-
lite, de la neurite, du tabes, de la syphilis, etc.
Grâce à ces précautions, on est arrivé à la prudence
indispensable dans le diagnostic du rhumatisme,
surtout de ses formes musculaires. Pourtant, ici
comme ailleurs, les précautions ne doivent pas
aller trop loin pour ne pas oublier certains tableaux
morbides qui, bien qu’ils soient d’une certaine
rareté pour le rhumatisme, arrivent néanmoins
et doivent être vite bien reconnus. En partant
de ce point de vue, j’appellerai ici l’attention sur
quelques formes plus rares du rhumatisme, que
j ’ai eu l’occasion de soigner.
N° 33 — 14 aviV 1920.
I. —Quant aux formes musculaires du rhuma¬
tisme, je crois que le nombre d’affections de cette
sorte a augmenté considérablement durant la der¬
nière guerre, dans le milieu militaire. Ceci est
dû au séjour prolongé dans les tranchées, aux
longues marches et aux autres circonstances qui
exposent le système musculaire aux traumatismes
thermiques et mécaniques fréquents, violents et
durables, circonstances d’une influence indiscu¬
table sur la localisation de l’infection rhuma¬
tismale. J e ne parlerai pas de la grande fréquence
des affections rhumatismales des muscles et des
gaines tendineuses des membres inférieurs. Ces
affections se manifestent pendant la guerre telle¬
ment souvent, qu’elles demandent une grande
prudence pour distinguer la vérité de la simulation,
d’autant plus que, dans certains cas, l’affection des
muscles et des gaines tendineuses des membres
inférieurs est secondaire, par exemple après une
angine ou une légère grippe, tandis que dans
d’autres cas ces sortes de manifestations se pro¬
duisent indépendamment, d’où il peut quelquefois
résulter que les plaintes des malades semblent
être simulées. Je n’attire ici l’attention que sur
deux tableaux cliniques des affections rhumatis¬
males des muscles du tronc, qui sont plus rares
et causent pour cette raison des erreurs diagnos¬
tiques bien désagréables,
a. J’ai observé que, durant la dernière guerre,
un nombre considérable d’officiers souffraient du
rhumatisme des muscles du thorax, ce qui a été
souvent diagnostiqué comme pleurésie. Cette
erreur est compréhensible dans des cas d’affection
des muscles des parties inférieures du thorax. Le
malade se plaint alors d’une douleur dans ces
muscles qui, comme je l’ai constaté 6 fois dans le
courant de l’année 1915, a été reconnue comme
signe de pleurésie à cause de la dite localisation
des douleurs et d’une élévation de température
atteignant dans ces cas jusqu’à 38°,4. Je suis
pourtant d’avis que l’absence du frottement
et de la toux dans de pareils cas doit conduire le
médecin à une palpation soigneuse de la peau, des
os et des espaces intercostaux de la partie infé¬
rieure du thorax. On constate alors une sensibilité
bien localisée des muscles intercostaux, qui est
très prononcée dans des cas accompagnés de
fièvre. De cette simple manière on évite une erreur
qui, dans les cas où le malade se plaint de douleurs
dans la partie inférieure du thorax, peut être jus¬
tifiée, comme je viens de le dire, mais qui est frap¬
pante dans des cas où le malade se plaint d’une
douleur dans la partie antéro-supérieure du
thorax, comme je l’ai observé 4 fois en 1915. Dans
tous ces cas, on a porté chez les officiers correspon-
N° 33
130
PARIS MEDICAL
dants le -diagnostic d’une pleurésie sèche, quoique
la localisation de l’affection ait été contre ce dia¬
gnostic. Un examen plus minutieux a montré dans
deux de ces cas une douleur prononcée des muscles
intercostaux dans les trois espaces intercostaux
supérieurs, en dehors de la ligne mamelonnaire.
Dans deux autres cas j’ai pu constater non seule¬
ment la dite douleur dans ces deux espaces inter¬
costaux supérieurs, mais aussi un œdcme inflam¬
matoire de la peau et une sensibilité très vive au
point de j onction des ' parties osseuses des
deuxième et troisième côtes avec leur partie car¬
tilagineuse. Evidemment, ici comme ailleurs, le
résultat négatif de l’auscultation seul ne peut
autoriser à rejeter le diagnostic de pleurésie.
Néanmoins, avant de reconnaître cette mala¬
die, malgré l’absence des symptômes ausculta-
tifs du côté de la plèvre, il convient toujours
de palper systématiquement et avec grand soin
tout le thoTax, eu se rappelant bien que le
résultat positif de la palpation des muscles,
notamment leur sensibilité vive, u’a rien à
faire avec la pleurésie sèche.
b. Cette précaution est devenue mon principe
depuis le cas suivant, que j’ai observé dans mon
service à l’hôpital de l’Enfant Jésus à Varsovie,
il y a quinze ans. Le malade arrive à mon service
avec une température de 39 0 , se plaignant d’une
douleur violente dans toute la moitié droite du
thorax. Cette douleur durait déjà depuis plus
de vingt-quatre heures. L’état objectif du
malade était grave. D’auscultation la plus mi¬
nutieuse du poumon droit n’a rien donné, ni du
côté des poumons, ni du côté delà plèvre. J ’ai donc
supposé qu’on avait affaire à un état initial
d’une pneumonie croupeuse avec une vive irrita¬
tion de la surface diaphragmatique de la plèvre.
Malgré l’absence du crachat caractéristique, une
extrême faiblesse du bruit respiratoire dans tout
le poumon droit plaidait pour cette supposition.
Le lendemain, l’état du malade empira. Il
ue pouvait pas littéralement respirer. Ayant
fait asseoir le malade pour l’ausculter et eu ap¬
puyant, comme d’habitude, pour le contrôle ma
main sur la moitié droite du thorax, je fus étonné
que ce contact léger causait au malade une si vive
douleur. Le résultat de l’auscultation et de la
percussion était de nouveau négatif. Mais la pal¬
pation du thorax a démontré une sensibilité ex¬
trême de tous les muscles du côté droit du thorax.
J’ai constaté une douleur très vive des muscles
intercostaux, du grand pectoral et du petit pectoral,
des muscles dentelés antérieur et postérieur,
et même des parties supérieures du muscle oblique
externe de l’abdomen et de la partie supérieure du
14 Août IQ20.
Buscle doit de l’abdomen {1), faisant partie du
thorax. La douleur de ces muscles était si vive que
j’ai été forcé de reconnaître non seulement une
inflammation diffuse de tous les muscles précités,
mais aussi de leurs adhérences tendineuses. Ceci
nous fit comprendre la cause de l’affaiblissement
.si extraordinaire du bruit respiratoire sur toute
la surface du poumon droit. J’ai porté le diagnostic
de rhumatisme de tous les muscles respiratoires
du côté droit du thorax et j’ai appliqué six doses
par jour de salicylate de soude à 0,6. Déjà après
vingt-quatre heures, la température tomba jusqu’à
la normale et la respiration redevint tranquille.
Notre malade, qui nous sourit gaiement, confirma
la justesse de notre diagnostic. J’avoue n’avoir
jamais vu un cas pareil ni avaut, ni après, malgré
mes trente années de pratique clinique. Ce qui a été
frappant dans ce cas, c’est la localisation de cette
affection qui englobait tous les muscles du côté
droit du thorax et de l’épigastre droit, ce qui donnait
l’impression bizarre d’une infection de rhuma¬
tisme aigu « systématique », localisée dans tous
les muscles respiratoires du côté droit, excepté les
muscles du cou. j e n’ai pas pu trouver l’explica¬
tion, pourquoi l’affection rhumatismale, dans ce
cas, n’a attaqué que cette partie limitée du sys¬
tème musculaire, en laissant absolument intacts
les autres muscles et toutes les articulations.
Depuis ce temps, j’ai eu pour règle de palper
soigneusement les muscles du thorax dans chaque
cas accompagné de résultats négatifs d’ausculta¬
tion des poumons et de la plèvre. J e puis recom¬
mander cette précaution à tous ceux qui veulent
éviter la faute de ne pas reconnaître d’une ma¬
nière exacte le rhumatisme et les autres affections
de la paroi du thorax.
II.—Quant aux affections rhumatismales des ar-
ticulations, jene veux appeler ici l’attention que sur
trois localisations de cette affection, notamment :
dans la synarthrose sacro-iliaque, dans les articu¬
lations intervertébrales, ainsi qu’à la jonction des
côtes avec la colonne vertébrale.
a. Les affections rhumatismales delà synaithrose
sacro-iliaque sont très rares. D’après les auteurs
cités dans la monographie de Pribram (2),
les cas où cette articulation est prise avec d’autres
ne font que 0,2 à 0,7 p. 100 de tous les cas de
rhumatisme en général. La localisation exclusive
du rhumatisme dans ces articulations est d’une
si grande rareté, quel le n’est pas même comprise
(1) Je rappelle ici, que le muscle grand oblique commence
par huit dents attachées à la surface extérieure des où tes
inférieures, et que le muscle grand droit de l'abdomen corn
mence par trois dents attachées au cartilage des 4', y et 7°
cotes, au processus ensTorme et au ligament costo-xiphoMien.
(2) Nolhnagel’s sper. path. Ther., 1B99.
RHUMATISME MUSCULAIRE ET ARTICULAIRE 131
W. JANOWSKI. —
dansla statistiquedelalittératureàma portée. —
Pendant les vingt-quatre premières années de
mon expérience dinique, je n’ai observé que deux
cas de la sorte. Re premier de ces cas (en 1901)
concernait un ingénieur, âgé de trente-six ans,
arthritique, qui, à cause des douleurs qu’il
ressentait dans ses jambes, se considérait comme
atteint de névralgie sciatique. Entré dans une
baignoire, il ressentit une si forte douleur dans le
sacrum, qu’il luia été impossibled’eu sortir,et que
j’ai dû l’en faire retirer sur des draps. A l'examen,
j’ai constaté que le malade avait de la fièvre,
qu’il ne souffrait pas de sciatique ni de lumbago,
que je soupçonnais avant de l'examiner, mais d’une
inflammation bilatérale isolée de la synarthrose
sacro-iliaque, acompagnée d’affection de la synar-
tlirose du coccyx. Retraitement par les doses habi¬
tuelles de salicylate de soude a guéri le malade au
bout de huit jours, après lui avoir apporté une
amélioration suffisante pour rester tranquille¬
ment au lit, au bout de deux j ours.
J’ai constaté que, pendant la dernière guerre,
l’affection rhumatismale des articulations sacro-
iliaques était sensiblement plus fréquente, ce qui
pour moi est prouvé par le fait que j’ai observé
8 cas de la sorte pendant la période de 1901 à 1916.
Deux de ces cas concernaient des femmes, atteintes
si gravement, qu’elles étaient dans l’impossibilité
de faire le moindre mouvement au lit, même pour
uriner ou pour aller à la selle. Ra particularité
de la localisation de cette affection était proba¬
blement la cause que tous mes malades préten¬
daient être atteints d’une grave sciatique Cepen¬
dant le résultat de l’examen permettait de porter
immédiatement le diagnostic juste, confirmé
successivement par le résultat rapide obtenu par
l’emploi du salicylate de soude (0^,6 cinq fois
par jour) et de la pommade salicylée de Bour¬
get.
Re second des cas analogues, que j'avais observé
avant la guerre, démontre combien il est important
de se souvenir de la possibilité del’affection rhuma¬
tismale des articulations sacro-iliaques. Re cas con¬
cernait un mathématicien connu à Varsovie,
atteint depuis quelques années de rh umatism e
récidivant articulaire. En février 0:911 il prétendait
être atteint d’une forte douleur à la partie gauche
du bassin. Cette douleur était accompagnée d’une
grande fièvre. Re malade consulta un chirurgien ;
celui-ci porta le diagnostic d’une ostéomyélite de
l’os iliaque gauche. On décida une opération à
cause de l’état grave du malade et d’une très
grande douleur dans la partie gauche du bassin,
dans des conditions tellement brusques, que je
fus appelé auprès du malade déjà lavé et
étendu sur la table d’opération. R’-anamnèse
et le résultat de l’examen m’ont permis de
diagnostiquer catégoriquement l’affection rhu¬
matismale de l’articulation sacro-iliaque gauche.
Nous avons donc décidé d’appliquer le trai¬
tement avec l’acide salicylique et l’onguent
salicylé de Bourget. Re résultat fut rapidement
efficace, car la température redevint normale et
les douleurs s’apaisèrent complètement au bout de
deux jours.Cependant, après huit jours, des oscilla¬
tions de la température, d’abord peu importantes,
reparurent sans être accompagnées de douleurs du
côté de sacrum. Après un mois la températurea pris
le caractère de la fièvre pyémique, et on a pu cons¬
tater un abcès extrapéritonéal du côté gauche du
bassin. R’abcès fut ouvert par uu autre chirurgien;
après quoi, le malade guérit rapidement. J’ai la
conviction que, si le malade avait été traité dès le
début par les salicylates, il n’eût pas fini une
complication suppurative. Ra formation d’un
abcès quelques semaines après la trépanation déci¬
dée du bassin est facile à expliquer. Re malade
restant quelques jours sans traitement approprié,
il s’est développé sur une partie très restreinte
des lésions plus graves et la partie atteinte
d'une manière si grave n’a pu guérir sans uu tout
petit séquestre superficiel, qui causa la suppura¬
tion.
b. En ce qui concerne les articulations interver
tébrales, j’ai observé nu cas de rhumatisme affec¬
tant les articulations des quatre vertèbres du
cou, de la deuxième à la cinquième. R’intensité de
l’affection était telle, qu’à cause de la sensibilité
des articulations intervertébrales et de l’œdème
inflammatoire des tendons des muscles pro¬
fonds de la colonne vertébrale, le tableau cli¬
nique était très grave et eût pu justifier l’er¬
reur commise, qu'il se serait agi d’une méningite
basale. Mais le résultat très prompt du traite¬
ment avec des salicylates, appliqué par moi, con¬
firma que le diagnostic de processus rhumatismal
était juste.
J’ai aussi observé quelques cas d’affectiou
rhumatismale des articulations intervertébrales
dorsales. R’insidiosité de ces sortes d’affections
consiste en ce que l’affection peut se développer
d’une façon subaiguë, simulant en quelques points
le mal de Pott, ou la syphilis de la colonne verfcé-
tébrale. Res combinaisons des symptômes du
rhumatisme inverbébral subaigu peuvent, dans
quelques conditions, devenir vraiment extraordi¬
naires. Ainsi, il y a douze ans, j’ai été appelé pour
consulter certain archéologue, chez lequel on
avait supposé un rétrécissement de l’œsophage
d’origine carcinomateuse. Mais, après avoir exa.
132
PARIS MEDICAL
14 Août 1920.
miné soigneusement le malade, j'ai pu porter le
diagnostic d’inflammation subaiguë des trois arti¬
culations intervertébrales dans la partie dorsale
supérieure, ce qui a été ultérieurement confirmé
par le résultat rapide du traitement.
c. J ’ai observé plusieurs fois une localisation de
l’affection rhumatismale à la jonction des côtes
avec la colonne vertébrale. Ceci concerne d’habi¬
tude les quatre ou cinq côtes inférieures. Le malade
se plaint alors d’habitude d’une douleur dans le
côté, le plus souvent dans le droit. Si une pareille
affection est accompagnée d’une élévation de
température, elle est parfois diagnostiquée comme
pleurésie, ou elle demande l’exclusion d’une
pyélite ou d’une paranéplirite. Au décours apyré¬
tique de cette affection, il faut exclure la névralgie
intercostale et des attaques atypiques de cholé-
lithiase, pour laquelle les cas de la sorte sont
quelquefois pris pendant des mois et des mois.
Après avoir exclu les affections précitées, le résul¬
tat ultérieur de l’examen permet de constater que
cette sensibilité « dans le côté » augmente consi¬
dérablement aux mouvements forcés du tronc
à droite et à gauche, exécutés après une fixation
du bassin du malade. Une palpation soigneuse
ultérieure montre d’ordinaire une sensibilité
prononcée à la jonction de la protubérance costale
avec le processus transversal de la colonne verté¬
brale, et décide le diagnostic.
En outre, on constate parfois que la palpation
des quatre à six processus spinosus voisins est
douloureuse, de même que la palpation des arti¬
culations chondro-costales, des sixième, septième
. et huitième côtes. Dans tous les cas de la sorte, le
résultat éclatant d’application intérieure et exté¬
rieure des salicylates met le diagnostic hors de
tous les doutes.
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DES
LÉSIONS ANATOMIQUES DANS
LA TUBERCULOSE DES NOIRS
le D r H. GROS,
Médecin principal de réserve de la diarine.
Kn qualité de médecin-chef de l’hôpital maritime
complémentaire n° 2 à Sidi-Abdallah (Tunisie),
j’ai pu pratiquer du I er octobre 1917 au 31 mars
1919 cinquante-sept autopsies de soldats noirs
décédés des suites de tuberculose pulmonaire.
Je n’ai pas en ma possession le double des
feuilles cliniques de ces malades et il ne sera
question ici que des lésions d’anatomie macrosco¬
pique relevées au cours de nécropsies trop rapides.
Tous ces sujets, à l’exception d’un Malgache,
étaient originaires de l’Afrique Occidentale. Ils
étaient évacués deSalonique sur Sidi-Abdallah par
navire-hôpital et nous parvenaient dans un état
lamentable. Pour 47 d’entre eux, dont les dates
d’entrée et de décès ont été portées sur le protocole
d’autopsie, le séjour fut de très courte durée : en
moyenne, quarante-deux jours et demi.
Six ont séjourné moins de huit jours (l’un d’eux,
atteint de dysenterie amibienne concomitante, a
succombé le lendemain de son entrée ;
Quatre ont séjourné moins de quinze jours;
Douze, moins d’un mois ;
Douze, moins de deux mois ;
Huit, de deux à trois mois;
Trois, de trois à quatre mois ;
Deux, de cinq à six mois.
Je ne suis pas en mesure de préciser la date du
début de l’affection, ni la durée et le nombre des
hospitalisations dans les formations sanitaires de
l’armée d’Orient. Mais les chiffres ci-dessus
montrent que la maladie a eu une allure très
rapide. 1/autopsie m’a procuré une double satis¬
faction, si cette expression est permise en pareille
occurrence : elle m’a montré l’inanité de tous les
traitements chez des malades aussi gravement
atteints. Elle m’a permis aussi de vérifier l’exacti¬
tude d’un diagnostic et d’un pronostic établis
après examen aussi complet que possible des
sujets.
Tous ces malades étaient des tuberculeux
ouverts. Us nous arrivaient très cachectisés, très
amaigris, fébricitants continus. I v eur organisme
était profondément touché par le bacille de Koch
et ses toxines. I y es hémoptysies étaient rares. Un
seul malade a succombé à cette cause. Mais l’appé¬
tit était presque toujours conservé ; souvent même
ces noirs étaient d’une extrême voracité. Sur le
vivant, il était nécessaire de rechercher avec le
plus grand soin les manifestations pathologiques,
si complexes, comme on va le voir, de la tuber¬
culose. De graves lésions osseuses, notamment,
ont été méconnues à Salonique. Ces hommes étaient
taciturnes, peu expansifs, tristes, prescients du
sort qui les attendait. En raison de l’innombrable
quantité des dialectes, chez ces noirs pour la plu¬
part ignorants de notre langue, l’interrogatoire
présentait parfois des difficultés insurmontables.
I. Cavité thoracique. Appareil respiratoire
et annexes. — À. Poumons. — Chez cinq sujets
les poumons ne présentaient pasdelésionstubercu¬
leuses apparentes à l’œil nu. Mais la tuberculose
était attestée par l’atteinte d’autres organes :
trois fois la péritonite tuberculeuse ; une fois la tu¬
berculose osseuse (troisième côte droite et onzième
côte gauche).
H. GROS. — LA TUBERCULOSE DES NOIRS
133
I,a phtisie granuijquE pure a été rarement
constatée, puisqu’elle n’a été rencontrée que
cinq fois, soit dans 8,7 p. 100 des cas. I Y es deux
poumons étaient lésés avec prédominance d’un
côté. Ces organes étaient à peine augmentés de
poids. Sur les cadavre, sou trouvait des lésions
tuberculeuses dans tous les organes abdominaux,
mais particulièrement dans la rate. Il en était
ainsi chez le tirailleur G’ning Mahmadou, où l’on
trouvait quelques granulations disséminées dans
la rate ; chez le tirailleur Mahmadou Dembilé :
rate 510 grammes, farcie de gros nodules tuber¬
culeux'; chez le tirailleur Sako Diko : nombreuses
granulations dans la rate, à la surface et à la
coupe, quelques-unes en voie de ramollissement ;
chez le tirailleur Kaba Yatara : rate 280 grammes,
grosses granulations à la surface et à la coupe
de l’organe, quelques-unes ramollies, très gros
- ganglions au hile de la rate.
J e reviendrai plus loin sur les lésions de la rate
dans la tuberculose des noirs. D’ores et déjà, je
dois dire qu’elles sont très fréquentes au cours
de toutes les formes de la phtisie de cette race et
qu’elles ne sont peut-être pas étrangères à la
prédominance relative des manifestations tuber¬
culeuses dans le poumon gauche et à la base.
Chez ces malades, les reins, le péritoine, le foie,
beaucoup moins souvent la muqueuse intestinale,
participaient aussi à l’infection.
ha forme pneumonique est beaucoup plus
commune. Elle est même presque constante dans
lesformes subaiguës delà phtisie commune, où 011 la
voit associée aux cavernes. Tout un lobe, tout un
poumon parfois, est infiltré d’une matière caséeuse,
gris jaunâtre, lardacée, répartie irrégulièrement
au milieu d’un tissu rouge, condensé, fournissant
peu de suc et mal aéré. A la coupe, le poumon
prend l'aspect de la mortadelle de Bologne, com¬
paraison beaucoup plus exacte que celle classique
avec le fromage de Roquefort.
Des poumons sont augmentés de poids, ne s’af¬
faissent pas à l’ouverture du cadavre, crépitent
mal sous le doigt, sont friables, surnagent mal ou
plongent dans l’eau.
A l’état de pureté, je 11e l’ai jamais pourtant
rencontrée ; mais elle prédominait chez dix ma¬
lades, c’est-à-dire que chez eux on trouvait dans
l’un des deux poumons la phtisie pneumonique
et dans l’autre ou dans les autres organes des gra¬
nulations ou de gros tubercules.
Dans tous les autres cas, soit dans 65 p. iuo des
autopsies, la phtisie était arrivée à la période
d’excavations plus ou moins vastes, plus ou
moins nombreuses. De poumon était considéra¬
blement augmenté de poids. Dans une autopsie
(tirailleur Bourima Diallo), le poumon droit
pesait 1 840 grammes. O11 constatait des adhé¬
rences intimes de la plèvre au diaphragme et à la
paroi thoracique dans presque toute l’étendue du
poumon. I,a plèvre, en certains points, atteignait un
centimètre et demi d’épaisseur. Elle avait l’aspect
d’une membrane blanc nacré, fibro-eartilagineuse,
très résistante. I,e lobe supérieur était en totalité
occupé par des blocs caséeux ; le lobe moyen
était creusé de cavernes au milieu de tissu pulmo¬
naire caséifié ; le lobe inférieur était aussi trans¬
formé en une masse caséeuse ; le poumon gauche
pesait yCm grammes. 11 était libre d’adhérences,
parsemé de foyers, de nodules tuberculeux.
Mêmes lésions de pachypleurite chez le tirailleur
Malé Sané. I,e poumon droit pesait 1470 grammes ;
il était entouré d’une coque épaisse atteignant au
sommet un demi-centimètre d’épaisseur. Il pré¬
sentait au sommet quelques tubercules disséminés
et à la base des foyers de broncho-pneumonie
caséeuse. De poumon gauche pesait 640 grammes.
O11 y reconnaissait la présence de quelques
foyers de pneumonie caséeuse et de quelques
nodules caséifiés.
Dans l’augmentation de poids du poumon, il
faut tenir compte de plusieurs éléments étrangers
au tissu pulmonaire et difficiles ou impossibles à
isoler : i° l’épaississement parfois considérable de
la plèvre viscérale ; 2° l’énorme hypertrophie des
ganglions broncho-pulmonaires profonds ; 3 0 le
contenu des cavernes. Mais l’augmentation du
poids de l’organe n’en est pas moins surtout due
à la condensation du tissu pulmonaire, hépatisé ou
spléuisé. Des poids de 1200 à 1 500 grammes ne
sont pas rares sans lésions de la plèvre et sans
hypertrophie trop notable des ganglions.
En général, les cavernes n’occupaient qu’un
seul côté. Huit fois seulement il y en avait dans les
deux poumons. Seize fois elles occupaient exclu¬
sivement le poumon gauche, et quinze fois le pou¬
mon droit. Elles siégeaient de préférence au lobe
supérieur ou au lobe moyen, à droite. Souvent une
vaste caverne chevauchait sur deux lobes réunis
par la disparition de la scissure. Une seule fois
(tirailleur Gouété-bi-Gala), il m’a été donné de
constater l’ouverture d’un vaisseau dans une
petite caverne siégeant au sommet gauche. Au-
dessous de celle-ci était une vaste caverne, remplie
de sang, creusée dans un tissu caséifié et occupant
la partie inférieure du lobe supérieur et la partie
supérieure du lobe inférieur. Tout le poumon était
caséifié et criblé de géodes.
J’ai été souvent surpris de la petite surface de
tissu pulmonaire sain, avec laquelle les malades
avaient pu respirer.
134
PARIS MEDICAL
En résumé, dans ces tuberculoses des noirs à évo¬
lution rapide, la pratique des autopsies me porte à
croire à l’extrême fréquence de la forme de phtisie
pneumonique, passant successivement par les
phases d’hépatisation rouge, d’hépatisation grise
ou de caséification massive et de fonte très accé¬
lérée.
B. Plèvres. — De même que chez les tubercu¬
leux de notre race, les lésions de la plèvre ont été
souvent constatées. Pourtant, sur neuf cadavres,
soit dans 15,8 p. 100 des cas, cette séreuse était
exempte de toute altération, malgré la présence
de lésions pulmonaires parfois considérables.
C’étaient, pour la plupart, des malades qui 11’ont
fait que passer à l’hôpital. Parmi eux figure le
tirailleur décédé le lendemain de son entrée. Celui
qui a fait le plus long séjour n’est resté que trente-
huit jours'en traitement. On peut présumer par là
que chez eux la tuberculose a eu une marche
exceptionnellement rapide. Je serais porté à
croire que l’infection des plèvres dans la race
noire est le plus souvent secondaire à une phtisie
à marche subaiguë et qu’elle constitue un processus
de défense contre le pneumothorax et l’infection
purulente de la séreuse. Ea rareté relative de la
présence de granulations tuberculeuses sur la
plèvre — celles-ci n’ont été rencontrées que quatre
fois — semblerait aussi le démontrer.
Dans six autopsies, il a été constaté des adhé¬
rences pleurales unilatérales et dans huit des
adhérences bilatérales. Ces adhérences siégeaient
presque toujours en arrière et sur les parois laté¬
rales. Elles étaient fréquemment scissurales.
Mais presque toujours elles intéressaient la plèvre
diaphragmatique. Elles étaient parfois si solides
que le tissu pulmonaire se déchirait en enlevant
le volet thoracique, ou bien le diaphragme ne
pouvait être séparé du poumon.
Sur quinze cadavres, j’ai trouvé un épanche¬
ment d’un côté et des adhérences de l’autre ; sur
neuf un épanchement unilatéral et sur’dix autres
un double épanchement sans adhérences.
Ea quantité de liquide épanché a varié de
200 centimètres cubes à 4 litres (tirailleur Kekouta
Keïta) : 4 litres de liquide citrin dans la plèvre
droite, un litre dans la plèvre gauche; poumon
gauche 1320 grammes, adhérent à la base (hépa¬
tisation rouge et infiltration tuberculeuse totale) ;
poumon droit 790 grammes (hépatisation grise et
cavernes dans toute l’étendue du poumon) ; rate
430 grammes, congestion et infiltration tubercu¬
leuse en masse pancréas 200 grammes, transformé
en une masse caséeuse présentant des cavernes;
granulations tuberculeuses dans la substance
corticale du rein droit.— Même quantité de liquide
14 Août 1920'
et lésions tout aussi avancées chez les tirailleurs
Koumba Keïta, Massy Soko, Markan Tofana.
Chez ce dernier, il y avait 4 litres de liquide
purulent enkysté à droite, dans une loge limitée
en haut par des brides fibreuses adhérentes au
sommet, en arrière par une cloison fibreuse par¬
tant de la ligne axillaire postérieure. Malgré la
présence de ces 4 litres, le poumon droit
pesait 1 260 grammes, formait un seul bloc com¬
pact où toute trace de scissure avait disparu.
Ee lobe supérieur était occupé par une énorme
caverne empiétant sur le lobe moyen. Ee lobe
moyen et le lobe inférieur étaient criblés de petites
cavernes creusées dans un tissu caséifié et alter¬
nant avec des nodules en voie de ramollisse¬
ment. Six litres de pus dans la plèvre gauche du
tirailleur Omar Diallo (pyopneumothorax consé¬
cutif à l’ouverture d’une caverne au sommet). Ee
mauvais état général du sujet s’opposait à toute
intervention chirurgicale. Ees ponctions répétées
ne suffirent pas à amener l’évacuation du pus.
Ea pleurésie a été le plus souvent séro-fibrineuse;
quatre fois l’épanchement fut nettement purulent
et trois fois hémorragique. Elle ne fut, en tous les
cas, qu’un épiphénomène accessoire qui n’aggrava
pas sensiblement l’évolution de la maladie.
C. Ganglions médiastinaux, ganglions hi¬
laires et ganglions broncho-pulmonaires. —
Assez souvent (20 cadavres), on n’a pas noté de
réaction ganglionnaire appréciable, malgré des
lésions pulmonaires très avancées parfois. Ainsi,
par exemple, chez le tirailleur Mansomé Momar,
le poumon droit pesait 1 690 grammes; il était
creusé d’une énorme caverne remplie de pus dans
toute l’étendue du lobe supérieur ; le lobe moyen
et le lobe inférieur étaient transformés en un bloc
compact de pneumonie caséeuse. Ee poumon
gauche pesait 1 290 grammes ; il présentait à la
partie supérieure du lobe inférieur une caverne
du volume d’une orange,remplie d’un pus crémeux,
épais ; la base seule était perméable à l’air. En
dépit de ces désordres, il est expressément constaté
qu’il n’y a pas d’augmentation de volume des
ganglions broncho-pulmonaires ou médiastinaux.
Sur 22 cadavres, les ganglions du hile, les ganglions
broncho-pulmonaires étaient très hypertrophiés,
soit seuls, soit concurremment avec les ganglions
médiastinaux. Chez le tirailleur Massouma Sou-
khouma on trouvait à droite un ganglion hilaire,
très gros, crétacé, sans traces apparentes de tuber¬
cules dans ce poumon. Ee poumon gauche était
farci de petites granulations.
Ees ganglions médiastinaux étaient neuf fois
seuls hypertrophiés. Chez le tirailleur Rakoto-
rahalahy, du 5e tirailleurs malgaches, on trouvait
H. GROS. — LA TUBERCULOSE DES NOIRS
135
à droite trois gros ganglions diaphragmatiques.
Enfin chez les tirailleurs Yas-bi-Iré et Far-Rané,
il existait un chapelet de gros ganglions inter¬
costaux et mammaires internes. Tous ces ganglions
étaient le plus souvent hypertrophiés, d’autres
fois caséifiés, crétacés, plus rarement ramollis,
deux fois seulement en voie de suppuration.
Outre la présence des ganglions très hypertro¬
phiés, il a été à plusieurs reprises constaté de
l’œdème du tissu cellulaire du médiastin.
D. Larynx. — Le larynx n’a été trouvé lésé
qu’une seule fois : tirailleur Seriba Toboga (épais¬
sissement de l’épiglotte et des cordes vocales;
décoloration de la muqueuse).
E. Cœur. — Le myocarde, l'endocarde et les
valvules ont été rarement atteints, à part une
teinte feuille-morte du muscle cardiaque ren¬
contrée dans maintes autopsies.
Une fois le cœur, considérablement hypertro¬
phié, pesait 580 grammes. Chez le tirailleur
Seye Mandiéyé, on trouvait à la pointe du cœur
quatre gros tubercules blancs du volume d’une
fève, faisant saillie sur le muscle. L’un d’eux
siégeait tout à fait à l’extrémité du ventricule
gauche. Il y avait en outre un cerc e de petites
granulations autour de l'oreillette gauche et une
granulation tuberculeuse sur la valve antérieure
de la tricuspide, une autre sur la valvule mitrale.
Le péricarde contenait une petite quantité de
liquide hémorragique. Chez le tirailleur-Ahmadi
Koulibali, le cœur, du poids de 275 grammes, était
décoloré, œdématié à sa surface, avec une granu¬
lation tuberculeuse sur la face antérieure du ven¬
tricule gauche et quelques granulations de même
nature sur la valve antérieure de la mitrale.
Il n’en va pas de même du péricarde. C’est tout
d’abord la symphyse, l’adhérence intime de la
plèvre gauche au péricarde rencontrée quatre fois,
moins souvent il la plèvre droite (deux fois). C’est
ensuite la symphyse péricardique proprement dite
avec transformation gélatineuse, œdémateuse de
la séreuse très épaissie, impossible à séparer du
muscle, rencontrée quatre fois. Dans tous ces
cas, il y avait en même temps œdème du tissu
cellulaire du médiastin. L’exemple le plus carac¬
téristique est le cas du tirailleur Kandora
Mahassoula. Le péricarde était intimement uni à
la plèvre droite. Il avait cessé d’exister entant
que membrane séreuse. Il apparaissait comme
une masse gélatiniforme, tremblotante, d’envi¬
ron 4 centimètres d’épaisseur, intimement unie
au muscle cardiaque. Dans cette masse étaient
inclus de gros ganglions lymphatiques caséifiés.
Le cœur avec le péricarde pesait 690 grammes.
Chez 22 malades, l’épanchement péricardique,
supérieur à 100 centimètres cubes, était séreux.
Sur deux cadavres,la quantité de liquide atteignait
un litre.
Sur quatre autres sujets, la péricardite était
hémorragique.
La péricardite a été en définitive constatée
dans plus de la moitié des cas. Elle n’est d’ailleurs,
comme la pleurésie dans la tuberculose des noirs,
qu’un épiphénomène accessoire, sans aggravation
sensible pour le pronostic. Elle a toujours coïncidé
avec des lésions pulmonaires très étendues.
F. Diaphragme. — Du côté du diaphragme, la
pleurésie est fréquente, pleurésie sèche et adhérences
parfois si solides que le poumon ne peut être
séparé du muscle. Chez le tirailleur Seye Mandiéyé,
l’épaisseur du muscle était triplée.
II. Cavité abdominale. — A. Foie. — Le
foie est un organe très souvent intéressé dans la
phtisie des noirs. En dehors de la tuberculose,
trois facteurs interviennent : le paludisme, la
syphilis et l’alcoolisme qui s’est si répandu chez
nos sujets, même chez les musulmans, à la faveur
de la guerre.
Tout d’abord la périhépatite adhésive a été
constatée vingt-cinq fois.
La cirrhose hypertrophique ou atrophique a été
reconnue six fois ; la congestion treize fois ; la
dégénérescence graisseuse trois fois.
Chez trente-quatre autres malades, il y avait des
lésions tuberculeuses plus ou moins étendues. Ces
lésions se bornaient parfois à la présence de petites
granulations miliaires. Quand celles-ci étaient
peu nombreuses, elles étaient presque toujours
sous-capsulaires. Rarement ou les trouvait dans le
parenchyme hépatique sans qu’il y en eût à la
surface. Sept fois on a trouvé de gros noyaux
tuberculeux avec des géodes remplies d’un
liquide coloré en jaune par la bile.
Les ganglions du hile du foie sont fréquemment
hypertrophiés.
R. Rate. — La rate est, encore plus souvent
que le foie, le siège des néoformations tubercu¬
leuses (chez 40 sujets, soit 70,17 p. 100 des auto¬
psies). La périsplénite est non moins fréquente que
la périhépatite. Les ganglions voisins de la rate
sont très hypertrophiés. Plus encore que le foie, la
rate est augmentée de volume et de poids. La rate
dutirailleurMamma Soukhouma pesait 820 gram¬
mes. Sa surface était farcie de grosses nodosités
tuberculeuses. Sur les coupes, celles-ci appa¬
raissaient encore plus volumineuses et plus con¬
fluentes. En certains points, elles formaient des
îlots autour desquels la substance splénique
était réduite à une mince travée.
La rate du tirailleur Adiouma Semba pesait
PARIS MEDICAL
136
830 grammes. >Sur les coupes on constatait des
tubercules caséeux et de la sclérose de la rate. La
capsule était transformée en une coque fibreuse
très résistante. Dans les poumons, tous deux aug¬
mentés de poids, (870 et 770grammes), on trouvait
surtout des lésions de sclérose .pulmonaire, sans
tubercules apparents ; les ganglions hilaires
étaient caséifiés ; le foie était augmenté de
volume et de poids (2 060 gr.).
Les tubercules, dans la rate, se présentent tantôt
sous forme de petites granulations miliaires sié¬
geant plutôt sous la capsule que dans l’intimité
du tissu splénique, tantôt sous forme de gros tu¬
bercules. Ceux-ci donnent à la coupe de la rate
l’aspect d’un filet de bœuf piqué de lard ; le
ramollissement de ces tubercules est exceptionnel.
Une seule fois, on pouvait soupçonner l’origine
tuberculeuse des deux abcès, l’un du volume d’une
noisette, l'autre un peu plus volumineux, ouvert
dans la loge splénique qui contenait environ
100 centimètres cubes de pus.
Dans les cas où il n’y avait pas de lésions
tuberculeuses apparentes, la rate était le plus sou¬
vent augmentée de poids et de .volume, tantôt
ramollie, plus souvent dure et fibreuse.
Les lésions tuberculeuses de la rate sont peut-
être favorisées parles altérations pathologiques
de cet organe dues à la syphilis et au paludisme, si
fréquents chez les noirs de l’Afrique Occidentale. De
ce que la fonte des tubercules n’a pour ainsi dire
jamais été rencontrée dans la rate, on 11e pourrait
en conclure que l’infection de cette glande est de
beaucoup postérieure à l’invasion du poumon. Tout
au plus pourrait-on penser que le ramollissement
dans la rate, organe clos, se fait beaucoup moins
rapidement que dans le poumon en communica¬
tion avec l’air extérieur.
C. Pancréas. — La lésion la plus communé¬
ment rencontrée n’intéresse pas, à vrai dire, le
pancréas lui-même ; c’est l’hypertrophie souvent
considérable des ganglions lymphatiques situés
devant, au-déssous et à l’extrémité de cet organe.
L’aspect du pancréas est variable. Sa couleur
était tantôt blanc nacré, tantôt jaunâtre,
tantôt gris rosé, tantôt rouge congestif, presque
apoplectique. Souvent le tissu était dur, fibreux,
criant sous le couteau ; il avait perdu son aspect
lobulé. Son poids était parfois considérablement
augmenté. Les lésions tuberculeuses proprement
dites sont fort rares.
Chez le tirailleur Sara N’diaye, la tête pré¬
sentait de l’infiltration tuberculeuse diffuse. Chez le
tirailleur G’ning Mahmadou, le pancréas pesait
180 grammes. On trouvait une induration consi¬
dérable de toute la tête, très résistante, et de
T4 Août IÇ20.
grosses granulations jaunes; la portion caudale
était normale. — Le pancréas du tirailleur Baba
Diaye pesait 120 grammes. Il présentait au niveau
de la queue du pancréas une poche volumineuse à
parois blanches, épaisses, fibreuses, résistantes,
contenant un liquide louche avec quelques gru¬
meaux. Semblable kyste chez le tirailleur
Koano, où la tête présentait une cavité kystique
du volume d’une noix contenant un liquide
louche grumeleuxPancréas de 200 grammes
chez le tirailleur Kekouta Keïta : infiltration
énorme avec cavernes. Enfin chez le tirailleur
Markan Tofana, foyer hémorragique du volume
d’une noisette, â 4 centimètres de la queue du pan¬
créas.
D. Reins. — Les reins se sont montrés presque
constamment lésés dans les autopsies que j’ai
faites. Ils n’ont eu l’apparence de l’intégrité que
quatre fois.
La lésion la plus fréquemment observée est la
congestion constatée dix-huit fois ; puis des
lésions de néphrite (gros rein blanc huit fois et
deux fois petit rein atrophié).
Quant aux manifestations tuberculeuses pro¬
prement dites, elles ont été constatées vingt et une
fois.- Quatre fois le siège des granulations n’a
iras été précisé. Qatre fois elles occupaient la
surface de l’organe ; trois fois elles étaient répar¬
ties dans la totalité du rein ; sept fois elles
intéressaient exclusivement la substance corti¬
cale, et trois fois exclusivement la substance mé¬
dullaire. Eu général, les tubercules se montraient
sous forme de granulations miliaires, peu nom¬
breuses.
Sur un cadavre, le rein gauche était transformé
en une poche kystique fibreuse, ne présentant plus
trace d’organisation ; le rein droit, d’apparence
saine, pesait 230 grammes. Chez le tirailleur Djigué
Boaré, le rein gauche était atteint de pyéloné¬
phrite ; la substance médullaire avait disparu ;
l’organe pesait 185 grammes, le rein droit conges¬
tionné 140 grammes.
E. Capsules surrénales. — Rien n’a été noté
en ce qui les concerne pour vingt-six cadavres.
Dans dix autopsies, l’intégrité de ces glandes est
expressément spécifiée; neuf fois la présence de
granulations tuberculeuses, toujours peu nom¬
breuses, a été relevée : elles ont été trouvées deux
fois hypertrophiées, trois fois congestionnées, et
deux fois presque hémorragiques ; deux fois elles
flottaient dans une atmosphère celluleuse œdé¬
matiée, une fois dans un tissu cellulaire impré¬
gné d’une sérosité sanguinolente.
F. Intestin. — Quarante-six fois, aucune alté¬
ration n’aété rencontrée à l’autopsie. Onze fois des
SOCIETES SAVANTES
lésions tuberculeuses ont été constatées : savoir
sept fois des granulations, trois fois des ulcérations,
une fois des ulcérations et des granulations.
G. Péritoine. — Le péritoine n’a été, par contre,
trouvé indemne que dix-sept fois. La lésion la plus
fréquente est l'hypertrophie des ganglions mésen¬
tériques, sans qu'il ait été du reste nécessairement
constaté des désordres intestinaux apparents à
l’œil nu. L’épanchement de liquide séreux en
quantité variant de i litre à n ou 12 litres a été
constaté' seize fois. Chez le tirailleur Massiba,
l’épiploon était recouvert d’un exsudât jaune
verdâtre, épais ; les anses intestinales étaient
adhérentes entre elles et aux organes voisins. Chez
le tirailleur Vassui Konouma, l’épiploon était
transformé en une masse granuleuse très épaisse,
recouverte d’un exsudât jaune verdâtre. Les
anses intestinales étaient intimement soudées
les unes aux autres et avec les organes voisins. A
l’ouvertüre de l’abdomen s’était évacuée une
grande quantité de liquide séro-sanguinolent
provenant d’une loge située dans le flanc gauche.
L’épiploon du tirailleur Djigué Boaré était inti¬
mement adhérent à la paroi abdominale et par¬
semé, çà et là, de granulations tuberculeuses. Sur
six autres cadavres, ou constatait encore des
granulations et des adhérences.
III. Cavité crânienne.—La cavité crânienne
n’a été ouverte que sur cinq sujets ayant pré¬
senté pendant la vie des troubles cérébraux ou
nerveux. Chez trois d’entre eux les lésions étaient
insignifiantes: un léger épanchement séreux,ou une
légère congestion des méninges. Chez le tirailleur
Sako Diko, on a trouvé un tubercule gros comme
une noisette, blanc, ramolli, friable, siégeant sur
le bord supérieur du sillon de Rolando, à droite ;
sur les lobes frontaux on trouvait des néoforma-
tions semblables. Ce soldat n’avait pas présenté
de paralysies pendant la vie ; il n’avait pas eu de
convulsions. Mais pendant tout son séjour à l’hô¬
pital il fut atteint d’un délire tranquille. Ainsi il
tentait de s’évader sans argent en tenue de ma¬
lade et faisait ses besoins à côté de son lit. Sur
l’encéphale du tirailleur Zingui Toumi, on consta¬
tait des adhérences de la dure-mère à l’arachnoïde
et aux circonvolutions, sur le bord supérieur des
deux hémisphères, au niveau du sillon de Rolando.
Sur l’hémisphère droit, quelques granulations
sur le bord supérieur du lobe occipital ; une zone
de ramollissement tuberculeux superficiel à la
partie antérieure de la circonvolution de l’hippo¬
campe. Sur l’hémisphère gauche, zone de ramollis
sement tuberculeux à la partie moyenne et au
niveau du gyrus redus.
Bacilloses osseuses et articulaires.— Des lé¬
137
sions de tuberculose osseuse ont été rencontrées sur
7 sujets (soit 14,35 p. 100 des autopsies) : mal de
Pot; 3 fois ; ostéite tuberculose des côtes 3 fois;
tuberculose de i’os coxal i^fois.
Organes génito-urinaires. — Sur un s ul
cadavre, on a constaté la tuberculose de l’épidi-
dyme.
En résumé, dans cette série de cinquante-sept au¬
topsies de soldats noirs : i p la tuberculose pulmo¬
naire a affecté de préférence la forme pneumo¬
nique ou broncho-pneumonique.
2° La pleurésie est fréquente, mais elle est
presque toujours secondaire à l’atteinte du pou¬
mon.
3° La péricardite s’observe beaucoup plus
souvent que dans la race blanche : plus de 50 p. 100
des cas.
4° La tuberculose de la rate (70 p. 100 des ca¬
davres) est beaucoup plus commune que chez l’Eu¬
ropéen adulte; la tuberculose du foie est aussi plus
fréquente ; la séreuse abdominale a été plus sou¬
vent lésée que l’intestin.
5° Au contraire, la séreuse de l’encéphale a été
rarement atteinte.
6° Les lésions osseuses (un sixième des cas)
sont également plus fréquentes que dans la race
blanche.
A certains égards (fréquence de la forme pneu¬
monique, fréquence des atteintes des grandes sé¬
reuses, du foie et de la rate, des os), la tuberculose
des noirs doit être rapprochée de l’évolution de la
phtisie chez l’enfant de notre race.
SOCIÉTÉS SAVANTES
ACADÉMIE DES SCIENCES
Séance du 26 juillet 192b.
Les vitamines et la nutrition des végétaux. — M. Aug
Lumière montre que les vitamines ne sont pas indis¬
pensables à la nutrition des végétaux. Il est exact que si,
à des milieux trop pauvres sur lesquels des champignons
poussent mal, on ajoute des produits organiques, comme
de l’infusion de raisins secs ou de la levure de bière, ces
champignons ont une évolution très sensiblement amé¬
liorée. Mais ce résultat n’est nullement en rapport avec
la proportion d’aliments vitaminés contenus dans ces
produits organiques. Après avoir fait disparaître des
produits ainsi ajoutés toutes les vitamines, par chauffage
d’ime heure à 130 0 , par filtration sur la terre à foulon ou
par précipitation, M. Aug. Lumière a obtenu des résultats
tout aussi satisfaisants et, dans certains cas, même supé¬
rieurs.
Sur l’utlllsatloh de la force des marées. — M. Bigour-
dan décrit ce nouveau dispositif, qui consiste à construire
une sorte de volumineuse cloche à plongeur communi¬
quant avec la mer ; celle-ci, à la montée, comprime l’air
dans le haut de cette cloche et, à la descente, y fait un
138 PARIS MEDICAL ja Août 1020.
■vide partiel. Compression et détente peuvent donc fournir
une force motrice importante.
De l'Influence de l'humidité de l’air sur les épidémies. —
M. Tw 1,1,AT montre l’influence favorisante de la présence
de -traces de matières étrangères dans l’humidité de l'air,
dans la transmission des épidémies. A la notion du rôle
de l'humidité en épidémiologie, il y a Heu d’ajouter celle
de l’influence de la composition de cette humidité. De là
l’intérêt que présenterait l’étude de la composition chi- '
inique des brouillards, et, au point de vue de l’hygiène,
l'utilité d'évacuer les buées respiratoires qui constituent
un malien particulièrement favorable à la multiplication
des microbes.
Diverses communications sont faites par MM. Ma¬
yenne et Demoussy sur l’action du sulfate de cuivre sur
la végétation ; par M. Trüfeaut sur la stérilisation par¬
tielle des terres par le chlorure de sodium et la naphtaline ;
par M. Baieeaud sur la comète Tempel-z retrouvée au
Japon et observée à Nice.
Au début de la séauce M. DëSEANDRES, président,
avait prononcé l’éloge funèbre du professeur Guyon.
H. M.
ACADÉMIE DE MÉDECINE
Séance du 27 juillet 1920.
De la réaction méningée au cours de certaines formes
d’intoxication oxycarbonée. — MM. LECRY et Jacques
LKRïioyez signalent, à propos d’une observation d’intoxi¬
cation par l’oxyde de carbone, les résultats intéressants
fournis paT la ponction lombaire, recherche pratiquée
pour la première fois en 1908 par MM. Legry et Duvoir.
I.’hémorragie méningée abondante, constatée dans ce
nouveau cas, confirme le rôle invoqué par Mil. Chauffard
et Jean Troisïer, dn processus cortico-pie-mérien con¬
gestif et hémorragique dans la production de la réaction
méningée au cours de certaines formes d*intoxication oxy¬
carbonée. Ce cas démontre aussi, comme l'avaient établi
MM. Balthazard et Nicloux pour d’autres altérations
organiques, l’importance des tares nerveuses dans
l’aggravation des accidents toxiques. Enfin, il a suggéré
aux auteurs l’idée de l’utilisation du saug contenu dans
le sac rachidien et retiré par ponction lombaire pour le
diagnostic rétrospectif de l'intoxication oxycarbonée,
quand le poison a eu le temps d’être éliminé de la circu¬
lation générale et ne peut plus être décelé par les moyens
d’exploration habituels.
La'diathèse bacillaire et les bacilloses histologiques. —
Sous ce nom, M. LENobeE (de Brest) désigne l'impré¬
gnation des appareils par le bacille de Koch et leur inocu-
labilité positive au cobaye. Ses expériences sont an
nombre de 73 (inoculations ou recherche du bncillc sur
les 'coupes ou 1 m frottis) dont 57 positives. Elles portent
sur la plupart des appareils.
La diathèse bacillaire ne se manifeste d’ordiniare par
aucun signe spécial ; l’albuminurie persistante a toutefois
une certaine valeur. Les appareils peuvent être trouvés
sains. Le plus souvent les lésions sont médiocres, mais
peuvent se constater dn côté du rein, des capsules sur¬
rénales, de l’intestin, du foie, de la moelle et du système
nerveux. Ces lésions peuvent guérir avec ou sans séquelles.
Elles peuvent être le point de départ des tuberculoses
vlmurgicale on médicale (néphrites, cirrhoses, etc...).
La port de l'organisme est prépondérante lorsque les
lésions se systématisent dons le rein par exemple.
La patiiogéme de pareils étals est variable : embolies
bacillaires ; influence de la tuberculose intestinale sur
le foie ; phlébite spécifique pour les veines.
Il s'agit là de phénomènes d’allergie humorale, de
véritables « phénomènes de Koch » dont l'importance
pronostique egt considérable.
M. Layeran annonce à l’Académie le décès de
M. Armand Gautier. II prononce l’éloge funèbre du
professeur Guyon et la séance est levée en signe de deuiL
L'Académie s’ajourue au premier mardi d’octobre.
H. M.
SOCIÉTÉ MÉDICALE DES HOPITAUX
Séance du 23 juillet 1920.
Deux observations de spirochétose ictérigène bénigne
d’origine parisienne. — MM. Menëtrier et Durand
rapportent deux cas d’ict.ère infectieux observés eu
mars 1920 simultanément. L’existence de douleurs
musculaires d’intensité anormale allant, dans un cas,
jusqu'à simuler une Téaction méningée, de petites hémor¬
ragies nasales répétées, d’un ictère fébrile sans déco¬
loration des matières, fit penser à la [spirochétose,
diagnostic que confirma le séro-diagnostic pratiqué par
M. I’ettit.
Les deux malades n’avaient pas quitté Paris depuis
de longs mois.
Plaques pigmentaires buccales et syphilis. — MM. André
LÈRi et Cochez présentent deux malades, atteints l’un
et l’autre de pigmentation en plaques de la muqueuse
buccale.
Ils ont toujours vécu en France, et il ne peut s’agir
de pigmentation d’origine ethnique. Us ne présentent pas
de signe de maladie d'Addison. Mais tous deux sont des
syphilitiques très anciens, l’un avec ectasie aortique,
l’autre avec signes de tabes incipieus. Ce dernier, a, en
outre, un vitiligo extrêmement étendu. Or, on_sait les
relations qui ont été étahHes entre le vitiHgo et la syphilis.
En présence de ces faits et d’autres analogues recueillis
dans la littérature, il y a Heu de se demander si certaines
pigmentations buccales jusqu’ici considérées comme
physiologiques ne sont pas, en réaHté, d’origine syphi¬
litique, s'il ne s’agit pas d'un véritable «vitiHgo des
muqueuses » spécifique.
Peut-être même peut-on penser que ces pigmentations
anormales de la peau et des muqueuses sont en rapport,
ainsi que l’hypothèse en a été émise pour les syphilides
pigmentaires (Darier), avec l’atteinte par le virus syphi¬
litique des plexus nerveux péricapsulaircs.
Chancres syphilitiques multiples et réinfection après un
traitement par le 6o6.— M. Pierre VaeEËXY-RadoT (pré¬
senté par M. Apert) montre un malade qui a présenté
en 1913 deux chancres syphüitiques de la verge (contrôlés
par l’examen des frottis des chancres et la réaction de
Wassermann), traité par quatre injections de 606 et chez
lequel il a observé 'en 3918 un chancre induré typique
siégeant en un point différant des deux nremiers, avec
adénopathie classique.
La présence de tréponèmes dans les frottis, le Wasser¬
mann et les données de l'examen clinique permettent
d'affirmer la rêinïection syphilitique et d'éliminer l’hypo¬
thèse d’accidents cliancriformes on de chancre nedux.
Coûte membraneuse.—MM. Feorand et Giraueï.—
Il s’agit d’une femme dont la coHte était due à l’abus des
lavages intestinaux. Elle guérit très rapidement par la
suppression de ceux-ci et la médication biliaire.
Syphilis gastrique à forme de gastrite chronique. —
SOCIETES SAVANTES
139
>151. Feorand .et Giraci.T. — Guérison par le traite¬
ment spécifique sans modification du régime.
Syphilis gastrique à forme de dyspepsie banale. —
JIM. Feorand et Gtrauet.
>1. LENOIR fait observer qu'il n’est pas besoin du
traitement biliaire pour guérir la colite membraneuse due
à l’abus des lavages : la suppression de ceux-ci suffit.
M. Mn,us signale, dans des cas de gastrites cher, des
syphilitiques, avoir observé une anachlorhydrie absolue
-simulant le cancer. Le traitement donna amélioration
mais non guérison.
Syndrome pluriglandulaire avec diabète insipide : effi¬
cacité de l’opothérapie hypophysaire sur la polyurie. - -
JIM. Crouzon et BouTTIER Telateut l'observation d’une
malade atteinte d'un syndrome adiposo-génital caracté¬
risé par l’adiposité, l'aménorrhée, la polyurie auxquelles
se joignent quelques symptômes d’apparence myxœdé-
mateuse. Un rétrécissement du champ visuel, une para¬
lysie oculaire permettent de penser à une localisation
hypophysaire ou juxta-hypopliysaire. I,e traitement par
l’extrait du lobe postérieur d’hypophyse a en une action
élective ou exclusive sur les signes de diabète insipide.
Pyothorax considérable par rupture d’un abcès amibien
du foie dans la plèvre guéri, sans opération, par de simples
ponctions, l’émétine et le novarsénobenzol. —JIM. Robert
PROUST et Louis Ramonç tirent de cette observation les
condusious suivantes : L’action bienfaisante du traite¬
ment émétino-arsenical ne se limite pas au foie amibien,
elle peut s’étendre à certaines de ses complications. Il est
donc nécessaire de l'instituer d’abord, et d’une manière
i utensive, devant toute suppuration hépatique amibienne,
même compliquée, et de n’opérer, à moins d’iudication
l’urgence, qu'après la preuve de son insuffisance à assurer
la guérison complète. Pour le pyothorax consécutif à la
rupture intrapleurale de la collection hépatique,eu parti¬
culier, l’opération de l’empyème ne saurait plus être
envisagée comme moyen de thérapeutique ; la thora-
eentèse même peut n’être pas nécessaire, elle ne doit
servir en tout cas qu’à pallier les accidents mécaniques
engendrés par l’abondance de l’épanchement et permettre
ainsi d’attendre les résultats de la cure par l'émétine et
le novarsénobenzol, capable à elle seule d’assurer la gué¬
rison complète.
Un cas de scorbut parisien, étude biochimique. —
M. LabbÉ, IlAGUENKAU et NERVEUX relatent l’obser¬
vation d’un scorbutique qui a contracté sou affection à
Paris sous l’influence d’une alimentation carencée com¬
posée exclusivement de pain et d’un peu de charcuterie.
Plu deux mois le scorbut était arrivé à un degré de gravité
considérable avec grande anémie, hémorragies cutanées
et intramusculaires, gingivite fongueuse, amaigrissement.
11 guérit rapidement sous l’influence d’une alimentation
mixte et de jus de citron. Sauf l’anémie, les altérations
du saug ne présentaient rien de caractéristique. Mais il
existait un trouble profond du métabolisme protéique.
11 y eut une rétention’ d’urée pendant la maladie avec
décharge considérable au moment du déclin ; en un jour,
le malade élimina 112 grammes d’urée et 69 grammes
d’azote total urinaire. Pendant la maladie, on observa
une amino-addurie avec ammomnrie considérable (jus¬
qu’à 4 grammes d’acide aminé par jour), avec rapport
azoturique abaissé à 52 p. 100. Daim le sang il y avait
une augmentation de l’azote résiduel avec hyponaotémie.
Les auteurs insistent sur ce trouble du métabolisme
prolonge.
Défaut de perceptibilité radiologique des épaississe¬
ments pleuraux. — M. P. Aheuhee présente un cas de
pachypleurite fibreuse chez une tuberculeuse ancienne
où l’épaississement de la plèvre, qui était supérieur à
1 centimètre, ’ a échappé complètement à l’exploration
radiologique et laissé intacte la transparence du thorax.
Il ne s’agit pas d’uu fait exceptionnel, et il faut, pour que
les épaississements pleuraux modifient la transparence
du thorax, qu’ils atteignent une épaisseur d’au moins
2 centimètres et même davantage, faute de quoi ils
échappent complètement aux investigations radiolo¬
giques.
Contracture des muscles de ia paroi abdominale au cours
des pleurésies. — MM. Félix Ramond et DEROCHE ont
observé la contracture des muscles droits et des muscles
larges au cours de la pleurésie. Ce signe est constant au
cours de tous les épanchements pleuraux de nature inflam¬
matoire. 11 est à peine ébauché dans les épanchements de
nature mécanique ; par contre, il est très uet au cours des
pleurésies sèches. Ce symptôme complète celui des spi¬
naux, dont il a la même signification.
Syndrome adiposo-génital chez un malade porteur d’une
tumeur de l’hypophyse ; radiothérapie ; régression des
symptômes. —■ JU1. Reverciion, Worms et RouquiER
(du Val-de-Grâce). —- Le malade eu question, porteur
d’une tumeur de l’hypophyse, avec atrophie optique
bilatérale, a été traité par les rayons X sans opothérapie.
Les auteurs ont observé un arrêt manifeste dans l’évolu¬
tion du syndrome : l'obésité a diminué; la moustache, qui
avait complètement disparu, commence de repousser,
ainsi que les poils de l’aine et du pubis. Faut-il expliquer
cette amélioration par un arrêt spontané dans le déve¬
loppement de la tumeur, ou l’attribuer au traitement
suivi?
Oxycêphalie et nanisme. - JIM. Isoea, Butter et
J.-C. JIussio-Fournier, de Jlontovideo, présentés par
JL Sergent.
Encéphalite léthargique à forme délirante et halluci¬
natoire.--JIM. EsciiBAcn et JloTET. — Encéphalite dont
le début est marque paT un accès de confusion mentale
hallucinatoire et qui se poursuit par la juxtaposition au
délire de paralysies oculaires et d'hypersomnie. Les
troubles psychiques se transforment, au déclin de la mala¬
die et pendant la convalescence, en dépression mélanco-
Fr. Saint-Girons.
SOCIÉTÉ DE DERMATOLOGIE
ET DE SYPHILIGRAPHIE
Séance du 24 juin 1920.
Xanthome généralisé. - JIM. Queyrat et Laroche
présentent un cas de xanthome généralisé, de type macu-
leux, développé depuis quatre ans chez un homme de
quarante-huit ans. On n’a pas trouvé, dans les coupes des
lésions, de cellules xanthélasmiques ; mais on a constaté,
après coloration au Soudan, une infiltration en masse par
des lipoïdes. L’hypercholestérinémie est de Il
existe, chez ce malade, de l’azotémie, déjà améliorée par
le tégiine, et qui indique un certain degré d’hypofonc-
tiouneiucnt du rein. L’urine ne contient ni sucre, ni albu¬
mine, mais on note une diminution du coefficient d’oxy¬
dation du soufre, ce qui révéle un certain degré d'insuf j
fisance hépatique. L’hypercholestérinémie ne suffît pas à
expliquer la production du xanthome et peut exister sans
140
PARIS MEDICAL
M. Bauer a observé la guéi ison d’un xanthome géné¬
ralisé par un traitement consistant en un régime anti-
cholestérinémique : térébenthine à l'intérieur, et bains
_d’émulsion de térébenthine. M. Dariiîr a employé aussi
la térébenthine, mais avec peu de succès ; il traite le
xanthélasma des paupières par la galvano-cautérisation,
qui donne des cicatrices peu apparentes. H. Hudki, 0 a vu
le xanthélasma des paupières récidiver après extirpation
chirurgicale. M. Queyrat se propose de traiter le malade
par la radiumthérapie.
Ostéomes chez un tabétique. -- MM. Qukyrat, Mé¬
nard et RabuT présentent un cas d’arthropathie de la
"hanche chez un tabétique. On constate chez ce malade,
d’une part une résorption de la tête et du col du fémur
gauche qui est luxé vers l’aile iliaque, et d’autre part, des
productions ostéitiques envahissant les muscles et les liga¬
ments voisins. Le malade présente, notamment, un volu¬
mineux ostéomejles adducteurs. M. Cr,. Simon et M. I.E-
REDDE conseillent le •traitement antisyphilitique, bien
que le liquide céphalo-rachidien soit normal. M. Mieian
a observé plusieurs cas d’arthropathie tabétique avec
exostoses”péri-artieulaires ; il s'agit vraisemblablement
d’ostéites syphilitiques, indolentes en raison du tabes,
mais qui ne sont pas dues à un trouble trophique ; le traite¬
ment antisyphilitique peut entraîner une régression
partielle des phénomènes périostiques.
Tubercule de Carabelli. — M. Marcki, Pinard, à la
suite d’une enquête faite dans divers milieux sur le tuber¬
cule de Carabelli, conclut que ce tubercule a une valeur
considérable'pour le diagnostic de la syphilis héréditaire. '
M. Queyrat, M. Mii.ian et M. Bai.zer considèrent égale¬
ment le tubercule de Carabelli comme une dystrophie en
rapport'avec la syphilis héréditaire, mais qui ne justifie
pas, à elle seule, un traitement antisyphilitique. M. Da-
rier fait des réserves, en raison du fait, signalé par
M. Jeansehne, que ce tubercule se rencontre chez les
animaux. D’après M. LKREDdk, la question ne pourra
être résolue, tant qu’on"ne connaîtra pas le nombre des
hérédo-syphilitiques en France.
Analyse de l'arsénobenzol. — M. Cousin montre
l'importance qu’offre le dosage de I’arsénoxyde pour
reconnaître la qualité d’un échantillon d’arsénobenzol.
Dispensaire antisyphllitlque. — M. Queyrat expose le
fonctionnement du dispensaire du pavillon Hardy, à
l’hôpital Cocliin, pendant l’année 191g. !.. B.
SOCIÉTÉ CLINIQUE DE MÉDECINE MENTALE
Séance du 19 juillet 1920.
Présidence de M. le D r Semkeaigne.
Deux accès de zoopathle interne chez le même malade.
Guérison. Présentation de malade. —■ MM. Marcel Briand
et Boree présentent un homme de cinquante-sept ans,
chez lequel, à deux reprises et à vingt ans de distance,
est survenu un délire de zoopathie interne : parasite du
mouton dans le premier épisode ; ingestion de couleuvre
dans le second. Ce qu’il y a d’intéressant dans l’obser¬
vation de ce malade, c’est, d’une part, que l’on assiste à
la genèse de l’idée délirante qui n’est, en somme, que
l’interprétation par un débile de sensations douloureuses
vraies : Henri P... est porteur d’un ulcère d’estomac.
D’autre part, chacun des épisodes s’est terminé par la
guérison : la première fois, après un traitement médica¬
menteux prescrit par un médecin, ce qui a tué la bête ;
la deuxième à la suite d’absorption de teinture d’iode
mélangée à du lait, remède préparé par le malade lui-
même, dans le même but. Une selle noirâtre rejetée deux
jours après fut interprétée par Henri P... comme étant
le cadavre de son commensal. Depuis, la guérison s’est
t 4 Août IÇ20.
maintenue, malgré la persistance des douleurs gastriques,
diminuées cependant. Ce fait semble donner raison à
ceux qui ont essayé de traiter de tels malades par des
opérations simulées ; il prouve aussi la persistance des
états i îterprétatifs. Morte la bête, mort le venin, mais
toujours vivante la crédulité.
Un cas de paralysie générale juvénile. Présentation de
malade. - MM. TrüEEEE et Brousseau montrent une
jeune fille de dix-neuf ans présentant un syndrome cli¬
nique réalisant classiquement celui de la paralysie géné¬
rale au début, tant au point .de vue mental qu'au point
de vue physique. Wassermann positif dans le sang et le
liquide céphalo-rachidien, lymphocytose également posi¬
tive. Accouchement datant du 7 juin dernier. I,a question
de savoir s’il s’agit d’une syphilis acquise ou héréditaire
n’est pas encore résolue ; les probabilités semblent plutôt
en faveur de la première hypothèse.
Syndrome de Cotard consécutif à des idées de persé¬
cution. — MM. Marcel Briand et Porcher présentent un
nialade âgé de cinquante-trois ans qui, depuis six ans,
manifeste des idées de négation d’organes. Les idées de
négation font suite, sous une forme stéréotypée, à une
période délirante avec idées de persécution, de ruine et
d’auto-accusation. Files paraissent avoir succédé brusque¬
ment à cette première phase qui s’étendrait sur une pé¬
riode de vingt annéesavantd’avoirnécessitél’iutemement.
Pour les auteurs, les idées de négation apparaîtraient
quelquefois au cours des délires de persécution au lieu et
place des idées ambitieuses et de grandeur, ainsi qu’ils l’ont
déjàiudiquéà l’occasion d’une précédente communication.
Un cas d’hystéro-épilepsle à crises séparées.—M. Sara-
zin présente un jeune soldat du service de M. Colin, sujet
depuis six mois à des crises convulsives dont certaines
sont de nature comitiale : début brusque, morsure de la
langue, auinésie consécutive. D’autres, au contraire, relè¬
vent de l’hystérie. Elles surviennent à la suite de contra¬
riétés, de malaises (séjour dans une atmosphère confinée).
Le malade les prévoit, cherche à les éviter. Toutefois il
ne garde aucun souvenir de la crise même au cours de
laquelle il fait de grands mouvements désordonnés bientôt
suivis de tremblements généralisés et de sommeil : pas de
pâleur de la face, pas de morsure de la langue, pas d’incon¬
tinence.
Ce malade, jamais examiné au point de vue hystérie
jusqu’à son entrée à Villejuif, offre les stigmates suivants :
hémianesthésie gauche à la piqûre, absence de réflexe
pharyngé, réflexe rotulien très diminué à droite, aboli
à gauche, anesthésie testiculaire à la pression. Ce cas est
conforme à la description si souvent donnée par Charcot
de l’hystéro-épilepsie à crises séparées, et l’auteur se
demande s’il n’en est pas de même des cas d’épilepsie
consciente et amnésique publiés à différentes reprises.
Hallucinations lilliputiennes au cours d’un érysipèle de
la face. — M. Jean Saeomon relate un cas d’hallucinations
lilliputiennes qui, outre quelques particularités, offre
l’intérêt de se présenter à l’état de pureté, à l’exclusion
de tout autre trouble psychique, chez un sujet exempt
de toute tare pathologique.
Ces troubles, survenus au cours d’un érysipèle de la
face, confirment l’origine toxi-infectieuse de ces phéno¬
mènes hallucinatoires très particuliers sur lesquels
M. Leroy a le premier attiré l’attention.
Les petits signes de i’hyperémotivlté. — M. Louis LivKT
énumère un certain nombre de symptômes qu’il a observés
chez les sujets particulièrement émotifs et auxquels il
attache une grande importance: éclat mouillé du regard,
tremblement palpébral, et ce que l’auteur désigne sous le
no-.n de syndrome chirognomonlque.
Le Gérant: J.-B. BAILLIÈRE.
7865-20. — Corbeie. Imprimerie CrLtE.
G. M1LIAN. — L’ICTÈRE SYPHILITIQUE PRIMAIRE
L’ICTÈRE SYPHILITIQUE
PRIMAIRE
le D T G. MILIAN
Médecin de l’hôpital Saint-Inouïs.
L’ictère syphilitique secondaire est classi¬
quement connu depuis longtemps dans ses
deux formes bénigne ou grave. Ricord, Gubler,
ont été des premiers à le décrire; Fournier lui
■consacre une part importante dans son Traité
de la syphilis (i).
Au contraire, je ne sache pas qu’on ait encore
décrit l’ictère comme contemporain du chancre,
■comme ictère syphilitique primaire. Les trois obser¬
vations que nous rapportons ci-dessous appar¬
tiennent à cette catégorie ; elles montrent en
outre l'affinité toute particulière, déjà si remar¬
quable et si connue chez le nourrisson hérédo-
syphilitique, du tréponème pour le foie.
Nul doute que, l’attention une fois attirée
sur ces faits, de nombreux cas semblables ne
viennent enrichir l’histoire de la syphilis pri¬
maire.
Observation I. — M... Marcelle, âgée de vingt et
un ans, brodeuse, est entrée le 6 février à l'hôpital
Saint-Louis dans un service de chirurgie parce que,
s’étant trouvée mal chez elle dans l’escalier, elle avait
fait une chute et s’était légèrement éraflé la tête. Le
chirurgien constata que le cuir chevelu était à peine
touché et, comme la malade avait la jaunisse, il la
passa en médecine dans notre service, le 8 février 1920.
{Observation H. 335).
Il existe une gale assez discrète et une phtiriase légère
du cuir chevelu. L 'ictère est marqué aux téguments et
aux muqueuses. Les urines sont hautes en couleur,
couleur acajou, et donnent les réactions de Gmelin et
de Hay, ce qui indique la présence de pigments et de
sels biliaires. Elles ne renfermentni sucre ni albumine. Les
matières fécales sont décolorées, couleur mastic. Il
n’existe ni circulation collatérale veineuse abdominale,
ni ascite. Le foie est peut-être légèrement augmenté de
volume, donnant 10 centimètres de hauteur de matité
sur la ligne mamelonnaire.
La rate est perceptible à la percussion.
La langue est un peu blanche. Il y a eu quelques
vomissements bilieux la veille de l’entrée de la malade
dans le service. Il n’y a ni diarrhée, ni constipation. La
température est à 370,2.
La malade, d’ailleurs très nerveuse, se plaint de dou¬
leurs vagues un peu partout, dans la région cæcale, aux
jambes, le long des tibias. Elle aurait en outre un peu de
céphalée le soir depuis six jours.
On ne retrouve à l’origine de cet ictère aucune intoxi¬
cation, aucun excès alimentaire. La soeur de la malade,
qui vit de la même vie domestique, n’a pas présenté le
moindre trouble de ce genre.
Les divers organes sont normaux. L’examen de la
vulve, pratiqué systématiquement et sans que la malade
(i) I’ournier, Traité de la syphilis, t. I, fasc. 2, p. 724.
N° 34. — si août 1920.
ait attiré notre attention de ce côte, nous montre cinq éro¬
sions de la dimension d’une pièce de o fr. 20, aux lèvres
et à la fourchette, ayant tous les caractères de chancres
syphilitiques. On y retrouve le tréponème en abondance.
Elles s’accompagnent de ganglions inguinaux bilatéraux
du volume d’un haficot à une noisette. La malade ignora.' t
l’existence de ces érosions. On ne peut donc en connaître
le début. Il n’existe aucune autre manifestation spéci¬
fique cutanée ou muqueuse. Le col de l’utérus est indemi: e.
M... a été réglée à dix-huit ans seulement. Elle s’est
mariée à dix-neuf ans et n’a encore eu aucune grossesse.
Elle présente quelques stigmates de syphilis hérédi¬
taire. C’est une rousse qui a le nez en selle, dont les
incisives médianes supérieures chevauchent les m-.es
sur les autres, qui a le lobule des oreilles soudé et qui sur¬
tout présente aux commissures labiales des cicatrices
radiées'caractéristiques. Ajoutons-y le retour de la menc-
truation. Son père est mort de cause inconnue. Sa mère
est vivante, bien portante, et a eu deux grossesses : un fils
bien portant et une fille, la malade.
Le 11 février, la malade est passée à la pommade eu
polysulfure comme traitement de sa gale.
Le 12 février, l’ictère est stationnaire : la réaction
du Gmelin est négative ; celle de Hay est positive. La
séro-réaction de Wassermann est négative.
Le 16 février, la réaction de Wassermann est douteuse :
Sw + ?
Le 17 février, l’ictère a presque disparu, les matières
fécales sont recolorées. Les réactions de Hay et de
Gmelin sont négatives. La température atteint 3S 0 .
La malade se plaint toujours de souffrir des jambes. La
pression des tibias est douloureuse. Les lésions vulvaires
se sont élargies et ont, de plus en plus, l’aspect de chancres.
Le 20 février, la séro-réaction de Wassermann est posi¬
tive.
Le 27 février, l’ictère est complètement disparu. Les
urines restent hautes en couleur, mais les réactions de Hay
et de Gmelin sont toujours négatives. Elles ont toujours
oscillé autour d’un litre par vingt-quatre heures. Le foie
a 11 centimètres sur la ligne mamelonnaire et la rate
mesure t ois travers de doigt. Le 28 février, cinq taches
érythémateuses sur l’abdomen.
Le 6 mars, roséole très abondante.
Le traitement antisyphilitique est commencé, sous
forme de quatre injections intraveineuses de cyanure de
mercure suivies d’une série de novarsénobenzol. Une
réaction de Herxheimer notable accompagne le cyanure,
et la roséole, le lendemain de la première injection de
novarsénobenzol, a subi une recrudescence passagère mais
très accusée. D’abondantes crêtes de coq se sont ulté¬
rieurement développées à la vulve.
Obs. H. — D... Victor, vingt-sept ans, entre à l’hô¬
pital Saint-Louis, salle Bichat, n° 5 (observation H. 334),
le 29 janvier 1920 pour deux plaies delà verge datant de
trois semaines et survenant un mois après un coït
suspect. Il s’agit d'un chancre du frein.de la surface de
o fr. 50 et d’un autre chancre de même dimension il
peu près, siégeant à la face interne du pré; uce à droite. Il
s’agit de deux lésions érosives avec induration parche¬
minée typique. Elles s’accompagnent d’un certain degré
de phimosis avec inflammation jambonnée du prépuce.
Il existe des ganglions inguinaux bilatéraux, multiples,
durs, caractéristiques.
Au moment de l’apparition du chancre, trois jours avant,
au dire du malade, s’était déclarée une jaunisse qui existe
encore aujourd’hui et pour laquelle il fut hospitalisé 4
N* 34
142
PARIS MEDICAL
l’hôpital Saint-Antoine, dans le service de M. Siredey.
Il y fut considéré comme atteint d'ictère catarrhal et
mis au régime lacto-végétarien ainsi qu'au « calomel :
o« r ,o5 renouvelés deux ou trois fois à cinq jours d'in¬
tervalle » (renseignement fourni à ma demande par le
D r Siredey). Bien que presque disparu en sortant de
l’hôpital Saint-Antoine, cet ictère a repris et se présen¬
tait très accentué à l’entrée du patient à Saint-Louis.
Conjonctives, muqueuse buccale, téguments étaient de
coloration foncée. Les matières fécales étaient décolorées,
couleur mastic. Les urines acajou donnaient la réaction
de Gmelin et celle de Hay. Les urines étaient de 2 litres
par jour et 11e renfermaient ni sucre ni albumine. Le foie
était un peu gros, débordant légèrement les fausses côtes.
La rate, de volume normale. Le pouls était à 68. Les
autres organes étaient normaux.
Cet homme n’avait pas d'antécédents pathologiques
notables, mais il était alcoolique ; il avouait sans honte
qu’il buvait énormément et énumérait comme ration
journalière : 3 litres de vin, une dizaine d’apéritifs, et un
petit verre de rhum chaque matin.
Le 2 février, la réaction de Wassermann était néga¬
tive. Le 3 février, apparaissait un début de roséole.
Sous l'influence du régime lacté, l’ictère rétrocéda
rapidement. Le 5 février, les réactions de Gmelin et de
Hay étaient négatives. Même constatation le 10 février.
Eu même temps que la roséole, s’établit une polyurie
constante qui oscilla entre 3 000 et 4000 grammes par jour.
Le 9 février, la séro-réaction était positive. Le traite¬
ment fut immédiatement commencé sous la forme de
quatre injections intraveineuses de cyanure immédiate¬
ment suivies d’une cure de novarsénobenzol.
Le 13, février, il persistait encore un peu de subictère,
mais sous l’influence des quatre injections de cyanure, les
réactions de Gmelin et de Hay reparurent deux jours de
suite, les 13 et 14 février.
Le 15, on voyait encore les taches de roséole. Elles
disparaissaient totalement le 18. En même temps tout
phénomène de rétention biliaire avait rétrocédé. Le
chancre s’épidermisait seulement le 20 février.
ObS. III. — Le 21 octobre 1913 m’est envoyé par
un médecin M. C..., avocat à la Cour de Paris, âgé de
trente-neuf ans, qui avait présenté eu août à la verge
deux petites plaies a caractéristiques de chancres syphili¬
tiques » et qui avaient été accompagnées de roséole.
Le malade avait reçu cinq injections intramusculaires
d’olarsol, la dernière le 10 octobre (observation V. 2617).
Malgré cela, il persistait encore, le 21 octobre, des gan¬
glions inguinaux assez volumineux, durs et mobiles, carac¬
téristiques de l’adénopathie syphilitique primaire, et
en outre les amygdales volumineuses et rouges présen¬
taient à droite des érosions muqueuses typiques.
Je continuai le traitement commencé sous la forme
d’injections intraveineuses de novarsénobenzol : le
22 octobre 0*^30, le 29 octobre of,45, le 4 novembre
o« r ,6o, le 10 novembre o«r,75, le 17 novembre or,90. Il
prit ensuite eu décembre 30 cachets de calomel de or.oi,
autant du 17 janvier 1914 au ir février. Il prit ensuite
60 pilules de Dupuytren du 24 février au 24 mars et
de 8 avril au 6 mars, et reprit du calomel du 21 mai
au 18 juin.
Le 26 juin et le 31 juillet 1914,1a réaction de Wasser¬
mann était négative.
Pendant la guerre, le malade prit, en 1915, 2 centi¬
grammes par jourdecalomel en janvier, autant du iw au
30 mars, du x 0r mai au 30 mai, du xer juillet au 31 juillet,
21 Août 1920.
du i Cr septembre au 30 septembre ,du I er novembre a
30 novembre. Une réaction de Wassermann faite le
12 juin fut négative.
En 1916-1917-1918, aucun traitement ne fut institué.
Je rencontrai à deux ou trois reprises ce malade aux
armées pendant la guerre et ne lui constatai aucun
accident. Pendant ses permissions, il put faire faire à Paris
diverses réactions de Wassermann, elles furent toutes
négatives: les I e * février et i Cr août 1916, le 21 mai 1917,
le i»'’juin 1918, le 1°'janvier 1919.
Le malade revint me voir dès notre démobilisation
commune. Je ne lui trouvai, le 11 février 1919, aucun
signe de syphilis active ; le système nerveux était
intact. Je proposai de lui faire un e réactivation pour juger
de l’état de sa syphilis.
Je lui fis le 17 février une injection intraveineuse de
45 centigrammes de 914. Du sang fut pris le 3 mars,
c’est-à-dire quatorze jours après l’injection et le 13 mars,
soit vingt-quatre jours après l’injection; à ces deux
analyses, la réaction fut négative.
Or, trois mois après cette épreuve, le 7 juin 1919,
M. C... venait me montrer uueérosion de la dimension d’une
lentille siégeant à la face interne du prépuce, à gauche,
apparue depuis quatre jours, quinze jours après un coït
suspect et ayant tous les caractères d’un chancre syphi¬
litique: Une adénopathie croisée, inguinale droite, accom¬
pagnait cette érosion. Je songeai tout d’abord à une
lésion chancriforme malgré l’adénopathie concomitante,
car je n’y trouvai pas de tréponème à l’ultramicroscope,
à un examen rapide.
Le 10 juin 1949, soit au septième jour du chancre, la réac¬
tion de Wassermann était négative. Le 17 juin, l’érosion
s’était agrandie à la dimension d’une pièce d’un franc ;
l’adénopathie s’accentuait. Depuis deux jours, soit
douze jours après le début du chanvre, sans autre phéno¬
mène que de la fatigue et un peu d’anorexie, sans troubles
digestifs, était apparu un ictère léger avec sellés un peu
décolorées.
Le 19 juin, l’ictère était devenu très foncé. Les urines
tachaient la chemise en jaune et donnaient la réaction
de Gmelin, mais ne renfermaient pas d’albumine. Les
matières étaient partiellement décolorées. Le foie mesu¬
rait 15 centimètres de matité sur laligue mamelonnaire,
la rate trois travers de doigt.
La réaction de Wassermann était encore négative
le 19 juin.
•f Malgré notre idée qu’il s’agissait d’un accident primitif,
et quitte à ne. pas en avoir la preuve par l’apparition de
la roséole, le malade fut mis au traitement par l’huile grise,
quitte à manquer la preuve de la réinfection.
Le 24 juin, l’érosion chancriforme a grandi et dépasse
le diamètre d’une pièce de deux francs. Les matières sont
un peu jaunes. L’ictère est plus foncé. Une deuxième
injection d’huile grise est faite.
Le 30 juin,l’érosion préputiale est stationnaire. L’ictère
diminue d’intensité.
Troisième injection d’huile grise.
Le 3 juillet, l’état général est excellent, a Je commence
à me sentir toutà fait solide », dit le malade ; c’est dire
que le traitement mercuriel a tout de suite influencé la
guérison de l’état hépatique.
Le 7 juillet 1919, l’érosion de la verge est franchement de
couleur chair musculaire avec une induration typique ;
il est apparu malgré l’huile grise une cinquantaine
de taches de roséole très marquées, rose vif, un peu
œdémateuses, de la dimension d’une pièce de o fr. 20,
siégeant sur l’abdomen, les flancs et le bas du dos. La réac-
143
G. MILIAN. — L’ICTÈRE SYPHILITIQUE PRIMAIRE
tion de Wassermann est devenue positive :Sw-i-. Une
quatrième injection d’huiie grise est faite.
Cette roséole est ainsi apparue trente-quatre jours
après le début du chancre, c’est-à-dire un peu en avance
sur les délais usuels. Elle confirme le diagnostic de
chancre. Ee io juillet,la roséole pâlit un peu. Il ne semble
pas y avoir d'éléments nouveaux. E'induration du chan¬
cre est très marquée et donne le ressaut caractéristique
quand le malade « décalotte ».
Il n’existe plus qu’un peu de subictère.
Ee 12 juillet, la cicatrisation du chancre marche à
grands pas. Ea roséole persiste. Ees éléments sont tou¬
jours un peu urticariens et ont un peu grandi.
Ee 19 juillet, la roséole est presque effacée. Ee chancre
est cicatrisé. Une sixième et dernière piqûre d’huile grise
est faite et le 25 juillet une série d’injections intravei¬
neuses de novarsénobeuzol est poursuivie aux doses
de 30, 30, 45, 60, 75, 90, 100, suivie elle-même d’une
nouvelle cure d’huile grise, suivie elle-même d'une nou¬
velle cure d’arsénobeuzol.
Depuis le 10 avril 1920,1e malade est eu observation.
Il ne présente pas d’accidents ; et sa séro-réaction reste
négative.
Il est à noter que ce sujet est dépourvu de tout passé
hépatique et que ses antécédents personnels patholo¬
giques sont nuis.
Ces trois observations montrent incontesta¬
blement qu’il existe un ictère syphilitique pri¬
maire, c'est-à-dire un ictère syphilitique contem¬
porain du chancre, antérieur à la roséole.
Il apparaît quelques jours après, ou en même
temps ou même deux ou trois jours (observation II)
avant le chancre, sans phénomènes généraux
notables, sans troubles digestifs (une fois seule¬
ment il y eut quelques vomissements). Ea langue
est humide, non saburrale, peut-être parfois un
peu blanche, Ee foie est un peu augmenté de
volume, la rate également; les urines sont bilieuses,
donnant la réaction de Gmelin et celle de Hay.
Ees matières fécales sont décolorées au prorata de
l’intensité de l’ictère. Il n’y a ni albumine, ni
sucre dans les urines.
Ea fièvre est nulle au début ; elle monte légère¬
ment à 37°,5-38° au moment où la réaction
de Wassermann devient positive. Il y a de la
fatigue générale, de l’anorexie et un peu de sen¬
sibilité du foie à la palpation du creux épigas¬
trique.
Il faut noter que cet ictère débute avant que la
réaction de Wassermann ne soit positive. Il peut
même guérir avant l’apparition de celle-ci.
E’évolution en est généralement rapide. Il
peut guérir spontanément par le simple régime
lacté, en suivant à peu près l’évolution du chancre,
guérissant en même temps que lui.
Ea durée a été de douze jours (observation I),
vingt-deux jours (observation II), vingt-sept jours.
Dans ces deux derniers cas, la roséole a rejoint
l’ictère et la guérison de l’ictère a été amenée par
le traitement spécifique en même temps que les
autres accidents syphilitiques. Dans un cas
(observation II), l’ictère disparu est reparu à
l’occasion du traitement (injections intraveineuses
de cyanure) pendant quarante-huit heures. Il
était à peine visible, mais les deux réactions de
Gmelin et de Hay ont reparu pendant quarante-
huit heures. Il s’est agi d’une véritable 'réaction
d’Herxheimer.
Notons que dans aucun de ces cas d’ictère pri¬
maire, nous u’avons rencontré le prurit. Il en est
d’ailleurs usuellement ainsi dans tous les ictères
syphilitiques que nous avons observés depuis
deux ans que nous recherchons ce symptôme
avec éoin.
Ajoutons que la séro-réaction de Wassermann
ne devient positive qu’à la date normale où elle
le devient dans le chancre, et que par suite
l’ictère est incapable de faire apparaître, comme
on l’a dit, une réaction de Wassermann positive.
Ces ictères syphilitiques primaires sont sur¬
venus surtout .chez des patients présentant
une syphilis assez rebelle, la réaction d’Herxhei¬
mer y étant usuelle. E’alcoolisme paraît, dans
l’un des cas (observation II), avoir été une cause
prédisposante importante.
■ *
* *
Ees raisons qui permettent d’invoquer la
nature syphilitique de cet ictère, apparaissant en
même temps que le chancre, sont, eu dehors de la
coïncidence, l’évolution parallèle au chancre, la
tendance à la guérison spontanée comme le chancre,
l’absence de toute autre cause perceptible d’ictère,
rien en particulier qui ressemble à l’ictère catar¬
rhal, puisque la fièvre est nulle et le tube digestif
à peu près normal.
Rien d’ailleurs ne s’oppose théoriquement à la
possib'lité d’un ictère syphilitique primaire. Au
contraire, cela cadre parfaitement avec les don¬
nées acquises ces dernières années.
Nous ne sommes plus au temps où l’on croyait
que le chancre, accident initial, était à son appa¬
rition et durant toute son évolution jusqu’à la
roséole, la seule manifestation du tréponème dans
l’organisme. Il est aujourd’hui prouvé que déjà
au moment du chancre, il y a des tréponèmes
en circulation dans l’économie et capables de
se fixer pour y déterminer des manifestations vis¬
cérales.
Audry (1) a montré qu’il existait des albu¬
minuries contemporaines du chancre et l J un des
premiers a révélé la syphilis viscérale préroséo-
lique. « Qui voit son chancre a sa vérole s>, a-t-il
dit trè ; justement. Boidin a publié un cas de
(1) iVudry,- Néphrite et chancre syp’iIUtlque (néphrite
réroséolique) (Ann. derm., 1912, p. 277).
144
PARIS MEDICAL
paralysie faciale préroséolique. Enfin dernière¬
ment, Nicolau (i) (de Bucarest) a prouvé qu’on
pouvait rencontrer une inégalité précoce pendant
le chancre, et qu’aussi la lymphocytose céphalo¬
rachidienne, bien que discrète [io à 20 lympho¬
cytes par champ (?)], n’était pas d’une absolue
rareté à cette période, etc.
1/ expérimentation a d’ailleurs fourni une
preuve de cet essaimage précoce du tréponème
dans l’économie. Erich Hoffmann (2), par l’inocu¬
lation au singe, a montré que le sang des syphi¬
litiques, quoique renfermant peu de virus, est
contagieux déjà quarante jours après l’infection,
alors qu’il faut attendre encore trois à quatre
semaines pour voir apparaître la roséole.
DEUX OBSERVATIONS
D’HÉMIPLÉGIE ORGANIQUE
AU COURS DE L’INFECTION SYPHILITIQUE
RÉCENTE
le D' Eugène GELMA
Chargé de cours à la Faculté de Strasbourg.
Voici deux cas d’hémiplégie avec contracture
précédée d’attaques convulsives partielles, témoi¬
gnant de l’atteinte en foyer de l’écorce cérébrale
par l’infection syphilitique récente.
Observation I (3). —- L... Antoine, gendarme de la
] revoté de la n° division, âgé de vingt-neuf ans, céliba¬
taire, entre au ccntrede neuropsychiatrie de la Vil» armée,
le3i janvier 1917, avec ce billet d'hôpital : « Hémiparésie
•droite syphilitique remontant à vingt-deux mois ». Marche
fente, parole scandée, pénible.
Début des accidents le 6 décembre 1916 : le so r vers
20 heures, perte de connaissance, clonus des muscles
peauc ersde la faceducôtédroit, puis paralysie flasque des
muscles de la région sous-orbitaire et de la main droite,
•Cette paralysie disparaît après trois quarts d'heure.
Le lendemain matin à 8 heures, seconde attaque et
1 émiplégie droite qui n'a plus rétrocédé. Le chancre
remonte à avril 1915. Le traitement du début a été
incomplet.
État du malade à l’entrée dans le service: j as de
troubles de la réflectivité pupillaire.
Côté droit, membre inférieur : Réflexes tendineux, idio--
musculaires, ostéo périostés vifs. Polycinésie. Pas de.
clonus, ni de signes de l’orteil, mais Cppenheim très net.
Paralysie faciale du type inférieur. Parole scandée, lente,
traînante. Dysarthrie très nette sur les mots d'épreuve,
(1) Nicolau, Re -herc e; : ur le li .uije tép alj-rac. i ien
dans h péri > ’e prim ire de la s. p' ilis ( Annales de dermato¬
logie et de syf>hiligraphie, 1919, n°» 5 et 6 réunis, p. aco, et
Ibid,, 1919, p. 283).
(2) Ericii Hoffmann, Deul. med. Woch., 29 mars 1906,
p. 496 - 499 -
(3) Ces deux observations proviennent du centre de neuro¬
psychiatrie de Say-sur Saône ; elles sont publiées avec
l’assentiment de M. le Professeur agrégé Sorel, ancien méde¬
cin-chef du centre.
21 Août IÇ20.
précédée durant quelques jours d’une anarthiie presque
complète. L’épreuve de la lecture à haute voix montre la
répétition des syllabes, l’achoppement. Pas d’aphasie.
Côté droit, membre supérieur : Hémiparésie, syncinésie.
Force musculaire diminuée. Les mouvements d’ensemble
de flexion et d’e tension des doigts sont possibles lorsqu’ils
agissent simultanément; les mouvements ne peuvent se
faire isolément.
L’adduction et l’abduction des doigts sont impos¬
sibles ; les mouvements d’adduction et d’opposition du
pouce sont nuis; seule la flexion est conservée.
Maladresse du’ membre supérieur droit. Incapacité
absolue d’exécuter synergiquement avec les deux mains
des mouvements rapides. Dans l’acte de mettre alterna¬
tivement les mains sur la face palmaire et dorsale, la
droite frappe sur son bord cubital.
Troubles stéréognosiques de la main droite. Les objets
suivants mis dans cette main sont ainsi reconnus :
« un couteau » pour une cuiller, a un objet dur » pour un
sou, « des ciseaux » pour un crayon, « un objet froid ca-i é...
rectangulaire » pour une bougie. Discrimination tactile
très troublée, élargissement considérable des cercles de
Weber.
Signes de Souques, de P. Marie et Weill. Hémitrem¬
blement, hypothermie, cryesthésie du côté malade.
Conclusion : Hémiplégie droite, légère, sans ap'-asie.
Réactions de B-W. positives (effectuées au labora¬
toire d’armée). Malade évacué sur l’intérieur le 20 février
1917 sans amélioration sensible après traitement (cyanure
de mercure intraveineux).
Obs. II. — D... .André, sergent d’une section de che¬
min de fer de campagne, trente-deux ans, entre au centre
le 24 janvier 1917 pour hémiplégie fruste droite avec
contracture.
Chancre syphilitique remontant â six mois (août 1916)
traité dès le début, par deux injections de galyl et des
pilules de protoïodure de la pharmacie régimentaire.
Début des accidents : 19 janvier 1917. A 13 heures,
attaque convulsive partielle, à type Bravais-Jackson,
commençant par l’orbiculaire et gagnant la face, le cou,
le membre supérieur, puis inférieur du côté droit. Rémis¬
sion rapide des accidents.
Le lendemain, vers 19 heures, nouvelle crise identique
répétée les deux jours suivants.
A l’entrée dans le service on constate : hémiplégie
fruste avec contracture du côté droit, sans aphasie ni
trouble du langage. Pas d’. phtalmoplégie externe ou
interne.
Parésie du côté droit. Démarche spastique, raideur de
la jambe droite.
Réflexes tendineux, ostéo-périostés, idiomusculaires,
très vifs du côté droit. Clonus de la rotule, signe net de
l’orteil en extension. Phénomène des interosseux et tous
les autres petits signes de l’hémiplégie organique avec
tendance à la contracture. Syncinésie.
Pas de trouble astéréogn sique. Rien de particulier
dans le domaine de la sensibilité.
A signaler, dans les antécédents, que le malade est un
absinthique chronique, qu’il a un passé agité (désertion,
amnistie, service à la légion étrangère, cicatrice d’un
coup de poinçon reçu au cours d’une attaque nocturne).
Placards d’eczéma sec sur la poitrine et le dos.
Le traitement est institué le 26 janvier. Le 28, à
20 heures, céphalée, légère attaque convulsive intéressant
la moitié inférieure de la face, le cou, le membre supé¬
rieur et inférieur du côté droit.
E. GELMA. — HEMIPLEGIE ORGANIQUE 145
Le 31, à 8 heures du matin, durant la visite nouvelle
•crise, clonus des muscles du membre supérieur droit
pendant que la main gauche du malade soutenait le
membre convulsé. Pas de perte de connaissance. Durée :
cinq minutes.
Le malade dut être évacué sur l’intérieur le surlen¬
demain avec une hémiplégie droite fruste sans aphasie,
sans trouble psychique. Réaction de B-W. du sérum
sanguin positive.
D’hémiplégie syphilitique est de connaissance
assez récente, puisque les premières observations
remontent aux travaux de Virchow, Steinberg et
surtout de Heubner (1874), celui qui étudia d’une
façon si complète, la même année que Duret,
l’anatomie des artères cérébrales. Depuis, les
observations abondent et la question est ample¬
ment traitée dans des ouvrages tels que ceux de
Cross etDancereaux, Fournier, Welsch, les articles
de Thibierge, Detulle, la monograpliie de Damy,
le livre de Darier, le travail d’ensemble de
Dagaue.
D’hémiplégie syphilitique -précoce est rarement
observée, comme, d’ailleurs, la plupart des déter- '
minations nerveuses à cette période de l’infection
syphilitique. Des hémiplégies des artérites, des
formations scléro-gommeuses surtout, se voient
tardivement ; aussi, l’hémiplégie de la syphilis
chronique est-elle beaucoup plus fréquente.
Il est assez difficile de fixer une étiologie précise
de l’hémiplégie syphilitique. Il y a actuellement
une tendance, chez certains biologistes, à voir dans
la syphilis plusieurs espèces de syphilis et de
séparer le tréponème demiotrope du tréponème
neurotrope. Des recherches récentes de A. Marie
-et Devaditi semblent confirmer cette hypothèse
et peut-être nous expliquerons-nous, à la lumière
de nouvelles expériences, pourquoi les syphilitiques
du système nerveux sont souvent indemnes de
toute autre atteinte de syphilis viscérale.
Da pathogénie de l’hémiplégie syphilitique pré¬
coce est obscure. Ce que l’on sait, c’est que son
histoire anatomique est celle de l’artérite et que
l’artérite provoque l’ischémie dans des territoires
■corticaux dont l’irrigation est indépendance. Cette
hypothèse de l’artérite syphilitique peut
s’admettre chez nos deux malades dont l’infec¬
tion remonte à quelques mois. Elle est improbable
chez d’autres où l’hémiplégie survient au début
fie la période secondaire, peu de jours après le
chancre, comme chez un jeune homme de dix-
neuf ans, que j’ai vu en 1913, dans le service du
P’ Gaucher à Saint-Douis, et qui présentait, avec
d’autres accidents syphilitiques nerveux graves,
une hémiplégie gauche avec contracture, quel¬
ques jours seulement après la cicatrisation du
chancre.
On connaît les lésions les plus habituelles de
l’hémiplégie syphilitique récente :
i° D’endartérite de Heubner : lésions sous-endo¬
théliales, sans atteinte de l’adventice, réalisant
lentement l’atrésie et l’oblitération de l’artère
terminale ;
2 0 Da périartérite de Baumgarten : lésions
adventitielles par excellence, avec infiltrats nodu¬
laires abondants ;
3° Da panartérite décrite par Detulle, où toutes
les tuniques sont envahies par une infiltration
lymphoïde diffuse et aiguë ; les éléments muscu¬
laires, la lame élastique interne sont détruits.
A la lumière de ces notions anatomiques, on
sera en mesure de prévoir certains symptômes.
C’est ainsi que l’ischémie progressive rend compte
des accidents convulsifs qui précèdent souvent
l’hémiplégie, comme chez nos deux malades. On
sait aujourd’hui le rôle de l’anémie du tissu
cérébral dans la genèse des paroxysmes comitiaux.
Tout récemment, M. Hartenberg a basé sur des
observations une ingénieuse hypothèse bientôt
confirmée par l’expérimentation. Pour M. Har¬
tenberg, les paroxysmes convulsifs sont liés à la
chute de la pression sanguine dans un territoire
cérébral, et l’oscillomètre de Pachon a montré
la chute brusque de la pression sanguine au mo¬
ment de la crise.
Des éblouissements, l’aphasie, les paralysies
transitoires s’expliquent fort bien par l’existence
de méiopragies en rapport avec l’arrêt partiel
ou total de la circulation dans certains territoires
cérébraux, ischémie non compensée par l’existence
d’anastomoses dans le système vasculaire cortical
(Duret et Heubner).
Da symptomatologie de l’hémiplégie de la
syphilis récente se différencie de l’hémiplégie
ordinaire par quelques petits signes prodromiques
plus ou moins constants : céphalalgie intense, pro¬
fonde, diffuse, à type nocturne, surdité subite
unilatérale, migraine ophtalmique. Puis surviennent
des attaques convulsives, générales ou partielles, à
type bravais-jaksonien ou seulement localisées à
un petit groupe de muscles. D’hémiplégie s’installe
après ces prodromes, insidieusement ou par
poussées d’hémiplégies transitoires répétées.
Tantôt tous les membres, qui seront ultérieure¬
ment frappés, sont atteints ; tantôt quelques-uns
seulement; tantôt l’hémiplégie, devenue défini¬
tive, se porte sur des segments respectés par les
petites attaques antérieures. Tantôt, comme dans
l’observation de Klippel et Charrier, rapportée
par Dagane, la paralysie atteint la cuisse droite.
PARIS MEDICAL
146
puis tout le côté droit, la face et, pendant le
traitement, durant la guérison de l'hémiplégie
droite, c’est le côté gauche qui se prend.
Tantôt l’hémiplégie est noyée dans un com-
plexus symptomatique (méningite, épilepsie,
éclampsie, etc.) comme chez le jeune malade dont
j’ai parlé plus haut et qui présentait une hémi¬
plégie au cours d’accidents convulsifs et de symp¬
tômes de méningite. Ou bien, l’hémiplégie
s’accompague de paralysie des nerfs crâniens,
en particulier de la III e paire, événement qui
permet d’établir un diagnostic. étiologique des
plus fermes (Fournier).
Enfin, il est des cas où l’hémiplégie revêt
l’aspect d’une hémiplégie banale avec ou sans
ictus.
I/intensité des troubles moteurs, l’étendue
plus ou moins grande des territoires frappés, le
siège des lésions donnent à l’hémiplégie syphili¬
tique toutes les formes possibles. Et le diagnostic
est rendu souvent difficile par des associations
telles que l’atteinte bulbo-protubérantielle (avec
céphalée violente, vertiges, nausées, embarras de
la parole, titubation, aspect d’un homme ivre,
ictus) ; l’atteinte de la moelle (avec syndrome de
Brown-Séquard, hémiplégie spinale bilatérale
syphilitique), l'atteinte cérébro-spinale comme
dans un cas de Gilles de la Tourette et Hudelo (un
mois après le chancre : paralysie faciale, céphalée
atroce, hémiplégie et paraplégie).
Fixer un pronostic n’est pas toujours possible.
On aura fait œuvre vraiment utile lorsque l’on
aura pu rapporter à l’infection syphilitique pré¬
coce l’origine de l’hémiplégie, si l’anamnèse
manque, quand, ce qui n’est point si rare, le malade
ignore son chancre.
L’artérite, lorsqu’elle n’est pas trop avancée,
peut rétrocéder sous l’influence du traitement.
Alors l’ischémie cesse et tout rentre dans l’ordre.
Un traitement précoce, énergique, complet, les
antisyphilitiques et les iodures sont de rigueur
si l’on veut obtenir un résultat. Et le malade
devra être averti que sa guérison n’est pas com¬
plète et que la récidive est fréquente.
21 Août IÇ20.
TECHNIQUE
DE L’OSTÉOSYNTHÈSE
PAR PLAQUE VISSÉE
le D r DUPUY de FRENELLE
Lorsque, dix jours après l’accident, la radiogra¬
phie prise de face et de profil montre une défor¬
mation importante qui a résisté aux efforts de
réduction, la réduction sanglante suivie de l’os¬
téosynthèse paraît indiquée. Pratiquée aseptique-
ment sur une fracture aseptique, cette opération
est inoffensive. Les différents temps de cette opé¬
ration présentent des détails de technique qui sont
la condition principale de son succès.
Choix de la plaque. — Pour que la plaque
ne gêne pas le travail du cal.il faut qu’elle ait
avec l’os le minimum de points de contact. La
plaque ne doit reposer sur l’os que par les bords
de ses extrémités. Toute la partie de la plaque
intermédiaire aux trous nécessaires pour planter
les vis ne doit avoir aucun contact avec l’os. Elle
ne doit pas former un large couvercle qui, en
comprimant le foyer de fracture, gêne et retarde
l’évolution du cal, qui, en cas d’infection, entraîne¬
rait un véritable désastre en formant cavité
close. Dans un précédent travail, j’ai décrit les
nombreux modèles que j’ai fait construire pour
appliquer à chaque modalité de fracture la plaque
qui lui convenait le mieux (1).
Le modèle suivant est celui dont je me sers le
plus couramment. Il convient à la majorité des
cas que l’on rencontre en chirurgie de paix. La
plaque est formée d’un corps et de deux extré¬
mités. Le corps est robuste, étroit, légèrement
arqué en pont, en sorte qu’il n’ait aucun point de
contact avec l’os. Les extrémités, qui comportent
deux ou trois trous chacune pour planter les vis,
sont cintrées légèrement en sorte qu’elles ne repo¬
sent sur l’os que par leurs bords. La longueur de la
plaque choisie pour l’ostéosynthèse est réglée par
la distance qui sépare les points qui, sur chaque
fragment, offriront assez de résistance pour y
implanter solidement les vis. Cette longueur se
calcule de la façon suivante : i° Avec une fine
mèche américaine montée sur le perforateur à
manivelle, sonder chacun des deux fragments à
ostéosynthéser. Rechercher sur chaque fragment
le point de l’os le plus rapproché du trait de frac¬
ture qui offre par sa dureté une résistance marquée
à la pénétration de la mè:he. 2 0 Mesurer la dis¬
tance qui sépare les deux points compacts repérés
(1) tes conditions de succès de l’ostéosynthèse ( Paris,
chirurgical, juin-juillet 1918).
DUPUY DE FRENELLE. — TECHNIQUE DE L’OSTEOSYNTHESE 147
sur les fragments. 3 0 Choisir la plaque dont la lon¬
gueur du corps étroit (mesurée par l’intervalle
qui sépare les deux trous de vis les plus voisins de
ce corps) est égale à la distance qui sépare les
deux points compacts les plus rapprochés sur l’os.
Faute de cette précaution, l’opérateur s’expose à
choisir une plaque trop courte, quel que soit le
La longueur,du corps de la plaque choisie est calculée d’après
la distance qui sépare les deux points compacts les plus
rapprochés du trait de fracture (Pg. i).
modèle employé, en sorte que, une extrémité de la
plaque une fois vissée sur l’un “des fragments, il
ne trouve plus d’os assez résistant sur l’autre
fragment pour fixer solidement les vis (fig. 1).
Application de la plaque. — Fa plaque,
maniée à bout de pince ou de davier, ne doit à
aucun moment toucher ui les doigts même gantés
du chirurgien, ni les lèvres de la plaie. Suivant les
difficultés que présente la contention des fragments
réduits, son application se fait par des procédés
différents. Forsque la réduction obtenue se main¬
tient facilement, on fixe successivement chaque
extrémité de la plaque sur le fragment correspon¬
dant. Chaque fragment est immobilisé pendant
le vissage par un crochet qui, passé sous la face
profonde de l’os, résiste à l’effort du chirurgien.
Parmi les cas où la réduction se maintient diffi¬
cilement, lorsque les fragments ont tendance à
chevaucher en hauteur, —surtout lorsque la réduc¬
tion a nécessité la manœuvre d’inflexion, — il est
indispensable de fixer la réduction au moment
même où elle s’opère, avec un davier de Tuffier ou
mieux avec un davier coudé de Fambotte. Forsque
l’on utilise les plaques à pont étroit, il est facile
de placer la plaque sur la partie de l’os restée
découverte au delà de l’extrémité des mors du
davier. Forsque l’on utilise une plaque large, la
mise en place de cette plaque est rendue difficile
par ce fait que, dès qu’on entr’ouvre le davier pour
placer la plaque, la déformation se reproduit. Pour
tourner la difficulté,j’ai fait construire,il y a une
dizaine d’années, un davier dont le mors supé¬
rieur est formé par la plaque elle-même. Cette
plaque est rattachée au davier par une vis dont
l’extrémité est vissée au centre de la plaque, dont
le corps passe à frottement dur dans une fente
pratiquée à l’extrémité du davier et dont la tête
aplatie en papillon sert à orienter convenable¬
ment la plaque pendant le serrage des mors du
davier. Fa plaque une fois vissée dans l’os, il
suffit, pour la séparer du davier, de dévisser la
(fig- 2)-
vis qui la rattache à l’extrémité correspondante de
l’instrument (fig. 2).
Forsque les fragments ont une forte tendance
à se redéplacer en largeur ou en épaisseur et
que l’on veut utiliser une plaque large, on la
ffice en deux temps. On visse d’abord une extré¬
mité de la plaque sur le fragment le plus super¬
ficiel. Pour fixer ce fragment pendant le vissage,
on l’immobilise par un crochet qui, passé sous sa
face profonde, résiste à la pression du perfora¬
teur à manivelle. On réduit le déplacement du
fragment profond en l’amenant au contact de la
plaque avec un crochet, puis on le fixe avec un
davier à crémaillère. On visse alors l’extrémité cor¬
respondante de la plaque à ce fragment (fig. 3 et 4).
Les vis.— Files sont, comme celles de Fambotte,
munies à leur extrémité d’une mèche perfora¬
trice munie d’un taraud. Ces vis doivent être
taillées dans un acier très dur et munies d'une
mèche bien traiwhante. Fes vis de Fambotte, faites
avec une mèche non affilée et en métal mou, sont
défectueuses. Fa tête de mes vis est carrée et
légèrement conique. Fa rainure de la tête est
profonde. Cette profondeur est indispensable pour
que le tournevis qui achève de planter la vis
dans l’os compact ne dérape pas. Ces vis, stéri-
PARIS MEDICAL
148
Usées dans de l’huile de vaseline par plusieurs
passages à 120 0 au Poupmel, n’ont jamais cassé,
La plaque est a'abord fixée au Le fragment profond est
fragment le plus superficiel ramené au contact de la
{fig. 3). plaque vissée sur lefrag-
nient superficiel(fg. 4).
bien que je me sois resservi souvent des mêmes.
Vis pour pratiquer plusieurs ostéosynthèses.
— Ces vis sont de deux grosseurs. Les vis pour
os compact ont un diamètre de 2 miUimètres
et une longueur de 2 centimètres. Les vis des¬
tinées à être implantées dans de l’os spongjpux,
poreux ou épiphysaire sont plus grosses et plus
longues. Leur dir mètre est de 2 millimètres
et demi, leur longueur de 3 à 4 centimètres.
Lorsque les vis sont implantées à fond,
leur pointe pénètre souvent dans le canal médul¬
laire. Je n’en ai jamais observé d’inconvénient.
J’ai même implanté plus de cent vis dans des os
infectés (foyer largement ouvert), sans observer
d’infection du canal médullaire par les vis.
Le plante-vis dont je me sers depuis dix ans
avec satisfaction est une sorte de porte-fusain qui
se monte sur le perforateur à manivelle de Collin.
Les extrémités des brandies du porte-fusain
sont creusées d’une matrice qui, par leur rappro¬
chement, forme une mâchoire carrée, légèrement
conique, qui saisit solidement la tête carrée,
légèrement conique de la vis. Les deux branches
du porte-vis sont serrées à bloc par une vis trans¬
versale ou par une bague. La résistance et la sou¬
plesse des brandies sont calculées en sorte que, si
la pénétration de la vis dans l’os rencontre une
trop forte résistance,lesbranches dérapent autour
de la tête et préviennent le chirurgien par leur
dérapage qu’il est préférable de terminer le vis-
21 Août IÇ20.
sage avec un tournevis à main moins brutal.
C’est peut-être à ce dispositif que je dois de
11e pas casser les vis en les implantant directe¬
ment dans l’os compact sans forage préalable.
Le plantage direct des vis à mèche perfora¬
trice avec mon plante-vis monté sur le perfora¬
teur à manivelle de Collin nécessite certaines pré¬
cautions.
Le montage de la vis. — Il faut que la vis
(maniée avec une ‘pince) soit fixée très exactement
dans l’axe du porte-vis pendant le serrage de ses
branches. Pour réaliser aisément cet acte, la pince
porte-vis de Lambotte est pratique, elle n’est pas
indispensable. Je rappelle à ce propos que la vis
ne doit jamais être prise avec les doigts.
Le forage de l’os. — Au moment du forage
de l’os par la mèche de la vis, il est indispensable
que celle-ci soit appliquée bien perpendiculaire¬
ment à la surface de l’os. Si la pression ne s’exerce
pas perpendiculairement à la surface de l’os pen¬
dant le forage, la vis, insuffisamment tenue par
mon plante-vis, a tendance à dévier, ce qui rend
le forage très difficile, sinon impossible.
Pour que les vis tiennent solidement dans l’os,
il faut i° que la vis soit implantée dans de l’os dur...
Il faut : qu’au moment de sa pénétration dans l’os,
la mèche rencontre une grande résistance ; que
le vissage de la vis dans l’os rencontre une résis¬
tance marquée telle qu’elle exige un effort notable
de la main, qui est obligée de quitter la manivelle
du perforateur, pour faire tourner directement
la roue dentée en prenant point d’appui sur son
levier ; il faut qu’en arrivant au contact de la
plaque, la tête de la vis bloque. Si la tête tourne
indéfiniment sous le tournevis alors qu’elle est
arrivée au contact de la plaque, le rôle de la vis
plantée peut être considéré comme à peu près nul.
Lorsque, meme en s’éloignant beaucoup du
trait de fracture, le chirurgien ne rencontre pas
dans l’os une zone suffisamment compacte pour y
visser solidement des vis, s’il ne veut pas s’exposer
à un insuccès, il doit avoir recours au cerclo-
. plaquage fait avec une plaque dont les extrémités
sont perforées de trous placés symétriquement
par deux. Le cercle métallique est passé à travers
l’os ou autour de l’os, les extrémités du fil sont
passées dans les trous de la plaque, puis tirées for¬
tement et tordues sur la plaque.
,, 2 0 Pour que les vis tiennent, il est préférable
qu’elles soient implantées directement dans l’os.
Pendant la guerre, faute de vis spéciales, j’ai été
obligé parfois de planter des vis sans mèche,
après forage préalable de l’os. Ces vis ont tenu
moins solidement que celles plantées directement
dans l’os.
BRUNEAU DE LABORIE. —
Depuis dix ans, je plante directement les
vis dans l’os sans aucun forage préalable. Pour
pratiquer ce vissage direct, je me sers de vis spé¬
ciales et d’un plante-vis spécial.
3° Pour que la vis tienne bien, il est nécessaire
qu’elle soit implantée dans l’os perpendiculairement
à sa surface. Au début du forage de l’os par la
vis, il faut appuyer peu surleperforateur. Amesure
que la mèche pénètre dans l’os, la pression de la
main s ur le manche d
perforateur se fait pro¬
gressivement plus éner¬
gique. Il est important
que cette pression, opé¬
rée sur le manche, se
fasse bien dans l’axe du
perforateur et que celui-
ci ne soit pas influencé
latéralement parla ma¬
nivelle de l'instrument
(fig- 5 )-
Lorsque par exception
lavis doit être implantée
obliquement, le forage
par la mèche de la vis
doit commencer perpen¬
diculairement à la sur¬
face de l’os. Ce n’est
que lorsque la mèche a
pénétré dans l’os que
l’on doit commencer à
l’obliquer la vis.
Généralement, pen¬
dant le plantage de lavis,
pour résister à la poussée de l’instrument, un cro¬
chet large est passé sous la face profonde de l’os,
qu’il maintient solidement.
Il y a, je crois, tout avantage à planter les
vis dans l’os directement, sans forage préalable.
Cette façon de procéder est plus rapide, elle
supprime un temps de l’opération qu’elle sim¬
plifie. De plus gros avantage est que les vis im¬
plantées directement dans l’os tiennent mieux et
plus longtemps.
Il m’est arrivé souvent de retirer, au bout de
trente à soixantejours.des vis implantées dans de
l’os nécrosé en milieu infecté. Cesvistenaientencore
solidement et nécessitaient pour leur ablation
l’emploi du tournevis lorsqu’elles avaient été
implantées au début dans de l’os compact. Il
m’est arrivé d’arracher d’un seul bloc la plaque
et le segment d’os nécrosé sur lequel elle était
vissé. La coupe de ce fragment d’os mort et en
voie de dégénérescence lacunaire m’a montré que
les pas de vis sculptés par les vis au moment de
T RA ITEMENT DU LUPUS 149
leur pénétration dans l’os étaient restés absolument
intacts dans leur forme, dans la profondeur de
leur relief et dans leur résistance. Ce détail vient
à l’appui des recherches de Leriche et Policard
qui concluent : << Le déchaussement des vis est
un phénomène vital dans lequel l’infection ne
joue aucun rôle; il tient à la raréfaction du tissu
osseux qui se fait parfois au niveau des vis — pro¬
bablement quand primitivement elles ont un peu
de jeu. » Il m’est arrivé, sur une fracture du maxil¬
laire inférieur infectée avec large perte de subs¬
tance médiane, d’être obligé de changer trois fois
la plaque qui maintenait les fragments éloignés.
Les vis, réimplantées trois fois en quarante jours
dans les mêmes trous, ont parfaitement tenu.
Conclusion. — Le déchaussement des vis
tient à quatre principaux facteurs : i° vis implan¬
tée dans de l’os insuffisamment dur; 2° vis implan¬
tée dans un trou préalablement foré dans l’os ;
3° vis implantée obliquement ou incomplètement ;
4° vis infectée au me ment